[CR][BoL] La Tène !
Publié : mar. juin 13, 2017 11:40 pm
Yo.
La semaine dernière, un de mes joueurs m’a demandé s’il y avait moyen de faire quelques parties pendant l’après-midi. Un truc simple, rapide, forcément sur le pouce puisque rien de préparé à l’avance.
Ce sera donc du Barbarians of Lemuria pour le système de jeu, avec sûrement quelques modifications (la première qui me vient à l’esprit concerne l’expérience : j’aime beaucoup le concept vendu par BoL mais comme il ne s’agira pas à proprement parler de Sword & Sorcery, je vais me cantonner à une distribution d’expérience au doigt mouillé).
Pour l’univers, ce sera le nôtre vers la fin du Vème siècle av. J.C. dans les très grandes lignes (c’est pas un cours d’histoire, plutôt un pastiche d’inspirations variées) ; le surnaturel y aura la part belle.
Hop, la première partie :
Livre est Vélitas, fils de Lugurix, fils de Borsus. C’est un ambacte séquane [Vigueur 2, Agilité 0, Esprit 1, Aura 1 ; Bagarre 1, Mêlée 2, Tir 0, Défense 1 ; Vitalité 12 ; Noble 1, Fermier 2, Mercenaire 1, Marchand 1 ; Récupération rapide]. En tant que membre de l’aristocratie guerrière, il possède terres, chevaux et armes. Au service de son roi, il se bat pour lui quand le moment est venu.
...
Un brasier s’élève devant lui et défie l’obscurité. Cette maison qui brûle, c’est celle de son père, et de son père avant lui. Lugurix, justement, gît face contre terre à quelques pas du perron. Ses mains sont encore crispées autour de la lance qui l’a tué. Vélitas est arrivé trop tard. Ce matin pourtant, combattant sous la bannière de son roi Adcomaros, il a senti l’odeur de la défaite. Sachant le sort réservé au vaincu, il a couru, espérant devancer les maraudeurs éduens du roi Andostène.
Sa maison est située à l’extérieur du village, elle jouxte la forêt. N’ayant vu aucune trace de ses deux sœurs, le héros séquane observe le pillage. Il décide de s’en approcher et parcours les ruines fumantes, lorsqu’un Éduens le hèle. Lui et un de ses camarades sont en train de fouiller la demeure du boulanger. Tout à son ouvrage, l’homme ne reconnaît pas le guerrier séquane et l’invite à se joindre à eux. Vélitas s’approche de lui et tâche de passer pour l’un des leurs, guettant le bon moment pour agir. Mais quand le second guerrier se tourne vers lui afin d’exhiber sa récente trouvaille, une grande amphore délicatement ouvragée, le héros sait qu’il vient d’être démasqué. Sans perdre de temps, il poignarde le premier guerrier à la gorge et assomme le second du pommeau de l’arme.
Continuant sa progression dans le village, Vélitas avise un attroupement en son centre. Sous la garde d’une dizaine d’Éduens, il y a plusieurs familles. Si le Séquane y aperçoit ses sœurs, il remarque également la présence de Cotus le forgeron. D’un air détaché, tirant pleinement profit de la confusion, il s’approche des captifs et attire l’attention de ses sœurs. D’un geste, Vélitas tranche leurs liens et le forgeron tire de toutes ses forces sur les siens, faisant chuter deux Éduens. Le guerrier le plus proche n’a pas le temps de réaliser ce qui vient d’arriver que le héros l’envoie à terre d’un coup d’épée. Au milieu des cris de guerre qui résonnent maintenant dans le village, Vélitas voit converger vers lui trois Éduens. Il lance sa hache au forgeron, tire son coutelas, et se rue à l’assaut. Malgré les coups qui pleuvent sur lui, sa cotte de maille le laisse indemne, alors même qu’à ses pieds gisent trois corps.
Il n’a pas le temps de savourer sa victoire que le martèlement des chevaux se fait entendre. Deux cavaliers traversent le village en direction des prisonniers. Vélitas exhorte ses sœurs à le suivre et tous trois prennent la direction du nord. Avant même qu’ils n’aient rejoint la forêt, un défi retentit dans le dos du Séquane. C’est un des deux cavaliers. Comme Vélitas lui fait face, l’Éduens réitère son appel. À l’instar du héros, c’est un ambacte : il porte une cotte de maille et son manteau est retenu par une fibule au cerf d’argent. Vélitas enjoint ses sœurs de gagner le couvert des bois, puis accepte le défi de l’Éduens, à la seule condition qu’il mette pied à terre.
