ça doit etre un elfe l'auteur de l'histoire, c est pas possible

Fin d'année 2968 du Tiers Âge
22ème phase de Communauté- Se soigner de l'Ombre
Poussières
L’héroïsme. Quel souffle hors du commun pouvait-il l’inciter ? Courage ou folie ? Bravoure ou démence ? Mais quelle importance après tout. S’extirpant de l’âpre mêlée et profitant de l’obnubilation ravageuse du spectre envers moi, Vannedil s’était avancé vers le corps décomposé de celui-ci, toujours sis inerte sur le trône de son palais. Aux yeux de mon ami, l’orbe rougeoyante du sceptre tenu par le mort était à l’évidence l’artefact maléfique assurant son existence éthérée. Sa destruction était la clé de sa dissipation. Mais l’aura glaciale d’un puissant sortilège protecteur avait immédiatement harassé Vannedil. Le froid avait d’abord engourdi ses muscles puis, s’intensifiant à chacun de ses pas plus avant, il l’avait drapé d’une étreinte mortelle. Ses poumons s’étaient asphyxiés et ses battements cardiaques s’étaient estompés. Le moindre de ses gestes s’accompagnait désormais d’une douleur vertigineuse. Mais ceint d’une volonté de fer – était-ce celle du désespoir ? –, Vannedil avait réussi à surpasser ses souffrances et, dans un dernier élan, avait abattu sa lame sur l’orbe flamboyante. Celle-ci avait volé en éclat à l’instant même où mon corps s’était écroulé mourant sur le sol givré aux pieds du fantôme victorieux. Inconscient, je n’avais pas ouï son terrible cri d’effroi hurler toute sa haine avant de disparaître à jamais avec ses sbires dans une tornade venteuse. Devenue poussière, sa dépouille s’était éparpillée dans les bourrasques. Son palais était devenu un mausolée où seule sa couronne en fer noir gisait.
Une funeste pestilence
Année 2969 T.A.
Une funeste pestilence
Sessions 60 & 61
Meurtrissure. Cauchemar. Deux tristes maux. Ceux de mon quotidien depuis mon douloureux retour des contrées glacées septentrionales. Sous ces grises montagnes, j’avais goûté au froid baiser de la mort et, bien que cette première étreinte ne me fût pas fatale, son souvenir hanta chacune de mes nuits depuis lors. Certes, ma blessure abdominale cicatrisa mais sa brûlure resta vive.
Le père de Finn survécut aussi aux tourments infligés par son bourreau éthéré. Et lui aussi profita des premiers soins prodigués par Beleg. Ceux-ci stabilisèrent son état mais ne purent l’éveiller. Clopin-clopant, accablé par les épreuves, notre frêle groupe rapatria péniblement l’inconscient jusqu’à Bourg-les-bois afin d’exposer son âme agitée aux rais curatifs de la Lampe de Balti.
Le pouvoir bienfaisant de la lampe magique sembla aussi épargner le village de la peste noire car la maladie s’étendît avec fulgurances et ravagea les Terres Sauvages, du Carrock à Esgaroth, de Dale à Rhosgobel. Si, à ses débuts, elle frappa les plus fragiles parmi les vieillards et les nourrissons, elle tua après sans retenue et même les plus solides d’entre nous. La poussée de fortes fièvres alerta les souffreteux des premières prémisses. Puis, après l’apparition de vilaines pustules boursouflées et suintantes, le corps des mourants se raidit affreusement pour aboutir à une mort certaine. Très vite, les malades furent mis en quarantaine lorsqu’ils affluèrent massivement vers Bourg-les-Bois pour se réfugier. Au regard de tous, le village resta le seul flambeau encore embrasé dans la sombritude de cette pandémie ravageuse. Partout, aux quatre coins des venelles et des ruelles, des encens purificateurs se consumèrent pour repousser les miasmes meurtriers de cette noire souillure. Quelle pitoyable défense odorante face aux effluves assassines ! Mais Si la mort m’épargna, sa mansuétude s’essouffla vite pour se repaître voracement des méfaits de l’Ombre jusqu’en s’en crever la panse. Tel un cavalier funèbre, elle draina dans son sillage un linceul mortuaire empli des innombrables âmes éteintes.
Malgré leurs efforts, l’impuissance de nos guérisseurs fut criante. Pour lutter efficacement et éradiquer ce fléau, il leur faudrait déceler son origine et l’étouffer. L’Ennemi profita alors de sa forfaiture envers la mère Nature pour étendre son emprise sur nos terres. Les araignées se montrèrent plus téméraires et de grandes chauves-souris volèrent silencieusement au dessus de nos têtes dans les cieux nocturnes. Les orques multiplièrent leurs raides dévastateurs au sud de la Forêt Noire. Avec grande peine, j’appris la disparition du jeune Sanjar et de sa gouvernante Nazhin. Tous deux avaient été occis lors de l’un de ces assauts qui rasa leur petit village d’expatriés. Seule la fougueuse Athala put échapper – non sans mal – aux lames ravageuses des sbires de l’Ombre durant cette attaque destructrice.
