[CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
- Jiohn Guilliann
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Puisqu'on n'est pas encore reparti, je propose qu'on prenne un contingent un peu plus armé que prévu...
Jiohn Guilliann, don de seconde vue.
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- Paiji
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Je rattrape, non sans mal, mon retard de lecture.
Ha ha, ça me rappelle quelque chose ce nom. Il était dans les Terres Anciennes, n'est pas ?Sammael99 a écrit : « Sharquenoir, le flibustier »
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- Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Oh purée !Paiji a écrit :Je rattrape, non sans mal, mon retard de lecture.Ha ha, ça me rappelle quelque chose ce nom. Il était dans les Terres Anciennes, n'est pas ?Sammael99 a écrit : « Sharquenoir, le flibustier »
Tu me lisais sur ENWorld ???
T'es encore plus un VCI que je pensais !!!
Ouais, je me suis autoplagié...
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Paiji
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Et oui. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais flashé sur ce nom.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Moi aussi, comme tu peux le voir ;-)Paiji a écrit :Et oui. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais flashé sur ce nom.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Le lendemain matin, toute la tribu est en ébullition. Lorsque Henri se réveille, il aperçoit la plupart des habitants du village en habits de guerre, qui avec un épieu à la main, qui avec une massue. Les guerriers du clan sont équipés de pied en cap, même s’il semble que les guerriers ayant approvoisés des Eteotaraoji doivent rester au village, sans doute pour le garder.
Car un immense cortège se forme à l’orée du village. Les femmes ont sorti des étoffes de couleur, les hommes s’avancent, l’allure martiale. Le chef et sa suite sont à la tête du cortège et le seul homme monté est Oujeda, l’ami d’Henri. Ce dernier tente encore de faire donner son avis au chef, comme quoi la petite offense de rien du tout des Trois Collines ne constitue en rien un acte de guerre, mais Oujeda l’ignore. Au milieu du cortège, les apprenties de la Femme-Médecine portent cette dernière dans un palanquin voilé.
Le cortège s’ébranle et, suivant des pistes de jungle à peine praticables par un si grand nombre finit par aboutir presque deux heures plus tard dans une immense clairière au centre de laquelle se dresse un arbre immense aux branchages entrelacés de lianes. Les habitants du clan du Lac au Mille-Dents s’installent à une extrémité de la clairière et attendent. Quelques dizaines de minutes plus tard, un bruit se fait entendre à l’opposé, et les membres d’un autre clan font leur apparition. Ils sont d’un nombre sensiblement égal, et ne se distinguent que par les couleurs dont les femmes se sont parées, plutôt dans les pourpres alors que le clan du Lac aux Mille-Dents a plutôt choisis des teintes jaunes.
Les palanquins des femme-médecine sont approchés l’un de l’autre au centre de la clairière. Les apprenties s’éloignent, et les femmes-médecine palabrent. Cette discussion dure au moins une bonne heure, pendant laquelle Henri s’impatiente et sent l’inquiétude monter, d’autre qu’Annek semble aussi se préoccuper de la situation, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Finalement, un signe de la Femme-Médecine fait revenir les apprenties qui ramènent le palanquin auprès du chef. Elle sort la tête du palanquin et expose quelque chose au chef et à Oujeda. Celui-ci s’approche ensuite de Henri et lui parle :
- « Les Femmes-Médecine ont parlé. Elles ont décidé du prix de la défaite. »
- « Prix ? Quoi veux dire ? »
- « Les clans n’aiment pas s’entretuer, ça nous rend fragiles contre d’autres tribus. Lors d’un différent entre clans, les Femme-Médecine fixent le prix à payer par celui qui est défait. Ensuite, chaque clan désigne un champion, et le clan du perdant doit payer le prix de la défaite au clan du gagnant de leur duel. »
- « Ah ! Pas duel pour mourir ? »
- « Si, c’est un duel à mort. »
- « Stupide ! Pas valoir la peine ! »
- « C’est comme ça. Cette fois ci les enjeux sont les suivants. Si le clan du Lac aux Mille-Dents l’emporte, nous gagnerons un nouveau territoire qui appartient actuellement au Trois Collines, le Bosquet des Lianes. Si nous perdons, nous devront leur livrer les hommes-pâles que nous hébergeons. »
- « Pourquoi eux veulent nous tuer ? »
- «Ils disent que les faces pâles ne sont pas des hommes mais des démons qui mangent les hommes.»
