Les textes écrits par les personnages :
le Poème d'Oscar pour Veridis
La forêt se souvient de l'arbre
L'arbre se souvient de la graine
La graine se souvient de la terre
La terre se souvient de toi
Veridis, verdoyant
La sève monte dans tes veines
L'oiseau fait écho à ton chant
tes anciennes larmes d'ambre
cristallisent l'hiver
N'oublie jamais en toi la promesse du printemps
Touche sur ton visage d'écorce et de lichen
Le baiser qu'une dryade t'offrit il y a mille an
Veridis, cépée Millénaire, sempiternel vainqueur
des cognées et du fer
Plus dense que le bois pétrifié,
Plus sage que le bois flotté
Véridis, souviens toi de l'ardeur de Germer.
Le poème d'Oscar pour Tian :
Tian, d'une douceur à nulle autre pareille
Ni la saveur du miel
Ni celle des framboises
N'évoquent comme toi
Tendresse et harmonie
Tian, Bénédiction de notre cher foyer
Brasier des réchauds,
Doux chant de nos bouilloires
Tian, précieux·se ami·e
Mage d'hospitalité.
Le poème d'Oscar pour Vulpae :
Les RP après-jeu :
Source :
Tout est lié. Source (elle), j’incarne l’innocence.
Je m’appelais Claire et avec ma meilleure amie Calypso, nous étions en voyage en Afrique. Surprises par un orage, nous nous sommes réfugiées dans la mine 613.
Puis un homme est arrivé. De trois balles, il a tué Calypso. On m'a emmené dans des bureaux. Jean-Vincent ne voulait pas me laisser partir ; Tatol énergie allait régler le problème. Mais son patron, Nick Cobalt, règle les choses sans faire de bruit. Il demanda à Jean-Vincent de me pousser dans un puits.
J'ai survécu. J'ai fais survivre l'Image de Calypso. Et après un long voyage nous avons fait la rencontre de nos amis. Avec eux, j'ai vécu. J'ai pris des cœurs; appris des choses; j'ai été heureuse. Je suis même devenue supportable.* Et même si certains ne sont pas partis avec moi de Renouveau, je sais que nous avons l'éternité pour nous retrouver.*
Merci à Image d'avoir été une binôme pleine de bonne humeur et d'enthousiasme
A Grimm, Clé et Echangelin de m'avoir encouragé et soutenu
À ArBousier de m'avoir défendu, aidé à briser ma malédiction, de s'être inquiété de mon état jusqu'à se faire voler son cœur. Et de m'avoir rendu mon âme et mon propre cœur.
Merci à Bordas et Sertie, mes nouveaux amis
Merci à Nechamah de m'avoir écouté et de m'avoir appris des concepts humains. Sans ça je n'aurais pas compris à quel point ils étaient débiles.
Merci à Nick d'être revenu nous chercher en enfer et d'avoir, avec Fossoie, largement contribué à ce que Calypso redevienne tangible.
Merci aux fées. À l'Arbre. Aux horlas. Même au démon.
Merci aux humains de ne plus essayer de vous mettre en travers de ma route. Le seul truc à sauver chez vous, c'est votre cuisine !
Avec toute mon affection. La horla qui était gentille parce qu'elle le voulait bien.
Veillance :
En arrivant dans le village, Veillance à rencontré des gens qui se souviennent d'iel ; le concept de se souvenir lui paraît bizarre, et Veillance accorde finalement très peu d'importance à son passé qui s'est perdu dans la brume le pourquoi de son être n'est pas important.
Pendant ces deux jours, Veillance n'a pas aidé grand monde, ce sont les autres qui l'on aidé. D'abord les égaré, qui lui parlent de Peur de Fascination et d'espoir, des étincelles de sentiment. Puis Euphorie et Tissage qui l’entraînent dans un moment de danse en harmonie avec la forêt. Plus tard, une conversation avec Argousier lui fera réaliser que l'introspection est importante et que Veillance doit grandir pour continuer d'exister.
C'est certainement le destin qui met Nechamah sur sa route, le tarot ne ment pas et Veillance apprend que La Justice est son futur. Mais Veillance ne peut pas encore être la justice, sa mémoire est inexistante, ses souvenirs s'évaporent aussi vite qu'ils arrivent et Veillance n'a pas de moralité, assistant sans réagir aux drames qui parcourent la communauté. C'est seulement tard dans la nuit que Novelle lui partagera un terrible moment, un puissant souvenir où le bonheur devient tragédie. Les pièces s'assemblent et la touche finale viendra des égarés, quand Veridis lui offre sans y croire un grelot pour cristalliser sa mémoire.
La symbolique du geste suffit.
La justice ne peut pas oublier et Veillance se réveille changée. Désormais, Veillance récompense la bienveillance et puni la malveillance. Ou tout du moins, essaye.
Car la nuit a été longue et beaucoup d'autres choses ont changé aussi. Un démon est sorti des enfers, certains ont disparus, quelqu'un a vécu une renaissance, la confusion règne. Veillance est encore trop maladroit pour intervenir dans tout ça, iel passe un moment avec Mémo pour chercher a punir l'entité qui à pris possession de Faune mais l'hésitation est trop longue et la crise se résout sous leurs yeux. Lors de la cérémonie du pardon, Veillance n'a que des remerciements à offrir avant de disparaître de la ville qui éclate. Iel parcoure désormais le monde et si c'est votre destin, cet étrange horla vous rendra peut-être visite un jour, car tout est lié.
Argousier :
Argousier n'est plus, Nemes de son vrai nom trouvera sûrement un sens aux choses. Lui qui était plein d'épines se surprend sûrement à se piquer d'émotions jusqu'alors inconnues. Il est plus facile de ne point sentir l'onde sur le lac que d'être confronté aux vagues. La pénitence sera son radeau.
« Le loup mord quand il a faim, l'éboulement n'a guère d'égard pour les plantes et animaux qu'il écrase et l'orage tonne, il tonne quand il fait liesse en sien cœur ou quand l'effroi l'étreint. Mais la nature nourrie, la nature se maintient dans un équilibre constant. La vie persiste, et bien que la mort fasse partie du cycle, je me suis plu à voir s'épanouir quelques fleurs. Quelle drôle de chose que cette chaleur en mon cœur, les sourires ont maintenant un sens et non plus une posture, j'architecture des pensées qui se plaisent à voguer librement et le carcan de mon contrôle s'émousse, s'use. Je le laisse partir avec un sentiment doux-amer Je m'en vais observer de loin un rare bouton vénéneux qui m'a oublié, j'accompagnerais caché derrière les fourrés une fille qui dépassera les plus hautes cimes et j'entretiendrais une amitié nouvelles avec ceux qui me ressemblent et alors, peut être, je comprendrais mieux le reflet dans cette rivière. »
Mémo :
Tout est lié. Mémo, écho des souvenirs de l'ancien monde.
