Cyberpunk rouge le kit de saut de départ
2.) Vous en avez entendu parler où pour la première fois ?
Ca a fait du bruit quand c'est sorti, je me souviens d'avoir lu qu'ils avaient profité des gus qui font le jeu vidéo CP77 pour prendre des cours de game design.
3.) Achat compulsif, impulsif ou réfléchi ?
Je l'ai vu sur le thread de vente, de mémoire c'est à celanawe que je l'ai acheté. Je me souviens lui avoir demandé pourquoi il le vendait, par curiosité, et sa réponse était peu ou prou "je n'ai pas envie de faire jouer ça, des trucs m'ont dérangé". Bref compulsoréfléchi.
4.) Vous pensiez trouver quoi ?
Un truc qui titille ma fibre nostalgique, me faire voir du chrome, des néons, et une matrice toujours aussi nulle. Mais bon, je voulais donner sa chance à cet univers qui balayait l'existence de Cyberpunk 3.
5.) Vous avez trouvé quoi ?
Alors si je pose ça là aussi longtemps après c'est parce que ça fait 2-3 fois que je lis des gens tentés par l'achat de la VF. Ce qui va suivre n'engage que moi et ma mauvaise foi peut-être, probablement de la déception, et il faut bien savoir en lisant ça que j'aime le cyberpunk plutôt Gibsonien. Ca n'enlève rien aux incohérences parfois dures à supporter.
Spoiler:
- La présentation : moderne, sur deux colonnes, du rouge qui fait siagner les yeux un peu trop à mon goût, mais bon c'est ça aussi cyberpunk, le style, ça change, allez pourquoi pas. Gros gros gros point noir pour moi en revanche, OK c'est dans une boite, mais le dos des bouquins n'a pas de titre, brdl pourquoi, j'ai déjà peur de la suite de suppléments sans rien sur le dos, ça m'énerve, si vous pouvez me dire quels sont les bouquins entre Night City et Bartmoss dans la photo ci dessous je vous paie un plein verre de larmes, tellement c'est fou de pas avoir remarqué le problème 30 ans plus tard :
- Le background :Le livret, sobrement intitulé « World Book », commence par nous dire ce qu’il s’est passé depuis 2020. On y apprend qu’il y a eu une troisième guerre mondiale initiée par les corporations (edit: la 4eme guerre des corps), que ça a pété dans tous les sens, puis le 20 Août 2023 survient « l’holocauste de Night City ». Une « pocket nuke » est lancée sur le building Arasaka de la corporate plazza. Et du coup ça va, c’est un missile nucléaire de poche, donc la ville n’est pas rasée, juste irradiée. On y revient un peu après, mais déjà vous pouvez sentir l’odeur du corps encore chaud de la crédibilité vous chatouiller les poils de nez.
A partir de la page 5, c’est « Les USA à l’époque du Rouge », à mon humble avis un Vieux Pape. Les US sont fragmentés en cité-états indépendantes, mais Elizabeth Kress en est présidente, parce que ça fait bonne figure de mettre des femmes à des hautes fonctions placards si je comprends bien. Ancienne militaire au bras long, elle est ce qui tient les États-Unis ensemble, même si on comprend vite qu’il n’en est rien. La case est cochée. (edit: comprenez bien que ce qui me dérange ce n'est pas que la case soit cochée, c'est qu'on ne s'en serve pas).
Puis vient Night City, toujours page 5, indépendante mais faisant quand même partie de la Confédération Pacifique, qui a vite fait remis en place de quoi échanger des denrées permettant à NC de se relever. On apprend que Biotechnica fait repousser une flore expérimentale et introduit une faune du même acabit dans les régions dévastées.
Ensuite on nous parle du monde, l’Afrique a conquis l’espace, l’Amérique du Sud s’est solidifiée, l’Asie du Sud-Est (généreusement appelée « Asie » évidemment) se reconstruit, l’Europe c’est mort, le Moyen Orient (mais si vous savez ce bout de terrain situé à 80% en ASIE) se prépare à lutter contre l’envahisseur corporatiste.
