Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Publié : mer. oct. 03, 2012 8:30 pm
- « Monsieur Martin, il y a Renan qui est revenu », dit timidement un des enfants de l’orphelinat en réveillant le mercenaire. « Il veut vous parler ».
Martin se force à prendre son temps, à la fois pour ne pas paraître trop pressé tant il se doute de ce que Renan pourrait avoir à lui dire, mais aussi pour être alerte. Avant de se diriger vers la salle commune de l’orphelinat, il fait passer un message à certains des enfants qui surveillent le quartier pour lui : quand Renan ressortira de l’orphelinat, il faut impérativement le pister sans qu’il ne s’en rende compte, mais également sans prendre de risques. Il fait également mander Jehan puis va faire face au jeune garçon.
Renan a sans doute treize ou quatorze ans, et encore cette gaucherie dans la posture qui dénote le mal à s’adapter à un corps qui brandit. Il semble arborer fièrement les quelques poils qui lui poussent au menton et sous le nez. Surtout, il arbore un air de fier dédain, bien qu’il ait du mal à cacher un tressaillement lorsqu’il aperçoit la gueule couturée et tatouée de Martin.
- « Renan. Je te reconnais maintenant. C’est toi qui me matais du haut de la fenêtre le jour où nous sommes venu rendre visite à Eléonore. »
- « Ouais, et alors ? »
- « Et alors rien. Crache ton message, gamin, j’ai pas que ça à faire, et je sens que je vais pas aimer ce que je vais entendre. »
- « Œil de Verre me charge de vous donner ceci. »
Renan sort de sa poche une petite boîte en bois ouvragée. Il la tant à Martin, qui l’ouvre. A l’intérieur, un auriculaire de femme, sectionné au couteau en encore tout sanguinolent. Martin lève les yeux sur Renan et d’un geste fluide lui assène une gifle magistrale qui envoie l’enfant voler contre un banc de la salle commune.
Renan se relève et, d’une voix qui se veut assurée, il dit :
- « Œil de Verre tuera la vieille si je ne reviens pas ! »
- « Peut-être », répond Martin, contenant à peine sa rage. « Mais toi tu seras mort. »
- « On peut même envisager pire que la mort », intervient Jehan qui vient d’arriver et a assisté aux derniers échanges. « On a une connaissance ou deux dans le quartier qui pourraient t’en parler. »
- « Vous ne laisserez pas la vieille mourir ! » crie le gamin.
- « Qu’est-ce qui te fait croire qu’Œil de Verre se soucie de ta vie de merde, morpion ? » répond Martin, venimeux. « S’il t’envoie c’est qu’il veut quelque chose de nous en échange de la libération d’Eléonore. Pas de raison que ça change, que tu vives ou que tu meures… »
Renan pâlit sensiblement.
- « Qu’est-ce qu’il veut ? » aboie Martin.
- « Vous rencontrer seul à seul, dans un endroit public et neutre. Il a une proposition à vous faire. »
- « Et veule avec ça ! »
- « Il est pas fou. Et il sait que vous tenez à la vieille. »
Ce coup-ci, Renan a presque le temps de voir la gifle arriver. Elle n’est pas moins violente, et il finit de nouveau étalé entre les bancs et la table.
- « Elle s’appelle Eléonore, elle a sué sang et eau pour vous élever tous, même toi, petite merde ingrate que tu es. A partir de maintenant, si tu l’appelles encore une fois la vieille, je te casse un os. Pigé. »
Renan ne répond rien et se relève, pensant sans doute que sa dignité sera mieux préservée ainsi.
Martin le laisse en plan, sous la surveillance de plusieurs des autres enfants.
- « Qu’est-ce qu’on fait ? » demande Jehan à Martin.
- « On a le choix ? » répond Martin, abattu.
- « Non, pas vraiment. En tous cas, je ne te vois pas buter ce gamin de sang-froid, et comme tu l’as fait remarquer, il ne représente rien pour Œil de Verre, donc le séquestrer ne nous amènera rien… »
- « On va le laisser mariner dans son jus, le temps de s’assurer par les gamins et par Malbert qu’on peut le suivre sans le perdre… »
Pendant ce temps, à l’auberge de Malbert, Pierre s’approche d’une table où deux femmes, l’une assez jeune et l’autre plus âgée sont en train de siroter un thé.
