[CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Doji Satori
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Épisode 35 - la fontaine du rat et de la souris


Speranza commence par aller tester ses nouveaux outils neufs dans la maison de Coccio pour vérifier ce qu'il est advenu du testament. Elle passe par le toit pour être plus discrète en profitant des ombres. Elle prend son temps.
L'accès sous les tuiles qu'elle déplace donne dans la chambre de bonne que le valet Fausto occupait, la chambre a été vidée depuis.
Elle prend l'escalier pour le premier étage où sont la chambre et le bureau que Don Blattari occupait. Les portes sont toutes fermées même à l'intérieur du bâtiment.
Elle se méfie et en regardant au niveau du sol, elle aperçoit sous la porte une sorte de cale posée plus loin qui risque de bloquer la porte si elle tente de l'ouvrir.
Pas de fil visible. Il est placé pour grincer et faire du bruit si on le déplace car sous la cale en bois, il semble y avoir une texture faite pour faire entendre et montrer que quelqu'un est entré dans les locaux.
Speranza décale du bout de ses outils ladite cale puis alertée par ce premier obstacle elle progresse prudemment en ouvrant le bureau qui est dans l'obscurité.
Aucune lumière, pas de mécanisme.
Pas de présence dans la pièce mais dans la chambre mitoyenne, une légère lumière sourde, comme celle de Speranza, est en action. Un fil était accroché à la première porte qu'elle a ouverte et il se trouve maintenant détendu or il va jusqu'à la pièce où la lumière sourde semble indiquer une présence.
Elle ne referme pas la première porte mais choisit de se cacher pour obliger l'autre à prendre l'initiative. Puis après quelques instants, choisi de repartir sur le chemin inverse. De l'étage du grenier, elle observe depuis l’angle du mur pour surveiller les mouvements tout en préparant son chemin de fuite adapté à sa corpulence et pas à un plus gros format.
Après une longue minute, une silhouette passe prudemment la porte du bureau, elle tente de l'identifier mais la forme sombre et fluette, certainement féminine, n'est pas reconnaissable. La petite arbalète tenue en main est dissuasive pour toute idée de dialogue.
N'ayant pas repéré Speranza, la personne finit par laisser plus de lumière sortir de la lanterne sourde qu'elle porte à la ceinture. Elle écoute avec son arbalète orientée vers le sol alors que Speranza glissée dans un recoin choisit de ne pas bouger.
L'inconnue vérifie une marche de l'escalier qu'elle inspecte sans noter de différence, elle remonte vers le haut puisque le bas n'a pas détecté de passage.
Speranza se rend dans la chambre de bonne.
Pas de cachette, alors elle sort sur le toit pour vérifier si l'inconnue sort par là aussi en plaçant divers obstacles sur son chemin.
Le bruit dans la maison indique que l'inconnue s'est pris le broc que Speranza a placé derrière une porte.
Speranza allongée sur un pan du toit entend les tuiles bouger puis une tête sortir et observer à son tour. Une fois allongée sur le toit, l'inconnue tire sur une cordelette pour faire monter l'arbalète à sa suite.
Telles deux chattes sur un toit ciudalien, elle sont allongées chacunes sur des pans de toit à l'abri du regard de l'autre

Un murmure :
E l’arbalétrière-/ Es-tu toujours là ?
Pas de réponse, de bruit ou de mouvement de la part de Speranza
E-/ Petite souris je te conseille de ne pas revenir si tu tiens à la vie. Mais si tu es venue pour une raison particulière autre que pour cambrioler une maison, on peut discuter.
Aucune réponse ne venant encore, elle reprend après un temps
E-/ La prochaine fois, il y aura autre chose qu'une petite cale sous la porte.
Elle repart en mettant les tuiles en place et retourne garder la maison de Coccio.

Speranza fonce au Bœuf Rouge jusqu'à la chambre de Pido en esquivant tous les obstacles et les demandes jusqu'à ce qu'il soit réveillé.
S-/ Pido, Pido.
S-/ J'ai des nouvelles pour toi, ton testament est sous très bonne garde.
Pido pourrait râler un peu mais comme c'est Speranza qui le réveille, ça passe.
S-/ Alors la baraque est piégée et y'a comme une espèce de moi qui monte la garde comme un chien de garde, elle a piégé toute la baraque, tu peux pas rentrer sans qu'elle le sache, c'est vraiment une maline et …
P-/ Une toi ?
Pido tente de décrire Ermina qui était avec Dagarella envoyé par le tribunal des neufs
S-/ ça pourrait correspondre.
S-/ Ben oui elle m'a détectée sinon je serai avec le testament, je te dirai pas que je suis tombé sur un os.
P-/ Elle t'a détectée ? Elle était seule?
S-/ Oui, elle n'a fait venir personne donc je suppose qu'elle était seule mais elle sait que quelqu'un qui a pu enlever la cale est rentrée mais pas qui.
P-/ elle faisait quoi ? Elle dormait ?
S-/ Dès que le fil s'est détendu, elle a réagit.
P-/ il était sûrement lié à elle pour la mettre en alerte.
S-/ Mais elle dormait pas du sommeil du juste
P-/ La prochaine fois tire très fort pour arracher l'orteil : elle sera réveillée mais courra moins vite.
S-/ Si j'avais vu le fil, j'aurais pas activé.
S-/ Je voulais pas la blesser, l'humilier ou la fâcher.
S-/ Si elle dort, elle aura pas besoin de relève mais de vivres.
P-/ Faudra bien qu'elle dorme.
S-/ Oui mais pas de petites séquences comme moi. Par contre il lui faudra de la réappro de nourriture mais elle a prévenu que la prochaine fois que je viens je risque de trouver la mort.
S-/ Elle veut bien qu'on discute si j'ai un but précis autre que cambrioler.
P-/ Laisse lui un message écrit, sans risque pour toi
S-/ Et je mets quoi dessus ?
P-/ Comment peut elle te reconnaître ? En signant “petite souris” déjà.
S-/ Oui c'est comme ça qu'elle m'a appelée
P-/ Ensuite que tu es disposée à discuter mais dans un endroit plus neutre
P-/ Elle est là pour surveiller mais quoi et surtout pour qui ?
S-/ Qu'est ce que tu veux que je lui pose comme question ?
P-/ Parce que surveiller un bout de papier, pas besoin de truffer la maison de pièges, il suffit de l'embarquer. Je propose que tu lui donnes un rdv hors de la maison.
S-/ D'accord.
P-/ Et si on en arrive là, on verra quelles questions on pose et auxquelles on répond.
S-/ J'écris un message, “petite souris” prête à discuter à la fontaine du dauphin près de la piazza Smaradina à l’aube.

Pour assurer sa sécurité, elle commence par réveiller Ettore pour qu'il se prépare et elle part glisser le mot dans l'interstice du volet où est censée dormir cette voleuse inconnue.

De son côté, Lupo, vu l'heure tardive, a renoncé à prendre des nouvelles de Majan et se décide à prendre le temps d'écrire une lettre à destination de Demestilla pour s'excuser de n'avoir pas honoré le rendez-vous qu'elle lui avait proposé.


Pido suggère que c'est lui accompagné de Bella qui se présentera et la gamine qui se ferait passer pour Speranza pendant que celle-ci reste en retrait pour ne pas être repérée comme la voleuse talentueuse qu'elle est.

Speranza glisse le mot « petite souris sans mauvaise intentions propose discussion sur le bord de la fontaine du dauphin à l'aube. »
Puis une fois glissé dans le volet, elle file à distance pour ne pas se prendre un carreau et envoie un caillou dans le volet pour faire en sorte que le message ne soit pas oublié.
Elle se cache dans les ombres et observe si le mot disparaît et si dans la ruelle d'en face elle voit ou non sortir la concurrence. Pas le temps de redescendre que le papier a disparu.

En attendant le matin et la future rencontre, elle a le temps de faire son marché pour fournir couvertures et argent au temple de la déesse douce où sont gardés les deux enfants blessés.

Elle retourne au Boeuf rouge et dépose un message sur la table de leur cuisine.
S-/ Message réceptionné, à tout à l'heure.
Elle file prendre à manger aux cuisines puis repart aussitôt par les toits.
Direction le palais de l'amiral Phaleri, quitte à ce que quelqu'un paye autant que ça soit le responsable. Pas de changement notable ni de garde en alerte ? Ah si, un garde a été placé sur la terrasse et il s'ennuie en surveillant la cour en dessous. Elle trouve une nouvelle entrée à l’étage inférieur pour accéder au couloir par une fenêtre.
Elle réussit à déloger un carreau sans l'endommager et à placer une sorte de pâte pour le remettre en place et ainsi ne pas laisser de trace.
La voilà dans une galerie qui dessert les pièces de réception et les lieux de vie.
Un grand escalier permettrait de monter à l'étage d'habitation mais il y a de la lumière et là encore un garde assis sur une chaise.
Elle se limite à la zone sans garde ni danger important et la voilà qui se saisit de tout ce qui peut avoir un peu de valeur et qui soit facile à emporter, verres, candélabres et autres valeurs disparaissent dans les broderies avant de rejoindre le sac de Speranza. Une couverture en laine de qualité finit roulée avant de devenir un baluchon passé sur le côté.
Motivée par la colère, elle s'encombre plus que de raison et à l'aide d'un charbon, elle dessine en grand sur un tableau de scène de chasse les mots “Grazie Mille” avant de quitter les lieux.

Elle prend le même chemin de retour, son pied glisse et un bout de pierre se détache mais elle réussit à quitter le palais Phaleri sans plus d’encombre. Elle amène directement son butin au temple de la déesse douce sauf les objets de valeur que Pido vendra pour qu'elle puisse donner sa part en monnaie sonnante et trébuchante au temple. Que la couverture arrive aux enfants lui demande de se faufiler sans alerter le portier mais elle connaît déjà les lieux, c’est un jeu d’enfant pour elle. Ils dorment d’un sommeil profond. Elle les protège et les couvre.


Jour 10 - Une idée du théâtre


Elle rentre au Bœuf à potron-minet avant le réveil des autres.
Pido dès son reveil fait appeler Bella et la briefe pour qu’elle reste à côté de lui sans dire un mot. Les autres souriceaux sont inquiets de cette agitation inhabituelle.
Speranza aligne son butin en classant les chandeliers par taille.
E-/ Je vois que la nuit fut bonne pour tout le monde.
P-/ Comme prévu, Speranza a visité la maison mais y'avait du monde et on a rendez-vous.
E-/Qui a rendez vous ?
S-/ Ben, nous tous.
L-/ Pas besoin d'y aller tous.
E-/ ça dépend avec qui ?
P-/ Avec une demoiselle au talent équivalent à Speranza.
S-/ Peut être même au dessus.
P-/ Dis pas ça.
A l'aube, le lieu de rendez- vous de la fontaine du dauphin près du temple d'Aquilo, dieu de la mer. C'est l'heure où les gens renouvellent leur eau après la nuit et que les nouvelles de la veille s'échangent.
Lupo surveille depuis une taverne en sirotant un verre de blanc à regarder les jeunes filles qui pourraient avoir besoin de ses bras musclés pour aller à la fontaine.
Ettore promène son chien tout en jouant avec ce dernier.
Mais pas de gens qui vienne s'adresser à Bella et Pidocchi qui sont les seuls à ne pas sembler affairés à la fontaine. Le temps passe et personne ne vient alors que le soleil est maintenant franchement levé.
Pido replie les gaules pour qu'on se retrouve plus loin sauf Speranza qui ne les rejoint pas et continue de surveiller à la fois la fontaine et les Compari.

L-/ Bon, elle n'est pas venue donc retour au Bœuf Rouge pour qu'on fasse le point.

Une fois qu’ils sont partis, une jeune femme aux aguets se dirige vers la fontaine. Speranza courre après Pido.
S-/ Bon, elle était en retard, je viens de la voir à la fontaine.

L-/ On y retourne.
En arrivant sur place, Pido reconnaît bien Ermina.
P-/ Et bien bonjour en ce beau matin.
Ermina-/ bonjour don Compari.
P-/ vous aviez rendez vous avec une petite souris ?
Er-/ z'êtes plutôt un gros rat qu'une petite souris.
Elle demande à Bella si c'est bien elle la souris.
P-/ Oui, c'est elle. Est ce qu'on peut discuter tranquillement ici ou ailleurs.
Er-/ Comme ça te tente, ici ou ailleurs.
P-/ Ici l'anonymat est parfait.
Er-/ Effectivement, comme des vieilles connaissances qui se retrouvent.
P-/ Exactement ça, je suis content de voir que la maison de mon vieil ami est bien protégée, la coïncidence est étrange.
Er-/ La coïncidence ?
Er-/ La dernière fois qu'on s'est croisé c'était pour une toute autre affaire.
P-/ C’est plutôt l’inverse. On traîne dans les mêmes histoires, étrange qu'on se soit pas croisé avant.
Er-/ Une mission bien précise dans cette maison
Er-/ De fois que les assassins de Coccio ils reviennent
P-/ Pour prendre quoi ?
Er-/ Des petites souris, ou ceux qui les envoient.
Er-/ Et pourquoi le gros rat envoie sa petite souris chez Coccio ?
P-/ Le gros rat cherche à savoir aussi et il est surpris que l’enquête sur la mort de Coccio avance si peu.
Er-/ Disons qu’il est pas dans boucle des infos.
P-/ Est ce que je pourrai y être ?
Er-/ et pourquoi ? C'était ton amoureux ?
P-/ je le connaissais.
Er-/ tu le connaissais comment ?
P-/ Chacun son tour pour les questions, moi j’y ai répondu
P-/ j’aimerai bien comprendre pourquoi tu t'intéresses à son domicile et qui ? Le même commanditaire ou un nouveau ?
Er-/ C'est lié, c’est le même.
P-/ J'ose espérer que c'est dans le but de faire progresser l’enquête.
Elle opine
Er-/ de savoir qui a tué Coccio.
P-/ et vous avez des pistes ?
Er-/ à priori un papier que ses assassins auraient laissé derrière eux et qu'on pourrait retrouver de mon côté j'ai aussi des infos donc on pourrait jouer comme ça bille par bille.
P-/ c'est lié à ce qui s'est passé au palais, ça te parle
Er-/ pas trop
P-/ l'arrivée d'un certain Falci
P-/ arrivé la veille par une galère et c'est ça que Coccio avait appris et c'est probablement pour ça qu'on la tué
Er-/ probablement ?
P-/ Cette galère travaille pour une famille
Er-/ A qui profite le crime ?
P-/ à celui qui fait taire Coccio
Er-/ ou à celui qui hérite …
P-/ en admettant qu'il y ait quelqu'un qui hérite, la façon de tuer n'aurait pas été la même
Er-/ si j'avais envie de devenir héritier, je m'arrangerais
P-/ je connaissais Coccio
Er-/ j'ai la vocation qui pousse, et toi, c'est quoi ?
Er-/ tu peux me dire quoi sur ce testament ?
P-/ Qu'est ce que tu veux que je te dise sur ce testament ?
Er-/ et ta gamine, elle est venue pour quoi ?
P-/ Elle est venue pour voir si du monde était passé mais pas si y'avait quelqu’un
Sans prévenir, Ermina jette une balle de chiffon à Bella.
Pido intercepte la balle mais Bella a sursauté sans bouger et quand il la rend à Ermina, celle-ci a compris.

P-/ Sanguinella disais-je, la galère et l'organisation du transfert, tout ça c'est du Sanguinella et je le sais parce que j'ai remonté l'info à la source
Er-/ t'es au courant de ce qui s'est passé chez Coccio ?
Er-/ C'est la première fois qu'elle venait ta silencieuse ?
P-/ Bella n'est jamais venue chez Coccio
Er-/ qu'est ce qui s'est passé chez Coccio ?
P-/ Il est arrivé quoi à Fausto ?
Er-/ Tu le connais bien Fausto ?
Er-/ Il a été écarté, parce que ta gazelle est venue
P-/ je suis venu moi même le jour de sa mort, c'est Fausto qui m'a ouvert, je m'attendais à ce qu'on vienne y prendre des chose et je voulais voir qui
Er-/ il t'a parlé de son testament Coccio ?
P-/ Je sais qu'il en a un mais pas les détails
P-/ si jamais la mission de surveillance de la maison a besoin d'aide, on peut aider
Er-/ que ta gamine n'y retourne pas. Je sais pas à quel jeu tu joues mais joue pas au plus fin avec Dagarella
P-/ je prends le conseil
Er-/ prends le comme un conseil d'amie
P-/ un conseil oui, d’amie je sais pas.
Er-/ Ça fait deux trois fois qu'on se croise
P-/ de là à être amis
Er-/ je le regrette gros rat.
Ils se séparent et sur le chemin du retour, Bella, inquiète, signale à Pido qu'elle n'est pas fière et qu'en face c'était pas une rigolote.
B-/ Je vais y gagner quoi ?
P-/ Une piécette ou deux , t'as pas eu grand chose à faire
B-/j'ai été une Compari pendant tout le rendez vous
P-/ OK cinq piécette
B-/cinq et du vin rouge
P-/ OK

De son côté, Ermina suivie du regard et de loin par Speranza part dans le temple d'Aquilo dont elle n'est toujours pas ressortie au bout de longues minutes. Speranza fait le tour pour s'apercevoir qu'il y a de multiples sorties et qu'il devient inutile d'attendre.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Message par Doji Satori »

Épisode 36 – Un plan de faux duel


Une fois tous rentrés au Bœuf Rouge ils font le point en grignotant, pour certains, une tartine. Dans un coin, Aniello discute avec un type mal rasé qui lui paye des coups. L'inconnu est habillé comme un bourgeois ou un artisan qui s'est égaré dans le coin.
Les Compari parlent plus ou moins fort selon les sujets et la proximité des autres clients.


P-/ Hier soir au théâtre, la pièce a été interrompue car il y a eu une bagarre avec du sang qui a coulé mais pas de morts.
E-/ Qui s'est fait poinçonner ?
L-/ Borghese ?
P-/ Pas les acteurs mais plutôt entre nobles et bourgeois dans la salle.
E-/ ils ont cru que c'était pour eux sans savoir que c'était sur toi.
L-/ ça arrive à plein de gens.
Lupo appuie ses propos avec un clin d’œil forcé en direction d'Ettore.
Le bourgeois arrive et s'installe.

RD-/ Bonjour les Compari
De près, ils reconnaissent Rosso Dagarella.
E-/ Aniello vous a appris des choses intéressantes ?
RD-/ j'aime toujours discuter avec les alguazil.
nouveau clin d’œil mais cette fois de Dagarella à destination de Lupo.
E-/ Faudrait vérifier qui a eu des problème au théâtre, si tes souris savent ça Pido
P-/ faudrait voir avec Borghese, il était au premières loges
Lupo sert un verre de vin à Dagarella
Il le remercie d’un geste et s’envoie une lampée.
RD-/ la pièce est interdite !
L-/ Y'a quelqu'un qui l'a mal vécu ?
RD-/ ça faisait chauffer un peu les têtes.
L-/ Ben ça alors.
RD-/ Suite au bazar d'hier, les autorités ont décidé de fermer le truc.
L-/ Tiens, tiens, suffit d'un petit prétexte.
S-/ Pourquoi le fermer ?
E-/ Pourquoi l'interdire pour juste une bagarre ?
RD-/ C'était entre pro Mastiggia et pro Ducatore.
RD-/ En fait le théâtre c'est une excuse pour qu'ils se tapent dessus.
L-/ Voilà
RD-/ comme le quartier est patrouillé, les velléités se sont déplacées au théâtre en attendant que ça se déplace ailleurs
L-/ Y'a des gens qui ont du temps à perdre
RD-/ Toujours est-il que Ermina est venu me parler de vos visites nocturnes à la casa Blattari
L-/ Nocturne, c'est pas moi sinon ça dure toute la nuit.
RD-/ je visite, je contre-visite …
RD-/ Ermina est un peu sotte mais elle n'a pas pu bien m'expliquer, donc si vous pouviez m'affranchir monsieur Pidocchi.
L-/ à la base, votre truc c'est pas une info contre une info.
RD-/ Comment ça ?
L-/ C'est pas comme ça que ça marche dans la rue ?
S-/ C'est curieux, c'est qu'on vous retrouve beaucoup.
L-/ On se croise beaucoup ces derniers temps alors qu'on s'était jamais vu. C'est un signe du destin, qu’on va devenir les meilleurs amis du monde et quand Ermina et Pidocchi convoleront en juste noce, on sera invité.
Dagarella ne sourit pas à la saillie et passe à autre chose
RD-/ Et autre sujet dont je voudrai discuter avec vous, la personne que vous nous avez remise a été poinçonné et ça serait dona Speranza qui l'aurait blessé.
S-/ Ça l'a pas empêché de vous parler de toute façon.
S-/ C'est pas sa putain de langue qu'a été coupée. J'aurais pu lui arracher les yeux, elle aurait pu vous parler
RD-/ j'aimerai savoir pourquoi .
S-/ Mais qu'est ce qu'on s'en fout ! elle m'a mal parlé, bon, fin de l'enquête !
E-/ On venait de trouver Zoppa les yeux crevés.
Speranza, très énervée, va s'asseoir ailleurs
P-/ Pour ce qui est du coup de lame, vous voulez voir le visage des deux enfants qu'on a trouvés ?
Le ton monte, le son aussi. Une tension palpable et sans formules de politesse. Il semble au Compari que Dagarella vient chier dans leur gamelle et que c'est pas chez lui.
RD-/ j'étais venu en toute amitié et vous perdez vos nerfs. Si c'est le cas, je reviens avec des amis.
P-/ Ross, disons donc. Pour la marchandise, tu as eu une explication.
Comme nous n'avons pas été payés du tout pour ce service, il n'y pas de récrimination possible
RD-/ Par contre avant de partir, j'espère pouvoir poser ma question.
Speranza se lève et s’approche
L-/ Attends Spé
RD-/ Qui espérez-vous choper chez Coccio ?
S-/ Elle a pris un coup, elle m'a mal parlé, je l'ai planté, elle peut encore vous parler. Qu'est ce que ça peut foutre.
RD-/ ça change que je veux savoir avec qui je travaille.
L-/ Je fais le quart de ça chez toi tu me fous ton poing dans la gueule
RD-/ Non, tu rentres même pas chez moi
L-/ Donc tu vas prendre tes cliques et une claque et ...
S-/ C'est pas une servante innocente, c'était la disciple de la sorcière. Elle vous a fait un sourire et vous la croyez innocente, vous voulez la défendre.
Rosso Dagarella les ignore et se tourne vers Pidocchi
RD-/ Pidocchi, quand tu voudras causer franchement et que ton testament ressorte, tu mettras un torchon rouge à ta fenêtre.
S-/ Qu'est ce que ça peut vous foutre que j'ai planté la sorcière
Il continue de l’ignorer en regardant Pidocchi
RD-/ Met ton torchon rouge quand tu voudras causer. Je parle pas quand ça monte comme ça.
S-/ C'est quoi ce débile !
Speranza pose son assiette et se barre.

Dagarella se lève et lance une pièce vers Pidocchi en mentionnant que celle-ci n'a pas trois traits. La menace semble à peine voilée. oui, trois traits c'est un message précis. Lupo hésite à se lever pour attraper Dagarella par la manche mais Pido le fait rasseoir.
P-/ Non on le laisse partir. Il viendra à nous, car LUI a besoin de nous.
P-/ Je peux lui pourrir son job dix fois avant qu'il n'ait fini de se plaindre.
P-/ Mais la morale de l'histoire, c'est que les gentils Compari, doivent montrer les dents, là. P-/ Y'a des gens dehors qui ne nous prendront au sérieux qu'après.
P-/ Nous parlons trop et ne pointons pas assez, je pense.
E-/ Les trois traits, c'est un message d'exécution envoyé par les Chuchoteurs aux balances.
yeux crevés et cousus, langue arrachée et bouche cousue, la victime laissée à agoniser dans son sang ?
P-/ Les trois traits sur une pièce c'est juste un signe "Chuchoteurs"
L-/ oui, il a un gros melon, c'est clair. Mais dans notre propre maison, sans être invité, il a franchement pas mal de chances que ça ne se soit pas fini dans le sang.
E-/ Le sien ou le nôtre ?
P-/ Peu importe en soi, les deux prisonnières ont été remises gracieusement, sans paiement, donc les problèmes de qualité de prestation ne se posent pas.
S-/ Exactement !
L-/ Oui, PAYEZ les pros.
S-/Et le trou ne l'empêche pas de causer.


Dans la ville basse, on murmure que c'est le sorcier de Ducatore qui aurait torturé les petits garçons. C'est un Ressinien qui en plus a dû partir avec Gesufal en même temps, l'autre homme de Ducatore. La rumeur concentre les crimes autour du Podestat et ses hommes.

Sur ces entrefaites, Spada Matado et deux spadassins masqués arrivent à leur tour au Bœuf dont l'autre Lupo qui enlève lui aussi son masque.

E-/ Bonjour messieurs, qu'est-ce qu'on vous sert ?
SM-/ La même chose que vous.
S-/ Mais quel passage, ce matin !
P/ Quoi de neuf ce matin ?
S-/ Bon, je vais finir ce fromage, quand même.
L-/ La confrontation des Lupo.
P-/ De l'amertume du sang et de la sueur alors ?
Ettore fait le tour en sortant par la porte arrière du Bœuf pour vérifier qu'ils n'ont pas été suivi.
SM-/ Qui vous savez veut la peau de qui vous savez.
L-/ Ce qu'on avait causé, le centenier.
Spada acquiesce
SM-/ il veut que ça soit une exécution publique et que ça soit moi qui le tue.
il lance un regard vers la porte où est sorti Ettore
SM-/ Et faut pas que ça soit un combat à la loyale. Mais surtout pas avant deux jours car il est de service et d'ici là c'est intouchable.
SM-/ Faut que ça soit public. Comme un duel normal pour qu'il n'y ait pas assassinat et des problèmes avec qui vous savez ou un quatre contre un. En apparence loyal mais tant qu'à faire, je préfère que ça ne le soit pas.
P-/ Oui, on sait. Il faut "arranger" ça.
L-/ Les témoins ça se paye.
SP-/ Faut qu'il y ait du public et pas des gens qu'on paye qui pourraient être payés plus après …
SP-/ Des témoins dignes de toute confiance.
Ettore a fait son tour et revient vers la table où ça cause.
Lupo pousse son bocal de fromage mariné vers Spada.
L-/ Y'a plusieurs hypothèses. il pourrait avoir eu un autre duel juste avant ? ou alors sa lame habituelle qui a malencontreusement subi un dommage vulnérant ?
P-/ l'homme pourrait être malade, aussi. On peut même envisager une combinaison de facteurs favorables. Une lame tordue, ET un mal de tripes, ET une blessure handicapante ? S'il a marché sur un clou, c'est tout con hein
P-/ Y aura-t-il enquête post mortem ?
SM-/ y'aura sans doute enquête donc faut que les coups viennent de devant.
P-/ imaginez qu'il se soit coincé le pouce de la main dominante dans une porte deux heures avant, que ce serait malvenu, hein ?
E-/ C'est quoi votre histoire ?
SM-/ Que qui vous savez veut que qui vous savez meurt dans un duel.
E-/ Bon courage.
P-/ Faut qu'il soit blessé avant mais..
E-/ si vous êtes blessé à la main et que je vous provoque en duel, qu'est ce que vous faites ?
SM-/ j’évite.
E-/ Ben il fera pareil.
E-/ Pour qu'il veuille se battre, c'est qu'il veut être sûr de gagner et il est très sûr de lui
Matado acquiesce aux propos d’Ettore.
SM-/ Je peux tenir trois passe d'arme avec de la chance
L-/ Et si y'a pas de témoins proche ? Pour un tir ?
P-/ Non, un pouce coincé dans une porte ou qu’il prenne un coup de marteau, ça ne se voit même pas avant le lendemain.
L-/ En public, il ne pourra pas forcément "éviter" et dire "non parce que j'ai le pouce défoncé" ça passerait immédiatement pour de la lâcheté
P-/ Et si... le duel se situe assez près pour être vu mais pas de témoins proches ?
L-/ ce qui permettrait un tir de fronde ? Du poison ?
P-/ le poison c'est très dangereux : on ne maîtrise pas la vitesse d'effet, ni d'ailleurs la puissance sur un organisme en plein effort
P-/ Je pourrais lui donner une dose mortelle qu'il ne s’effondre qu'après le combat.
E-/ Tu pourrais empoisonner pour que ses amis aussi soient malades.
P-/ ça fait une sacré dose et ils risquent d'être tous aux toilettes en même temps.
E-/ Je suis désolé, j'ai pas eu l'habitude de truquer les combats.
SM-/ Moi non plus.
P-/ Y'a l'option théâtre, aussi.
E-/ Un faux duel avec un acteur, et on retrouve le corps après. On le zigouille puis on déplace son corps au bon endroit en charrette.
SM-/ Un faux duel ?
E-/ il sera pas seul, il y aura des potes qui viendront avec lui et pas des manchots non plus.
L-/ On empoisonne puis tu le troues après au même endroit.
SM-/ Vous faites ça ou ?
L-/ La mission emmerdements maximum de chez Borghese, on peut faire la même chose.
L-/ Un acteur, j'en connais un bon.
E-/ Faut pas qu'il en fasse des caisses.
L-/ ça serait dommage de se limiter à un seul rôle même si celui-là sera moins bien.
P-/ Est ce que tu ressembles à Chiodi ?
E-/ Non.
L-/ j'ai un visage plus beau.
P-/ Si t’as pas ses potes, ça se joue.
E-/ J'ai bien une question, qui l'a payé pour le message ?
SM-/ Chiodi, il bavera rien.
L-/ Faut l'isoler de ses potes pour le suriner.
P-/ Monter le faux duel avec un peu de foule et dans le faux duel, le faux Chiodi tombe et c'est son corps qu'on retrouve en bas.
SM-/ Sur un toit ?
P-/ Dans un puits, une fosse, le port. C'est où on veut quand on veut.
Matado semble apprécier l’idée.
E-/ le plan de Pido est encore mieux que la charrette. Les gens peuvent le voir et témoigner.
P-/ Avec le faux duel on maîtrise le déclenchement, le moment, l'endroit.
SM-/ ça me plaît bien, en tout cas mieux que le truc de tout à l'heure.
SM-/ Mais faudrait le soutirer à ses collègues sans avoir à les combattre sinon ça fait bizarre, plusieurs morts et le duel seulement plus tard.
L-/ Il va aller dormir chez lui.
E-/ Oui mais à la caserne, il habite pas là.
L-/ Moi, je les occupe en jouant avec eux.
P-/ Et si on lui met une femmes dans les pattes, il aura pas envie de rentrer, il va vouloir s'isoler avec elle.
L-/ Le pantalon baissé et la rapière loin de la main.
P-/ On progresse. On a des candidates ? J'en vois trois.
L-/ Speranza ?
P-/ Une certaine sœur. Ou une étrangère à la ville de passage.
E-/ Un petit service, non, je crois pas. Demander à Majan de faire la pute, c'est pas crédible.
P-/ Pas une qui puisse baver.
L-/ Speranza, c'est notre meilleure option.
SM-/ Faut que ça soit fait avant demain soir.
L-/ On peut payer une pro.
E-/ Mais ça fait une bouche de plus qui peut bavasser.
P-/ Autre option s'il reçoit un message de son responsable mais faut que ça soit crédible et pas que ça l'emmène dans un coin plus sécurisé.
L-/ La femme ou l'urgence intestinale, c'est mieux.
SM-/ Faut pas qu’il y ait ses copains dans le coin.
L-/ Je peux demander à ma sœur mais elle va demander une compensation.
E-/ Elle va en faire une pièce.
P-/ L'important c'est les apparences.
E-/ Faut quelqu'un qui fasse la bonne taille et qui sache ne pas se planter sur sa lame.
Ettore se tourne vers l'autre Lupo, le sbire de Ducatore.
E-/ t'as déjà fait l'acteur ?
Celui-ci ne semble pas à l'aise avec l'idée alors on se tourne vers le Lupo des quattro compari qui semble plus à l'aise avec cette idée.
P-/ Postiche, moustache, les vêtements de Chiodi et de toute façon y'a moyen de faire croire.
SM-/ Le soir entre chien et loups ou la nuit car c'est leur dernière nuit en ville et il voudra faire bombance après si longtemps de garde.
SM-/ Le neutraliser en fin de soirée, c'est pas mal mais le duel doit avoir lieu dans un lieu et un temps proche qui soit logique et pas trop près dans un temps limité.
P-/ Je pense qu'on peut savoir où il a ses habitudes. Un duel convaincant au bon endroit avec une mise en scène et des témoins qui soient même des vrais témoins.
En fin de soirée, ils seront bourrés mais les duels sont souvent à l'aube pour ne pas être dérangé par des témoins intempestifs.
SM-/ Les duels entre les phalangistes c'est tout de suite. Ceux à l'aube c'est pour les nobles.
P-/ Peu importe l'endroit ou y'a des endroits
SM-/ là où je le provoquerai parce que je le croise ou je le cherche
P-/ le provoquer là ou ça vous arrange le mieux.
SM-/ Plutôt plat, dégagé
P-/ pas sur un mur
SM-/ non, on veut de la place pour s'exprimer et qu'il y ait du public
L-/ Et imaginons qu'il s'enfuit vers le lieu qu'on souhaite.
un regard de Matado vers Ettore pour confirmation.
E-/ Chiodi ne fuit pas.
SM-/ ça m'étonne même que Don Stoccata n'ait pas déjà croisé le fer avec lui, ils se craignent sans doute déjà l'un l'autre.
E-/ Et s'il est déjà là ?
L-/ Le problème c'est le public et que le corps soit déjà là.
P-/ Ou avec un problème de lumière ou un coin sombre pour qu'il y ait confusion.
SM-/ Faut quand même éviter ses compagnons de beuverie.
L-/ La chiasse ou la femme ?
E-/ Ça dépend, tu files ça comment ?
P-/ La femme, c'est le plus simple mais faut pas qu'il soit intéressé par les garçons.
SM-/ Il est plutôt fille.
L-/ qu'elle soit à son goût.
E-/ avenante et pas farouche pour une histoire d'un soir.
L-/ Alors pourquoi l’empoisonner ?
P-/ Pour éviter un mauvais coup.
L-/ Faut trouver un endroit compatible avec ça et ça pourrait être dans notre quartier pour qu'on puisse maîtriser ça.
P-/ à propos de maîtriser, notre contact auprès des neuf semble être envahissant. Je ne sais pas si votre excellence a les moyens mais s'il pouvait poser moins de questions et se mêler de ses affaires et non des nôtres.
SM-/ Quel genre de question ? Et as-t-il des raisons de se méfier de vous ?
Sentant le terrain glissant, Ettore tente de revenir sur le sujet du centenier.
E-/ Faudrait pas qu'il tombe dans notre mise en scène.
Mais Spada Matado poursuit, les sourcils froncés
SM-/ Y'a eu des mots ou plus loin ?
P-/ Disons qu'on est passé d'une gentille camaraderie à des ergots dressés.
SM-/ Sauf que ceux à qui vous avez remis le colis ne sont pas sous le service de sa seigneurie.
L-/ Sa seigneurie a le bras long.
P-/ On ne voudrait pas d'inconvenants qui interviennent dans notre histoire.
Jugeant le sujet clos, il revient sur l’organisation du faux duel
P-/ On a des arrières cours ici mais côté témoins c'est pas ça.
L-/ faut le choper entre le palais curial et là où il crèche.
SM-/ ce soir-là, ils vont vouloir faire la fête.
P-/ dans la ville basse ou la via mala ?
L-/ chez Diamantina ?
E-/ Je te rappelle qu'on a plus le droit d'aller chez elle.
L-/ Faut qu'on trouve un lieu adéquat.
P-/ Mais on va pas le trimballer sur des lieues donc faudra s'adapter au fur et à mesure. Ça dépend d’où on trouvera la possibilité de lui caser la femme dans les pattes. On choisit où on fait croiser la mystérieuse et belle inconnue et Speranza est trop connotée Compari.
L-/ Lucrezia a sans doute connu bien pire.
E-/ C'est ta sœur alors c'est sûr.
L-/ Faudra la convaincre mais convaincre Speranza serait bien plus compliqué.
Matado s'en va en laissant Lupo sur place pour servir de messager d'ici le soir quand le plan sera plus clair. Matado hoche la tête en promettant de les revoir demain.
P-/ L'option Lucrezia semble moins risquée que Speranza et elle saura faire l'actrice.
L-/ moins de risque qu'elle me torde le doigt et parte bouder.
L-/ Ça tombe bien, je pensais aller les voir pour ce qui s'est passé au théâtre.
P-/ Avec compensation financière pour qu’elle joue son rôle et disparaisse au bon moment.
P-/ Aller voir à quoi il ressemble au palais.
L-/ y'a toujours une expo en cours sur place pour que je puisse voir le bonhomme.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Doji Satori
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Épisode 37 – réunion de famille étendue

Jour de pluie en ce milieu de matinée. Il va falloir trouver les points de chute probable de Chiodi dans deux soirs. Speranza est partie de son côté on ne sait où même si on s'en doute.
Ettore va partir faire son tour mais avant il avise Lupo qu'il faudra blesser Matado pour que le duel soit crédible. Charge à lui de voir comment le blesser sans trop de dégâts et avec ou sans l'accord de Don Matado avant la blessure.
Pido et Lupo discutent de comment convaincre la sœur de ce dernier de participer au piège monté contre Chiodi et du coût que ça pourrait demander. Chaque pièce que Lupo semble demander arrache une part du cœur de Pidocchi. Soyons clair, en florins, son cœur saigne à chaque fois que Lupo propose un argument pour faire payer sa sœur un peu plus. Le fait de se faire payer pour éliminer un centenier, ça tombe sous la licence des chuchoteurs normalement. D'ailleurs, on n'a pas causé tarif du pseudo duel auprès du demandeur. Payer sans s'être fait payer en premier, on faiblit sur nos principes et c'est pas parce que c'est une demande de Ducatore à Matado qu'on devrait faire du bénévolat.

Pidocchi finit par se résoudre à prélever cent florins, une fortune, dans les réserves avant de les confier à Lupo.
P-/ t'es pas obligé de tout mettre sur la table dès le début même si c'est ta sœur.
L-/ Je t'ai déjà dit qu'elle est comme moi ?

Pido vérifie avec les souriceaux dans quels troquets les phalanges des Burlamuerte ont prévu de passer les soirées de fin de garde. Ensuite, il ira peut-être discuter avec Ermina, quitte à ce qu'elle soit dans la maison de Coccio et que Pido étant l'héritier de Coccio, elle est chez lui en fait. C'est la période la plus simple pour savoir où la rencontrer.

Lesté des cent florins, Lupo se dirige vers Purpurezza afin d'y retrouver sa sœur et pour ce voyage doré, il évite les ruelles obscures pour ne rester que sur les grands axes.
Arrivé devant la porte, il frappe à l'huis et c'est Francesca, la servante, qui ouvre.
F-/ Bonjour don Tramonte, entrez. Don Borghese et Donna Tramonte sont là
L-/ Puis-je voir ma sœur ?
F-/ Entrez, il pleut, donnez votre manteau.
Quelques marches plus haut, il retrouve sa sœur et son compagnon, Andréo Borghese, en train de prendre un petit déjeuner frugal vu que la pièce est arrêtée à cause des incidents de la veille.

