CR Ryuutama - Pour quelques paniers de riz...
Publié : sam. févr. 13, 2016 6:45 pm
Les personnages sont un fermier, un ménestrel et une guérisseuse. Le fermier, qui est aussi le cartographe, opte pour un chapeau et des vêtements ringards et de seconde main. Le ménestrel, au contraire, porte un beau chapeau. Il est accompagné de Bibi, un bébé lapin géant.
Tous les trois viennent d’un petit hameau pastoral au milieu de douces collines herbeuses et font partie du clan des Quatre, dont l’emblème est fait de quatre ronds jaunes sur fond bleu.
Le hameau produit de la laine, que les habitants échangent chaque année avec du riz et des paniers que Ceux du lac leurs amènent à dos de tortue géante.
Sauf que, cette année, les tortues ne sont pas venues. Le hameau doit accommoder ses repas sans riz et les paniers sont dépenaillés. La doyenne du village demande aux trois jeunes gens d’aller jusqu’au lac et de résoudre ce grave problème.
Départ en voyage
Les voyageurs ont préparé leurs rations et leur tente, puis sont partis à travers les collines. Le soleil radieux est rapidement passé à l’orage, qui les a contraints à monter la tente. Le ménestrel profite de la veillée sous la tente pour raconter l’histoire de la Dame blanche qui apparait après les orages. Au matin, alors qu’il sort de la tente, il aperçoit sa silhouette mystérieuse qui disparaît dans la brume du matin.
Le lendemain, ils traversent une gorge fleurie et agréable, mais peinent à trouver de la nourriture : les fruits sont abondants mais vénéneux, l’étang poissonneux mais plein de crocodiles, et les animaux trop mignons pour être chassés. Leur voyage se poursuite néanmoins, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la plaine en suivant l’ancienne route impériale.
La plaine est traversée de ruisseaux, qui débordent au point de transformer celle-ci en pataugeoire. Soudain, ils aperçoivent un cavalier solitaire. A sa bannière noire au triangle blanc, le ménestrel reconnaît Zarkhan le survivant. Ce terrible guerrier est le dernier survivant de sa horde. Il voyage, seul et crépusculaire, à la recherche d’un adversaire capable de le vaincre. Effrayés, nos trois voyageurs se cachent et le laissent passer. Mais ils ne manquent pas de se demander si sa présence a un rapport avec l’absence de riz et de paniers.
Le dernier jour, les voyageurs traversent une plaine inondée. Les rizières sont noyées et les buffles s’ébattent dans l’eau sans bouvier. On parvient à peine à distinguer la plaine du lac, où l’on aperçoit une ile lointaine.
Arrivée au lac
Une grande ville en ruines borde le lac. Le ménestrel reconnaît l’emblème sculpté à l’entrée : un petit personnage qui en tient un autre sur ses épaules. C’est Scule, qui fut autrefois l’un des joyaux de l’Empire. Mais la puissante cité fut ravagée jadis par des pillards nomades. Elle n’est plus que par des villageois installés dans les palais en ruine. Les rues sont inondées, mais les maisons sont hors d’eau car elles sont surélevées.
L’une de ses maisons semble plus animée et plus riche que les autres. Les voyageurs sont aimablement invités à partager le repas, qui est agréable mais peu copieux. La guérisseuse constate que les enfants sont maigres et en mauvaise santé. Les habitants son intrigués par le chapeau du fermier, qui est rappelons le, ringard et de seconde main. Celui-ci leur explique qu’il en a hérité d’un parent, homme digne mais aux goûts vestimentaires discutables. Cela attire une sympathique commisération en sa faveur.
Au cours de la discussion, il apparait que les rizières sont inondées par la hausse du niveau du lac. Comme il n’y a plus de récolte, les villageois ne peuvent de riz contre des paniers avec Ceux de l’île. A vrai dire, ils considèrent ces derniers comme des sorciers peu recommandables, qui sont responsables de la hausse du niveau des eaux par leur néfaste magie. La princesse Zarkha, leur hôte, dernière souveraine de Scule, a tenté de négocier vainement avec eux, mais ils se sont contentés de retourner l’accusation.
Les voyageurs soupçonnent que cette rivalité stérile détourne du véritable problème. Ils pensent à un barrage et apprennent qu’au-delà du lac se trouve Orges, une grande cité, jadis vassale de Scule. Les habitants d’Orges, des gens soucieux de leur apparence et de leur rang, méprisent leur ancienne suzeraine dont ils se sont affranchis. Pour comprendre ce qui se passe, les voyageurs empruntent une pirogue à un grand-père. Le fermier laisse en gage son chapeau et ses vêtements (ringards et de seconde main), auxquels les villageois savent qu’il tient beaucoup.
