Pour le début, j'ai lancé une scène séparée pour chaque perso. L'idée était de leur permettre d'affiner leurs personnages et de lancer les premiers germes de l'intrigue.
Bérenger - Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. Car il faut cultiver son J.A.R.D.I.N.
Afin d'approfondir mes compétences récentes de sorcier, je me suis dégotté une ombre de désir où l'expérimentation sera facile. Je me suis exercé pendant plusieurs jours à préparer et lancer les sorts les plus divers : combat, protection, déplacement, discrétion, sans oublier les effets cosmétiques. Mais malgré des débuts prometteurs, je commence à me lasser. La magie est certes puissante mais lente, et sa portée ne dépasse pas l'Ombre où je me trouve. De plus, je ne maîtrise pas encore l'art subtil de la conjuration. Du coup j'ai l'impression de courir à cloche-pied, ce qui n'est guère pratique, et ne permet pas d'aller bien loin.
Il me faut choisir mon prochain sujet d'étude, et le choix est difficile entre apprendre la Conjuration ou perfectionner la Marelle. Ces deux matières sont si différentes et si utiles l'une et l'autre que je n'arrive pas à me décider. J'ai l'impression de tourner en rond, ce qui est finalement prévisible en courant à cloche-pied !
J'ai besoin de prendre du recul, un conseil ou un peu de repos pourrait même m'être utile. Mais je ne suis guère doué pour me reposer alors que ma famille me trouve fatigant, ce qui est finalement un paradoxe amusant.
J'appelle mon cheval, le fidèle Rouxpoil, témoin muet de mes interrogations stériles, et je commence mon voyage de retour vers Ambre.
- Holà Rouxpoil, il est temps de rentrer au bercail !
Mes rimes sont toujours aussi nulles, voilà au moins une certitude avérée. Une deuxième vient immédiatement : utiliser la Marelle en chevauchant Rouxpoil est toujours un plaisir. Voilà qui me remonte vite le moral.
Afin de gommer le paysage désertique et rouge orangé choisi pour mes recherches, je rajoute petit à petit de la végétation, puis des animaux. Je m'efforce d'intégrer la vie exubérante caractéristique d'Arden.
J'arrive à l'orée d'une forêt quand Rouxpoil, qui a pourtant l'habitude de traverser les ombres, devient nerveux. C'est suffisamment inhabituel pour que je me montre prudent. Je croise plusieurs animaux : sangliers, oiseaux, qui s'enfuient affolés. Je n'ai pas le temps de m'interroger. Un craquement sinistre me fait sursauter.
Je calme Rouxpoil, et m'écarte prudemment. J'aperçois une paire de yeux jaunes dans les fourrés, puis une autre non loin. Un brouillard sombre suinte du sol, tandis que deux énormes loups surgissent et tentent de m'encercler. Ces créatures semblent faîtes de ténèbres, leurs griffes sont longues et acérées , et ils se pourlèchent les babines avec des langues démoniaques.
Je n'hésite pas et pique des deux. Rouxpoil fonce droit devant nous tandis que je commence une Descente aux Enfers afin de me débarrasser des deux loups démons. Mon coeur bat la chamade. Ces créatures semblent convoquées, et si je suis leur cible, leur créateur les a sûrement dotées de la capacité de me suivre en Ombre.
Bénie soit la Licorne de m'avoir donné un si fidèle destrier ! Seule l'endurance de Rouxpoil, lancé à plein galop, me permet de prendre de l'avance. Les loups s'avèrent plus rapides et plus rusés que je ne l'aurais crû. A plusieurs reprises, j'ai même l'impression qu'ils se fondent dans une ombre avant de ressortir d'une autre plus loin. Je commence à m'inquiéter sérieusement.
Mon intuition se révèle hélas rapidement exacte. J'ai beau changer d'Ombre, ces loups continuent à me traquer. La colère me saisit, je ne vais pas leur faciliter la tâche !
Je me dirige vers une ombre volcanique, et imagine un lac d'acide traversé par un fragile pont de verre. Un bref coup d'oeil derrière moi me permet de vérifier que j'ai toujours deux loups à mes trousses, mais j'ignore si c'est toujours les mêmes. Rouxpoil bondit sur le pont en galopant ; le craquement du verre me fait sourire, une de ces créatures est tombée dans l'acide. Bien fait pour elle.