C’est donc sur le plancher des vaches que se déroule le duel. Les deux guerriers commencent par échanger quelques coups, afin de se jauger mutuellement. Rapidement, la fatigue se fait sentir et Vélitas a le dessous. Son adversaire parvient par deux fois à le toucher au défaut de son armure, tandis que lui-même ne parvient qu’à l’effleurer. Confiant, l’Éduens lui laisse même le loisir de reprendre son souffle. Arguant du fait « qu’une mort honorable, ça lui fait une belle jambe », le Séquane feint une attaque et lance son coutelas au visage de son adversaire. Comme ce dernier esquive de justesse le projectile, Vélitas fait volteface et prend la fuite.
Il récupère ses deux sœurs, et avec elles il court droit vers le nord, droit vers les profondeurs de la forêt. Mais le héros est fatigué, et ses jeunes sœurs n’ont pas l’habitude d’une telle course. Le groupe finit par tomber de fatigue. C’est la froideur d’une lame posée sur sa joue qui tire Vélitas d’un sommeil trop court. Au-dessus de lui se tient l’homme à la fibule au cerf d’argent. Pendant que d’autres guerriers réveillent ses sœurs, l’ambacte éduens lui intime de se lever. Lentement, la petite troupe refait le chemin de la veille en sens inverse. Finalement, alors qu’ils sont désormais proches du village, l’ambacte fait arrêter la marche. De la pointe de son épée, il pousse Vélitas à s’éloigner de quelques mètres.
Dans une petite clairière, l’Éduens fait s’agenouiller le héros séquane. Mais quand il lève sa lame afin d’exécuter Vélitas, le héros se jette sur lui et le propulse à terre. Dans le corps à corps confus qui s’ensuit, c’est cette fois le Séquane qui a l’avantage : il parvient finalement à ramasser l’arme de son adversaire et lui assène un terrible coup dans la poitrine, dont il ne se relèvera pas. Attirés par le bruit, deux Éduens font également les frais de sa colère, non sans infliger une nouvelle blessure au Séquane.
Courant afin de rejoindre ses sœurs, Vélitas déboule dans une clairière plus grande. Quatre Éduens, surpris et effrayés par cette apparition sanglante, s’empressent de battre en retraite. À la grande frustration du Séquane, l’un d’entre eux se sert de l’aînée de ses sœurs comme d’un bouclier et la menace de sa lame. Mais c’en est trop pour Vélitas : la fatigue de la veille, ajoutée à celle des combats et à sa douleur, ne fait qu’attiser sa fureur. Il se rue sur ses adversaires, en abat promptement deux, tandis que la plus jeune de ses sœurs est emmenée de force vers le village. Le dernier Éduens, terrorisé, menace une fois de plus l’aînée. Mais plus rien ne peut empêcher le Séquane de réclamer la mort de son adversaire. S’il décapite sauvagement l’Éduens, c’est un prix bien élevé qu’il doit payer.
L’une de ses sœurs étant morte, l’autre aux mains des Éduens, Vélitas fait à nouveau volteface et s’enfonce rageusement dans les bois. Il court pendant des heures et se perd, foule du pied un sol qui n’a pas connu de présence humaine depuis des siècles. Confusément, il choisit la direction de l’est, celle des montagnes. Le Séquane, épuisé, finit par s’effondrer dans une clairière alors que la nuit tombe.
Au petit matin, Vélitas ne sent plus la douleur, ni la fatigue. Même la soif et la faim semblent l’avoir délaissé. Le guerrier marche des heures durant jusqu’à trouver une sente courant vers les montagnes. C’est en la suivant qu’il arrive devant une arche faite d’un bois grossier, à laquelle sont accrochées plusieurs crânes d’animaux. Le Séquane passe sous le portail et continue de suivre le sentier. Pour autant, il n’a pas l’impression de progresser : autour de lui le paysage ne varie pas, ou si peu qu’il lui est bien difficile de savoir s’il tourne en rond ou progresse bel et bien. Détail inquiétant, il aurait déjà dû rejoindre les contreforts alpins.