- « Pas vrai!»
- « Pas grave. Ce sont des croyances stupides, mais ce sont les leurs...»
- « Au moins protège Annek! Moi pas grave, donne moi, donne Clothaire ! Donne pas Annek ! »
- « Ce n’est pas moi qui décide, Han-rii. Les Femmes-Médecine ont parlé… »
- « Qui être champion de nous ? »
- « Moi. »
Oujeda descend de sa monture, se dénude complètement et ne garde en main que sa massue dont la tête est admirablement ornée d’un redoutable bec d’Eteotaraoji. Il s’approche de l’arbre immense au centre de la clairière et attend son adversaire. Celui-ci sort bientôt des rangs du clan des Trois Collines. Il est un peu plus court qu’Oujeda mais fort trapu. En l’examinant d’un peu plus près, Henri constate que s’il est tatoué sur presque tout le corps, comme Oujeda et les membres du clan du Lac aux Mille-Dents, les tatouages sont légèrement différents, tant au niveau des motifs qu’au niveau des coloris.
Les deux guerriers se tournent autour pendant quelques instants, puis finissent par taper la tête de leurs massues, ce qui semble signifier que le combat a commencé pour de bon. Oujeda et l’homme des Trois Collines se jettent l’un sur l’autre. Oujeda écope d’un beau coup de massue à l’épaule. Heureusement, ce n’est pas l’épaule d’arme et il a réussi à éviter le bac de la massue. A l’échange suivant, c’est Oujeda qui frappe l’homme à la cuisse, lui occasionant une profonde estafilade qui saigne abondamment.
C’est alors que, reculant pour reprendre du champ, Oujeda trébuche sur une liane et tombe en arrière. Il entreprend de se relever au plus vite, mais son adversaire est déconcertant de rapidité. Il lève sa massue pour un coup de grâce alors qu’Oujeda vient juste de reprendre pied. Il est déséquilibré, son bras d’arme et du mauvais côté et il ne va pas pouvoir parer. Annek cache ses yeux dans ses mains, et Henri sent son cœur s’accélérer.
Mais Oujeda fait un bond pour sortir de sous la massue de son adversaire. Enfin, un bond n’est pas une description adéquate, se dit Henri, puisque l’homme monte avec une vitesse fulgurante presque jusqu’au hautes branches de l’arbre à lianes ! Un saut d’au moins trois mètres à la verticale ! Henri en reste bouche bée.
Oujeda atterrit souplement dans le dos de son adversaire et ne lui laisse pas le temps de comprendre ce qui s’est produit. Il assène un coup magistral de sa massue dans la nuque de l’homme des Trois Collines, qui est transpercé de part en part et s’écroule.
Oujeda halète pendant quelques instants, semblant reprendre son souffle, puis il fait signe à un homme du village qui lui apporte un couteau de pierre. Le silence autour de la clairière est absolu et oppressant. Oujeda retourne le corps prostré du champion mort et découpe précautionneusement ses yeux. Une fois qu’il a dans les mains les deux globes oculaires, il les montre ostensiblement aux deux tribus, puis les avale.
Henri a un haut le cœur, Annek et Clothaire sont livides, atterrés et dégoutés à la fois. Sur ce, la clan du Lac aux Mille-Dents explose d’une joie sauvage. Cris, chants, battements d’épieux et de boucliers rhythment le départ piteux du clan des Trois Collines qui rentre sur ses terres, défait.
Car un immense cortège se forme à l’orée du village. Les femmes ont sorti des étoffes de couleur, les hommes s’avancent, l’allure martiale. Le chef et sa suite sont à la tête du cortège et le seul homme monté est Oujeda, l’ami d’Henri. Ce dernier tente encore de faire donner son avis au chef, comme quoi la petite offense de rien du tout des Trois Collines ne constitue en rien un acte de guerre, mais Oujeda l’ignore. Au milieu du cortège, les apprenties de la Femme-Médecine portent cette dernière dans un palanquin voilé.
