Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

[sherinford]

Dernières (re-)lectures:



"Le règne du gorille" par Lyon Sprague De Camp.

Retour vers ma collection Néo fantastique d'où j'extrais ce volume un peu au hasard. Ce roman de Lyon Sprague De Camp a été écrit en 1941, soit avant "la planète des singes" de Pierre Boule. Il met en scène les passagers d'un bus qui "hibernent" pendant des centaines de milliers d'années et se retrouvent dans un futur où les hommes ont disparus et où les primates ont pris le contrôle de la planète.

La première partie du roman est une sorte de roman d'aventure et de survie en environnement hostile, avec des tensions entre les personnages principaux.

Puis vient la rencontre avec les gorilles, qui les capturent et les parquent dans un zoo avant de faire quelques tests pour évaluer leur intelligence (ce passage est particulièrement hilarant).

Après un moment, ils finissent par apprendre à communiquer avec leurs geôliers, et ce qui leur permet d'apprendre l'état des lieux de la planète: la forme des continents a bien évidemment évolué, et une guerre fait rage entre les différentes espèces de primates qui ont évolué: les babouins sont apparemment les plus agressifs, tandis que les gorilles ont mis en place une société assez civilisée. Les orang-outang, de leur côté, forment un peuple maritime qui a dompté les océans et qui a aidé les gorilles à traverser depuis l'Afrique pour échapper aux babouins.

Au final, je le trouve plutôt cool.


Lectures de 2025:

Spoiler:

1. "Le dernier voeu & l’épée de la providence" de Andrzej Sapkowski (10/10).
2. "Voix d’extinction" de Sophie Hénaff (6/10).
3. "Béantes portes du ciel" de Robert Reed (7/10).
4. "Dernier meurtre au bout du monde" de Stuart Turton (9/10).
5. "Drame de pique" de Sophie Hénaff (8/10).
6. "La vengeance du Manitou" de Graham Masterton (7/10).
7. "Les chevaliers d'émeraude - tome 1 - Le feu dans le ciel" de Anne Robillard (6/10).
8. "Itinéraires nocturnes" par Tim Powers (4/10).
9. "Dune" par Frank Herbert (10/10).
10. "Le Messie de Dune" par Frank Herbert (8/10).
11. "Les enfants de Dune" par Frank Herbert (6/10).
12. "L'Empereur-Dieu de Dune" par Frank Herbert (10/10).
13. "L'invasion des profanateurs" par Jack Finney (7/10).
14. "Sinistre réputation" par Miranda James (5/10).
15. "Les yeux de la momie" par Robert Bloch (8/10).
16. "Les mines du Roi Salomon" par Henry Rider Haggard (7/10).
17. "She - tome 1" par Henry Rider Haggard (8/10).
18. "She - tome 2" par Henry Rider Haggard (8/10).
19. "La montagne dans la mer" par Ray Nayler (6/10).
20. "Medalon" par Jennifer Fallon (6/10).
21. "L'épée brisée" par Poul Anderson (9/10).
22. "La bibliothèque des rêves secrets" par Michiko Aoyama (8/10).
23. "Le rôdeur devant le seuil" par H.P. Lovecraft et August Derleth (4/10).
24. "La crise dans le récit" par Byung-Chul Han (8/10).
25. "Opération Napoléon" par Arnaldur Indridason (8/10).
26. "Les hérétiques de Dune" par Frank Herbert (7/10).
27. "La maison des mères" par Frank Herbert (8/10).
28. "Harry Dickson - Intégrale 1" par Jean Ray (4/10).
29. "L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea" par Romain Puértolas (7/10).
30. "Summerland" par Hannu Rajaniemi (8/10).
31. "Des meurtres qui font du bien" par Karsten Dusse (8/10).
32. "Hildegarde" par Léo Henry (8/10).
33. "Papi Mariole" par Benoît Philippon (6/10).
34. "Le Merveilleux Restaurant des souvenirs" par Yuta Takahashi (7/10).
35. "Les gouvernantes" par Alex Hay (6/10).
36. "Le sanctuaire" par Laurine Roux (9/10).
37. "L'île inconnue" par Clark Ashton Smith (8/10).
38. "Mon mari" par Maud Ventura (8/10).
39. "Un roman à succès sur papier recyclé" par Simon Drouard et Vianney Louvet (4/10).
40. "Le jardin de Suldrun" par Jack Vance (10/10).
41. "La perle verte" par Jack Vance (10/10).
42. "Madouc" par Jack Vance (10/10).
43. "Le règne du gorille" par Lyon Sprague De Camp (7/10).

