(bon je vais avoir sans doute la malédiction du bas de page mais je tente ma chance)
Le cycle de Majipoor tome 1-3 par Robert Silverberg partie 1
J’ai un rapport spécial avec ce cycle et avec l’auteur. Le château de Lord Valentin, 1er tome de la trilogie venant s’insérer dans cette longue série de bouquins autour de la planète géante Majipoor, colonisée par les humains 14 000 ans avant le début du premier bouquin (rien que ça ! Mais n’anticipons pas) et où vivent plusieurs espèces extra-terrestres cohabitant relativement paisiblement tous ensemble. Relation spéciale avec « Le château de Lord Valentin » car c’est un des seuls bouquins de SF/fantasy que j’ai acheté uniquement à cause de la couverture et du vague résumé du 4e de couverture, et aussi un de mes premiers achats de SF tout court alors que j’étais ado (1991 si j’en crois internet : ça nous rajeunit pas!). Relation spéciale car c’est par ce livre que j’ai découvert Robert Silverberg, devenu depuis un de mes auteurs favori en SF (l’autre étant Philip José Farmer), et dont j’ai dévoré toute la production en VF.J’ai lu et relu et re-relu le Château de Lord Valentin à de nombreuses reprises, mais ça faisait longtemps (une bonne dizaine d’années au moins) que je n’avais pas ouvert un bouquin de Silverberg en général et celui-là en particulier. L’ayant trouvé au format numérique et ne sachant quoi trop piocher dans ma liseuse, je me suis dit que j’allais le parcourir un peu (ah-aha).
Pour ne pas faire trop long je ferais un message par tome.
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Le château de Lord Valentin donc. Résumé tronqué pour ne pas trop divulgâcher
L’énorme planète Majipoor, ses trois immenses continents, ses océans démesurés et son île du Sommeil... Un jeune homme s’éveille sans mémoire et sans projets aux abords de la puissante cité de Pidruid. Il connaît seulement son nom : Valentin. Or, son homonyme, Lord Valentin le Coronal, maître de Majipoor, est venu avec sa cour en visite à Pidruid. Entre eux, il y a toute l’épaisseur d’un ordre féodal. Mais le Coronal est-il bien qui il paraît être et Valentin n'est-il qu'un pauvre amnésique ? Tandis qu’il découvre auprès d’une troupe de jongleurs – des Skandars à quatre bras – son aptitude à leur art, Valentin est poursuivi par d’étranges rêves : il serait le vrai Coronal et l’on aurait, par science ou par magie, transféré son esprit dans un corps anonyme. Est-ce folie ? Et même si telle était la vérité, ne serait-il pas insensé pour un jongleur d’occasion de traverser les continents et les mers de Majipoor afin de renverser un usurpateur ?
J’ai été happé par le bouquin à nouveau ! Je me souvenais de certains passages et j’attendais avec plaisir les moments où de nouveaux personnages arrivent mais globalement le temps faisant son affaire : ce fut une belle redécouverte. C’est un excellent roman d’aventures, même si le « personnage amnésique avec qui on découvre le monde » est archi-usé depuis, il faut se rappeler que le bouquin a été écrit en 1980, il y a prescription donc. Et les personnages alors ? Ma foi… Les personnages principaux masculins sont quand même plus développés que les féminins et notre cher Bob fait un peu dans le male gaze dirait-on de nos jours. L’influence des nouvelles érotiques qu’il a du un temps rédiger pour gagner sa vie peut-être ? Niveau nombre on a plus de mâles (vu qu’il y a des extra-terrestres) que de femmes (uniquement des humaines). Notons que les personnages féminins ne sont pas non plus des potiches ! Elles ont un rôle décisif dans la décision que va prendre Valentin par exemple ou lui sauve la mise.
Je me suis ré attaché aux personnages principaux : Sleet, Carabella, Lisamon Huttin, Zalzan Kavol le skandar, Deliamber le vroon… Et bien sûr Valentin qui petit à petit perd sa naïveté mais garde un côté humaniste et bienveillant (ça change des personnages daaaaarkkkkkk et méchaaaaanttts qui font des trucs badaaaaass!)