Je dois vite trouver un refuge, et décide de me concentrer sur un parent capable de m'aider. Ma tante Florimel me paraît le meilleur choix : je me suis déjà rendu chez elle, sur l'ombre Terre, et elle dispose de chiens bien capables de croquer des loups.
A ma grande surprise, ma descente aux enfers aboutit pourtant près d'Ambre, sur une route se dirigeant vers une cité côtière. Je reconnais avec peine la citadelle blanche et ses flèches dorées sise au milieu de la cité. Je me trouve dans l'Ombre de Callistra, du cercle d'or médian.
La ville est bondée, mais je parviens à trouver une auberge munie de vastes écuries où Rouxpoil pourra se reposer. Le garçon d'écurie m'apprend que la cité est fort occupée par les préparatifs du prochain mariage royal. Je manque défaillir. Ma tante Florimel s'est décidé à se caser ! Par quel prodige... Je vais décidément de surprise en surprise.
Après m'être rendu présentable, j'arrive au palais. Une fois mon identité révélée, je suis conduit sous bonne escorte, prudence est mère de sûreté, dans une antichambre luxueuse. Mon attente est de courte durée. Ma délicieuse tante franchit la porte, et m'accueille avec effusion. C'est à dire que je suis pris par le col et soulevé de terre. De charmantes paroles s'élèvent de ses lèvres adorables :
- "Si tu gâches ma surprise en parlant de ce que tu sais à qui que ce soit en Ambre, je t'arraches les parties génitales et je les fais frire. Compris ? Sinon, quel bon vent t'amène cher neveu ?"
Ma tante se décide à me reposer au sol afin que je puisse répondre. Hélas, ces moments de tendresse sont trop rares dans notre famille. Je rassurai immédiatement ma tante sur ma capacité à garder un secret, et lui racontai en quelques mots ce qui m'était arrivé. Florimel me dit qu'elle allait envoyer une patrouille de forestiers vérifier s'il restait une piste, et m'invita au souper royal.
L'horrible piège des obligations familiales se refermait sur moi. Cependant, un repas officiel vaut bien mieux que de servir de repas à des loups démons, même pas de la famille !
Un peu plus tard, vêtu d'un costume de cour choisi par ma tante, j'affrontais avec dignité cette épreuve. Les plats étaient excellents, et sûrement testés en vue du menu du mariage. Mais l'étiquette était à peine supportable. Mes ambitions de devenir un jour sorcier de cour fondait comme neige au soleil.
Je crus mourir d'ennui. Heureusement, ma tante veillait sur moi, tel un ange gardien. J'étais assis à côté d'une jeune duchesse, fille d'un allié historique du roi. Florimel mise à part, c'était la plus jolie fille de la soirée.
Je plaignais sincèrement cette pauvre fille, qui devrait supporter toute sa vie une étiquette épuisante, et dont le mariage sera décidé en haut lieu sans tenir compte de son avis. Je lui avouais que seule sa présence rendait ce repas supportable. Je lui contais combien Ambre étais bien plus une famille qu'un royaume, et je louais l'indépendance de mes tantes. Je finis par m'excuser d'être un médiocre courtisan.
Ma franchise la fit sourire, ce qui est déjà ça. Je commençai une discussion agréable avec cette demoiselle, aussi belle qu'intelligente, quand je ressentis le fourmillement caractéristique d'un début de contact par atout. Mon père, Bleys, me dérangeait au pire moment, comme à son habitude. Il m'invita à le rejoindre immédiatement, et tendis sa main.
Je présentais de nouveau mes plus plates excuses à la jolie duchesse, et en évitant de croiser le regard de Florimel, acceptais le passage.
Bien entendu, je n'allais pas tarder à le regretter.
Journal de bord du Lys Carmin, Capitaine Lystrella Rougecrin, Protectrice du pacte des 9 mers, Princesse de Marbe et d'Ambre :
3 ème Dimar du mois de la Haute Marée d'été, Année 164 du calendrier du port libre de Marbe.
- Aujourd'hui, alors que j'attendais avec impatiente un émissaire de mon si mystérieux parrain, j'ai eu l'extraordinaire surprise de voir débarquer un oncle et une tante inconnues voguant à bord d'un magnifique voilier arborant une licorne qui cabre.