Lu-/ Entre donc
L-/ Merci
Lu-/ Tu as mangé ?
L-/ Oui
Lu-/ Tu remangerais bien un petit peu ?
Il acquiesce et s’installe à table
L-/ Comment ça va, j'ai appris pour le théâtre. Tout va bien ?
Lu-/ Pas trop, on ne sait pas si ça va reprendre ni quand donc ça va être compliqué mais on va s'en sortir.
L-/ Rien de neuf à ce propos, si ça va reprendre ou un plan bis ?
A-/ Je me vois mal aller dans une autre ville et ce que je pourrai faire d'autre.
L-/ Vu la nature de la pièce, personne ne veut une représentation privée ?
A-/ C'est une idée mais on n'a pas encore eu le temps de changer de méthode.
L-/ Y'a moyen de surfer sur la vague
Lu-/ Tu vois, Lupo a confiance en toi.
L-/ Ben oui, bien sûr, pas qu'en toi, en vous. Ta plume m'a étonné et y'a un vrai potentiel.
Lu-/ J'ai pas de talent. C'est à Emilio Rossi qu'il faut rendre hommage.
A-/ Il en faut pour me supporter.
Ça discute amicalement mais les affaires se traiteront en tête à tête. Lupo avise sa sœur par leurs anciennes phrases à double sens qu'il y a une combine qui demande un entretien court mais privé sur un futur plan comme avant ils s’arrangeaient pour plumer un pigeon.
Lu-/ Je ne t'ai pas montré la tenue que je porterai la prochaine fois que tu m'inviteras chez toi, ça te rappelleras des souvenirs
L-/ J'ai d'autant plus hâte.

Deux phrases anodines plus tard, elle le guide vers l'étage et leurs quartiers privés. Dans une petite chambre en haut avec juste une petite fenêtre et une échelle qui monte au grenier. Elle sort quelques fringues pour faire illusion au cas où Andréo passerait et…
Elle s'installe sur le lit et tapotant auprès d’elle
Lu-/ Dis-moi tout.
il s'assoit à ses côtés. Elle avise sa besace qu'il conserve sur lui
Lu-/ Tu veux que je te débarrasse, t'as l'air chargé.
L-/ Je vais le faire tout seul. J'aurais besoin que tu me rendes un service pour quelque chose pas légal, la cible c'est un centenier et j'aurai besoin que tu l'éloignes un moment de ses camarades.
Lu-/ Ça ne devrait pas poser de problème.
L-/ C'est pour ça que j'ai pensé à toi. Je t'aurais bien aidé mais je crois savoir qu'il préfère les filles mais je ne serai pas loin.
Lu-/ Sur le principe je suis d'accord, c'est quand et comment ? Y'a des choses à prévoir ?
L-/ L'idée c'est de le toper pour l'isoler de ses hommes.
Lu-/ Ok, je l'isole mais après je fais quoi ? Je lui file une coupette ?
L-/ Oui, et après, sortie de scène pour Lucrezia.
Lu-/ C'est quoi ton truc, histoire de m'affranchir ?
L-/ Juste un laxatif qui agit très vite histoire qu'il file au lieu d'aisance.
Lu-/ Et c'est ou que je dois l'emmener ?
L-/ On n’a pas encore trouvé l'endroit mais on cherche où ça serait le mieux, je voulais voir d'abord sur le principe mais si tu as des suggestions, je prends ce genre d'information.
Lu-/ Pas ici et que je ne sois pas inquiétée après.
L-/ C'est l'idée mais j'imagine que tu as ce qu'il faut pour que ses potes ne te reconnaissent pas.
Lu-/ C'est pour quand ? Et qu'est-ce qu'on sait du bonhomme ?
L-/ Demain soir, c'est un centenier, un très bon bretteur donc, pas prendre de risque.
Lu-/ Il me faudrait pouvoir me renseigner pour connaître ses goûts et voir en conséquence.
Lu-/ Y'a une heure particulière ?
L-/ T'as l'a soirée mais plutôt quand il fait sombre.
Lu-/ Je l'alpague, je l'isole, il devient malade, je m'éclipse et vous le prenez en charge, on va la faire cette petite affaire.
L-/ Tout à fait.
Lu-/ Si on peut s'aider en famille.
L-/ Dès que j'ai plus d'infos, je te les apporte
Lu-/ Ou je passe te voir
L-/ Très bonne idée, passe me voir.
Lu-/ On est au chômage technique.
L-/ Justement pour ça que j'ai pensé à toi. Évite d'en causer à Andréo. Tu as un don pour des révélations particulières.
Lu-/ Pas plus que toi. C'est toi le parleur qui ne sait pas garder des secrets.
L-/ C'est toi qui a fait une pièce.
Lu-/ Mais moi j'ai pas donné les noms.
L-/ C'est chez toi qu'ils ont cru que la pièce les concernait et qu'ils se sont battus.
Lu-/ C'est parce que les Mastiggia sont tombés sur des partisans du Podestat pendant l’entracte, un prétexte.
Lu-/ Hier le sang a coulé mais j'espère que c'est provisoire
L-/ Je te file une petite avance pour le maquillage, une robe…De combien ?
Lu-/ Combien tu as ?
L-/ Dis-moi de combien tu as besoin.
Lu-/ Dis-moi de combien tu m'affranchis
L-/ Cinquante florins ?
Lu-/ Tu m'en donnes 20 de suite ?
Lupo tique mais ne montre rien, trop heureux de s'en tirer à ce compte.
L-/ Ecoute, j'ai confiance.
Il lui file cinquante florins extraits de son pécule prévu pour cet arrangement.
Lu-/ T'as confiance.
L-/ Ma confiance est mal placée ?
Lu-/ Tu as toujours eu trop confiance et ça nous a perdu mais je prends et je vais pas me gêner pour m'en servir.
Elle planque dans un coin sans doute temporaire et ils descendent en causant chiffon et la dernière mode à Ciudalia.
Lu-/ Je passerai surement dans la journée pour te montrer les derniers rubans à la mode…
La conversation se prolonge avec Borghese avant que Lupo finisse par prendre congé.


Pidocchi se dirige vers le centre-ville pour aller toquer chez Coccio, il frappe à la porte et s'adosse au mur comme s'il prenait une pause en attendant un passant et à l'affût d'une réaction dans la maison. Une fenêtre s'ouvre à l'étage au-dessus de lui et c'est Ermina qui se penche et le voit.
Il la salue et parle tout bas. Le bruit de la pluie couvre un peu les sons mais difficile de crier sans attirer l'attention des gens qui avancent courbés sous les gouttes.
P-/ On peut discuter un instant ? Et pas sous la pluie.
Er-/ Je descends.
Le judas derrière la grille s'ouvre.
Er-/ Tu veux quoi ?
P-/ J'ai besoin qu'on jacte en loucedé.
Er-/ Pas d'embrouille.
Il indique ses mains vides qu'il montre paumes vides.
Er-/ Tu montreras tes mimines une fois dedans.
Il attend qu'elle lui indique enfin de rentrer et elle s'est éloigné de la porte avec la main sur la dague
Er-/ Ferme la porte à clé et pose ta quincaillerie dans l'entrée. Rien d'autre ?
P-/ Je n'ai rien d'autre et je viens que pour parler.
Er-/ Suis-moi à l'étage.
Ils montent mais elle le garde sous surveillance tant qu'il n'est pas installé.
P-/ On peut s'asseoir ?
Le broc d'eau passe de l'un à l'autre.
P-/ Voilà, j'ai un message à faire parvenir, je sais pas si tu es le bon interlocuteur mais surement parmi les meilleurs.
Er-/ Arrête la lèche.
Er-/ Dagarella a dit que tu devais mettre un torchon rouge.
P-/ Je ne parle pas des neufs mais de la guilde. L'autre guilde, je parle à la bonne personne ?
Er-/ C’est-à-dire ?
P-/ J'ai un contrat pour nettoyer un gêneur et que sais que ça se fait via les chuchoteurs et je voudrais payer mon écot.
E-/ C'est pour un meurtre ?
P-/ On peut dire ça comme ça.
E-/ Un contrat qui passe pas par la guilde, qui t'a filé ça ?
P-/ Je peux pas trop le dire
E-/ Tous les contrats doivent passer par la guilde.
P-/ Je suppose qu'on peut faire un arrangement et que …
E-/ Ça se passe pas trop comme ça.
P-/ Je peux pas forcer la main à mon client mais je voudrais rapidement me mettre au clair parce qu'on a pas plus de deux jours devant nous.
E-/ Je vois ça et je te recontacte, la personne viendra avec une bouteille de vin, un claruccio, ça marche ?
P-/ Ça marche, merci de m'avoir fait confiance.
Il récupère ses affaires près de la porte et ne recommence à respirer vraiment qu'après avoir parcouru la rue et passé enfin un coin hors de portée d'un carreau qui partirait de la fenêtre de Coccio.


Ettore fait le tour des tavernes vers la piazza Smaradina pour trouver quels sont les points de chute du centenier Chiodi. Celui-ci a coutume d'aller se montrer au gai pinson où il a ses habitudes en compagnie de ses potes et en galante compagnie.
Pas le genre à faire via Mala pour s'encanailler.
Il picole léger et fait le beau sur Smaradina avec la petite noblesse et les maîtres d'arme pour briller en public. Se montrer, épater la galerie, se faire valoir et se faire flatter comme d'habitude.
Où sont les toilettes, quels endroits pourraient aller et à quel point s'écarter ? Faire un plan des lieux pour étudier comment monter leur embuscade mais en plein centre-ville sur une place très protégée et fréquentée.
D'après Ettore, rien dans le coin ne s'y prête à cause de la large place, du temple, pas le quartier à coins sombres, faudra bouger le gars ailleurs. C'est trop éclairé, dégagé, patrouillé avec des phalangistes postés en permanence sur les accès principaux de la place. L'appât va devoir l'écarter du quartier parce qu'ici ce n'est pas faisable. Les conclusions sont simples et doubles à la fois, ça sera là et ça ne peut pas se faire là donc il faudra réfléchir aux modifications de plan avec les autres.
Sur une idée qui lui est sans doute arrivée dans la nuit, il se dirige vers le quartier des palais.
Il va toquer à la porte arrière du palais Ducatore pour rencontrer les deux hommes du podestat qui ont eu à affronter le bretteur inconnu. On le guide à travers les jardins jusqu'à l'escalier principal et malgré la pluie il y a encore quelques nobles et clients en train de discuter ou de solliciter Don Ducatore.
Ettore se fait conduire près des deux qui ont tenté de protéger Coccio, Coneoti et Sorezzini.
Dans un premier temps ils ne sont pas ravis qu'on leur pose des questions sur ce qu'ils pensent une défaite et une remise en cause de leurs talents mais quand Ettore explique qu'il chasse le même gibier, les réponses commencent à sortir, même si elles sont limitées.
Rapière, pas de main gauche ? Non mais une dague, que du fonctionnel sans chichi ni de reconnaissable. Droitier ? Malheureusement oui donc ça n'écarte pas de suspect.
S-/ Dans l'urgence on a pas trop vu et on s'est fait poinçonner de suite.
l'histoire c'est qu'on l'a attaqué à deux. Ils étaient quatre en face mais y'en a qu'un qui s'est interposé.
C-/ Le type avait un masque de théâtre, j'ai pensé que son angle de vision était fermé, j'ai plongé sous sa garde, il a suivi ma lame et attaqué presque dans le même temps directement sur ma jambe.
S-/ Très rapide, il a rabattu la mienne sur le sol et a percé l'artère.
C-/ Il a appuyé sa lame sur ma gorge le temps que les autres fassent ce qu'ils avaient prévu sur Don Blattari.
E-/ Il a dit quoi
C-/ Rien du tout, pas un mot
C-/ Les agresseurs avaient des capuchons mais lui un masque de théatre, un grotesque.
E-/ Cheveux clairs ou foncés ?
C-/ Chatain.
S-/ Si rapide, il doit être jeune.
E-/ Pas de garde particulière ?
C-/ Y'a pas eu de passe d'arme donc pas le temps de voir un style engagé
E-/ un bout de tissus ? Des couleurs ?
C-/ Non, rien qui le distinguait des autres.
E-/ Il est resté devant toi, t'a menacé avec son arme, ses yeux ?
C-/ Marrons ?
E-/ T'as juste retenu la couleur ?
C-/ Je vois pas quoi d'autre ça s'est passé très vite.
S-/ Un peu désinvolte, sûr de lui quand il est venu nous engager
E-/ En taille par rapport à vous deux ?
S-/ Un peu plus grand peut être et de l'allonge en plus de se fendre.
C-/ Attaque directe, pas d'échange
E-/ Vous aviez déjà combattu Gesufal.
S-/ Ça peut pas être lui, il était avec sa seigneurie même si y'en a qu'ont raconté des conneries au sénat. Puis on le connaît, on l'aurait tout de suite su si ça avait été lui.
Son camarade abonde
C-/ On l'a affronté en salle d'armes, dans l'état où il était après la campagne, il était plus en apte à nous battre comme ça.
S-/ Je me le faisais tout seul tellement il a morflé avec les Ressiniens.
E-/ Couleurs des vêtements ?
C-/ Rien de remarquable, ils étaient préparés.
E-/ ils ont rincé des alguazils avant de tomber sur vous.
S-/ Clair mais sinon Don Blattari n'aurait même pas eu le temps de venir jusqu'à nous.
E-/ Y'a pas un deuxième qui s'est dit qu'il allait se mettre en face de vous, ils l'ont laissé faire tout seul en sachant qu’il ferait face. Ils ont l'habitude de combattre ensemble et que ça soit lui qui se charge des gens dangereux.

Au moment de partir il se fait intercepter par Maggio Coronazione qui se trouve dans la cour du podestat.
M-/ Bonjour Don Stoccata.
Ettore grommelle intérieurement sur ce nom et l'importun qui vient de l'utiliser en le voyant en ces lieux. Essayons d'être poli.
E-/ Bonjour Don Coronazione.
M-/ On vous voit souvent au palais Ducatore.
Tant pis pour la politesse, elle repassera.
E-/ Non, je n'y suis jamais. Bonne journée Don Coronazione.
Ettore prend congé sur un dernier salut et un sourire que laisse filtrer Maggio Coronazione.


Lupo et Pidocchi se retrouvent au Boeuf Rouge
L-/ Bon, Lucrezia est d'accord mais elle va avoir besoin d'informations pour se préparer un peu. Ce qui l'inquiète c'est de savoir comment l'attirer, ou ça va se passer, comment c'est sur place.
P-/ T'as affranchi Speranza?
L-/ Ouais, elle est au top.
L-/ Elle est toujours au top.
P-/ T'as payé ta sœur ?
L-/ J'ai versé 50 florins pour l'instant
P-/ On verra si la prestation est bonne mais je ne suis pas sûr de pouvoir demander au principal intéressé.

Ettore rentre au Boeuf Rouge à ce moment ainsi que Speranza.
Vu qu'il pleut dehors, l’auberge est bondée car les gens préfèrent manger au sec.
Pour être plus tranquille et discret vu le problème du moment, les Compari vont réfléchir à l'étage dans leurs quartiers.

E-/ Je sais où il a ses habitudes mais par contre c'est éclairé, rempli d'alguazils avec des lumières partout. Mais j'ai pas trouvé d'endroit sur place adapté à notre besoin donc faudra que la personne arrive à le faire bouger vers un endroit plus adapté pour notre plan.
P-/ Un endroit au calme ou elle lui fera boire le Compari premier, proche d'un lieu d'aisance pour qu'on le neutralise et qu'on l'embarque.
L-/ L'idéal c'est le Bœuf Rouge parce qu'on connait mais c'est attirer l'attention chez nous.
P-/ Si c'est pas public, faut louer une maison.
L-/ Ou la chambre d'une professionnelle à qui on paye une soirée de vacances.
P-/ Y'en a dans le quartier des Carpone mais faut les mettre dans le jus.
E-/ Trop de monde au courant pour un montage qui doit rester secret.
L-/ Sinon c'est sur le port
P-/ Imaginons qu'il consomme le Compari un sur le trajet, à partir du moment où il est mis à genoux avec la diarrhée, on
L-/ il est où le gai pinson, rapport au théâtre?
P-/ Pas loin. Il est fermé mais y'a toujours du monde dedans.
L-/ Il n'est pas loin de la place entre la place et le port, un endroit qu'elle connaît bien ou elle peut faire rentrer quelqu'un pour un verre dans sa loge. Une actrice désœuvrée vu que le théâtre est fermé, elle s'ennuie.
P-/ Mais elle doit rester anonyme vis à vis des compagnons de Chiodi
L-/ Au final, elle a quasiment pas besoin de mentir puis c'est un endroit avec plein de cachettes, de cordages, de trappes …
E-/ est ce qu'elle peut rentrer quand même si c'est fermé ?
P-/ C'est une habituée et on la laissera passer sans trop de questions.
L-/ Le duel peut se faire devant l'esplanade du théâtre et se finir en rentrant dans le théâtre et sortir par une porte secondaire.
P-/ une très bonne idée Lupo
Ettore et Pido s'inclinent devant Lupo qui salue comme sur la scène après la pièce. Speranza s’abstient.et bougonne
S-/ Ben quoi, il a une bonne idée par an, on ne va pas s'incliner pour ça.
L-/ C'est le théâtre de ma gloire, je me ferais sans doute faire une statue à cet endroit
P-/ On demandera à Ducatore.
Une voix s'élève de l'escalier qui mène à la salle principale du Bœuf en bas.
Pietra-/ y'a la sœur de Lupo qui est là, elle peut monter ou vous descendez ?
P-/ Fais venir.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Épisode 38 – Paroles de Lucrezia, vin de Rosso et écrits de Majan


Lucrezia monte les escaliers, nous rejoint et salue l'assemblée.
Lu-/ Je ne vous dérange pas ?
P-/ Du tout !
Elle sort une bouteille du panier qu'elle porte au bras avec quelques fromages et olives. Quelques allusions sur les olives et les endroits où il ne faut pas laisser traîner ni introduire des noyaux. L'explication sur les agissements de Soraya dissipent les allusions.
Lu-/ Je suis venu suite à ta demande pour coordonner et préparer la chose de demain soir.
J'aimerai qu'Andréo ne soit pas mis au courant de notre arrangement, discrétion pour discrétion.
P-/ C'est un centenier.
Lu-/ Est-ce un personnage particulier ? De quel genre ?
E-/ c'est un salopard, un dangereux, un brin sadique, vantard, arrogant
Elle ne semble pas troublée par la description.
Lu-/ Il y a séduction, des agapes donc un lieu où je puisse le recevoir ?
P-/ Au théâtre ?
Lu-/ Très bien, je l'emmène au théâtre mais le poison sera ? Sur moi ? Dans une bouteille ?
P-/ A votre guise
Lu-/ Il n'a pas de goût ?
P-/ Plutôt amer mais ça se marie bien avec la bière.
Lu-/ Normalement, il sera en train de boire avec des amis à lui donc je ne sais pas où en sera son goût.
P-/ Une fois administré, ça agit au bout d'une dizaine de minutes.
Lu-/ Ça pourrait être quelque chose à lui glisser.
P-/ Il est à prévoir une réaction agressive entre les premiers effets et le moment où ça agit.
Lu-/ Si je sens le danger, vous serez à portée de voix ?
P-/ Oui.
Lu-/ Si je prononce un mot en particulier, comme le mot “ennui”, vous pourrez agir?
P-/ Oui.
Lu-/ Je ne veux pas paraître trop curieuse mais va t'il lui arriver quelque chose de fâcheux au théâtre ?
P-/ Pas vraiment au théâtre mais pas quelque chose d'illégal.
Lu-/ Et ses compagnons ne vont pas m'en vouloir ?
P-/ Ils ne devraient pas faire le lien
Lu-/ Je vais donc pouvoir aller au théâtre sous ma vraie identité.
P-/ Il serait mieux d'en utiliser une autre une fois isolé avec lui au moment de vous faire ouvrir la porte.
Lu-/ Comment je l'identifie ?
P-/ On pourra vous le montrer.
E-/ Je peux vous le montrer, vous le décrire et il aura son uniforme. Il aime qu'on le voit briller en société.
E-/ Il est le chef du palais curial en ce moment.
Lu-/ Le matamore qui trône sur les marches ?
P-/ Oui, sans doute.
Lu-/ Et vous serez là pour m'accompagner ? A quelle heure voulez-vous que ?
L-/ Je pourrai être avec elle.
P-/ Ce n'est pas logique si elle est déjà accompagnée
Lu-/ Si on simule une dispute et que je me réfugie auprès du pigeon.
P-/ Vous saurez vous disputer
E-/ Entre frère et sœur ils doivent avoir l'habitude.
L-/ Oh oui, on jouera sur les souvenirs et sinon on révèle des secrets.
E-/ L'occasion d'écrire une deuxième pièce ?
L-/ Non, mais moi aussi j'ai des trucs que je pourrai révéler.
Lu-/ On se retrouve demain mais dans quel coin ?
E-/ Vers le gai pinson donc on se retrouve sur le côté est du temple d'Aquilo. Tout est sur la piazza Smaradina.

Après quelques amabilités, elle prend congé avec une dose de poudre que Pido lui laisse pour qu'elle apprenne à s'en servir. Vu son intérêt pour le produit à tester, Pido lui laisse une seconde dose.



On envisage de liquider Chiodi le soir mais ne conduire le faux duel qu'au matin mais le risque que Lupo soit reconnu limite les possibilités. Si Lupo porte une capuche ? Peu crédible car vu le caractère de Chiodi, il aurait tendance à se montrer et non à cacher son visage.
Les alguazils vont pas vouloir laisser faire un duel sur Smaradina mais oseront-ils s'interposer ?
Où que soit le duel, il faut des badauds qui fassent témoin. Qu'est ce qui pourrait les faire venir ? Si on en parle avant pour attirer, ça peut échouer donc faut que les gens soient déjà là. De bon matin, y'a les lavandières mais elles ne trainent pas dans ce quartier donc il va falloir déplacer le lieu du faux duel.


Si on fait ça sur le port, on peut encore le faire tomber à l'eau. Lupo tombe et on récupère le cadavre de Chiodi. Faut trouver de la place ou y'ai pas de bateau.

Sur Smaradina, y'a du monde jusqu'à une certaine heure.
Si on fait ça le lendemain matin, Lupo peut faire un beau plongeon et ça enlève les traces. Alors que si on fait ça en ville, les patrices et leurs gardes peuvent avoir envie d'intervenir et ils sont sur les dents en ce moment. Le port, ça va dépendre des talents de nageur de Lupo.
L'organisation évolue vers une élimination au théâtre et un duel au matin sur les quais.
Entre les deux lieux, une chaise à porteurs ? Une simple charrette à bras fera l’affaire.

P-/ Si personne ne prête attention, les gens ne sauront pas comment a commencé le duel mais les gens n'y prêteront garde avant que ça ait dérapé.
P-/ Sur un point de vue duelliste il va devenir quelqu'un en vue et certains voudront se mesurer à lui.
E-/ Ça reste l'homme du podestat donc faut vouloir s'en prendre à Ducatore alors que Chiodi n'est l'homme de personne.
P-/ Lupo, tu vas aller sur place t'inspirer du bonhomme pour pouvoir le jouer.
P-/ Speranza sera dans la barque pour récupérer Lupo et larguer le cadavre.
S-/ Sinon, je peux faire une solution de secours au cas où Lucrezia soit empêchée.
S-/ T'as quelque chose pour que je le fasse dormir ?
P-/ Juste un produit mais c'est volatil et faut que je prépare une heure avant.
S-/ Tu ne peux pas en trouver d'ici demain ?
P-/ Mon premier réflexe serait d'aller voir les Morelli ou quelques vendeurs de plantes.
P-/ Tu sais te servir d'une arbalète ?
S-/ J'ai des stylets, très efficaces.
P-/ Oui mais au corps à corps, t'as un duelliste en face.
S-/ Je n'interviens que si ça dérape.
S-/ Et si y'a un gêneur qui veut draguer Lucrezia
Lupo rigole
E-/ je pense que la sœur de Lupo sait quoi faire avec les gêneurs.
P-/ Puis Chiodi voudra montrer sa possession et garder son territoire.
S-/ Une fois que Lupo a fait sa scène, il va faire quoi ?
P-/ Il va au théâtre où Ettore sera déjà là pour s'assurer que la porte est ouverte pour que le piège soit faisable et que personne ne se pointe dans le coin.
L-/ Moi, je ne serai pas loin, je l'ai promis à ma sœur.
P-/ On est tous dans le théâtre jusqu'à ce que Lucrezia parte, puis Chiodi décède. On le transfère dans le chariot pour aller préparer la scène de duel au port. Spada, faut qu'il soit au lieu de rendez-vous et que le top départ soit bien coordonné. Qu'il soit seul sur le port déjà mais seul, le banc de nage aux aurores, ça fera des témoins avec les dockers qui attaquent la journée. Le duel commence et Pido avec Ettore s'assurent que les témoins restent à distance puis Lupo meurt dans un grand plouf.


Pido mets en place ses réseaux
Lupo va étudier le centenier sur la place pour savoir comment il se vêt, se déplace, quelle perruque choisir et comment placer ses postiches.
Ettore va traîner à la recherche des Carpone qu'il cherche
Pidocchi va rester au cas où le contact avec l'autorisation ou non des chuchoteurs se pointe mais il faut aussi qu'il contacte le rouquin des quais qu'il va aller voir sur site en début d'après-midi.
Pido va chercher et réussir à croiser l'Anguille sur les quais avec quelques pièces pour affiner leur relation et se faire visiter les lieux, où placer une barque, où laisser un colis.
Grace aux connaissances du gamin, il a vite fait de définir les lieux utiles, les cachettes, les angles de surveillance et d'estimer où sera le public adéquat pour la grande scène.


Ettore va à l'hirondelle, point usuel où trouver des Carpone pour leur mettre la pression afin qu'on lui livre Azzo et Iacomo mais sur place il ne trouve que Sorriso. Pas le genre à être au courant et Ettore décide de continuer à lui montrer qu'il est toujours fâché suite aux derniers évènements. Quelques coups de pied dans la chaise pour ponctuer les questions mais y'a rien à tirer de celui-là. Il se fait donc indiquer la maison ou il pourra trouver Argante.
Le temps de faire le trajet, il se retrouve dans une maison où quelques Carpone disposent de plusieurs appartements mais pas de l'intégralité du bâtiment.
Il toque à la porte et c'est une femme qui lui ouvre.
E-/ Argante est là ?
f-/ C'est de la part de ?
E-/ Laissez, je vais directement lui dire.
f-/ Argante, y'a quelqu'un...
Le quelqu'un n'a pas attendu qu'on l'annonce pour se retrouver devant Argante qui est assis avec Julio et une jeune femme. Les deux hommes n'ont pas le temps de réagir mais Ettore n'a pas sorti de lame donc ils envisagent de pouvoir survivre à la rencontre.
Le compari est volontairement resté debout et toise les deux hommes, ignorant la jeune femme.

E-/ J'attends toujours. Vous allez me les trouver Azzo et Iacomo ?
A-/ On est embêté, Azzo aurait quitté la ville.
E-/ A pied à cheval ou en bateau ?
A-/ A pied. Mais on n'a pas retrouvé sa trace.
E-/ Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que vous mes les rameniez ? Faut que je commence à violer des femmes de la famille Carpone ? A quel moment y'a un de ces crétins qui a pu se dire, Gabriella, c'est la compagne d'Ettore, on peut la violer, ça risque rien. Quel est l'abruti qui a lancé l'idée à part Brunella ?
Les deux hommes ne bronchent pas à ces propos, gardant la tête basse alors que que la jeune femme le regarde dans les yeux.
A-/ A priori Azzo.
E-/ Et ben chopez le moi, j'ai une compensation à obtenir. Et Iacomo ?
Une crispation de Julio mais c'est Argante qui répond.
A-/ Il avait été battu par les autres pour vérifier qu'on ne vous avait pas prévenu, il a rien dit.
A-/ Quand on a fait le coup contre les Di Santi, il était là et il n'a rien dit.
Des pleurs d’enfant provenant de la pièce voisine se font entendre. La femme se lève et revient avec un bambin de quelques mois dans les bras. Elle se rassoit, Ettore daigne alors la saluer.
E-/ Madame
Levant la tête de la contemplation de l’enfant qu’elle berce, elle s’adresse à lui sans animosité.
R-/ Bonjour monsieur, je suis Rosina Carpone, la veuve de Vascularino.
E-/ Condoléance, je suis celui qui l'a tué. Il avait eu la mauvaise idée de vouloir me tendre un piège pour me tuer à la demande de Scheggia, on les a devancé.
Elle le regarde en face et répond d’une voix toujours aussi égale
R-/ Vous venez chercher d'autres personnes à tuer ?
E-/ Non, je viens exercer une vengeance. Je présente la douloureuse pour des torts qui ont été faits.
R-/ Et ça va continuer comme ça longtemps ? Dois-je apprendre à mon fils à vous haïr pour qu'il tue l'assassin de son père dans quelques années ?
E-/ Je vous en reconnais le droit. Je suis moi-même là pour ça.
R-/ Combien de morts encore à venir ? Je ne suis pas moi même une Carpone de naissance et je n’ai sans doute pas la légitimité à parler ici mais ne faudrait-il pas que la violence arrête de répondre à la violence ?
E-/ Vous n'êtes peut être qu'une Carpone depuis récemment mais dans le milieu où vivait votre mari, on sait que ça peut nous arriver n'importe quand. S'il avait voulu une vie calme et sans risque il aurait dû faire drapier. Moi, je suis juste le bourreau, pas le juge.
R-/ Mais pour Iacomo ?
E-/ C'est pas moi qui décide, il faisait partie des quatres qui ont violé Gabriella.
Encore une crispation de Julio et le regard de Rosina qui s'oriente vers ce dernier rappellent à Ettore que les deux hommes semblent proches alors il aborde la question.
E-/ Julio, c'est quoi ton lien avec Iacomo. Vous êtes proches.
J-/ C'est mon fils.
Julio, c'est la lame d'Argante, pas une première lame mais un mec fidèle avec qui Ettore s'entendait bien quand il a fallu qu'une petite équipe se sépare des Di Santi.
E-/ C'est pas moi qui décide mais je peux voir à poser la question. Au moins qu'il puisse donner sa version mais je ne suis pas sûr qu'elle pardonnera.
R-/ Si vous pouvez au moins essayer.
E-/ Pas sur que les excuses suffisent mais on pourra poser le cas à part. Par contre, Azzo, y'a pas de négociation. Chopez le moi et vite.
Argante a opiné du chef pendant tout l'échange comme s'il se plaçait du côté des exigences d'Ettore. Pas fiable pour autant car sans Julio, Argante ne tiendrait pas trois jours dans les manœuvres qui ont lieu au sein des Carpone pour redistribuer les cartes.
E-/ Messieurs, Madame, à bientôt.
Il repart faire un tour en ville pour vérifier l'ambiance, les rumeurs ou les tensions avant de rejoindre plus tard le Bœuf Rouge quand il aura contrôlé l'ensemble de leur territoire.


Pidocchi revient et il découvre plusieurs bouteilles sur le comptoir d'un fournisseur qui fait découvrir ses produits à Angelo et quand Pidocchi passe, il le prend à témoin pour lui faire goûter et voyant sur l'étiquette le nom de claruccio, Pidocchi l'invite à boire dans un coin mais une fois à table dans un coin tranquille il reconnaît Dagarella sous le déguisement.
Ça cause pinard et vinasse avec quelques murmures en jars entre deux phrases.
D-/ Paraît que vous cherchez à m'encarter ?
P-/ Je crois que le message est clair.
P-/ J'aurai besoin d'un sauf conduit en quelque sorte.
D-/ C'est pas un mot plaisant à mes oreilles.
P-/ On pourrait être mêlé à un décès impromptu et je ne veux pas qu'on considère que j'ai floué qui de droit.
D-/ Voilà qui est sage.
Le clille, il a réservé quoi ?
P-/ un duel. Un duel très arrangé
D-/ Tel que ça serait pipé?
P-/ Arrangé de façon à ce que je sache qui et comment va gagner.
D-/ Et ça consiste ? En version claire.
P-/ Que deux personnes s'affrontent de façon claire entre une personne connue de Ciudalia et l'autre est un sbire qui va avoir une fin malencontreuse. Faudrait pas que le sbire sorte victorieux. Ça doit se faire rapidement mais sur les points de détails, je ne pense pas que vous ayez besoin de plus tant que ça reste d'ordre financier.
D-/ Duel arrangé, ça ressemble plutôt à un maquillage. Le problème c'est que vous êtes en dehors de ça. Faudrait qu'on ait le nom du client
P-/ Le client, tout en haut, ça commence par po et ça finit par estat.
D-/ Et il vous affranchit à combien ?
P-/ C'est une bonne question, ça va dépendre de la commission prévue.
P-/ C'est acté mais pas encore chiffré.
D-/ Et t'as des problèmes à chiffrer mon Pido
P-/ Je peux sortir des gros chiffres mais c'est pas là l'obstacle.
D-/ Ça dépend de la taille de l'élu maintenant que je connais la demande.
P-/ Un centenier, Chiodi.
D-/ Ah, quand même, je comprends le duel arrangé.
D-/ ça peut chercher dans les sept cent, huit cent florins.
P-/ Ce que je pensais aussi, mais global ou la participation ?
D-/ Tarif global.
P-/ Et sur lequel la donation serait de ?
D-/ vingt pour cent.
P-/ ça me paraît tout à fait bien.
D-/ Donc j'enveloppe les 20% et je prends la responsabilité, si vous faites ça en douceur.
P-/ On s'y efforce.
D-/ Je vous endosse pour la demoiselle.
P-/ Et bien évidemment je réglerai la chose sans faute.
D-/ Je ne vois pas pourquoi y'aurait un problème.
P-/ Y'en a pas et concernant notre autre affaire, si vous avez encore des questions ?
Pas besoin.
P-/ Je voulais m'assurer qu'il n'y avait plus de différent entre nous.
D-/ Il n'y en a pas.
Ils reprennent une discussion sur le vin, son origine et Dagarella connaît son rôle de vendeur de vin.
P-/ T'aurais un vin qui se marie avec quelque chose d'amer ?
D-/ Oui, des vins des cinq vallées mais j'ai pas ça dans les échantillons.
P-/ Les cinq vallées, tout ce qui vient de là-bas est cher.
D-/ La qualité ça se paye. On y va pas pour le prix mais on revient pour la qualité.
D-/ Après, qu'on s'endorme pas non plus, vos blazes vont être donné à qui de droit.
P-/ Tant que qui de droit n'en fait pas mauvais usage.
D-/ Non, mais y'aura des suites.
P-/ En parlant de qui de droit, des nouvelles de Gesufal?
D-/ On vous a vu donner la main chez Diamantina mais vous n'êtes pas des proches, à part votre barbier Zani qui est un de ses potos.
D-/ il n'est plus ici, ne vous inquiétez pas. Le sénat a envoyé des signalements à Bromaël et à Bourg-preux.
P-/ Je suppose que là-bas, il fait en sorte de ne pas se faire remarquer.
D-/ Sans doute, il lui appartient de rester discret
P-/ Très bien. Vous souhaitez dîner ici ?
D-/ Non, j'ai à faire.
D-/ Et quand a lieu le couronnement de l'élu ?
P-/ Probablement dans la nuit de demain ou au petit matin.
D-/ Le lieu est déjà connu ?
P-/ Sur le port.
D-/ il y aura des observations histoire que tout soit bien fait. Vous avez besoin de témoins ?
P-/ Histoire de certifier qu'il y a bien eu duel jusqu'à sa conclusion, oui.
D-/ Nous verrons pour cela. Affaire conclue.
D-/ Très bon cru ce montefelone. Vous reviendrez me voir. Quand on a goûté à ce nectar, ce parfum capiteux, ce flot rouge et continu on y revient.
Il le raccompagne.


Lupo arrive à l'hirondelle où on le regarde fraîchement dont Sorriso qui évite son regard mais Lupo salue à l'alentour et sur un signe d'Amanda peut se diriger vers la chambre de Majan à l'huis de laquelle il frappe avant qu'elle l'autorise à entrer. Il la découvre en robe sans son habit de route ni son capuchon de gyrovague.