Voyage à Orges
Après deux jours de pirogue, les voyageurs parviennent à Orges, sous un nouvel orage. C’est une grande cité tout de bois construite. Les gardes sur les tours leurs recommandent une auberge, où ils se rendent sous des trombes de pluie. Là, ils prennent un bon repas chaud, se sèchent et discutent avec les habitants. Le ménestrel entame un tour de chant comique pour les mettre en confiance.
Rapidement, les voyageurs comprennent la situation : Orges est dirigé par le Grand Panetier, qui a hérité d’une dignité impériale – fournir le pain de l’Empereur, bien qu’il n’y ait plus d’Empire. Il est également le propriétaire du grand moulin et prélève une taxe sur la mouture, revenu substantiel dans cette plaine agricole. Depuis quelques années, le montant de la taxe a augmenté de façon effroyable, car le grand panetier en verse lui-même une part importante à la cité de Croissants, un grand port de mer dirigé d’une main de fer par la Mandarine.
Apprenant cela, le ménestrel entonne un air plein de critiques acerbes à l’égard du tyran, le Grand Panetier, et de ses taxes iniques. C’est un immense succès. Le lendemain, en sortant de l'auberge, tout le monde fredonne la chanson et les jeunes gens portent des vêtements orange, comme la plume de son chapeau.
Fort de ce succès, les voyageurs visitent la ville. Ils découvrent l’immense barrage qui permet au moulin-palais du Grand Panetier de fonctionner : plusieurs mètres de dénivelés, en immense rondins de bois, qui expliquent la montée des eaux du lac. Fort de son succès, le ménestrel décide de transformer l’essai. Il monte sur un tonneau et harangue la foule, tandis que ses compagnons se mêlent prudemment à la foule. La colère gronde dans la petite cité !
Soudain, une douzaine de gardes survient. Tout le monde regarde ses chaussures, prudemment. Le capitaine, fort courtois, admoneste le ménestrel. Il lui explique qu’il aime la musique et que sa chanson est fort jolie, mais néanmoins séditieuse ; que certes les taxes sont lourdes, mais après tout, quel peuple n’est pas accablé par les impôts ? ; Qu’il respecte les artistes, mais que néanmoins, s’il reçoit l’ordre de mettre le ménestrel dehors, il le fera. Fort de cet avertissement, le capitaine se retire avec ses gardes.
Les compagnons profitent de ce répit pour examiner le barrage. Ils constatent amèrement qu’ils ne connaissent rien à l’hydraulique. Qu’à cela ne tient, ils interrogent deux hydrauliciens qui prennent des mesures non loin de là. Les deux savants, le père et le fils, infatués de leur succès, vantent les mérites du barrage qu'ils ont fait construire pour le grand panetier. Le fait que les villages en amont soient ne semble guère les affecter. Soudain, le fils montre une tour du palais d’un air effrayé et ils filent tous les deux à l’intérieur.
Peu à peu, les choses se clarifient. Les voyageurs se rendent dans une taverne où, avec des airs de conspirateurs, le tenancier leur expose le problème : si personne n’ose réagir, ce n’est ni à cause du Grand Panetier, ni de ses gardes débonnaires, mais à cause de Sanguine.
Le ménestrel croit se souvenir de récits à propos de Sanguine. C’est une guerrière masquée de rouge, disciple de la Mandarine. Une armée aurait préféré verser un tribut que de l’affronter. Elle aurait vaincu un dragon armée de son seul parapluie. C’est la meilleure manieuse de lance de l’ancien Empire.
Le tenancier confirme que les choses ont empiré depuis que Sanguine vient régulièrement rappeler le versement du tribut à la cité de Croissante. Elle ferait passer ses opposants sous les meules du moulin et se nourrirait de pain avait avec la farine qui en sort. Que faire ?
Le plan des Voyageurs
Le fermier se demande si tout cela n’est pas un tissu de racontars. Après tout, personne ne semble avoir vu Sanguine se battre, tellement sa réputation la précède. Il hésite toutefois à la défier. La guérisseuse envisage d’enlever les hydrauliciens pour connaitre les faiblesses du barrage.
Enfin, le ménestrel et le fermier concoctent un plan saugrenu : répandre des rumeurs selon lesquelles Sanguine aurait tenu des propos peu amènes au sujet de Zarkhan le survivant, de ses mœurs et de sa virilité, et qu’elle aurait insinué qu’il avait évité Orges plutôt que de s'affronter.
