Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

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Hyeronimus
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Hyeronimus »

Je ne connais pas du tout mais ça semble prometteur. De mon côté, c'est ceci qui m'a récemment attiré l'oeil...
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Tybalt (le retour)
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Tybalt (le retour) »

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Les Passagers du vent de François Bourgeon, tome 1 : La Fille sous la dunette. Je n'avais jamais lu cet auteur et j'en ai récemment entendu reparler dans les actualités sur le festival d'Angoulême, où Bourgeon est au centre d'une exposition au musée de la BD jusqu'en mai. J'en ai donc profité pour emprunter le premier tome de cette série.

Il m'a semblé... disons bien fait, mais ce n'est pas un coup de cœur non plus. Du côté des qualités, il y a des dessins très détaillés, quelques beaux navires et de la documentation sur les décors et le jargon des marins (forcément pour une saga maritime). Le scénario, très feuilletonnesque, est rempli de rebondissements jusqu'à la gueule.

Du côté des défauts, je ne suis pas entièrement conquis par son style graphique, sans trop savoir pourquoi. Un traitement bizarre des couleurs et des volumes des visages, peut-être. Et puis, ces personnages féminins... Globalement, il y a de la tripe et de la fesse, et dès qu'il y a de la femme, il y a de la fesse ; si on veut montrer qu'une femme est un personnage fort, on montre de la fesse et juste après on montre de la tripe. Si ça ressemble à une formule dès le tome 1, j'ai peur de la suite. Quant au caractère d'Agnès/Isabelle, on ne sait pas si on doit l'apprécier ou lui coller des baffes, mais le personnage est conçu comme ça donc ça peut passer. En revanche, autant ce personnage était sûrement révolutionnaire à la parution de l'album en 1979 (incroyable, même Thorgal n'avait pas encore Kriss de Valnor), autant maintenant, il paraît assez suranné et son côté "personnage féminin qui ne s'en laisse pas compter" paraît sabordé en mainte occasion par les choix d'angles de vue très male gaze et l'érotisme répétitif "oups mon vêtement est transparent à cause de l'eau / s'est déchiré / a glissé" qui fleure bon les films Angélique de quand j'étais petit (avec le même résultat, à savoir que je ne voyais pas l'intérêt de ces affaires de nuisettes et que j'attendais avec impatience la prochaine scène d'abordage ou de poursuite à cheval).

Bref, je lirai sans doute le tome suivant histoire de donner sa chance à l'histoire, mais pour le moment, j'ai plutôt envie de relire L'Épervier de Pellerin, dont le dessin, les couleurs et le scénario me plaisent mieux à côté.
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tauther
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par tauther »

@Tybalt (le retour) Le traitement des personnages féminins par Bourgeon et la complaisance aux scenes de cul sont effectivement un truc qui était déjà pénible dans les années 80, et qui ne c'est pas amélioré avec la série Cyann que je n'est pas réussi à lire. Et c'était aussi présent dans les Compagnon du Crépuscule qui est parue dans les années 80.

Je ne pense pas que c'était révolutionnaire pour l'époque, ceux qui ont lu les premiers numéros de Métal Hurlant trouveront plein d'autres dessinateurs l'ayant fait avant (Gillon ou Forest par exemple, je ne parle même pas de Barbarella ou Pravda la survireuse).
Je pense que c'est plutôt un effet de bord de la libération sexuelle et de la fin de la censure des années 70/80 ...

De façon assez similaire, les comics underground cherchaient à faire exploser les barrières de la censure début des années 70, et la tu vois le passage dans la BD mainstream. Le magazine Circus était me semble-t-il très représentatif: j'ai souvenir qu'il y avait du cul ou des nichons dans presque toutes les histoires...
Bref, c'est représentatif d'une époque et cela à mal vieilli selon moi.

Ceci étant écrit, si tu arrives à passer outre cet aspect, alors la lecture des 5 premiers tomes est plutôt à conseiller. Et en plus la technique de Bourgeon (itou me semble t-il pour la couleur) s'améliore.
Je te les conseille, mais je ne les ai pas dans ma bibliothèque. :)
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Tybalt (le retour)
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Tybalt (le retour) »

Effectivement ça pourrait être ça : il y a un côté provocateur qui devait être défrisant en 1979, mais ne l'est plus vraiment aujourd'hui (sauf pour un lectorat réac, peut-être). Je pense tenter la suite quand même, parce que ça reste de la belle aventure. J'ai bien apprécié les dialogues très écrits et littéraires, aussi : il y a un côté roman d'aventure, sans non plus tomber dans les pavés de texte.
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Erwan G
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Erwan G »

