CasusNO

A la lecture de n'importe quel livre de base de Hârn, un élément de background saute aux yeux : la crise de succession au Kaldor.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le point de départ est le suivant : le Kaldor est un royaume prospère du centre est de Hârn, traversé par trois des principales routes commerciales, à savoir la Route de l'argent (Silver Road) qui mène en Azadmere, le royaume des nains, la Route du sel (Salt Route) et le Chemin de Genin (Genin's Trail) qui vont d'est en ouest et du sud au nord, reliant d'autres royaume. Au croisement de toutes ces routes se trouve Tashal, l'une des grandes cités de Hârn, capitale du Kaldor.

Les voisins directs du Kaldor sont :

• Orbaal au nord, un royaume envahi par un peuple venant d'au delà des mers, pris dans un conflit entre les peuples "originels", les Jarins, et les envahisseurs, seigneurs du royaume, un peu dans l'esprit des normands et des saxons dans Ivanohe
  
• Chybisa, un royaume à l'est dont l'existence est contesté par le Kaldor, qui considère qu'il s'agit en fait d'une partie de ses terres
  
• La République Tharde, à l'ouest, ce qu'aurait pu devenir la Rome antique au moyen âge, mais sans l'influence antérieure de ladite cité,
  
• Medelryn, un royaume insulaire (oui, Hârn est une île et, néanmoins, il y a un royaume insulaire) qui est un peu le Deus Ex Machina de l'auteur du jeu, un truc genre Avalon mais qui aurait une influence sur l'Angleterre.
  

Quand on parle de royaumes frontaliers, il faut tout de même préciser que les frontières sont floues et qu'une partie des terres revendiquées par tel ou tel royaume sont, en réalité, des terres sauvages occupées par des peuplades barbares, non sédentaires.

La spécificité du royaume de Kaldor tient à son histoire tumultueuse, faite de guerres civiles, d'oppositions fortes et marquées, de coups et d'union. A l'origine, il s'agit d'une réunion de quatre royaumes plus petits, unifiées par un clan. Le chef du clan royal est, traditionnellement, le roi de Kaldor. Seuls les membres du clan (c'est à dire des adultes ayant au moins un parent issu du clan) peuvent voter.

Le clan régnant est, actuellement, le clan Elendsa, dont sont issus les derniers rois.

Du temps du père du roi actuel (Torasta), la succession n'a pas posé de problème : la tête du clan et le trône devait revenir à son fils ainé, Haldan III. Malheureusement, ce dernier est mort et n'a laissé aucun successeur mâle, juste trois femmes :Cheselyne, Lerela et Meliem. La question de la succession s'est alors ouverte, avec deux successeurs possibles : Cheselyne, fille ainée du défunt roi ou Miginath, frère cadet du roi. Aux termes d'affrontements, Miginath a été couronné.

Miginath est un roi fort moralement et techniquement, mais empli de problèmes de santé. A ce jour, en 720, il est âgé de 68 ans et règne depuis 27 ans. Il a réussi à affermir le pouvoir royal. Il a trois fils, Maldan Harabor, Koris et Tulath, mais ne s'est jamais marié : sa première compagne était issue du peuple, le roi Torasta a interdit le mariage. Miginath ne s'est jamais marié, même après la . Sa première compagne est morte en donnant naissance à Koris, sa second compagne est le Garde des sceaux privés. Elle a une forte influence à la cour et son fils, Tulath, fait parti de ceux que l'on verrait bien devenir roi, en raison de l'influence de sa mère, mais que l'on n'espère pas.

La question de la succession n'est en rien réglée : Miginath n'a pas fait de testament connu. Il n'a pas d'héritier reconnu comme tel et, de ce fait, ses fils n'appartiennent pas au clan Elendsa. Sans reconnaissance ni désignation, une nouvelle crise de succession parait inévitable.

Une fois ce portrait dressé, il est nécessaire de présenter les différents intervenants.