Deux fées se querellaient au sujet de la graine d'un des anciens arbres de fer. « Nous devons planter ce gland dans la forêt! », disait l'une, « il sera en bonne compagnie. »
« Bêtises! Dans la plaine, il recevra tout le soleil dont il a besoin pour grandir et devenir l'arbre le plus majestueux! »
Comme la dispute durait, le gland se faufila et partit chercher des réponses de son côté. Il visita les différents lieux: la forêt, la plaine, mais aussi le désert, la plage où se jouent les concerts du petit peuple, la lande maudite des monstres en déroute et bien d'autres endroits mystérieux qu'il serait impossible de lister ici. Des endroits que les fées n'auraient jamais pu concevoir.
Elles étaient toujours occupées et ne semblaient pas être arrivées à une conclusion. Le gland de métal finit par s'endormir. Il rêva qu'il pouvait interrompre ces fées, et quand il se réveilla il avait changé. Maintenant les fées l'écoutaient. Sans le comprendre, c'est vrai, mais elles essayaient. Elles avaient oublié leur dispute. Un ami venait de disparaître pour elles, et c'était douloureux.
Sans le formuler, elles avaient demandé au gland de ramener leur ami. Il ne savait pas si ça marcherait, mais il essaya. Il ne pouvait pas reproduire les souvenir que les fées avaient partagé avec lui, alors le gland lui en donna d'autres: certains joyeux, certains tristes, certains intenses comme la saisie d'un charbon ardent, d'autres subtils et diffus comme le premier visage amical qu'on a vu.
Mémo était humain, autant qu'on puisse l'être en ce monde. Le contact ne fut pas toujours facile avec ce qui habitait la forêt: la plupart des gens ne relativisent pas chaque expérience pénible par rapport à une collection d'horreurs de l'ancien monde. La plupart n'ont pas accepté que souvent les choses n'ont que le sens qu'on veut bien leur donner.
Instinctivement, Mémo reconnaissait en ce qu'était devenu le gland une figure maternelle protectrice. Elle le répara quand on lui fit du mal. Elle fit de son mieux pour amuser ses amis... Puis vint le cœur de la nuit, où seuls veillent les horlas. Mémo redoutait cette nuit, car il ne se souvenait pas d'une seule d'où il ait émergé intact.
Mémo se trompait: si cette nuit avait bien enlevé son lot de personnes, Mémo n'en faisait pas partie. C'était le gland qui serait détruit, cette fois, et Mémo devrait porter le fardeau de répartir ses morceaux autour du monde, là où ils pourraient apporter quelque chose. Voilà qui constituait une quête formidable, il avait même rassemblé tous les éléments les plus importants: des marraines fées, dont certaines étaient méchantes, un ami disparu, enlevé par la nuit, qu'il fallait retrouver, une direction à suivre: vers le sud, pour atteindre la mer, un foyer dont se rappeler avec mélancolie et où retourner quand tout serait fini, car Renée resterait à Renouveau, et peut-être de la compagnie sur la route si Veillance le voulait bien.
Veridis :
Un nouveau matin se levait à la fin de l’hiver. Comme tous les matins depuis le festival du Burning Man, Veridis s’était réveillae à l’écart de ce qu’il subsistait de Renouveau. Roulae en boule dans ses couvertures, enseveli· sous un épais tapis de feuilles mortes. Il lui fallait rejoindre les autres Réensauvagé.es. Iel faisait parti de leur groupe, de leur famille désormais, depuis qu’iel leur avait légué son lien à la nature.
Quand iel était seul, comme ce matin, iel entendait la foret d’une nouvelle manière: le craquement des arbres, le bruissement des feuilles, le clapotis de l’eau, le souffle du vent.
Iel les entendait comme pour la première fois tous les jours sans comprendre le message de la forêt. Iel pouvait se reposer après une vie entière à veiller au chevet d’une nature souffrante. Il n’y a que comme ça qu’iel arrivait à trouver le sommeil.
Quand iel marchait parmi elleux, iel pouvait entendre la forêt comme autrefois. La présence d’Aulne, Fossoie, Lune, Nimona, Sol et Tian remplissait sont cœur et iel pouvait de nouveau comprendre les oiseaux, les arbres, l’humus, des plantes, le murmure de l’eau et du vent. Iel redevenait attentif·ve à leur contact, iel ré-apprenait. Dans ces moments, iels se sentait revivre.
Iel arriva au campement avec les premières lueurs de l’aube, et déjà les autres s’employaient à préparer le voyage, à reprendre une existence nomade jusqu’à la fin de l’automne prochain. Iels reviendraient ici, recommencer un nouveau cycle. Peut être cela donnait-il un sens à ce Renouveau.
En préparant son paquetage, iel retrouva un souvenir de son ancienne vie dans un tiroir. Le bracelet que Vulpæ lui avait rendu lors de sa renaissance. Peut être la reverrait iel dans ses voyages. Iels pourraient évoquer le temps de l’errance. Iels pourraient pleurer la disparition d’Episteme. Peut être reverraient iels Rugus enfin détaché de l’ancien temps. Peut être Veillance se joindrait iel à elleux.
« On y va, t’es prêt ? » Aulne læ sorti de sa rêverie. «J’arrive ». Iel reposa le bracelet dans le tiroir. Iel devrait revenir le chercher. Comme iel l’avait fait auprès de Vulpæ au lendemain du Burning Man. Iel ferma son sac, le jeta sur son dos et pris la route avec les autres.