Le cortège s’ébranle et, suivant des pistes de jungle à peine praticables par un si grand nombre finit par aboutir presque deux heures plus tard dans une immense clairière au centre de laquelle se dresse un arbre immense aux branchages entrelacés de lianes. Les habitants du clan du Lac au Mille-Dents s’installent à une extrémité de la clairière et attendent. Quelques dizaines de minutes plus tard, un bruit se fait entendre à l’opposé, et les membres d’un autre clan font leur apparition. Ils sont d’un nombre sensiblement égal, et ne se distinguent que par les couleurs dont les femmes se sont parées, plutôt dans les pourpres alors que le clan du Lac aux Mille-Dents a plutôt choisis des teintes jaunes.
Les palanquins des femme-médecine sont approchés l’un de l’autre au centre de la clairière. Les apprenties s’éloignent, et les femmes-médecine palabrent. Cette discussion dure au moins une bonne heure, pendant laquelle Henri s’impatiente et sent l’inquiétude monter, d’autre qu’Annek semble aussi se préoccuper de la situation, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Finalement, un signe de la Femme-Médecine fait revenir les apprenties qui ramènent le palanquin auprès du chef. Elle sort la tête du palanquin et expose quelque chose au chef et à Oujeda. Celui-ci s’approche ensuite de Henri et lui parle :
- « Les Femmes-Médecine ont parlé. Elles ont décidé du prix de la défaite. »
- « Prix ? Quoi veux dire ? »
- « Les clans n’aiment pas s’entretuer, ça nous rend fragiles contre d’autres tribus. Lors d’un différent entre clans, les Femme-Médecine fixent le prix à payer par celui qui est défait. Ensuite, chaque clan désigne un champion, et le clan du perdant doit payer le prix de la défaite au clan du gagnant de leur duel. »
- « Ah ! Pas duel pour mourir ? »
- « Si, c’est un duel à mort. »
- « Stupide ! Pas valoir la peine ! »
- « C’est comme ça. Cette fois ci les enjeux sont les suivants. Si le clan du Lac aux Mille-Dents l’emporte, nous gagnerons un nouveau territoire qui appartient actuellement au Trois Collines, le Bosquet des Lianes. Si nous perdons, nous devront leur livrer les hommes-pâles que nous hébergeons. »
- « Pourquoi eux veulent nous tuer ? »
- «Ils disent que les faces pâles ne sont pas des hommes mais des démons qui mangent les hommes.»
- « Pas vrai!»
- « Pas grave. Ce sont des croyances stupides, mais ce sont les leurs...»
- « Au moins protège Annek! Moi pas grave, donne moi, donne Clothaire ! Donne pas Annek ! »
- « Ce n’est pas moi qui décide, Han-rii. Les Femmes-Médecine ont parlé… »
- « Qui être champion de nous ? »
- « Moi. »
Oujeda descend de sa monture, se dénude complètement et ne garde en main que sa massue dont la tête est admirablement ornée d’un redoutable bec d’Eteotaraoji. Il s’approche de l’arbre immense au centre de la clairière et attend son adversaire. Celui-ci sort bientôt des rangs du clan des Trois Collines. Il est un peu plus court qu’Oujeda mais fort trapu. En l’examinant d’un peu plus près, Henri constate que s’il est tatoué sur presque tout le corps, comme Oujeda et les membres du clan du Lac aux Mille-Dents, les tatouages sont légèrement différents, tant au niveau des motifs qu’au niveau des coloris.
Les deux guerriers se tournent autour pendant quelques instants, puis finissent par taper la tête de leurs massues, ce qui semble signifier que le combat a commencé pour de bon. Oujeda et l’homme des Trois Collines se jettent l’un sur l’autre. Oujeda écope d’un beau coup de massue à l’épaule. Heureusement, ce n’est pas l’épaule d’arme et il a réussi à éviter le bac de la massue. A l’échange suivant, c’est Oujeda qui frappe l’homme à la cuisse, lui occasionant une profonde estafilade qui saigne abondamment.
C’est alors que, reculant pour reprendre du champ, Oujeda trébuche sur une liane et tombe en arrière. Il entreprend de se relever au plus vite, mais son adversaire est déconcertant de rapidité. Il lève sa massue pour un coup de grâce alors qu’Oujeda vient juste de reprendre pied. Il est déséquilibré, son bras d’arme et du mauvais côté et il ne va pas pouvoir parer. Annek cache ses yeux dans ses mains, et Henri sent son cœur s’accélérer.
