CasusNO

Je ne sais pas si les playsets du livre sont dispos en pdf. Celui de Boomtown l'est : tu peux le trouver dans les productions amateurs sur le site d'Edge.

Et pour une première partie, nous on avait utilisé L'Antartique, mais ça avait moyennement pris, parce que le setting est trop présent.

En revanche, la petite ville du sud ou la banlieue résidentielle, ça peut très bien marcher, puisque les relations vont vraiment être au coeur de l'histoire. Après, si tu en veux plus, tu peux en trouver sur le site de Edge ou en anglais ici.

Après, il faut surtout que le setting vous parle, à toi et tes joueurs. Discutez-en entre vous, et choisissez ensemble.

Bref, bonne première partie

Oh j'ai déjà téléchargé à peu près tous les playsets dispos, je me demandais juste si c'était mieux/plus sûr de commencer avec un du LdB, auquel cas je les aimerais bien en pdf; je pense que c'est nettement plus simple si chaque joueur à les listes sous les yeux, et ça me saoule prodigieusement ne serait-ce que d'envisager l'option photocopieuse… On est plus en 1985 bordel ;-)

Le mieux, AMHA, est de prendre un setting sans "menace extérieure" pour une première partie. Comme Fiasco est basé sur les relations inter-personnages, une menace extérieure a tendance à les distraire / souder alors que ce n'est pas l'effet recherché. Celui de la petite ville du Sud avait fonctionné du feu de dieu lors de notre 2nde partie. La première en mode desesperate housewives avait pas mal donné aussi malgré une fin bâclée.

Sinon, je te propose un playset Fiasco "banlieue années 80" : https://docs.google.com/document/d/1fLa ... sp=sharing

binoclard a écrit :Oh j'ai déjà téléchargé à peu près tous les playsets dispos, je me demandais juste si c'était mieux/plus sûr de commencer avec un du LdB, auquel cas je les aimerais bien en pdf; je pense que c'est nettement plus simple si chaque joueur à les listes sous les yeux, et ça me saoule prodigieusement ne serait-ce que d'envisager l'option photocopieuse… On est plus en 1985 bordel ;-)

Même si c'est évidemment mieux d'avoir plusieurs version du playset et pas juste une, je pense que ce n'est pas très grave de n'avoir qu'un livre. A chaque fois que l'on prend une décision pour son personnage, on décide à deux et il est plus convivial de regarder sur le même bouquin. D'autant que la création des relations inter-personnages n'est jamais très longue (allez 15 minutes max).

Mon conseil pour ce jeu c'est surtout de prévoir plusieurs playsets et de choisir ensemble dans lequel on va jouer en début de partie. Cela fait partie des trucs cools des jeux qui ne nécessitent pas de préparation : choisir à quoi l'on va jouer juste avant la partie.

on en a refait avec mes potos, setting "Lucky Strike".

Bon a un peu trop sombré dans le gore, mais c'était toujours aussi sympa.

Par contre, j'ai l'impression qu'à la longue, les settings variés c'est de la balle, mais que le fait que ce soit toujours les mêmes textes d'embrouille et de conclusion constitue un goulot d'étranglemet qui jure justement avec la variété initiale.
ce serait bien d'en imaginer d'autres...

Il n'y a à ma connaissance qu'une alternative aux tables d'embrouilles et de conclusion : les tables "soft" du Fiasco Companion (jamais traduites et non-diffusées). J'en parle plus haut pour dire qu'elles ne me convainquent pas totalement.

Lorsque j'avais demandé l'accès au wiki US du jeu pour mettre en ligne un playset utilisant ces tables, l'un des membres de Bully Pulpit s'était montré un peu parano et avez insisté pour que je ne mette pas en ligne ces tables (ce qui n'avais jamais été mon intention) : son argument était que ces tables étaient le seul élément du jeu nécessaire pour lancer une partie (avec un playset mais plusieurs sont disponibles gratuitement en ligne) et que si ont se mettait à en diffuser il n'était plus nécessaire d'acheter le jeu...

Et sinon, ça vaut le coup d'acheter le Companion, ou pas?

Sachant que le matériel est en anglais, donc compréhensible pour ma table, mais non directement utilisable.

