[CR Godbound] Divine Méditerranée
Publié : ven. juin 01, 2018 12:22 pm
Akram est né d'une riche famille Lybienne qui élevait des chevaux. Il a été éduqué dans des écoles et des universités internationales. Après la guerre civile et la mort du Raïs, et bien que sa famille n'aient pas eu de relation particulière avec les autorités, leurs affaires ont viré au vinaigre. Il a finalement essayé de quitter la Lybie, direction la Sicile.
Le bateau est plutôt une pauvre barque motorisée. Le temps n'est pas très clément, et Akram n'est pas à l'aise: il a beau ne pas être rasé de frais, son costume déchiré tranche avec les djellabahs des barbus qui l'entourent. Quand le moteur de la barque tousse et s'arrête, l'inquiétude gagne les passagers du bateau clandestin. Le passeur peste et ouvre le moteur pour voir ce qui se passe.
Une vague d'espoir traverse les clandestins alors qu'un autre bateau à moteur apparaît: Les réfugiés ont tous entendu parler des patrouilles de secours des Européens, mais ce qui s'approche n'y ressemble pas: une bande d'Italiens au crânes rasés, tatoués, et armés de battes de baseball et de barres à mine.
C'est à ce moment précis qu'Akram prend conscience que la mer est son élément et qu'il peut en prendre le contrôle. Les circonstances font qu'il ne se pose pas trop de questions sur le pourquoi. Il se laisse glisser dans l'eau, et émerge derrière le bateau des néo-fascistes. Des jets d'eau puissants entourent le bateau, sous son contrôle, et frappent plusieurs des Italiens. Trois d'entre eux tombent à l'eau. Les autres ne comprennent pas ce qui se passe, et hallucinent à la vue de cet arabe qui semble soutenu par les flots à l'extérieur du bateau. De la barque des clandestins fusent des cris de "Shaïtan!"
Akram décide de prendre pied sur le bateau, est est immédiatement assailli par quatre fachos qui le frappent à coup de batte. C'est un peu douloureux, mais en toute logique il aurait du avoir les os brisés. Il n'en est rien. Par contre, un des jeunes rasés s'écroule au sol en se tenant la poitrine. L'altercation ne dure que quelques instants. Akram prend quelques coups supplémentaires, tandis que deux clandestins grimpent sur l'avant du bateau des Italiens pour l'empêcher de renverser le leur.
Un des Italiens pousse le corps mort du conducteur du bateau, et prend le volant, faisant faire demi-tour à l'embarcation pour repartir vers les côtes. Akram considère que la discrétion est le meilleur parti pris et se laisse tomber à l'eau. Il marche sous l'eau jusqu'aux côtes siciliennes, prenant conscience sans bien comprendre pourquoi qu'il est Poséidon.
***
Scotch est un Albanais, ancien ingénieur de la marine militaire Russe. Ça fait bien longtemps qu'il a raccroché, et il vit de petits boulots. Sa passion c'est la mécanique, et il travaille depuis quelques mois sur l'Aphrodite, un bateau de pêche grec qui mérite bien mal son nom. Le capitaine est acariâtre et paie mal, mais il est honnête. Par contre le rafiot est dans un mauvais état. Ce soir, le moteur ne tourne plus, et il semble bien à Scotch que sans pièces de rechange il n'y a plus rien à faire. Le capitaine n'ayant pas un rond, il met la pression à Scotch, mais ce dernier sait qu'il n'y a plus rien à faire: ils ne partiront pas cette nuit pour la pêche.
Il fait chaud, et les bruits nocturnes du port de Naples bercent Scotch qui se prend à rêver: "si je pouvais remodeler cette pièce là, pour en faire un cylindre, je pourrais usiner ce truc là dessus, et j'aurais ce qu'il me faut pour faire redémarrer ce bousin..." Et puis il le fait. Etonné lui-même, il modèle des pièces métalliques de ses mains. En quelques minutes, le moteur est réparé.