L-/ Bonjour Majan.
M-/ Bonjour Lupo.
L-/ Comment ça va ?
M-/ De mieux en mieux, je me remets de mes blessures.
M-/ Asseyez-vous donc sur le lit, je n'ai qu'une chaise.
Elle nettoie sa plume et dépose des copeaux sur sa feuille pour sécher l'encre encore fraîche.
L-/ Vous avez reçu des nouvelles ?
M-/ Non, j'en écris. Je fais mon rapport à mon ordre. Vos noms seront connus, pour la postérité et il y aura des versions expurgées à destination du temple et des autorités de Ciudalia mais je verrai avec vous pour que ces versions ne vous compromettent pas.
L-/ Ça vous change de porter ce genre de tenue, vous avez renoncé à l'habit ?
M-/ Ah ? oui, c'est une robe que m'a prêté Amanda, j'en ai profité pour que mon maigre trousseau soit ravaudé d'ici quelques jours quand je partirai.
L-/ Vous avez une date en vue?
M-/ Avant que l'hiver s'installe pour ne pas avoir de mer trop forte. Mes blessures ne seront pas complètement remises mais je devrais finir avant
L-/ Je peux aider, j'ai une écriture plutôt jolie et si vous me dictez.
M-/ Nous pouvons déjà voir quelles parties du texte vous souhaiteriez expurger.
Il parcourt les quelques feuillets qu'elle lui tend.
L-/ Voulez-vous que je fasse monter des boissons ?
M-/ J'aime boire de l'eau.
L-/ Alors trinquons à l'eau.
M-/ Vous pouvez trinquer avec ce que vous voulez, je sais que les plaisirs alcoolisés vous sont plus habituels.
L-/ Que ça soit à l'eau ou au reste, le plaisir vient surtout de la compagnie avec qui on la partage.
Il expurge certaines parties du document concernant la filiation entre Speranza et les victimes. Il lui laisse le beau rôle et elle se moque de sa modestie
L-/ Le plus modeste de Ciudalia.
M-/ Évidemment, ça saute à l'esprit dès qu'on vous voit.
Il découvre les passages où elle était à Dessicada et quels frères lui ont mis des bâtons dans les roues pour avoir accès au corps ou aux habits des enfants. D'ailleurs, l'un d'entre eux, fra Domenico qui l'a aidé contre l'avis ou les indications de leurs supérieurs se détache du lot.
M-/ Vous êtes sur d'autres sujets désormais?
L-/ Les affaires ne s'arrêtent jamais.
M-/ Plus triviales peut être?
L-/ J'aimerai bien mais je suis sur une affaire qui va me permettre de donner la mesure de mon talent une fois de plus. Je vais mourir demain soir.
M-/ Sur scène j'imagine.
L-/ Exactement.
M-/ D'ailleurs, ne devions-nous pas aller au théâtre ?
L-/ Il a servi à régler des comptes donc il a fermé mais je connais bien l'acteur principal mais il doit être libre et ne pas être contre une représentation privée.
M-/ Toutes les portes vous sont ouvertes, vous êtes un individu étrange, peu commun.
L-/ J'étais un mondain pendant quelques années, ça crée des relations.
L-/ Avant vous, j'avais peu fréquenté le culte du desséché.
M-/ Avant vous, j'avais peu fréquenté le cercle des jouisseurs.
L-/ Je note que vous vous tenez sagement éloignée de tout cela.
Dit-il en indiquant le verre d'eau.
M-/ Sans adhérer à toute la tradition mystique ni être initiée à tous les mystères, je garde une certaine rigueur que vous appelleriez, tristesse morale, si j'essaie de traduire.
L-/ Comme vous l'aviez deviné, je suis un repenti.
M-/ Quand je vois les regards qui se portent sur vous et ceux que portent certaines jeunes femmes.
L-/ Y'a pas de mal dans le regard, sinon vous n'auriez pas accepté mon aide.
M-/ J'étais surprise et interrogatrice sur les motifs de votre aide.
L-/ Surprise de votre audace ?
M-/ Non du regard que vous portez sur moi car les membres du desséché ne sont pas regardé ainsi
L-/ Ainsi ?
M-/ Et Speranza, comment va-t-elle ? J'imagine que les souffrances de ces enfants ...
L-/ Elle en parle peu mais ça la touche beaucoup.
M-/ Je sais qu'elle ne me porte pas dans son cœur mais glissez lui quelques paroles douces et placez un peu de commisération dans les taquineries que vous lui envoyez.
L-/ Je transmettrai vos paroles.
M-/ Mais, je vous retiens, vous avez sans doute beaucoup à faire. N'hésitez pas à repasser d'ici quelques jours et vous pourrez corriger mes fautes dans votre langue que je maîtrise assez peu.
L-/ Je reviendrai après mon tour d'entre les morts.
M-/ Ne disparaissez pas trop longtemps et ne blaguez pas tant sur ce sujet.
L-/ N'y voyez pas un manque de respect mais une façon de cacher sa propre peur.
M-/ Je ne vous juge pas mais vous voyez bien, via ce compte rendu et les confidences que j’ai pu vous faire, qu'il se passe des choses anormales à Ciudalia. Les exactions de cette impie monstrueuse, que fut la miresse Belissante ne sont pas un acte isolé. Des sorciers tournent autour des puissants. Je vous ai déjà parlé de ce qui s'est passé dans l'hôtel du Podestat avec, si ce n'est la complicité, au moins le silence des autorités religieuses, sur des choses qui ne devraient pas avoir lieu d’être.
Cette ville influence y compris les ordres religieux les plus stricts.
il y a de nombreuses années de cela, des abominations et des infamies ont été faites au nom du desséché et les archontes, autorités suprêmes du culte, ont créé des armées de morts vivants qui ont dévasté des royaumes.
Le syncrétisme a changé tout cela.
Ce n'est plus la souffrance et la mort qui sont mis en exergue aujourd’hui mais des aspects doloristes perdurent. Je ne crois pas personnellement que la mort soit un accomplissement ou une finalité. Hors, ces anciennes pratiques spirituelles regagnent incontestablement du terrain à Ciudalia.
L-/ Je vous remercie de m'avoir transmis cette information qui pourra s'avérer utile, enfin je ne l'espère pas.
M-/ Tant que vous restez dans l'abondance et le charnel, vous ne craignez rien.
Dit-elle pince sans rire.
L-/ Je m'en suis éloigné.
M-/ Ma présence vous a troublé?
L-/ Peut-être.
M-/ Je vous pervertis trop.
L-/ Peut-être nous nous pervertissons l'un l'autre ?
M-/ Je dois reprendre la plume et je vous chasse donc.
L-/ Alors je retourne à ma vie de débauche dans ce cas.
Il se lève pour sortir.
M-/ Le dieu vous accorde miséricorde Lupo Tramonte.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 39 – une nuit en ville chacun à sa façon.


Pidocchi reprend le chemin du palais Ducatore avec des vêtements neutres, discrets mais toujours portant masque dans cette période où les politiques comptent leurs alliées et leurs ennemis. Il passe via della Ducati devant la maison de Coccio avant de se rendre dans le quartier de Torrescella. Beaucoup de phalangistes discutent entre eux et parfois avec des nobles mais de façon amicale. Il est rattrapé par un souriceau, Sfacciato, qui lui annonce un lynchage dans la ville basse. D’après ses explications confuses, un crieur public serait mort il y a quelques instants et les alguazils sont sous tension au point de même disperser la foule par des coups. Il y aurait eu un groupe qui montait les autres personnes et la foule s'est énervée après le crieur qui passait par là et des insultes, on est passé au molestage et jusqu'à battre à mort et pendre le cadavre.

Pidocchi se fait conduire sur place avec consigne d'aller chercher les autres Compari dès que possible. Ça sent l'émeute et les caillasses volent entre deux charges d'alguazils. C'est Emilio Monbello qui aurait été le leader et qui a monté la foule contre les sorciers et qu'on arrête de s'en prendre à leurs enfants. Pido cherche à reconnaître des agitateurs parmi la foule. Les coups partent sans discrimination et toute personne sage prend ses distances. Les caillasses volent puis les lanceurs courent vite dès que les alguazils font mine d'avancer ou un pas vers eux.
Pido étant habillé pour aller dans les quartiers chics et venu masqué, il est même soupçonné par la foule d'être venu chercher à enlever des enfants mais la présence de la gamine à ses côtés qui se fait protéger par Pido change l'opinion des deux qui l'avaient pris pour cible. Il chercher alors un nouveau point d'observation plus en retrait, où il serait moins visible.
Les affrontements sporadiques se fatiguent puis s'évanouissent devant le nombre croissant d'alguazils. Le corps lynché est enlevé de sa potence pour être emmené ailleurs.
Complices des puissants contre les pauvres, les alguazils gagnent leur salaire de garde de la ville.


Speranza est restée au temple de la déesse douce auprès des deux gamins martyrisés qui restent inconscients et sédatés une bonne partie de la journée.


Sfacciato revient au Bœuf chercher Ettore pour porter assistance à Pidocchi sur le port.
s-/ Ça se tabasse sur les quais ! un gueulard public s'est fait massacrer.

Ettore finit sa bière avant de suivre le gamin en direction de la ville basse en longeant une rue parallèle au port. Au détour d'une rue, il fait face à trois dockers qui voyant qu'il n'est pas du coin le prennent pour un agent des riches. Son premier réflexe est de sourire et de sortir ses armes, une façon de discuter selon Ettore qui déjà dissuade un des trois autres de participer. Infériorité numérique, d'accord donc vite remettre les compteurs au même niveau, dès le premier mouvement de gourdin, un simple moulinet qui pensait sûrement impressionner un nobliau, l'escrimeur entre dans la garde en collant sa dague au gourdin puis d'un trajectoire directe envoie le pommeau éclater le front du docker. Le sang, ça calme toujours et quand c'est le front, le champ de vision supporte très mal le sang qui coule dans les yeux. C'est pas mortel mais dissuasif. Le second qui envisageait de participer au combat décide d'aller voir s'il reste du vin à la taverne et quand le troisième tente de faire venir la foule en lui faisant croire qu'ils tiennent un richard, il se met à courir sans regarder derrière lui dès que Ettore accélère dans sa direction. Pour ceux-là, c'est fait.

Un peu plus loin sur les quais, d'autres gars de quais font face à une ligne de phalangistes. C'est déjà moins drôle que des alguazils mais, en plus, il s'agit des Burlamuerte, l'ancien régiment d'Ettore. Il va se placer sur les trois quarts arrières des dockers tranquillement puis soudain à coup de chaise et d'autres objets qui passent il surprend les arrières des dockers et désorganise la ligne de défense de ceux qui se pensent pris par derrière par une autre troupe. Il y a bien quelques morts par les phalangistes qui visiblement on décidé de régler cela avec des vrais armes, mais ça réduit drastiquement la durée du combat et des échauffourées dans le quartier. Frapper fort pour frapper moins et tant pis pour les malchanceux.
Ettore salue les Burlamuerte avec un mot de ralliement de son régiment et se concentre sur son motif de venue. trouver Pidocchi et non se battre avec tout ce qui passe. Il remonte des escaliers pour rejoindre le quartier de la ville basse. Arrivé près de l'endroit où était caché Pidocchi, ce dernier finit par se signaler de sa cachette d'un geste.

P-/ On va voir si y'a des commanditaires.
E-/ Moi j'ai surtout vu du docker mais c'est normal dès qu'il y a de la bagarre.
P-/ À priori ça a commencé par Emilio Monbello mais on peut difficilement lui en vouloir. Faut voir si y'a quelqu'un qui l'a incité.

La bagarre est descendue du quartier des artisans jusqu'au port et la tension reste palpable dans la ville basse. La nuit sera parcourue de soubresauts populaires. Y'a une dizaine d'alguazils qui sont déjà devant la maison et quelques uns sont rentrés chez les Monbello. Ça va être compliqué de l'exfiltrer. Après de longs moments, Emilio sort accompagné par un sergent, le savetier crie à l’attention des oreilles alentours
EM-/ arrêtez de taper sur les alguazils qui sont aussi des gars de la rue. Faut pas qu'on se trompe, c'est les sorciers...
une bourrade de la part du sergent interrompt sa phrase
EM-/ faut qu'on arrête et que la rue reste calme.
Sergent-/ Emilio va rester chez lui ce soir mais comme il a dit faut que ça calme tout ça parce que sinon ça finira mal.
Se-/ Emilio, rentre chez toi et reste chez toi.
EM-/ Mais la lutte ne s'arrêtera pas, mes deux enfants sont morts mais d'autres suivront. Ils recommenceront.
Le chef alguazil le repousse à l'intérieur, ferme la porte et se retourne pour crier.
Se-/ Fermez vos gueules, le couvre-feu est déclaré dans la ville basse.
Seuls quelques-uns restent de faction et les autres se répartissent en patrouilles qui vont sécuriser la ville basse.


Au Bœuf, Speranza rencontre le Lupo qui travaille pour le podestat. Cette fois sans Spada Matado et il en a profité pour descendre quelques verres et causer avec Pietra.
Elle répond au salut et se dirige vers les étages.

Lupo finit par rentrer et croise l'autre Lupo, l’homme du podestat, qui en est à son second cruchon de vin et le salue de la main.
L2-/ Comment va mon autre moi ?
L-/ Ça va et toi.
L2-/ Ça va.
L-/ Je vois que tu reprends mes autres activités.
L2-/ J'suis viendu pour causer de notre affaire mais visiblement les autres sont pas là.
L-/ Pas encore, on est en train de peaufiner. Faut que vois avec toi pour répéter et mettre un peu en scène.
Lupo le guide vers la terrasse en passant sous le nez de Speranza qui grignote et partage avec les chiens. Il se sert en passant et par réflexe elle râle après le sale gosse qui vient de lui piquer une part de bouffe qu'elle s'était montée.
L-/ J'avais pas spécialement faim, c'était pour la faire râler.
L-/ Ça sera près du port et au moment fatidique, Chiodi va tomber à l'eau.
Ils prévoient quelques passes d'armes qu'ils devront enchaîner et que le spadassin note pour transmettre la chorégraphie à Don Matado.
L-/ Faudra que je te fasse une estafilade
L2-/ à moi ? non!
L-/ ça me ferait suer de tuer un autre Lupo
L-/ Il ne peut en rester qu'un.
L2-/ Connaissant Don Matado, je crois pas que ça lui fasse envie de se faire moucher.
L-/ C'est pour ajouter un peu de crédit
L-/ Passe le message au patron.
Le vin apaise le souffle après la transpiration. Le bretteur prend ce temps de pause pour cogiter une réponse.
L2-/ Confidence pour confidence, ça sert à rien qu'il soit blessé car tout le monde sait que Spada contre Chiodi c'est du cent contre un. Tout le monde saura mais faut sauver les apparences histoire que personne n'ouvre sa mouille.
L-/ Le client est roi, c'est vous qui payez.
L2-/ De ce que j'ai compris, Chiodi est mouillé dans la mort de Don Coccio donc le duel est une façon de faire passer le message à ceux qui ont fait tuer Don Coccio que faut pas s'en prendre à un homme du podestat.
La seconde cruche est finie sur ces explications mais pour éviter de rentrer dans le frais nocturne, l’homme du podestat prend congé pour repartir vers les palais. Il veut éviter que les rumeurs qui viennent de la basse-ville remontent jusqu'à son trajet.
L2-/ Demain peut-être selon comment ça va se danser, j'accompagnerai Matado histoire d'assurer.

S-/ Elle se remet la rabougrie ?
L-/ Elle se remet pas mal, elle prépare se rapports pour son ordre et elle va bientôt partir.
S-/ Ah enfin
L-/ Elle m'a fait lire son rapport pour que je puisse expurger et qu'il n'y ait rien sur les Compari là-dedans.
S-/ Très bien, elle est moins bête que je croyais
L-/ Tu la croyais bête ?
S-/ Je sais pas.
L-/ Tu t'en fous en fait. Pour quelqu'un qui attendait qu'elle s'en aille, maitrise ta joie
S-/ Elle s'en va, c'est bien, c'est tout.
L-/ Si elle n'avait pas été là, c'est un de nous qui se serait fait dessouder et il aurait pris plus cher
S-/ Elle va te manquer?
L-/ Honnêtement oui.
S-/ Pourquoi?
L-/ Je sais pas, j'aime bien.
S-/ Mais pourquoi ?
L-/ On a réussi à mettre en place une collaboration qui marchait pas mal.
S-/ Elle fouinait dans nos affaires, ça la regarde pas.
L-/ On en a déjà parlé, j'ai pas changé d'idée même si ça t'embarrasse.
S-/ Ça m'embarrasse pas, elle se mêle de nos affaires.
L-/ C'est aussi ses affaires donc.
S-/ Elle s'en va c'est très bien.
L-/ Demain, c'est toi qui me récupère. Je me souviens dans les grandes lignes comment nager mais récupère-moi rapidement.
L-/ Ça te plait de voir que je dépende de toi.
S-/ Tu sais très bien que tu peux compter sur moi même quand tu dis plein de méchancetés et de bêtise
L-/ Qu'est ce que t'as fait ces derniers temps?
S-/ Qu'est ce ça peut te foutre?
L-/ On m'avait vendu qu'on était une famille.
S-/ Je suis allé voir les petits.
L-/ Comment ils vont ?
Elle ferme les yeux, chasse l’image des deux petits mutilés sur leur lit d'hôpital.
S-/ Ils sont vivants. Ça leur ramènera pas leurs yeux.
L-/ Ça te travaille pas?
S-/ D'être arrivé trop tard, qu'on en a pas fait assez ? Ça m'empêche pas de dormir mais..
L-/ L'autre con qu'a demandé comment ça c'était passé et pourquoi l'autre était blessée.
S-/ J'ai failli lui rentrer dans le lard.
L-/ ça va aller pour le boulot de demain?
S-/ Y'a un boulot à faire, on le fait
L-/ Oui mais..
S-/ C'est pas parce que je suis triste et que ça me prend à la gorge que je vais pas ...je vais pas te laisser te noyer pour autant.
L-/ C'est pas rapport à ma peau. C'est juste si tu sens pas le plan, le moment.
S-/ Laisser ta sœur avec le gros connard, ça je le sens pas.
L-/ Je serai pas loin.
S-/ Moi non plus. S'il est pas assez courtois, couic, après un séjour parmi les poiscailles on fera plus le distinguo entre une blessure de dague et un coup d'épée.


Ettore et Pidocchi se dirigent vers la maison des Monbello qui est gardée par des alguazils.
Al-/ Vous êtes qui? vous allez où ?
P-/ Rendre visite à un ami.
Al-/ Et vous faites quoi là ?
E-/ En mission.
Al-/ Par qui ?
E-/ Par plus haut que toi.
Le sergent va pour répondre vertement quand quelques pièces tombées par terre tintent sur le sol.
P-/ Je viens de trouver cet argent, il n'est à personne.
Ce n'est pas de la corruption, juste une information.
Al-/ Lui montez pas le bourrichon à Emilio.
P-/ Au contraire.
Al-/ Entrez donc votre hauteur.
Pidocchi frappe à la porte
Leda Monbello-/ Qui c'est ?
P-/ C'est Pido
LM-/ Je connais pas de Pido, vous êtes un ami d'Emilio ?
P-/ Oui, je viens juste pour parler.
Elle ouvre la porte. Il montre ses mains vide et la femme le laisse rentrer.
Emilio se lève en le voyant et un regard interrogatif pour cet inconnu qui est rentré en disant être son ami.
P-/ Un endroit propice pour discuter ?
EM-/ J'en ai pas d'autres. On se connait ?
P-/ Indirectement oui, Speranza.
Cette évocation arrache un cri et de la surprise à la femme et des regards surpris des deux enfants dans la pièce.
LM-/ Vous…vous connaissez Speranza ?
P-/ J'ai besoin de causer avec Emilio mais discrètement.
Le prénom de Speranza a ouvert l'accès à une pièce à l’étage où Emilio le guide jusqu'à la mansarde. Ils s’assoient sur des paillasses. Le père pose un cruchon et deux gobelets en terre cuite par terre et il le regarde, pendu à ses lèvres.
Pido explique que ce sorcier, ou plutôt cette sorcière a provoqué beaucoup de troubles et pas que dans la ville basse et il se trouve que certaines personnes ont décidé d'agir en avance de l'enquête officielle.
P-/ On a pas attendu pour localiser la sorcière et s'en occuper.
EM-/ C'est pas un sorcier?
P-/ Non, une sorcière.
EM-/ C'est pas le sorcier de Ducatore ?
P-/ Il est même pas en ville.
EM-/ Il a eu peur et il a quitté la ville, ce moricaud.
P-/ J'ai personnellement pris en charge la recherche de Potito et Zoppa.
Complétement perdu par cette histoire de sorcière, ces deux noms qui ne lui disent rien et du pourquoi du comment de l’évocation du nom de Speranza, Emilio s’exclame
EM-/ Mais vous êtes qui Pido ?
Pido empêche la réponse en se masquant les lèvres d'un doigt.
P-/ T'as entendu parler des chuchoteurs?
EM-/ Vous êtes un chuchoteur ?
P-/ Personne ne le dirait directement
Complètement éberlué par les propos de Pidocchi il bredouille
EM-/ Mais comment vous, qu'est ce qui s'est passé, quoi ?
P-/ Comme je vous l'ai dit, les disparitions ont agacé des personnes en ville et des actions plus rapides qu'un vulgaire procès ont été déclenchées à la base. Le problème est … tranché.
Emilio semble incrédule et cherche des réponses en se grattant la tête
EM-/ Et pourquoi vous m'avez parlé de Speranza ?
P-/ Parce que c'est elle qui m'a appris votre existence y'a longtemps.
EM-/ Comment ça ?
P-/ Quoi comment ça ?
EM-/ Comment vous connaissez Speranza et moi je vous connais pas ?
P-/ On s'est croisé y'a quelques années déjà mais j'ai pas le droit de tout vous dire.
EM-/ Faut que je comprenne.
Emilio s'est resservi un godet et quand Pido accepte le verre qu'on lui tend, des souvenirs du vinaigre des mauvais jours reviennent à ses papilles. Emilio cherche à percer du regard s'il a des souvenirs de Pido et les florins qui sortent de la bourse pour être posés sur le lit lui font ouvrir la bouche de sidération.
P-/ Vous aurez besoin de soutien pour faire vivre la famille.
EM-/ Merci Don Pido.
P-/ Ça vient de plus haut, vous inquiétez pas.
P-/ Je remercierai en votre nom mais assurez-vous qu'il y aura pas d'autres émeutes.
EM-/ Ça sera pas facile, j'ai pas tout compris, faudra expliquer aux autres.
P-/ Comprenez juste que vous êtes pas tout seul et que des gens dans l'ombre vous protègent.
Pido repart sans un mot avec juste un geste de la main sous les regards des gamins et de la femme.
LM-/ Alors ?
Emilio laisse éclater sa frustration en se laissant aller à la colère
EM-/ Ta gueule, toi, ta gueule. Laisse Don Pido sortir de notre maison.
P-/ Je vous en prie, ça sera juste Pido.
Les alguazils sont nerveux mais Ettore les rassure et il se fout dans l'ombre en attendant que Pido sorte et que les deux Compari puissent quitter la zone de couvre-feu.
P-/ Direction le palais.


Speranza et Lupo trouvent le temps long et s'ennuient presque de ne pas avoir de nouvelles alors que la nuit est tombée.
L-/ Bon, t'as prévu quelque chose ?
S-/ Non.
L-/ Sinon on sort, je plume des gens au jeu et toi tu fais les poches.
Direction Piazza Smaradina pour voir les lieux et l'animation de lieux à la veille de l'embuscade. Ils se mettent en tenue de soirée pour jouer et Speranza en jeune garçon va faire quelques poches parmi les curieux qui regardent la partie que Lupo anime. Ils évitent quand même le gai pinson pour ne pas se faire repérer.


Pido et Ettore se dirigent vers le palais et frappent à la porte de derrière mais en pleine nuit, il n’y a qu’un seul garde qui se montre méfiant.
G-/ Attendez, je suis tout seul. Je vais en appeler un autre.
Le garde les fait patienter avant qu'on vienne les chercher.
G-/ C'est pour quoi ?
P-/ Pour Spada.
G-/ Spada est pas visible.
P-/ Comment ça pas visible ? Alors Lupo est là ?
Lupo finit par arriver dans les jardins près de la porte.
L2-/ Salut.
P-/ Concernant notre affaire. Le plan est en route comme prévu
L2-/ Je quitte Lupo, on a répété mais si tu veux voir Spada, il est pas là ce soir.
P-/ Mais il sera là demain?
L2-/ Oui bien sûr.
P-/ Nous avons quelques frais dont il faut discuter.
L2-/ Faudra voir ça avec Spada.
P-/ Justement, tu me dis qu'il n'est pas là.
L2-/ Il va rentrer dans la nuit et il sera là demain.
P-/ J'ai besoin de poser la facture.
L2-/ Tu m'affranchis ou c'est secret ?
P-/ C'est cher.
L2-/ Tu laisses un papier ?
P-/ T'es quelqu'un de discret.
L2-/ Si t'as besoin que ça soit discret, tu me dis pas. Tu l'écris sur un papelard que je donnerai
Le papier indiquant frais, trois cent avant six cent après est aussitôt griffonné et transmis.
L2-/ Au niveau des heures on avait vu ça avec Lupo.
P-/ Il avait bu ? Faut que ça soit au lever du jour entre chien et loup.
L2-/ On se retrouve une heure avant l'aube ? À quel endroit ?
P-/ On descend ensemble.
L2-/ Il ne viendra pas seul non plus.
P-/ Pas de soucis, tu seras de la bande ?
L2-/ Je fais partie des témoins. Y'aura les compagnons de la cible ?
P-/ Non, pas à moins qu'on les invite.
L2-/ Y'aura des témoins sur le port ?
P-/ Y'aura les gens du port et ceux que vous aurez invité mais ça ne devrait pas avoir d'impact sur le reste.
L2-/ La bonne soirée
P-/ bonne nuit, à demain.

Quelques mètres plus loin Pido hésite à revenir parler de la ville basse mais il se ravise,
P-/ Je leur dirai demain pour la ville basse.
Ettore explique à Pidocchi le cas particulier de Iacomo et de la pression que les autres lui auraient mis pour violer Gabriella Morelli.
P-/ On peut envisager de faire un raid dehors pour trouver Azzo mais faut savoir ou tomber.
E-/ Pour les faire bouger et chopper Azzo, je les ai menacé de commencer à violer des femmes Carpone.
P-/ T'as pas violé Clara Di Santi, toi ? Ça se fait pas de menacer de violer.
E-/ Vaut mieux faire croire qu'on est capable de le faire que d'avoir à le faire.

Pido explique qu'il s’est fait passer pour un chuchoteur auprès des Monbello et que le cas avait été tranché par décision de plus haut. Avec une petite aide financière pour aider dans ces jours difficiles.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 40 – Un matin aux auberges


Descendus Via Mala, Lupo et Speranza profitent d'une soirée au calme et des quelques pièces qui ont échoué dans leurs poches. Il y a moins de monde que d'habitude et les patrouilles d'alguazils sont en maraude. Ça cause du rififi dans la ville basse et des lendemains sous pression dans la ville. Speranza dans son costume de garçon passe sans souci pour un client parmi les gens de la gargote. Un homme de type bourgeois désœuvré leur fait signe d'approcher.
Sa-/ Ça vous dirait une partie de Scopa ?
L-/ Ça te dit ?
Elle regarde le type battre les cartes et c'est un pro, l’équivalent local de Lupo dans la famille Mala Vida. Spécialiste du plumage de pigeon.
S-/ On joue juste pour rire, pas d'argent.
L-/ Juste pour rire, on pourrait intéresser la partie.
S-/ mais on change de jeu si on joue sur terrain neutre, pourquoi pas.
Je peux voir le tiens d'abord
L-/ Je connaissais pas ces jeux avec les petites marques.
Sa-/ C'est pour jouer avec les pigeons, pas avec les Compari.
L-/ j'ai eu peur que tu nous prennent pour de pigeons
Sa-/ ça risque pas
ils s'assoient autour d'une table pour taper le carton et descendre les cruchons. Ça joue détente et Savino Mala Vida s'avère un compagnon de soirée agréable tant qu'il n'y a pas trop d'enjeux en florins.
L-/ Comment ça se passe pour vous ?
Sa-/ Les phalangiste on ramené des affaires
L-/ ça se calme un peu
Sa-/ l'ambiance entre les nobles dégénère un petit peu
Sa-/ ça dégénère aussi de votre côté, non ?
L-/ Ça a dégénéré mais là, ça se calme
Sa-/ c'est bien.
Sa-/ On dit que vous auriez eu du rififi avec les Carpone à l'Hirondelle
L-/ Avec certain mais pas avec d'autres
Sa-/ Avec certains ?
L-/ Il y a du y avoir des divergences avec certains qui voulaient remettre en cause des accords ...mais c'est réglé
Sa-/ Tout va pour le mieux j'imagine
L-/ oui, d'ailleurs on fait une petite sortie, on profite un peu. Ça fait du bien de profiter de Ciudalia, c'est une belle ville
Sa-/ c'est sympa de vous voir par ici, de se mélanger un petit peu
L-/ sinon tu vois toujours les mêmes personnes.
Sa-/ On dit que beaucoup de sang a été répandu
L-/ dans le coin ?
Sa-/ Dans le coin, pas trop
Sa-/ y'a eu des embrouilles avec les Morelli ?
L-/ Non, nous pas trop
Sa-/ Les Carpone et les Morelli entre eux oui.
L-/ Ah ben quand tu cours deux lièvres et que tu veux baiser les Morelli et les Compari, tu finis par avoir des problèmes. Faut pas avoir trop de fers au feu.
Hier soir, dans la ville basse, ça continue de grogner sur ce qui s'est passé, ça a du mal à retomber. Les gens en veulent aux nobles, aux sorciers, des disparitions de gamins, ça plaît à personne. Particulièrement dans la ville basse où ils se sentent concernés.
Sa-/ Y'a le père d'un des gamins et d'autres qui se montent le bourrichon.
L-/ Et dans ta famille ?
Sa-/ Ça va, le petit dernier pousse bien. Le frère cause mariage avec la fille d’Esposito Chiapo.
L-/ La fille du boulanger ?
Sa-/ Scopa !!
Sa-/ Chez les Malavida, ça bouge un peu pour des questions de territoire à cause des Cominelo qui seraient impliqués dans des trucs.
Sa-/ On sait pas trop pour qui ils grenouillent et quels intérêts ils servent
Sa-/ Et vous, toujours célibataires ?
L-/ Soit par choix soit par manque de temps ou d'avenir.
Sa-/ A un moment c'est bien d'avoir des bambini
L-/ T'aurais dû en parler à mon père, il est pas convaincu, c'est des soucis les enfants
Sa-/ C'est des soucis et du bonheur. Faut bien quelqu'un pour reprendre le pavé.
L-/ C'est bien de pas avoir d'attache mais c'est bien aussi de pas avoir quelqu'un qui t'engueule quand tu rentres tard le soir
S-/ vous êtes de grands romantiques
Sa-/ Speranza, c'est le romantisme qui te fait ouvrir la bouche
S-/ Ah non, non je suis pas une romantique.
L-/ Elle aussi c'est par choix
Sa-/ C’est souvent des choix qui disent des choses sur la personne
L-/ Je sais pas ce que tu veux dire par là mais je vais pas t'aider à t'en sortir.
S-/ Vous faites ce que vous voulez..
L-/ Quand je fais ce que je veux, les gens râlent.
Sa-/ Nous monopolisons la parole Lupo et moi mais as-tu un sujet de discussion qui te tiendrait à cœur Speranza ?
S-/ Pas vraiment, je suis plus à écouter qu'à parler
Sa-/ Avec nous deux t'es servie mais le son de ta voix nous manque.
L-/ Scopa, tu l'avais pas vue celle-là.
Savino hoche la tête d’air appréciateur.
Sa-/ Je me suis demandé si elle te faisait des signes.
L-/ Non, pas besoin, sa spécialité c'est pas de faire des signes
Sa-/ elle soulage.
L-/ Du coup ça marche bien
L-/ celui qui brille et celle qui est dans l'ombre
Speranza décide de quitter les lieux et Lupo se voit contraint d'abréger les au revoir pour la rejoindre.
L-/ Mais attends....tu sais que t'es brillante à ta manière
Une pomme vole en direction de Lupo.
S-/ T'es con.
L-/ Qu'est ce que j'ai fait ?
S-/ C'est pour ça que je me barre toute seule et que je travaille toute seule. Les mecs, ça a besoin de parler.
L-/ Allez viens, me laisse pas tout seul comme un con.
Nulle réponse donc Lupo va devoir rentrer seul et faire attention à sa sécurité pour sortir de via Mala. C'est un coup à finir dans le port un jour trop tôt.
Le voilà obligé de tambouriner à la porte et de s'excuser auprès de Pietra car Speranza, elle, est passée par son chemin habituel des toits. Pietra pas vraiment ravie d'être interrompue dans son sommeil le bat froid y compris quand il propose de la raccompagner jusqu'à sa chambre. C'est sympa de temps en temps un homme bourré mais quand ça te réveille à chaque fois, que ça s'excuse pour recommencer quelques jours après, ça engendre une certaine lassitude pour ne pas dire autre chose.


Jour 11 - L’exécution


Au petit matin, Ettore balade pirate mais la promenade est écourtée car il se concentre rapidement sur le graissage des fourreaux, la révision de ses feintes familiales. Le travail en souplesse pour rester fluide et réactif comme s'il allait lui-même faire ce duel.
Un peu de craintes sans doute et les habitudes à l'approche du combat pour évacuer la tension. Faire revenir les mouvements déliés qui seront des réflexes entre la vie et … l'autre.
Il profite ensuite de la fraîcheur matinale et des premiers habitants du matin pour vérifier que tout est calme et que la sécurité des habitants est bien assurée en contrepartie du pizzo.
E-/ Parait que ça c'est bagarré sur le port
Les Vieux du banc-/ Pas que sur le port, ça se bagarre partout maintenant. Y'a plus d'insécurité qu'avant.
E-/ Pas ici
lVdB-/ Non pas ici mais on se sent quand même pas en sécurité. De mon temps ça se passait pas comme ça.
Le froid arrive sur la ville. Les ouvrières vont vers les ateliers et parmi elle, Petronilla qu'il reconnaît accompagnée de deux autres femmes du même atelier.
Ettore quitte les petits vieux pour rattraper Petronilla.
Elle et ses amies tentent de s'éloigner mais Ettore lui fait signe d'approcher. Les femmes hésitent, restent solidaires, même si l'approche de cette brute du quartier leur inspire de la crainte. Elles restent à distance alors que Petronilla s’approche le visage fermé.
E-/ C'est juste pour dire que grâce à toi, les enfants sont plus tranquilles. Les informations que tu nous a donné sur les vêtements nous ont aidé à trouver qui était derrière ça. On les a trouvés et on s'en est occupé.

Elle opine du chef en gardant les yeux baissés et en restant silencieuse.
Il la laisse là alors que les deux autres ouvrières questionnent Petronilla sur ce qu'ils ont échangé. Ettore continue sa veille sur le quartier puis avisant les souriceaux fouillant les poubelles, il va remplir deux assiettes une pour lui et une pour eux sauf qu'à la fin, la deuxième assiette finie partagée par Pena et Silencio. Causer avec une sourde et un muet dans le petit matin frais, ça pourrait être sympa mais ça a vite ses limites quand on comprend rien à ce qu'ils racontent ou demandent par signes. N'est pas Pidocchi ou Speranza qui veut. Une fois les souriceaux repartis, l'air frais l'incite à retourner à l’intérieur.
Aniello est justement en train de déjeuner, ou plutôt de dîner si on considère qu'il vient de patrouiller toute la nuit et qu'il semble avoir la tête de quelqu'un pressé d'aller se coucher.
A-/ On a été dans la ville basse mais l'humidité est montée dans les rues et le brouillard s’est levé. C'est resté calme malgré tout.
E-/ Je tenais à t'informer que grâce aux indications de ta mère, on a chopé ceux qui faisaient ça aux enfants. Il ne devrait plus y avoir d'enlèvements avec des yeux crevés. Les classiques toujours mais ceux-là, c'est calmé pour un bout de temps.
A-/ Et c'était qui ?
E-/ On peut pas le dire. Ça gêne les gens importants.
A-/ Vous pouvez pas dire qui c'était mais est ce que c'était des gens du quartier noble ou des Ressiniens ?
E-/ Non, c'était pas des Ressiniens.
A-/ Des quartiers nobles ?
E-/ Oui et non, des gens qui venaient d'ailleurs et qui cherchaient à se faire embaucher par des nobles du coin. Ils avaient dû se faire virer d'ailleurs et cherchaient une place au soleil ici
A-/ ah oui ?
A-/ Pourquoi pas le dire, dans la ville basse.
E-/ Parce que quand je te le dis, tu me poses des questions. Sauf que si je te dis que je peux pas te le dire, tu m'écoutes et tu t'arrêtes alors que si je vais le dire à cinquante personnes dans la ville basse, ils vont continuer à poser des questions auxquelles je peux pas répondre. Ils ne s'arrêteront pas parce qu'il leur faut un coupable à attraper même si on l'a déjà éliminé.
E-/ Vous patrouillez où ce soir ?
A-/ Des chances que ça soit dans la ville basse avec des chances que ça parte en quenouille. A-/ Ça dégarnie ici et d'autres endroits.
E-/ Y'a des phalangistes mais ça devrait plus durer.
Aniello fait la moue à cette affirmation qu’il ne partage visiblement pas et passe subitement à un autre sujet.
A-/ Je ne vois pas trop Speranza ces derniers temps ?
E-/ À cette heure-ci ?
A-/ Non, le soir. Je sais qu'elle n'est pas matinale.
E-/ On a été très occupé sur l'affaire dont je t'ai parlé donc elle a été souvent de sortie.
Plus tard, Speranza encore à moitié endormie descend manger après avoir laissé la quote part prévue sur le bureau de Pidocchi.
E-/ Des gens s'inquiètent pour toi
S-/ Qu'est ce ça peut leur foutre ?
Pour le réveil, elle est pas du matin. Pour la discussion, elle est pas du matin. Pour être souriante et avenante, elle est pas du matin, ça attendra.
Les quattro compari étant tous réunis dans la salle du Boeuf Rouge, Pidocchi aborde le fait qu'il a parlé à Emilio Monbello parce que c'est lui qui a déclenché l'émeute et que ce dernier a été mis au courant que le problème des gamins et des gens qui leur faisaient du mal a été traité et qu'il fallait que la ville-basse se calme.
Deux personnes entrent dans la salle du Bœuf Rouge. Ils enlèvent leur masque, ce sont Spada Matado, le capitaine du podestat et Lupo qui l'accompagne encore cette fois. Il va vers le bar et laisse Spada se mettre à la table des Compari.
SM-/ On peut se causer ici ?
P-/ On peut ici ou derrière si vous voulez être plus discret
SM-/ Lupo m'a montré deux trois trucs mais je voudrai être sûr
P-/ On a essayé d'être le plus carré possible, pas de places pour les imprévus
SM-/ ça se serait pour moi donc je préfère pas trop en avoir
P-/ au pire du pire on annule
SM-/ vaudrait mieux qu'il n'y en ait pas car son excellence y tient et si Chiodi quitte la ville, ça sera plus compliqué pour la suite
P-/ Nous avons bien préparé et votre part commence demain matin.
SM-/ Vous allez pouvoir le retenir demain matin, question timing ?
SM-/ Vous allez pouvoir le garder sous la manche toute la nuit ?
P-/ Pensez qu'après un séjour dans l'eau on pourra dire depuis combien de temps il est mort ?
SM-/ Non mais s’il y a une urgence, y’a risque que vous me trouviez pas au palais. Faut que je sois pas trop loin.
P-/ Demain matin pour vous mais qu'on ne nous voit pas ensemble.
P-/ J'avais laissé une information financière au palais.
SM-/ Oui, j'ai ça
Spada sort une bourse contenant une trentaine de florins et une enveloppe contenant des lettres de change pour une somme coquette.
Les lettres sont émises au nom de Gerontino Garota.


Lupo et Spada mettent au point les passes et le timing du duel pour qu'il soit rapide et permettent d'être crédible sans laisser trop de temps à des curieux de venir voir de trop près.

SM-/ Les compagnons de Chiodi seront-ils présents ? Car ça peut sembler suspect s'il y en a de mon côté et que lui vient seul dans ce quartier.
P-/ ils ne devraient pas être là et cela ne devrait pas poser de problème.
Matado regarde Pidocchi et devant l’assurance dont il fait preuve, il acquiesce
SM-/ A demain, donc
P-/ A demain
Spada Matado est venu sans doute pour la dernière fois et il veut faire une sortie discrète vu que l'échéance approche.
Pidocchi s'assure que Prefereti est propre et habillé pour se fondre dans le décor afin d'aller se balader comme un messager qui roderait autour du palais curial et suivre les allées et venues du chef des garde et de s'assurer que c'est bien Chiodi qui est présent jusqu'au moment voulu. Il part ensuite avec le gamin qui va lui servir de sentinelle, de messager et de fouine dans le palais.
En début d'après midi, ils font une fois encore le tour des divers détails qui pourraient faire capoter le plan. S'assurer que la barque est là, vérifier les dosages pour la sœur de Lupo. Alors qu'ils sont à l'étage, Pietra appelle d'en bas.

Pi-/ Y'a une fille pour Ettore.
Lupo se moque et liste à voix haute les diverses visiteuses qui pourraient mettre Ettore d'en l'embarras. Il ne cite pas pour autant Demestilla, l'instinct de survie peut être.
Sans piper mot, Ettore prend le chemin de la grande salle et descend doucement l'escalier. Zora l'attend à une table.