 

[Sama64]

Lu pendant les vacances

Ce lien entre nous, de David Joy. Un polar Noir plutôt glauque, avec pour protagonistes des rednecks et des gens simples dans une région rurale des US.
Certaines scènes sont bien sanglantes et éprouvantes. La fin m'a semblée tronquée, dommage (ou Alors je ne l'ai pas comprise).
Ça ferait un bon film en tout cas

[vivien]

Je viens de commencer un bouquin de jean marc Ligny, Alliances, et c'est mauvais, mon dieu que c'est mauvais ! 47 pages, et déjà un massacre avec des cannibales violeurs... j'hésite à continuer.

[vermer]

Je viens de commencer un bouquin de jean marc Ligny, Alliances, et c'est mauvais, mon dieu que c'est mauvais ! 47 pages, et déjà un massacre avec des cannibales violeurs... j'hésite à continuer.

Faut jamais hésiter a abandonner un livre. Des qu'il y a le moindre doute: poubelle. Il y a trop de tres bons livres a lire.

[Highlandjul]

A coté des Gies, on voit souvent citer les ouvrages de Christopher Dyer dans les discussions sur la vie et l'économie des villages médiévaux sur divers forums de jdr. Tu as une opinion ?
Je n'ai aucun de ceux là, mais il sont dans ma liste "ça pourrait être utile" depuis longtemps ...

Dyer c'est du costaud, du solide (il a d'ailleurs publié des trucs dans la collection de Flaran dont je parlais plus haut) ! Il bénéficie d'un contexte de sources riches différentes des contextes plus méridionaux. La seule objection que j'ai (qui n'en est une qui ne vaut que pour mon taf et n'a que peu d'importance pour des rôlistes) c'est que c'est justement très bien dans son contexte britannique et probablement un peu moins pertinent pour l'Europe méridionale occidentale. Mais oui !

J'ai toute une biblio grâce à mes collègues médiévistes sur le sujet et un peu plus centrée sur nos vertes et plaisantes contrées à nous (mais c'est forcément très spécialisé, ça reste une bibliographie de boulot et n'est peut-être pas lisible/intéressant par toutes et tous) ! Voir les travaux de Cursente, Bonnassie, Mousnier par exemple.

C'est clair que ça date, mais j'imagine que l'approche (monographie très resserrée basée sur tous les registres, livres de comptes etc ...possibles et imaginables concernant le patelin), sans extrapolations audacieuses, fait que ça n'a peut-être pas si mal vieilli ?

Cela reste de bonnes réfs mais si, elles ont forcément un peu vieilli en 50 ans. Renouvellement des méthodes, renouvellements des contextes d'études des sources, renouvellement des chercheurs (oui ça compte aussi), nouvelles sources, apport des sources archéologiques (même si l'archéologie britannique pouvait avoir un peu d'avance, les apports de l'archéologie préventive sont colossaux), etc. 50 ans pour une discipline qui avance vite et fort, c'est beaucoup. Les ouvrages (souvent anglosaxons) de Big History vieillissent mal en général mais c'est l'exercice qui veut probablement ça.

Tiens, puisqu'on en est aux demandes de ref. Dis- moi, que pourrais-tu me conseiller sur le néolithique, en particulier sur les sites de Locmariaquer et Er Lannic?

Echange de bons procédés, de mon côté, pour ceux qui veulent un excellent livre de très bonne vulgarisation sur les mythes grecs, je ne peux que conseiller l'excellent L'Univers, les Dieux, les Hommes de J.P Vernant dont on a aussi l'équivalent sur youtube ( un entretien à la RTS de l'auteur qui reprend les grandes lignes du livre, taper Vernant RTS entretien). Je l'ai souvent conseillé mais jamais ici, je crois.