En conséquence, nos voyageurs passent plusieurs jours à alterner bavardages dans les tavernes, siestes et promenades. Ils espèrent que la rumeur parviendra jusqu’aux oreilles de Zarkhan.
Un matin, alors que les voyageurs prennent un délicieux petit-déjeuner à l’auberge, Sanguine déboule, tout de rouge vêtue, masquée, la lance à la main. Tout en faisant tournoyer sa lance comme une toupie, elle leur fait part d’un ton passablement énervé qu’elle a eu vent des rumeurs et qu’elle en est fort fâchée. Les voyageurs sont un peu penauds
Soudain, la porte s’ouvre : c’est Zarkan lui-même, qui a entendu les rumeurs à son égard. Rapidement, le combat fait rage, chacun maniant la lance avec une célérité hallucinante. Le ménestrel s’improvise commentateur sportif pour ce combat du siècle, alors que toute la ville se masse autour de l’auberge pour regarder.
Zarkhan et Sanguine s’affrontent maintenant sur les toits, sous les yeux des habitants ébahis. Même les gardes sont fascinés. La guérisseuse et le fermier décident que c’est le moment d’agir : ils se précipitent au barrage, observent son système d’ouverture et pénètrent dans le moulin.
Au même moment, Zarkhan et Sanguine, à force de sauter de toits en toits, sont arrivés sur les toits du palais. A l’intérieur, les voyageurs décident de mettre le feu au mécanisme de fermeture de la vanne du barrage. La guérisseuse brise un tonneau d’huile, qui sert à graisser les mécanismes, et allume le feu. Puis ils déguerpissent en récupérant leur compagnon, le ménestrel.
La farine du moulin est hautement inflammable, voire explosive. Le palais s’effondre brusquement dans une tempête de flammes, alors que les combattants sont encore sur son toit. Le barrage explose à son tour, vidant brusquement les eaux du lac de retenue.
Épilogue
Les voyageurs reprennent leur pirogue et retournent à Scule la restituer. Lorsque la princesse Zarkhan les interroge, le ménestrel est pris d’une subite inspiration ; il explique posément que les eaux du lac étaient retenues par un barrage de castors…
La princesse Zarhka accepte cette explication sans sourciller. Elle en profite pour demander des nouvelles de son père, Zarkhan. Les voyageurs remarquent avec stupéfaction qu’ils n’avaient pas pensé à cette filiation, mais se contentent modestement de dire qu’ils n’en savent rien. Puis, ils repartent triomphalement dans leur hameau, avec deux tortues géantes chargées de riz et de paniers. Mission accomplie !
Tous les trois viennent d’un petit hameau pastoral au milieu de douces collines herbeuses et font partie du clan des Quatre, dont l’emblème est fait de quatre ronds jaunes sur fond bleu.
Le hameau produit de la laine, que les habitants échangent chaque année avec du riz et des paniers que Ceux du lac leurs amènent à dos de tortue géante.
Sauf que, cette année, les tortues ne sont pas venues. Le hameau doit accommoder ses repas sans riz et les paniers sont dépenaillés. La doyenne du village demande aux trois jeunes gens d’aller jusqu’au lac et de résoudre ce grave problème.
Départ en voyage
Les voyageurs ont préparé leurs rations et leur tente, puis sont partis à travers les collines. Le soleil radieux est rapidement passé à l’orage, qui les a contraints à monter la tente. Le ménestrel profite de la veillée sous la tente pour raconter l’histoire de la Dame blanche qui apparait après les orages. Au matin, alors qu’il sort de la tente, il aperçoit sa silhouette mystérieuse qui disparaît dans la brume du matin.
Le lendemain, ils traversent une gorge fleurie et agréable, mais peinent à trouver de la nourriture : les fruits sont abondants mais vénéneux, l’étang poissonneux mais plein de crocodiles, et les animaux trop mignons pour être chassés. Leur voyage se poursuite néanmoins, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la plaine en suivant l’ancienne route impériale.
La plaine est traversée de ruisseaux, qui débordent au point de transformer celle-ci en pataugeoire. Soudain, ils aperçoivent un cavalier solitaire. A sa bannière noire au triangle blanc, le ménestrel reconnaît Zarkhan le survivant. Ce terrible guerrier est le dernier survivant de sa horde. Il voyage, seul et crépusculaire, à la recherche d’un adversaire capable de le vaincre. Effrayés, nos trois voyageurs se cachent et le laissent passer. Mais ils ne manquent pas de se demander si sa présence a un rapport avec l’absence de riz et de paniers.
Le dernier jour, les voyageurs traversent une plaine inondée. Les rizières sont noyées et les buffles s’ébattent dans l’eau sans bouvier. On parvient à peine à distinguer la plaine du lac, où l’on aperçoit une ile lointaine.