Z-/ Tu peux t'asseoir hein.
Il était en effet resté debout comme si c'était lui qui devait venir au rapport et s'expliquer devant le centenier alors il s’assoit et les questions arrivent.
Z-/ C'en est ou notre sujet avec les Carpone. Tu les as chopé ?
E-/ Pour le premier, Azzo, y'a un problème, il a quitté la ville à pied. J'ai été les secouer à l'hirondelle et même directement chez Argante pour qu'ils me le livrent mais c'est pas encore fait pour le moment.
Z-/ Et pour le deuxième ? Celui-là est encore en ville, ils devraient pouvoir te le livrer.
E-/ Pour le deuxième, y'a un problème.
Z-/ Le premier a quitté la ville et tu me dis que pour le deuxième y'a un problème ?
E-/ Oui. Celui-là, ils n'ont pas envie de le livrer parce que c'est quelqu'un d'important.
Z-/ C'est qu'un gamin, il peut pas être important chez les Carpone.
E-/ Ben justement si parce que c'est le gamin de Julio et que Julio, c'est la lame d'Argante. Donc, si Argante envisageait de donner Iacomo, il perd Julio qu'est à peu près son seul mec de confiance dans la famille Carpone et il dit aussitôt adieu à son poste de chef de la famille.
E-/ Quand on a éliminé les Di Santi, Julio et Iacomo, ils étaient de notre côté pour se battre. Ils étaient avec nous. Si je touche à son fils, Julio va pas laisser faire. Argante passerait pas la journée avant qu'un autre Carpone vienne l'éliminer pour prendre la place.
Z-/ C'est pas un problème, tu tues tous les Carpone.
E-/ C'est aussi ce que m'a proposé la veuve de Vascularino, avec son fils dans les bras. Tuer je peux mais si c'est pour massacrer, j'avais les phalanges pour faire ça.
Z-/ Monsieur à des remords ?
E-/ Non mais y'a un autre problème.
Z-/ Quoi ?
E-/ A priori, Iacomo aurait été battu par d'autres Carpone pour nous balancer et c'est les autres qui l'auraient poussé à descendre et violer Gabriella pour prouver qu'il est encore avec eux, qu'il est un Carpone.
Z-/ Qu'est ce que ça peut faire ? Il y était. Tu crois pas qu'ils te racontent encore des craques comme l'autre jour ? Qu'ils se foutent de ta gueule ?
E-/ Ça peut faire qu'ils demandent à pouvoir défendre sa cause mais faudrait déjà savoir si ça a des chances d'être vrai.
Z-/ Qui va te le dire ? Lui ? Sa version pour sauver sa peau contre elle qui a donné les noms.
E-/ J'ai bien envie d'aller poser quelques questions d'abord. Lupo ? LUPO !! Tu veux bien nous accompagner jusqu'à l'hirondelle ?
Lupo descend dans la grande salle et accepte bien volontiers de les suivre.

Ils prennent tous les trois la direction de l'Hirondelle en plein territoire Carpone. Les regards sont méfiants voire inamicaux. Des crachats au passage claquent comme un mélange de mépris, de peur et d'aversion mais ils ont autre chose à faire que d'apprendre la politesse à coups de mornifles. On est pas là pour se faire aimer.

A cette heure en milieu de matinée, l'hirondelle est presque vide. Alors, Ettore fait signe à la tenancière, Amanda, qu'il voudrait lui parler. Il se dirige vers le coin de salle surélevé histoire de n'avoir que les escaliers à défendre si un groupe de Carpone venaient à se pointer dans le coin.
E-/ Assieds toi.
Elle s’exécute.
E-/ J'ai des questions à propos de ce qui est arrivé l'autre jour. J'ai une partie des réponses donc je verrai si vous racontez n'importe quoi mais y'a des choses que je veux vérifier.
Amanda hoche là tête pour valider qu'elle a compris la demande et les risques.
E-/ Dans les gens qui ont voulu monter cette embuscade pour me tuer y'a Porzia, Vascularino et Brunella, exact ? D'autres ?
A-/ Y'a aussi Clara di Santi
E-/ Pas d'autres ?
A-/ Les autres, ils suivaient les ordres.
E-/ Y'a certains dont je connais les rôles dans l'histoire mais je voudrais votre confirmation. E-/ Sorriso ?
A-/ Il était de garde et faisait des aller-retours dehors pour faire le guet avec Furetto.
E-/ Argante.
A-/ Lui, il était surveillé par les autres Carpone. Lui, Julio et Natale, ils étaient mis de côté avec pas le droit de sortir. Les autres n'avaient pas confiance en eux.
E-/ Brunella ?
A-/ Elle était excitée, elle faisait des va et vient sans cesse entre dehors, la cave et ici.
E-/ C'est celle avec qui Gabriella a eu des ennuis l'autre matin. A cause d'elle qu'elle s'est retrouvée dans cette histoire.
Zora fait signe qu’elle comprend et laisse Ettore continuer.
E-/ La prisonnière, qui l'a amenée ici ?
A-/ Azzo, Brunella et Valerio.
E-/ Dans quel état ?
A-/ Elle se laissait pas faire mais ils étaient plusieurs pour l'attraper et aller l'enfermer à la cave.
E-/ D'accord. Je vais te donner encore d'autres noms et je veux savoir s'ils ont été dans cette cave.
E-/ Marino ?
A-/ Non, il n'y a pas été , il gardait la porte de ce côté.
E-/ Valerio ?
Elle confirme d'un signe de tête.
E-/ Azzo ?
A-/ C'est lui qui l'a amené, il est resté longtemps en bas pour la surveiller.
E-/ Pas que ça. Iacomo ?
A-/ C'est les autres qui l'ont ramené et qui l'ont fait descendre.
E-/ Les autres ? Azzo ?
A-/ Azzo et Brunella.
E-/ Ils l'ont fait descendre ? Ils l'ont menacé ?
A-/ Ils l'avaient frappé mais c'est surtout Brunella qui a voulu qu'il aille en bas pour faire ses... ses preuves, montrer qu'il était un … homme.
E-/ Et ensuite, il était avec Julio ou il était avec les autres quand il est remonté ?
A-/ Il restait assis seul à la table là-bas, près la porte de derrière.
E-/ Brèche-dents ?
A-/ Lui il est descendu juste pour amener à boire et à manger à la prisonnière.
A-/ Dites, je préférerai que ça se sache pas que je vous ai parlé. Rapport aux Carpone.
E-/ Y'a pas de raisons qu'on leur en parle. Je suis juste venu boire un verre de vin avec des amis.
Il paye la consommation qu'ils n'ont pas prise.
E-/ Merci Amanda. Au plaisir de vous revoir.
Elle hésite à répondre et le salue.
E-/ Bon, Lupo. Pas besoin que tu nous raccompagnes, si tu veux rester dans le coin. On sort juste par derrière et si y'a personne qui attend, nous on rentre.

Comme personne ne semble les suivre part peut-être un gamin mais ici qui peut dire tant il y en a qui sont curieux et aussi nombreux que les mouches en été.

Quelques rues plus loin Ettore et Zora font le point en marchant.
E-/ Elle savait pas qu'on allait venir. Ce qu'elle dit confirme ce qu'on savait et pour le cas de Iacomo, ça semble correspondre à ce qu'a dit Argante, il a été forcé par les autres.
Z-/ Je te crois. J'entends bien mais ça change quoi ?
E-/ Ça change qu'ils voudraient défendre sa cause. Qu'ils puissent s'expliquer. Avoir un jugement équitable.
Z-/ Terrain neutre ? Au Bœuf Rouge ?
E-/ J'aurai bien dit l'hirondelle mais c'est chez eux donc le Bœuf reste le plus indiqué avec Pidocchi en arbitre.
Z-/ Faut que j'en parle à Stella
E-/ De mon côté, je vais en causer à Argante et Julio.
Z-/ Et si on veut l'emmener après ?
E-/ C'est à dire ?
Z-/ Si après on veut emmener Iacomo pour le punir.
E-/ Pas sûr que Julio laisse faire.
Z-/ Donc vaut mieux qu'il soit pas là.
E-/ Ils vont pas nous l'envoyer tout seul, son père sera contre.
Z-/ Les conditions sont à voir mais sans Julio.
Z-/ On se revoit quand pour mettre ça au point ?
E-/ Ce soir on est pris. Plutôt demain après-midi.
Z-/ Tu demandes pas de nouvelles de Gabriella ? Elle ne se remet pas.
E-/ Y'a que le temps qui peut y faire.
Z-/ Je lui dirai que tu as demandé de ses nouvelles …
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 41 – In media res, nous voici le soir de l'embuscade.


Lupo et Lucrezia se sont pris une table au Gai Pinson.
Speranza est déguisée en petit vieux qui vient vider nombre de godets qui s'alignent depuis le début de la soirée. Ettore est devant le fronton du théâtre avec en vue deux souriceaux auprès de la carriole. Pidocchi proche du palais curial surveille que Chiodi va bien partir fêter la soirée au Gai Pinson. Le tout avec plusieurs autres souriceaux pour faire la liaison.
En début de soirée, Pido prend en charge la cible accompagné de deux camarades des Burlamuerte. Les habits de soirée sont de sortie. Il suit avec une distance raisonnable, n'ayant pour but que de s'assurer de la destination du trio. Ils descendent la place et s'engouffrent dans la via Ducati en direction de la Piazza Smaradina. Ils parlent fort, toisent les phalangistes des autres régiments et se tapent fort dans le dos. Le jour n'est pas tombé mais les premiers lampions sont déjà allumés aux carrefours principaux. Les bourgeois évitent les phalangistes mais comme Chiodi est connu pour avoir un humour à sens unique, les moqueries se font de même.
Pidocchi, habillé comme un clerc, triste et sombre qu'il était, porte ses armes camouflées sous un long manteau et garde son masque à la ceinture mais il n'aura pas poursuivi son chemin jusqu'à l'intérieur du Gai Pinson. Il se tient en observation de l’estaminet dans une ruelle sombre donnant sur la place.
Chiodi est rentré et se lance très vite dans la commande de vin mais il avise deux personnes à une autre table vers laquelle il entraîne ses deux camarades phalangistes.
Speranza a reconnu l'une des personnes qui étaient à cette table, Dulcino Strigila le demi-frère de feu Bucephale Mastiggia.
Elle se lève en titubant et feint de trébucher près de Lupo pour lui livrer le nom de la personne qu’elle a reconnue.

Lupo se décale de Lucrezia pour observer la nouvelle position de Chiodi. Avec les trois phalangistes, les deux invités arborent rapière et dague aux côtés de façon désinvolte. Chiodi les connaît bien et c'est lui qui a présenté ses camarades aux deux autres.
Luc-/ Ils sont cinq. Tu me dis quand tu souhaites agir, plus tard ou maintenant.
L-/ Laissons les écluser.
Luc-/ Tant qu'ils boivent, c'est bon pour nous.
Le frère et la sœur jouent leur rôle et de temps à autre elle monte le ton mais sur des sujets anodins histoire que la dispute ait l'air de monter progressivement.
Après deux trois cruchons, les deux phalangistes se lèvent et donnent le bonsoir à Chiodi avant de sortir du Gai Pinson.
Chiodi reste avec les deux nobliaux mais c'est plus sérieux, moins de rigolades et les verres restent sur la table au lieu de porter des toasts. Ça s'avance au-dessus de la table pour pouvoir discuter discrètement sans élever le ton dans la salle bruyante.
Lupo remarque que Strigila les observe sa sœur et lui de temps en temps, sans arriver à déterminer si c’est plus l’un ou l’autre. Il est vrai que Lucrezia attire les regards masculins et Lupo ceux des femmes. La dispute progresse lentement mais quand même plus vite que les trois autres ne se détendent. Sauf que les trois spadassins les regardent beaucoup trop. Ils observent le problème mais se moquent-ils de Lupo ou une autre raison se cache derrière ça ?
Lupo attend que les trois se remettent à boire un peu mais les regards se croisent souvent soit avec Lucrezia soit avec Lupo mais avec des sourires envers les autres mais pas entre le frère et la sœur. Lupo augmente la pression et les piques se font crescendo jusqu'à l'apogée d'une claque retentissante donnée par Lucrezia. Lupo s'en va sur une scène de colère laissant une Lucrezia humiliée devant toute la salle.
L-/ T'es vraiment comme ta mère!
Sur un rire méchant, il se drape dans une dignité imaginaire ou plus grande qu'un mouchoir et même si la joue chauffe, il fait le fier et s'en va.
Au bruit de la claque fait suite un silence de cathédrale et les prières ne reprennent que mezzo voce comme les conversations des clients qui font semblant de n'avoir rien vu.

Lupo disparaît dès le premier carrefour en s'assurant ne pas être suivi au cas où un redresseur de torts voudrait venger sa sœur. Il se dirige vers Ettore pour signaler que la phase une est terminée et il va se placer dans le théâtre pour se mettre en position. Bon, c'est fermé et c'est sa sœur qui avait les clefs. Sûr de lui, il se dirige vers l'entrée des artistes pour prétexter devoir attendre une actrice qui l'aurait invité. Un peu plus de temps que prévu avant qu'on le laisse s'introduire et c'est presque à court d’arguments qu'il finit par obtenir l'accès.
Pidocchi contrôle visuellement les accès du Gai Pinson. Après avoir constaté le départ des deux phalangistes, il a vu enfin sortir Lupo beaucoup de temps après mais rien d'autre n'a bougé alors de son point de vue, il surveille les alentours.
Happée par la scène des Tramonte, Speranza voit plusieurs personnes se proposer à la rescousse de la demoiselle en détresse. Un jeune noble ou voulant passer pour tel se propose en premier pour discuter avec elle mais un des trois spadassins aussi s'est levé pour s'approcher. Il toise le jeune noble, se présente comme Rabbia Mezzasole et de quelques mots choisis, l'incite à dégager, appuyant ses mots par une main posée sur la poignée de sa dague. Le jeune noble blêmit à l’annonce de son nom et cède sa place au spadassin. Lucrezia se voit sourire tristement au guerrier qui après quelques mots l'invite à la table des trois lames.

Speranza fait mine d'aller vidanger les quelques cruchons déjà descendus en sortant aussi dignement qu'un ivrogne habitué au roulis de la ville. Dès qu'elle a quitté les regards, elle file rejoindre Pidocchi, bien caché mais qu'elle finit par trouver et elle lui secoue la manche.
S-/ Pido, Pido, Pido
P-/ Oui ? Pas trop fort tu vas l'arracher.
Elle le met au courant que Chiodi a rejoint la table de Dulcino Strigila et de Rabbia Mezzasole, deux lames qui figurent sur la liste des prétendants à être le pédant.

Lupo s'est trouvé un coin tranquille proche des loges pour pouvoir entendre quand sa sœur finira par amener leur cible via l'entrée des artistes.
Ayant fait son rapport à Pido, Speranza trouve de quoi se déguiser en serveuse avant de retourner faire la surveillance de Lucrezia. Faisant un détour, elle note quand même un grand nombre de bretteurs sur la place. C'est en servante qu'elle tente de se cacher dans un coin du Gai Pinson pour suivre les événements autour de Lucrezia. Cette dernière semble largement consolée puisqu'elle rit aux plaisanteries, suit la conversation avec des sourires plus appuyé à Chiodi qu'aux autres.
La clientèle s'amoindrit mais pas encore de nouvelles pour Pidocchi qui surveille les alentours et que personne d'autre n'en fait autant. Dans un port, il faut savoir attendre que le poisson morde donc Pido attend dans sa cachette.
Du côté d'Ettore, le souriceau Sfacciato s'impatiente mais Ettore qui a l'habitude de veiller avant les combats lui apprend la patience.
Speranza malgré l'inaction et la fatigue réussit à rester éveillée grâce à sa bague spéciale en se piquant régulièrement la paume. C'est long, épuisant nerveusement mais elle tient le coup jusqu'à ce que Chiodi sorte accompagné de la sœur de Lupo sous les au revoir et regards envieux et peut-être goguenards des deux autres lames. Ah, enfin, elle peut à nouveau bouger et lancer la filature en restant le plus possible dans les ombres de la Piazza et anticipant sur le trajet qui est censé aboutir au théâtre.
Pidocchi voit que Lucrezia et Chiodi quittent enfin le Gai Pinson et il les laisse filer devant pour ne pas être repéré. Il change de direction régulièrement sans rester sous le couvert des arcades et se dirige vers le brasero des phalangistes à l’angle de la place vers une rue où vient de disparaître les deux tourtereaux, bras dessus, bras dessous. Il tombe nez à nez avec deux autres types sous les arcades, portant armes et buffle. Surpris, ceux-là portent leurs mains à leurs épées.

Spadassin-/ Qui êtes-vous ?
P-/ Juste un passant, bonne nuit messieurs.
Spa-/ Un passant, à cette heure ?
Le compari prend un large mouvement pour contourner leur position via la Piazza
Peu dissuadés, les deux tentent de le prendre en tenaille avant qu'il n'ait rejoint le poste des phalangistes.

Spa-/ Hola monsieur arrêtez vous !
Pido obtempère et indique vouloir rentrer chez lui.
P-/ Messieurs, il est tard et je n'ai pas affaire avec vous. Je vous souhaite la bonne soirée et vous prie de me laisser finir mon trajet.
Spa-/ Qu'avez vous de si urgent si tard ?
Dans l'ombre des arcades, ils observaient la place et l’arrivée de Pidocchi les a surpris et les a contraint à s’intéresser à son cas.
De concert, ils continuent leur manœuvre d'encerclement pour l’empêcher de rejoindre le poste des phalangistes.
Pas de ligne de fuite ni le temps de couvrir la distance jusqu'aux phalangistes ? Le voilà qui tente quand même. On prétend que la peur donne des ailes et le brusque départ de Pidocchi, véritable flèche urbaine, prend de court ses poursuivants qui abandonnent de suite la course.

Son arrivée surprend les phalangistes tout autant.
Ph-/ Y'a un problème m'sieur ?
P-/ J'ai deux gentilshommes derrière moi qui avaient envie de discuter mais moi pas donc je les ai trouvé trop insistants et préféré venir à la chaleur de votre brasero.
Le phalangiste regardent les deux spadassins qui restent dans la pénombre de la place. Voyant que ceux-ci ne sont pas menaçants, il se retourne vers Pidocchi
Ph-/ Vous allez où comme ça ?
P-/ J’essaye de rentrer chez moi.
Ph-/ Et vous allez où ?
P-/ Heureusement que vous êtes là, c'est pas comme les alguazils.
Ph-/ Oui, bien sûr, c'est un peu dangereux. On va vous escorter un peu mais c'est dangereux vu les gens qui sont par là.
P-/ J'aurai bien accepté mais pas sûr que vous puissiez quitter votre poste.
Ph-/ Y'a juste une indemnité de dérangement mais l’un de nous se portera volontaire.
Le bakchich lui fournit une escorte jusqu'à la supposée maison de ce passant.
Speranza file en courant pour quitter les lieux. Mais contourner par une ruelle risquerait d’être trop long et de perdre le couple. Elle décide donc de poursuivre sa course à travers le poste de garde de l’angle de la piazza Smaradina. Cela surprend les éventuels observateurs et la troupe de phalangistes qui poireautaient. Elle ne répond pas aux cris et celui qui escortait Pidocchi se retourne, alerté par les appels de ses collègues. Elle tente de l'éviter mais il la saisit alors elle lui mord la main pour qu'il la lâche mais ça ne suffit pas donc elle le griffe au visage. Pidocchi se porte au secours en enjoignant au garde de ne pas brutaliser une jeune fille mais ce dernier n’en a cure, pestant et jurant après la résistance de la péronnelle.

Comme elle entend les autres phalangistes accourir, elle choisit d'y laisser sa chemise qui reste dans les mains du phalangiste interloqué et reprend sa course. Speranza les lache rapidement dans le noir et les spldats finissent par laisser tomber pour retourner à leur garde. Une fois le dernier semé, elle rejoint le théâtre.

Ettore, caché sous les colonnades du parvis du théâtre, reconnaît Chiodi au bras de Lucrezia qui passe à quelques mètres pour longer le théâtre et rejoindre l’entrée des artistes. Une fois l’angle passé, il envoie le plus discret Sfacciato s'assurer qu'ils continuent leur chemin. Ils rentrent bien dans le théâtre une dizaine de mètres plus bas dans la rue. Lupo les identifie également et les entend rentrer, il se positionne alors dans la loge contiguë de celle où elle est censée amener le centenier.

Ettore voit une ombre arriver en courant le long du théâtre et vérifier que la charrette est toujours là pour venir vers la porte principale. Il comprend alors que c’est Pidocchi, il lui fait signe et lui indique la porte de service par laquelle les autres sont rentrés.
Ils sont rejoints par une Speranza sans chemise et essoufflée dont seules des bandes de tissus couvrent la maigre poitrine. Ettore retire son manteau et lui tend.
S-/ Faut faire gaffe, Chiodi il était avec Mezzasole et l'homme au chien.
E-/ Les deux ? Mezzasole et Strigila ?
S-/ Ouais.
E-/ Tout le clan belliciste qui travaille avec lui.
S-/ Je vais à l'intérieur, j'ai promis de veiller sur Lucrezia.

Speranza crochète la porte qui a été verrouillée derrière les deux entrants pour faire pénétrer les derniers arrivants. Une fois la porte refermée, Ettore et Pidocchi restent proches de celle-ci et la bloquent avec le loquet et des meubles. Ils se remémorent le trajet vers les loges et vers les toilettes que Chiodi devrait théoriquement utiliser selon le plan établi.
Speranza utilise sa lampe sourde pour se guider dans les couloirs en direction des loges.
Dans le noir, Lupo attend, attentif à la conversation dans la loge d'à côté dans l'attente du signe que la phase suivante est enclenchée et que sa sœur n'a pas encore besoin d'aide.

La curiosité de Speranza la rapproche de la porte de la loge. Ça discute, ça rit. La conversation est animée et Lucrezia propose encore au centenier de boire mais celui-ci a d'autres intentions et les dessous de la robe l'attirent bien plus que la bouteille.
Lucrezia n'arrivant pas à le faire boire et devant son empressement, elle change d'option et commence à aider le centenier à enlever ses vêtements. Tous les stratagèmes pour retarder l'empressement échouent tant Chiodi est excité.

Lupo s'impatiente, saisit sa dague pour s’approcher de la porte de la loge. Speranza, voyant Lupo se mettre à bouger, file chercher Ettore qu’elle ne trouve pas auprès de l’escalier descendant aux loges car il est encore à la première porte avec Pidocchi. Devant l’urgence, elle fait demi-tour pour rejoindre Lupo.

Luc-/ Oh, vous avez filé mes bas, quel ennui.
Glousse t-elle

Le mot d’alerte est sorti, alors Lupo ouvre la porte et se jette en premier pour poinçonner Chiodi. Speranza se précipite à sa suite et c'est une chance que le ceinturon d'arme du centenier soit sur une chaise. Speranza l'isole de ses armes tandis que Lupo pointe de la dague. La surprise, la volonté de protéger sa sœur, la peur ou la précipitation, viser la barbe pour la chopper de la main et viser où on peut. Les reins de Vezzino Chiodi étaient à portée, le plus court chemin. frapper encore de peur que ça ne suffise pas, deux, trois, quatre fois, combien de plus ? Chiodi titube en direction de ses affaires mais il fait face à une Speranza qui a déjà mis la main sur les armes.
Incrédule, il s’écroule.

S-/ La dame, elle a dit d'arrêter.
VC-/ C'est con de mourir comme ça.
Il perd conscience.
Lupo lâche son arme.

L-/ Putain, il pouvait pas accepter la boisson ce connard ?
Luc-/ Trop pressé. Encore un qui était trop pressé.
Lucrezia se rajuste et se ravise. D’abord s’occuper du sang qui risque de laisser des traces alors elle se baisse pour aider Speranza qui éponge déjà le sol. Lupo regarde les vêtements qu'il va pouvoir jeter, le sang qui a abondamment aspergé la pièce exiguë et tous les trois.

Lupo prêt à vomir se dirige vers les toilettes. Dans le noir, attiré par le son, Ettore descend les escaliers avec sa bougie. Arrivé devant les toilettes, il voit un dos mais il reconnaît celui de Lupo. C’est pas Chiodi dans les toilettes.
E-/ C'est pas toi qui devait boire.
Lupo se retourne et laisse apparaître une chemise couverte de sang.

Les yeux d'Ettore s'écarquillent et il marche très vite en direction des loges où lui et Pido trouvent un homme torse nu sur le sol et deux femmes qui essuient le sang avec les linges qui leur tombent sous la main.
E-/ La situation est sous contrôle ?
S-/ La situation a dérapé, il n'a pas voulu boire donc il a fallu intervenir plus vite que prévu.
Mais comme il a planté dans le dos, faudra changer la version du combat pour que ça fasse crédible.

Ettore regarde quelles blessures sont potentiellement traversantes et comment modifier la chorégraphie.

Lupo revient, livide. Pidocchi le félicite en lui signalant qu'il fait partie des rares hommes pouvant se vanter d'avoir tué une des fines lames de Ciudalia.

Lupo propose à Lucrezia, qui est passée dans la loge d'à côté, de la raccompagner mais elle préfère rester dormir sur place. Speranza va lui chercher un broc pour qu'elle se lave et la grappa pour qu'elle retrouve ses nerfs. Lupo intercepte la bouteille pour tirer une bonne rasade et tous deux cherchent à reprendre leurs esprits, se passant la bouteille en restant silencieux.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Épisode 42 - C’est con de mourir comme ça (bis repetita placent)


Et maintenant qu'il est mort, on fait quoi ? C'est pas le tout de tuer quelqu'un mais après ?
Faut qu'il ait l'air d'avoir les mêmes fringues lors du duel et dans l'eau sachant que Lupo doit se battre sur le quai avant que Chiodi flotte dans le port avec ces mêmes vêtements.
Comment faire pour doubler la tenue de parade que Chiodi avait sur lui ce soir ?

Luc-/ Mais pourquoi voulez-vous le mettre dans l'eau ?
S-/ Pour aider Lupo à disparaître lors du duel.
Luc-/ C'est parce que vous vouliez le tuer que vous l'avez attiré ici ?
E-/ D'abord l'interroger sur la mort de Coccio et il n'était pas prévu qu'il reparte.
Luc-/ Coccio Blattari ?
S-/ Oui, c'est un ami de Pido.
Luc-/ On risque de m'interroger, je raconte quoi ?
E-/ Faut qu'on fasse croire qu'ils se sont quitté donc il faut des témoins de leur séparation.
Luc-/ Au petit matin, je rentre et on se sépare mais il ne faut pas que l’on se soit vu dans les loges avec Vezzino car l'odeur du sang va faire douter de cette version. On peut faire croire que c'était ailleurs, dans les coulisses par exemple.
E-/ Faudrait qu'on les voit se quitter au matin.
Luc-/ De toute façon, Strigila et l’autre spadassin nous ont beaucoup regardé donc à minima il nous ont reconnu. Je me suis présentée sous ma vraie identité et comme ta sœur. Toi aussi Lupo tu dois te prévoir une excuse, une couverture pour cette nuit.
P-/ Y'a l'enquête officielle que Ducatore pourra faire cesser mais pour ce qui est des amis de Chiodi, il faudra qu'ils arrivent à être convaincus par eux-même.
E-/ Mais y'a le gardien qui t'a vu arriver.
L-/ Comme j'avais le déguisement de Chiodi, il m'aura vu arriver sous cet aspect et au petit matin, il peut me voir repartir après nos ébats. Je peux aussi aller chercher du vin et qu'il fasse des histoires quand je reviens et que je laisse tomber pour partir vers le port.
L-/ Au fait, Lucrezia j'aurais une demande vu que le théâtre est fermé, une représentation privée de ton compagnon.
Luc-/ Pour qui ?
L-/ Une femme.
Luc-/ Une femme ?
L-/ Oui, afin qu'elle connaisse le Lupo de la grande époque
Luc-/ Je vois ça avec Andreo et je reprends contact avec toi
Lupo décide de devenir Chiodi jusqu'au matin en étant vu dans ses habits. Il s’accapare son chapeau et son manteau qui ont été épargnés des projections de sang. Il incarne un centenier satisfait, heureux de cette aventure nocturne en belle compagnie, venant acquérir une bouteille de vin dans un estaminet proche.
Du côté du théâtre, pendant que le faux Chiodi attire l'attention, Speranza sort vérifier les alentours et avise un mendiant qui pourrait témoigner.
E-/ Soit tu le distrait soit j'y vais mais faut qu'il regarde ailleurs quand on sort le macchabée.
S-/ Je fais quoi ? Je lui file une boutanche?

Le clochard croit qu'on veut lui piquer sa bouteille alors qu'il s'agit d'une autre qu’elle lui propose mais il ne comprend pas, bredouillant des propos inintelligibles et alcoolisés, y compris quand elle le menace d'une dague. Ça traîne, mais ça le distrait quand même de tout éventuel témoignage.

Pendant ce temps, Ettore a chargé le corps dans la carriole que Pidocchi a récupéré auprès des souriceaux.
Une fois le défunt Chiodi parti pour son voyage en chariot, le faux Chiodi rentre de sa diversion pour finir la nuit au théâtre pour tout témoin qui trainerait par là.

Une souricette, Ressa, arrive à la recherche d'Ettore et bégaye qu'il y a du rififi chez les filles. Il vérifie que ça ira pour Speranza et Pidocchi et file jouer son rôle de gros bras et service d'ordre auprès des deux prostituées qui travaillent pour les Compari via Tamborini.

Pidocchi rejoint l'Anguille pour aller passer le colis de la charrette à une barque sans regards ni indiscrétions. L'Anguille lui a mis de côté la barque qu'il a emprunté et les attends. D'un signe de tête il fait signe de venir et les guide jusqu'à la barque de pécheur qui dispose d'une bâche pour loger le colis.
Payant le reste du, Pidocchi le remercie et veut attendre qu'il s'éloigne pour charger le corps et que la barque doit flotter un peu plus loin mais le garçon insiste.
An-/ Je reste dans la barque ?
P-/ C'est dangereux, t'es sûr ?
An-/ Vous savez la manœuvrer ? Moi je sais.
P-/ C'est un bon argument.
P-/ Speranza, tu sais manœuvrer une barque ?
S-/ Pas la peine d'avoir un témoin de plus.
An-/ Moi je suis pas une balance.
P-/ C'est mieux pour toi que tu en sache pas trop.
An-/ Moi je suis avec vous don Pidocchi.
P-/ Tu récupères la barque en milieu de matinée ou on te la posera dans un coin que tu nous indiqueras.
An-/ Je serai près de la capitainerie si vous avez besoin de moi.
Sur un signe de tête à Pidocchi mais en ignorant Speranza, il quitte les lieux.

Pido et Speranza chargent le corps avant qu'elle ne s'éloigne en direction du ponton près du quai où doit avoir lieu le duel.

Ettore intervient d'une façon subtile chez les deux prostituées à coups de baffes magistrales et quelques nez cassés.
Après avoir choisi un responsable chez les Testanegra et un autre chez les Burlamuerte, il met en place une alternance tout en menaçant de s'occuper d'eux s'il a besoin de descendre de nouveau vu qu'il crèche juste au-dessus dans le Bœuf Rouge.


Jour 12 - Salade de phalanges

Au petit matin, Ettore se bouge afin de croiser Spada Matado accompagné de plusieurs lames pour mettre au point la nouvelle chorégraphie. Avec les blessures dans le dos, il faut que l'attaque portée soit différente et plus adaptée à ce qu'on trouvera sur le corps si on le repêche.

Lupo permet à Lucrezia d'avoir un alibi quand il la quitte puis il descend vers le port dans son rôle de Chiodi. Il avance sur les quais et quand Spada Matado l'aperçoit, ils s'interpellent puis sans vouloir faire un écart ni d'un côté ni de l'autre. Chacun toisant l'autre et refusant de céder le passage. Les insultes fusent, le ton monte. Ça commence à attirer du spectateur pendant que les artistes s'échauffent.

L-/ Heureusement que t'as ta garde vieillard, sinon tu ferais pas le fier.
SM-/ J'ai pas besoin d'eux pour te botter le cul.
L-/ Aucune chance. T'es fini depuis longtemps.
SM-/ Écartez vous les gars que je me le fasse.

Ils marchent de biais jusqu'à la position convenue pour la chorégraphie.
Les passes d'escrime commencent après la joute verbale mais il va falloir raccourcir avant que le public ne finisse par être trop proche.
Le numéro de duelliste et la chorégraphie prévue se déroulent comme prévu avec des grands coups de fer pour faire du bruit mais au signal prévu, Matado lâche son épée pour saisir le poignet de Lupo et tirant sur son bras droit, décale d'un pas sur sa gauche pour avancer pendant qu'il tire sur le bras pour arriver dans son dos sans risquer un coup de dague. Deux coups de pommeau de la main gauche miment les blessures faites au poignard dans le dos.
Lupo crie de douleur et mime la faiblesse qu'il a vu quelques heures plus tôt dans le regard de Chiodi. Spada le saisit, lance pour la foule et à ce faux Chiodi une dernière pique suggérée par Ettore "C'est con de mourir comme ça", puis d'une poussée dans le dos, il le projette à l'eau.
Au cri du blessé, Speranza a largué le corps et quand après le plongeon Lupo nage entre deux eaux pour la rejoindre, elle l'aide à monter dans la barque à l'aide d'une corde.

L'eau doit être fraîche car il s'est dépêché de monter dans la barque.
Sous le ponton, ils rament doucement pour rejoindre le point ou Pidocchi les attend pendant que les hommes de Matado freinent la réaction de la foule et les maintenant à distance.
Ettore est resté éloigné le temps d'empêcher les curieux de se mêler du duel.

Tout le monde se replie selon des chemins convenus en direction du Boeuf Rouge.
Le stress ou le contrecoup, la fatigue leur tombe dessus.
Le temps que Lupo se change, Speranza dort déjà et Pidocchi voyant la jeune femme dormir baille de concert. Lupo portant Speranza et Ettore aidant Pido à rejoindre le Bœuf Rouge puis l'étage jusqu'à son lit.

Au petit matin, Ettore fait sa routine matinale habituelle à causer avec les vieux, sortir pirate, prendre les dernières nouvelles du quartier. Lupo décide d'aller voir Majan dans la matinée pour montrer qu'il fait une journée normale et la rassurer puisqu'il lui avait indiqué qu'il allait mourir une fois encore.
Speranza dort roulée en boule dans les coussins de son placard.
Pidocchi est au fond des draps pour passer sa nuit en retard et faire redescendre toute la fatigue et le stress de cette mascarade.


Dans le courant de la matinée, les gros nuages sont arrivés sur la côte et voilà qu'il pleut sur Lupo pendant qu'il va rejoindre l'hirondelle. Il demande après Majan puis monte et frappe à la porte de la gyrovague. Elle l'invite à entrer.
L-/ Comment allez-vous Majan ?
L-/ Le dieu n'a pas voulu de moi
M / C'est plutôt une bonne nouvelle
L-/ Un jour de plus.
Elle décale un peu sa chaise pour le garder dans son champ de vue pendant qu'elle écrit alors qu'il s'est assis sur le lit.
L / Où vous en êtes?
M / C'est un peu long et fastidieux mais d'ici quelques jours j'aurai la version finale.
L / J'ai discuté avec l’auteur de la pièce et je suis en train de voir comment organiser ça.
Il a tellement menti que cette fois ça lui semble bizarre de tenter de tenir cette promesse.
Majan lui jette des coups d’œil de temps en temps mais il passe plus de temps à la regarder qu'à parler. Il ne l'interrompt même pas quand elle reprend de l’encre.

M / Il pleut beaucoup à cette heure ci
L / Longtemps qu'il n'a pas plu comme ça
M / L'hiver arrive bientôt.
L / L'hiver vient. (copyright)
M / Il va falloir que vous avanciez cette représentation avant la mauvaise saison. En raison de mes blessures qui prendront du temps à guérir, je dois privilégier de partir par la mer plutôt que par les terres pour ce trajet.
L / Je vais m'efforcer de faire avancer ça à un moment encore propice avant votre départ
Le silence revient. Elle le regarde en reprenant de l’encre
M / J'ai reçu une visite d'une personne qui souhaite que je témoigne devant le conseil des neuf, Je dois y aller cet après-midi.
L / C'est important ?
M / Oui, je pense que cela l'est … je verrai les questions que l'on me posera mais c'est suite aux deux personnes que vous avez remises.
L / Vous savez où ça va se passer ?
M / J’ai rendez-vous au tribunal. C'est une convocation officielle concernant mon enquête sur la mort des deux jeunes enfants Monbello.
L / À huis clos ?
M / Je ne sais pas.
L / Je pose la question car la famille Monbello est assez remontée.
M / On le serait à moins.
M / Il est bien qu'ils aient des réponses pour pouvoir faire leur deuil. Pensez vous que Speranza voudrait que je visite ses parents pour leur apporter du baume au cœur ?
L / Elle vous dira jamais ça mais vu les épreuves qu'ils ont traversé, ils peuvent en avoir besoin.
M / Parlez lui en. Comme je ne serai pas là, elle n’en voudra qu'à vous.
dit-elle malicieusement
L / Attention, pour eux, elle est morte.
M / Bien sûr, je n'évoquerai pas Speranza si je m’y rendais. Elle se trouve dans l'incapacité de voir ses parents pour avoir les mots d'apaisement mais peut être que vous pourriez avoir ces paroles ?
L / J'arriverai comme un cheveu sur la soupe, qui c'est celui-là et qu'est ce qu'il vient nous rapporter. J'en parlerai à Speranza.
M / Au retour, j'irai voir les deux petits, Potito et Zoppa au temple de la déesse douce. Êtes- vous allé les voir ?
L / Non, je regrette, il faudrait d’ailleurs que j'y aille.
M / Je conserve encore les habits comme éventuel élément pour le témoignage de cet après midi mais pourriez-vous demander à Speranza si je dois les détruire, en disposer ou les lui redonner si le tribunal ne souhaite pas les conserver.
M / Quelle attitude dois-je adopter à propos de votre coterie auprès du tribunal des neufs ?
L / Évitez mais sinon parlez de moi.
M / C'est quand même vous qui me les avez livrées, je ne peux rester totalement silencieuse.
M / Je donnerait que les prénoms des Compari mais je dirai que nous étions des alliés de circonstance dans mes investigations sur les deux enfants martyrs et que les circonstances de leur découverte et de leur état nous a amené à nous croiser car nous avions le même but.
L / En gros, oui.
M / On s'en tient à cela.
Avec une boisson chaude qu'il va chercher en bas, ils passent la matinée dans la même pièce pendant qu'elle écrit et qu'il la regarde.