Le capitaine rentre à ce moment là, et voyant la nouvelle pièce rutilante, par dans une colère noire! "Je t'avais dit qu'on ne pouvait pas payer pour de nouvelles pièces!" s'emporte-t'il. Scotch se contente de hocher les épaules. Le capitaine quitte la salle des machines, fumasse, mais lorsqu'il démarre, non seulement le moteur tourne, il fait moins de bruit qu'il n'en a jamais fait. L'Aphrodite quitte la rade de Naples pour une nuit de pêche.
Dans la salle des machines, Scotch regarde son oeuvre, incrédule: "quand est-ce que je suis devenu Hephaistos, moi ?"
***
Antoine est né pauvre, mais il a bien réussi. La bourse lui ayant permis de faire ses études de médecine a été bien rentabilisée: il est devenu chirurgien esthétique et gagnait très bien sa vie quand, la quarantaine passée, il est entré en déprime devant la vacuité de son existence. Pendant deux ans il a consacré l'essentiel de son temps à une ONG, Faces of Peace, offrant ses talents de reconstruction à des blessés des conflits du moyen-orient.
Mais comme ça ne fait pas bouillir la marmite, il a fallu revenir à des choses plus pragmatiques, sauf qu'entre temps sa notoriété avait grandement baissé. Il a donc écrit (enfin, fait écrire) un livre sur son expérience au moyen-orient, intitulé Les Visages de l'Orient, et il est actuellement en tournée de dédicaces, espérant que cette visibilité accrue lui permettra de relancer sa clinique.
Il est donc assis derrière une table dans une libraire de Nice. Devant lui, une file de vieilles dames toutes avides de pouvoir parler à l'ancien chirurgien des stars. Il est en train de signer un exemplaire à Simone Lavalette lorsqu'il se dit, sans savoir originellement comment, qu'elle est atteinte d'un cancer du colon et n'en a plus pour longtemps.
Surpris, il lève la tête et se rend compte qu'il connait instinctivement la condition médicale de toutes les vieilles dames de la file. Qui plus est, il est capable de prédire leur espérance de vie, ce qui n'est pas, pour l'essentiel un sujet très enjoué. Après avoir signé encore trois livres d'un air distrait, il se lève et commence à descendre le long de la file de vieilles dames vers la sortie de librairie.
"Monsieur Lefèvre ?" demande le libraire mi-inquiet, mi-fâché. Mais Antoine l'ignore. Il s'approche d'Yvette Couture, qui attend patiemment dans sa chaise roulante son tour de parler quelques instants au chirurgien esthétique qui a refait le visage de Lourna, de la télé-réalité. Antoine se penche vers elle, lui met la main sur l'épaule et lui dit à l'oreille: "je crois que vous n'avez pas besoin de ce fauteuil, entre nous..."
La vieille dame, surprise, s'apprête à lui répondre qu'elle est atteinte d'atrophie musculaire des membres inférieurs et ne peut plus marcher depuis dix ans, mais... elle se sent soudaine pleine d'énergie et se lève sous les exclamations stupéfaites du parterre de retraitées.
Antoine sort de la libraire, lentement poursuivi par une grappe de vieilles mégères. Un photographe qui passe à ce moment là devant la librairie saisit un cliché qui fera la une de Nice Matin le lendemain: Yvette Couture en train de sauter en l'air comme une enfant devant la devanture de la librairie, une expression de joie incrédule sur son visage.
Antoine quant à lui, marche vers son hôtel, tout aussi incrédule: "Merde! Je suis Apollon!"
***
Viktor est un spetsnaz, un membre des forces spéciales de l'armée Russe. Ou plutôt était. Il a été de tous les conflits depuis l'Afghanistan, encore tout jeunot. Mais c'est la Syrie qui a eu raison de lui. De plus en plus désabusé à force de voir des gamins à peine entraîner se faire dézinguer, il a refusé d'obéir à un ordre de faire sauter un bâtiment dans lequel il savait pertinemment qu'il y avait non seulement des soldats Russes, mais des femmes Syriennes et leurs gamins. Il a mis une balle dans la tête de l'officier Syrien qui donnaît l'ordre et s'est fait la malle.