Qui dit SF : dit ET : les races extra-terrestres sont assez variées avec les
Vroons, minuscules créatures possédant de nombreux tentacules, un bec et des yeux dorés ; les Skandars, géants hirsutes à quatre bras ; les Hjorts, à la peau grumeleuse couleur de cendre, à l'allure de crapaud et à la bouche remplie de cartilages masticatoires plutôt que de dents ; les Ghayrogs, créatures d'allure reptilienne, mais en réalité mammifères ovipares ; les Liis, une race à la tête large, à la peau noire et possédant trois yeux rouges ; et les Su-suheris bicéphales. Enfin la race indigène « Piurivars, appelés communément « changeformes » ou métamorphes en raison de leur faculté à modifier leur apparence » (copier coller sauvage de Kikipédia),
Passons au point qui m’avait euh… Émoustillé ?

Allez disons-le émoustillé à ma première lecture : comme disait un sktech des guignols (#Boomer) « Du cul, du cul, du cul ». Plusieurs scènes de sexe et une insistance sur le corps des femmes (poitrines et fesses à l’honneur). On est pas dans les derniers bouquins de Laurell Hamilton non plus hein ? Mais pour l’ado de 16 ans début 90’s c’était surprenant de trouver ça dans un bouquin grand public. Pour l’adulte de 48 balais en 2023, je me dis qu’un ado de 16 ans trouverait sans doute ça nunuche de nos jours ?
Le point qui me crispe c’est la stagnation de la société depuis 140000 ans ! Bordel ! Quand on voit l’évolution de l’histoire humaine depuis juste 2000 ans c’est quand même un brin facile de considérer que rien ou presque n’a changé depuis 14 fucking 1000 ans… Un défaut aussi repéré dans la Belgariade par notre cher D. Eddings (chat ! ;-) ), on aurait divisé par 10 ça aurait pu être plus crédible un peu quand même.
L’organisation politique parlons-en : «
le régime en place est une monarchie bicéphale non héréditaire. Le maître de cette planète est le Pontife, qui a tous les pouvoirs. Il ne sort pratiquement jamais du Labyrinthe, une vaste forteresse souterraine. Le second personnage est le Coronal. Il est désigné par le Pontife et lui succède à sa mort. Le Coronal ne peut pas être le fils du Pontife. Il représente la partie visible du pouvoir et fait régulièrement des tournées sur les trois continents. Il habite dans un château immense, aussi gros qu'une ville, situé au sommet du Mont du Château, une montagne titanesque, qui sortirait de l'atmosphère de Majipoor si des machines antiques ne lui assuraient un climat printanier éternel. Deux autres fonctionnaires complètent cette organisation en utilisant des pouvoirs de télépathie : la Dame de l'Île du Sommeil, qui est la mère du Coronal et sert de conseiller aux populations de Majipoor via les rêves ; et le Roi des Rêves, qui est chargé de surveiller et de châtier les criminels (le crime est une chose très rare sur Majipoor). Ce dernier poste est toujours occupé par un membre de la famille Barjazid de Suvrael » (wikipédia again)
A part la dame de l’île : aucune femme au pouvoir, zéro, nada, nibe, rien, que dalle ! Pas de CoronalE (on apprend qu’un pontife s’est déclaré une fois « dame de l’île » et s’est barré du labyrinthe mais il était fou) jamais pendant 14 k années. Et que des humains bien sur… En parlant de la « dame de l’île du sommeil », la mère du roi qui devient une figure quasi-divine… Si vous me passez de la psychologie de comptoir ça se voit que ce cher Robert Silverberg est juif (j’ai la même avec Tolkien et les figures féminines issu des croyances autour de la Vierge Marie et de la perte de sa mère hein ? Pas de jaloux!). Bref relu en 2023 ça fait un peu bizarre quand même, la culture pop’ à notre époque tentant souvent de redonner une place plus importante aux femmes. Bob est né en 1935 c’est un homme de son époque et déjà comparé à d’autres c’est en progrès !
Dernier point : la technologie. Bah pas grand-chose… Il y a des « lanceurs d’énergie » (peu employés voire presque jamais) et des flotteurs véhicule avec de l’anti-gravité (ou assimilé) mais qui ont besoin de traction autre pour avancer, donc animale la plupart du temps. RS reste assez flou (frustration du rôliste ultime qui aime les détails) sur comment les biens sont fabriqués et renforce l’aspect médiéval par l’absence de monnaie électronique voire même fiduciaire : des pièces uniquement.
Bref, un pavé pour dire que j’ai adoré relire malgré les points de crispation et l’oeil de 2023 qui est perturbé. Le cycle complet de Majipoor comporte au moins 7-8 bouquins dont 3 à la même époque globalement. Je vais pondre un 2e pavé sur le bouquin suivant «
Chroniques de Majipoor »