Échangelin :
Échangelin était venue au dernier jour de Renouveau, accompagnée par Clef, sa famille féerique, et quelques autres parias, horlas et fées, banni·es comme elle de la cour d'Obéron. Elle y était venue rencontrer les humains et leurs étranges coutumes, car Argousier lui avait révélé qu'elle était un échangelin : un humain enlevé par les fées à la naissance et remplacé par un enfant fée. Mais à écouter les humains, leur notion de temps, de souvenir et de finitude, à pleurer la Forêt qu'elle ne pouvait se résoudre à quitter, elle comprit bien vite qu'elle ne pouvait pas être humaine : Argousier s'était joué d'elle et lui avait menti pour s'amuser de sa tourmente. Elle retrouva alors sa véritable nature et l'assuma pleinement, se vengea d'Argousier (éphémères rancunes, éternelles chamailleries de fées) et profita des dernières heures de l'utopie. Elle se délecta des drames humains, en perdit quelques-uns en forêt

et assista ses amies horlas, Source et Image, dans leurs naïves manigances. Elle se promena entre le monde des vivants et des morts, amusée de la terreur des mortel·les qui bravaient le périlleux voyage, aida à voler quelques cœurs et grossir les rangs de sa famille d'adoption imprévue, et dansa jusqu'au creux de la nuit.
Le temps fait peu de sens pour les fées, et au lendemain humain du Burning Man, Changelin revint, bien changé en effet, après des siècles de mutations successives.
« Fée ? Je l'ai été. Horlas, arbre, corbeau, humain et humaine aussi, et bien d'autre choses encore. Et je reviens de nouveau au crépuscule de Renouveau, retrouver les souvenirs vivants de celleux qui croient m'avoir connu hier. »
Pauvre Clef, prête à laisser sa sœur adoptive dans une famille humaine aimante, pour au final la voir se changer en la pire espièglantine de la cour féerique qu'elle fuyait.
D'autres avaient bien changé aussi, mais le plus amusant de toustes était Scolopendre, parasite démoniaque du pauvre Faune. Sentant la balance trop peu équilibrée envers le démon mal-aimé, Changelin lui proposa une alliance... pour le voir instantanément capturé et emprisonné dans une amulette ! Faune libérée abandonna l'amulette au prudent Nick, qui la donna à la sage Aulne, qui la confia à l'inflexible Devoir. Changelin remonta sa trace, et il (on avait pas dit « elle » ?) négocia tout sourire (en coin) pour récupérer la garde du démon auquel il avait promis assistance. Il donna sa parole de fée, de horlas, d'éternel Changelin que plus jamais iels n'entendraient parler de l'abjecte Scolopendre. Il suffirait juste de le tenir en courte bride et de l'emmener suffisamment loin, et ça tombait bien : ses amies non-humain·es et lui se laissaient déjà des cendres encore tièdes de l'éphémère utopie. Quel délice de partir à l'aventure en si machiavélique compagnie, un démon esclave dans la poche, et un monde plein de naïfs humains à tourmenter.
Pauvre Clef.
Se reverront-iels ?
Après tout...
Tout est lié.
Image :
Tout est lié
J'étais Image, j'étais l'amie imaginaire de Source et j'ai retrouvé ma réalité.
L'histoire m'est apparue au fur et à mesure des événements et j'ai compris. J'ai compris que j'avais existé autrement que dans l'esprit de Source, qu'avant j'avais eu un corps et que je m'appelais Calypso. Je suis morte mais j'ai survécu dans l'esprit de ma meilleure amie, Claire, qui est devenue Source. J'ai failli disparaître, j'ai eu très peur mais on nous a aidé. Alors j'ai tout fait pour que jamais ça ne recommence : j'ai fait un voyage en Enfer, je suis morte, j'ai fusionné et je suis revenue. Je suis revenue en chair et en os et je suis redevenue Calypso, celle que j'avais été avant ma mort et celle qui avait existé pour Source.
Je suis Image mais je suis aussi Calypso, je suis un peu de Claire, un peu de Source et un peu de vous toustes à la fois.
Et maintenant, j'existerai pour toujours.
Maintenant Calypso fait tout plein de bêtises avec ses camarades, des blagues, des erreurs, des cadeaux, des frayeurs aux humain.es...
Calypso vit et n'a plus peur. Parce qu'elle sait que le principal c'est de croire en soi avant tout.
Apprente :
« Je suis apparu sous le signe de la chauve-souris. Je me repère au rebond de mes paroles : c'est ce qui guide la direction que je prends. Je crains les craintes des créatures qui marchent sur le sol. L'ombre et les ténèbres sont mes refuges. Et lorsque je sors pour me nourrir de liberté, c'est au couvert de la nuit, les ailes déployées, dans un vol silencieux. J'ai compris que je voyais le monde à l'envers. Je guette le jour où ma vision fera écho à des esprits curieux et sensibles aux sons de mes nuits : sous cette lumière, mon vol sera vraiment libre. »
__Thème astral d'Apprente, découvert et partagé avec Passage et René.e.
À travers Apprente, son observation, ses nombreuses inactions là où je me sentais pousser à faire, j'ai vu et saisis beaucoup de tourments et beaucoup de générosités aux formes variées. La tornade des actions soufflait souvent trop fort pour qu'Apprente puisse créer des liens avec les créatures qui l'ont fasciné tout au long de cette expérience. Mais il en a conclu qu'Utopie était bien porteuse d'espoir et de Renouveau. Libéré de son contrat avec l'humain qui lui avait permis d'entrer en relation avec toutes celleux qui se rassemblaient ici, Apprente a fait le choix de s'attacher à Utopie et à un humain porteur de renaissance.
J'espère qu'aucune personne n'aura souffert du regard et des oreilles d'Apprente le silencieux. Merci à celleux qui m'ont permis de jouer cet horla étranger, curieux et sensible. J'ai vécu un jeu intérieur extrêmement enrichissant. Merci.
Aulne :
C’est le printemps. La sève monte partout, tout autour d’elleux, le cycle s'engage, éternel recommencement mais toujours différent. Elleux marchent. Un pas après l’autre, la plante des pieds d’Aulne entre en contact avec le sol de la Forêt, et à chaque rencontre avec l’humus, l’herbe, la mousse, de fines racines énergétiques s’enfoncent dans la terre. De ses pieds au cœur du Monde. Cette connexion presque tangible, elle la voit briller en toustes ses adelphes, sa si précieuse famille. Iels ont traversé les drames ensemble ; leur lien n’en est que plus fort, leur famille agrandie. Une fois de plus, le cœur d’Aulne se gonfle de gratitude pour le don que leur a fait Veridis. En partageant la tâche qu’elle s’était fixée, iel l’a libéré de son hubris inconscient, reliquat de l’Ancien Monde. C’est ensemble qu’elleux sont fort.es. Tian, Veridis, Fossoie, Lune, Sol, Nimona… C’est ensemble qu’iels partent enseigner, apprendre toujours, rencontrer. A leurs côtés, Aulne est confiante.