Après avoir pris son temps dans la salle principale du Boeuf pour déjeuner, Ettore monte à l'étage mais il avise d'un désagrément pour l'ancien soldat habitué à l'ordre :
Pourquoi le linge de Lupo est-il toujours à sécher sur le vaisselier alors qu'il est sec depuis plusieurs jours ?
Il pourrait ranger ses affaires. Il prend les affaires de Lupo pour aller les déposer dans la chambre de celui-ci sauf que sous le linge, la porte du vaisselier est défoncée. La porte éclatée laisse apparaître une vaisselle en morceau. Qui donc s'amuse à casser leurs meubles et la vaisselle alors que rien autour ne semble abîmé ?
La vaisselle est broyée, la porte est démontée. D’où vient ce vireton fiché au fond du placard ? Il regarde la position du carreau et détermine que ça vient de sa chambre alors il va vérifier l'état de son arbalète et le stock de carreaux. Ça vient bien de sa réserve. Qui a fait ça et pourquoi ? Un mystère à éclaircir plus tard. Le voilà en train de chercher la raison de cette menace ou qui aurait pu avoir cette idée et audace de prendre son arbalète dans le but de casser leur vaisselle (NB cf jour 7 fin épisode 27) quand un cri venu d'en bas l'interrompt.
Pietra/ Les Compari, y'a un gars pour vous, Claudio qu'est déjà venu l'aut’ jour.
Ettore va rejoindre le mercenaire.
C / Salut Ettore.
E / Qu'est ce qui nous vaut si tôt le matin ?
Il est bien 11 heures du mat’ mais ça ne fait pas sourciller Claudio qui ne doit pas être du matin
C / Je venais causer avec Pidocchi.
E / Dis toujours et je vois si y'a besoin de le réveiller.
C/ Déjà, c’était pour remercier pour la rallonge et aussi pour voir avec lui s'il a du boulot.
E / Je ne sais pas s'il a de grandes manœuvres prévues. Vous partiriez dans combien de temps ?
C / Peut être demain ou après-demain.
C / Ca déssoude à gauche à droite. Le fond de l’air est frais.
Il se penche au-dessus de la table pour parler moins fort, soufflant son haleine avinée à la figure d’Ettore.
C / Pis on nous pose des questions par rapport à ce qui s'est passé chez les Carpone.
C / Y'a la réput qui est en jeu selon ce que vous voulez.
Croyant à une tentative de chantage, Ettore dit que les gars de Claudio en étaient aussi.
Mais ça ne semble pas spécialement troubler Claudio qui n’est pas là pour chier dans les bottes. Il dit d’un ton rassurant
C / Nan mais ce qu'on dit et ce qu'on dit pas sur ce qui s’est passé histoire de ne pas dire des choses que vous voulez pas que les gens savent. Pasqu’on peut pas rien dire hein, obligé.
C / Puis le grand échalas que t’as croisé à l'hirondelle, on l'a pas revu depuis. Ca questionne là d’sus aussi, ça cause, ça jacte.
E / celui-là, tu sais pas !
Ettore va chercher Pido pour qu'il vienne causer avec Claudio des futurs projets ou de ce qui doit transpirer ou non des histoires avec les Carpone.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 43 - Un tribunal tout neuf


Encore un peu endormi, Pido s'habille et descend rejoindre Claudio qui veut se lever à son approche.
C / Salut Pidocchi.
P / Reste assis, je vais te rejoindre.
Voyant la tête de Pido, Pietra amène quelques victuailles.
C / Ettore t'a affranchi ?
C / Sur ce qu'on raconte ou pas. La première réponse est rien mais selon les cas on peut adapter
les Fratelli Verdi devraient quitter la ville, le climat est pas très sain.
P / Parce que c'est dangereux.
C / C’est comme pour nous.
Y'a trop de phalangistes qui nous piquent le boulot. Ils sont recrutés par ces seigneuries donc on veut pas trop jouer dans ce truc là. Plus de coups que d'argent à prendre.
P / Une petite mise au vert pour escorter des marchandises ?
C / Par exemple.
P / Mais si vous partez vous faites ça quand ?
C / Demain ou après demain mais est-ce que vous avez besoin de nous ?
P / Pour le moment non, mais ça prévient rarement à l'avance. Tu passeras me voir au retour prendre un pichet.
C / Les Carpone, ça va ?
P / Ils sont calmes, ils ont peur.
C / Les Claudettes et moi, on a une présence tranquillisante.
C / Je vais pas bouger si on peut rester et joindre l'utile et l’agréable, tant que c'est défrayé.
P / C'est le souci, c'est pas gratuit.
C / Rien n'est gratuit à part la flotte qui te tombe sur la gueule.
P / Tu peux dire qu'il faut pas nous chercher ou que ça peut tomber vite et fort.
C / ça s'est su que quelques Carpone, on les reverra pas …
C / Les gars, ils boivent mais entre ne rien dire et trop en dire, faut un milieu.
P / Dire qu'ils ont attendu au bœuf avant l'assaut des Fratelli qu'a pas eu lieu.
C / Pas que ça. A l'Hirondelle, à l'étage surtout et dans la salle de l'Hirondelle.
P / Tant qu'on montre qu'il faut pas nous en chercher.
C / Sinon, Ettore me disait que le grand échalas, faut pas trop en causer.
P / Ah, celui-là.
C / Ben, nous, on l'a pas vu, on sait qu'il était dans le plan et que depuis il a pas montré une oreille.
P / Il est peut-être parti en Ressine ? Moins on en sait mieux ça vaut.
C / Mais...
P / Éviter de donner des noms et des dates.
C / Y'a quand même un gars qui jacte.
P / Qui jacte ?
C / Que vous l'avez dessoudé quand même le Scheggia.
P / Tu sais qui c'est ce bavard ?
C / Lorenzo il pazzo, Lorenzo le fou, celui qui était avec lui à l'Hirondelle.
P / Il est au chômage ce gars là ?
C / Faut pas trop le chatouiller, il frappe bien. On a grenouillé ensemble autrefois.
P / Il parle trop.
C / Il dit ce qui lui passe dans la tête.
C / Scheggia a intérêt à réapparaître, moins il est là plus on croit Renzo.
P / On gardera un œil dessus, il cherche un emploi ce brave homme ?
C / Il a de la ressource.
P / Il cherche un employeur ?
C / Il digère.
Pidocchi voit Azzura entrer dans le Bœuf Rouge, elle échange quelques mots avec Pietra.
C / Je voulais aussi remercier pour la rallonge.
P / ça fait partie des choses habituelles entre bon partenaires.
C / On a bu à votre santé les Compari.
P / Vous auriez bu au Bœuf, ça serait revenu dans les bonnes poches.
C / On est pas du genre à s’imposer.

Les échanges continuent autour d'un saucisson et de tranches de pain frottées à l'ail.


Pendant ce temps, Speranza quitte son armoire et sort de sa chambre, sur le palier, un Ettore dort dans un fauteuil, sans ses armes ni ses bottes. Elle lui chatouille un pied au passage puis descend vers la cuisine pour se faire un casse-croûte. Angelo, qui prépare la tambouille de midi, reste stoïque en voyant partir ses provisions en si belle compagnie.
Azzura passe la tête dans la cuisine
A / Bonjour Speranza
S / Bonjour.
Elle désigne un tissu qui enveloppe quelque chose.
A / J'ai fait une tarte pour remercier Ettore pour hier soir.
S / Tu veux que je la lui monte ?
A / Je peux le faire.
S / Il aime pas trop qu'on monte.
Speranza prend d’autorité la tarte des mains d’Azzura et la monte jusqu'à la salle commune où il dort encore.
Elle chatouille le pied une fois encore puis trempant son doigt dans les fruits de la tarte en dépose un peu sous les pieds d'Ettore avant de faire signe à Pirate que le repas est servi. Il ne se fait pas prier jusqu'à une réaction du pied qui est secoué avec un grognement par le soldat.

E / Mais qu'il est con ce chien !!
S / Y'a Azzura qu'a fait une tarte pour toi.
S / Je pense qu'elle est en bas et qu'elle attend des remerciements.
E / Hein, merci, de rien, bonne journée...mais emmène le chien.
S / Pourquoi ?
E / Parce que je veux pas remettre mes bottes.
S / Allez pirate. Molosse, tu viens aussi, monsieur veut dormir.
Speranza repart avec le chien et attire Molosse qui la rejoint. Elle dévale les escaliers les deux chiens à ses talons, passe chercher son encas dans la cuisine, pour s'asseoir à la tablée de Pidocchi et Claudio qui lui disent bonjour avant de poursuivre leur conversation.
P / Et avec les Claudette, vous allez faire quoi ?
C / Vers Montefellone sans doute pour l'hiver puis ensuite Bromael au printemps, y'a toujours de quoi faire à Bromael.
P / Le jour ou y'aura pas une guerre en Bromael n'est pas arrivé.
C / Le problème avec là-bas, c'est que t'es pas sur d'être payé alors qu'à Ciudalia, le florin, c'est une valeur sûre.

C / Bon, Je vais y aller mais tu sais où me trouver si tu changes d'avis.
Devant le mutisme de Pidocchi qui laisse venir, il reprend
C / Moi je pense que l'Hirondelle serait un bon endroit pour passer l'hiver. Je te sécuriserais bien tout ça et les Carpone, ils te mangeraient dans la main.
P / Ça serait facturé combien ?
C / ça dépend, si on a les coudées franches ou si faut ménager les susceptibilités, si on a le gîte et le couvert pour passer l'hiver.
P / Y'a Carpone et Carpone, certains faut les ménager.
Claudio opine du chef d’un air rassurant.
P / Tu me parles de l'Hirondelle pour l'hiver, c'est dans combien de temps ?
C / Soit on part maintenant soit on hiverne. Tu vois bien le temps qui fait là. La route, c’est déjà le bourbier. Tout le barda va être trempé, va falloir huiler les armes et armures quand on sera au sec.
P / Tu serais pas contre éviter de partir.
C / Ben ouais.
P / Faut que je regarde la quantité de coudées qu'on pourrait vous laisser.
C / Tant qu'on est pas parti, on est pas parti. Le jour où on doit y aller, je t'envoie un gars.
P / Si j'ai une occasion, j'y manquerais pas.
C / Inquiète-toi du pazzo si tu veux pas trop que ça cause sur ce qui est arrivé à l'échalas.
P / Il a que sa parole.
Claudio hoche les épaules et sur un dernier signe de tête en se relevant et un gros mollard laissé sur le plancher, il se gratte l’entrejambe.
C / Bon, m'sieurs dames, la bonne journée.
Speranza ne s’arrête pas de grignoter en lui répondant d’un geste de la fourchette tandis que Pidocchi, déjà concentré sur les implications possibles, agite la main.

Speranza et Pidocchi pèsent le pour et le contre. Entre la force de frappe, la dissuasion et la gourmandise des mercenaires qui finiraient toujours insatisfaits par mettre à sac l'Hirondelle et nous fâcher avec les Carpone restants.
P / Quand au témoin de la mort de Bonito Scheggia, c'est à voir.
P / Il aimerait se faire payer l'hiver au chaud.
S / Plus un nid à emmerde que la solution à nos soucis mais après c'est toi le chef, chef.
P / A priori ça c'est calme côté Schernittore.
S / Je pense qu'il veut profiter de la situation.
P / C'est son métier.
S / Et qu'ensuite il peut vite prendre le melon.
P / Nos adversaires récents, y'a quelques Carpone et les autres sont dans l'ombre.
S / Je serais eux, je chercherai aussi à te chercher des emmerdes.
P / Ceux qui veulent se rabibocher, ceux qui veulent survivre et ceux qui veulent se venger … mais en ont-ils les moyens ?
Après, y’a aussi ceux qui veulent nous chercher des emmerdes parce qu'on s'est rapproché des souverainistes.
S / Ils ont pas besoin d'excuse ceux-là.
P / Non, c'est de la politique et on est sur leur chemin.
S / Pas besoin d'avoir fait les grandes universités pour savoir qu'ils veulent pas de monde sur leur chemin.
P / Moi, je vais aller finir ma nuit.
S / Qu'est ce que vous avez tous à dormir ?
P / Qu'est ce qu'elle voulait Azzura ?
S / Elle a fait une tarte pour Ettore, rapport à ce qu'il a fait hier.
P / Il a fait quelque chose ?
S / Je sais pas trop mais à mon avis ça lui fait encore une meuf au cul.
S / Quand on te fait une tarte, c'est pas pour t'en coller une dans la gueule.
P / Qu'est ce qu'elles lui trouvent ?
S / Je sais pas, elles préfèrent le mettre dans leur lit.
P / Et, il est où ?
S / Il dort dans le canap' à l'étage.
P / Y'a son lit juste à côté.

Pidocchi remonte en direction de son lit mais comme sur le chemin y'a une tarte aux pommes appétissante avec un peu de cannelle et d’autres épices. Une petite trace de doigt au bord. Pido s'en choppe une petite part qui a un goût de reviens-y mais Pidocchi, après une courte hésitation, va se coucher.
Speranza étant seule levée, va promener les chiens qui sont ravis de cette nouvelle sortie après les restes de nourriture qui sont tombés lors du déjeuner.
Elle joue avec les chiens dans le quartier en leur lançant une balle de cuir. Quelques souriceaux viennent jouer et demander des nouvelles de Zoppa ou l'autorisation d'aller le voir vu qu’ils qu'elle y a déjà été. C'est encore trop tôt mais elle lui dira qu'ils pensent à lui.


Pendant ce temps à l’Hirondelle, Lupo et Majan évaluent la version qu'elle pourra transmettre aux autorités dans sa déposition mais elle lui laisse tous ses documents au cas où il lui arriverait quelque chose.
M / C'est mon tour comme vous hier.
Dit-elle en lui souriant
M / Je pense qu'il ne m'arrivera rien mais je préfère être prudente.
Il hésite à l'accompagner mais comme elle lui confie des documents à garder.
M / S'il m'arrive quelque chose, il faudrait en faire quelque chose.
L / Je pensais le confier à mes camarades mais...
M / Qu'en feraient ils ?
L / Ils me le rendraient.
M / Ces notes sont précieuses pour moi et j'ai un espoir que dans vos mains ils atteignent leur destination lointaine. J'ai plus confiance en vous qu'en eux pour ça.
L / ça ne me plaît pas mais je ferai selon votre souhait.
M / Auriez-vous une autre proposition ?
L / Si ce n'est pas moi qui vous escorte, je peux demander à quelqu'un d'autre de vous accompagner ou au moins de vous suivre de loin.
M / Je suis peut être bien sotte de m’inquiéter.
L / Non, vu l'endroit et ce qui est en train de se passer.
M / Vu la situation politique et les imbroglios.
L / Je vais chercher un renfort et je reviendrai prendre vos notes. On vous accompagnera.
Quand il descend après avoir passé autant de temps seul dans la chambre d’une femme, les regards sont inquisiteurs mais pas égrillards. Il regarde l'ensemble des présents vu qu'il pleut dehors puis après avoir rajusté son col décide de sortir pour rejoindre le Bœuf Rouge sous l'averse.

Avec le retour de l’averse, Speranza est rentrée se mettre à l’étage devant le feu avec une tarte entamée et les chiens. Molosse allongé sert d'oreiller et Pirate lui chauffe les pieds. C'est ainsi que Lupo les découvre avec le plaisir d'une tarte aux pommes dont il prélève une part pour lui puis une autre pour Majan.
Tarte sucrée avec des épices, très bonne. Ettore dort toujours dans le fauteuil.
Dans un coin de la pièce, le vaisselier n'est plus couvert de linge mais la porte maintenant visible laisse apparaître la vaisselle cassée.
L / Ah, y'a eu de la casse ? Qu'est ce qui s'est passé? Il est fâché ?
S / Je sais pas c'était comme ça
S / T'es trempé. T’arrive d’où ?
L / L'Hirondelle.
S / Encore !
L / Justement, Majan.
S / Encore elle !
L / Elle doit déposer devant le tribunal des neufs.
S / Ils vont la laisser y arriver ?
L / J'ai un doute donc je voulais savoir si l'un de nous pouvait la filocher.
S / Ben elle part après ?
L / Je crois.
S / Bon, ok, j'y vais.
Speranza va se changer et Lupo prend des nouvelles provisions au passage et encore une part de tarte. Tenue de cuir pour la pluie et déguisement de garçon pour Speranza qui shoote dans Ettore pour le faire émerger.
S / Tu viens ?
E / Hein ? Quoi ? On va où ?
S / Escorter Majan. Lupo craint pour sa vie parce qu'il faut qu'elle témoigne.
Ettore pense à l'arbalète puis la météo et le risque d'une corde mouillée le fait renoncer.
E / Lupo, t'as pas une autre tenue ?
L/ Si, bien sûr
dit un Lupo rigolard en songeant à l’étendue de sa garde robe.
E / Majan c'est plus ta taille.
S / Bonne idée, on rentre avec toi, on sort avec toi.

Les trois rejoignent l'Hirondelle. Ettore reste dans les escaliers pendant que Speranza et Lupo rejoignent la chambre de Majan qui les invite à rentrer.
Majan ne porte plus la robe qu'avait prêté Amanda l'aubergiste mais sa tenue de gyrovague du desséché avec les crânes stylisés sur son scapulaire et sa robe.
Elle se montre surprise de la présence de Speranza.
M / Bonjour Speranza.
S / Bonjour.
L / Me voici de nouveau avec les renforts.
M / Je vois ça, vous aviez un nouveau plan à me proposer ?
L / Tout à fait.
Il dépose la nourriture sur le lit et défait le sac de cuir qui contient des vêtements de plus qu'il lui montre et étale sur le lit.
L / On a pensé que la meilleure façon pour vous d'atteindre la destination était de devenir moi.
L / Nous sommes rentrés à trois et vous partirez à trois.
S / Pendant ce temps-là, Lupo veillera sur ce que vous voulez lui confier.
M / Je mets vos vêtements par-dessus les miens.
L / Ou à la place.
S / Il a pas de puces, promis.
M / Mais sur place ils attendent une gyrovague.
L / Y'aura bien un endroit pour se changer.
M / Et vous attendez sur place pendant ce temps là.
L / Histoire de savoir si quelqu'un s'intéresse à votre chambre pendant ce temps.

Après avoir appelé Ettore qui gardait les escaliers, ils déjeunent des morceaux de tarte et des victuailles amenées par Lupo.

Plus tard, trois Compari descendent l'escalier pour sortir de l'Hirondelle. Majan, déguisée en Lupo, baisse la tête plus que d'habitude, le vêtement de pluie déjà enfoncé sur la tête. Ettore glisse quelques mots à Natale Carpone sur le cas Iacomo.
Pas grand monde dans les rues pendants qu'ils progressent sous la pluie battante en essayant de s’en protéger sous les arcades et les porches. Ils essaient de marcher vite mais Majan ressent toujours des blessures reçues lors du combat contre la miresse Bellissante. Ettore choisit néanmoins de faire un grand détour pour éviter les trajets directs entre l'Hirondelle et le palais. Trempés, ils rejoignent le tribunal et dans une ruelle Majan ôte les habits de Lupo qu'elle leur confie. Majan entre dans le tribunal suivie d'Ettore.
E / On vous retrouve là après ?
Majan acquiesce, visiblement fatiguée.
Elle s'éloigne avec les huissiers. L'un d'entre eux fait un clin d’œil à Ettore et un signe de la main étrange. C'est louche, ça doit être un code, du jar. Mais mais … c'est Dagarella !
Ettore ressort rejoindre Speranza et lui refait le signe de la main afin de lui en demander la signification.
S / Tout baigne.
S / Sauf si c'est une entourloupe, c'est que tout va bien.
Ils rejoignent un estaminet ayant vue sur le tribunal pour attendre Majan.

A l'Hirondelle, Lupo s'est assoupi en lisant les notes. Juste deux secondes , juste tenir… trop dur. Il décide de fourrer les notes en divers endroits de la pièce dont l'intégrale sous le matelas sur lequel il se laisse aller à dormir.


Pidocchi se réveille avec moins d'une demi-tarte aux pommes et un petit mot expliquant qu'ils sont partis sécuriser Majan. Vu qu'on est déjà l'après midi, il va voir ses souriceaux restés pour la plupart à l’abri dans le bâtiment qu’ils squattent. La pluie va au moins calmer les ardeurs des gens en ville-basse. Il donne le reste de tarte aux gamins et retourne au Boeuf Rouge pour dire à Angelo qu’il s’en va quand ce dernier lui indique qu'on l'attend dans un coin de la salle, il reconnaît Zora Morelli qui n'a pas fait le trajet sous la pluie par plaisir et donc la rejoint.
P / Salut Zora.
Z / Salut Pidocchi.
Z / Je viens causer comme on avait dit hier.
Z / Stella veut bien voir le jeune mais seul.
Z / Hors de question que d'autres Carpone viennent.
P / Logique.
Z / Que ça se passe pas à l'Hirondelle mais au Bœuf Rouge, en terrain neutre si vous êtes d’accord.
P / OK.
Z / Je pense pas que Gabriella sera présente, y'a du plus et du moins, plus de moins que de plus. Y'aura Stella et moi, pas d'autres Morelli non plus si t'as besoin d'expliquer aux Carpone.
P / ça me plaît bien.
Z / T'habille ça comme tu veux auprès des Carpone mais si Stella décide qu'il vient avec nous …
P / Après tout c'est une affaire Morelli.
Z / On est d'accord la dessus.
P / On est d'accord.
Z / On fait ça quand ?
P / Ce soir peut être, faut que je vois avec les Carpone.
Z / Si jamais on doit embarquer le jeune, pas sûr qu'il revienne demain donc ça doit se faire tard le soir.
P / J'ai des bras qui cherchent du travail et n'aiment pas les Carpone.
Z / On attend de vos nouvelles.
P / Dès que j'ai mis ça en place, je vous informe.
Ils se quittent sur cet accord

Pidocchi se rend au temple de la Déesse Douce pour aller visiter Zoppa mais il se fait recaler par le portier qui le reçoit à travers le judas.
G / Vous venez le voir ? Vous avez le droit ? Vous êtes sur la liste ?
P / De sa famille.
G / De sa famille ? Vous êtes qui ?
P / Son oncle Andreo.
Il s’absente le temps de consulter sans doute un registre et revient
G / Vous ne figurez pas parmi les personnes autorisées à le visiter.
P / Qui sont-ils ?
G / Je ne crois pas pouvoir vous le dire.
P / Mettez moi en contact avec eux, une certaine Majan sans doute ? Ne vous embêtez pas avec ça, je verrai avec elle.

Pidocchi trouve le moyen de passer par la porte de service des cuisines en se glissant avec un groupe pour se rendre dans l’hospice où était soigné le frère mourant et y retrouver Zoppa.
Dans une alcôve de la grande salle, les deux enfants sont là. Endormis.
Il les veille pendant plus d'une heure sans qu’ils se réveillent. Sœur Adelma leur donne des potions plusieurs fois par jour afin de calmer la douleur le temps que ça cicatrise.
P / Vous lui direz que Bella et ses frères pensent bien à eux.
Novice / Vous savez dans quelles circonstances ils ont été martyrisés ?
P / Je ne suis qu'un membre de la famille.
No / Les enquêteurs sont venus plusieurs fois les voir mais sœur Adelma leur a dit qu'ils n'étaient pas encore visibles, ils doivent se reposer.
P /Les enquêteurs de la ville ?
No / Oui et la gyrovague, Majan je crois?
P / Une ?
No / Une membre du desséché, elle pourrait vous donner plus d'informations sur les circonstances .
P / N’oubliez pas le message de Bella et ses frères, ça leur fera plaisir.

Pidocchi repart en direction de l'Hirondelle mais il se sent suivi et peut rapidement confirmer son impression. Deux détours plus loin, plus de doutes. C'est pas un amateur mais la rareté des passants sous la pluie drue complique la tâche de son filocheur. Il pense d'abord faire un grand détour puis se rappelant ce que disait Speranza l'autre jour, il reproduit le tour du temple d'Aquilo pour semer son suiveur et échanger les rôles. Il peut alors l’observer depuis derrière une colonnade. Un homme, portant l'épée. Il le laisse douter, chercher la porte, revenir sur ses pas et finalement renoncer.
Pidocchi tente de changer les rôles et le gars énervé d'avoir perdu sa cible tourne, vire, interroge les passants mais ne retrouve pas Pidocchi qui le suit. Ce curieux spadassin repart vers piazza Smaradina.


Au tribunal, un huissier sort sous la pluie, regarde à gauche et à droite et renonce pour rentrer à nouveau dans le hall à l'abri de la pluie.

Speranza et Ettore se lèvent et traversent la place pour rentrer dans le bâtiment et y reconnaissent Dagarella qui tient son rôle d'huissier.
D / Madame Monsieur, puis-je vous renseigner ?
A voix basse
D / C'est bientôt terminé, vous allez pouvoir la reprendre en charge. Vous pensez qu'elle risque quelque chose ?
E / On ne sait jamais, ça pourrait.
D / Elle est encore bien blessée, prenez soin d'elle. Elle a eu ça contre ?
E / Contre la miresse, la sorcière.
Dagarella reparle à voix haute pour montrer aux deux compari les peintures anciennes sur les murs avant de reprendre à voix basse
D / J'ai dit à Pidocchi, on prend en charge et ne vous approchez pas de qui la payait.
E / Un centenier qui aurait été complice a eu des problèmes, profitez en pour récupérer ses affaires pour savoir qui l'a payé lors de la mort d'un clerc.
D / Qui serait mort ce matin ?
E / La ville en parle.
S / Y'a un centenier qui serait mort ?
D / On fait comme ça. Dites à Pidocchi que j'irai le voir bientôt pour l'affaire dont il m'a causé.
S / Grand merci monsieur l'huissier, on va juste attendre notre amie.
D / N'hésitez pas à revenir si vous avez besoin de plus d'explications sur ces fresques.

Ils raccompagnent Majan à l'Hirondelle où Lupo dort encore et Pidocchi vient d'arriver pour discuter avec les Carpone.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Épisode 44 – Un aller retour Morelli Carpone 


Majan monte se reposer dans sa chambre suite à cette épreuve du témoignage officiel devant les neufs.

L / Comment ça c'est passé ?
E / Très bien, y'avait Dagarella qui faisait le portier, enfin l'huissier.
L / Il sait tout faire ce gars là.
E / Elle a parlé de la miresse, de Phaleri, de qui était derrière.

Pido arrive sur ces entrefaits.
L / ça s'est bien passé ?
P / Pas pu parler aux gamins mais par contre j'étais suivi sur le chemin du retour.
L / C'est bien d'être accompagné.
P / Trente mètres derrière, c'est plutôt de la filoche. Je pense que je saurai le reconnaître mais je ne sais pas ce que ça pourrait être , un agent des neufs ?
E / Tu l'aurais pas vu. Un habitué de la filoche ou un amateur ?
P / Il pleuvait, pas grand monde, donc pas le plus simple pour lui et je suis passé par le temple d'Aquilo pour le larguer et le suivre mais j'ai évité de prendre le risque .
P / Nous avions une affaire sur le feu dont une Carpo-Morelli.
E / Il faut que nous amenions un Carpone à venir assister à une réunion où les Morelli voudraient le châtrer.
S / Il doit se douter que les Morelli veulent lui couper les rondelles.
P / Il est pas obligé de savoir où on l’emmène ni pourquoi.
E / à mon avis Julio va pas présenter ça à son fils. C'est qu'il doit pouvoir se défendre.
S / Si on nous demande, c'est que les gens veulent des garanties.
L / On a les moyens que ça se passe de façon civilisée. Si ça part en violence, on devra arbitrer.
S / si ça se passe chez les Morelli, on va ...
P / ça se passerait chez nous.
E / Faudrait que Zora soit là pour témoigner de ce qu'on a appris
P / Par qui ?
E / Par Amanda mais elle veut pas qu'on sache qu'elle nous a renseigné
E / Si tu veux que Iacomo vienne, faut convaincre son père et Julio va pas le laisser venir seul à ce jugement. Peu probable qu'il accepte que son fils vienne sans lui.

P / Que ça soit le père , ça va gêner.
E / Tu connais quelqu'un d'autre qu'il accepterait d'envoyer à sa place ?
P / Ouais, non.
L / Faut pas que le sang coule, pas chez nous.
P / Zora avait demandé à ce qu'il y ait aucun des Carpone. La présence du père serait gênante
E / Oui, mais sans ça , Julio va continuer à cacher son fils.
P / Faut qu'on demande aux Morelli si ça peut se faire, si c'est tolérable d'avoir Iacomo et son père.
E / Le père d'un côté, la mère de l'autre.
L / Si ils s'étripent, que ça se passe pas chez nous.
S / Plus simple pour Stella de dire si on liquide ou qu'elle donne l'ordre de liquider Iacomo aux Compari.
L / Je suggère de commencer par tâter côté Morelli pour admettre la présence de Julio auprès de Iacomo.
P / On est coupable de rien dans l'affaire. Si on en vient à couper les ponts on perd quoi ?
P / Ils ont Soraya et chopper ces deux gars fait partie des critères.
L / C'est Speranza qui serait triste.
S / Qu'est ce ça peut te foutre ?
L / Je plaisante, pars pas fâchée.
P / On propose aux Morelli pour voir si les conditions sont acceptables.
P / L'offre, c'est de faire accepter non pas Iacomo tout seul mais Iacomo et son père.
L / Speranza, tu viens aussi ?
E / Elle peut vous suivre histoire de vérifier que vous n'êtes pas encore suivi Pido.


Des toits, Speranza surveille les gens qui tournent autour de Pido et Lupo pendant que ceux-ci vont vers chez les Morelli. Y'a bien des gamins qui suivent dans le territoire Carpone mais plus aucun une fois sorti du quartier des Carpone.
Pidocchi et Lupo vont directement à la boutique de Stella qui est sur place avec la même jeune fille que la première fois.

 Les gars sont reçus cordialement alors que les gens évitent de passer trop près d'Ettore resté en faction dans la rue.
Stella rentre directement dans le vif du sujet en prenant la main de Pidocchi.
SM / Que puis-je faire pour toi ? Zora m'a bien transmis ton message, as-tu d'autres nouvelles à m'apporter ?
P / Nous avons plus ou moins localisé Iacomo mais je crains qu'il faille négocier la présence de son père si on veut le faire venir ce soir.
SM / Quelle exigence a le père ?
P / Il n'en a pas encore et je ferai en sorte qu'il n'en ait pas d'autres, je voulais juste vérifier avec toi ce petit accroc à l'accord initial.
SM / Il me semblait plus simple que Julio ne soit pas présent mais si tu m'assures que nous pourrons partir avec Iacomo sans l'opposition de son père.
P / Si tu as un moyen de faire venir Iacomo sans passer par son père.
Lupo jette un regard à Pidocchi parce que c'est pas la proposition et ce qui était prévu par Pido lors de la présentation.
P / Il est clair que Iacomo ne viendra qu'avec l'espoir de plaider sa cause.
SM / Je les entendrai, je me ferai mon opinion et ma décision sera la plus appropriée.
L / Ce que Pido veut dire, c'est que si vous partez dans l'idée de repartir d'office avec lui quoi qu'il ait à dire, ça peut paraître un piège.
Pidocchi cherche un arrangement mais Stella lâche sa main et regarde maintenant Lupo comme son interlocuteur principal.
P / Peut être une rencontre préliminaire entre vous et le père pour cadrer.
SM / Pas judicieux, je préfère les voir ensemble et m'assurer que s'il doit nous suivre, son père ne s'interposera pas et que s'il le fait vous allez vous interposer pour que nous puissions faire comme cela l’a été prévu lors de ta discussion avec Zora.
SM / Sinon, ça voudrait dire que l'accord qui était conclu ne serait pas respecté ?
P / L'accord, c'est de le ramener, on peut tenter plus violent mais il risquerait de disparaître.
SM / On s'était mis d'accord pour que vous livriez Azzo et Iacomo. ça ne posait pas de problèmes il y a deux jours de ça et voilà que c'est remis en question.
P / Lupo, si je comprends bien, l'idée est de continuer à avoir des bonnes relations avec les Morelli. on a parlé d'accord, où est la contrepartie ?
SM / On a recueilli une jeune ressinienne et nous devions avoir des informations sur cette personne et la contrepartie est en cours.
Elle saisit un de ses pendentifs étranges et par réflexe Pido cherche une sortie ou à se reculer de la table mais assis par terre sur les coussins limite sa possibilité de s'éloigner du talisman.
P / Je cherche juste à arriver sur du faisable et pratique.
L / Le père ne sera pas en mesure de s'opposer à vous et nous si vous choisissez de repartir avec Iacomo. Mais, il est raisonnable que le père demande des garanties pour ne pas se faire étriper dès qu'il entre chez nous.
Elle joue avec ses talismans et un autre colifichet touche la griffe qui inquiétait Pidocchi.
SM / Bien sûr, c'est ce que nous avions convenu, je ne remet pas en cause ce que nous avions prévu pour ma part.
P / Il paraît convenu et raisonnable que Iacomo vienne avec son père, qu'il soit entendu et que vous tranchiez.
L / Et qu'aucun sang ne sera versé au Bœuf Rouge et nous prendrons votre défense si besoin.
SM / Et nous pourrons partir avec Iacomo.
P / Si vous le décidez.
Cette modification de cet accord est entérinée.
P / Parfait..il reste un peu de gâteau sec ?
Qu'il saisit d'une main hésitante avec un regard qui fuit vers les pendentifs de Stella pendant que celle-ci prend un papier où elle griffonne des symboles avec un morceau de charbon. Elle prend une aiguille dans ses cheveux et se pique le doigt, faisant perler une goutte de sang qu'elle fait tomber sur le papier. Elle tend papier et aiguille à Pidocchi pour qu'il scelle à son tour l'accord.
P / Que signifie ce document ?
SM / Qu'on scelle entre nous cet accord que nous avons convenu.
P / Avec du sang ?
SM / C'est le signe de la vie.
P / Je suis pas sûr de vouloir mettre mon sang sur ce …
SM / Je l'ai fait moi même.
Lupo prend l'aiguille et signe de son sang. Tuer Scheggia, signer des pactes avec la chef Morelli, nous aurait-on changé le fêtard en impétueux décideur ?
Stella lui sourit en reprenant le papier qu’elle brûle ensuite dans une petite coupelle. Elle souffle légèrement pour disperser une partie des cendres et demande à Lupo d'en faire autant. Celui-ci s'exécute sans broncher.
Pidocchi horrifié de ces sorcelleries rêve d'ailleurs.
P / Rendez vous à minuit au Bœuf Rouge.
L / à tout à l'heure.
 La jeune fille quand ils sortent sourit bizarrement à Lupo qui devine qu'elle n'a rien perdu des échanges entre Stella et ces visiteurs.
Tandis qu'ils rejoignent Ettore dans la rue.
P / Tu sais pas dans quoi tu as mis le doigt.
L / Du sang.Tu sais, en ce moment, je mets les doigts et les mains dans tellement de choses.
 Un peu plus loin, Pidocchi se retourne et constate que la jeune fille a craché sur le seuil et jeté une poudre dessus. Un frisson le traverse. Encore de la sorcellerie.
 P / Allez, viens.

Direction chez Julio Carpone mais cette fois-ci c'est Ettore qui va se présenter pour négocier avec le soldat Carpone. Au dessus d'une boutique tenue par sa femme. Il faut passer par la boutique de chapeaux pour accéder au logement.
Elle salue Ettore d'un signe de tête
E / Est-ce que ton mari est là ?
Elle le fait prévenir par une de leurs gamines , Julio descend et un signe de tête pour dire bonjour suivi d'un autre pour les inviter à le suivre dans l’arrière boutique. Lui reste debout après les avoir invité à s'asseoir. Manque de chaise mais Pido voudrait qu'il se pose en face de lui.
P / Assieds toi donc ?
JC / Les invités s’assoient ici.
P / ils sont assis. Toi aussi assieds toi. Bon, nous venons au sujet de ton fils. Il faudrait qu'il vienne rencontrer les Morelli, tu t'en doutes.
Le Carpone hopine et va chercher une chaise.
P / Le rendez-vous est prévu pour ce soir.
E / La chef des Morelli accepte qu'il donne sa version des faits.
JC / Elles veulent juste l'entendre ?
P / Elles veulent l'entendre et qu'il puisse dire tout ce qu'il a à dire.
JC / Et après ?
P / Tu t'imagines bien que s'il est pas assez convaincant, elles vont l'emmener pour le punir.
E / Tu sais bien que ça peut pas rester comme ça. On lui donne une chance de se défendre parce que c'est vous. S' il ne se présente pas, il sera traqué et finira par se faire chopper. Là on essaye de lui donner une chance de se défendre parce que tu l'as demandé sinon ça se ferait à l'ancienne. Il était avec les autres qui ont violé Gabriella, j'aurais dû le traquer et le tuer. On a posé des questions, cherché à savoir ce qu'il s'était passé et les Morelli acceptent de l'entendre mais si elles le jugent coupable, elles lui feront payer de toute façon. Elles ne peuvent pas laisser les choses comme ça et sur ce coup là on était de leur côté, elles étaient du nôtre et y'a des Carpone qui ont merdé. Sinon ça fait comme Azzo, on va le trouver. Au moins là, je te dis qu'on peut lui laisser sa chance de s'expliquer.
Julio se fait confirmer qu'Ettore veillera à ce que son fils soit vraiment entendu.

P / Tu peux venir, toi, juste toi avec ton fils, sans vos armes.
JC / On ne peut pas aller dans la nuit désarmé. On vous remettra nos armes quand on rentrera au Boeuf Rouge. 
P / à la onzième heure au Boeuf Rouge.

Pendant ce temps, Speranza est, comme à son habitude, sur un toit pour surveiller alors que Lupo décide de rester devant l’échoppe.
Rapidement, plusieurs membres de la famille Carpone dont une jeune femme arrivent de plusieurs endroits guidés par des gamins. Lupo assiste à ce rassemblement, détendu, seul devant le magasin.

 Des regards ombrageux mais ça ne moufte pas trop. Une sorte de marquage de territoire et de protection de Julio. La femme Carpone regarde Lupo et semble attendre l'occasion d'approcher pour discuter et vérifier qu'elle peut discuter avec lui et devant l'air avenant de Lupo, s'approche et se présente.
 RC / Bonjour, je suis Rosina Carpone. Vous êtes l’un des quattro Compari ?
L / En effet, Lupo Tramonte.
Un signe de tête.
RC / Décidément, vous venez souvent dans notre quartier Ettore et Pidocchi sont venu hier discuter avec Julio et Argante.
L / ils ont des trucs à discuter.
RC / à propos de Iacomo ?
L / On essaye d'arranger les choses et que ça ne dégénère pas en guerre donc on espère que ça va bien se passer.
RC / Je l'espère aussi, il y a une entrevue de prévue ?
L / Il va falloir assainir la situation avec les Morelli donc certaines personnes vont devoir discuter.
RC / Je peux être présente si ma présence est souhaitée.
L / Comment dire ? Pour apporter votre point de vue de victime de tous ces événements?
RC / Mon mari a été tué et mon fils est orphelin mais je ne sais pas si Ettore et Pidocchi vous ont informé que je cherche à briser le cercle de la violence plutôt qu'encourager les vendettas.
L / C'est tout à votre honneur dans une position comme la vôtre, c'est plus simple de vouloir se venger.
Elle baisse les yeux

RC / Ce n’est pas une décision facile.
L / J'en suis bien conscient.
RC / Mais si la haine répond à la haine …
L / ça s'arrête par manque de combattants.
RC / Je veux que mon fils vive, entende l'histoire de son père et n'ait pas de haine par rapport à cela. Juste la paix et le respect.
L / Ce n'est que justice que les Morelli cherchent à ce que ce qu'il s'est passé soit lavé mais si la voix de la tempérance peut être écoutée et être présente.
L / Nous nous efforçons de faire en sorte que la voix de l'apaisement prédomine mais bien évidemment ce n'est pas la plus simple et ça ne se fait pas tout seul, c'est pour cela qu'on discute jusqu'à une solution acceptable par tout le monde.
RC / Et quelle solution serait acceptable par les Morelli ?
L / Je l'ignore, je ne suis pas Morelli.
RC / Vous en avez discuté avec eux ?
L / Ils ne sont pas fixés non plus, la voix de la diplomatie n'est pas fermée, c'est déjà une victoire en soit.
RC / Je ne peux que vous réitérer mon offre de vous aider si ma présence peut vous faciliter les choses.
L / Je l'ignore totalement, si ça faciliterait ou pourrait être mal pris mais en tout cas j'en parlerai.
RC / Je vous laisse et vous souhaite une bonne journée don Lupo Tramonte.
Si elle semble pacifiste, les autres Carpone présents sont plus énervés de cet échange.
 
Ettore et Pidocchi sortent à leur tour et découvrent les six ou sept Carpone qui les attendaient dehors dont Natale, l’un des complices qui ont participé à la chute des Di Santi, qui leur fait un signe de tête. Pido rejoint Lupo.
L / Rien de particulier qui se trame !
P / Quelle est l'ambiance ? Elle te voulait quoi Rosina ?