[Erwan G]

LA CITE DES NUAGES ET DES OISEAUX
Anthony Doerr

Il m’aura fallu un certain temps pour réussir à me plonger dans ce livre. Il m’a été présenté comme un livre sur les livres, une histoire qui mêle les temps, les genres et les époques. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre, j’ai repoussé sa lecture, ayant du mal à me laisser prendre par le pitch évoqué en quatrième de couverture.

Omeir est un enfant né au XVème siècle dans l’Empire ottoman avec la lèvre et le palais fendu. Sa famille restante, sa mère, ses trois sœurs et son grand père est chassée de leur village parce qu’elle a refusé de sacrifié cet enfant du démon. Elle s’est installée à l’écart, sous un promontoire rocheux où elle a fondée une nouvelle ferme. Zeno est un Américain d’origine méditerranéenne, orphelin de mère puis de père après la deuxième guerre mondiale, qui décide de s’enrôler pour la guerre de Corée où il se fait capturer. Konstance est une jeune enfant de 10 ans qui grandit, dans un futur assez proche, au sein d’un vaisseau parti de la terre qui doit relier une exoplanète semblable à la Terre pour la coloniser. Anna est une jeune orpheline de Constantinople, née quelques années avant la chute de la Cité et n’ayant, pour seule famille, qua sa grande sœur Maria qui a trouvé un travail dans un atelier de broderie dans lequel sont fabriqués des vêtements pour des prêtres et des nobles. Anna n’a aucune compétence particulière, si ce n’est celle de se mettre constamment dans les ennuis. Seymour est un jeune garçon souffrant de troubles anxieux (pour ne pas dire d’un TSA au vu de ses comportements), élevé par une mère célibataire dans le courant des années 2000. Sa seule échappatoire est la forêt à coté de sa maison et sa seule passion les chouettes. La Cité des nuages et des oiseaux est un livre écrit au Ier siècle par Antoine Diogène qui raconte l’histoire d’un berger un peu idiot qui, ayant mal compris une pièce de théâtre, décide de partir en quête d’une magicienne qui pourrait le transformer en oiseau pour rejoindre la Cité des nuages et des oiseaux mais qui finit transformé en âne. Ce livre est ce qui réunit les histoires des cinq personnages.

J’ai beaucoup aimé ce texte et, sans dire qu’il est le meilleur que j’aurai lu cette année, entre dans le haut du classement. C’est un joli texte qui va explorer le quotidien et la personnalité des cinq protagonistes ainsi que les liens qui les unissent, sans toutefois tomber dans la facilité (sauf à de rares exceptions). Le livre est divisé en parties reprenant les feuillets du texte perdu et retrouvé d’Antoine Diogène, traduit par l’un des personnages (Zeno en l’occurrence). Chacune de ces parties contient plusieurs chapitres qui font des allers & retours entre les différents personnages, les différentes époques. Contrairement à d’autres livres choraux, la Cité des nuages et des oiseaux ne se livre pas à une surenchère de cliffhangers tous plus artificiels les uns que les autres, même s’il arrive de recourir deux ou trois fois à cet artifice. Les chapitres sont généralement courts et certains font des ellipses plus longues, des retours vers le passé parfois. On peut même apprendre, au cours de certains chapitres, des informations qui concernent d’autres personnages, sans que cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture ou l’envie de comprendre exactement ce qui s’est passé ou comment cela s’est passé.

La Cité des nuages et des oiseaux est extrêmement agréable à lire, au point même où il est souvent difficile de poser le livre. Vu la taille des chapitres, il est aisé de se dire « aller, encore un et après je dors » et de ne réussir à s’endormir qu’après avoir lu une cinquantaine de pages de plus. C’est une très belle réussite, bien rythmée, très intéressante à la fois sur le sujet (le livre, sa conservation, sa transmission et le risque de disparition) mais également pour les personnages développés qui, s’ils sont tous un peu extraordinaires, ne sont aucunement des personnages hors normes, incroyables ou monolithiques. Je recommande chaudement sa lecture.

[Léonard]

J'ai fini la double trilogie de La Tour de Garde avec L'armée fantoche, de Claire Duvivier.

