Tiens je l'ai lu en début d'année.
Effectivement une lecture que j'ai trouvé assez austère. Pas foncièrement la biographie la plus "romanesque" (puisqu'on sait surtout qu'on ne sait pas grand chose) mais enrichissante par le contexte tant le Saint Empire de cette période m'était inconnu dans les grandes lignes.
Pour point de comparaison voilà ce que je m'étais noté sur le sujet :
C'est attiré par la réputation de Frédéric II que je me suis penché sur ce livre. "Stupor Mundi", pour le bénédictin Matthieu Paris, "admirateur de la culture musulmane" pour le vice roi d'Egypte Al-Kâmil, voire "Antechrist" pour l'historien Ernst Kantorowicz. Les mythes ne manquent pas autour de la figure de Frédéric II.
L'auteur annonce d'emblée que le livre ne suivra pas une direction chronologique. Si le premier chapitre suivant les jeunes années du futur empereur permet de se mettre dans le bain, les chapitres suivants ne manqueront pas de perdre le lecteur dans une chronologie non maîtrisée. Un survol chronologique pour cadrer le récit n'aurait pas été du luxe et aurait rendu la lecture des premiers chapitres plus agréable.
Sylvain Gouguenheim propulse donc ce pauvre Frédéric dans son siècle, coincé entre les barons allemands, la ligue lombarde, son royaume de Sicile, les injonctions à la reprise de Jérusalem et un contexte de sentiment suprématiste qui animait les papes du XIIIe siècle.
Le récit éclaire donc le contexte occidental de cette première moitié du XIIIe.
Sur l'Empereur lui, on restera plus sur notre faim : le souverain n'ayant pas eu son chroniqueur attitré, on décèlera son règne moins par les ambitions et sentiments qui l'animait que par ses réalisations. Ses choix (les baronnies au détriment des villes), sa politique familiale, son oeuvre législative, ses réalisations (et destructions) dans le bâti ou encore sa méthode de gouvernance (souple et reposant sur un substrat disparate d'autorités locales en Allemagne, centralisé et autoritaire en Sicile).
Sylvain Gouguenheim démystifie donc l'empereur et dresse à la fin du livre les mythes et légendes qui entourent cette figure historique, ainsi que les visions, forcément partiales des historiens des siècles précédents.
Je ne peux m'empêcher de me sentir légèrement frustré en refermant ce livre. Outre le chapitrage hachuré qui ne m'a pas rendu la lecture facile, j'ai la sensation de n'avoir qu'effleuré le caractère exceptionnel que représentait Frédéric II. Faute de sources, faute de pouvoir aussi démêler correctement l'histoire de la propagande ou de la légende.
Sylvain Gouguenheim fait donc ici une oeuvre utile pour aborder le XIII autrement que par le prisme des capétiens mais il peine à donner une âme à ce souverain qui restera à jamais mystérieux à nos yeux.