Ce fut donc l’âme en peine et accablé de tristesse que j’appris la requête de Radagast. Le mage brun désira comprendre les causes du fléau. Il soupçonna rapidement certaines mousses et plantes de proliférer la pestilence depuis le nord de la vaste forêt. Si tel fut, les vents et les pluies s’avérèrent alors d’inquiétants et incontrôlables propagateurs. La présence de Beleg parmi notre communauté l’incita à précipiter sa sollicitation auprès de l’elfe herboriste pour enquêter et étayer ses craintes. A l’évidence, l’elfe albinos accepta et, à l’évidence, je l’accompagnais avec Vannedil.
La sente en lisière de forêt chemina en serpentant autour des bosquets clairsemés. Puis elle bifurqua plein est pour s’engouffrer dans les bois feuillus. A regret, j’y guidais mes deux compagnons car, comme toujours, pénétrer dans ce méandre végétal ne m’encouragea guère. Partout, une mousse noirâtre maquilla les troncs et les roches. Une constante odeur de putréfaction irrita nos narines et, souvent, nous dûmes les soulager en les obstruant d’un mouchoir en tissu. Ainsi incommodés, nous poursuivîmes notre fastidieuse errance désormais vers le nord-est pour atteindre la vielle route naine avant la nuit. Et, lorsque la lumière diurne déclina pour n’être plus qu’une pâle clarté, un cri déchirant retentit au loin dans les frondaisons ténébreuses.
à suivre...
J’enjambais un premier rocher, puis sautais prestement par-dessus une vielle souche cramoisie. Zigzaguant entre branches basses et racines torturées, j’accélérais mon allure à travers ce dédale épineux vers l’appel perçu. Je devançais rapidement mes deux camarades, qui me suivirent plus prudemment, pour déboucher sur un charnier répugnant. Là, au milieu d’une petite trouée, des corps gisaient enchevêtrés les uns aux autres. Hommes, orques et wargs s’étaient entretués dans un affrontement récent, violent et cruel. Une curiosité attisa aussitôt mon étonnement car tous ces hommes morts portaient la livrée royale de Dale ; cette troupe avait péri bien loin de son royaume. Par ailleurs, pour ajouter à mes craintes et tels de pâles rideaux filandreux, des trainées de toile drapaient les hauts feuillages autour du massacre. Un examen rapide des environs m’apprit la fuite de deux hommes rescapés vers l’est. Des traces sanguines maculaient le sol boueux des empreintes laissées par les fuyards et présageaient le pire. Tous trois, nous nous hâtâmes à leur recherche.
Les toiles s’épaissirent et entravèrent notre avancée. Fendant les épais fils argentés de nos lames, nous aboutîmes sous le haut faîte d’un arbre malingre auquel deux longs cocons laiteux pendaient. Ces deux coquilles de soie oscillaient légèrement sous l’agitation des pattes velues de leur abominable tisseuse. Nous fondîmes sur l’hideuse monstruosité, tranchant et empalant son corps difforme. Et lorsqu’elle se recroquevilla morte au sol, Vannedil s’empressa de décrocher et déchirer les deux suaires soyeux. En leur sein, deux hommes fraichement emmaillotés exhalèrent à plein poumon lorsqu'ils retrouvèrent l'air libre. Choqués et désorientés, ils toussèrent et crachèrent. Le premier était d’âge mûr mais toujours robuste, une barbe grisonnante mangeait son visage encore affolé et sa belle tenue guerrière présageait un homme galonné. Le deuxième était bien plus jeune, longiligne et avec des yeux bleus métalliques. Affublé d’une noble apparence, une vilaine coupure sur son bras gauche imbibait de sang un garrot douteux fagoté à la va-vite. Sûrement, le coup tranchant de l’épée dentelée d’un orque. La crispation de ses traits trahissa une vive douleur. Beleg se porta immédiatement à son secours pour appliquer un onguent sur sa plaie puis la banda étroitement. Enfin, lorsque les deux hommes reprirent leurs esprits, ils nous remercièrent et nous nous présentâmes. Le vieux était Ottarr et le jeune Bain, deux hommes de Dale. Notre renommée les rassura et le plus jeune se confia lorsque je m’étonnais de la fortuité de notre rencontre dans cette maudite forêt : « Si je traverse ces bois, c’est pour mener une mission confiée par mon père, le roi. Ma troupe s’est égarée après l’emprunt de la vielle route naine pour tomber dans une embuscade orque. Je dois ma fuite à mon capitaine car, après ma vilaine blessure, il m’extirpa de la mêlée pour m’en éloigner. Par malheur, cette fuite nous jeta dans la toile de cette monstruosité. A présent, je vous dois de ne pas finir dans son garde-manger et votre courage mérite mes explications. Ma mission est impérieuse et l’est d’autant plus après le sacrifice de mes hommes. ». Éreinté, le prince s’assit sur une roche mousseuse