J'ai beaucoup aimé ses deux autres séries (Cyann et la médiévale). Le troisième tome des Compagnons du crépuscule (?) contenait aussi tout un dossier de recherche sur l'imagerie médiévale, c'était très intéressant
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
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Killing Joke
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Killing Joke »

Autant je n'ai jamais trop accroché à ses autres séries, autant j'aime toujours énormémént ces/ses Compagnons du Crépuscule. Ca a excellement bien vieilli et çà reste dans le haut du panier. Une histoire médiévale, teinté tout de même d'une bonne dose de fantastique, pendant la guerre de 100 ans (1252-1350). C'est brut. C'est violent. C'est authenthique. C'est précis, méticuleux. Et cette fin, quelle fin ! Ca doit faire partie des fins les plus fortes de ce que j'ai lu en BD (largement au niveau de l'Incal) (évidemment, il faut rentrer et accrocher à l'histoire pour çà). Des personnages forts et pas caricaturaux, y compris féminins. Alors oui, si vous ne jurez que par les 50% de diversité LGBTQIA+ de Disney, vous n'allez pas aimer, c'est sûr.

Il ya une intégrale (pour à peine 40€) des trois tomes, ce serait dommage de s'en priver.
https://www.bdfugue.com/les-compagnons- ... -integrale

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L'ouvrage complémentaire est Dans le sillage des sirènes, et c'est absolument passionnant.

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On y voit notamment le soin de l'auteur apportée quant aux restitutions visuelles du château : les plans complets y figurent, les "axes de vues" de chaque scène (montrant sur le plan ce que voit le personnage positionné à tel endroit), le tout à partir d'une maquette réalisée à l'époque par l'auteur.

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Et des esquisses, recherches, croquis, qui sans être "à la Viollet-le-Duc" restent intéressants (et même réutilisables pour tout MJ).

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Chapitre 1 - En quête d'histoire
- Le contexte historique
- La langue des Compagnons du Crépuscule
- Le costume civil et militaire
- Des lieux et des gens

Chapitre 2 - En quête du mythe
- Christianisme et paganisme, la légende des Malaterre
- Druides, bardes et trouvères : la part de la tradition celtique
- Lutins, dhuards et autre Dame Blanche : l'élaboration d'une mythologie cohérente

Chapitre 3 - En quête du sens
- Quatre : l'univers dans sa totalité
- Trois : les couleurs de le laune
- Deux : le Chevalier et Mariotte
- L'homme et la femme, le bien et le mal
- Un : du multiple à l'unique

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tauther
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par tauther »

C'est marrant  que vous mettiez en avant le coté médiéval pour les compagnons du crépuscule. J'ai des souvenirs qui datent du précédent millénaire qui m'aurait fait mettre en avant des inspirations celtiques ou païennes. Ce a quoi on peut sans doute me retorquer que c'etait l'époque qui voulait ça (le moyen age :)
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Harfang2
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Harfang2 »

Mettant les compagnons du Crépuscule & Les passager du vent haut dans mes séries BD préférés, je coche tout de suite de me procurer, à l'occasion, le cycle de Cyann.

Par ailleurs, attaquer Bourgeon sur les plans fesses, il y a un moment ça confine quand même au puritanisme. D'autant plus que, question profondeur de scenario et de personnages, il se pose là.
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Qui Revient de Loin »

J'ai découvert Bourgeon avec mes émois adolescents, je ne peux pas lui reprocher l'érotisme de ses personnages féminins. Mais peut-être que pour quelqu'un qui le découvrirait aujourd'hui, qui plus est adulte, ça serait différent.

Et le cycle de Cyann (enfin, les 2 premiers tomes) fait partie de mes BD préférés : quelle ethnologie ! quelle écosystème ! quelle machine d'exploration !
Par contre les tomes suivants m'ont perdu, je ne comprends plus rien à l'histoire :neutral:
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Mugen
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Mugen »

tauther a écrit : ven. févr. 09, 2024 3:03 pm De façon assez similaire, les comics underground cherchaient à faire exploser les barrières de la censure début des années 70, et la tu vois le passage dans la BD mainstream. Le magazine Circus était me semble-t-il très représentatif: j'ai souvenir qu'il y avait du cul ou des nichons dans presque toutes les histoires...
Bref, c'est représentatif d'une époque et cela à mal vieilli selon moi.