- « Mesdames, je suis Pierre l’Ange. Je suis un des associés de la Compagnie de Terre-Neuve. On m’a fait savoir que vous souhaitiez me rencontrer. »
- « Enchantées, monsieur l’Ange, » répond la plus jeune des deux femmes. « En effet, nous avons entendu dire que la Compagnie était à la recherche de personnes disposant de certains talents, dirons-nous et disposées à envisager un voyage lointain, voire une expatriation définitive. »
- « C’est très joliment tourné », répond Pierre, « et c’est tout à fait juste. »
Pierre commande une chope à Malbert et se tourne vers les deux femmes :
- « J’espère que vous n’avez pas eu trop de mal à vous faire servir une boisson non alcoolisée… »
- « Nous avons toujours du thé sur nous, il nous suffit de payer pour de l’eau chaude. Ça prend un peu de temps, mais nous n’étions pas pressées, et nous avions réellement envie de faire votre rencontre. »
- « Fort bien » répond Pierre. « Si vous m’en disiez un peu plus sur la nature de vos ‘talents’ et les raisons qui vous poussent à envisager de partir au loin ? »
- « Nous faisons partie d’un groupe peu nombreux et assez discret dont la plupart des membres vivent dans les Royaumes du Sud. Contrairement à d’autres groupes de gens ‘talentueux’ nous ne sommes pas prosélytes ni même structurés, simplement nous partageons ces talents dont nous allons vous parler, et malheureusement nous en souffrons fréquemment… »
- « Dans quel sens ? »
- « Et bien, comme vous allez le comprendre, nos capacités nous rendent précieuses auprès des riches et des puissants, mais leurs velléités à nous asservir à leur service nous sont désagréables. De ce fait, nombre de nos représentantes sont sujettes à des persécutions. Comme nous avons toutes fait vœu de célibat, c’est d’ailleurs là la source de nos talents, nous avons peu d’attaches. Nous pensons que venir en Terre-Neuve (puisque c’est de cela qu’il s’agit, j’imagine) nous permettrait de fuir ces persécutions. Il y a une dizaine d’entre nous qui sommes disposées à ce grand voyage. »
- « Intéressant » répond Pierre. « Je vous en dirais un peu plus à ce sujet dans un instant, mais si vous me disiez en quoi consistent vos talents ? »
La vieille femme prend alors la parole, non sans avoir scruté alentour pour vérifier qu’elle n’était pas écoutée.
- « C’est très simple : nous avons la capacité de réparer les corps des êtres vivants : remettre et guérir des blessures en quelques heures, redonner la santé à qui est affaibli ou souffreteux, purger par nos pouvoirs celui qui a absorbé un poison mortel, etc. Vous comprenez maintenant pourquoi nous sommes menacés par la volonté des puissants… »
- « En effet. Je comprends. Sachez en tous cas que ce type de talent nous semble utile au regard des circonstances à Terre-Neuve. »
- « Quelles sont ces circonstances ? »
- « J’y viens. Sachez tout d’abord que la traversée dure plusieurs mois, dans un inconfort certain et, même si nous n’avons à ce jour perdu aucun navire avec un risque tout de même à ce niveau-là. Je ne voudrais pas que vous puissiez penser que nous ne vous informons pas des dangers. »
- « Nous comprenons bien cela. Ce n’est pas une surprise et nous nous y considérons prêtes. »
- « D’autre part, et c’est sans doute le plus important, Terre-Neuve est sous la menace d’une… force politique hostile et militarisée. Nous n’avons pas à ce stade de grands détails, mais il y a fort à parier que quelques batailles à tout le moins, une guerre peut-être se prépare pour les mois, peut-être les années à venir. Cela veut dire des risques, mais aussi des occasions de mettre vos talents en pratique. Evidemment, si vous avez des réticences à utiliser vos talents, ça peut représenter un souci. »
- « Nous n’avons pas à proprement parler de réticences, mais nous souhaitons fuir le quasi-esclavage dans lequel l’utilisation de nos talents réduit certaines d’entre nous. S’il s’agit de participer à un effort collectif pour défendre ce qui sera notre nouvelle contrée, la situation est différente. »
- « Je comprends. Il me semble qu’en ces termes nous pourrions tout à fait être intéressés par votre collaboration. »
- « Un point cependant. Vous ne le savez peut-être pas, mais les talents tels que les nôtres nécessitent un combustible particulier pour fonctionner… »
- « Oui, je connais ces détails. Disons que dans le cadre d’une collaboration entre notre Compagnie et vos acolytes, nous pourrons vous procurer dans une certaine mesure de ce carburant. C’est une denrée très rare, vous le savez, mais nécessité fait loi, et encore une fois dans le cadre du conflit qui nous attend, vos talents pourraient sans nul doute faire une grosse différence. Je vous propose si ces conditions vous conviennent d’en parler à mes associés et de revenir vers vous. »
- « Cela nous semble très satisfaisant ! »
Martin se force à prendre son temps, à la fois pour ne pas paraître trop pressé tant il se doute de ce que Renan pourrait avoir à lui dire, mais aussi pour être alerte. Avant de se diriger vers la salle commune de l’orphelinat, il fait passer un message à certains des enfants qui surveillent le quartier pour lui : quand Renan ressortira de l’orphelinat, il faut impérativement le pister sans qu’il ne s’en rende compte, mais également sans prendre de risques. Il fait également mander Jehan puis va faire face au jeune garçon.