Scolopendre :
Les morts parlent dans leur silence.
Quelle soudaine et désagréable sensation. Lui qui se sentait libre, enfin, se retrouvait à nouveau enfermé et emprisonné. Mais quelque chose lui disait qu’il n’avait pas été renvoyer d’où il venait. Loin de là.
Cet ici lui semblait bien plus étroit. Il allait devoir apprendre et explorer les limites de cette nouvelle dimension. Scolopendre sentait aussi que lae pauvre Faune dont il s’était jusqu’à présent bien servi n’était pas présent dans les parages mais n’était pas mortx pour autant.
La rage l’envahit, Lui qui avait enfin trouvé de quoi jouer un peu après tout ces siècles d’ennui ! Il faut croire que celles et ceux qu’il pensait sans défenses et plutôt amusants ne l’était peut-être pas tout à fait… Mais il se reprit bien vite, sentant une présence sur les bords de son minuscule et inconfortable prison. Une présence qu’il reconnu, oui cela lui disait quelque chose, c’était cet autre être qui lui avait promis de le protéger et qui semblait alors le comprendre et partager sa passion du chaos et du changement… Il semblerait que ce genre de promesses ne prenait pas en compte de protéger le corps qu’il avait nouvellement possédé ! Il faudrait qu’il s’en souvienne à l’avenir.
Il ne comprenait pas tout ce qu’il se discutait à l’extérieur, mais Il semblait que les intentions de Changelin le détenteur de sa nouvelle prison ne semblait pas tout à fait incompatible au siennes. Après tout il n’aurait peut-être pas à se venger, ni même à attendre très longtemps avant d’être libre à nouveau… cette pensée le réjouis et le fit sourire de manière carnassière. Tout ceci n’était qu’un contretemps, oui un simple contretemps. Comme disait celleux qu’il avait gentiment torturé, tout est liés.
Nick Cobalt :
Jamais Nick n´avait autant aimé malgré l´absence de cœur physique. Jamais Nick n´avais autant pensé malgré l´absence de Vif.
Jamais il n´avait autant trouvé sa place.
Le grand pardon avait eu l'effet escompté et il cheminait sereinement sur le chemin de la rédemption sa nièce pour guide et l´altruisme pour boussole.
L´instinct de commerce ne l´avais pas quitté mais il le plaçait à l´autel de l´échange et non plus de l´asservissement. Bref...
Jamais il n´avais été aussi heureux malgré la fin de l´utopie.
Faune et lui s'étaient mis d´accord pour suivre les rensauvagé.e.s lors de l´essaimage de printemps. Ils verraient bien ou cela les mènerait.
De toute façon ils avaient de quoi s´occuper car l´apprentissage de Faune n´en était qu´à ces débuts mais iel promettait de faire un officient du tonnerre.
Ils avaient également prévu de voir où revoir la mer, il paraissait que les baleines chantait à nouveau.
Les avaient enfin prévu de laisser la place à l´imprévu car le tissu de la réalité est plus beau avec quelques accrocs dedans.
Foi Future et Filiation
Harmonie et Émotion
Tout s´entremêle au tissu des réalités
Chacun est tout et tout est un car tout est lié
Scolopendre :
Quel soudaine et désagréable sensation. Lui qui se sentait libre, enfin, se retrouvait à nouveau enfermé et emprisonné. Mais quelque chose lui disait qu’il n’avait pas été renvoyer d’où il venait. Loin de là.
Cet ici lui semblait bien plus étroit. Il allait devoir apprendre et explorer les limites de cette nouvelle dimension. Scolopendre sentait aussi que lae pauvre Faune dont il s’était jusqu’à présent bien servi n’était pas présent dans les parages mais n’était pas mortx pour autant.
La rage l’envahit, Lui qui avait enfin trouvé de quoi jouer un peu après tout ces siècles d’ennui ! Il faut croire que celles et ceux qu’il pensait sans défenses et plutôt amusants ne l’était peut-être pas tout à fait… Mais il se reprit bien vite, sentant une présence sur les bords de son minuscule et inconfortable prison. Une présence qu’il reconnu, oui cela lui disait quelque chose, c’était cet autre être qui lui avait promis de le protéger et qui semblait alors le comprendre et partager sa passion du chaos et du changement… Il semblerait que ce genre de promesses ne prenait pas en compte de protéger le corps qu’il avait nouvellement possédé ! Il faudrait qu’il s’en souvienne à l’avenir.
Il ne comprenait pas tout ce qu’il se discutait à l’extérieur, mais Il semblait que les intentions de Changelin le détenteur de sa nouvelle prison ne semblait pas tout à fait incompatible au siennes. Après tout il n’aurait peut-être pas à se venger, ni même à attendre très longtemps avant d’être libre à nouveau… cette pensée le réjouis et le fit sourire de manière carnassière. Tout ceci n’était qu’un contretemps, oui un simple contretemps. Comme disait celleux qu’il avait gentiment torturé, tout est liés.
Faune :
Tout est lié.
Tout semble plus gai, plus joyeux. Pour la première fois Faune se sentais serainxe et peut-être même sincèrement heureuxse ! Le festival ne s’était pas tout à fait passé comme toute les autres fêtes, loin de là. Il ne s’était pas non plus fini comme toute les autres. Faune y avait gagnéxe bien plus qu’un éphémère souvenir de bonheur en plus. Iel avait souffert certes, beaucoup, mais ne regrettait rien. Le monde autour semblait rayonné d’une lumière nouvelle. Comme l’arrivé du printemps, ou le soleil le matin après un orage d’été. L’air était plus doux. Mais le plus agréable était son cœur, plus léger que tout ce qu’iel avait connu jusqu’à lors.
Avec Nick, iels avaient décidéxs, ensemble, de rester quelques temps avec les Réensauvagéxes à Renouveau ! Bien que ce dernier voulu au départ suivre les Horlas, où se trouvait la présence de l’horrible médaillon contenant Scolopendre, à l’évocation de ce dernier, le convaincre du contraire ne fut vraiment pas très compliqué. Mais depuis Nick agissait d’une manière nouvelle, il était bien plus attentif et gentil. Faune était même devenu réellement son apprentix et il l’avait pleinement adopté comme saon nièveux. Il avait promis de lui apprendre et de lui transmettre tout ce qu’il savait sur les morts et leurs rituels pour communiquer avec elleux, peut-être même cela lui permettrait d’aller chercher d’autres explications auprès de sa mère. Seul l’avenir le leurs dira.