Ben, mettons que j'ai pas encore joué, et que je suis en train de le lire ^__^

Perso j'aime bien, ça donne un autre éclairage sur les règles, ça approfondit un peu le pourquoi du comment et quelques détails auxquels être attentifs. Juste pour jouer, je sais pas si ça vaut le coup, mais comme bouquin de game-design c'est assez intéressant.

Le bouquin est effectivement intéressant (et agréable à lire) d'un point de vue game-design. Cela étant dit si tes parties de Fiasco sont déjà satisfaisantes il ne va pas non plus décupler le plaisir que tu prends lors de tes parties, d'autant qu'il s'adresse à des joueurs ayant déjà joué quelques fois au jeu.

Souvenir d'une partie mémorable, sans doute pas exactement fidèles, mais qui retracent l'essentiel.

Pour commencer, la situation de départ :


Wendy est secrétaire dans une société de transport et amante à temps partiel de Kenneth.
Kenneth est un avocat véreux, amant de Wendy. Il connait Jason pour l'avoir tiré d'affaires deux ou trois fois, pour des petits larcins.
Jason est un dur-à-cuir porté sur la bouteille. Toujours à chercher un moyen de faire vite un bifton par la ruse ou la violence. Il connait Wendy qu'il a croisé deux ou trois fois en compagnie de Kenneth au "Flamant Rose", leur bar de prédilection.

On discute en début de partie les grandes lignes, en s'inspirant du schéma triangulaire.


Scène 1: Nous voici en plein jeu télévisé "Amour Fou" avec Wendy et Kenneth qui tentent de décrocher le gros lot. C’est un couple illégitime, ils se connaissent à peine, sauf pour de sporadiques galipettes. Ils se vautrent, répondant à côté des questions sur leurs gouts respectifs, sous les huées du public et le sourire sardonique de Bob, le présentateur débonnaire. Après l’émission, petit en-cas pendant lequel Kenneth picole un peu trop et menace le présentateur de mort : “sale enfoiré, on méritait ce pognon, je te ferai la peau”, avant d'être débarqué manu militari par le service de sécurité.

Scène 2: Bar glauque. Le Flamant Rose. Wendy la blonde à poumons larges et neurones éparpillés rencontre Jason, un dur-à-cuir guère plus finaud. Elle bosse comme secrétaire dans une société de transport et lui propose un gros coup : un camion rempli de matériel hi-fi de qualité à braquer. En échange de l’info sur l’itinéraire du camion (“aucun risque, il se promènera sur des routes désertes, en pleine nuit”), elle lui demande d’amocher Bob le présentateur, histoire de se venger de l’humiliation subie dans le jeu télé. Jason accepte : il a sacrément besoin de se renflouer. Et connait des gitans prêts à racheter la came.

Scène 3: Ruelle sombre. Jason passe à tabac Bob le présentateur télé, sous le regard goguenard de Wendy et Kenneth, un peu en retrait, dans l’ombre. Ils savourent leur vengeance. Quand Bob est bien en vrac, ils s’approchent et lui balancent quelques coups de pied en rab. Sauf que Wendy trébuche et plante son talon aiguille dans l’oeil du présentateur. Bob trépasse sur le coup, dans un râle et un geyser sanglant qui gicle de son orbite. Jason qui a un casier pas vraiment vierge voit que ça tourne au vinaigre, et se fait la malle, laissant la blonde et l’avocat véreux en plan avec un cadavre encore tiède.

Scène 4 : Une petite route déserte, le matin, deux jours après le passage à tabac. La brume filocharde s’étend sur la campagne silencieuse. Jason braque le camion prétendument plein à craquer de merveille, sur les indications de Wendy. Il fait descendre le chauffeur, le ligote, le balance dans le bas-coté. Il ouvre le camion : odeur gerbante, piaillements, milles yeux idiots se braquent sur lui. Le camion est plein à craquer de volailles excitées, du poulet d'élevage. Tu parles d’un tuyau percé ! Il se barre malgré tout avec la cargaison, faute de mieux, la rage au ventre.