J'ai été à la fois déçu de ne pas en apprendre plus sur celui qui m'offre chaque années de si somptueux cadeaux, mais émerveillé de me découvrir ces nouveaux parents.
Lui était un solide marin barbue et elle ressemblait à une frêle demoiselle rousse toute de vert vêtu.
Après de rapide présentation ma tante se dirigea au palais rencontrer Mère, alors qu'avec mon oncle Gérard, nous filions vers une des meilleures taverne du port boire ce qu'il se fait de mieux à Marbe. Il fut plutôt évasif sur ma nouvelle famille mais me confia une lettre qui m'appris que j’étais princesse d'une contrée nommée Ambre et le roi, un autre de mes oncles, me conviait à une réunion qui avait pour but de rassembler tous mes cousins et mes cousines.
Malgré une petite rixe assez habituelle dans ces lieux je pris la nouvelle plutôt bien.
Nous sommes retournés au château pour que je puisse m'entretenir avec Fiona. Elle semblait être très intéressée par le plus grand secret de notre citadelle.
Le lendemain, je l'ai conduite au fin fond des geôles, dans la partie interdite du palais pour lui montrer la salle au tracé étrange. Une inscription labyrinthique lumineuse parcouru d'une unique fissure recouvrant le sol. Je l'ai traversé à sa demande pendant qu'elle m'observait méticuleusement.
Et me voila dans la mer marbienne, je distingue les lueurs du port au loin. Heureusement que je suis bonne nageuse, il m'a bien fallu trois heures pour rejoindre les quais !
Quelques jours plus tard nous avons enfin levé l'ancre pour Ambre. Une paisible traversé de quelques jours. Rien à voir avec mes expéditions périlleuses lorsque j'explorai les Ombres proches. Leur façon de voyager est clairement plus "parfaite" que la mienne.
8 ème Dimercre du mois de la Haute Marée d'été, Année 164 du calendrier du port libre de Marbe.
- Me voila enfin a Ambre. Magnifique citadelle aux nombreuses splendeurs. J'ai erré dans la citée histoire d'en apprendre un peu plus sur les lieux. Puis j'ai gagné le château afin qu'on me conduise a ma chambre. Malheureusement la reunion n'etait pas pour tout de suite et j'ai malheureusement dîné seul le soir.
Espéreront que les jours prochains soit plus propice à la rencontre de membre de ma famille.
Tristan a eu une introduction plus calme :
Tristan - Journal en marge d'un carnet de dessins
Salle du trône d'Ambre, presque vide en ce milieu d'après-midi.
Je commence les esquisses préparatoires pour un Atout de Dame Margot. La maîtresse du protocole n'a pas autant de travail qu'elle le souhaiterait sous le règne de mon père, mais elle pourrait être une alliée utile dans cette cour étrange. L'étiquette informelle imposée par Random me déstabilise un peu, comme beaucoup de choses que font les Ambriens. Ou ne font pas.
Margot me rappelle les matrones de ma Maison, et même la duchesse Zeydon : une beauté sans âge, parée d'or, dont la courtoisie sans faille souligne plutôt qu'elle ne dissimule une volonté des plus inflexibles. Bien sûr, de nombreuses différences subsistent. Margot est vêtue d'argent plutôt que d'azur. Elle n'a pas de cornes sur la tête ni de crânes de démons désobéissants à la ceinture. Surtout, son sourire ne révèle pas des crocs avides mais une sage gaieté.
J'avoue avoir attiré mon modèle dans la salle du trône sous le fallacieux prétexte d'un cours de danse, qui s'est vite transformé en séance de pose, au grand amusement des gardes. En fait, je n'ai plus besoin de leçon de chorégraphie mondaine, depuis longtemps. Dans ce domaine, j'ai eu les meilleurs professeurs. Une fois à Ambre, j'ai appris les pas à la mode... au pas de course !
Donc, le visage délicat de Dame Margot prend forme sur la toile, lorsque le roi m'interrompt. Je pose mon fusain. Je n'ai pas si souvent l'occasion de parler avec mon demi-dieu de père. Random veut réunir toute la famille et a une mission à me confier. Je dois prévenir Emetrios, fils d'Eric, le roi martyr. Je me souviens un peu de ce cousin. Un bretteur maussade, préférant frayer avec la domesticité, au mépris de toutes les convenances.