Enfin, on nous parle des corpos, elles sont mal en point et se sont retrouvées divisées en de multiples fragments qui luttent pour leur part de marché. Enfin sauf Biotechnica, division de Petrochem, qui je suppose se porte bien puisqu’elle peut faire pousser une jungle sur le continent Nord-Américain avec l’aval du gouvernement fantoche ¯\_(ツ)_/¯
Vient ensuite une section récapitulative des évènements dans l’univers du jeu, et il faut le dire c’est pas mal pour savoir où on évolue, voir prévoir des ptits scénars flashbacks pour les PJ ou déporter/lier des intrigues à une autre époque. Un rappel également axé sur l’histoire de Night City, qui depuis le temps, je ne vais pas le cacher, m’avait complètement échappé.
On fait un bref retour sur le maire et comment il s’est fait enflé, les corpos, l’histoire jusqu’au contexte de cyberpunk 2020. Ils expliquent ensuite ce qu’ils ont déjà expliqué précédemment à propos de la "pocket nuke", et là je comprend qu’on a pas la même définition d’holocauste. Ce que le chapitre suivant va tendre à prouver. Parce que s’ils ont le bon goût de dégager Cyberpunk 3 (pudiquement appelée « réalité alternative » par l’auteur de ce que j’ai pu lire de la rumeur, pour dire que tout est à jeter), c’est pas non plus folichon :
- Le monde est pourri, les corpos sont des entités très très méchantes (jusque là, classique, canon)
- Araska et Militech font partie de ces corpos en guerre. Araska a donc balancé une « pocket-nuke » sur son propre bâtiment pour faire accuser Militech, dans la corporate plazza de NC. J’ai été voir dans le dictionnaire anglais, après tout peut être que je ne comprends pas le mot nuke, mais si si, :
- le ciel est rougeâtre pendant un temps, c’est ça le RED. Vous êtes heureux, le nom veut dire quelque chose. C’est pas le sang, la chair qui se rappelle au cyber ou quoi que ce soit non, c’est un effet de bord d’un truc d’une crédibilité à toute épreuve.
- En vrac ce que l’on va savoir de Night City ensuite :
- Le recap sur l’histoire de la ville (ça c’est cool).
- Les habitants ont tous des puces anti-radiations (sous cutanées ? des patchs ? des précisions ? vous rigolez ?), donc c’est cool, par contre ça a créé du remous, les eaux usées, les systèmes électriques tout ça, bien entendu c'est à moitié foutu. Sans rire, ils expliquent que la ville complète était inhabitable pendant 24h, mais heureusement les habitants étaient super cybernétisés ou avaient activé leurs « filtres anti-radiations » (lol) donc en fait ils ont surtout déserté le centre ville (P15). "Holocauste".
- NC devient un champ de bataille en reconstruction, qui sera ultimement récupéré par les nomades, qui vont désormais assurer transport de marchandises, assumer des responsabilités locales etc
- On oublie l’administration, c’est des groupes qui s’auto-gèrent. Et se partagent le gâteau. . Des nomades, des corpos qui réinvestissent les lieux bien évidemment, sûrement des associations de commerçants et de quartier…
- Les hôpitaux ont survécu mais ils manquent de personnel, par contre la ville est parsemée de cliniques ambulantes (p19). Keskekwa.
- Des dataterms sont toujours disponibles un peu partout, mais bon on est en droit d’imaginer que les terminaux mobiles des gens les rendent un peu datés…
- Max Hammerman, ancien flic, assure à lui seul le travail de police à coup de recrutement de solo pour rétablir l’ordre, du coup ça en fait une milice municipale de la cité-état ce qui est un profond non sens, d’autant qu’on va vous demander de bien avoir peur des flics.
- Les transports en commun sont fonctionnels, je vais pas m’étendre, mais sachez qu’on peut s’offrir des voyages spatiaux. Des holocaustes sans morts, des villes dévastées en ruines mais l’aérospatial se portent bien…
- Le recap sur l’histoire de la ville (ça c’est cool).
- Viens la partie 4 (p22), « Everyday Things ». Pareil des infos sur l’ambiance :
- La drogue est interdite, mais pas les trucs de synthèse dans des labos miteux.
- Qu’importe le crime, c’est la prison si on vous choppe (vous savez, la milice 🙃), si on ne vous a pas collé une bastos dans le coffret.
- On a des « agents » SAAI (Self-adative AI) qui vont permettre de hercher des infos pour vous, passer des coup de fil, organiser votre agenda etc etc (du coup les dataterms sont entretenus pour justifier des impôts à une administration qui n'existe plus ?)