Je crois me souvenir que le critique BD de Casus (André Foussat ?) se plaignait aussi de cet aspect dans les BD issues du magazine Vécu.
Le Vent des Dieux par exemple fait assez fort, en mettant en scène un daimyō local qui a pour son plaisir une cohorte de très jeunes garçons...
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Sammael99
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Sammael99 »

Sur la représentation des personnages féminins dans la BD des années 80, je suis en train de relire tout Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters, et je me suis fait une réflexion très proche même si (dans mon souvenir) il y a beaucoup plus de cul chez Bourgeon.

Mais en gros, la femme "moderne" chez Schuiten et Peeters, elle est sure d'elle, et elle veut baiser, si possible le personnage principal qui a 30 ans de plus qu'elle. Je me doute qu'il y a un brin de libération sexuelle des 70s mal digéré là-derrière aussi, mais c'est tellement un motif (dans au moins trois bouquins, La Fièvre d'Urbicande, Brüsel et La Tour, que c'est est suspect. Et du coup ça m'a un peu gêné malgré le génie de ces trois bouquins.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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tauther
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par tauther »

Sammael99 a écrit : dim. févr. 11, 2024 10:35 pm Sur la représentation des personnages féminins dans la BD des années 80, je suis en train de relire tout Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters, et je me suis fait une réflexion très proche même si (dans mon souvenir) il y a beaucoup plus de cul chez Bourgeon.

Mais en gros, la femme "moderne" chez Schuiten et Peeters, elle est sure d'elle, et elle veut baiser, si possible le personnage principal qui a 30 ans de plus qu'elle. Je me doute qu'il y a un brin de libération sexuelle des 70s mal digéré là-derrière aussi, mais c'est tellement un motif (dans au moins trois bouquins, La Fièvre d'Urbicande, Brüsel et La Tour, que c'est est suspect. Et du coup ça m'a un peu gêné malgré le génie de ces trois bouquins.
Je me demande si cela ne faisait pas partie du cahier de charges de l'éditeur, comme pour les scénaristes de film qui vont te mettre une histoire d'amour ou des scènes de cul qui n'amènent rien à l'histoire et n'approfondissent pas les personnages...
Rosco
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Rosco »

tauther a écrit : mar. févr. 13, 2024 1:31 pm
Sammael99 a écrit : dim. févr. 11, 2024 10:35 pm Sur la représentation des personnages féminins dans la BD des années 80, je suis en train de relire tout Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters, et je me suis fait une réflexion très proche même si (dans mon souvenir) il y a beaucoup plus de cul chez Bourgeon.

Mais en gros, la femme "moderne" chez Schuiten et Peeters, elle est sure d'elle, et elle veut baiser, si possible le personnage principal qui a 30 ans de plus qu'elle. Je me doute qu'il y a un brin de libération sexuelle des 70s mal digéré là-derrière aussi, mais c'est tellement un motif (dans au moins trois bouquins, La Fièvre d'Urbicande, Brüsel et La Tour, que c'est est suspect. Et du coup ça m'a un peu gêné malgré le génie de ces trois bouquins.
Je me demande si cela ne faisait pas partie du cahier de charges de l'éditeur, comme pour les scénaristes de film qui vont te mettre une histoire d'amour ou des scènes de cul qui n'amènent rien à l'histoire et n'approfondissent pas les personnages...
C'est un problème assez ancien puisque Howard en a été victime
 
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Tybalt (le retour) »

Harfang2 a écrit : sam. févr. 10, 2024 10:14 amPar ailleurs, attaquer Bourgeon sur les plans fesses, il y a un moment ça confine quand même au puritanisme. D'autant plus que, question profondeur de scenario et de personnages, il se pose là.

Désolé, mais dans le tome 1, la profondeur qu'on voit principalement est celle des décolletés. Je n'ai rien contre, sauf quand ça tourne à la ficelle voyante, et c'était le cas ici, à mon humble avis. Qui est aussi celui d'un lecteur adulte, déjà habitué au genre de l'aventure maritime (si j'avais été plus jeune et si je n'avais pas lu des séries comme L'Épervier avant celle-ci, j'aurais peut-être trouvé ça génial)... et qui lit ça en 2024. Comme je l'ai dit plus haut dans mon avis détaillé, c'était certainement plus novateur, provocant et nécessaire dans le paysage de la BD l'année de sa parution que maintenant.

Sammael99 a écrit : dim. févr. 11, 2024 10:35 pm Sur la représentation des personnages féminins dans la BD des années 80, je suis en train de relire tout Les Cités Obscures de Schuiten et Peeters, et je me suis fait une réflexion très proche même si (dans mon souvenir) il y a beaucoup plus de cul chez Bourgeon.