Une réunion de famille ? Je n'ai jamais vu le panthéon au complet. J'éprouve à cet instant un mélange d'excitation et de peur. Un frisson parcourt même mon échine, mais la fraîcheur des températures en est peut-être la cause. L' hiver s'annonce précoce.
Bien sûr, je refuse de décevoir Random. Je vais ramener Emetrios à Ambre le plus rapidement possible. Voyager à travers Ombre, depuis le centre de toute la réalité, prendrait bien trop de temps, alors qu'un simple contact d'Atout suffit. Je n'ai jamais eu le temps de peindre son image, mais peut-être sa carte figure-t-elle dans les jeux laissés à la disposition de la famille, à la bibliothèque ?
Bibliothèque d'Ambre, seul avec Rinaldo.
Je découvre que mon oncle Bleys a rationné les Atouts.
Cette décision surprenante améliore sans doute ma position au sein de cette cour, puisque je sais dessiner ces cartes magiques. Mais ma mission se complique.
Mon cousin Rinaldo, roi de Kashfa, consulte des atlas. Il accepte bien volontiers de me prêter assistance. Il a laissé une partie de ses Atouts chez lui, dont celui d'Emetrios. Cependant, il peut m'aider à terminer un croquis du fils d'Eric, doté de suffisamment de pouvoir pour un seul contact. Ses souvenirs complètent les miens.
Je me concentre sur notre œuvre. Emetrios m'apparaît. Sous une table, en bien fâcheuse posture. J'ai bien fait de me hâter, de toute évidence. Je tend ma main vers lui et le conduit à l'abri.
Bibliothèque d'Ambre, avec Emetrios et Rinaldo.
Je viens de sauver la vie d'Emetrios. Mon morose cousin a maintenant une dette envers moi. Je ne sais pas s'il est opportun de le souligner, tant il est déjà d'humeur chagrine. Le voilà qui déniche une bouteille d'eau-de-vie et entreprend de la vider. Je lui remets tout de même l'invitation de Random. Emetrios la lit en maugréant.
Il explique qu'une dizaine de chiens de l'enfer l'ont poursuivi à travers ombre. J'essaye de prévenir Random par Atout, en vain. Je contacte Vialle et constate que la reine supervise l'aménagement d'une aile du palais. De nombreux invités sont donc attendus, pour une durée indéterminée. Elle paraît très occupé, mais je lui transmets tout de même le message.
Emetrios continue de discuter avec Rinaldo. Il montre l'illustration d'un livre de conte et décrit une sorte de loup aux yeux verts, avec de grandes oreilles et une langue fourchue d'un pied de long. Nous manquons d'éléments pour identifier l'animal, mais Rinaldo évoque l'hypothèse de bêtes du Chaos. Je partage cet avis, mais je me garde bien de le dire à haute voix. Du reste, les personnes qui pourraient me renseigner sont trop loin pour être contactées par Atout.
Rinaldo nous salue avant de retourner dans ses appartements, voir son épouse. Je le remercie une fois de plus de son aide, tout en m'interrogeant sur les nombreuses rumeurs entourant Corail, la reine de Kashfa.
Bibliothèque d'Ambre, coincé avec Emetrios.
Je me retrouve en tête-à-tête avec mon atrabilaire cousin. Emetrios veut à tout prix enquêter sur les fauves qui ont manqué de le tuer. Il semble considérer ma participation dans cette entreprise comme acquise. Quitte à me traîner derrière lui.
Suivant le conseil de Vialle, et même si cela m'en coûte, je préfère appeler mon oncle Julian par Atout. Le dieu de la chasse, le grand veneur d'Ambre, le cavalier à la monstrueuse monture, le maître des hordes hurlantes d'Arden. Je dois le reconnaître, j'ai été marqué, durant mon enfance, par les cérémonies sanglantes se déroulant dans sa chapelle, cachée au cœur de la première Plaisance.
Julian m'écoute. Il estime qu'Emetrios n'était pas vraiment en danger, vu qu'il sait se servir d'une épée et s'entoure souvent de combattants. Je n'ai pas vu ces derniers sous la table où mon cousin s'était réfugié. Bref, il va tout de même prévenir ses hommes, nous en parlerons plus tard.
Un peu rassurés, Emetrios et moi nous séparons.
Si vous voulez des explications ou un abstract, n'hésitez pas. La suite arrive plus tard.