- Le réseau, parlons-en : comme d’hab dans tous les jeux de rôle pensés par des gus qui croient que informatique = magie, on a encore quelque chose de parfaitement au poil. Mais disons que Cyberpunk est un genre, pas seulement une époque, et que la matrice très visuel d’icelui soit d’actualité dans une dérivation de notre monde où tout a empiré, surtout le pire. Même là j’ai du mal à sauver des trucs. En gros il n’y a plus de réseau. Enfin à l’échelle mondiale. Il y a bien chaque ville qui entretient son truc local à base de renseignements sur les services publics (qui n’existent pas si je me fie au même bouquin hein), petit annuaire et tout, le datapool. Les corpos ont toutes leur LAN déconnecté du reste (du coup fini les hacks de l’extérieur, maintenant faut entrer, ça en vrai c'est cool amha, pour imbriquer plus aisément les actions du runner a celles de l'equipe, par contre ça place évidemment une difficulté supplémentaire). Enfin elles ont parfois des liaisons WAN avec d’autres éléments de la corpo j’imagine, parce que je vois mal la big corpo evil from hell avec en fait un batiment de 30 étage pour tenir tête à une ville en ruine peuplée de camés, de chômeurs, de rebelles. Mais bon du coup si y a un semblant d’administration détenue par les gros bras de la ville et des liaisons pour les corpos entre les villes, je me dis qu’elles doivent pas péter bien loin vu le fric qu’il y a à se faire à rouvrir internet. J’imagine que je ne suis guère un stratège. Au lieu de ça on a un twitter/youtoob local qui porte le doux nom de popmedia (qui peut aussi véhiculer des programmes, j’imagine que c’est pour de l’intrigue pas cher).
- Les médias sont des équivalents de corpos (alors pareil me demandez pas avec quels moyens) ou des artistes free-lance. La télé et la radio ont fait leur grand retour avec la fin du NET mondial mondialisé.
- Quelques lieux, véhicules, infos sur la nourriture etc.
- La drogue est interdite, mais pas les trucs de synthèse dans des labos miteux.
- Voilà pour le background. En gros. Il reste un chapitre avec comme sujet la maîtrise du jeu, il y a les conseils d’usage pas très finaud de cyberpunk, et, bien entendu, aucune suggestion sur la gestion de l’action avec la matrice en parallèle de la bidoche. Il y a quelques organisations vaguement décrites (de quoi se les approprier vitezeuf et broder) et une table aléatoire de rencontre en ville.
Puis survient le scénario dont on parlera à la fin.
- Le monde est pourri, les corpos sont des entités très très méchantes (jusque là, classique, canon)
- Les règles : Elles ont pas trop bougé (incroyable), c’est de l’interlock (STAT + SKILL + 1D10), perso j’aime bien même si ça force à sur-spécialiser les personnages, ça va avec les canons du genre. Il y a de quoi créer vite fait un perso, avec des tables, comme naguère. Par contre s’ils parlent des classes et des compétences spéciales d’icelles, ils ne décrivent que « Interface », alors qu’ils te filent des pré-tirés d’autres classes. Dommage pour ceux qui ne seront pas le netrunner s’ils prennent les pré-tirés (j'abuse on les trouve sur le net ça a pas du bouger des masses).
Ils remplacent aussi Friday Night Firenight Par Thursday Night Throwdown, qui change la donne, notamment avec le jet de « Facedown » (baisse les yeux ?) par défaut quand tu rencontres des keupons : si tu rates mais que tu veux te battre quand même, t’as -3 à toutes tes actions. C’est ambitieux vu les niveaux de difficulté du jeu : 10 c’est enfantin, mais bon c’est juste le max de ton dé, 14 c’est un difficulté « everyday life », à partir de 18 ça devient « competent », bref t’as intérêt à furieusement maxer tes compétences pour faire des jets utilisables sous pression dans l’action (P26). Si en plus les adversaires ont des armures… Et, évidemment, aucune suggestion pour la gestion de l’échec. Après le TNT peut probablement avoir comme effet d'éviter la bagarre et de créer d'autre genre de scène, il faudrait voir en testant.