Exfiltré par une ONG dans laquelle il avait des contacts, il a fini à Athènes. Il aurait pu monnayer son histoire, ce ne sont pas les journalistes avides qui manquent, mais rien que l'idée lui laissait un goût amer dans la bouche. Un peu comme l'ouzo qu'il boit religieusement depuis.
Ce soir là il est dans un bar du Pirée, à ressasser son histoire, à se demander ce qu'il va devenir maintenant qu'il n'a plus un rond. Le barman aussi miteux que son bar ne sait pas encore que Viktor n'a pas de quoi payer. D'un seul coup il est saisi d'une vague de colère. C'est à ce moment là qu'un marin costaud le bouscule en voulant aller aux chiottes.
Viktor l'attrape par le col, et les choses dégénèrent rapidement. Quatre marins s'approchent, menaçants. L'un d'eux a sorti un couteau. "Ah non", dit le Barman, "le tuez pas, ça va encore me faire des emmerdes..."
Moins d'une minute plus tard, les quatre hommes sont morts, étendus au sol. L'homme au couteau a son propre couteau dans la gorge. Le barman aussi est mort, et pourtant Viktor est presque sûr de ne pas l'avoir tué. A ce moment là un client entre dans le bar et s'en va en poussant un hurlement.
"Merde..." se dit Viktor. Il prend quelques euros dans la caisse te une bouteille de retzina, et va se réfugier derrière la grande digue du Pirée au bord de la Méditerranée, bien décidé à se bourrer la gueule. "Est-ce que je buvais quand j'étais Arès ? Tu m'étonnes!"
***
Giuseppe possède une boîte de nuit à Milan, et quelques vignes alentour. Il vivote de tout cela, n'hésitant pas à procurer de la drogue ou des prostituées à ses clients si tel est leur désir. Ce n'est pas qu'il n'ait aucune morale mais, se dit-il, si ce n'est pas moi qui leur propose un rail ou une poulette, il y aura bien quelqu'un d'autre pour le faire...
Ce soir, il a décroché une soirée un peu particulière: un cardinal, étoile montante au Vatican, fête ses 60 ans en privé. Le club est fermé, les téléphones portables confisqués à l'entrée. Un big band illumine la soirée d'une musique joyeuse. Tout le monde semble bien s'amuser. Giuseppe observe tout ça depuis le bar. Il gagne plutôt bien sa vie ce soir, il devrait être content, mais quelque chose le travaille.
Des pensées étranges l'habitent: "Quand même, avant, les fêtes que j'inspirais avaient une autre gueule... Dans mes Thiases, le vin coulait à flot, ça baisait de partout, on se droguait... C'était autre chose..." Sans trop y réfléchir, il regarde la salle, et repère un jeune diacre qui semble mal à l'aise.
Il s'approche de lui et engage la conversation. Le jeune homme est effectivement mal à l'aise dans cet atmosphère joyeuse et (bien qu'encore très sage) débridée. Giuseppe lui propose de venir dans son bureau pour être au calme. Il lui propose de la lecture, ce que le jeune homme accepte avec soulagement.
Revenu dans la salle principale ou la fête bat son plein, Giuseppe décide de passer à l'échelle supérieure. Il fait sauter les inhibitions des différents participants, et rapidement les choses dégénèrent. Des gens se déshabillent, d'autres sniffent la cocaïne que Guiseppe leur procure. L'alcool coule à flot, et assez vite divers participants s'accouplent dans une multitude de combinaisons de toutes sortes.
"Ah ben voilà!" se dit Guiseppe. "Là ça commence à ressembler à quelque chose que j'aurais été fier d'inspirer. Je ne suis pas Dionysos pour rien..."