Renan a sans doute treize ou quatorze ans, et encore cette gaucherie dans la posture qui dénote le mal à s’adapter à un corps qui brandit. Il semble arborer fièrement les quelques poils qui lui poussent au menton et sous le nez. Surtout, il arbore un air de fier dédain, bien qu’il ait du mal à cacher un tressaillement lorsqu’il aperçoit la gueule couturée et tatouée de Martin.
- « Renan. Je te reconnais maintenant. C’est toi qui me matais du haut de la fenêtre le jour où nous sommes venu rendre visite à Eléonore. »
- « Ouais, et alors ? »
- « Et alors rien. Crache ton message, gamin, j’ai pas que ça à faire, et je sens que je vais pas aimer ce que je vais entendre. »
- « Œil de Verre me charge de vous donner ceci. »
Renan sort de sa poche une petite boîte en bois ouvragée. Il la tant à Martin, qui l’ouvre. A l’intérieur, un auriculaire de femme, sectionné au couteau en encore tout sanguinolent. Martin lève les yeux sur Renan et d’un geste fluide lui assène une gifle magistrale qui envoie l’enfant voler contre un banc de la salle commune.
Renan se relève et, d’une voix qui se veut assurée, il dit :
- « Œil de Verre tuera la vieille si je ne reviens pas ! »
- « Peut-être », répond Martin, contenant à peine sa rage. « Mais toi tu seras mort. »
- « On peut même envisager pire que la mort », intervient Jehan qui vient d’arriver et a assisté aux derniers échanges. « On a une connaissance ou deux dans le quartier qui pourraient t’en parler. »
- « Vous ne laisserez pas la vieille mourir ! » crie le gamin.
- « Qu’est-ce qui te fait croire qu’Œil de Verre se soucie de ta vie de merde, morpion ? » répond Martin, venimeux. « S’il t’envoie c’est qu’il veut quelque chose de nous en échange de la libération d’Eléonore. Pas de raison que ça change, que tu vives ou que tu meures… »
Renan pâlit sensiblement.
- « Qu’est-ce qu’il veut ? » aboie Martin.
- « Vous rencontrer seul à seul, dans un endroit public et neutre. Il a une proposition à vous faire. »
- « Et veule avec ça ! »
- « Il est pas fou. Et il sait que vous tenez à la vieille. »
Ce coup-ci, Renan a presque le temps de voir la gifle arriver. Elle n’est pas moins violente, et il finit de nouveau étalé entre les bancs et la table.
- « Elle s’appelle Eléonore, elle a sué sang et eau pour vous élever tous, même toi, petite merde ingrate que tu es. A partir de maintenant, si tu l’appelles encore une fois la vieille, je te casse un os. Pigé. »
Renan ne répond rien et se relève, pensant sans doute que sa dignité sera mieux préservée ainsi.
Martin le laisse en plan, sous la surveillance de plusieurs des autres enfants.
- « Qu’est-ce qu’on fait ? » demande Jehan à Martin.
- « On a le choix ? » répond Martin, abattu.
- « Non, pas vraiment. En tous cas, je ne te vois pas buter ce gamin de sang-froid, et comme tu l’as fait remarquer, il ne représente rien pour Œil de Verre, donc le séquestrer ne nous amènera rien… »
- « On va le laisser mariner dans son jus, le temps de s’assurer par les gamins et par Malbert qu’on peut le suivre sans le perdre… »
Pendant ce temps, à l’auberge de Malbert, Pierre s’approche d’une table où deux femmes, l’une assez jeune et l’autre plus âgée sont en train de siroter un thé.