Arrivée au lac
Une grande ville en ruines borde le lac. Le ménestrel reconnaît l’emblème sculpté à l’entrée : un petit personnage qui en tient un autre sur ses épaules. C’est Scule, qui fut autrefois l’un des joyaux de l’Empire. Mais la puissante cité fut ravagée jadis par des pillards nomades. Elle n’est plus que par des villageois installés dans les palais en ruine. Les rues sont inondées, mais les maisons sont hors d’eau car elles sont surélevées.
L’une de ses maisons semble plus animée et plus riche que les autres. Les voyageurs sont aimablement invités à partager le repas, qui est agréable mais peu copieux. La guérisseuse constate que les enfants sont maigres et en mauvaise santé. Les habitants son intrigués par le chapeau du fermier, qui est rappelons le, ringard et de seconde main. Celui-ci leur explique qu’il en a hérité d’un parent, homme digne mais aux goûts vestimentaires discutables. Cela attire une sympathique commisération en sa faveur.
Au cours de la discussion, il apparait que les rizières sont inondées par la hausse du niveau du lac. Comme il n’y a plus de récolte, les villageois ne peuvent de riz contre des paniers avec Ceux de l’île. A vrai dire, ils considèrent ces derniers comme des sorciers peu recommandables, qui sont responsables de la hausse du niveau des eaux par leur néfaste magie. La princesse Zarkha, leur hôte, dernière souveraine de Scule, a tenté de négocier vainement avec eux, mais ils se sont contentés de retourner l’accusation.
Les voyageurs soupçonnent que cette rivalité stérile détourne du véritable problème. Ils pensent à un barrage et apprennent qu’au-delà du lac se trouve Orges, une grande cité, jadis vassale de Scule. Les habitants d’Orges, des gens soucieux de leur apparence et de leur rang, méprisent leur ancienne suzeraine dont ils se sont affranchis. Pour comprendre ce qui se passe, les voyageurs empruntent une pirogue à un grand-père. Le fermier laisse en gage son chapeau et ses vêtements (ringards et de seconde main), auxquels les villageois savent qu’il tient beaucoup.
Voyage à Orges
Après deux jours de pirogue, les voyageurs parviennent à Orges, sous un nouvel orage. C’est une grande cité tout de bois construite. Les gardes sur les tours leurs recommandent une auberge, où ils se rendent sous des trombes de pluie. Là, ils prennent un bon repas chaud, se sèchent et discutent avec les habitants. Le ménestrel entame un tour de chant comique pour les mettre en confiance.
Rapidement, les voyageurs comprennent la situation : Orges est dirigé par le Grand Panetier, qui a hérité d’une dignité impériale – fournir le pain de l’Empereur, bien qu’il n’y ait plus d’Empire. Il est également le propriétaire du grand moulin et prélève une taxe sur la mouture, revenu substantiel dans cette plaine agricole. Depuis quelques années, le montant de la taxe a augmenté de façon effroyable, car le grand panetier en verse lui-même une part importante à la cité de Croissants, un grand port de mer dirigé d’une main de fer par la Mandarine.
Apprenant cela, le ménestrel entonne un air plein de critiques acerbes à l’égard du tyran, le Grand Panetier, et de ses taxes iniques. C’est un immense succès. Le lendemain, en sortant de l'auberge, tout le monde fredonne la chanson et les jeunes gens portent des vêtements orange, comme la plume de son chapeau.
Fort de ce succès, les voyageurs visitent la ville. Ils découvrent l’immense barrage qui permet au moulin-palais du Grand Panetier de fonctionner : plusieurs mètres de dénivelés, en immense rondins de bois, qui expliquent la montée des eaux du lac. Fort de son succès, le ménestrel décide de transformer l’essai. Il monte sur un tonneau et harangue la foule, tandis que ses compagnons se mêlent prudemment à la foule. La colère gronde dans la petite cité !
Soudain, une douzaine de gardes survient. Tout le monde regarde ses chaussures, prudemment. Le capitaine, fort courtois, admoneste le ménestrel. Il lui explique qu’il aime la musique et que sa chanson est fort jolie, mais néanmoins séditieuse ; que certes les taxes sont lourdes, mais après tout, quel peuple n’est pas accablé par les impôts ? ; Qu’il respecte les artistes, mais que néanmoins, s’il reçoit l’ordre de mettre le ménestrel dehors, il le fera. Fort de cet avertissement, le capitaine se retire avec ses gardes.