Le lendemain matin, alors que tout le monde est rentré chez soi, Giuseppe retourne dans son bureau et se rend compte que le jeune homme est parti en prenant avec lui les fichiers des caméras de surveillance...
Le bateau est plutôt une pauvre barque motorisée. Le temps n'est pas très clément, et Akram n'est pas à l'aise: il a beau ne pas être rasé de frais, son costume déchiré tranche avec les djellabahs des barbus qui l'entourent. Quand le moteur de la barque tousse et s'arrête, l'inquiétude gagne les passagers du bateau clandestin. Le passeur peste et ouvre le moteur pour voir ce qui se passe.
Une vague d'espoir traverse les clandestins alors qu'un autre bateau à moteur apparaît: Les réfugiés ont tous entendu parler des patrouilles de secours des Européens, mais ce qui s'approche n'y ressemble pas: une bande d'Italiens au crânes rasés, tatoués, et armés de battes de baseball et de barres à mine.
C'est à ce moment précis qu'Akram prend conscience que la mer est son élément et qu'il peut en prendre le contrôle. Les circonstances font qu'il ne se pose pas trop de questions sur le pourquoi. Il se laisse glisser dans l'eau, et émerge derrière le bateau des néo-fascistes. Des jets d'eau puissants entourent le bateau, sous son contrôle, et frappent plusieurs des Italiens. Trois d'entre eux tombent à l'eau. Les autres ne comprennent pas ce qui se passe, et hallucinent à la vue de cet arabe qui semble soutenu par les flots à l'extérieur du bateau. De la barque des clandestins fusent des cris de "Shaïtan!"
Akram décide de prendre pied sur le bateau, est est immédiatement assailli par quatre fachos qui le frappent à coup de batte. C'est un peu douloureux, mais en toute logique il aurait du avoir les os brisés. Il n'en est rien. Par contre, un des jeunes rasés s'écroule au sol en se tenant la poitrine. L'altercation ne dure que quelques instants. Akram prend quelques coups supplémentaires, tandis que deux clandestins grimpent sur l'avant du bateau des Italiens pour l'empêcher de renverser le leur.
Un des Italiens pousse le corps mort du conducteur du bateau, et prend le volant, faisant faire demi-tour à l'embarcation pour repartir vers les côtes. Akram considère que la discrétion est le meilleur parti pris et se laisse tomber à l'eau. Il marche sous l'eau jusqu'aux côtes siciliennes, prenant conscience sans bien comprendre pourquoi qu'il est Poséidon.
***
Scotch est un Albanais, ancien ingénieur de la marine militaire Russe. Ça fait bien longtemps qu'il a raccroché, et il vit de petits boulots. Sa passion c'est la mécanique, et il travaille depuis quelques mois sur l'Aphrodite, un bateau de pêche grec qui mérite bien mal son nom. Le capitaine est acariâtre et paie mal, mais il est honnête. Par contre le rafiot est dans un mauvais état. Ce soir, le moteur ne tourne plus, et il semble bien à Scotch que sans pièces de rechange il n'y a plus rien à faire. Le capitaine n'ayant pas un rond, il met la pression à Scotch, mais ce dernier sait qu'il n'y a plus rien à faire: ils ne partiront pas cette nuit pour la pêche.
Il fait chaud, et les bruits nocturnes du port de Naples bercent Scotch qui se prend à rêver: "si je pouvais remodeler cette pièce là, pour en faire un cylindre, je pourrais usiner ce truc là dessus, et j'aurais ce qu'il me faut pour faire redémarrer ce bousin..." Et puis il le fait. Etonné lui-même, il modèle des pièces métalliques de ses mains. En quelques minutes, le moteur est réparé.