L / Pour quelqu'un, seule, qui a perdu son mari, elle est plus pour la paix.
P / Elle voulait quoi de toi ?
L / Savoir si y'aura du bordel et où en est le cas Iacomo avec les Morelli donc elle a proposé si on pense que ça peut aider de venir partager son point de vue.
P / Tu sais quoi, c'est une super idée mais pas ce soir.
L / Je proposerai qu'on lui garantisse sa sécurité aller retour vers la boutique pour qu'elle parle d'apaisement avec Stella, comme ça on respecte le contrat avec les Morelli.
S / Vous êtes vraiment des mecs, vous comprenez rien aux femmes.
L / C'est possible mais les femmes non plus.
P / Pour toi les Morelli en ont rien à foutre ?
S / Juste couper des couilles pour se venger.
L / En même temps, qu'elle aille leur parler ou pas.
P / Au fait, ça veut dire quoi ce qu'elle a fait la gamine ? De cracher par terre et jeter des trucs dessus ?
S / Je sais pas. Tu crois que la rabougrie elle saurait ?
Sentant le terrain glissant, Lupo revient sur la veuve de Vascularino Carpone.
L / Je la sens plutôt sincère cette Rosina.

E / Tu peux la rattraper ? Tu veux une escorte ?
L / Non, je peux y aller seul.
Lupo démarre aussitôt.
S / Dites les gars, j'ai une question quand même. Pour pouvoir violer une nana faut bander quand même, on est d'accord ? Comment vous faites ça contraint et forcé ?
E / C'est à lui de défendre son bifteck.
S / Est s'il est établi qu'il a participé ?
E / à part lui, seule Gabriella pourrait dire mais je suis pas sûr qu'elle témoigne.
S / à mon avis, c'est mal barré.
E / Tu préfères que je fasse ça à l'ancienne et que je le tue moi même ?
S / Je préfère rien, je dis juste que ça pue la merde.
E / Oui mais c'est pas la nôtre.
 Lupo rattrape Rosina Carpone deux rues plus loin.
 L / je réfléchi à votre idée, ça me semble compliqué pour que vous assistiez à la réunion mais que vous puissiez en discuter avec Stella me semble faisable.
RC / Maintenant ?
L / Maintenant !
RC / Je vais chercher mon fils.
 Il l'attend puis ils font le chemin ensemble jusqu'à la boutique en évitant tous les risques que Lupo repère et qu'il ne se sent pas prêt à prendre accompagné d'une femme portant un enfant. Arrivé près de chez les Morelli.
RC / Je vais attendre là que vous alliez voir si elle est d'accord pour recevoir une Carpone à cette heure.
L / Venez, je pense que Stella préfère le contact direct.


Du côté des autres Compari, chacun rentre par ses propres moyens et habitudes, Speranza rentre par les toits. Arrivés dans leurs pénates, Ettore et Pido passent devant Angelo qui leur indique qu'un gamin les attends, Pantaleo à qui Pido fait signe.
 P / Viens gamin, approche, une petite bière ? Tu viens me voir ?
Pan / J'ai un message pour don Lupo Tramonte.
P / Tu peux me le confier.
Pan / On m'a dit en main propre. Du coup, j’me les suis lavées.

P / Ben tu vas devoir attendre.
Pan / Je peux le faire auprès du feu ?
P / Tu peux.
 Pido fait le point avec Angelo pour organiser le Bœuf Rouge pour la soirée.
P / Ce soir on a de la visite et à partir de onze heure, on prend plus de clients à part Julio et son fils.
A / Je dis à tout le monde de partir pour onze heure.
P / Et on l'accueille avec notre meilleure bouteille.
A / Vous mangerez en bas ou en haut ?
P / En bas.
A / Asseyez vous à vot' table, je vous emmène ça.
 Speranza, rentrée par les toits, finit par descendre avec les chiens pour les balader, elle fait un signe à Pantaleo qui se dore le dos au feu, parfois face au feu pour la sensation agréable et brûlante de cette chaleur sur le visage si rare pour le gamin des rues.

Pendant ce temps, Lupo est accueilli à la boutique par la même jeune fille qui aide Stella mais elle les regarde lui et la Carpone avec un air suspicieux.
 L / Je suis accompagné de Rosina Carpone et elle aimerait parler à Stella.
jf / Elle est pas là. Vous attendez ici ?
L / Elle va revenir ?
jf / Elle est partie voir Zora pour ce soir. Vous attendez dans la boutique ?
 Quand Stella revient chez elle accompagnée de Zora, elles trouvent des invités dans le salon et sa jeune assistante qui les surveille d'un coin de la pièce.
L / Bonjour Zora
 Les femmes sont sur la défensive mais il explique que Rosina est venue lui parler, qu'elle voulait donner son point de vue et qu'il doit les laisser discuter entre femmes. Elles s’assoient autour de la table basse où étaient les deux compari il y a quelques heures et Lupo retourne attendre dans la boutique sous la surveillance de l’apprentie de Stella.
 
Pendant ce temps là au Bœuf Rouge, Lupo qui voulait dire un truc à Rosina Carpone n'est toujours pas reparu et le quartier Carpone n'est pourtant pas si loin alors Pidocchi s'inquiète un peu.
 S / Deux choses l'une soit il est chez les Morelli soit il s'est fait chopper par les Carpone.
E / Envoie un gamin chez les Morelli et si il pas là-bas, on se bouge.
S / Il était pas censé accompagner Rosina ?
P / Non, il devait lui proposer mais on y allait ensemble.
 Speranza connait tellement bien Lupo qu'elle se doute qu'il suivi son impulsion et qu'il n'a pas du tout attendu comme Pidocchi pense l'avoir convenu mais changer Lupo est au-delà de leurs forces donc elle fait avec. Pido envoie Belette vérifier si Lupo serait chez les Morelli.

La conversation s’éternise entre les trois femmes et la nuit est tombée. L’apprentie de Stella, sensible aux lois de l'hospitalité, propose une assiette à Lupo qu’il accepte bien volontiers. Elle va néanmoins manger à l’écart en conservant un œil sur lui.
 Lupo entend un bruit, un coup sur le volet qui vient de dehors.
il regarde la gamine qui fronce les sourcils, ne semblant pas habituée à recevoir ainsi des cailloux sur les volets de la boutique.
Il écarte un volet et finit par voir que dans la rue, y'a personne.
jf / Ça pue écarte toi. T'attends quelqu'un ? Y'a quelqu'un des Carpone qui est venu avec vous ? Ça pue, j'aime pas ça.
L / En même temps, si c'était un Carpone, pourquoi il aurait envoyé un truc dans le volet, c'est pas une fille à vous ?
jf / Non, justement, c'est pas quelqu'un de chez nous.
Second caillou.
jf / Visiblement, c'est après toi qu'ils en ont.
il sort et tombe sur Belette qui l’interpelle d’un ton mi énervé, mi amusé.
b / Lupo, tu m'entends pas ? Tu me vois pas ?
L / Qu'est ce tu fais là ?
b / C'est Pidocchi qui m'a dit de voir si t'étais bien là, je peux lui dire que t'es là et qu'il y a pas de problèmes ?
L / Pas de problèmes.
b / T'en as pour longtemps ?
L / Non, ça devrait plus trop durer, remercie le de s’inquiéter de mon sort.
 Plus tard, l'entretien se termine et les deux Morelli ressortent avec la Carpone. Aucune n'est souriante malgré l'absence de cris lors de l'échange et Zora le remercie de son aide avant qu'il escorte une Rosina, perdue dans ses pensées, jusqu'à chez elle. Sans un mot, il l'accompagne. 
 Après un temps très long, Lupo finit par quitter le lieu où il a ramené Rosina et arriver au soulagement des Compari et Pantaleo qui s'est endormi va pouvoir remettre un billet qui lui était destiné.
 L / T'as eu à manger ?
 Pan / Ouais, j'ai eu à manger. Y'a une réponse que je dois attendre....
Lupo déplie le billet.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Trigger warning : évocation de viol

 
Épisode 45 – Le jugement de Iacomo signé dans le sang. 


C'est la nuit, il a plu presque toute l'après-midi. Vu la météo, les clients n'ont pas prévu de partir tôt donc il faudra qu'Angelo fasse preuve de diplomatie pour les faire sortir avant l'heure de la rencontre.
 Lupo lit le message remis par Pantaleo puis part avec le billet pour rédiger la réponse dans sa chambre.
 Angelo avait oublié de dire qu'Azzura est venue plus tôt pour parler à Ettore. Ce dernier décide de se rendre devant chez les filles après avoir rappelé à Pidocchi de lâcher les souriceaux pour prévenir en cas d'invités imprévus.
 Pidocchi prépare ses victuailles et Angelo voit ses réserves de nourriture fondre encore une fois quand le sac bien rempli part en direction des souriceaux que Pido va prévenir
 P / Ce soir c'est spécial. Autour du Bœuf Rouge, j'ai besoin de savoir tout ce qui ressemble à des Morelli ou des Carpone.
souriceau / Autour du bœuf ?
P / Ah au moins un pâté de maisons. Qui serait prêt ?
 Lurido, Sfacciato Scimmia, Donnola, et Zenzero se lèvent et se proposent tandis que Bella va s'occuper des petits en attendant que la mission soit finie.
La toile de Pidocchi est tendue sur le quartier et Scimmia propose même de monter sur le toit.

 P / Si tu tombes pas.
sc / Ben, je tombe pas puis ça fera le lien entre devant et derrière.
 Quand Ettore débarque devant chez les filles, y'a pas mal de monde et Angelo pense même qu'une partie des client du bœuf sont des gars qui en ont eu marre d'attendre sous la flotte devant la maison des filles mais même ainsi sous la pluie, il reste du monde et il attend que la porte s'ouvre pour causer à Azzura entre deux clients.
 E / Y'a un problème ? T'as demandé après moi à Angelo.
A / il y a beaucoup de monde, ça peut être tendu, ça s'échauffe alors parfois quand ils ne veulent plus attendre et ça serait bien que tu sois là pour assurer la situation.
Mais, t'en parle pas à Renata. Pour elle, y'a jamais assez mais pour moi on est pas assez de monde avec tous ces phalangistes en ville. Faudrait une fille de plus.
E / D'accord mais tu ferais venir qui ?

A / Je sais pas.
E / Tu veux que j'en parle à Pido ?

A / à Lupo plutôt ?
E / Oui, peut-être.
A / Tu dis pas que ça vient de moi, Renata me ferait une scène.
E / Si vous passez à trois, faut qu'on agrandisse la maison ?
A / Un ailleurs ? Ou on change la cuisine qui devient une chambre ?

E / Je vais rajouter ça à la liste.
E / Pour l'instant ça va ?
A / Après quelques verres, ça sera pas pareil. Quand ils passent par le Bœuf Rouge, ils sont plus chatouilleux après.
E / Ils vont en avoir marre d'attendre et le vin aidant se montrer impatients.
A / C'est souvent comme ça les soirs de pluie.
E / Ce soir on reste au Bœuf et y'a des gamins en surveillance donc je serai dans le coin. A la moindre alerte, je serai là vite fait.
 
Speranza tient compagnie à Pantaleo auprès du feu le temps qu'il peut rester même si elle déduit lors des échanges qu'il a déjà eu affaire aux souriceaux et que c'est compliqué pour le faire rentrer dans la bande surtout à cause de Sfacciato et Coltelo.
 S / Normal, ils essaient de t'impressionner.
p / Moi je suis trop petit, je courre mais moins vite qu'eux. Ils m'ont coincé quelques fois et mis des coups de tatane.
S / Je vais leur parler.
p / Ben, non, sinon après ils me tapent encore plus fort.

S / Je leur parlerait moins gentiment, c'est Pido qui décide qui rejoint et qui rejoint pas les souriceaux et si il t'a proposé, ils ont rien à dire.
Pantaleo acquiesce mais, visiblement, il demande à voir.
 Lupo descend avec la réponse pour Pantaleo.
p / Sinon, je peux rester au coin du feu et ça attendra demain.
L / Ah, bien tenté mais ça n'attend pas, tient.
Le gamin remet une toile au dessus de sa tête et avec un petit sourire contrit repart dans la nuit.
 Ettore prévient quelques habitants sympas ou susceptible de finir bourré d'y aller plus tôt histoire de ne pas faire sortir en même temps tous les avinés qui auraient des envies de douceurs nocturnes dans les bras de Renata et Azzura sans qu'ils soient tous candidats en même temps quand on les foutra dehors.
 Sur les coups de onze heure, Ettore attend dehors pendant que Pietra reste pour faire le service du soir. A l'heure dite, Ettore reconnaît Julio et Iacomo qui approchent.
Les deux hommes laissent les armes sur la table qu'on leur a indiqué avant d'aller s'asseoir à la table habituelle des Compari autour de laquelle ils vont se réunir entre les Carpone et Morelli.
P / Tu peux préparer ce que tu as à dire et ce que tu veux expliquer.
 Lupo assiste de loin. Ettore a gardé ses armes mais le pourpoint de cuir est posé dans un coin de la pièce sur une chaise. Chacun a ses armes habituelles sans trop d'ostentation.
 Placé à la porte pour surveiller les arrivées, Ettore remarque deux types devant la maison des filles qui commencent à bousculer les clients.
E / Lupo, tu gardes la porte, faut que j'aille voir, ça barde déjà du côté des filles.
Quand il s'approche, il voit qu'un des deux regarde derrière par dessus l'épaule d'Ettore comme si plus loin il y avait autre chose à surveiller. Ettore pivote sur lui-même et constate que des types venant de via Ferrari approchent. Les deux de devant sont l’appât, lui c'est la cible et les mâchoires du piège sont en train de s'approcher.

 Lupo qui a pris la position près de la porte reconnaît à la démarche que les gars sont armés de bâtons.
L / C'est pas pour nous mais va falloir ouvrir l’œil.
Pidocchi va chercher son arbalète et laisse le père et le fils ensemble. Lupo chope ses armes et Speranza jette un œil dehors.

Les gars passent devant le Bœuf Rouge et certains regardent Lupo en passant puis avancent d'un pas plus vif. Lupo comprend le changement de rythme, la direction et la phrase sort très vite dans l'urgence qui vient de surgir sous la pluie.
L / Ils en ont après Ettore !
Les Carpone proposent aussitôt leur aide.
Julio / On peut récupérer nos armes ?
Ça accélère dans l’auberge et ça sera presque à celui prêt à sortir le plus vite.

Speranza rejoint Lupo et les armes sortent à la suite des gars qui viennent de passer devant le Bœuf. Deux du groupe de cinq font demi tour et sortent les bâtons pour venir empêcher les Compari de secourir leur comparse.
L / Hé les gars, vous êtes pas chez vous, retournez dans vot' coin, c'est chez nous ici.
Les deux sbires ne s’en laissent pas compter et répondent par l’insulte en se dirigeant vers lui.
 
Du côté d'Ettore, il est piégé, ça va se refermer et en plus de ceux dans le dos, trois autres se rapprochent des deux qui ont déclenché la souricière. Les empêcher de se regrouper, agir vite, trouver un mur ou une porte mais surtout réduire les angles d'attaque. Les deux les plus prêt avaient déjà sorti des dagues donc on est pas là pour rigoler. Vous avez voulu être le fromage, le rat des rues va se défendre et méchamment. Ettore se jette sur les deux et à l'épée dans le torse du premier, suivi d'un passage de la dague vers le second il plante une lame dans chaque avant de se tourner vers les trois prochains qui voient leurs camarades s'écrouler. Pas sur qu'ils soient morts tous les deux mais au moins hors service.
 E / A vous !
 
 Lupo siffle encore comme pour appeler les renforts.
L / Dernière chance les mecs.
sbires / On va te casser les os connard !
ils tentent une tenaille et Lupo en choisit un pendant qu'ils ignorent Speranza qui est passée dans l'ombre de la rue. Le problème déjà apparent, c'est qu'ils ont l'air de savoir se battre et de se coordonner sans un mot.
 Vu qu'il en a deux en face de lui, Lupo ne se pose pas de question sur le risque et il se fend pour en planter un le plus tôt possible et diminuer le nombre d'adversaires. Où a-t-il appris ça ? Auprès d’Ettore bien sûr ! Pour faire d'eux des survivants et non des victimes.
 L'épée perce le premier et la main gauche lui évite le bâton de l'autre qui prenait le chemin de sa tête. Speranza tente d'intervenir dans le dos du second mais le recul brusque de ce gars lui sauve la mise, la dague ne fait que ripper. Bâtons ferrés et armures, ils sont équipés pour des visiteurs du soir. Celui qui a payé a mis les moyens.
 
Dans la rue, les souriceaux crient pour avoir de l'aide et Pido depuis la fenêtre de l'étage arme l'arbalète en essayant de voir sur qui tirer dans la rue. La pluie, le soir et le peu de lumière dans la zone des combats, le risque est aussi grand pour ses amis que pour les adversaires.
 Pour Ettore, maintenant y'en a trois qui sont les nouveaux plus proches dont un qui se met à causer. La voix, la silhouette qui va avec, il les remet, c'est cet abruti de Gavino Vitali, le dizainier des Cazahorca qui l'avait emmerdé sur la piazza Smaradina et à qui il a fichu une trempe devant le Castello. Décidément, ce con accepte jamais quand il a perdu. Les autres finissent d'approcher pour reformer un groupe face à Ettore.
GV / Comme on se retrouve.
E / Une fois de trop pour toi. Je vois que t'es devenu courageux, t'es venu avec tes copines.
GV / Ouais on était venu te caresser les côtes mais on reviendra.
E / Je vais pas te caresser.

 
Ah non, tu ne vas pas rester comme une menace au-dessus d'Ettore, pas après être venu chez lui, pas après l'avoir cherché sur son propre terrain avec tes gars. Pas avec cette menace de revenir encore et encore ou n'importe quand. Juste deux gars sur le carreau et tu veux filer ? Non, t'as trouvé le roi des emmerdes et il est armé, prêt à tuer pour survivre comme à la grande époque des phalanges quand l'adrénaline laissait à la fin de la journée les morts au sol et les survivants, épuisés, tenus debout par la rage. La même rage, le même instinct de mort, tuer.
 Se fiant à la voix et à la posture, Ettore repère la source de ses ennuis et décide de ne pas laisser peser cette menace pour un autre jour. Il fonce sur la grande gueule qui s'est signalée et sa silhouette lui sert de cible. Il fonce, surprend, bouscule d'un coup d'épaule pour se dégager le chemin vers sa cible. Tuer le leader pour démoraliser le groupe et lui passer l'envie de revenir. Touché et salement, voilà, c'est fait pour Gavino.
 Il a réussi à tuer le dizainier mais le voilà cerné des autres qui viennent de voir leur meneur se faire planter. Par réflexe les coups de bâton partent et ils ne peuvent que frôler le combattant qui se glisse entre les armes. L'occasion de tenter d'en blesser un autre mais ils vont se reprendre. Effet de surprise possible mais sa charge l'a amené au milieu des adversaires loin du couvert ou d'un mur pour couvrir ses arrières. Le danger partout et pour tous mais surtout lui.
 Voyant les deux Carpone arriver derrière Lupo, son adversaire lève les mains pour se rendre ou calmer le jeu, toujours armé de son bâton. Speranza n’attend pas qu’il parle et, par derrière, glisse sa main entre ses jambes lui pour chopper les couilles, il oublie qu'il tenait un bâton ferré pour tomber à genoux et se prostrer sur sa douleur.
 Lupo, estimant qu’elle gère la situation, courre aider Ettore, les Carpone le suivent.
 
 De sa fenêtre, Pido ne peut choisir une cible et le combat se déplace vers la maison des filles donc il renonce et choisit de rejoindre la rue en se laissant glisser par le fenêtre mais c'est pas chose aisée avec une arbalète armée et chargée
 La chance a des limites et Ettore qui s'est rué dans le tas a pris des coups mais pris de rage, il tient et larde de droite et de gauche au grand dam de deux autres types qui perdent leurs tripes et la vie par la même occasion. Il titube, la vue se trouble mais l'épée continue de frapper, parfois le vide, parfois un cuir. Ne pas tomber au sol, rester menaçant même si la vue se trouble et que les coups font mal.
 
Les trois derniers décident de rompre le combat et de se désengager pour fuir avant que Lupo et les deux Carpone n'arrivent.
Ettore tente de rester debout et renonce à poursuivre les autres vu les étoiles qui jouent la constellation du taureau devant ses yeux. Faut les poursuivre, pas de témoins, je ne peux pas, il laisse retomber ses bras

 Cinq cadavres devant Ettore et la maison des filles et un autre dans la rue plus loin en face du Boeuf Rouge auquel s’ajoute le corps de celui martyrisé par Speranza qu’elle a assommé d’un coup de tatane dans la tête.
 P / Tous les cadavres dans le Bœuf.
E / Non, pas dans le Bœuf, dans le port.
L / Tu les mets où ?

E / C'est des phalangistes, pas dans le Bœuf.
E / On a une réunion à faire.
Ils ramènent Ettore vers l'intérieur en se questionnant encore sur ce qu’il faut faire des corps.
E / Pas chez nous.
P/ Sur le toit ?
E / Non, ils venaient pour moi, pas chez nous.
L / On les met dans la cave de quelqu'un d'autre et on videra demain.
E / Zani !

De toute façon, toute la rue est prévenue alors le barbier doit déjà savoir qu’il y a eu un combat dans la rue et il attend juste que le danger soit écarté pour voir s'il peut et doit secourir.

Pido envoie des souriceaux chercher le toubib et des nettoyeurs de la pègre qui ont l'habitude de nourrir les crabes du port ou les porcs de Ciudalia avec une prime pour l'urgence.
P/ Le sang partira pas comme ça.

 À croire que le Desséché est content du spectacle ou qu'il était de la partie, il se met à pleuvoir davantage et ce sont rapidement des trombes d'eau qui rincent nos Compari et lavent le pavé.
Julio et son fils se proposent pour bouger les corps dans unevruelle avec Pidocchi et Lupo pendant qu'Ettore essaie d'être raisonnable et d'attendre Zani dans la salle du Bœuf Rouge.
Speranza embarque Pietra et les deux femmes chopent le gars capturé pour le ramener dans la cave et le ligoter. Lui, il aura le droit à un traitement à part.
Quand Stella et Zora Morelli débarquent, elles tombent sur une troupe de Compari trempés, tachés de sang ou en train de se changer.
Ettore demande à Julio et Iacomo de reposer leurs armes.
E/ Merci les gars.

 Les deux Morelli posent leurs manteaux sur une table près de l'entrée et Pidocchi veille à ce que tout le monde s'installe mais plus près du feu vu que tout le monde a besoin de se réchauffer.
Zani commence à regarder les contusions et blessures d'Ettore qui en profite pour ôter sa chemise ensanglantée, d'y enrouler ses armes et de demander à Lupo de déposer ça à l'étage avant d'en ramener des propres. Les bandages vont l’empêcher de trop bouger mais au moins la pommade lui permettra peut-être de dormir cette nuit.
 Les Carpone sont à une table, les Morelli à une autre.
Pidocchi laisse redescendre la tension et que tout le monde se change ou boive un verre. Seuls Julio et Iacomo n'ont pu se changer mais ils ont eu de quoi s'essuyer et se réchauffer au coin du feu. Zora et Stella regardent les deux Carpone et notamment Iacomo qui fuit leurs regards.
 P/ Procédons à l'entrevue.
Pietra s'éloigne après avoir servi les dernières assiettes et elle attend de Lupo les prochaines consignes mais il fait signe d'attendre en cuisine.
 Stella Morelli a laissé les gens se remettre mais elle n'est pas venue en simple visite.
SM/ Comment procède t'on ?
P/ Vous êtes assises, ce jeune homme peut vous rejoindre et commencer à parler.
Iacomo et Julio viennent à la table des Morelli
Les Compari s'éloignent sauf Ettore qui se place en bout de table et Speranza qui se place de l'autre côté de la table. Deux Morelli d'un côté, deux Carpone en face et à chaque bout Ettore et Speranza. La scène est en place pour la plaidoirie de Iacomo.
Pidocchi va fermer la porte à clé et les volets. Ça serait dommage d'être encore dérangé.
La table soutient bien Ettore qui s'accroche à son verre pour rester stable.

 Iacomo boit un peu de vin pour se donner consistance avant de s'expliquer auprès des Morelli. 
Sa version concorde avec celle d’Amanda, l'aubergiste de l'hirondelle. Il aurait été pris à parti par Azzo et Brunella qui l'ont frappé et privé de nourriture. Même son père ne savait où il avait été gardé sur ordre de Porzia qui l'avait fait mettre au secret et torturer.
Elle voulait savoir en quoi il était lié à la mort des Di Santi et leurs liens avec les Compari.
Après il a été ramené à l'hirondelle pour continuer à être interrogé.
Son père et d'autres soupçonnés de collusion avec les Quattro compari étaient aussi retenus à l'hirondelle sous les yeux de Porzia et Ange jusqu'à ce qu'ils enlèvent la Morelli, euh Gabriella et qu'elle soit séquestrée dans la cave.
Tout le monde a pu entendre ce qu'ils disaient ou faisaient.

Stella le regarde quand il hésite en parlant de ce qui est arrivé à Gabriella.
E/ Qui a eu l'idée de faire ça à Gabriella ?
I/ Je ne sais pas, j'étais sous la surveillance de Pietro et Valerio.
I/ Jusqu'à ce que Brunella et Azzo soient remontés et m'ont dit que c'était mon tour.
I/ Ils étaient avinés et si j'étais un vrai Carpone, je devais montrer que j'étais contre les ennemis des Carpone.
E/ Et si t'avais pas été un vrai Carpone ?
I/ Ben c'est que j'étais un traître qui était avec les Compari et les Morelli qui venaient sur notre territoire et essayaient de nous le prendre.

E/ Les Morelli essayaient de prendre votre territoire ?
I/ C'est ce que disaient Azzo, Porzia, Brunella..même le conseil des quatre.

I/ C'est Clara qui excitait tous les Carpone qui avaient des liens de sang avec les Di Santi à se venger de vous les Compari.
Son père lui sert un autre verre de vin qu'il boit nerveusement.
I/ Je suis donc descendu à la cave où il y avait Gabriella et vous savez ce qu'il s'est passé.

E/ T'es descendu tout seul ?
Avec Brunella et Azzo, y'avait déjà Marino en bas.
Un silence, que personne ne semble vouloir rompre, plane, comme pour ne pas aborder concrètement les viols de Gabriella par des Carpone.
Zora regarde le jeune homme et elle fait un geste de la tête à Ettore pour poursuivre.
E/ Et après !
I/ Après ? Euh, je suis remonté...je suis retourné auprès de Valerio.
E/ Celui qui te surveillait ?

I/ Oui, près de la table puis dans la soirée, ils m'ont ramené dans l'endroit où j'étais détenu pour me retaper encore en disant que j'étais pas encore tiré d'affaire.
I/ Brunella m'a dit que c'était pas parce que j'avais fait ce que j'avais fait que ..forcément y'avait mon père qu'était mêlé à tout ça et que la vérité se ferait un jour une fois que les Compari seraient éliminés et que les traîtres chez les Carpone seraient trouvés.

Zora confirme en hochant la tête
Stella n'a pas dit un mot et ne regarde personne.

E/ Ils ont fait ça pour punir les Compari et aussi les Morelli qui seraient venus sur notre territoire selon Brunella qui avait coincé Gabriella dans une ruelle. 

Sa version correspond à ce que Zora et moi avons entendu d'un témoin de la scène qu'on a questionné lors de notre enquête pour vérifier s'il avait ou non comme dit par Julio ou Rosina.
ZM/ Il y avait cette histoire avec les nobliaux et c'est pour ça que nous avons pris les même risques ensemble.
SM/ Les Carpone visaient bien les Compari et les Morelli.
P/ Tous les Carpone n'étaient pas du même bord
ZM/ c'est ce que nous comprenons ce soir et avions déjà compris par le récit de la personne qu'a cité Ettore.

Stella regarde brusquement Iacomo prête à parler mais c'est Speranza qui prend la parole.
S/ Certains pourraient estimer que t'as des circonstances atténuantes Iacomo et on est en train de te les chercher mais le geste tu l'as accompli quand même. Je t'ai pas entendu t'excuser et qu'est ce que tu pourrais proposer à part qu'on te coupe les couilles ?
Interrompue mais d'accord avec un signe d’assentiment à destination de Speranza, Stella attend la réponse du jeune homme qui bredouille.
I/ Des excuses ? Je sais pas comment je pourrai croire qu'on puisse s'excuser et que ça soit pas pris pour des bobards.
S/ Peu importe que tu sois croyant ou pas, tu vas commencer par là
Il relève la tête et regarde Zora et Stella qui restent de marbre.
I/ Je regrette ce que j'ai fait, d'être descendu dans cette cave.

I/ Je regrette ce qui est arrivé à Gabriella.
I/ Je sais pas ce qu'elle a pu vous dire que je lui ai fait mais j'ai pas pu.

I/ Certes j'ai ...
I/ J'ai pas pu, j'ai fait comme si.

I/ J'ai pas pu mais elle criait quand même parce que, parce que...
S/ Parce que t'étais pas le premier et qu'elle était complètement traumatisée.
Speranza regarde Stella avec un signe de tête et un regard compatissant à destination de Gabriella à travers sa grand mère.
Stella répond au regard et au hochement de tête. Elle cherche du regard si quelqu'un à d'autres commentaires avant qu'elle pose sa sentence.

S/ Et à part lui prendre sa virilité ou sa vie, vous avez quoi pour qu'il fasse amende honorable ?
SM/ L'emmener avec nous jusqu'au jour où Gabriella puisse le voir, l'entendre et puisse parler pour décider ce qu'il en est.
P/ Vous garantissez sa sécurité d’ici à ce moment-là ?

SM/ Je garantis que ce n'est pas scellé par moi et qu'il dépendra de ce que dira Gabriella, c'est elle qui pourra confirmer qu'il n'a pas pu.
Speranza hoche la tête.
SM/ Iacomo Carpone, tu seras notre otage.
SM/ Je garantie que Julio Carpone sera informé de quand Gabriella aura prononcé son jugement.
E/ Quand pourrez-vous savoir que Gabriella sera prête et qu'elle répondra non pas pour tous les punir mais surtout la vérité ?
SM/ J'ai des moyens pour cela.

E/ Et combien de temps maximum ?
SM/ Pas de temps maximum.
P/ Carpone acceptez vous cette sentence ?
Iacomo acquiesce en premier mais Julio met beaucoup plus de temps avant de faire juste un signe minimal de tête, les dents serrées.
 Lupo profite de l’instant pour étudier la façon de Stella de faire des rituels par curiosité personnelle, intérêt ou qu’il commence à s'intéresser à ces choses magiques que Pidocchi craint tant.
L/ Je vais chercher un bout de papier, du charbon et une aiguille ?
SM/ Si vous voulez faire quelque chose, faites le, en attendant je reste sur l'accord en cours.
L/ Je me suis piqué le doigt l'autre jour mais cette fois c'est leur tour de sceller un accord.
L/ Qu'ils signent un engagement entre eux, pas de vendetta et que rien n'arrive au gamin tant que Gabriella n'aura pas tranché.
SM/ Je t'en prie, fait.
L/ Je préfère quand c'est vous, question de savoir faire. Je ne me targue pas d'avoir ce talent. Ça me paraît le moment idéal pour le faire.
SM/ Cela me paraît pas suffisant et s'il y a pacte, c'est sous l'égide des Compari et puisque nous sommes liés par l'attaque contre les Carpone et l'enlèvement de Gabriella, il est normal que les trois partis y figurent.
Elle prend le papier, le prépare, signe de son sang. Donne le papier à Julio puis Ettore tend la main pour intercepter le document avant qu'il n'aille vers Pidocchi et c’est lui qui signe de son sang le rituel.
SM/ Cet accord entre nous est scellé.

Zora observe Iacomo qui hoche la tête avant que les Morelli ne s'éloignent avec leur otage.

Un oiseau nocturne siffle à Pidocchi que tout va bien dehors quand il accompagne les Morelli à la porte.
Julio ne s’est pas retourné pour les voir partir, il serre encore la table et les jointures sont blanches.
Ettore grogne en remettant son armure avec difficulté.

L/ Qu'est ce tu veux faire ?
E/ Tenir ma promesse.
Ettore se prépare à raccompagner Julio alors Lupo met son pourpoint et se glisse dans l'escorte de Julio pour aider le blessé à faire les trajets.
 Julio a récupéré ses armes et celles de son fils. Il les caresse du regard et marche comme un mort debout, perdu dans les ruelles.
Pidocchi et Speranza attendent autour d'un verre le retour des deux autres. Peu de mots sur le jugement et ce qui a été dit. Juste partager la gravité de la soirée autour d'un verre en silence.

L'eau battante sur les pavés accompagne les trois hommes tout le long du chemin, le silence là aussi dans les ruelles désertes. Pas un mot jusqu'au moment de laisser Julio à la porte de chez lui, l'ouvrir, se retourner avec un regard pour Ettore, des mots qui ne sortent pas. Le désespoir, l'espoir, la colère, tout se mélange.
E/ J'avais pas mieux pour lui.
Julio est au bord de l'explosion et il lui a été difficile de contrôler ses nerfs toute la soirée.
E/ J'ai cherché des gens qui pouvaient et ont confirmé son histoire.

Julio passe la porte et la referme derrière lui sans se retourner pour les saluer, les laissant repartir à pied sous la pluie vers le Bœuf Rouge.
 Si Julio est à l'évidence fortement affecté par la remise de son fils aux Morelli, pour Lupo cela va bien plus loin que cela. 
Quelque chose est cassé en lui. L'admiration portée à Ettore n'est plus. Les Compari ont pris parti pour les Morelli non seulement contre les Carpone mais contre lui.
 
Secouant la tête, Lupo revient à des considérations plus joyeuses
L/ Je t'ai fait marrer avec le coup du pacte ?
E/ Je l'avais pas prévu celui-là.
L/ Ça n'a qu'une valeur symbolique.

E/ Tu sais comment ça marche la magie des Morelli ?
L/ Elle peut pipeauter. Si elle a pas envie de tenir parole, elle peut avoir fait semblant que ça soit un pacte et que ça ne fasse rien.

E/ Moi j'ai signé et je tiendrai la mienne.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 46 – Grand nettoyage au Boeuf rouge


Lupo et Ettore finissent par rentrer et retrouvent Speranza et Pidocchi qui les attendaient.
P/ Qu'est ce qu'on fait du gars ?
E/ Quel gars ?
P/ Notre invité.
P/ L'idée était d'avoir une idée d’où venait l'initiative on peut avoir confirmation mais il va sûrement parler du dizainier Vitali si on le garde, il vont venir le récupérer on peut s'en servir. 
L/ Pour envoyer un message.
P/ Quel message ?
S/ D'arrêter de jouer, de plus venir chez nous.
L/ ça m'a pas l'air la population la plus sensible à la raison et je dis pas ça pour toi Ettore.
E/ je sais, j'en étais.
P/ Dans une situation pareille, ils vont faire quoi ?
E/ ils vont devoir expliquer à leur chef où ils étaient, pourquoi ils y étaient et pourquoi ils sont plus que ça.
L/ On connaît quelques politicards en ville, ils doivent pas aimer ça.
P/ les phalanges n'ont pas à monter une attaque contre des citoyens.
E/ Ils ne sont pas couverts par leurs chefs, ils n'ont pas à être là et ils ont fait des conneries mais le groupe va être solidaire quand même de leur connerie.
S/ Faut pas laisser la bride sur le cou à la phalange.
E/ J'aurai bien demandé à Spada parce qu'il a été centenier mais il doit être assez occupé aujourd'hui.
S/ Faut marquer notre territoire, là tu fous pas la merde.
L/ Faut pas jouer les costauds par rapport à eux, ils ont des cons par dizaine.
P/ Le dizainier Vitali, tu l'as pas tué?
E/ Si.
S/ C'est de leur faute, ils avaient qu'à pas venir. Quand on sait pas se battre on reste dans sa caserne.
P/ On a toujours Claudio.
E/ Il va pas vouloir.
E/ S'ils doivent expliquer à leur centenier pourquoi ils sont rentrés à trois, c'est eux qui vont être embêtés mais sinon c'est le quartier qui va être embêté.
L/ Ils vont débarquer et raser le quartier.
P/ C'est un souci à gérer.
S/ Déjà savoir s'ils sont rentrés.
E/ Soit ils sont rentrés au castelleto Acciglato et c'est branle bas de combat soit ils sont piteux et cherchent comment expliquer pourquoi ils sont plus que trois.
S/ Les souriceaux les ont pas vu ? Je ne sais pas s'ils les ont tracés.
L/ On va voir autour du castelleto comment ça se passe et ça bouge.
E/ Je peux aller voir leur centenier et discuter.
P/ Sinon on peut attendre demain.
E/ ils viendront à l'aube.
P/ Pas plus tard dans la journée ?
E/ Moi j'attaque à l'aube.
L/ Et si on rend les corps dans une idée de restitution pour calmer le jeu.
S/ On utilise notre petit ami la dessous pour passer le message de calmer le jeu.
L/ T'en pense quoi ?
E/ C'est toi qui cause le mieux.
P/ Et la restitution des corps ?
E/ Si y'a des corps, y'aura vengeance.
P/ Faut envoyer un message à l'enseigne qui commande le castelleto Acciglato.
 S/ Mais que à l'enseigne ?
L/ On fait un papier avec un sceau pour que personne ne l'ouvre.
S/ A remettre en main propre.
L/ Le meilleur moyen c'est qu'il arrive d'en haut le message.
E/ T'as un sceau curial encore ?
Pidocchi opine du chef
S/ Faut juste qu'on sache quoi dire.
 P/ C'est toi qui cause le mieux.
S/ Que des phalangistes ont fait une expédition punitive en ville armée des bâtons ferrés et qu'il y a eu une bagarre avec une partie de la population.
L/ Et que dans la situation tendue en ce moment, il faut interdire ce genre de pratique.
P/ Je vais faire ça comme si j'étais un sénateur et dire que le dizainier Vitali a foutu le bordel en ville.
E/ Ils faut dire que les troubles ne doivent pas être tolérés
L/ Si c'est moi qui y vais, je dirai qu'un neveu de sénateur s'est retrouvé non loin de la rixe et qu'il a eu peur et que voilà..
S/ Genre je veux pas savoir qui c'est mais je veux que ça aille pas plus loin. Dans le feutré.
P/ Tu vois, c'est Lupo qui parle le mieux.

Pidocchi hésite et commence à rédiger la missive. Choisir le sénateur et de la faction qui serait l'auteur du message. A la réflexion, il opte pour un sénateur de la faction ploutocrate qui ne soit pas embarqué dans le maelstrom actuel entre les belllicistes et les souverainistes. Avec un sceau curial et le style administratif en mentionnant que des membres des familles ont été pris dans des escarmouches et le sénateur Rappazoni a entendu des plaintes concernant une dizaine de Cazahorca et le sénat pourrait en être averti si ça se renouvelle. Il ponctue le document d'un vrai sceau curial récupéré à sa grande époque d'apprenti clerc et qu'il cache précieusement depuis.

P/ Bon, pendant qu'on y va tu vas te coucher Ettore … mais ailleurs
E/ Ok, je vais trouver un coin où pioncer.
Speranza emmène les chiens qu'elle récupère dans le Bœuf Rouge.
S/ Allez à l'hirondelle.
E/ Pido a une maison maintenant.
 P/ Pas encore.
E/ Mais tu sais qu'elle est vide.
Pidocchi emmènerait Speranza pour une question de clef
les souriceaux sont envoyés en balade ailleurs et ils préviennent Pietra de dormir ailleurs cette nuit.
L/ Tu sais où aller ?
Pi/ Pas trop.
L/ Suis les autres, accompagne les jusqu'à l'hirondelle.
Pi/ Et le gars dans la cave ?
S/ Un sac sur la tête et on le relâche plus loin une fois que Lupo aura porté le message.