J'ai vraiment bien aimé ce final. Moi chaleureuse que Capitale du Sud au début, la trilogie Capitale du Nord se laisse apprécier petit à petit. Le personnage d'Amalia devient plus attachant, le style devient plus naturel (notamment quand on se fait au registre de langue de la noblesse, qui utilise le passé simple au lieu du passé composé, et qu'on se rend compte que ça a un sens dans le récit).

Spoiler:

Et j'ai trouvé très touchante la communauté de la Tour de Garde qui se construit peu à peu.

Mon regret : ne pas avoir suivi l'ordre de lecture préconisé (alterner les tomes en commençant par Capitale du Sud). S'il y avait eu moins de temps entre ma lecture des deux tomes 3, j'aurais sans doute apprécié encore plus le tour de force des deux auteurices qui parviennent à raconter deux histoires se déroulant au même moment et en partie dans les mêmes lieux sans incohérences ni redites.

[Sammael99]

J'ai fini la double trilogie de La Tour de Garde avec L'armée fantoche, de Claire Duvivier.

J'ai vraiment bien aimé ce final. Moi chaleureuse que Capitale du Sud au début, la trilogie Capitale du Nord se laisse apprécier petit à petit. Le personnage d'Amalia devient plus attachant, le style devient plus naturel (notamment quand on se fait au registre de langue de la noblesse, qui utilise le passé simple au lieu du passé composé, et qu'on se rend compte que ça a un sens dans le récit).

Spoiler:

Et j'ai trouvé très touchante la communauté de la Tour de Garde qui se construit peu à peu.

Mon regret : ne pas avoir suivi l'ordre de lecture préconisé (alterner les tomes en commençant par Capitale du Sud). S'il y avait eu moins de temps entre ma lecture des deux tomes 3, j'aurais sans doute apprécié encore plus le tour de force des deux auteurices qui parviennent à raconter deux histoires se déroulant au même moment et en partie dans les mêmes lieux sans incohérences ni redites.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cette double trilogie, mais j'en attendais sans doute un peu trop. Au final, j'ai bien aimé l'histoire et les styles différents, mais je trouve que l'exercice d'écriture à 4 mains n'a pas tenu toutes ses promesses. On le ressent en particulier dans le rythme des deux tomes 3 qui ménagent des pans entiers de récit à l'autre au lieu de laisser l'histoire se dérouler naturellement.

Du coup, et malgré mon appréciation de l'ensemble, ça reste plutôt comme une déception pour moi. Mais ça ne m'a pas empêché d'acheter le nouveau Guillaume Chamanadjian. Pas encore lu par contre.

[Blondin]

@Léonard et @Sammael99, si vous voulez prolonger la lecture de ce cycle, vous pouvez passer au bimestriel... 

[Erwan G]

J'ai fini la double trilogie de La Tour de Garde avec L'armée fantoche, de Claire Duvivier.

J'ai vraiment bien aimé ce final. Moi chaleureuse que Capitale du Sud au début, la trilogie Capitale du Nord se laisse apprécier petit à petit. Le personnage d'Amalia devient plus attachant, le style devient plus naturel (notamment quand on se fait au registre de langue de la noblesse, qui utilise le passé simple au lieu du passé composé, et qu'on se rend compte que ça a un sens dans le récit).

Spoiler:

Et j'ai trouvé très touchante la communauté de la Tour de Garde qui se construit peu à peu.

Mon regret : ne pas avoir suivi l'ordre de lecture préconisé (alterner les tomes en commençant par Capitale du Sud). S'il y avait eu moins de temps entre ma lecture des deux tomes 3, j'aurais sans doute apprécié encore plus le tour de force des deux auteurices qui parviennent à raconter deux histoires se déroulant au même moment et en partie dans les mêmes lieux sans incohérences ni redites.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cette double trilogie, mais j'en attendais sans doute un peu trop. Au final, j'ai bien aimé l'histoire et les styles différents, mais je trouve que l'exercice d'écriture à 4 mains n'a pas tenu toutes ses promesses. On le ressent en particulier dans le rythme des deux tomes 3 qui ménagent des pans entiers de récit à l'autre au lieu de laisser l'histoire se dérouler naturellement.

Du coup, et malgré mon appréciation de l'ensemble, ça reste plutôt comme une déception pour moi. Mais ça ne m'a pas empêché d'acheter le nouveau Guillaume Chamanadjian. Pas encore lu par contre.