De plus Faune était bien plus à l’écoute de ce qu’il l’entourait et être entourée d’amix, et d’une famille, pour de vrais emplissait son cœur de joie. Iel allait enfin profiter de ce monde sans faire semblant, sans rien pour lae retenir, libre de voler ou bon lui semblera avec celleux qui l’accepte enfin pour tout simplement qu’iel est.
Fossoie :
Ça devait arriver. Ça allait arriver.
Il faut que j’arrête de m’occuper de ces corps, la plupart sont peut-être coupables. Plus ou moins.
Ce soir, je l’ai décidé. Ils se débrouilleront avec leur mort. La forêt m’attend. Je vivrais en ermite. La mort hors des villes a aussi besoin d’aide.
Tout le monde le savait. Et tout le monde fut surpris.
Ce fut mon dernier soir en ville. J’aimerais dire que c’est mon dernier souvenir du monde d’avant, mais c’est hélas seulement le seul. Les humains ont entraîné leur catastrophique création dans leur chute, mais l’oubli ronge les survivant.e.s. Pour le meilleur, sûrement, mais aussi pour le pire.
J’ai dû traverser cette mine pour rejoindre la forêt. Des coups de feu, du sang, le puits 613.. Le puits 613.. un vague souvenir. Ça m’a l’air important..
J’ai rejoint la nature et c’en fut finit d’eux. Je pense que c’est ce qui m’a sauvé la vie. J’aurais sûrement sombré avec les autres sans ce choix drastique. Était-ce la raison de mon départ.. ? Non, c’est faux ! Des morts ont encore besoin de moi.
On s’habitue étrangement facilement à cette vie dans la nature. Même si en l’occurrence le choix n’est plus permis.
J’ai toujours accompagné les morts. C’était ma vocation. Ici, c’est différent. Les rites sont les mêmes, mais ont un sens. On ne laisse pas les défunts dans des nécropoles, loin des vivants. Ils restent avec les vivants et entame un nouveau cycle. La vie grouille grâce à eux. Les insectes, les plantes puisent avec respect ce dont ils ont besoin. Ils deviennent fertiles. Existent-ils encore après cela.. ? J’aime à croire que oui.
« Tu n’es pas tout seul Fossoie ».
Lien m’a trouvé. Lien nous a tous trouvé. Les réensauvagé.e.s.
J’ai trouvé une famille dans ces terres. Tout semble si simple avec eux. Tellement simple que je me demande pourquoi Tian semble si fatigué les rares fois où on lae voit.
Lien, Tian, Aulne, Lune et Nimona m’accompagne à présent. Je ne suis plus juste un accompagnant, me voilà accompagné.
Je ne remercierait jamais assez Lien pour nous avoir soudé. Avant de nous quitter.
C’était là, le moment de remerciement, avant l’aide au passage.. si seulement j’avais pu arriver au bout..
Je ne dois pas le dire. Elleux comptent sur moi.
Je continue d’accompagner les défunts. Mais je ne trouve plus la joie dans cette tache. Je fais ça bien, mais c’est mécanique.
Ma mort me fait peur. Elle m’a toujours fait peur. Pourtant tout le monde pense que je suis en paix avec ça. Après tout je la côtoie. Mais je la côtoie pour essayer d’être en paix avec elle, la vérité est là. J’ai fais quelques pas en arrière avec cette épreuve..
Quelque chose se prépare. Un Renouveau soi-disant. Une enclave accueille les utopistes pour l’Équinoxe d’Automne. Nous seront des leurs.
Très vite Argousier à rodé autour de nous. Nimona semble lui faire confiance.. je ne sais pas comment elle fait.
Au milieu de ces gens je rencontre Passage. Je me sens lié à lui. Les passages, c’est aussi un peu mon domaine après tout. Sauf que les miens sont sans retour.
Il connaît quelqu’un qui veut rencontrer la mort. Je devrais l’aider.
Argousier, encore lui.. Au moment où nous allons rendre hommage à Lien, voilà qu’il débarque. Je ne m’épanche pas mais il comprend très bien que quelque chose cloche. Il dit qu’il peut m’aider..
La fête du Renouveau commence. Oscar et Sol.. pour qui se prennent-ils ? Bien-sûr qu’on aime Tian ! On est une famille. On n’y peut rien si iel est discrète.
Je sens un étrange besoin de parler à Argousier. Ma famille ne doit pas le savoir, mais lui, il peut m’aider apparemment. Je risque rien à essayer. A part un échec de plus. Je lui dit tout, notre lien à Lien, mon échec dû au trop plein émotionnel de cette cérémonie, et le poids que je porte depuis. Il va m’aider, il a l’air convaincu. Allons-y..
Nous rencontrons Nimona sur la route. Elle a vraiment l’air de lui faire confiance.. et me dit que je peux aussi être confiant. Elle est accompagné de Clé. Clé a un discours assez cryptique pour moi. Ses notions de confiances n’ont pas l’air bien claire. Mais elle lui fait confiance aussi, d’après ce que je comprend. Il est peut-être vraiment bienveillant.
Nous y voilà. On n’avait pas parlé de prix.. mais après tout.. bien sûr que je suis prêt à en payer le prix.
Je ne comprend pas bien ce qu’il se passe, je rentre dans une transe. Mais à mon retour, je me sens léger. Ça fait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi léger. Je me sens bien. Ou bien je ne sens rien ? Je crois que c’est ça.. je ne sens rien. Si on ne compte pas cette douleur au poignet. J’arbore une étrange blessure.. j’ai dû m’écorcher dans ce moment suspendu.
La fête bat son pleins, l’effigie humanoïdes devient charbon. Deux personnes viennent-à moi. Deux ? Une ou deux, la deuxième me semble flou. Source et Image.. un vague souvenir.. Sûrement un faux. Des pièces de puzzles pendent à leur cou. J’en sors une de ma poche, qui m’accompagne depuis longtemps.. Elles ont l’air d’appartenir à la même œuvre. Le hasard n’existe pas. Elles ont besoin d’un corps. Image et morte, et doit revivre. J’ai peut-être la solution. Passage..