J'ai fait un arbre généalogique. Les femmes sont notées dans des bulles arrondies, les hommes dans les rectangles. Les héritiers potentiels sont en fond violacé. Les dates entre parenthèses sont les dates de naissance pour ceux qui règnent. L'image est petite mais on peut l'agrandir sur le lien où je l'ai mise.

Voici le positionnement que je vois pour Miginath :



Pour moi, Miginath est pris dans une difficulté : d'une part, il est pris dans la fidélité à sa première compagne, Lessel Harabor, et sa nouvelle, Erila Kaphin. Ensuite, il sait que, à ce jour, Tulath n'est pas en capacité de régner. Il est trop frivole, trop endetté. Mais d'un autre coté, Maldan est déjà assez agé. Quelque part, Miginath comptait sur Merik pour prendre cette décision à sa place. Mais Merik est décédé l'année dernière et Miginath retarde sa décision la plus difficile.

Les prétendants au trône sont donc, par ordre de possibilité :

• Conwan Elendsa
  C'est le mâle en ligne directe mâle, issue de mariages reconnus et dont la légitimité n'est pas contesté. Sa seule difficulté est qu'il a fait voeu de ne pas devenir roi en raison d'un mariage avec une femme d'une autre religion. Si le Srekela (archevêque) de Larani (déesse de la noblesse en Kaldor) acceptait de le relever...
  
• Cheselyne l'ancienne
  Elle est la descendante directe du premier fils du roi précédant Miginath. Elle peut donc légitimement présenter sa candidature, même si sa personnalité lui a attiré plus d'ennemis que d'alliés.
  
• Tulath
  Entre sa mère qui conspire sur lui et le fait qu'il est le plus jeune fils du roi, il peut espérer obtenir le trône, surtout si sa mère réussit son ou ses coups.
  
• Maldan Harbor
  Fils ainé du roi Miginath, il est apprécié. Bon soldat, bon commandant, charismatique, il est le pendant de Conwan, mais sans la légitimité. Il a cependant ses partisans.
  
• Tora Dariune
  Il n'a pas de droit directement. Mais c'est le chef du clan Dariune, un clan qui vit dans l'ombre du clan Elendsa, le sert et le manipule depuis des décennies. Le projet du clan a toujours été de devenir le premier clan de Kaldor. Et l'occasion est là. Sur la richesse, la compétence, la ruse et la fourberie, Tora est le meilleur. Il a donc toutes ses chances.
  
• Erelar Hrinen
  Fils d'une soeur de Miginath, il est dans la ligne successorale, mais il arrive après bien d'autres. Toutefois, si le choix doit se faire sur un mâle, même issu d'une soeur, en cas d'indisponibilité de Conwan et d'absence de reconnaissance de ses cousins, il arrive à peu près à la même légitimité qu'Orsin Firith et peut être plus que Tora Dariune.
  
• Orsin Firith
  S'il n'est pas l'héritier le plus direct, il reste quand même dans la lice. A la tête d'une armée aussi, voire plus importante que celle de Maldan, il peut prendre le pouvoir par la force. Il a de nombreux appuis, tant dans la noblesse que dans le peuple. Il est charismatique, s'est sacrifié pour la défense du royaume. Il a donc acquis une légitimité de fait.
  
• Koris Harbor
  En sa qualité de deuxième frère, Koris a peu de chances de voir le trône autrement qu'il le voit aujourd'hui. S'il a une certaine fidélité pour son frère, il est avant tout fidèle au Royaume et cherche à comprendre ce que son père a voulu faire. Il est bien possible qu'il soit plus un outil utilisé par les autres qu'un réel candidat au pouvoir.
  