- « Mesdames, je suis Pierre l’Ange. Je suis un des associés de la Compagnie de Terre-Neuve. On m’a fait savoir que vous souhaitiez me rencontrer. »
- « Enchantées, monsieur l’Ange, » répond la plus jeune des deux femmes. « En effet, nous avons entendu dire que la Compagnie était à la recherche de personnes disposant de certains talents, dirons-nous et disposées à envisager un voyage lointain, voire une expatriation définitive. »
- « C’est très joliment tourné », répond Pierre, « et c’est tout à fait juste. »
Pierre commande une chope à Malbert et se tourne vers les deux femmes :
- « J’espère que vous n’avez pas eu trop de mal à vous faire servir une boisson non alcoolisée… »
- « Nous avons toujours du thé sur nous, il nous suffit de payer pour de l’eau chaude. Ça prend un peu de temps, mais nous n’étions pas pressées, et nous avions réellement envie de faire votre rencontre. »
- « Fort bien » répond Pierre. « Si vous m’en disiez un peu plus sur la nature de vos ‘talents’ et les raisons qui vous poussent à envisager de partir au loin ? »
- « Nous faisons partie d’un groupe peu nombreux et assez discret dont la plupart des membres vivent dans les Royaumes du Sud. Contrairement à d’autres groupes de gens ‘talentueux’ nous ne sommes pas prosélytes ni même structurés, simplement nous partageons ces talents dont nous allons vous parler, et malheureusement nous en souffrons fréquemment… »
- « Dans quel sens ? »
- « Et bien, comme vous allez le comprendre, nos capacités nous rendent précieuses auprès des riches et des puissants, mais leurs velléités à nous asservir à leur service nous sont désagréables. De ce fait, nombre de nos représentantes sont sujettes à des persécutions. Comme nous avons toutes fait vœu de célibat, c’est d’ailleurs là la source de nos talents, nous avons peu d’attaches. Nous pensons que venir en Terre-Neuve (puisque c’est de cela qu’il s’agit, j’imagine) nous permettrait de fuir ces persécutions. Il y a une dizaine d’entre nous qui sommes disposées à ce grand voyage. »
- « Intéressant » répond Pierre. « Je vous en dirais un peu plus à ce sujet dans un instant, mais si vous me disiez en quoi consistent vos talents ? »
La vieille femme prend alors la parole, non sans avoir scruté alentour pour vérifier qu’elle n’était pas écoutée.
- « C’est très simple : nous avons la capacité de réparer les corps des êtres vivants : remettre et guérir des blessures en quelques heures, redonner la santé à qui est affaibli ou souffreteux, purger par nos pouvoirs celui qui a absorbé un poison mortel, etc. Vous comprenez maintenant pourquoi nous sommes menacés par la volonté des puissants… »
- « En effet. Je comprends. Sachez en tous cas que ce type de talent nous semble utile au regard des circonstances à Terre-Neuve. »
- « Quelles sont ces circonstances ? »
- « J’y viens. Sachez tout d’abord que la traversée dure plusieurs mois, dans un inconfort certain et, même si nous n’avons à ce jour perdu aucun navire avec un risque tout de même à ce niveau-là. Je ne voudrais pas que vous puissiez penser que nous ne vous informons pas des dangers. »
- « Nous comprenons bien cela. Ce n’est pas une surprise et nous nous y considérons prêtes. »
- « D’autre part, et c’est sans doute le plus important, Terre-Neuve est sous la menace d’une… force politique hostile et militarisée. Nous n’avons pas à ce stade de grands détails, mais il y a fort à parier que quelques batailles à tout le moins, une guerre peut-être se prépare pour les mois, peut-être les années à venir. Cela veut dire des risques, mais aussi des occasions de mettre vos talents en pratique. Evidemment, si vous avez des réticences à utiliser vos talents, ça peut représenter un souci. »
- « Nous n’avons pas à proprement parler de réticences, mais nous souhaitons fuir le quasi-esclavage dans lequel l’utilisation de nos talents réduit certaines d’entre nous. S’il s’agit de participer à un effort collectif pour défendre ce qui sera notre nouvelle contrée, la situation est différente. »
- « Je comprends. Il me semble qu’en ces termes nous pourrions tout à fait être intéressés par votre collaboration. »
- « Un point cependant. Vous ne le savez peut-être pas, mais les talents tels que les nôtres nécessitent un combustible particulier pour fonctionner… »
- « Oui, je connais ces détails. Disons que dans le cadre d’une collaboration entre notre Compagnie et vos acolytes, nous pourrons vous procurer dans une certaine mesure de ce carburant. C’est une denrée très rare, vous le savez, mais nécessité fait loi, et encore une fois dans le cadre du conflit qui nous attend, vos talents pourraient sans nul doute faire une grosse différence. Je vous propose si ces conditions vous conviennent d’en parler à mes associés et de revenir vers vous. »
- « Cela nous semble très satisfaisant ! »