Le capitaine rentre à ce moment là, et voyant la nouvelle pièce rutilante, par dans une colère noire! "Je t'avais dit qu'on ne pouvait pas payer pour de nouvelles pièces!" s'emporte-t'il. Scotch se contente de hocher les épaules. Le capitaine quitte la salle des machines, fumasse, mais lorsqu'il démarre, non seulement le moteur tourne, il fait moins de bruit qu'il n'en a jamais fait. L'Aphrodite quitte la rade de Naples pour une nuit de pêche.
Dans la salle des machines, Scotch regarde son oeuvre, incrédule: "quand est-ce que je suis devenu Hephaistos, moi ?"
***
Antoine est né pauvre, mais il a bien réussi. La bourse lui ayant permis de faire ses études de médecine a été bien rentabilisée: il est devenu chirurgien esthétique et gagnait très bien sa vie quand, la quarantaine passée, il est entré en déprime devant la vacuité de son existence. Pendant deux ans il a consacré l'essentiel de son temps à une ONG, Faces of Peace, offrant ses talents de reconstruction à des blessés des conflits du moyen-orient.
Mais comme ça ne fait pas bouillir la marmite, il a fallu revenir à des choses plus pragmatiques, sauf qu'entre temps sa notoriété avait grandement baissé. Il a donc écrit (enfin, fait écrire) un livre sur son expérience au moyen-orient, intitulé Les Visages de l'Orient, et il est actuellement en tournée de dédicaces, espérant que cette visibilité accrue lui permettra de relancer sa clinique.
Il est donc assis derrière une table dans une libraire de Nice. Devant lui, une file de vieilles dames toutes avides de pouvoir parler à l'ancien chirurgien des stars. Il est en train de signer un exemplaire à Simone Lavalette lorsqu'il se dit, sans savoir originellement comment, qu'elle est atteinte d'un cancer du colon et n'en a plus pour longtemps.
Surpris, il lève la tête et se rend compte qu'il connait instinctivement la condition médicale de toutes les vieilles dames de la file. Qui plus est, il est capable de prédire leur espérance de vie, ce qui n'est pas, pour l'essentiel un sujet très enjoué. Après avoir signé encore trois livres d'un air distrait, il se lève et commence à descendre le long de la file de vieilles dames vers la sortie de librairie.
"Monsieur Lefèvre ?" demande le libraire mi-inquiet, mi-fâché. Mais Antoine l'ignore. Il s'approche d'Yvette Couture, qui attend patiemment dans sa chaise roulante son tour de parler quelques instants au chirurgien esthétique qui a refait le visage de Lourna, de la télé-réalité. Antoine se penche vers elle, lui met la main sur l'épaule et lui dit à l'oreille: "je crois que vous n'avez pas besoin de ce fauteuil, entre nous..."
La vieille dame, surprise, s'apprête à lui répondre qu'elle est atteinte d'atrophie musculaire des membres inférieurs et ne peut plus marcher depuis dix ans, mais... elle se sent soudaine pleine d'énergie et se lève sous les exclamations stupéfaites du parterre de retraitées.
Antoine sort de la libraire, lentement poursuivi par une grappe de vieilles mégères. Un photographe qui passe à ce moment là devant la librairie saisit un cliché qui fera la une de Nice Matin le lendemain: Yvette Couture en train de sauter en l'air comme une enfant devant la devanture de la librairie, une expression de joie incrédule sur son visage.
Antoine quant à lui, marche vers son hôtel, tout aussi incrédule: "Merde! Je suis Apollon!"
***
Viktor est un spetsnaz, un membre des forces spéciales de l'armée Russe. Ou plutôt était. Il a été de tous les conflits depuis l'Afghanistan, encore tout jeunot. Mais c'est la Syrie qui a eu raison de lui. De plus en plus désabusé à force de voir des gamins à peine entraîner se faire dézinguer, il a refusé d'obéir à un ordre de faire sauter un bâtiment dans lequel il savait pertinemment qu'il y avait non seulement des soldats Russes, mais des femmes Syriennes et leurs gamins. Il a mis une balle dans la tête de l'officier Syrien qui donnaît l'ordre et s'est fait la malle.