Une fois cette présentation faite, je me retrouve avec les factions suivantes :

• La plus dangereuse : l'alliance Cheselyne/Troda
  Chacun des deux peut être légitime. Mais pour s'assurer un soutien plus étendu, Cheselyne et Troda pourraient s'allier pour faire monter sur le trône le fils de Dariune qui, entretemps, serait devenu l'époux de la fille ainée de Cheselyne. Ainsi, le pouvoir serait assuré et les complots ne prendraient jamais fin.
  C'est la solution la plus probable si le choix du Roi doit se faire par le clan ou en cas de défaite militaire de Maldan Harbor.
  A moins que les joueurs ne s'en mêlent.
  
• Maldan Harbor
  Si son père ne l'a pas reconnu, personne n'ignore qui il est et pourquoi il est là où il est. Il a la possibilité de prendre le pouvoir par la force, s'il y est acculé. Il tente, néanmoins, pour l'instant, de se faire reconnaitre comme le successeur le plus légitime.
  Si le choix doit se faire par les armes, il est le roi le plus probable.
  Néanmoins, il est aussi possible qu'il se rallie à l'un de ses frères, peut être, pourquoi pas, à Tulath ?
  
• Tulath
  Juridiquement, c'est lui le mieux placé : Erila Kaphin sait pour les documents que le roi remis, à un moment, à Merik. D'ailleurs, elle en a fait un faux. Et elle l'utilisera si elle réussit à obtenir des soutiens suffisants à l'intérieur du royaume. A l'extérieur, elle bénéficie de l'appui de Medelryn qui voit en elle le moyen d'assurer une certaine stabilité à l'extérieur du royaume : pas de tentative de l'étendre vers la mer, pas de risque vis à vis de Chybisa.
  Juridiquement, c'est Tulath le mieux placé, même si l'on passe par une [insérer ici un procès d'intention - au mieux - que la modération reprouve].
  
• Conwan Elendsa
  S'il réussit à se défaire de son voeux, il peut avoir de nombreux soutiens dans le clan et il dispose d'une bonne armée, opérationnelle et entrainée, pour le soutenir militairement. Il est donc quelque part à mi-chemin entre l'alliance Cheselyne/Troda et Maldan. Toutefois, il sera nécessaire d'avoir de bons arguments pour que le vœu soit levé...
  

Ma proposition de campagne :

Donner aux joueurs la maison d'Arlin Alsar, fils de Lerela, nièce de Miginath et soeur de Cheselyne.

Miginath sait que, depuis la mort de Merik, il se trouve en difficulté pour gérer sa succession. Il a besoin d'alliés. Meliem, la troisième des filles d'Haldan, est son alliée depuis des années. Elle occupe des fonctions à la Cour. Elle a réussi, en raison de son jeune âge, à ne pas subir exactement le même sort que ses soeurs, écartées du coeur du royaume, mariées à des chevaliers sans terre et, quelque part, soumises au bon vouloir du roi.

Meliem va s'interroger sur la disparition de Merik. Sa mort, prétendument naturelle, l'interroge. Et si. Et si un ennemi de Miginath venait de comprendre le projet du Roi et de le mettre en échec. Si Miginath choisi aujourd'hui un de ses fils, il sera possible de souffler les braises de la révolte.

Meliem vient offrir à Miginath deux nouveaux alliés : son neveu, dont elle pense pouvoir répondre, et sa deuxième soeur, qui a pris ses distances avec Cheselyne. Si Miginath nomme Arlin sherif d'Osel, cela redorera le blason de cette partie de la famille. Cela permettra à Meriem d'inviter son neveu à enquêter sur les causes de la mort de Merik, anciennement Sherif d'Osel.

Les deux premières années sont des années de mise en place.

Le baillage d'Osel (il faut que j'aille rechercher les termes choisis par LG pour la trad française) est un baillage qui offre différentes pistes de scénarios, tout en laissant avancer les machinations d'arrière plan. Miginath, d'après la vision générale, devrait mourir en 722 (mort naturelle ?), lors du grand tournoi annuel. Cela laisse donc deux ans aux joueurs pour trouver leur place avant le lancement de la campagne de succession proprement dite.