Et puis, doucement au début, puis de manière plus insistante, il entend ce qui s’annonce comme un vacarme assourdissant venant de l’ouest. Quelque chose de massif, lancé au grand galop, semble fracasser à son passage les arbres qui entourent le sentier. Vélitas s’écarte du chemin mais, au moment où la chose aurait dû le dépasser et continuer vers l’est, celle-ci bifurque à son tour et se précipite vers le Séquane. Alors, comme la veille, Vélitas court. Pendant des heures, sans que la fatigue ne se fasse ressentir, il maintient son avance sur le monstre.
Lorsque dans une clairière il avise une grande maison entourée d’une palissade démesurément haute, Vélitas s’y précipite. Il pénètre dans l’enceinte de ce domaine par une immense ouverture dans le mur. Une forme énorme et charnue, vêtue de nippes nauséabondes, semble dormir à même le sol. Mais le Séquane a cessé d’entendre le martèlement monstrueux des sabots. Quand il se retourne, il peut maintenant voir un gigantesque taureau qui mugit de frustration devant l’entrée du domaine.
Alors, dans son dos, il entend une voix profonde. Le propriétaire de ces lieux se relève de toute sa hauteur. Son visage rubicond, sa taille effroyable et son habit grotesque contrastent avec la noblesse de son timbre. Délaissant le Séquane, le seigneur des lieux s’approche du taureau et lui tient un discours dans une langue que Vélitas ne comprend pas. Mais le taureau, dans un signe de soumission, baisse la tête et s’éloigne pesamment.
L’ogre, qui se présente comme étant Camulixus, se tourne alors vers le « petit homme » et lui reproche son manque de savoir-vivre : quoi, il ne s’est même pas présenté et il a l’outrecuidance de pénétrer chez autrui ? Sans même prendre la peine de toquer, quand bien même il n’y a pas de porte ? Sans doute, cela mérite réparation ! Quant au prix demandé, il est d’abord question d’un bras ou d’une jambe, mais le Séquane n’étant définitivement pas disposé à se séparer d’un de ses membres, il en vient à menacer l’ogre.
Camulixus, amusé, lui propose alors un défi. Un jeu aux règles fort simples : chaque participant choisit son arme, le premier frappe le second ; si ce dernier est encore debout, il peut à son tour frapper le premier. Bien sûr, celui qui doit être frappé ne doit en aucun cas tenter de se défendre. Pour prouver sa bonne fois, l’ogre est même disposé à laisser au Séquane le privilège de frapper le premier ! Vélitas, la mort dans l’âme, accepte le défi, non sans avoir tenté par deux fois de prendre la fuite. Camulixus s’assied alors sur une souche, mettant ainsi son torse à la portée du Séquane.
Le héros prend son élan et frappe de toutes ses forces. Il vise la gorge de l’ogre. Mais ce dernier, par roublardise, baisse légèrement le menton et l’épée vient frapper un bourrelet de chair. Camulixus essuie distraitement le filet de sang tandis que Vélitas proteste : l’ogre a bougé ! Lui s’en défend : c’est simplement le soleil qui, l’éblouissant temporairement, a provoqué cet involontaire et léger mouvement de recul. Comme le « petit homme » n’en finit pas de récriminer contre lui, Camulixus convient d’un second coup et promet cette fois de ne pas bouger. Vélitas lui assène son épée droit sur la tempe, mais la lame se heurte à des os plus solides que l’acier. À nouveau, l’ogre passe une énorme main sur la coupure. C’est qu’il pique, ce « petit homme ». Et bientôt c’est à lui de frapper : Camulixus se relève, saisit la souche sur laquelle son séant était posé, et la lève bien au-dessus de sa tête. Une dernière fois, il rappelle au Séquane les règles du jeu, puis abat sa gigantesque massue sur le guerrier. Vélitas n’a pas bougé.
Il se réveille dans la clairière. Il sent à nouveau la fatigue et la douleur. N’était-ce qu’un cauchemar ? Mais alors d’où viennent les victuailles qui l’entourent ? Il y a là une outre pleine de vin, ici un peu de viande séchée et même quelques fruits un peu trop mûrs. Aux appels de Vélitas, personne ne répond. Il se restaure donc, et prend le chemin de l’est. Il marche quelques heures et tombe sur un sentier qui court vers les montagnes. En le suivant, il arrive devant ce portail qu’il a cru traverser dans un songe. Mais cette fois il ne passe pas dessous, il le contourne seulement et continue de suivre le sentier vers l’est, vers les montagnes.