Passage me parle de Nick, sa connaissance voulant rencontrer la mort. Il ne voudrait pas laisser son corps ? Apparemment non. Mais après tout.. un mal pour un bien ? Passage trouve cela bon. Moi aussi, je crois.
Je partage un moment avec ma famille. Je simule mes émotions. Elles reviendront.. Tian et Aulne sentent que quelque chose ne tourne pas rond. J’essaye de les rassurer comme je peux. Nimona a une cicatrice similaire à la mienne et à l’air d’en savoir plus que moi. Plus que les autres ré-ensauvagé.e.s.
Je finis par parler, par mimétisme avec mon ancien moi, mon moi avant le passage d’Argousier. Mon moi au lourd fardeau.
Tian.. j’aurais dû m’en douter. Tian a finit ce rituel. Pourquoi ne m’avoir rien dit.. ?
Je ne peux plus faire demi-tour. J’ai fais une promesse. Un attroupement se forme.. pourquoi sont-ils si nombreux ? On se joint à eux, Source, Image et moi. Nick est là. Un rituel commence. Les portes des Enfers vont s’ouvrir. Les âmes en peine pullulent. En ais-je déjà envoyé ici ? Lien.. ?
Certaines essayent de s’emparer du corps de Nick.. C’est le moment, il est vulnérable. Image.. voilà ton corps. Revit. Redevient Calypso.
J’ai cru que s’en était fini de nous.. mais après un effort considérable on a bien pu nous sortir de ce lieu.
Argousier.. s’il te plaît, c’est le moment pour moi de retrouver mon âme. Je regrette vite cette décision.. c’est pesant. Mais il le fallait. Je m’en rend compte instantanément. J’ai des choses à dire. Des pardons à distribuer..
A ma famille d’abord. J’ai enchaîné les mauvaises décisions. C’est auprès d’elleux que je devais demander de l’aide. On a tous droit à l’erreur. C’est eux qui me l’apprennent. Et on n’a pas à porter le poids de ses échecs seuls. Le poids des tâches non plus, Tian. Je m’en rends compte. On s’en rend compte.. On va t’aider.
Je rencontre Faune. Nick, son oncle.. ? Son oncle maintenant ami imaginaire.. la tristesse qui la remplit.. c’est ma faute ? Il faut que je répare ça.. Je vais essayer.
Beaucoup on pâti de mes mauvaises décisions. Je m’en rend compte..
Mais Argousier m’a trompé. Je ne suis pas de l’ombre comme il a voulu me le faire croire. Je suis de la lumière et je vais tout faire pour arranger ça.
Le Burning Man s’éteint, la nuit aussi. C’est un Renouveau. Le Renouveau.
Il était autour de nous tout ce temps.. Veridis. Et voilà qu’il sacrifie sa magie pour sauver notre famille. Tu es des nôtres maintenant. Sache-le. Tu es humains, maintenant, mais on va t’aider à réenchanter le monde qui t’entoure.
Nous allons rester dans cette enclave, avec celleux qui le veulent. Bien-sûr que vous êtes les bienvenus Sol, Nick et Faune (je vous le dois bien. Je serais maintenant bienveillant). Tian, Nimona, Lune, Aulne et moi.. Lien ne nous a pas vraiment quitter puisque nous sommes encore liés. Plus que jamais.
Nous te laissons partir devant nous Tissage, essaimer le monde graines de lumière. Nous feront de même au printemps. En attendant nous allons aider les personnes qui seraient de passages à renouveaux.
Scolopendre :
Quel soudaine et désagréable sensation. Lui qui se sentait libre, enfin, se retrouvait à nouveau enfermé et emprisonné. Mais quelque chose lui disait qu’il n’avait pas été renvoyer d’où il venait. Loin de là.
Cet ici lui semblait bien plus étroit. Il allait devoir apprendre et explorer les limites de cette nouvelle dimension. Scolopendre sentait aussi que lae pauvre Faune dont il s’était jusqu’à présent bien servi n’était pas présent dans les parages mais n’était pas mortx pour autant.
La rage l’envahit, Lui qui avait enfin trouvé de quoi jouer un peu après tout ces siècles d’ennui ! Il faut croire que celles et ceux qu’il pensait sans défenses et plutôt amusants ne l’était peut-être pas tout à fait… Mais il se reprit bien vite, sentant une présence sur les bords de son minuscule et inconfortable prison. Une présence qu’il reconnu, oui cela lui disait quelque chose, c’était cet autre être qui lui avait promis de le protéger et qui semblait alors le comprendre et partager sa passion du chaos et du changement… Il semblerait que ce genre de promesses ne prenait pas en compte de protéger le corps qu’il avait nouvellement possédé ! Il faudrait qu’il s’en souvienne à l’avenir.
Il ne comprenait pas tout ce qu’il se discutait à l’extérieur, mais Il semblait que les intentions de Changelin le détenteur de sa nouvelle prison ne semblait pas tout à fait incompatible au siennes. Après tout il n’aurait peut-être pas à se venger, ni même à attendre très longtemps avant d’être libre à nouveau… cette pensée le réjouis et le fit sourire de manière carnassière. Tout ceci n’était qu’un contretemps, oui un simple contretemps. Comme disait celleux qu’il avait gentiment torturé, tout est liés.
Fossoie.. tu l’as rencontré enfin toi aussi la mort. Tu l'as accepté, ta mort. Tu vas enfin pouvoir accepter la vie.
La Maison Dieu.. voilà un grand renouveau. Cette carte, ce destin. Merci Nechamah
Tian :
Première neige
Un épilogue à
Toutes les Formes d’Espoir dans la tête de Tian
by Morgan of Glencoe
Un frisson dans l’air matinal me signale la première neige. Je souris sous mes couvertures :
Fossoie va être content. Sous la neige, l’humus est toujours paisible, chaleureux et tendre, plus en tout
cas que pendant les gelées sèches de ces derniers jours. Nimona aussi, je pense, aimera le monde tout
blanc. La météo ne change pas grand-chose pour Lune, les oiseaux sont juste un peu différents selon
les saisons et le vent. Aulne… n’est plus très mobile avec l’hiver, c’est son côté arbresque. Mais il fait
beau dehors, elle sortira sans doute profiter du soleil. Véridis découvre encore son humanité, iel
explore doucement la signification de ce mot. Je crois qu’iel se repose après trop d’années de veille,
alors je fais tout spécialement attention à ellui.