(à suivre)

Brand a écrit : Au fur et à mesure des retours, j'ai vraiment acquis la conviction que si tu t'attends à jouer à un jdr quand tu joues à Fiasco, le jeu ne pourra pas répondre au cahier des charges et a de grandes chances de ne pas te plaire, alors que si tu cherches à jouer à Fiasco, tu as beaucoup plus de chances que cela te plaise. Maintenant, il me semble qu'Edge le vend comme un jdr, ce qui ne facilite sans doute pas les choses.

Cette différence est pour moi celle qu'il y a entre un "jeu narratif" et un "jdr". C'est à la fois très proche (on parle à table avec des chips et du coca) et très différent (on ne cherche pas à résoudre une situation au travers de son personnage, mais à raconter une histoire dont il est un des protagonistes : oui, pour moi, le jdr ce n'est pas par défaut raconter une histoire / selon ta perception, il peut y avoir une confrontation plus qu'une coopération, etc.).

J'ai pas mal pratiqué Fiasco récemment, et il y a une approche en effet très différente du jdr classique. Le seul gros point commun serait qu'il y a une histoire avec des personnages et qu'on joue en discutant autour d'une table...
J'ai joué avec des débutants n'ayant aucune expérience de jdr, et ça s'est très bien passé dès la première partie. On élabore un "film" en commun, le personnage est un outil, on discute ensemble des bifurcations de l'intrigue.
J'ai aussi joué avec un joueur de jdr qui voulait plus ou moins "gagner" ou se demandait fréquemment vers quelle direction on allait et si c'était la "bonne", ou bien tentait de diriger l'intrigue dans le sens qu'il avait préconçu et était déçu et frustré que les autres joueurs ne tiennent pas forcément compte de ses suggestions appuyées ou bien détournent les éléments qu'il proposait dans une direction inattendue, etc.

Du coup, j'ai essayé de formaliser ce qui me parait important dans la mise en place et le déroulement de scène, qui reste l'unité de base de Fiasco.
Et aussi de voir les trois grandes articulations que sont l'action, la narration et la description et comment elles importent dans le jeu.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire et j'ajouterai aussi des exemples.

Sous une apparente simplicité, une partie de Fiasco est intense puisqu'il faut en permanence intégrer les bouleversements qu'apportent les autres joueurs, reconfigurer ses attentes et son approche, tenter de garder une cohérence d'ensemble, injecter des intrigues tortueuses sans sombrer dans la complexité ingérable, trouver l'angle qui rende les situations nerveuses et fertiles en développement sans non plus faire dans l'originalité à tout prix qui est souvent paralysante, ne pas se projeter trop loin et jouer dans l'instant en exploitant les opportunités narratives du moment, être conciliant tout en mettant en avant ses idées quitte à les abandonner si ça ne colle pas, être généreux pour suggérer mais aussi pour savoir dire "oui, et" aux idées des autres, etc etc
Ce qui est jubilatoire, c'est que ça se fait plutôt naturellement, l'intrigue trouvant son propre cheminement assez naturellement au bout de quelques scènes et quelques spéculations lancées à la volée en meta-jeu.

Voilà donc mes quelques suggestions de technique (action, narration, description) et de mise en scène (mise en place et déroulement):
http://fiasco-jeu.weebly.com/mise-en-scegravene.html
http://fiasco-jeu.weebly.com/technique.html

J'espère que ça n'est pas trop confus.
Je suis preneur de vos retours, critiques, suggestions et idées.

Fabulo a écrit :Souvenir d'une partie mémorable, sans doute pas exactement fidèles, mais qui retracent l'essentiel.

Ce qui a été intéressant pour moi dans cette partie a été que rapidement il a été clair que les deux autres personnages (Wendy et Kenneth) étaient les protagonistes principaux et que j'ai pu donc prendre un rôle un peu en retrait. Fiasco a cet aspect important où l'histoire prime, au-delà de ses propres considérations d'ego. Et où ce qui prime est de "donner aux autres" (pour reprendre une expression chère à Morningstar) plus que d'être là pour son propre plaisir de jeu.
Du coup, la partie a été en effet mémorable en raison de la folie des deux autres joueurs et un très bon moment

Fiasco, c'est quand-même le seul jeu où j'ai pu prononcer la réplique : "si seulement tout pouvait être aussi simple qu'avec les pingouins" en jouant les sanglots dans la voix.