Exfiltré par une ONG dans laquelle il avait des contacts, il a fini à Athènes. Il aurait pu monnayer son histoire, ce ne sont pas les journalistes avides qui manquent, mais rien que l'idée lui laissait un goût amer dans la bouche. Un peu comme l'ouzo qu'il boit religieusement depuis.
Ce soir là il est dans un bar du Pirée, à ressasser son histoire, à se demander ce qu'il va devenir maintenant qu'il n'a plus un rond. Le barman aussi miteux que son bar ne sait pas encore que Viktor n'a pas de quoi payer. D'un seul coup il est saisi d'une vague de colère. C'est à ce moment là qu'un marin costaud le bouscule en voulant aller aux chiottes.
Viktor l'attrape par le col, et les choses dégénèrent rapidement. Quatre marins s'approchent, menaçants. L'un d'eux a sorti un couteau. "Ah non", dit le Barman, "le tuez pas, ça va encore me faire des emmerdes..."
Moins d'une minute plus tard, les quatre hommes sont morts, étendus au sol. L'homme au couteau a son propre couteau dans la gorge. Le barman aussi est mort, et pourtant Viktor est presque sûr de ne pas l'avoir tué. A ce moment là un client entre dans le bar et s'en va en poussant un hurlement.
"Merde..." se dit Viktor. Il prend quelques euros dans la caisse te une bouteille de retzina, et va se réfugier derrière la grande digue du Pirée au bord de la Méditerranée, bien décidé à se bourrer la gueule. "Est-ce que je buvais quand j'étais Arès ? Tu m'étonnes!"
***
Giuseppe possède une boîte de nuit à Milan, et quelques vignes alentour. Il vivote de tout cela, n'hésitant pas à procurer de la drogue ou des prostituées à ses clients si tel est leur désir. Ce n'est pas qu'il n'ait aucune morale mais, se dit-il, si ce n'est pas moi qui leur propose un rail ou une poulette, il y aura bien quelqu'un d'autre pour le faire...
Ce soir, il a décroché une soirée un peu particulière: un cardinal, étoile montante au Vatican, fête ses 60 ans en privé. Le club est fermé, les téléphones portables confisqués à l'entrée. Un big band illumine la soirée d'une musique joyeuse. Tout le monde semble bien s'amuser. Giuseppe observe tout ça depuis le bar. Il gagne plutôt bien sa vie ce soir, il devrait être content, mais quelque chose le travaille.
Des pensées étranges l'habitent: "Quand même, avant, les fêtes que j'inspirais avaient une autre gueule... Dans mes Thiases, le vin coulait à flot, ça baisait de partout, on se droguait... C'était autre chose..." Sans trop y réfléchir, il regarde la salle, et repère un jeune diacre qui semble mal à l'aise.
Il s'approche de lui et engage la conversation. Le jeune homme est effectivement mal à l'aise dans cet atmosphère joyeuse et (bien qu'encore très sage) débridée. Giuseppe lui propose de venir dans son bureau pour être au calme. Il lui propose de la lecture, ce que le jeune homme accepte avec soulagement.
Revenu dans la salle principale ou la fête bat son plein, Giuseppe décide de passer à l'échelle supérieure. Il fait sauter les inhibitions des différents participants, et rapidement les choses dégénèrent. Des gens se déshabillent, d'autres sniffent la cocaïne que Guiseppe leur procure. L'alcool coule à flot, et assez vite divers participants s'accouplent dans une multitude de combinaisons de toutes sortes.
"Ah ben voilà!" se dit Guiseppe. "Là ça commence à ressembler à quelque chose que j'aurais été fier d'inspirer. Je ne suis pas Dionysos pour rien..."
Le lendemain matin, alors que tout le monde est rentré chez soi, Giuseppe retourne dans son bureau et se rend compte que le jeune homme est parti en prenant avec lui les fichiers des caméras de surveillance...