Les compagnons profitent de ce répit pour examiner le barrage. Ils constatent amèrement qu’ils ne connaissent rien à l’hydraulique. Qu’à cela ne tient, ils interrogent deux hydrauliciens qui prennent des mesures non loin de là. Les deux savants, le père et le fils, infatués de leur succès, vantent les mérites du barrage qu'ils ont fait construire pour le grand panetier. Le fait que les villages en amont soient ne semble guère les affecter. Soudain, le fils montre une tour du palais d’un air effrayé et ils filent tous les deux à l’intérieur.
Peu à peu, les choses se clarifient. Les voyageurs se rendent dans une taverne où, avec des airs de conspirateurs, le tenancier leur expose le problème : si personne n’ose réagir, ce n’est ni à cause du Grand Panetier, ni de ses gardes débonnaires, mais à cause de Sanguine.
Le ménestrel croit se souvenir de récits à propos de Sanguine. C’est une guerrière masquée de rouge, disciple de la Mandarine. Une armée aurait préféré verser un tribut que de l’affronter. Elle aurait vaincu un dragon armée de son seul parapluie. C’est la meilleure manieuse de lance de l’ancien Empire.
Le tenancier confirme que les choses ont empiré depuis que Sanguine vient régulièrement rappeler le versement du tribut à la cité de Croissante. Elle ferait passer ses opposants sous les meules du moulin et se nourrirait de pain avait avec la farine qui en sort. Que faire ?
Le plan des Voyageurs
Le fermier se demande si tout cela n’est pas un tissu de racontars. Après tout, personne ne semble avoir vu Sanguine se battre, tellement sa réputation la précède. Il hésite toutefois à la défier. La guérisseuse envisage d’enlever les hydrauliciens pour connaitre les faiblesses du barrage.
Enfin, le ménestrel et le fermier concoctent un plan saugrenu : répandre des rumeurs selon lesquelles Sanguine aurait tenu des propos peu amènes au sujet de Zarkhan le survivant, de ses mœurs et de sa virilité, et qu’elle aurait insinué qu’il avait évité Orges plutôt que de s'affronter.
En conséquence, nos voyageurs passent plusieurs jours à alterner bavardages dans les tavernes, siestes et promenades. Ils espèrent que la rumeur parviendra jusqu’aux oreilles de Zarkhan.
Un matin, alors que les voyageurs prennent un délicieux petit-déjeuner à l’auberge, Sanguine déboule, tout de rouge vêtue, masquée, la lance à la main. Tout en faisant tournoyer sa lance comme une toupie, elle leur fait part d’un ton passablement énervé qu’elle a eu vent des rumeurs et qu’elle en est fort fâchée. Les voyageurs sont un peu penauds
Soudain, la porte s’ouvre : c’est Zarkan lui-même, qui a entendu les rumeurs à son égard. Rapidement, le combat fait rage, chacun maniant la lance avec une célérité hallucinante. Le ménestrel s’improvise commentateur sportif pour ce combat du siècle, alors que toute la ville se masse autour de l’auberge pour regarder.
Zarkhan et Sanguine s’affrontent maintenant sur les toits, sous les yeux des habitants ébahis. Même les gardes sont fascinés. La guérisseuse et le fermier décident que c’est le moment d’agir : ils se précipitent au barrage, observent son système d’ouverture et pénètrent dans le moulin.
Au même moment, Zarkhan et Sanguine, à force de sauter de toits en toits, sont arrivés sur les toits du palais. A l’intérieur, les voyageurs décident de mettre le feu au mécanisme de fermeture de la vanne du barrage. La guérisseuse brise un tonneau d’huile, qui sert à graisser les mécanismes, et allume le feu. Puis ils déguerpissent en récupérant leur compagnon, le ménestrel.
La farine du moulin est hautement inflammable, voire explosive. Le palais s’effondre brusquement dans une tempête de flammes, alors que les combattants sont encore sur son toit. Le barrage explose à son tour, vidant brusquement les eaux du lac de retenue.
Épilogue
Les voyageurs reprennent leur pirogue et retournent à Scule la restituer. Lorsque la princesse Zarkhan les interroge, le ménestrel est pris d’une subite inspiration ; il explique posément que les eaux du lac étaient retenues par un barrage de castors…
La princesse Zarhka accepte cette explication sans sourciller. Elle en profite pour demander des nouvelles de son père, Zarkhan. Les voyageurs remarquent avec stupéfaction qu’ils n’avaient pas pensé à cette filiation, mais se contentent modestement de dire qu’ils n’en savent rien. Puis, ils repartent triomphalement dans leur hameau, avec deux tortues géantes chargées de riz et de paniers. Mission accomplie !