Je pense faire un peu comme dans la logique de Adventures in Middle Earth : un ou deux scénarios par an, voir ce que les joueurs veulent faire en off, gérer les conséquences de leurs actions et de leurs choix et me laisser donc un ou deux scénarios pour voir quel impact cela aura sur le reste de la campagne.

Les bases des premiers scénarios :

• Merik est mort. Il se dit, d'après certains de ses proches, que cette mort n'est pas totalement arrivée par hasard. Vrai ou faux ? Les joueurs souhaiteront-ils approfondir ou faire leur l'une des positions que l'un ou l'autre pourrait avoir intérêt à voir soutenue ? Qu'en pense Meriem ? Qu'en pense Miginath ? Qu'en tireront les uns et les autres ?
  
• Il existe un conflit latent au niveau du baillage d'Osel : le baron de Kobing veut construire une place forte près du pont d'Osel, au risque de fâcher les Pagaelins qui vivent au delà de la frontière et de déclencher une guerre avec eux. Mais, entretemps, le tenancier du comptoir local a obtenu l'autorisation d'ériger une palissade de rondins pour protéger le comptoir, ce qui rend fou le baron de Kobing, un des héritiers potentiels, Orsin Firith. Le Sherif délégué était-il incompétent en laissant cela se faire ou a-t-il été manipulé par l'une des factions ? Est-il un homme à la solde de quelqu'un qui plantera un couteau dans le dos d'un autre ? Qu'a-t-il pu faire d'autre pour entretenir l'instabilité locale ou pousser les Pagaelins à attaquer le Kaldor et, ainsi, occuper Orsin Firith ?
  

Pendant ce temps là, Meliem vise à permettre à sa famille de retrouver son rang en favorisant le mariage de son neveu avec une jeune fille d'une bonne famille. Les négociations matrimoniales auront lieu et permettront aussi, peut être, de tenter de négocier la future voix d'Arlin dans le conseil de succession...

Très bon point de départ.
J'ai fait jouer la succession au Kaldor il y a pas mal d'années.
Tes joueurs vont bien s'éclater!

Fichtre, c'est dense !
(J'ai hésité avec un ironique : je trouve que tu es peu lég' dans tes préparations de parties....)

Ce qui me manquerait, je pense c'est un objectif derrière l'objectif pour chaque Faction/Impétrant. C'est quoi leur vision de la royauté et pour le royaume au-delà du "être vizir à la place du vizir" quoi ?

Un moyen de jouissance, une volonté de passer à la postérité, un royaume à agrandir toujours plus par les conquêtes, par les alliances, un royaume à réformer de l'intérieur, en finir avec les clans, installer une théocratie...

Pour certains, on voit se dessiner un profil, mais sinon pourquoi lui plus qu'un autre. Et ça permettrait de typer un peu le mode d'actions de chacun.

Je pense que c'est le genre de truc qui vont permettre d'impliquer les PJ.

@Sailor et donc comment tu t'y étais pris ?

C'est vraiment impressionnant tout ce travail de préparation, c'est une excellente chose d'avoir bien posé les factions et c'est là où je vois que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je suis sûr que les joueurs vont s'éclater dans cette campagne.

Sinon je pensais faire un scénario par saison, mais après ça dépend j'imagine de combien on voudrait faire durer la campagne.
 

Première faction : l'alliance Cheselyne/Troda
Si chacun des deux dispose de moyens pour se faire reconnaitre comme successeur légitime (Cheselyne, première héritière d'Haldan, Troda chef du clan Dariune et, surtout, politicien et gestionnaire hors norme), leur histoire personnelle ou familiale en fait des personnages très clivants. Cette alliance, qui commence à s'imaginer en 720, est une alliance du feu et de la glace. Les deux chefs de partie ont des personnalités très trempées et, sur de nombreux points, peu compatibles. Reste l'ambition et la possibilité de répondre à cette ambition.



Troda Dariune

Troda Dariune est un homme incontournable. Il est le responsable du développement économique du Royaume, de son bon fonctionnement. Avant de servir Miginath, il sert le Royaume et fait ce qu'il faut pour lui.