Il y a aussi une explication d’un netrun sans surajout de programme mais toujours sans conseils pour l’intégrer dans l’action :/. J’imagine qu’ils comptent sur le fait que les runners doivent désormais être dans les locaux de la corpo pour agir. Cela dit, toujours aucune réflexion sur la mise en réseau des choses. Après je suis mesquin ce n’est qu’un kit d’intro. Pour finir, pas de liste de prix/armes/équipements, même rudimentaire (si ce n’est quelques guns mais bon, ça fait pas tout). De toute façon j’écris ça mais les règles sont pas vraiment sorties, j’imagine que j’ai eu le droit à un patchwork de kit d’initiation. La seule qu’il y a c’est le hacker parce que je suppose que c’est la seule difficile à prendre en main. N’étant pas moi même un bon mécaniste, je ne vais pas m’y appesantir.
- Le scénario : En gros vos PJ doivent résister à WorldSat toute la nuit sinon ils sont dégagés de leur squat. Ils vont pouvoir essayer de soudoyer les voisins, il y a des pistes pour que chaque rôle ait son moment de lumière, c’est un peu basique mais c’est un kit d’init. Donc c’est pas là dessus que ça me dérange. Là où il me semble que cela pèche c’est sur la proposition globale (qui est raccord cela dit avec ce que propose la boite, énormités scénaristiques mises à part) : on ne fait plus du cyberpunk de genre, on est un cyberpunk à chien. On fait des petits deals de merde et on lutte contre « le système ». Il n’y a pas de mission et pourquoi donc y en aurait-il dans cet environnement ? C’est Mad Max avec un nouveau maquillage. Pas de corpos qui vous utilisent et tentent de mieux vous jeter, fini le réseau matriciel (mais ça c’est pas grave c’est toujours mal utilisé) et ses multiples éléments graphiques, fini les néons, la crasse et le chrome, fini les corpos toutes puissantes, maintenant vous êtes des gueux comme les autres et vous luttez avec eux. Notez que j’ai rien contre les gueux, les punks à chien ou quoi hein, chacun sa route, et j'aime bien en jouer, c'est pas la question. Ce qui me chiffone c’est que cyberpunk à mes yeux n’est pas qu’un univers, c’est aussi une proposition ludique, littéraire, assez codifié finalement. Et là je ne la retrouve pas dans ce que le jeu propose de me faire vivre. Disons que si le scénario du kit de saut rapide est fait pour présenter ce que le jeu offre à jouer, ça me semble passer à côté de l'idée que je peux m'en faire. C'est absolument personnel, il y a plein d'autres raisons de ne pas acheter ce kit. En tout cas, comme la personne qui me l'a vendu (et qui a eu l'honnêteté de me le dire), je ne me vois pas faire jouer des copains là dedans, il y a des trucs plus adaptés pour la proposition amha. Et l’univers, bah comme dit, c’est mad max quand il y a des restes de villes cyberpunk, un peu d'electrictié, et quelques années qui sont passés, avec un marché un peu plus étoffé quoi.
Bref. Y a quelques autres idées de scénars de la taille d’un ticket de métro, c’est toujours ça de pris.
- Conclusion arbitraire :
- Les – :
- le pitch de départ, mais quelle putain de blague
- le système toujours aussi pété et qu’ils ont durci,
- ne propose plus de faire effectivement du genre cyberpunk mais de vivre dans un environnement pseudo mad max dans une gross ville autrefois cyberpunk (c’est pas vraiment un moins, mais c’est quand même potentiellement pas ce que les gens vont chercher),
- le pitch de départ, mais quelle putain de blague
- Les + :
- un bon récapitulatif des règles, mais aussi de l’histoire de Night City et de l’univers de Cyberpunk,
- on peut jouer avec direct (enfin sauf les compétences de classe, mais bref c’est pas gravissime on les comprend quand même assez vite ou on les cherche sur internet et voilou ça va pas ou peu changer),
- une bonne mise en page, claire, mais c'est affaire de gout.
- et surtout, le plus important, ça vous motivera peut-être enfin à ouvrir Neon City Overdrive qui vous fait de l’oeil depuis un bon moment ;]
- un bon récapitulatif des règles, mais aussi de l’histoire de Night City et de l’univers de Cyberpunk,
6.) Allez vous vous en servir ?
Hahaha
7.) En conseilleriez vous l'achat ??
Je vais m'auto citer :
Prenez votre jeu préféré et utiliser le bouqin de Night City si la ville vous manque, ça suffira amplement. Mais bon encore une fois c'est un avis tout subjectif.Gardez votre fric.