Et puis, bien sûr, je vais avoir intérêt à surveiller mes arrières pendant que je vais déneiger
l’entrée de notre refuge, parce que Sol ne résistera jamais à une bataille de boules de neige !
Je me lève, passe rapidement mes vêtements colorés et observe autour de moi. Il n’y a plus
tant à faire, maintenant que les autres font plus attention : hier, Lune a balayé tout le refuge, Fossoie
a rentré du bois, Nimona a été chercher de l’eau, Aulne a fait la vaisselle et Sol et Veridis se sont
occupés des provisions. J’ai vidé, nettoyé et rechargé les toilettes sèches, mais ça viendra en son temps.
Leur capacité à voir ce qu’il y a à faire augmente de jour en jour, comme si je l’infusais dans notre
petit foyer. C’est bien, je crois. Je prépare le feu pour réchauffer notre intérieur et mettre l’eau à
bouillir pour le thé, pour que les autres aient un réveil agréable. Et puis je vais dégager l’entrée du
refuge et vérifier que Véridis a bien dormi, sous son tas de feuilles. Iel ne dort pas encore avec nous à
l’intérieur. Ce temps-là n’est pas venu.
Je remets mon manteau pour sortir, je redeviens semi-invisible à mesure que mes couleurs se
cachent. Maintenant, mon invisibilité ne me pèse plus. J’ai appris à la contrôler en partie, et ma
famille a appris à la percer plus facilement.
Je pousse notre porte. La neige fraîche réverbère la pâle lueur de l’aurore tardive, fait scintiller
doucement les arbres dénudés. C’est beau. Un de mes pas, un seul, trouble le manteau blanc pour que
je puisse fermer la porte. Aux saisons les plus douces, aucune d’entre nous n’a de mal à dormir
dehors, mais avec l’hiver nous nous réfugions dans un genre de grand terrier, comme une famille de
renards. Même les fées connaissent le froid, après tout.
Je dégage un passage, le plus étroit possible pour ne pas troubler la forêt plus que nécessaire,
d’abord jusqu’au creux de l’arbre entre les racines duquel dort Véridis, ensuite jusqu’à la petite source
où nous puisons l’eau. Je me perds dans mes propres pensées sur le chemin du retour, quand une
grosse boule de neige molle me cueille en pleine tête. Un rire clair éclate aussitôt derrière un arbre
proche, et des oreilles pointues s’empressent de se glisser à couvert.
— Sol !
Oh, oui. Ma voix porte beaucoup plus, aussi.
Ma riposte noie le rire dans un toussotement surpris et amusé. Le joyeux vacarme de notre
bataille réveille Véridis et tire Nimona hors du refuge, mais Sol ne tarde pas à les embarquer dans
notre jeu et nous ne rentrons qu’à l’appel d’Aulne qui annonce que le thé est prêt.
L’idée que quelqu’un d’autre l’ait fait m’est à la fois étrange et heureuse. Je m’habitue. Nous
rentrons, je récupère les vêtements mouillés pour les mettre à sécher près du feu. Sol vient m’aider.
Elle m’apprend encore à accepter la gratitude comme une normalité. Je lui apprends à ne pas se
formaliser de l’absence occasionnelle de celle-ci. Ensemble, nous nous équilibrons vers un juste
milieu, qui parfois tangue un peu, mais qu’importe ?
Les autres s’attablent pour le petit déjeuner. Je suis læ derniér debout, je ne peux pas
m’empêcher de vérifier qu’il ne manque rien… Ça reste ma nature, je ne lutte pas contre elle.
J’apprends seulement à en faire mon alliée, et non ma prison. Par jeu (Sol déteint sur moi, on dirait…) je m’efface et je recule un peu, pour voir ce qui va se passer.
C’est sans compter sur Lune, qui balaye les lieux du regard, sans me voir mais conscient de
mon absence.
— Tian ! Arrête de nous taquiner, et viens t’asseoir.
Je pouffe et réapparais sur le banc à ses côtés.
— Pardon.
Il me sourit, ça me rassure. J’ai parfois peur que ma famille n’apprécie pas la nouvelle version
de moi, surtout Lune, qui est celui d’entre nous qui a le moins changé. J’ai peut-être peur pour rien.
J’ai souvent peur pour rien. Je suppose que la version où j’existe est tout de même préférable à celle
où je m’efface.
Après le repas, tout le monde s’occupe de débarrasser et de faire la vaisselle. J’attire l’attention
sur les détails souvent oubliés : balayer sous la table, essuyer celle-ci, remettre les bancs en place ou
trier le peu de déchets qui en résulte (Lune aime aller donner les miettes aux oiseaux, et Fossoie
entretient le compost avec passion)
Ensuite, chaque membre de la famille vaque à ses occupations matinales. La plupart
perfectionne ses nouveaux talents. Il ne suffit pas de les avoir… encore faut-il leur prêter attention.
Moi, je descends au village. Il ne reste plus grand monde à Renouveau, mais ce n’est pas une raison
pour ne pas prendre soin de celleux qui restent. Alors, je vérifie la réserve de bois, je remplis la réserve
d’eau. Ici, quelqu’un a pensé aux toilettes. C’est bien. J’essaie d’en faire de moins en moins au village,
pour que le jour où les Réensauvagé.e.s partiront, mon absence ne soit pas remarquée. Mais c’est
l’hiver, et si quelqu’un tombe malade, il faudra bien s’en occuper aussi. Je veille. Je vérifie. Et quand il
faut faire, je fais.
Je croise Apprente et Faune. Iels me voient, hochent la tête en remerciement. Je leur souris.
Sans doute que Nick est là aussi, mais je ne suis pas encore très à l’aise avec lui.
Et je rentre au refuge, mon devoir terminé.
Tout autour de moi, le monde est presque silencieux, et moi, je le suis tout à fait. Mon pas
léger crisse sur la neige, mes empreintes du retour dans mes empreintes de l’aller, pour ne pas
déranger plus que nécessaire.
À mon retour, Aulne et Lune méditent ensemble sous un arbre, Fossoie entretient la tombe de
Lien. Véridis a entrepris de sculpter un renard tout blanc qu’il tapote avec insistance. Sol et Nimona
jouent au coin du feu. L’ambiance est joyeuse et tendre, douce comme la première neige.