Le clan Dariune est l'incarnation de l'ambition sur le long terme. Le clan veut le pouvoir, mais veut l'acquérir de façon durable. L'histoire familiale a structuré le clan pour répondre à cette ambition, formant la génération d'après et lui enseignant la patience.

Les valeurs de Troda sont : tradition, patience, mesure, détermination, intelligence, entregent.
Ses défauts : manque de confiance, sauf en certaines personnes, peur du conflit

Son alliance avec Cheselyne le met très mal à l'aise. Il sait que c'est la meilleure solution pour lui et son clan, mais il sait aussi que Cheselyne l'Ancienne est un électron libre. Elle a ses propres plans, ses propres secrets, ses propres ambitions. Elle est rongée par la haine et pourrait tout compromettre par un mauvais choix.

Cheselyne l'Ancienne

Cheselyne rumine sa vengeance depuis 27 ans. Depuis 27 ans, elle manigance, tente, exploite, surveille, trahit, le tout contre Miginath et sa famille. Elle a ses entrées partout, car presque partout elle est crainte. Elle est détestée par la majorité, admirée par d'autres, mais nombreux sont ceux qui oeuvrent pour elle, soit pour le gain, soit par manipulation. Elle est toujours là et finit toujours par obtenir ce qu'elle souhaite. Sauf, à ce jour, le trône de Kaldor.

Ses points forts : intelligence, analyse, observation, espionnage, un serviteur en chaque lieu
Ses points faibles : égoïsme, monomanie, paranoïa, colère froide, confiance en elle

Son alliance avec Troda est raisonnable mais contre nature. Elle est à l'opposé de ce qu'il est, sauf pour l'intelligence et l'entregent. Elle sait que cette différence est une force et que le ciment de leur alliance est incarnée par sa fille et le fils de son allié.

Cheselyne la Jeune

Elle sait que sa mère a échoué et qu'elle ne pourra réussir à obtenir ce qu'elle désire le plus au monde. Mais elle, elle peut. Elle va faire tout ce qui est en son pouvoir pour montrer à sa mère ce qu'elle est réellement : mieux qu'elle. Elle est prête, pense-t-elle et a compris beaucoup de choses. Elle a réussi à attirer l'attention de Scina et de son père. Elle est attentive à ce que sa mère peut faire ou vouloir : il ne faudrait pas qu'elle gâche à nouveau tout.

Ses points forts : sagacité, charisme, prévoyance, analyse
Ses points faibles : confiance en elle, sa mère


Scina Dariune

Il est perdu. D'un coté, il sait qu'il a des capacités, remarquées et reconnues par son père, mais il doute d'avoir le niveau souhaité. Il est aussi perdu entre la fidélité due à son père et à son clan et l'amour qu'il voue à Cheselyne depuis que cette dernière lui a souri la première fois. Il fera de son mieux même si ses peurs peuvent lui nuire.

Ses points forts : entregent, intelligence, athlétique, commerce, gestion
Ses points faibles : peur de décevoir, peur d'échouer, manque de perspicacité


But de la faction

Profiter du marasme et de l'impossibilité pour les autres membres du clan de se prononcer pour telle ou telle personne.

Le premier but est de présenter Cheselyne comme héritière légitime, ce qui ne peut pas passer (même si elle pense le contraire). Troda, ainsi que ceux qui le suivent, gardent une position de retrait et d'attente.

Le second est de diviser les adversaires. Le cas échéant, de laisser la situation pourrir.

La troisième, lorsque, au plus tard, on accusera Troda de retarder le choix du futur suzerain pour conserver le pouvoir qu'il a sur le royaume, de proposer l'alliance de Scina et de Cheselyne et de les mettre ensemble sur le trône.