Mais en gros, la femme "moderne" chez Schuiten et Peeters, elle est sure d'elle, et elle veut baiser, si possible le personnage principal qui a 30 ans de plus qu'elle. Je me doute qu'il y a un brin de libération sexuelle des 70s mal digéré là-derrière aussi, mais c'est tellement un motif (dans au moins trois bouquins, La Fièvre d'Urbicande, Brüsel et La Tour, que c'est est suspect. Et du coup ça m'a un peu gêné malgré le génie de ces trois bouquins.

Ça doit être un trope générationnel. J'ai lu récemment La Douce, dessiné et scénarisé par Schuiten, un univers fantastique "façon Cités obscures" (mais qui n'en fait techniquement pas partie, je crois) inspiré par la fin des locomotives à vapeur en Belgique, et il y a un personnage d'adolescente qui se retrouve souvent à poil sans raison particulière autre que de montrer son "caractère" et qui est traitée d'une manière assez "femme-objet" en définitive. Et qui est aussi le seul personnage féminin de l'album. C'est quand même un album génial, grandiose sur plein de plans et dont je recommande la lecture (pour son dessin en noir et blanc d'une maîtrise époustouflante, son univers de fantastique technocratique dans la lignée des Cités, et ce qu'il raconte sur l'histoire de technologies récentes mais déjà en cours d'oubli), mais cet aspect-ci n'est clairement pas son point fort.
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Erwan G
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Re: Illustrés & romans graphiques : les BDs, d'où qu'elles viennent

Message par Erwan G »

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Salammbô
Philippe Druillet

Bon, je ne suis pas fan de l'oeuvre de Flaubert. C'est beau, mais c'est dynamique comme une mare pleine de boue. Je n'ai, à aucun moment, réussi à me mobiliser pour être touché par l'un ou l'autre des personnages. Alors, certes, cela m'a donné envie d'en savoir plus sur Carthage, ça a éveillé en moi cette fascination pour l'antiquité que j'ai découverte au détour du livre de Kramer sur la Mésopotamie, mais je me suis emmerdé. Mais là, c'est Flaubert sous les dessins de Druillet et je me suis attendu à une sorte d'opéra rock délirant, alors j'ai foncé tête baissé. Je croyais avoir des souvenirs de planches issues de ce livre, mais visiblement, ma mémoire m'a trompé.

Donc, Flaubert + Druillet, moins par moins, ça peut donner quelque chose. Non pas que je n'aime pas Druillet, non. J'aime beaucoup ses univers visuels, ses délires hors norme et son style. J'aime moins ses histoires, sa typographie qui rend la moitié de ce qu'il a fait illisible.

Alors, commençons. C'est expérimental et il s'en est donné à coeur joie à ce niveau là. Comme trop de choses expérimentales, ça devait être louche à l'époque et c'est indécent aujourd'hui. Le mélange de photos et de dessins est raté, mais vraiment, même si l'on comprend ce qu'il voulait en faire (donner une réalité plus grande à Salammbô) à tel point qu'il abandonnera cette technique dès la fin du tome 1 (sur 3).

Il y a des moments de bravoure, des cases qui mériteraient d'être des posters grand format, des moments sublimes. Et, aussi, plein de moments qui piquent les yeux.

Enfin, le scénario est assez ridicule. Je pensais bêtement que Druillet soit reprendrait Flaubert pour le mettre en image grandioses, soit l'adapterait dans une version futuriste. En fait, il a le cul entre deux chaises, avec Lone Sloane qui devient Matho, le tout se passant sur une unique planète qui est une version druilletienne de la terre du livre et des textes de Flaubert repris in extenso. Dans sa calligraphie de merde, écrite trop petite pour qu'elle puisse être lue par des yeux normaux.

Résultat : on tourne les pages, on s'arrête sur les images réussies, on se demande ce que viennent faire des vaisseaux spatiaux dans l'antiquité et pourquoi les éléphants ressemblent à des aliens et, péniblement en ce qui me concerne, on arrive à la fin. Avec des images en tête, certes, des qui m'ont couté des points de SAN, d'autres pour leur beauté.

Exemple :

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Et, à la fin, Lone Sloane laisse mourir son incarnation de Matho mais est sauvé par son ami le martien bleu qui récupère son corps avec, à l'intérieur, un souffle de vie pour pouvoir continuer ses aventures psychédéliques.

La BD des années 70-80, c'était inventif, ça a généré des chefs d'oeuvre, mais également des tas de question, en ce qui me concerne...
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