La semaine dernière, un de mes joueurs m’a demandé s’il y avait moyen de faire quelques parties pendant l’après-midi. Un truc simple, rapide, forcément sur le pouce puisque rien de préparé à l’avance.
Ce sera donc du Barbarians of Lemuria pour le système de jeu, avec sûrement quelques modifications (la première qui me vient à l’esprit concerne l’expérience : j’aime beaucoup le concept vendu par BoL mais comme il ne s’agira pas à proprement parler de Sword & Sorcery, je vais me cantonner à une distribution d’expérience au doigt mouillé).
Pour l’univers, ce sera le nôtre vers la fin du Vème siècle av. J.C. dans les très grandes lignes (c’est pas un cours d’histoire, plutôt un pastiche d’inspirations variées) ; le surnaturel y aura la part belle.
Hop, la première partie :
Livre est Vélitas, fils de Lugurix, fils de Borsus. C’est un ambacte séquane [Vigueur 2, Agilité 0, Esprit 1, Aura 1 ; Bagarre 1, Mêlée 2, Tir 0, Défense 1 ; Vitalité 12 ; Noble 1, Fermier 2, Mercenaire 1, Marchand 1 ; Récupération rapide]. En tant que membre de l’aristocratie guerrière, il possède terres, chevaux et armes. Au service de son roi, il se bat pour lui quand le moment est venu.
...
Un brasier s’élève devant lui et défie l’obscurité. Cette maison qui brûle, c’est celle de son père, et de son père avant lui. Lugurix, justement, gît face contre terre à quelques pas du perron. Ses mains sont encore crispées autour de la lance qui l’a tué. Vélitas est arrivé trop tard. Ce matin pourtant, combattant sous la bannière de son roi Adcomaros, il a senti l’odeur de la défaite. Sachant le sort réservé au vaincu, il a couru, espérant devancer les maraudeurs éduens du roi Andostène.
Sa maison est située à l’extérieur du village, elle jouxte la forêt. N’ayant vu aucune trace de ses deux sœurs, le héros séquane observe le pillage. Il décide de s’en approcher et parcours les ruines fumantes, lorsqu’un Éduens le hèle. Lui et un de ses camarades sont en train de fouiller la demeure du boulanger. Tout à son ouvrage, l’homme ne reconnaît pas le guerrier séquane et l’invite à se joindre à eux. Vélitas s’approche de lui et tâche de passer pour l’un des leurs, guettant le bon moment pour agir. Mais quand le second guerrier se tourne vers lui afin d’exhiber sa récente trouvaille, une grande amphore délicatement ouvragée, le héros sait qu’il vient d’être démasqué. Sans perdre de temps, il poignarde le premier guerrier à la gorge et assomme le second du pommeau de l’arme.
Continuant sa progression dans le village, Vélitas avise un attroupement en son centre. Sous la garde d’une dizaine d’Éduens, il y a plusieurs familles. Si le Séquane y aperçoit ses sœurs, il remarque également la présence de Cotus le forgeron. D’un air détaché, tirant pleinement profit de la confusion, il s’approche des captifs et attire l’attention de ses sœurs. D’un geste, Vélitas tranche leurs liens et le forgeron tire de toutes ses forces sur les siens, faisant chuter deux Éduens. Le guerrier le plus proche n’a pas le temps de réaliser ce qui vient d’arriver que le héros l’envoie à terre d’un coup d’épée. Au milieu des cris de guerre qui résonnent maintenant dans le village, Vélitas voit converger vers lui trois Éduens. Il lance sa hache au forgeron, tire son coutelas, et se rue à l’assaut. Malgré les coups qui pleuvent sur lui, sa cotte de maille le laisse indemne, alors même qu’à ses pieds gisent trois corps.
Il n’a pas le temps de savourer sa victoire que le martèlement des chevaux se fait entendre. Deux cavaliers traversent le village en direction des prisonniers. Vélitas exhorte ses sœurs à le suivre et tous trois prennent la direction du nord. Avant même qu’ils n’aient rejoint la forêt, un défi retentit dans le dos du Séquane. C’est un des deux cavaliers. Comme Vélitas lui fait face, l’Éduens réitère son appel. À l’instar du héros, c’est un ambacte : il porte une cotte de maille et son manteau est retenu par une fibule au cerf d’argent. Vélitas enjoint ses sœurs de gagner le couvert des bois, puis accepte le défi de l’Éduens, à la seule condition qu’il mette pied à terre.