Ettore part directement à l'hirondelle pendant que Speranza et Pidocchi vont s'occuper de larguer l'otage une fois que Lupo aura accompli sa mission.
Ce dernier se grime en valet et se rend au castelleto Acciglato où se trouve les Cazahorca en garnison mais une fois sur place on fait patienter Lupo. Mais il voit bien que la garnison est très active, que des ordres fusent et qu'on brique des armes. Son message étant devenu secondaire par rapport aux activités des phalangistes. Des histoires de gars qui se seraient fait dessouder et faut régler ça demain à l'aube. Attaqué par des truands, ça va chier. On l'a mis de côté, il doit attendre pour éviter que le message finisse sur la pile des urgences et il doit plusieurs fois demander à ce qu'on s'occupe de son cas.
Phalengiste/ C'est pas qui veut qui réveille l'enseigne Tancredi Costa en pleine nuit.
L/ C'est pas qui veut qui après demandera des comptes.
L/ Il dort ? Il est pas visible ?
Ph/ On va pas le réveiller pour un gratte papier.

Un frisson parcourt Lupo. Tancredi Costa ?
J'y crois pas, pas lui... 
Si ça pouvait être un homonyme ? Ça date de quelques années et le grade à l’époque était moins prestigieux mais sans doute le Costa avec lequel je jouais à ma grande époque, celui qui m’a prêté pas mal de tunes en toute camaraderie. Et c'est surtout à sa femme que j'ai remboursé en liquide la dette contractée. Lui, il n’a pas effacé les comptes !

Il cherche à tomber sur un gradé intermédiaire mais ça risquerait de lui coûter cher. 
Il choisit de rester dans son rôle mais personne ne réveille l'enseigne pour un message d'un gratte papier. Tant que le jour ne sera pas levé, rien ne va évoluer et les phalangistes risquent de partir avant l'aube. Le voilà coincé dans le château ennemi.

Devant le château, le temps passe, Pidocchi et Speranza se demandent pourquoi ça prend tant de temps. Il aurait réussi à se faire arrêter ce grand dadais ? Le jour se lève dans deux heures et toujours pas de Lupo de sortie. Le fait d'avoir un type ligoté et bâillonné à côté de soi risque d'être compliqué à expliquer aux premières lueurs de l'aube.
P/ On le relâche ?
S/ Et qu'est ce qu'il va faire se plaindre. Au secours on m'a attaqué. Y'en a d'autres qu'on déjà du passer le message.
P/ On a un Lupo potentiellement dans une geôle au château.
S/ On y peut quelque chose ?
Ils entament les liens des mains et laissent le prisonnier se débarrasser de ses autres entraves et filent vers l'hirondelle pour attendre le matin. Disparaître vite le temps qu'il se débrouille.

Presque au matin, on vient enfin s'occuper de Lupo puisque la relève vient de se faire
L/ J'ai un message pour l'enseigne mais vos collègues m'ont fait poireauter quelques heures. 
Pas impressionné, le gars de la relève le laisse à son tour patienter sur une chaise où il finit par se rendormir.

Le jour se lève et l'enseigne va enfin le recevoir après avoir fait ses ablutions du matin.
Lupo reconnaît son Costa partageur et fait profil bas
L/ J'ai reçu pour mission de vous remettre ce message.
Avoir l'air insignifiant, disparaître.
TC/ Qui t'a remis cette missive ?
Lupo donne le nom du scribe curial que Pidocchi lui avait fourni.
l'enseigne appelle un officier.
TC/ L'escouade est partie ?
C/ Oui commandant.
TC/ Qu'on envoie quelqu'un les stopper et qu'ils reviennent.
L'enseigne relit la lettre, contrarié.
L/ Y'aura t'il une réponse messire ?
TC/ Je vais la faire. Tu aurais dû me faire réveiller cette nuit
L/ J'ai demandé à ce que ça soit fait mais vos hommes n'ont pas voulu...une missive de scribouillard.
TC/ C'est fâcheux. Ils auraient dû me faire lever quand même.
L’enseigne s'assoit à un secrétaire et commence à rédiger sa réponse qu'il finit par donner à Lupo qui ne demande pas son reste pour filer.

 
Jour 13 - Encaisse de pizzo 


Le jour s'est levé, il sort enfin du fort et prend le chemin de l'hirondelle. Les habitués matinaux sont là pour le casse-croûte du matin. Il se fait indiquer la chambre de Pidocchi qu'il réveille car la porte était fermée.
L/ C'est fait. Ils m'ont fait poireauter les enfoirés
P/ T'as une réponse ?
L/ Oui mon seigneur. Tu veux la lire ?
P/ C'est bien que tu l'ais pas emmené la réponse au palais curial.
L/ Je peux le faire.
P/ Donne moi ça.
“Votre missive m'est parvenue tardivement, je fais le nécessaire pour que ça se passe au mieux mais je dois vous informer que plusieurs phalangiste sont morts et que nous ne pouvons pas clore cette affaire comme une simple rixe. Il est difficile de pouvoir tirer un trait sur tout cela et nous devrions nous rencontrer pour que la lumière soit faite sur cette affaire et que chacun puisse en retirer satisfaction.”
P/ T'es passé devant le Bœuf Rouge ?
L/ Non.
P/ On verra si ça a brûlé ou pas.


Pido reprend la direction de son lit pendant que Lupo va constater les dégâts. La porte est défoncée et Angelo porte des traces de coups. Il a été molesté sans savoir pourquoi. La salle a été vandalisée. Il fait appeler Zani pour qu'il prenne soin du tenancier.
Angelo montre d'un signe de tête l'étage.
L/ Ils ont tout ravagé ?
A/ Ils ont moins eu le temps. Un type est venu pour les faire cesser.

Au premier étage, tout est dévasté. Les armes d'Ettore ont été pillées dans sa chambre. Mais plus haut, ils n'ont pas eu le temps de monter mais ils ont quand même marqué leur territoire d'excréments.
Lupo redescend
 
Angelo/ Ils étaient une trentaine.
L/ C'est tout ?
Ang/ Ben ouais.
L/ C'est le problème avec les gens courageux.
Ang/ Ils ont demandé où étaient Ettore Stoccata et les autres de la bande.
L/ T'as pas pu dire et du coup ils t'ont refait le portrait.
Ang/ Un coup de manchette et je suis parti à dame.
L/ Bon, je vais rapporter ça à Pido.

Devant le Bœuf Rouge, il tombe sur Aniello qui constate les dégâts sans savoir comment aborder les choses.
L/ Tu veux me dire un truc ?
AP/ Il se passe quoi avec la phalange ?
L/ Apparemment des comptes à régler avec des anciens de chez eux.
AP/ Je veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais qu'est ce que je dois dire à Tonio ?
L/ Qu'il y a a quelques jour Ettore a dû refaire un peu d'ordre auprès des soudards qui étaient venus pour les filles. Ils ont foutu la merde.
AP/ Et cette nuit ?
L/ Ils sont revenus à plusieurs et ont trouvé à qui parler mais comme tous les sans-couilles ils ont appelé leurs potes.
AP/ Et c'est quoi la suite ?
L/ On va pas faire la guerre à la légion mais on va quand même se défendre.
AP/ Et tout le monde va bien dans les quattro Compari ?
Lupo sourit intérieurement, c’est surtout le sort d’une Compari qui le préoccupe.
L/ Ça va, c'est surtout Angelo qu'a ramassé.

Lupo retourne à l'hirondelle et il réveille à nouveau Pidocchi pour lui faire le topo.
Ils laissent Ettore dormir mais Lupo va chercher Speranza dans l’autre chambre à la porte de laquelle il toque.
S/ C'est pas moi !
L/ Non, c'est moi, c'est Lupo. Je peux entrer ?
S/ Oui
Il entre et la trouve émergeant du coffre de rangement où elle a semble t'il dormi et s’en vont rapidement dans la chambre de Pidocchi.
P/ Faut qu'on discute de ce qui s'est passé.
Lupo leur décrit la scène du Bœuf Rouge et son passage dans le camp militaire.
S/ Ils vont pas revenir ce soir ?
L/ J’espère que ton message a été efficace et qu'on n’aura pas de nouvelle visite.
S/ Faut fermer le temps de réparer le Bœuf Rouge.
P/ Y'a beaucoup de dégâts ?
L/ Le bas est ravagé, la chambre d'Ettore est défoncée.
P/ La cave ?
L/ Pas touché, ils cherchaient Ettore et n'ont pas atteint les autres chambres.
P/ Seulement celle d'Ettore ?
S/ Ils sont venus avec des chariots pour emporter toutes ses armes ?
Lupo hausse les épaules dans un geste d’ignorance.
L/ Mais ils ont surtout cassé la gueule d'Angelo.
S/ ça c'est dommage.
P/ Bien évidemment nous prendrons en charge les frais de Zani.
P/ Ettore reste à l'hirondelle le temps de récupérer et on va modifier la perception du pizzo. Comme les gens ne peuvent plus aller au Boeuf rouge, on va aller le chercher. Je vais faire une visite au palais mais dans les prochains jours on donne juste des consignes, on relève le pizzo et au bout de quelque temps.


Lupo choisit de l'accompagner afin que ça ne soit pas pris pour un moment de faiblesse mais le nombre de cadavres de phalangistes a convaincu les gens qu'il pouvait être dangereux de ne pas obtempérer.
Pidocchi va faire les comptes avec Renata qui remercie d'être intervenu, elle demande des nouvelles d'Ettore et ils répondent évasivement que l'affaire ne devrait pas traîner mais faut se méfier des Cazahorca.
R/ C'est eux qui viennent, on est les putes les plus proches. Donc, ça fait beaucoup de nos clients et ils ont été renforcés. D'habitude, ils sont une centaine mais là, sont trois fois plus.
P/ D'ailleurs, en cas de soucis, si Ettore n'est pas dispo, Lupo ou moi on sera là.
Elles ont l'air rassuré mais pas totalement. Elles payent le pizzo et Azzura s’en va pour faire la cuisine.
Renata en profite pour le prendre à part.
R-/ Pidocchi, tu me connais, je suis pas du genre à faire des histoires mais je trouve qu'Azzura est un peu trop attaché au blondinet qui vient la voir, le Gentile.
P/ Ah ouais ?
R/ Elle passe beaucoup de temps avec. Elle est en train de tomber amoureuse et je pense qu'il vient pas que pour ses beaux yeux.
R/ Ils passent pas mal de temps ensemble, ça cause et ça rigole beaucoup. M'est avis qu'il la fait parler. Des filles comme nous, ça les intéresse pas.
P/ Bien évidemment tu n'as rien dit à personne.
Lupo fait celui qui n'a rien entendu puisqu'on s'accorde qu'elle n'a rien dit.
R/ Faudra que tu me fasses mon compte, j'ai la pension des gamins à payer bientôt et je dois aller payer avant l'hiver. Pas tout de suite mais bientôt quand même.

Speranza laisse les chiens dans la chambre d’Ettore à l’Hirondelle pour partir vérifier ses affaires et l'état de sa chambre. 
Y'a des attroupements dehors de badauds, quelques Carpone qui discutent. 
Elle passe par le toit terrasse pour accéder au Boeuf rouge mais personne n'est rentré dans sa chambre. 
Les Cazahorca vont se faire pourrir la vie parce qu'elle a une vengeance qui mûrit à chaque petite trace qu'ils ont laissée dans leur repaire, elle déteste quand c'est pas rangé.
Piquer des trucs à l'un pour le mettre dans les affaires d'un autre, couper des sangles d'armure, ruiner des lessives, elle va devenir leur porte malheur. Une malédiction blonde vient de leur tomber dessus et elle sait faire pour pourrir la vie de ses ennemis. 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 47 – A la santé de la veuve Pia


Arrivés sur le coup de midi, Azzura propose à Pidocchi et Lupo de rester manger une fois la conversation faite avec Renata. Puis Lupo décide d'aller emprunter le lit dans la chambre de Speranza pour ne pas occuper une pièce supplémentaire de l'hirondelle vu qu'il a très mal dormi la nuit dernière, à sommeiller sur un banc.

De son côté, Speranza lance son plan de sape du camp Cazahorca. Une hallebarde empruntée à un type pendant qu'il se laissait aller à uriner tranquille. Quelques disputes provoquées pour des objets reçus sans avoir été lancés. Observer les relations pour trouver les agacements, les divergences et animosités sur lesquelles elle pourra jouer. Elle prend ses marques et ce n'est que le début de la fête, ils ont touché aux Compari alors elle va les faire payer.

La tournée du pizzo étant réalisée, Pidocchi va au palais pour apurer les factures en attente. Les habitants via Tamborini ont bien noté les traces du rififi mais comme les Compari sont encore là, les gens conçoivent bien qu'ils ne se sont pas fait écraser par la force d'expédition phalangiste envoyée chez eux. Un mélange de peur et de respect suinte de la rue.
Les souriceaux ramènent plein de racontars sur le duel entre Chiodi et Matado dont une rumeur qui court comme quoi le centenier serait tombé dans un guet-apens.
P/ Plutôt tombé dans le port!
Des bruits contradictoires mais rien de notable sauf Görd qui parle de tensions populaires dans les ateliers et pas que chez son maître. Pas seulement dû aux assassinats d'enfants mais les affaires tardent à reprendre et la ville voit venir l'hiver. Les mauvais jours arrivent et les derniers moments pour rentrer des sous se font gris comme le ciel. Les filles des filatures se plaignent de leurs conditions de travail.
Görd Hansen/ Petronilla ne dit plus rien en face mais elle ne lâche pas la pression. C'est tous les jours plus tendu. Je vois bien qu’elle remonte les autres dans mon dos.
P/ Faudrait relâcher la pression, tu crois pas? tendu, tendu, si tu rajoutes, ça va craquer
GH/ Je sais pas.
P/ Je dis ça d'un point de vue extérieur.
Görd se gratte la tête
GH/ On verra ça.
P/ La belle journée à toi.

En passant par Degli Ducati, il change la caillasse avant d'obliquer vers le palais Ducatore. Chemin habituel par l'arrière via la porte du jardin et il se fait escorter jusqu'à Spada Matado. L'attente est courte même s'il observe beaucoup de mouvement dans le palais et pas uniquement des clients du Podestat mais surement pour assurer la sécurité du palais après que Matado ait tué Chiodi dans ce duel sur le port. On le fait attendre dans un petit salon avec une légère surveillance des serviteurs. Par la porte entrouverte, il voit passer Maggio Coronazione, un habitué des lieux affilié à Ducatore, en grande discussion avec Rasicari, le propre neveu du podestat. Matado arrive rapidement
SM/ Bonjour Pidocchi.
P/ Bonjour maître Matado. ça c'est bien passé.
SM/ Sa seigneurie est ravie de vos services.
SM/ Y'aura enquête officielle. Ça a fait du bruit.
P/ C'était légal.
SM/ Sa seigneurie fait tout pour que ça passe pour tel.
P/ Y'a plein de témoins.
L'ancien centenier sait les risques qu'il a pris et ce qui pourrait lui arriver si ce n'est pas jugé comme un duel régulier.
P/ Il est temps de conclure le contrat.
SM/ Oui.
P/ On avait chiffré à neuf cent florins.
SM/ Sa seigneurie a ajouté cent florins.
P/ Sa seigneurie est trop généreuse.
SM/ Je pense aussi. Tu veux ça comment ? En pièces ou lettre de change ?
P/ Les lettres de change. Ça sera moins lourd et plus facile à traiter.
P/ Deux cent en cash et quatre lettres de deux cents.
SM/ ça va pas être simple à porter.
P/ J'ai une très belle sacoche achetée il y a peu. J'ai une question annexe, il se trouve que nous avons eu quelques heurts et troubles avec les Cazahorca, notamment, punitives de ces braves phalangistes. Je souhaite calmer les choses et j'ai cinq corps sur les bras, je devrais les faire disparaître ou les restituer ?
SM/ Ça viendrait de quoi ?
P/ Des frictions. Mais je ne souhaite pas nuire à sa seigneurie donc je demande conseil. Évidemment si le régiment pouvait partir en manœuvre.
SM/ Pas en ce moment. Cinq morts ? C'est des caza de ou ?
P/ Du castelleto Acigliato.
SM/ Le mieux c'est d'arroser le terrain pour calmer le jeu.
P/ Arroser le terrain ? A haut niveau ? Et pour les corps ?
SM/ Discutez-en avec le responsable pour voir comment c'est pris et cela pourrait être étouffé.
P/ On a calmé les choses de loin mais ils peuvent être rancuniers quand ils perdent des leurs
SM/ C'est sûr.
P/ C'est pas bon pour le commerce et je ne veux pas avoir des phalangistes qui aient des envies de vengeance dans le dos.
SM/ Voyez à monnayer ça auprès du capitaine responsable du chateau, l'enseigne Tancredi Costa, ça doit pas être la première fois que ça arrive. Qu'il ait le moyen de calmer ses troupes.
P/ Si cela convient à sa seigneurie.
SM/ T'as ce qu'il faut dans la sacoche.
P/ Je pensais en faire autre chose.
P/ Si vous avez encore besoin de nous.
SM/ On n'hésitera pas vu les informations qu'on a pu récolter sur les échanges et ce qu'on vient de discuter. Sa seigneurie est contente et saura faire appel à vous si besoin. Si vous pouviez calmer les choses avec les phalangistes.
P/ Après tout y'en a que six mille.
SM/ Non, quelques centaines au castelletto mais faites ça autrement.
SM/ Si on a besoin de toi, on t'enverra Lupo.
P/ Ah, oui! Suite aux incidents avec les phalangistes, le Bœuf est en cours de rénovation mais les gens du coin sauront le guider jusqu'à nous.
SM/ Lupo a une langue, il vous trouvera.
Un signe de tête conclut l'échange et fait prendre congé.

Pidocchi reconnaît en partant Diletino Schernittore qui échange avec Maggio. Pidocchi ne souhaitant pas se faire voir du plus jeune préfère filer discrètement.

Pidocchi choisit de passer par sa liste de connaissances pour trouver des menuisiers capables de remettre en état leurs logements. Chargé de tant de florins, il est instinctivement plus prudent que d'habitude, ce qui n'est pas peu dire vu son caractère méfiant le temps de rentrer à l'hirondelle.


Ettore a fait le tour du quartier en faisant semblant que tout va bien. Les gens le traitent avec le respect habituel, avec peut-être davantage de peur dans le regard. Pantaleo hésite à venir alors Ettore cherche un coin à l'abri pour le rejoindre.
Pa/ L'est pas là Lupo ?
E/ Non.
Pa/ J'ai un message pour lui.
E/ Tu veux que je lui donne?
Pa/ Je peux pas, faut que je lui cause “en personne”. Z'etes sûr, il est pas là.
Pa/ Vous savez où il est ?
E/ Non, bonne chance.
Pa/ Je peux rentrer dans la rue sans me faire taper?
E/ Ça dépend, t'es dans quel régiment?
Pa/ Hein ???
E/ Vas-y.
Ochi belli en a profité pour s'approcher à son tour.
OB/ Bonjour Ettore.
E/ Bonjour bellissima.
OB/ Y'a quelqu'un qui demande après Pidocchi chez la veuve Pia.
E/ Il ressemble à quoi ?
OB/ Un type, un bourgeois, il a bu un verre et dit qu'il venait pour une commission. Il a attendu un peu puis il est reparti mais il a dit qu’il repassera ce soir.
E/ S'il a goûté le vin de Pia, il doit savoir qu'il faut pas aller là.
OB/ Moi je picole pas.
E/ Si un jour tu dois, va pas chez Pia. Autre chose ?
OB/ Les gens ont peur que les phalangistes reviennent, même les alguazils ont peur ... y'a Tonio qui est venu mais l'a rien demandé à personne. Il a juste causé avec Angelo.
E/ On n'en pas vu dans la rue.
OB/ Angelo est un peu nerveux.
E/ Normal.
OB/ Il en a pris une bonne.
E/ Et il sait même pas pourquoi.
La gamine ne répond pas, Ettore lit dans son regard que Angelo sait bien qu’il en a pris une bonne à cause des Compari.


Ettore va voir Angelo qui jette dans la rue les meubles cassés. Il s'arrête quand il voit Ettore
A/ Bonjour don Compari.
E/ Désolé que ça soit tombé sur toi.
A/ C'est comme ça.
E/ ça devrait pas.
A/ Je fais quoi, je ferme?
E/ Tu nettoies et tu fermes. Je t'avouerais que là je suis pas état de passer le balais.
A/ Elle est où Pietra ? Histoire de l'envoyer voir s’il manque rien après dans vos chambres.
E/ Vu ce qu'il reste dans ma chambre,
A/ Vous me trouverez chez moi.
E/ T'es passé voir Zani?
A/ Ouais, il dit qu'il faut que ça désenfle.
E/ Repose-toi.
Angelo boite quand il reprend son ménage.
E/ La bonne journée Angelo et repose toi.
A/ Bonne journée don Compari.
Pantaleo passe la tête à la porte.
Pa/ Toujours pas là Lupo ?
E/ Non, on ferme.
Il détale sous les cris de quelques souriceaux locaux et les lancers de cailloux hostiles.
Après avoir fait un tour, Ettore quitte les lieux dans l'après-midi sans laisser paraître la douleur ni la moindre grimace. Un observateur verrait bien que la démarche est moins relâchée que d'habitude mais peu de gens auraient l'idée de lui en faire la remarque car la légende enfle sur le nombre de phalangistes qui seraient restés sur le pavé la veille alors que ce gars marche encore dans leurs rues.


À l'hirondelle, Pidocchi rentre et aperçoit à une table Majan en train de boire une boisson chaude devant tout un tas de papiers. Une Pietra souriante est en train de filer un coup de main à Amanda. Pido cherche Angelo du regard par habitude réalise le changement. Il se dirige vers la table de Majan.
P/ Puis-je?
M/ Je vous en prie, partageons une boisson chaude.
P/ Bonne idée par ce temps froid et humide.
M/ Comme vous voyez, je suis lasse de ma chambre et je suis venu dans la salle commune mettre au point des documents en attendant d'être remise.
dit-elle tout en faisant des tas pour laisser de la place au Compari et peut-être soustraire ces documents à son regard.
P/ Et ensuite?
M/ Trouver un bateau pour rejoindre mon ordre au duché de Bromaël mais je dois d'abord remettre mon rapport à Dessicada.
P/ Ça se présente bien ?
M/ Que voulez-vous dire ?
P/ Que le rapport éclaircisse la situation et aidera à rendre un bon jugement.
M/ Je n'aborderai pas cela dans une auberge mais nous en discuterons ultérieurement.
P/ Vous avez appris que le Bœuf Rouge est fermé.
M/ Rien de fâcheux ?
P/ Une envie de rénovation subite.
Sous le capuchon, le regard se fait curieux
P/ Si vous avez besoin de quelque chose de notre part faites le savoir.
M/ Je vous remercie de l'aide que vous m'avez fourni.
P/ Et nous de votre aide. Je pense pouvoir utiliser nos relations pour vous trouver un bateau.
M/ Je dois rentrer à Bromaël seulement après Dessicada mais dès que j'ai l'autorisation.
P/ J'espère que l'hiver de Bromaël est plus clément qu'ici.
M/ Certains endroits plus que d'autres.
P/ Y'a des coins moins civilisés, des barbares.
M/ Effectivement des Ouromagnes qui menacent les terres.

Pidocchi repart et croise Ettore qui venait d'arriver à la porte de l'hirondelle pour aller se coucher.
P/ Salut à toi Ettore, tu as l'air en forme.
Un léger souffle laisse passer dans un murmure crispé.
E/ Ta gueule.
Le temps de laisser passer l'air entre ses côtes douloureuses.
E/ Y'a Pantaleo qui cherche Lupo et un type qui t'attendait chez la veuve Pia.
P/ T'es passé au Bœuf ?
E/ Faut envoyer Pietra aider Angelo pour nos étages, y'a que elle qui y a droit.
P/ Il tient le coup ?
E/ Pas l'habitude de se faire bastonner.
P/ Bon, faut que je passe le voir, je suis passé voir notre grand ami
dit-il en jetant un regard appuyé à la sacoche qu’il tient contre lui,
c'est pour ça que je dois trouver Speranza. Je dois aller voir au bœuf pour faire le point avant qu'Angelo s'en aille.
E/ Attend avant de partir, c'est Pietra qui doit nettoyer l'étage.
Vu que Pidocchi est équipé de la sacoche pleine de valeurs, Ettore repart vers le Bœuf. La sécurité de leur argent d'abord, la sieste plus tard, peut-être.

Pido s'assure de la santé d'Angelo et de lui garantir que les frais de Zani sont pris en charge et cinq florins sortent pour la rénovation du Bœuf.
A/ Ça risque pas de revenir pour tout péter?
P/ J'espère que non et on va faire en sorte.
A/ On dit quoi à la clientèle.
P/ Ça va dépendre de l'artisan et de la vitesse ou il a des chaises et des tables. Les stocks sont ok ?
A/ A la cave, ils ont pris quelques tonneaux mais je suis pas monté voir là-haut.

Pendant que Ettore reste en bas devant la porte Pidocchi en profite pour aller faire l'état des lieux des étages. Au-delà du premier, il est rassuré par l'état des pièces.
Pidocchi planque les lettres de change et une grande partie des florins en plusieurs cachettes dont il a le secret partagé sans doute par Speranza qui adore les cachettes et les secrets.
Une lettre et cinquante florins restent de côté, pour les chuchoteurs.
Il faudra trouver Speranza pour deux lettres et les cent soixante florins restants qu'il va diviser en cinq comme ils le font à chaque fois pour que chacun ait sa part et qu'une réserve soit là pour les frais et en cas de coups durs.

Ettore dans la rue voit Pantaleo qui erre comme un malheureux dans l'attente de Lupo mais au bout d'un certain temps Pidocchi finit par redescendre des étages. L’ancien soldat est resté debout. Ça fait mal mais toujours moins que de se baisser pour s'asseoir ou même de tenter de se relever après s'il ne veut pas montrer de signe de faiblesse.
E/ Je serai pas contre aller me coucher.
P/ T'as plus de lit tu te souviens. Lupo dort à l'hirondelle mais y'a sa chambre si tu veux ?
Puis indiquant les escaliers.
P/ Au second.
Devant la grimace de douleur anticipée d'Ettore, il sourit de sa blague avant de repartir vers l'hirondelle. Pantaleo les suit à distance.
P/ Il veut quoi le garçon ?
E/ Lupo.
P/ Allez suis nous gamin.
Tout heureux, le mioche les rejoint en trottinant.

Pidocchi, Ettore et Pantaleo rentrent dans l'hirondelle et ce dernier sur un grand sourire approche de Lupo attablé avec Majan mais freine un peu en la voyant.
Pa/ Bonjour m'dame, bonjour monsieur Lupo.
Pa/ J'ai un truc à dire à vous.
L/ Vas-y.
Pa/ On m'a dit que tous les deux.
Il l'amène dans la chambre de Speranza le temps de l'échange.
Pa/ C'est un message de la dame qui m'a donné le message par écrit la dernière fois.
le mioche récite un message qu’il a mémorisé
Pa/ Elle m'a dit qu'elle voulait vous voir parce que c'est trop compliqué par courrier mais ni chez elle, ni chez vous, parce qu'elle connait pas et faut pas choisir le même endroit que la dernière fois que vous vous êtes vu, voilà.
L/ Merci mon gars.
Une piécette change de main.
Pa/ Elle a dit toute la journée mais pas chez elle, où vous voulez parce qu'elle connait pas trop d'endroits.
Lupo indique la taverne de l’Olivier via Maculata.
Pa/ Et quand ? Parce que selon ce qu'il se passe, c'est pas tout à fait la même chose qu'elle doit faire.
L/ Disons dans une heure.
Il hoche la tête et détale. Lupo commence à se préparer.

Ettore est monté péniblement à l’étage et s'est déposé doucement dans le lit. 
Pidocchi attend Lupo à une table et sur un signe le fait venir pour lui glisser sa part à Lupo trente florins en pièces.
P/ Ta part. Ça te dit pas de venir voir une belle femme qui nous attend ?
L/ J'en ai une autre là.
P/ La veuve Pia, ça te dit pas ? J'ai donné des fonds à Angelo pour nettoyer le Bœuf.
L/ Des nouvelles par rapport à nos amis noctambules ?
P/ Va falloir étouffer ça.
L/ À coups d'oreillers sur la tête ?
P/ À coups sonnants et trébuchants.
P/ Reste le sujet des cinq saucissons qu'on a sur les bras. J'ai demandé conseil mais la réponse est restée floue. On va réserver notre jugement mais j'ai d'autres frais à payer.
L/ Tu passes trop de temps à payer plus qu'encaisser.
P/ T'as autre chose ce soir ?
L/ Ben là, justement, j'y vais.
P/ Si tu croises Speranza, J'ai deux jobs pour elle.
Et voilà Speranza qui rentre par la porte de derrière de l'hirondelle.
P/ Te voilà, j'ai deux jobs pour toi, un facile et un moins.
S/ De toute façon je vais faire les deux.
P/ J'ai laissé des colis au Bœuf dont ta part à toi et faut les mettre à l'abri. Le second est plus délicat. On avait des souriceaux en planque quand Ettore est sorti dans la rue et j'aimerais bien comprendre pourquoi les souriceaux n'ont pas vu une phalange armée débarquée. Je voudrais pas avoir une branche pourrie dans l'affaire.
S/ Je m'en occupe.
Elle mime un garde à vous enthousiaste et sur un claquement de talon repart par-là d'où elle était arrivée quelques instants plus tôt.


À cette heure, il est encore tôt pour aller chez la veuve Pia mais quand Pido s'engage dans la via Tamborini en sortant de la via Ferrari, un caillou tombe des étages.
Un regard lui fait découvrir l'Anguille qui lui indique une ruelle où ils se retrouvent.
L'Anguille/ Bonjour monsieur Pidocchi.
P/ Bonjour à toi, qu'est-ce que je peux pour toi?
L'a/ Vous m'aviez dit de donner des nouvelles.
Ils parlent des bateaux, de la colère des dockers, de l'activité qui ne reprend pas et les histoires dans la ville basse après le sorcier du podestat qui a tué les gamins et qu'il y en a marre des sorciers. Puis il parle de ce qui s'est passé après le duel sur les quais et la réaction des gens une fois que Pido a quitté le port. L'intervention des alguazils, l'arrivée de phalangistes dont les Burlamuerte avec du gros rififi. Ils parlaient d'aller au palais Ducatore pour chopper Matado.
L'a/ Ils posaient des questions sur comment s'est passé le duel, vous devez vous en douter.
L'a/ Z'êtes pas facile à trouver, j'ai perdu du temps.
P/ Tu pouvais demander aux autres Compari.
L'a/ Moi je bosse que pour vous.
P/ Parle à n'importe quel Compari tu parles à moi.
L'a/ Les autres étaient pas là, il s'est passé des choses.
P/ L'affaire du duel devrait se calmer sur le port.
L'a/ Je surveille ?
P/ Pas spécialement mais si un bateau est affrété en urgence pour que quelqu'un parte, j'aimerai le savoir et surtout qui est le quelqu'un.
L'a/ J'aimerai avoir des responsabilités un jour, je suis jeune mais…
P/ Jeune mais capable, je le sais, ça viendra.
L'anguille repart par les toits et disparaît.

Pidocchi continue vers chez la veuve Pia, deux tables et six chaises mais déjà un client, ce qui change des seuls trois petits vieux habitués.
D/ Ah, voilà, l'ami dont je vous parlais est arrivé.
La veuve est enchantée de ce visiteur et elle repart sans même maugréer en les laissant dans la salle. Le client ressemble fort à Dagarella.
D/ Salut Pidocchi, ça fait un bail.
P/ Pas tant que ça.
D/ Goûte-moi ce nectar.
P/ Celui-là, t'es surprenant ?
Dagarella pose la boutanche plus loin et en sort une autre de sa sacoche.
D/ J'ai goûté tout à l'heure et je suis venu avec mes réserves.
Pidocchi parle moins fort et enchaîne en jar. 
P/ Dans un premier temps, nous avons d'autres nouvelles à régler. Nous avions convenu d'un accord mais j'ai été payé plus que prévu.
D/ Ça c'est toujours bien.
P/ Effectivement y'a un peu plus d'oseille que prévu.
P/ J'ai pas ça sur moi, je ne savais pas que c'était toi qui venait ce soir.
D/ J'avais dit à la môme que c'était pour une “commission”.
P/ J'ai mis ça de côté, je peux aller chercher ça quand ça t'arrange.
D/ Quand c'est réglé c'est réglé et quand la dîme est scellée, le cagou sera joyce.
P/ J'ai une autre raison pour que tu viennes au Bœuf, faut que je refasse la réserve de vin.
D/ J'ai des adresses pour toi.
P/ J'ai aussi une demande de conseil, j'ai une affaire dans la rue et j'ai quelques saucissons en trop. Quels seraient les conseils de nos amis communs? Des saucissons bardés.
D/ Des bardés, ça a à voir avec le castelletto?
P/ Faut les manger ou les restituer ?
D/ Ça dépend dans quels termes vous êtes.
P/ On est pas en terme pour l'instant. Tu connais l'enseigne?
D/ On mange pas à la même table mais il est raisonnable.
P/ Notre objectif est que ça soit calme pour le commerce local. Tout ça pour des histoires de filles en plus.
D/ L'amour, l'amour.
P/ Pas de suggestions particulières ? Juste histoire de pas marcher sur les orteils de quelqu'un.
P/ Et si je règle le vin à ton marchand et que je lui donne ta commission?
D/ Je préfère qu'il reste marchand de vin.
P/ Soit, dans ce cas-là, tu m'accompagnes et je te file ça.
P/ D'ailleurs ici, ça fait longtemps qu'elle n'a pas payé. Elle n'aurait pas une protection particulière ?
D/ Son mari avait un nom, c'était pas un cagou mais juste un « vrai » qui tenait tête aux Di Santi. Il avait son petit caractère d'où celui de sa veuve
P/ Ça, du caractère elle en a. Une fois que la fortune disparaît, il nous reste notre fierté.
Les deux hommes s’en vont pour partir au Boeuf rouge, Pidocchi choppe la bouteille que Dagarella avait volontairement laissé pour la veuve Pia et comme pour s'excuser ou s'expliquer auprès du chuchoteur.
P/ Une façon de régler son pizzo en retard, pis elle en saura rien.

Pidocchi fait patienter Dagarella dans l’auberge vide le temps qu’il aille chercher ce qu’il doit. 
Dagarella encaisse la lettre de change au porteur et les cinquante florins prévus pour dédommager les chuchoteurs d'avoir pris un de leurs contrats.
D/ Pour l'enseigne au Castelletto, t'as déjà des contacts ou t'en veux ?
P/ Ça serait bienvenu, j'en ai pas dans ce régiment en particulier. Mais je peux faire sans. 
D/ Ben débrouilles toi, ça sera un autre test.
P/ Un test qui amène où ?
D/ En vous endossant, j'ai été le vrai qui vous a permis de jouer ce coup-là. T'as été couvert, t'as joué franc jeu. T'as été payé plus et tu as été honnête. 
Si vous voulez devenir des gascâtres …
P/ Nous sommes ouverts aux suggestions.
D/ Si vous voulez travailler pour la guilde, discutez-en entre vous. Histoire que ça dissipe des vapeurs.
P/ Ils sont pas méchants.
D/ Si t'arrives à dissiper auprès des Cazahorca, ça serait bien que tu le fasses tout seul. Si t'as besoin, demande après moi à l'auberge des oliviers, au croisement de la via Maculata et de la via Mala.
P/ Un endroit calme?
D/ Calme et protégé
P/ Très bien, bonne soirée à toi.
D/ La bonne soirée.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Épisode 48 - Explications fraternelles


Lupo prend la direction de la taverne de l'olivier, entre Via Mala et Via Maculata, entre les bordels, les tripots et l'odeur des tanneries. Il commande à boire en attendant la demoiselle. Dans cet après midi couvert de début d'automne la cour et son olivier sont un peu fraîches pour recevoir une dame. Lucrezia finit par arriver avec un long manteau et dissimulée par une capuche.
Lp/ Salut Lucrezia.
Lc/ Bonjour Lupo.
Lp/ Que vaut le plaisir ?
Lc/ C'est suite à ton message.
Lp/ Y'a des complications ?
Lc/ Non aucune mais Andreo a d'autres sollicitations. Plusieurs personnes veulent une représentation et si on en fait une privée, il peut y avoir des fuites et elles vont se demander pourquoi elles n'ont pas été informées. Après, ça dépend quel prix tu mets.
Lp/ Me dit pas que t'as tout claqué, t'as pas ramassé assez ?
Lc/ Au départ c'était juste pour une diversion et ça s'est fini par un mort juste à côté de moi. C’est sensiblement différent.
Lp/ Si tu veux la prochaine fois je ne bouge pas. Je te laisse tourner de l'œil.
Lc/ C'est toi qui a failli tourner de l'œil.
Lp/ Pas souvent que je dois intervenir aussi près.
Lc/ Il est quand même mort entre mes cuisses …
Cette phrase reste en suspens, chacun s’observe un temps, se remémorant la scène.
Elle reprend

Lc/ Andreo sait que le succès est éphémère. Cette fermeture est catastrophique après si peu de représentations. Si la situation se prolonge, ça va être compliqué.
Lp/ Dis moi combien tu veux, j'ai bien compris.
Lc/ Il préfère qu'il y ait d'autres personnes, il ne veut pas décevoir des personnes importantes. 
Lp/ Dans ce cas, pas de problèmes de prix.
Lc/ Pour cinq florins, ça devrait être possible, en soirée dans deux jours comme une pièce normale.
Lp/ Normale ou on doit venir incognito ?
Lc/ ça se fera au théâtre pour une dizaine de personnes mais chacun à sa convenance pourra se mettre dans la salle ou à un balcon.
Lp/ Jamais pu trop profiter d'un balcon, ça me dit bien.
Lc/ Vous venez à combien ?
Lp/ On sera deux.
Lc/ Vous pouvez venir à plus.
Lp/ Je veux pas m'imposer, tu veux plus de monde ?
Lc/ Ça serait le même prix pour toi.
Lp/ Mes amis l'ont déjà vu. Ils savent déjà que c'est mon histoire mais ils ont déjà été malade comme ça.
Lc/ Il ne s'agit pas que de ta vie.
Lp/ La tienne aussi.
Lc/ Je ne suis pas le personnage principal.
Lp/ Peut être pour la prochaine pièce de ce génial auteur que Ciudalia a découvert depuis peu.
Lc/ Tout est si léger dans ta bouche.
Lp/ Écoute, vaut mieux que je prenne ça à la rigolade, certains auraient pu se vexer.
Lc/ Pour revenir aux suites de ce qui s'est passé ce soir-là, j'ai été abordée par diverses personnes dont ses compagnons.
Lp/ Oui ? Ils t'ont fait des problèmes ?
Lc/ Mezzasole est venu, des membres du régiment Burlamuerte plusieurs dont ceux qui étaient venus avec lui.
Lp/ Et donc ? Ils voulaient quoi ?
Lc/ En savoir plus, comment on s'est quitté.
Lp/ Ils t'ont pas fait plus de problèmes ?
Elle fait non de la tête mais Lupo sent bien sa peur sous-jacente mêlé à l’amusement qu’elle tire de cette imposture. 
Lc/ Évitons de se voir, on s'est quitté officiellement fâchés donc on ne se croise pas d'ici la représentation dans deux jours. On s'est fâché lors de notre repas sur la plazza.
Lc/ Il faudrait que l'on se refasse une scène de comédie un de ces jours, je communiquerai par le petit gamin, Il n’a pas grand chose dans le crane mais il retient bien
Lp/ C'est un bon résumé, il est gentil.
Lc/ À dans deux jours.
Lp/ À dans deux jours et porte toi bien, mes amitiés à Andreo.
Lc/ Il ne sait pas que je te vois.
Lp/ Il n'est pas jaloux.
Lc/ Pour un acteur.
Lc/ Et toi, les amours, comment ça va ? C'est un ou une que tu amènes ?
Lp/ Une personne qui aurait fait hurler maman mais je ne sais pas où ça en est.
Lc/ Si jamais on se croise ou si tu es démasqué comme étant mon frère présent à la représentation, je ne suis pas au courant.
Lp/ Je dirais être invité par Emilio Rossi.
Lc/ C'est fort à propos. Et qu'en est-il de Demestilla ? Tu l'as vu dernièrement ?
Lp/ Quelque temps que je ne l'ai pas vu. On a échangé quelques lettres mais les circonstances m’ont empêché de la voir.
Lc/ D'autres choses à faire sans doute. Comme d'habitude.
Lp/ Tu as bien vu l'autre soir, je dois gérer plus simple que la bagatelle et pas seulement des cocus.
Lc/ Tes bagatelles n'ont jamais été simples.
Lp/ Encore moins simple.
Lc/ Elle m'inquiète.
Lp/ Pourquoi ?
Lc/ C'est surtout une amie de Maggio mais elle a du mal à sortir en ce moment, ce n’est pas tant à cause des troubles en ville mais elle semble touchée.Tu n'en sais rien ?
Lp/ Je ne sais pas trop. Je ne crois pas que ce soit à cause de ne pas m'avoir vu.
Lc/ Je pars la première, il est déjà tard et j'aimerais rentrer avant la nuit
Lp/ Soit prudente mais tu l'as toujours été.
Lc/ J'ai moins de problèmes avec les maris cocus.