Je partage le ressenti de Ben. Sans aller jusqu'à la déception, je trouve que la série manque son objectif : l'écriture à 4 mains n'existe pas réellement, sauf pour l'écriture du monde et ses secrets. Mais le reste, que ce soient les intrigues ou les protagonistes, sont trop détachés l'un de l'autre pour être réellement une écriture à 4 mains. J'ai été très déçu de trouver encore, dans le 3ème tome de chaque trilogie, deux intrigues se déroulant en parallèle, s'influençant finalement peu.

Pour le reste, j'ai une préférence pour la Capitale du nord, parce que je trouve le récit mieux maitrisé, les personnages globalement plus intéressants et l'intrigue mieux développé. La capitale du sud constituent les premiers romans de Chamanadjian et l'on sent moins de maitrise que chez Duvivier. Mais cela reste correct et est même excellent au vu de ce que je peux lire au niveau de ce type de littérature française.

En tout cas, mes petits reproches ne m'ont pas privé de tout plaisir de lecture et je recommande systématiquement ce cycle.

[Fabfab]

J'avais beaucoup apprécié les 2 premiers tomes de "Capitale du sud", je me garde le 3ème sous le coude et j'attaque "Capitale du nord" pour les vacances. Franchement, je trouve les plumes des 2 auteur/autrice fluides et évocatrices à la fois. On dit que le français est une langue verbeuse, mais en l'occurrence elle est rendue efficace par rapport à certaines trilogies anglo-saxonnes infiniment diluées.

[fleo]

Je me suis gouré en achetant le premier tome de capitale du nord, à cause de la direction artistique et j'ai lu Un long voyage de Claire Duvivier. J'ai adoré ce livre, que je trouve meilleur que les capitale du nord et du sud, que j'ai dévorés également.

[Tybalt (le retour)]

Le cycle de la Tour de garde n'est pas une écriture à quatre mains au sens fort du terme, sinon les noms des deux plumes apparaîtraient sur les couvertures de tous les tomes, hein Il s'agit de deux trilogies liées l'une à l'autre par leur univers, certains de leurs personnages et une partie de leurs intrigues, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Chaque trilogie a son style, sa personnalité et son rythme, qui correspondent à la personnalité de la ville qui en est le point de départ, et les deux trilogies explorent des milieux, des lieux et des directions bien distinctes, pour ne se rejoindre qu'à la fin (et encore, partiellement).

Personnellement, j'ai beaucoup aimé ce cycle. La trilogie Capitale du Sud est plus feuilletonnisante, plus pulp avec son décor un peu plus carton-pâte rarement décrit, ses rebondissements pas ébouriffants d'originalité (il y a un côté "L'Assassin royal en ajoutant de la cuisine française") mais bien ficelés et surtout très bien rythmés (l'intrigue ne perd vraiment pas une ligne, au risque de laisser les descriptions en slip de bain), bref, elle fait plus "plaisir coupable". Ça ne bouleverse pas le genre, mais c'est "efficace", hyper accessible, jouissif à lire, bref, ça fait tout ce qu'on demande à un roman de divertissement de qualité.

Capitale du Nord est autrement plus ambitieuse avec son mélange d'étude sociale de l'aristocratie façon Edith Wharton et d'utopie politique à la Ursula Le Guin, son approche de l'univers fourmillante de détails qui ne sont pas tous des fusil de Tchécov, ses scènes et son style très travaillés qui m'ont paru d'une plus grande maturité que l'écriture de Capitale du Sud. Le rythme fonctionne d'une manière complètement différente, les enjeux narratifs aussi, et c'est assez extraordinaire de voir le même univers vu par deux regards aussi différents tout en conservant une telle cohérence.

Là où l'éditeur a fait un joli coup, c'est que l'écriture de Chamanadjian convient à merveille à la capitale du Sud et celle de Duvivier va comme un gant de velours à la capitale du Nord. Même en co-construisant l'univers avec eux deux, il fallait y arriver !

Ça a déjà été dit, mais je recommande de lire le cycle en commençant par le tome 1 de Capitale du Sud puis en alternant, pour finir par le tome 3 de Capitale du Nord.