C’est ma famille.
C’est devenu ma famille autrefois parce qu’il fallait que quelqu’un l’empêche de se briser.
C’est redevenu ma famille quand iels ont appris la vérité à mon sujet et qu’iels ont décidé de me
garder quand même, quand tout ce que nous croyions toustes être la vérité s’est avéré une longue
illusion. Je ne sais plus quel âge j’ai, je ne sais plus quand je suis næ ni comment j’ai été nommæ, ou
si même j’avais un nom. J’ai gardé Tian. Ça ne gêne pas Aulne, et moi, j’aime bien Tian. Quelque
part, je suis un peu l’enfant que j’ai enterré dans la forêt il y a tant d’années, je crois.
Je m’assois au coin du feu, ravive les flammes de quelques coups de tisonnier, rajoute une
bûche. Je n’ai pas envie de devoir rallumer le foyer s’il s’éteint… c’est long et fastidieux.
On poque doucement mon épaule. C’est Sol.
— Hé, Tian ! Tu viens avec nous ?
— Faire quoi ?
— Une blague !
Elle et Nimona rient sous cape. Je me laisse entraîner le long du sentier qui mène au lieu de
méditation préféré d’Aulne et Lune. Iels en reviennent justement, marchant et devisant
tranquillement. Nimona me colle une grosse boule de neige dans la main pendant que Sol en façonne
une autre, et désigne un sapin aux branches alourdies.
— On vise la branche juste au-dessus d’eux à trois ! Un, deux… Trois !
Nos trois projectiles partent à l’unisson, frappent la branche, et un énorme monceau de neige
tombe droit sur nos deux aîné.e.s.
— Oh, vous trois ! rugit Lune dans une menace feinte, vous allez voir !
Mais la riposte d’Aulne est bien plus rapide et bien plus sournoise : elle demande
silencieusement à l’arbre au-dessus de nous de nous déverser l’intégralité de sa neige sur le poil, et
nous voilà toutes trois ensevelies et hilares. Lune se jette sur nous pour en rajouter une couche. Attiré
par nos éclats de rire, Fossoie nous rejoint et décide de nous canarder bien caché derrière un buisson.
Véridis hésite un peu puis rapplique à son tour. Nous finissons toustes trempé.e.s, gelé.e.s et pris.e.s
de fous rires incontrôlables qui imposent une fin de partie.
Nous rentrons alors que déjà la nuit étire à l’infini les ombres des feuillus dégarnis. J’étends à
nouveau les vêtements, je laisse les autres se réchauffer pendant que je prépare le repas. En quelques
secondes, je redeviens – involontairement, cette fois – invisible.
— Tian. Tu recommences.
Je rentre la tête dans les épaules, penaud.
— Pardon, Véridis.
— Tu n’as rien fait qui nécessite des excuses.
Il prend un couteau et entreprend de couper les légumes à côté de moi. Aulne le rejoint pour
parer les plus abîmés d’entre eux, j’entends Fossoie souffler sur les braises et remettre du bois dans le
feu. Un cliquetis de couverts me signale que Sol met le couvert, un froufroutement de tissus que Lune
et Nimona rangent les vêtements que j’avais mis à sécher la veille.
Le dîner passe, on rit encore. On rit beaucoup plus depuis que Nimona et Lune sont
réconcilié.e.s, que Fossoie ne se sent plus coupable et que Sol… heu, est là.
Quand les autres vont se coucher, je raccompagne Véridis jusqu’à son trou dans les racines.
Puis, je m’accorde une petite promenade nocturne rien qu’à moi. J’aime la nuit et son silence, surtout
le silence de la première neige.
Une chouette hulule dans le lointain.
Soudain, elle se tait, me tirant de ma rêverie. Un grognement lui fait suite. Je me retrouve face
à un ours, dans une de ces périodes agressives qu’ils ont quand ils se réveillent en hiver. Le
grognement se fait grondement, un avertissement de ne pas se dresser devant lui. Ma main se porte à
ma ceinture et rencontre le vide. C’est vrai, j’ai offert mon arme à Oscar ! J’espère qu’il va bien…
Reste dans le présent, Tian, il y a un ours, là. Je ne veux pas lui faire de mal, mais il ne faut
pas le laisser approcher de nos réserves. Alors je repousse mon manteau, je me campe le dos droit et
les jambes écartées, et je laisse monter en moi ce dont je n’ai habituellement cure : ma puissance. Je
sens mes poils qui se hérissent, mon aura qui se déploie, et je gronde à mon tour, plus bas, plus
sourd, plus fort que lui. De nous deux, ce n’est pas lui le plus fort, et maintenant, je le sais.
Il s’arrête, m’observe, interloqué… puis fait demi-tour et s’éloigne. Je m’empresse de remettre
mon manteau. Il fait froid, tout de même !
Je rentre et je me perds à nouveau dans mes pensées. Le papier dans ma poche me rappelle
Oscar, qui est parti explorer le monde avec sa clé à molette pour y chercher le train de ses rêves. Son
souvenir fait ressortir celui d’Arbousier, surpris lui aussi que j’aie réussi, même temporairement, à
contenir sa rage. Celui de Personne, si triste, devenu René, si apaisé. De toustes les autres qui sont
parti.e.s, Épice, Tissage, Nechamah, Échangelin, Vulpae… des noms et des visages défilent dans ma tête
tandis que je regagne les lueurs tremblotantes du refuge des Réensauvagé.e.s.
Avant de pousser la porte, une dernière fois, je contemple le monde, les arbres nus, les étoiles
scintillantes au-dessus de la neige désormais troublée par les traces de nos pas. Bientôt, ma famille et
moi aussi partirons à travers le monde, apprendre aux gens à faire attention, à écouter la nature, son
équilibre, son rythme, sa vie. Et c’est à nous qu’échoit cette tâche, même si nous ne sommes qu’une
petite famille un peu bancale, un peu brisée, et profondément imparfaite. C’est quand même à nous
de le faire.
Parce que tout est lié.
Et qu’il faut bien que quelqu’un le fasse.
Quelques mèmes en vrac :
Un mème sur Sol :
Un mème sur Mémo :
Un mème sur Sol :
Deux mèmes orphelins :
Et pour la fin, un florilège de mèmes sur Faune, Scolopendre et Nick :