C’est donc sur le plancher des vaches que se déroule le duel. Les deux guerriers commencent par échanger quelques coups, afin de se jauger mutuellement. Rapidement, la fatigue se fait sentir et Vélitas a le dessous. Son adversaire parvient par deux fois à le toucher au défaut de son armure, tandis que lui-même ne parvient qu’à l’effleurer. Confiant, l’Éduens lui laisse même le loisir de reprendre son souffle. Arguant du fait « qu’une mort honorable, ça lui fait une belle jambe », le Séquane feint une attaque et lance son coutelas au visage de son adversaire. Comme ce dernier esquive de justesse le projectile, Vélitas fait volteface et prend la fuite.
Il récupère ses deux sœurs, et avec elles il court droit vers le nord, droit vers les profondeurs de la forêt. Mais le héros est fatigué, et ses jeunes sœurs n’ont pas l’habitude d’une telle course. Le groupe finit par tomber de fatigue. C’est la froideur d’une lame posée sur sa joue qui tire Vélitas d’un sommeil trop court. Au-dessus de lui se tient l’homme à la fibule au cerf d’argent. Pendant que d’autres guerriers réveillent ses sœurs, l’ambacte éduens lui intime de se lever. Lentement, la petite troupe refait le chemin de la veille en sens inverse. Finalement, alors qu’ils sont désormais proches du village, l’ambacte fait arrêter la marche. De la pointe de son épée, il pousse Vélitas à s’éloigner de quelques mètres.
Dans une petite clairière, l’Éduens fait s’agenouiller le héros séquane. Mais quand il lève sa lame afin d’exécuter Vélitas, le héros se jette sur lui et le propulse à terre. Dans le corps à corps confus qui s’ensuit, c’est cette fois le Séquane qui a l’avantage : il parvient finalement à ramasser l’arme de son adversaire et lui assène un terrible coup dans la poitrine, dont il ne se relèvera pas. Attirés par le bruit, deux Éduens font également les frais de sa colère, non sans infliger une nouvelle blessure au Séquane.
Courant afin de rejoindre ses sœurs, Vélitas déboule dans une clairière plus grande. Quatre Éduens, surpris et effrayés par cette apparition sanglante, s’empressent de battre en retraite. À la grande frustration du Séquane, l’un d’entre eux se sert de l’aînée de ses sœurs comme d’un bouclier et la menace de sa lame. Mais c’en est trop pour Vélitas : la fatigue de la veille, ajoutée à celle des combats et à sa douleur, ne fait qu’attiser sa fureur. Il se rue sur ses adversaires, en abat promptement deux, tandis que la plus jeune de ses sœurs est emmenée de force vers le village. Le dernier Éduens, terrorisé, menace une fois de plus l’aînée. Mais plus rien ne peut empêcher le Séquane de réclamer la mort de son adversaire. S’il décapite sauvagement l’Éduens, c’est un prix bien élevé qu’il doit payer.
L’une de ses sœurs étant morte, l’autre aux mains des Éduens, Vélitas fait à nouveau volteface et s’enfonce rageusement dans les bois. Il court pendant des heures et se perd, foule du pied un sol qui n’a pas connu de présence humaine depuis des siècles. Confusément, il choisit la direction de l’est, celle des montagnes. Le Séquane, épuisé, finit par s’effondrer dans une clairière alors que la nuit tombe.
Au petit matin, Vélitas ne sent plus la douleur, ni la fatigue. Même la soif et la faim semblent l’avoir délaissé. Le guerrier marche des heures durant jusqu’à trouver une sente courant vers les montagnes. C’est en la suivant qu’il arrive devant une arche faite d’un bois grossier, à laquelle sont accrochées plusieurs crânes d’animaux. Le Séquane passe sous le portail et continue de suivre le sentier. Pour autant, il n’a pas l’impression de progresser : autour de lui le paysage ne varie pas, ou si peu qu’il lui est bien difficile de savoir s’il tourne en rond ou progresse bel et bien. Détail inquiétant, il aurait déjà dû rejoindre les contreforts alpins.