Deuxième faction : Maldan Harabor

S'il n'a ni le droit ni la légitimité pour lui, Maldan a la morale. Il est le fils de Miginath, son premier. Il a toujours été considéré comme tel par tous, à la Cour, dans le Royaume. Il est capable, il l'a démontré en prenant le baillage de Meselyne et en le gérant bien, en dirigeant les troupes avec talent et charisme. Maldan est aimé par le peuple, qui voit en lui un des leurs, de par sa naissance.

Mais Maldan ne peut pas participer au Conseil de succession. Pour pouvoir être désigné, il faudrait que quelqu'un porte sa parole, le mette en avant. A l'heure actuelle, il n'a trouvé personne. Sa cousine Meliem garde ses distances, refusant de s'impliquer auprès de lui. Dariune suit sa propre voie. Ses cousins réservent leurs positions.

Maldan a fait des propositions claires à plusieurs d'entre eux, en vain. A l'heure actuelle, sa meilleure opportunité réside en Orsin Firith. Tous deux sont de vaillants soldats et de bons généraux. Tous deux sont des hommes d'action et attendre leur heure ne leur convient guère. Maldan peut faire des promesses qu'Orsin peut entendre : la concession du Pont d'Osel, la guerre contre Chybisa, l'ouverture d'une porte vers la mer. Maldan sera un roi guerrier. C'est peut être ce qui fait le plus peur aux autres.

Ses points forts : Organisation, stratégie, vaillance, aimé par le peuple
Ses points faibles : manque de légitimité, impulsif, guerrier, intrigue



But & moyens de la faction

Maldan sait que le pouvoir par des moyens politiques ne peut que lui échapper. Il a besoin d'autre chose, une victoire militaire étant ce qu'il peut espérer de mieux.

Ses objectifs sont :

• Rallier le petit peuple, devenir leur représentant
  
• conclure une alliance avec Orsin Firith
  
• Montrer qu'il peut prendre n'importe quel chateau/ville du Royaume
  
• Marcher sur Tashal
  

J'ai fait jouer ma campagne avec un vieux jeu : Palladium 1er ed. A l'époque parfait pour du "Low Fantasy" .
Je l'ai lancé avec "Earl express" un fan work j'avais récupéré sur Lythia. xx (je sais plus).
Et l’écuyer (futur chevalier) était Kornusca Harabor 2eme fils de Maldan.
Ils ont mis Conwan sur le trône..... Après 2 ans de campagne.

Merci pour vos remarques et vos encouragements. Je suis preneur aussi de critiques : je suis sûr qu'il y a des trous et chaque chose que vous pointez me pousse à la réflexion et à l'approfondissement.

Ce weekend, j'ai lu (principalement en diagonale, en ne m'arrêtant que sur ce qui m'intéresse pour la campagne) un livre de Jacques Heers, le Clan familial au moyen âge. En effet, j'avais besoin de comprendre la logique du clan qui nous est quelque peu étrangère.

Heers indique, dans son livre, que le passage du clan (de la tribu) à la féodalité a eu lieu entre, globalement, 1000 et 1300. En fait, les mécanismes de la féodalité semblent exclusives de celles du clan. Il semblerait que ce soit l'un des héritages de l'arrivée des Normands en Angleterre.

Donc, j'évolue dans mon idée, en faisant un clan de traditionnaliste et un clan de progressiste : pourquoi seul le clan Elendsa aurait son mot à dire sur la dévolution successorale si les usages ne permettent pas de trouver une solution ? Le Royaume appartiendrait-il seulement aux Elendsa ? Quelle est la place du reste des nobles ? Le Royaume est le Royaume et ses pairs doivent être consultés. Ainsi, nous arriverions, dans ce plan progressiste, à une notion de pré nation. Le parti serait mené par Maldan Harabor, soutenu par les nobles et une partie du peuple, celui des francs-alleutiers, des paysans, des petits bourgeois. Les pairs sont puissants et ne se feront pas imposer des choix comme, parfois, les membres mineurs d'un clan peuvent le subir.