et nous attendîmes patiemment la suite de son récit : « Sachez que la cour du roi, mon père, n’est plus unie depuis l’assassinat de ma mère. Après ce triste événement, une dissension formante parmi certains nobles car ils doutent de la légitimité de mon père. Pour eux, sa détermination et sa clairvoyance sont mortes avec ma mère. Mais ces nobles sont fourbes et ne distillent qu’un venin pernicieux dans l’esprit de nos gens. Mais tout s’est accéléré après l’arrivée d’un tout jeune homme, Girion, dans le giron de ces nobliaux désobligeants car celui-ci prétend être l’héritier héréditaire des derniers rois de Dale. D’abord murmures, les dires de ce coq enflèrent et trouvèrent une adhésion certaine chez beaucoup. ». Girion ? Nous l’avions vu quelques années de cela au camp des réfugiés du vieux paria. Il s’égayait alors dans les jupons de sa mère Valdis, la guerrière au corbeau. Beleg fronça ses sourcils car, une nouvelle fois, cette femme croisait notre destinée et toujours pour l’infléchir cruellement. L’elfe s’en inquiéta à haute voix, ce qui interrogea le jeune prince dalien : « Vous connaissez ce personnage ? Il targue ouvertement la volonté de sa mère de le voir monter sur le trône du simple fait de sa légitimité déclamée. Le prédécesseur de mon père ne se nommait-il pas aussi Girion ? Les anciens assurent également de la troublante ressemblance de ce jeune impudent avec le défunt roi ! Pour ma plus grande peur, cette discorde germe et pousse aisément sur le terreau de la suspicion ambiante. Mon père fit donc surveiller Girion que l'on surprit se confier fréquemment dans une langue étrange à un corbeau messager. ». Tristement consterné, je coupais la parole au jeune Bain : « Malheureusement nous ne connaissons que trop bien ce volatile de malheur… ». Ce dernier reprit : « Oui, cela intrigua et mérita des réponses quant aux réelles origines de Girion. Telle est ma mission. Et pour l’entreprendre, j’ai pisté cet oiseau pour trouver le destinataire des messages. Accompagnés d’une petite troupe, je descendis le rivage de la Rivière Courante jusqu’à le perdre lorsqu’il partit survoler la grande forêt. La suite vous la connaissait lorsque je m’engouffrais dans les bois à sa poursuite : embuscade et débandade… ». De toute évidence, le corbeau rendait compte à Valdis dont je savais le camp de parias établi plus à l’est, dans les premières brassées de la forêt. Mais le récit cessa là car Vannedil perçut le premier des pas en approche et nous en alerta. Pour toute prudence, nous nous tapîmes dans les ombres de la nuit naissante.
Quatre hommes armés avançaient lourdement. Ils écartaient ronciers et fougères obstruant leur chemin à travers les sous-bois. En les épiant à la lumière de leurs torches, je compris qu'ils pistaient les mêmes traces qui m’avaient conduites aussi jusqu'ici depuis le charnier. Je reconnus quelques visages, ceux de querelleurs du camp de Valdis. Lorsqu’ils furent près de Vannedil, celui-ci surgit de sa cachette et, son arc bandé, leur intima de lâcher leurs armes. Interloqués, ils hésitèrent avant de se jeter belliqueusement sur mon ami. Contraint, je me dévoilais pour lui porter secours. Beleg en fit tout autant et un combat fulgurant s’engagea. Surpris par l’assaut, les quatre brigands furent surpassés. Et lorsque, le premier d’entre eux s’effondra, deux autres fuirent mais pas le quatrième. Nous serrâmes celui-ci dans nos griffes pour l’y maintenir prisonnier. Dès que nos cœurs reprirent de calmes battements, le jeune prince interrogea le détenu avec autorité. Apeuré, celui-ci confia rapidement ses secrets. Ordonné par le nouveau maitre des parias, un dénommé Elfsigil, il devait suivre la troupe dalienne jusqu’à l’embuscade pour chasser d’éventuels survivants. Après ces aveux, la voie du prince fut simplement tracée : capturer cet Elfsigil pour le conduire à son père. Pour ce faire, le prisonnier nous mènera à son repère. Le prince leva les yeux et scruta lentement chacun de nous avant de poser sa voix : « Je sais que je vous dois déjà ma vie. Je sais aussi que les Peuples Libres vous sont redevables depuis toutes ces années de lutte. Mais, en les circonstances et désormais sans escorte, je me dois d’implorer à nouveau votre soutien pour attraper Elfsigil et stopper ses sournoiseries. ». Il ne me fallut guère de temps pour accepter cette requête, ni pour mes deux compagnons de route d’ailleurs. Depuis trop longtemps, la dame au corbeau et ses sbires devaient rendre compte de leurs manigances félonnes.
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à suivre...
Patience l’ami ! La suite en jeu demain 21h….