Et puis, doucement au début, puis de manière plus insistante, il entend ce qui s’annonce comme un vacarme assourdissant venant de l’ouest. Quelque chose de massif, lancé au grand galop, semble fracasser à son passage les arbres qui entourent le sentier. Vélitas s’écarte du chemin mais, au moment où la chose aurait dû le dépasser et continuer vers l’est, celle-ci bifurque à son tour et se précipite vers le Séquane. Alors, comme la veille, Vélitas court. Pendant des heures, sans que la fatigue ne se fasse ressentir, il maintient son avance sur le monstre.
Lorsque dans une clairière il avise une grande maison entourée d’une palissade démesurément haute, Vélitas s’y précipite. Il pénètre dans l’enceinte de ce domaine par une immense ouverture dans le mur. Une forme énorme et charnue, vêtue de nippes nauséabondes, semble dormir à même le sol. Mais le Séquane a cessé d’entendre le martèlement monstrueux des sabots. Quand il se retourne, il peut maintenant voir un gigantesque taureau qui mugit de frustration devant l’entrée du domaine.
Alors, dans son dos, il entend une voix profonde. Le propriétaire de ces lieux se relève de toute sa hauteur. Son visage rubicond, sa taille effroyable et son habit grotesque contrastent avec la noblesse de son timbre. Délaissant le Séquane, le seigneur des lieux s’approche du taureau et lui tient un discours dans une langue que Vélitas ne comprend pas. Mais le taureau, dans un signe de soumission, baisse la tête et s’éloigne pesamment.
L’ogre, qui se présente comme étant Camulixus, se tourne alors vers le « petit homme » et lui reproche son manque de savoir-vivre : quoi, il ne s’est même pas présenté et il a l’outrecuidance de pénétrer chez autrui ? Sans même prendre la peine de toquer, quand bien même il n’y a pas de porte ? Sans doute, cela mérite réparation ! Quant au prix demandé, il est d’abord question d’un bras ou d’une jambe, mais le Séquane n’étant définitivement pas disposé à se séparer d’un de ses membres, il en vient à menacer l’ogre.
Camulixus, amusé, lui propose alors un défi. Un jeu aux règles fort simples : chaque participant choisit son arme, le premier frappe le second ; si ce dernier est encore debout, il peut à son tour frapper le premier. Bien sûr, celui qui doit être frappé ne doit en aucun cas tenter de se défendre. Pour prouver sa bonne fois, l’ogre est même disposé à laisser au Séquane le privilège de frapper le premier ! Vélitas, la mort dans l’âme, accepte le défi, non sans avoir tenté par deux fois de prendre la fuite. Camulixus s’assied alors sur une souche, mettant ainsi son torse à la portée du Séquane.
Le héros prend son élan et frappe de toutes ses forces. Il vise la gorge de l’ogre. Mais ce dernier, par roublardise, baisse légèrement le menton et l’épée vient frapper un bourrelet de chair. Camulixus essuie distraitement le filet de sang tandis que Vélitas proteste : l’ogre a bougé ! Lui s’en défend : c’est simplement le soleil qui, l’éblouissant temporairement, a provoqué cet involontaire et léger mouvement de recul. Comme le « petit homme » n’en finit pas de récriminer contre lui, Camulixus convient d’un second coup et promet cette fois de ne pas bouger. Vélitas lui assène son épée droit sur la tempe, mais la lame se heurte à des os plus solides que l’acier. À nouveau, l’ogre passe une énorme main sur la coupure. C’est qu’il pique, ce « petit homme ». Et bientôt c’est à lui de frapper : Camulixus se relève, saisit la souche sur laquelle son séant était posé, et la lève bien au-dessus de sa tête. Une dernière fois, il rappelle au Séquane les règles du jeu, puis abat sa gigantesque massue sur le guerrier. Vélitas n’a pas bougé.
Il se réveille dans la clairière. Il sent à nouveau la fatigue et la douleur. N’était-ce qu’un cauchemar ? Mais alors d’où viennent les victuailles qui l’entourent ? Il y a là une outre pleine de vin, ici un peu de viande séchée et même quelques fruits un peu trop mûrs. Aux appels de Vélitas, personne ne répond. Il se restaure donc, et prend le chemin de l’est. Il marche quelques heures et tombe sur un sentier qui court vers les montagnes. En le suivant, il arrive devant ce portail qu’il a cru traverser dans un songe. Mais cette fois il ne passe pas dessous, il le contourne seulement et continue de suivre le sentier vers l’est, vers les montagnes.