Lupo reste un peu, paye la note que Lucrezia en partant la première lui a naturellement laissée, puis hésite à traîner un peu Via Mala histoire de voir s'il y a des parties dans le coin pour les quelques florins qu'il avait prévu si sa sœur avait demandé une rallonge. Il choisit finalement la voie de la sagesse et d'aller confirmer à Majan qu'ils auront accès à une représentation dans deux jours.
Il la trouve encore dans les papiers pour les deux derniers rapports destinés à son ordre à Ciudalia et à Bromael, alors il reste dans un coin pour lui tenir compagnie sans déranger son travail.


De son côté Speranza casse les filatures éventuelles par un chemin ponctué d'interruptions, de passages par les ruelles, de changement de capuche voir de vêtements. Un passage par les combles abandonnés d'un grenier où elle prend le temps de faire douter un éventuel suiveur.
Après avoir déposé son butin dans ses cachettes, elle revient avec la même précaution et elle va décider de filer et d'observer les souriceaux. En cette fin d'après-midi frisquet, un brin humide, d'automne ou l'été se fait déjà regretter, la bande est déjà presque complète dans leur planque à part Zenzero et Bella. Speranza a profité du chemin pour toper à une cuisine entrouverte quelques biscuits qu'elle entame assise sur un bord de fenêtre. Elle sait ne pas se faire remarquer sous les ombres d'un toit en partie écroulé. Elle observe la vie des souriceaux entre rigolade et chamailleries quand on peut avoir le temps de jouer avant une éventuelle mission pour Pidocchi. Ça pinaille sur les répartitions ou le partage.  Elle les écoute un moment pour savoir qui s'impose, qui provoque et qui a quel rôle dans la meute. Bella et Zenzero reviennent du temple où ils ont été voir Zoppa et ils racontent aux autres jusqu'au moment du repas partagé. Speranza choisit ce moment pour ajouter l'assiette de biscuits au menu et posant ça sur la poutre qui sert de table.
Bella parle la première et Scimmia se lève pour lui laisser son siège.
/Bella Bonsoir Speranza.
Les premières mains avides de gâteau sont calmées d'une tape sur la main de Bella qui sait être obéie.
S/ Puisque j'ai votre attention, j'aurai une petite question.
Temps de silence attentif, un ange passe en haillons et file sans demander son reste.
S/ Comment ça se fait qu'on a pas été averti de l'arrivée des phalangistes hier soir ?

Un peu surpris, ils se regardent tous puis regardent les cinq qui étaient sur cette mission.
Scimmia regarde surtout Donnola et Sfacciato qui pourtant ne sont pas côte à côte.
Lurido et Zenzero regardent les mêmes mais il semble qu'ils ont dû déjà en parler car Zenzero se ferme un peu et Lurido se mord la lèvre alors que Scimmia semble embêté.
Pour une fois que cette grande gueule de Sfacciato se tait. Bella pose son assiette en attendant la réponse qui tarde à la lumière du feu, Scimmia craque le premier.

Sc/ Ils sont venus par devant, pas vrai ? C'était toi Sfacciato qui était devant.
Sf/ Il pleuvait beaucoup, on s'était mis à l'abri.
S/ Que moi vous ne me voyez pas, ça fait une heure que je vous regarde mais que vous voyez pas dix baraques armés de bâtons ferrés ?
Sf/ Ils étaient pas dix de notre côté.
S/ Comment ça ? Ils étaient combien ?
Sf/ Cinq. Ils nous ont coincé, on était resté à l'abri, hein Donnola.
Donnola/ Oui, comme il pleuvait fort on s'était dit qu'il allait rien y avoir on s'était mis dans la petite cour près du forgeron, là où les Carpone s'étaient mis.
S/ C'est pas votre poste.
Sf/ Si, on regardait de temps en temps.
S/ Vous n'étiez pas à votre poste !
D/ On y était mais pas en permanence.
S/ Et donc Ettore a failli se faire dessouder.
D/ Et quand on les a vu, ils étaient là, on pouvait pas sortir.
S/ Et vous avez pas expliqué ça à Pido au lieu que je vienne demander ?
S/ Parce que là ...en fait...on est en train de se demander....si vous étiez pas à votre poste....vous voulez plus bosser pour Pido ...vous nous avez peut-être vendu.
Sfacciato se redresse brusquement et reprend son fonctionnement normal et insulte vertement Speranza.
Sf/ Mais pour qui tu te prends connasse ?
S/ Mais pour quelqu'un qui a failli crever à cause de tes conneries.
Sfacciato s'énerve toujours.
Sf/ C'est toujours nous qui sommes responsable de tout si Pidocchi veut plus de nous, il a qu'à le dire, nous on a que les os à ronger pendant que lui il a la belle vie au chaud au Boeuf Rouge.
Bella se mêle à l'engueulade en reprenant Sfacciato.
S/ ça suffit.
Les gamins les plus petit pleurent et Bella doit calmer les enfants et intimant à Sfacciato de se taire. Certains voudraient s'en mêler. Lurido et Scimmia en profitent pour glisser quelques coups à Sfacciato en l’insultant.
S/ CA SUFFIT !!
S/ Vous croyez que ça résoud le problème ?
Quelques baffes de plus ramènent enfin le calme.
S/ Je te demande pas tes récriminations après Pidocchi. Là c'est Ettore et moi par la même occasion.
Sf/ Ouais ben j'ai merdé quoi.
S/ C'est tout ce que je veux savoir. Je vais rien rajouter à ça.
S/ C'est vous les cinq qui allez expliquer à Pidocchi et aussi vos excuses à Ettore parce qu'il a eu de la chance de s'en sortir. Et des excuses aussi à Angelo qui a pris. C'est pour ça que le Bœuf a été cassé et que c'est fermé.
Les gamins regardent Bella.
S/ T'as quelque chose à dire ?
B/ Non.
Mais elle bafouille alors Speranza insiste.
S/ C'est à moi que vous parlez.
Donnola/ T'as raison, on ira s'excuser auprès d'Ettore et expliquer à Pidocchi, tous les cinq.
Même Sfacciato acquiesce.
S/ Bella ?
B/ Oui ?
S/ J'attends.
B/ Est-ce que ça te convient Speranza ?
S/ C'est pas moi qui ait eu le plus à en souffrir mais si je vous confie ma couenne, je veux pouvoir le faire en toute sérénité.
Sur ces dernières paroles, Speranza repart vers le Bœuf Rouge rejoindre Pidocchi maintenant que la nuit est tombée.


Au Bœuf Rouge, Pidocchi essaye de planifier à l'étage comment il va pouvoir aborder l'enseigne Tancredi Costa et parmi les douzaines de plans qu'il imagine pour pouvoir en réaliser un vraisemblable quand la situation va se présenter. Il essaye de profiter du calme du soir pour dormir à un horaire presque décent mais un coup sur la porte précédé d'une Speranza qui est déjà entrée interrompt ses velléités de sommeil.
P/ Quoi de neuf ?
S/ Je suis allé voir les souriceaux.
P/ Et alors ?
S/ Ils ont merdé. ils ont été se mettre à l'abri.
P/ Ils ont merdé tout seul ?
S/ Oui à priori.
P/ Des noms en particulier ?
S/ Sfacciato et Donnola, ils étaient dans la petite cour de la forge.
P/ Mais on voit rien de là- bas ?
S/ Je leur ai passé une chasse.
P/ Tu les a pas tué ni estropié ?
S/ Sfacciato était très remonté.
P/ Selon les habitudes du milieu t'as été clémente.
S/ Est-ce que tu as parlé à Bambolina ?
P/ Pas eu l'occasion.
S/ Tout ce que tu lui dit finit dans la conscience des autres.
P/ Faut les surveiller, y'a un petit vent de rébellion.
S/ Ils crèvent un peu la faim.
P/ Donnola ?
S/ J'ai pas dit Donnola. Sfacciato, c'est une grande gueule.
S/ Ils sont pas si bien protégés pour des gens qui bossent pour les Compari.
P/ Maintenant qu'on est en fond, ça peut se regarder. Et l'autre sujet ?
S/ ça, c'est réglé. Y'a des choses que j'oublie mais ça jamais.
P/ Possible que je t'envoie en chercher une partie mais je vais te souhaiter une bonne nuit car moi même j'allai justement me coucher. Tu sais où sont les autres ?
S/ Pas du tout.
P/ C'est la beauté des Compari, on ne sait même pas où ils sont.

Pidocchi finit par aller se coucher.
Speranza profite de la nuit pour poursuivre son réglement de compte personnel avec les Cazahorca. Les troubles commencent à se répandre au sein du régiment …

 
Jour 14 - Quand la ville gronde

Ettore comme à son habitude se réveille tôt, il a pu dormir l'après-midi avant une nuit complète et ses contusions le font beaucoup moins souffrir. 
Ce n'est pas sa chambre habituelle. Il se redresse, son chien est bien là donc il est à un endroit à l'abri. Il sort promener les chiens via Ferrari puis vers le Boeuf Rouge et dans les rues où il reproduit comme à son habitude sa ronde matinale dans le brouillard qui ne s'est pas encore levé. Une silhouette qui sort d'un immeuble résidentiel de la rue ne devrait pas l'étonner mais cette personne part subitement dans la direction inverse d’où il se trouve. Alors que Ettore salue les voisins, cette silhouette s'éloigne sans dire bonjour.
Il continue de marcher et elle a accéléré le pas. Il accélère pour se rapprocher, devine une robe, une silhouette féminine dans le brouillard.

E/ La déesse vous bénisse madame.
Mais comme elle continue de filer, il court et très vite se retrouve proche d’elle qui se retourne pour faire face à son poursuivant. Alba, la scribe, le regarde avec un air pincé.
E/ La déesse vous bénisse.
A/ La déesse vous bénisse.
E/ Ne partez pas si vite, on dirait que vous me fuyez.
A/ Il y a des rumeurs.
E/ Rumeurs ou vérités ? Vous voulez qu'on en discute ? Le plus simple parfois c'est de poser les questions et si je peux répondre, je le fais.
A/ C'est compliqué, il y en a plein.
un sifflet pour faire venir Pirate et il commence à jouer avec son chien devant une scribe qui se demande à quel genre de bonhomme elle a affaire.
E/ Commencez donc et on verra.
A/ Une comme quoi vous protégerez Tossatore en mettant la pression sur ses employées.
E/ C'est vrai. Il veut pas d'emmerdes dans ses filatures, que ça tourne rond et que les gens travaillent. Donc quand certaines veulent faire stopper, on vient leur expliquer que c'est risqué et que leur patron ne va pas apprécier.
E/ Une autre ?
A/ Non à vous.
E/ Il paraît qu'en ville courre la rumeur que c'est le mage de Ducatore qui aurait crevé les yeux des enfants.
A/ C'est vrai.
E/ C'est faux. Nous on a cherché et on a trouvé la personne qui avait fait ça. C'était une sorcière
A/ Il faudrait que vous produisiez des preuves pour que je vous crois.
E/ Elle est morte et on a livré son corps à des autorités qui prennent ça en charge en haut lieu.
Et celui qui est soupçonné, c'est pas le bon. Il n'était même pas là quand c'est arrivé aux derniers.
A/ Il y a eu d'autres enfants que ceux de Monbello ?
E/ Oui, c'est le cas. Dans le second dont on a eu connaissance, y'a un des gamins qui bossait pour nous. On l'a cherché, on l'a trouvé et celle qui avait fait ça, elle avait déjà crevé les yeux des gamins, on l'a choppée, on l'a tué et livrée aux enquêteurs. J'ai moi même eu à subir la magie de cette sorcière et elle en a blessé plusieurs dans la bagarre. On l'a livré aux nobles et au culte qui menaient l'enquête.
Fin de sujet, Alba joue le jeu et tente d'aborder une nouvelle rumeur.
A/ Les gens des quartiers riches n'en ont rien à faire du peuple de la ville basse ?
E/ C'est à la fois vrai et faux. Ils n'en ont rien à faire des gens en général. Mais en ce moment, ils sont en conflit à leur niveau pour se partager les bénéfices de la guerre. Ils se cherchent entre eux, ils sont sur les dents, ils ont peur et sont surarmés, c'est pour ça que les phalanges sont cantonnées en ville. Quand les grands fauves se battent autour d’une dépouille, le petit animal qui tenterait d’en profiter risque lui aussi de finir en repas. Pour que ça ne dégénère pas en une révolte qu’ils ne peuvent pas maîtriser en ce moment, car ils sont occupés à se battre entre eux, ils sont prêts à lâcher les soldats sur la foule comme l'autre jour sur le port. 
Je sais, j'y étais. 
Si on laisse les gens se rebeller, contester, les sénateurs vont tout écraser dans le sang pour garder leurs places en vous envoyant la phalange.
A/ Si la ville basse ne bouge pas, qu'est-ce qui changera ?
E/ La météo.
A/ Mais vous participez à cette oppression. Si ils vous le demandent, vous n'hésitez pas à vous en prendre aux gens des ateliers.
E/ On me paye pour ça.
A/ Vous servez les mêmes maîtres que les soldats. Pas au son du tambour mais au son des florins.
E/ Je me lève quand je veux. Je travaille si je veux, je reste dans ma ville au lieu d'être envoyé partout dans le monde pour la gloire des autres.
A/ Vous n'avez pas un idéal ?
E/ J'ai essayé, j'ai été envoyé tuer des gens loin la-bas, défendre ou répandre les idées de cette cité à des gens qui vivaient bien sans. L'idéal au service d'un autre, c'est jamais le bon.
A/ Si vous dites vrai, ne pensez-vous pas qu'un père doit être prévenu qu'on a puni ceux qui ont tué ses enfants ? Qu'il a le droit de savoir. Que vous devez fournir des preuves de ce que vous dites ?
E/ On a plusieurs témoins, on a trouvé les enfants sur place et même un membre d'un clergé était là quand on est intervenu. Mais on ne doit pas en parler à n'importe qui, donc on doit le taire.
A/ Si c'était menterie, je ne m’y prendrais pas autrement … 
Regardant Ettore qui ne bronche pas sous le sarcasme, elle reprend d’un ton plus amène
mais vous pourriez informer leur père au moins.
E/ Il me semble que Pido l'a prévenu.
Surprise dans un premier temps à la mention de Pidocchi, elle hoche la tête et se retourne pour reprendre son chemin après les salutations habituelles de cette rencontre qui ne l'est pas avec cette brute simple et difficile à cerner à la fois.

Pirate le rappelle à son estomac, ils partent au Boeuf Rouge, leur cantine habituelle.
Ettore va récupérer les clefs chez Angelo et ouvre la porte arrière du Boeuf pour récupérer un peu de nourriture pour lui et son chien. Les réparations ont débuté et Angelo a commencé à refaire le stock de provisions. 
Sa piaule est toujours dans un sale état et pas nettoyée, odeur de pisse et étron décorent la pièce parmi les meubles cassés. S'il restait des trucs à casser, il les finirait lui-même. Ettore furieux tape dans les murs, balance par la fenêtre les objets détruits, maudit les Cazahorca sur trois générations au moins. S’il en choppe un, y’aura pas d’autre génération pour celui-là.

Réveillé par le boucan, Pidocchi reconnaît la voix d’Ettore et descend le voir. A mi-chemin de l'escalier, Pido attend pour éviter les projectiles.
P/ Je peux aider ?
E/ Qu'est-ce tu fous là ?
P/ Visiblement t'as l'air agacé.
E/ T'es pas à l'hirondelle ?
P/ Non, j'ai dormi ici, d'ailleurs ils ne sont pas venus, j'attendais une petite visite de souriceaux.
Speranza descend à son tour alors Ettore demande à la cantonade au cas où.
E/ Lupo ?
S/ Il est pas là.
E/ ça c'est normal au moins.
S/ En fait, j'ai discuté avec Pido.
E/ Ils se sont pas ennuyés.
S/ “Les cons ça ose tout, c'est comme ça qu'on les reconnaît.”
E/ Ils ont fait ça à combien ?
S/ Tu veux pas essayer de dormir un peu ?
E/ Ben, c'est le matin.
E/ Y'a la scribe qui sort de chez Petronilla. Si tu veux calmer la ville basse, faudrait lui causer et commencer en rendant son livre.
P/ Y'a rien dedans de toute façon. ça pourrait être une monnaie intéressante.
E/ ça ouvre des portes d'entrées plutôt que de fermer des fenêtres.
P/ Si tu trouves où elle habite.
E/ C'est une scribe de rue. Tu demandes, tu trouveras.
P/ C'est quoi son nom ?
E/ Alba, je crois
P/ j'irai ...sinon, dis moi , j'ai pressenti quelques options dans lesquelles tu pourrais en tant qu'ancien phalangiste. Il s'agirait de rentrer en contact avec leur enseigne pour convenir d'une compensation financière.
E/ Ah mais je vais faire ça.
P/ Que tu rentres en contact sans trop mettre de pression.
E/ Je veux bien faire un peu de pression mais ça sera pas financier. Lui écraser sa gueule !
P/ Ils sont nombreux les phalangistes.
E/ Le poisson pourrit par la tête, ça tombe bien, celui là on sait où le trouver.
P/ Celui là est trop frais, ça doit être un noble.
Ettore hoche la tête en signe de dénégation
E/ Ça reste un soldat, les phalangistes, c'est soldé, les nobles, c'est au dessus.
P/ Lupo n'est pas le meilleur contact pour ce cas là
E/ Tu t'imagines que c'est moi ?
P/ Ben Speranza non plus vu que c'est un camp de phalangistes.
E/ Tu veux que je lui écrive un mot pour signifier mon désagrément que ces connards aient cassé ma piaule, volé mes affaires, pissé dans mon lit, tenté de me casser la gueule et que je vais gentiment me payer avec les dents en or que je trouverai sur chaque Caza qui me tombe sous la main ?
Pidocchi ne se risque pas à poursuivre sur le sujet et invalide dans sa tête la candidature d’Ettore, rapidement il met également de côté la sienne. Décidément, il va falloir qu’il pioche dans ses relations afin de trouver la bonne âme adéquate pour suborner une enseigne.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 49 - Un coup de sang d'Ettore pour éviter un bain de sang


Devant l'urgence de la situation et une tartine de saindoux, Pidocchi décide que négocier une trêve avec l'enseigne Tancredi Costa du régiment Cazahorca est à prioriser comme étape suivante mais qui envoyer ? Aucun des Compari n'est vraiment adapté à la situation à part Pido mais il n'aime pas les contacts directs alors il se prépare à joindre l'enseigne via Benito Carpone ou un autre intermédiaire chargé d’adoucir les angles. Prendre une lettre de change qu'il faut casser en sommes adaptées et transportables.

Les souriceaux lui servent d'escorte et d'éclaireurs sur le trajet.
Alors qu'il remonte la rue, il semble que pas mal d'ouvrières ne sont pas dans les ateliers et certaines tentent de convaincre les autres de ne pas aller bosser non plus. ni chez Tossatore ni dans les autres fabriques du quartier.
Pido observe mais Petronilla Pagliuso n'est pas parmi les leaders cette fois, elle reste à distance et lui jette même des coups d'œil discrets.
Ça cause salaire, sécurité et mains baladeuses, ça s’énerve contre les conditions de travail.
Pido avance avec juste une main sur la poignée d'une dague mais cinq ateliers, ça fait vite dans la cinquantaine d'ouvrières qui occupent la rue.
Pido décide d'aller voir Petronilla en tête à tête, elle s'inquiète de le voir avancer alors elle s'écarte pour que le groupe ne les entende pas
P/ C'est quoi ce bordel, encore des revendications ?
PP/ Ben ouais.
P/ Tu sais comment ça va finir, c'est sur moi que ça va râler et on va s’énerver.
P/ Tu veux pas les faire rentrer ?
PP/ Si tu veux les convaincre, vas-y.
P/ Tu te rends compte que ça va amener des problèmes à tes collègues, à tes amies.
PP/ J'ai rien fait.
P/ Je parle pas de toi, de celles qui causent le plus fort.
PP/ Le travail ne paye pas et avec la fin de la guerre les prix n'ont pas baissé.
Il tente une blague qui ne rencontre que le silence hostile.
P/ Pour le moment j'ai pas été sollicité mais fais trouver à tes collègues un accord rapidement parce que rappelle toi que si les gens payent un pizzo, c'est pour que ça soit réglé rapidement et qu'il n'y ait pas d'agitation ou de problèmes comme ça.
Il tourne le dos et s'en va

L'agitation n'est pas propre à notre rue, c'est même un problème pour beaucoup d'ateliers tout au long du trajet. La population s'est passé le mot ou la ville a atteint un seuil de tolérance.


Speranza a eu toute une nuit pour faire évoluer sa vengeance et les agaceries vont monter en niveau au fur et à mesure des jours. Pour le moment, c'est surtout une phase d'observation afin de pourrir au mieux les phalangistes Cazahorca quand elle décidera d'entrer en action. Elle ne frappe qu’en étant sûre de ne pas être vue.


Ettore part en direction de chez Julio Carpone alors que Lupo n'a cette fois pas fait la grasse matinée mais se dirige vers le Bœuf Rouge. Les deux hommes se croisent et échangent sur les dernières informations du matin avant que chacun reprenne son chemin.

Ettore, finit par arriver devant la boutique de chapeaux que tient la femme de Julio et il lui fait demander après son mari.
Julio descend de l’appartement situé à l’étage, il désigne de la tête l’arrière boutique, attrape une bouteille et deux verres et ils s’attablent tous les deux. 
E/ Bonjour Julio.
J/ Bonjour Ettore.
E/ Je voulais voir avec toi comment on fait pour chopper Azzo et ensuite faire libérer ton fils
J/ Elle en a discuté hier ?
E/ Hein ?
J/ Je suis allé voir les Morelli avec elle pour qu'elles en parlent.
E/ Avec Rosina ?
Julio acquiesce
J/ On s'est mis d'accord pour aller chercher Azzo. Il devrait être planqué à Montefelone d'après certains Carpone parce qu'il a de la famille là-bas. J'y vais avec Zora et Torello Morelli et on tente de le trouver, sur place.
E/ Ça va pas être simple mais s'il se pense en sécurité, il peut faire des erreurs et il ne doit pas connaître ces deux-là. Il va te reconnaître, tu penses pas que ça posera problème ?
J/ J'y vais surtout pour aider les Morelli à régler l'affaire, c'est pas prévu qu'on le ramène si tu veux.
E/ Y'en aurait pour combien de temps ?
J/ Vu la saison, les chemins commencent à être trempés par la pluie, faut compter un mois pour l'aller et le retour le temps de le trouver sur place.
E/ Ça aurait été moins je t'aurais proposé d'y aller avec toi mais en ce moment, on ne peut pas.
J/ Si tu changes d'avis, on part demain matin à l'aube.
E/ Tu veux que je veille sur la boutique pendant que t'es pas là ?
Julio fait non de la tête.
J/ Ça va être compliqué pour Argante et Rosina pendant ce temps vu que je vais être absent et qu'il n'y aura que Natale de mec sûr.
E/ Qui voudrait leur faire à l'envers ?
J/ Y'a pas de meneurs désignés mais si vous traînez dans le coin ça peut déclencher les plus vindicatifs. Si des Carpone veulent se battre et que Argante ou Rosina disent non, leur poste peut être remis en cause.
E/ Je verrai avec Argante, discrètement, et je vais prévenir Pidocchi.
J/ Y'a pas mal de choses à vif mais le fait que Rosina veuille la paix, certains lui en veulent même si personne ne se déclare directement. C'est que la veuve de Vascularino, c’est pas une Carpone.
E/ Vous vous êtes arrangés pour faire une partie du chemin ensemble avant Montefelone.
J/ Je pars seul de mon côté et je les retrouve dans Camporeale.
 E/ Ouais, on ne verra pas que tu es avec des Morelli pour éviter que ça se rebelle ici.
Comme souvent, Julio ne répond que par un signe de tête, avant de dire après un temps de réflexion.
J/ Y'a que Rosina et Argante qui sont au courant que je pars pas seul et pas visiter de la famille.
E/ Je vais sortir en faisant un esclandre dans ce cas mais c'est pas contre toi.
E/ Bon voyage et la bonne journée
J/ Bonne journée Ettore.

Ettore finit par quitter les lieux en claquant la porte et laissant imaginer à d'éventuels témoins un esclandre entre Julio et lui au cas où les Carpone auraient mis des curieux sur sa piste.


Lupo arrive vers le Bœuf Rouge et il constate que Via Ferrari et Via Tamborini, parmi les bonjours Don Compari, y'a aussi une agitation du côté des maréchaux-ferrants, y'a des problèmes à embaucher ce matin. Les ouvriers n'ont pas décidé d'aller trimer comme d'habitude et via Tamborini, les ouvrières et lavandières restent dans le même esprit de contestation face aux fabriques qu’avait constaté Pidocchi tôt le matin, mais de façon plus collective que les ferronniers.
Les revendications sont concertées et pas propres à notre rue. Au niveau des fabriques de tissage, les gens restent dans la rue.
Il contourne la foule en laissant traîner les oreilles et se dirige vers le lavoir sur la place au bout de la via Tamborini pour discuter avec les lavandières sous mine de se désaltérer et nettoyer ses bottes.
Ça cause contestation, que la fin de la guerre n'a pas diminué les prix de la nourriture alors qu'il y a moins de travail, que la paye est moindre car le commerce n’a pas vraiment repris. Globalement, le sujet semble être compris et les plus résignés se sont mis au travail. Les ateliers ajoutent à ça le problème de sécurité qui cause de nombreuses blessures surtout sur les enfants qui doivent parfois passer sous les métiers à tisser pour passer les bobines ou débloquer les machines. Dans le quartier de Benjuini, la grogne est montée au fur et à mesure des jours et voilà que ça déborde dans les rues.

Lupo repart vers le milieu de la via Tamborini où se situent les fabriques de tissus où de nombreuses ouvrières restent à faire le piquet de grêve. Il fait la conversation comme à son habitude avec ces dames.
L/ Ça va ce matin ?
o/ Dans le quartier, ça va mal. La vie est chère. A un moment ça va péter.
L/ Il faut.
o/ Quand on voit qu'on a du mal à nourrir nos enfants et que les nobles achètent des tissus de l’étranger.
L/ Tossatore n'y arrive plus ?
o/ Il paye moins bien.
L/ Il est en difficulté avec les tissus étrangers ?
o/ C'est ce qu'il raconte, c’est surtout un prétexte pour mettre quelques filles dehors.
L/ Celles qui n'ont pas le choix vont rester même si la paye est moindre.
o/ Tous les tâcherons qui sont sur le port et qui n’ont pas de boulot prennent le travail à des prix plus faibles, ça fait concurrence aux ouvriers de Benjuini.
Il regarde vers Petronilla qui pour une fois ne mène pas la danse alors que d'habitude elle est parmi les plus virulentes.
L/ J'espère qu'il y a pas trop de vilain prévu.
o/ Chacun veut rencontrer son patron mais pas tout seul. On veut être toutes là pour causer  du travail et des cadences autour d'une table. Pis des accidents aussi.
L/ Et Tossatore, il fait la sourde oreille ou il négocie ?
o/ Les filles veulent pas reprendre tant que les discussions n'ont pas eu lieu.
L/ Vous avez vu que Ferrari ça braille aussi.
o/ Rue des potiers aussi, depuis plusieurs jours. Ça grogne beaucoup dans Benjuini.
L/ Ça m'étonne des maréchaux-ferrants.
o/ Aussi sur le port et à l'arsenal.
L/ Pourtant doit y en avoir des coques de noix à faire après ces batailles.
o/ Visiblement, même au niveau des maisons de commerce ça s'engueule.
L/ C'est globalement le bordel.
o/ Y'a de quoi. On y arrive plus 
L/ Pour une fois que c'est pas nos braves soldats revenus du front.
o2/ De toute façon c'est la faute aux ressiniens, avec tout le pain qu'il a fallu pour les soldats et comme le commerce a pas repris avec Ressine, y'a pas assez de pain ni de travail.
Il reste un peu à prendre le pouls de la rue. Quelques filles finissent par aller au travail sous les huées de celles restant dans la rue.


Ettore se fait guider par le premier souriceaux venu pour retrouver Pidocchi qui était parti pour obtenir des Florins à la place d'une des lettres de change pour l'histoire de l'enseigne Cazahorca. Une fois qu'il rejoint Pidocchi, il lui résume l'évolution de la situation.
E/ Julio va être absent pour quelques semaines, il va chercher Azzo dans la campagne.
P/ C'est bien.
E/ Oui pour faire libérer son fils mais ça laisse Argante et Rosina quasi sans protection. Il se pourrait que d'autres Carpone moins sur la même note que nous souhaitent en profiter pour renverser les postes et devenir les chefs vu que les anciens sont morts.
E/ Argante va avoir besoin d'aide et en partie dépendre de nous.
P/ J'irai en discuter avec lui.
E/ C'est le problème. Si tu en causes avec lui, les autres Carpone vont le chopper comme un traître et ils vont le régler plus court d'une tête. Quant à Rosina, vu qu'elle cherche à limiter le bain de sang, elle ne fera pas le poids si les plus colériques veulent s'en mêler.
P/ OK, j'ai compris, je vais trouver un intermédiaire pour lui proposer notre aide pas officielle.

Tout en se dirigeant vers chez Benito, ils voient passer des soldats de plusieurs régiments. Des Cazahorca mais aussi des Testanegra qui remontent en discutant vivement vers la plazza Palatino. Ça remonte du port visiblement sous tensions mais c'est surtout des officiers et sous officiers.

Speranza traîne vers le Casteleto Acigliato puis elle suit quelques groupes lors de leurs sorties à l'instinct à l’affût des petites crispations qu'elle peut déclencher. Elle remarque elle aussi les problèmes du côté de Benjuini et des travailleurs qui ne veulent pas cesser les attroupements même sous la menace des Cazahorca qui semblent avoir reçu des consignes pour casser les regroupements



Lupo voit aussi les phalangistes disperser les ouvrières et quelques mandales volent et il y a même quelques meneuses qui se font embarquer par des Cazahorca. Dans la ville-basse les phalangistes ont pris fonction de police en plus des alguazils. Pas loin du Bœuf rouge, il est hélé par un gamin qui demande s'il fait parti des Compari. Une fois retourné, c'est l'Anguille.



L/ Salut
a/ J'ai des choses à dire à Pidocchi.
L/ Il est pas là.
a/ Je peux te filer les choses et..
L/ Et je me débrouille avec lui.
a/ Ce matin, des officiers ont débarqué de Castellonegro, pas contents de la mort de Chiodi.
Plusieurs cherchent à savoir ce qu'il en était et ils parlaient d'aller voir au palais curial pour en savoir plus sur la mort du centenier, mais plutôt pas content.
L/ J'imagine mais merci pour l'info.
Le message est transmis alors l'anguille file 


Lupo retourne vers le Bœuf Rouge où les travaux sont en cours. L'approvisionnement aussi.
Pietra est là et elle demande pour pouvoir ranger en haut
L/ Tu veux dire chez Ettore ?
Pi/ Cuisine et chambre d'Ettore, ça a été cassé.
Pi/ Je peux avoir un coup de main ?
L/ Si y'a des gars qui montent, on les connaît pas donc Ettore peut être sourcilleux.
Lupo se propose pour aider Pietra et il fait la manutention pendant qu'elle lave ce qu'elle peut. Après quelques temps à aider Pietra, il monte écrire dans sa chambre pour prévenir Lucrezia à l'aide d'une correspondance cryptée. Si l'enquête se précise, autant que sa sœur se soit préparée.



Ettore et Pido arrive chez Benito qui les fait asseoir pour l'apéritif.
P/ J'ai pensé à vous.
B/ C'est gentil.
P/ Vous avez accès aux meilleurs cercles mais tout en étant discret. J'ai besoin de faire passer un message auprès de l'enseigne Tancredi Costa du régiment Cazahorca pour graisser les rouages afin qu'il cesse la querelle qu'il a avec notre quartier. La commission sera en conséquence des ennuis en cours.
Ettore rentre dans le sujet à sa façon brutale et sèche.
E/ Un abruti de dizainier m'a cherché des crosses, je lui ai cassé la gueule, ça lui a pas plu. Il est venu avec ses potes, je leur ai cassé la gueule. Ça leur a pas plu non plus et là, c'est le chef de régiment qui envoie des sections casser chez nous.
P/ J'ai un budget de cent vingt florins mais si y'a eu cinq six morts. On souhaiterait que ça cesse et faudrait que le message passe de l'Enseigne à la troupe de calmer le jeu et d'oublier cette affaire.
E/ Je peux en tuer d'autres si vous voulez que le message passe. Ils ont quand même piqué dans mes affaires et chié dans ma cambuse.
P/ On va avoir besoin de tes bras pour autre chose.
P/ Là ou j’attends une grande discrétion, c'est sur notre identité et on peut utiliser le premier prétexte que nous avons avancé avec une histoire de famille noble qui aurait été impliquée.
Benito prend des notes pour rester dans le cadre.
B/ Que pensez vous si j'appuie là dessus pour dire que les puissants ont été embêtés et qu'il ne faut pas insister dans ces rues.
P/ Elle est un faux qui est arrivé au régiment sans jamais avoir été émise par la palais curial.
Benito continue de prendre des notes pour adapter sa présentation et rester crédible face à l'enseigne Costa.
En picorant dans les plats, Pido revient sur un autre sujet.
P/ J'ai besoin de rentrer en contact avec un Carpone sans qu'il sache que ça vient de moi
B/ J'ai cessé toutes relations directes avec cette famille.
On sent plus que de l’irritation.
P/ Je souhaite faire passer un message rapide à Argante. Je ne sais si vous avez des mauvaise relations avec lui.
B/ Uniquement avec Porzia
P/ Lui faire savoir qu'il faut qu'on se croise rapidement pour sa situation actuelle et les risques des prochains mois.

Benito fait non de la tête, pas de contact avec aucun Carpone, il encaisse et s'assurera de faire ça cet après midi et Pido laisse cent cinquante florins pour qu'il ait une marge de négociation.
B/ Je vous tiens au courant.
E/ Pas d'autres affaires pour nous ?
B/ Ça bouge, ça recrute toujours pour que chacun ait des spadassins mais aussi des choix politiques qui seraient plus de notre ressort en dehors des rôles de spadassins. Les élections arrivent bientôt et les cartes vont être redistribuées. Ducatore a évité de se faire destituer en convaincant les ploutocrates sur certaines anomalies mais vous devez avoir des informations au palais curial ?
P/ Nous sommes très loin des hautes sphères.
B/ Vous êtes les premières personnes à qui je penserai si jamais un plan se présente.


Et cette fois, il escorte les Compari jusqu'à la porte arrière qui débouche sur une ruelle, celle des commanditaires.
Salutations d'usage avant de rejoindre la rue et de percevoir beaucoup de bruit vers la Plazza Palatino.
Ettore propose d'y jeter un œil et ils arrivent vers le bas de la place, toute une foule remonte depuis la ville-basse en poussant des cris et repoussant les phalangistes qui tente de les arrêter sous la menace des arbalètes et dans un autre angle d'autres phalangistes du régiment Testanegra qui se tiennent dans un coin de la place et invectivent eux même les unités qui empêchent la populace de passer et eux aussi alors que ces chefs veulent rejoindre le palais curial.


Ettore tente de se frayer un chemin pour rejoindre les officiers et sous-officiers avec Pidocchi à sa suite.
Souvenirs des disputes entre régiments, il reconnaît parmi les officiers le Gonfalonier Aspe Carneficce, capitaine du régiment Testanegra qui veut accéder au palais Curial et il fait montre de ses galons pour que les soldats les laissent passer.
Pidocchi de son côté suit des yeux les principaux leaders de la ville basse dont parmi eux Alba la scribe et Emilio Monbello.
La foule a repoussé une partie des phalangistes et quand les chefs ont enfin pu passer de l'autre côté du cordon et se retrouver derrière les hallebardes, le ton change.
Chef de la section de phalangistes/ Dernière sommation , dispersez vous!
Ettore connaît ça, il a déjà été de l'autre côté. Ça va compter jusqu'à trois et les premiers carreaux vont partir. La foule va réagir par la colère, avancer face aux hallebardes puis quand les coups vont tomber entre des hommes entraînés, armés et la populace qui ne sait pas se battre comme une troupe, ça va être un massacre jusqu'au moment de la débandade.
E/ TOUS SUR LE PORT !
L'habitude de diriger des hommes, la voix de l'ancien dizainier qui donne un ordre dans un moment de flottement où la foule devient silencieuse alors que les crémaillères des arbalètes crépitent, il entraîne avec lui des gars qu'il choppe par la manche puis plusieurs groupes suivent et au final la foule suit, motivée vers ce nouvel objectif illusoire mais qui présente l'avantage d'être loin des arbalètes sur le point de claquer.
Pidocchi quant à lui, prend la tangente direction ses pénates. La foule et la bagarre, s'il peut éviter d'y perdre un florin ou sa santé.
Alba a fini par comprendre que ça allait se gâter et elle accepte de suivre, la foule reflue vers le port et Ettore lors du trajet saisit Alba par le bras pour l’entraîner dans une ruelle.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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