De l'autre, un parti traditionnaliste : le royaume est la propriété du clan Elendsa et inversement. Les deux sont intimement liés, car c'est une volonté divine. C'est l'Ordre tel que Larani et Peoni le souhaite. Le clan a son importance car seul, on n'est rien. Le groupe, les origines, les liens sont sacrés et méritent qu'on les respecte, le Royaume étant bâti sur cette réalité juridique. Dans ce parti, on trouvera une direction un peu plus floue, avec Conwan, Cheselyne l'ancienne et Erelar.

Un parti plus discret serait celui du progrès raisonné : un état ne peut être dirigé par la multitude. Le Roi doit incarner le Royaume et les deux sont indissociables. Toutefois, le clan est une notion dépassée pour la gestion du royaume. Si cela permet une certaine solidarité familiale, un maillage, une entraide pratique, le clan suppose une double justice : dans certains domaines, on l'a vu, la justice royale ou ordinaire ne peut produire ses effets, parce que c'est la justice du clan qui sera appliquée. De même, les armées ne sont pas royales, elles sont issues des clans, chacun appelant les familles liées à lui pour mener des guerres privées. L'ennemi le plus proche ne peut se trouver à l'intérieur du Royaume. L'ennemi le plus dangereux, c'est Medelryn qui fait la pluie et le beau temps dans la région. C'est un royaume fort, soudé, uni, qui peut, sans même user de la force militaire, imposer ses choix dans la région. La richesse de Kaldor fuit par les ports de Medelryn. Il est donc indispensable d'échapper à cette influence et d'obtenir un accès à la mer. Ce parti s'appuie sur les riches, qu'ils soient nobles ou simples marchands. La richesse apporte la puissance, la puissance le contrôle, le contrôle la stabilité, la stabilité la richesse. Comme les partisans de Maldan, les membres de ce parti pensent que les clans coûtent au Royaume. Il y a eu trop d'instabilité, trop de guerres civiles, trop de d'insécurité. L'ennemi est vu comme un exemple, un modèle : un système intérieur stable permet de projeter sa puissance.

Dans ce parti, on trouve, bien sûr, Troda Dariune et une majorité des plus gros marchands de Kaldor. Or, ces marchands ont des créances sur d'autres et, ainsi, des moyens de pressions sûrs.

Deux autres partis, superposés, existent aussi aujourd'hui : quelle est la place de la religion de Larani ? Est-ce majoritairement un ordre militaire, qui doit entretenir des forces, notamment pour assurer sa sécurité, où est-ce un culte qui vise à diriger les âmes et guider ceux qui doivent l'être ? Une religion très militaire n'est-elle pas, parfois, un danger, comme le menace le culte, à l'heure actuelle, avec la croisade Solarienne ?

Les deux positions s'opposent : la tradition, menée par le Serekela, et la rénovation du culte, par une approche plus spirituelle, menée par le Rekela Haldan. La position d'Haldan commence à être entendue dans Hârn et permettrait, peut être, d'éviter le schisme qui risque de se produire en raison de la croisade Solarienne.

Chaque noble, chaque parti a sa position sur la question. Car, que vaut-il mieux ? Un chapelain qui nous ressemble ou un chapelain représentant une forme d'ordre morale décorrélé des difficultés du monde profane ?

Je vais modifier les positions de Maldan Harabor en conséquence.

Le parti de Conwan sera surtout pris dans les débats religieux : si Conwan n'est pas relevé de son vœu, alors son parti ne peut avoir de but (si ce n'est de placer son fils, s'il en a un, sur le trône).

Je trouve que ces nouveaux développements amènent une vraie amélioration pour que les joueurs puissent s'emparer de la situation avec des forces en présence plus claires. Très intéressant... et impressionnant.

Tu sais que Conwan a fait CE vœux car il a épousé un fidèle/ voir + de Save K'nor?
Lui ou son fils c'est pareil pour les Laranistes purs et durs.

Oui, certes. Mais Paris vaut bien une messe, non ?