Mais Oujeda fait un bond pour sortir de sous la massue de son adversaire. Enfin, un bond n’est pas une description adéquate, se dit Henri, puisque l’homme monte avec une vitesse fulgurante presque jusqu’au hautes branches de l’arbre à lianes ! Un saut d’au moins trois mètres à la verticale ! Henri en reste bouche bée.
Oujeda atterrit souplement dans le dos de son adversaire et ne lui laisse pas le temps de comprendre ce qui s’est produit. Il assène un coup magistral de sa massue dans la nuque de l’homme des Trois Collines, qui est transpercé de part en part et s’écroule.
Oujeda halète pendant quelques instants, semblant reprendre son souffle, puis il fait signe à un homme du village qui lui apporte un couteau de pierre. Le silence autour de la clairière est absolu et oppressant. Oujeda retourne le corps prostré du champion mort et découpe précautionneusement ses yeux. Une fois qu’il a dans les mains les deux globes oculaires, il les montre ostensiblement aux deux tribus, puis les avale.
Henri a un haut le cœur, Annek et Clothaire sont livides, atterrés et dégoutés à la fois. Sur ce, la clan du Lac aux Mille-Dents explose d’une joie sauvage. Cris, chants, battements d’épieux et de boucliers rhythment le départ piteux du clan des Trois Collines qui rentre sur ses terres, défait.
Dernière modification par Sammael99 le lun. avr. 12, 2010 7:42 pm, modifié 1 fois.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Et une bonne leçon de civilisation à ces barbares blancs qui auraient opté pour un massacre appelé bataille rangée dans les mêmes conditions. Je ne parle pas d'Henri en particulier bien sûr.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Le lendemain de leur rencontre avec le Sénateur Lassègue, les associés de la compagnie ont proviqué une réunion en urgence des actionnaires. A l’ordre du jour, la politique et le commerce. La politique parce que les associés veulent s’assurer que leurs soutiens financiers savent quelle partition ils vont jouer ce soir là chez le sénateur. Le commerce parce que Gonzague met soudain sur la table la possibilité de faire la seconde traversée avec deux navires pour accélérer la montée en puissance de la compagnie. Ernest Salard et Clotilde Mouron y sont favorables, mais ils ne peuvent pas investir les montants nécessaires à court-terme.
Anselme Goudre, par contre, est disposé à investir un navire déjà prêt à prendre la mer, mais à une condition : que pendant les cinq prochaines années sa maison soit l’acheteur exclusif du bois imputrescible ramené de Terre-Neuve. Gonzague est réticent, mais il n’a pas vraiment le choix s’il souhaite effectivement accélérer les affaires. Comme la décision est prise sans toucher au pacte de financement, l’affaire est rondement menée et nos amis s’en repartent confiants et motivés pour organiser une seconde traversée d’une toute autre envergure…
Ce soir là, les dirigeants de la compagnie de Terre-Neuve se sont mis sur leur trente-et-un pour se rendre dans le quartier des Grandes Maisons. L’enjeu est crucial et si Martin et Pierre portent leur rapière au côté, c’est plus pour suggérer le côté « explorateur sans peur » que parce qu’ils pensent avoir à s’en servir. Martin est d’ailleurs très élégant dans un style martial, tout de cuir et de soies. Pierre est plus sobrement vêtu, mais il a taillé et peigné sa barbe. Jehan est également très élégant, chaque pli de sa tunique tombant exactement comme il se doit. Seul Gonzague est un peu dépenaillé, même si ses collègues sont obligés de reconnaître que c’est nettement mieux qu’au quotidien…
- « On perd pas un peu notre temps là, quand même ? Il faut qu’on se bouge pour organiser la traversée, d’autant qu’il faut recruter un second équipage maintenant ! »
- « N’empêche que sans soutien politique, on ira pas loin », le tance Martin. « Et au passage, tu vas devoir faire un effort pour tenir ta langue, Gonzague, on a pas besoin que la moitié du Sénat se sente insulté par tes tirades… »
- « J’insulte pas, je dis les choses comme elles sont ! »
- « Ouais, différences de vocabulaire, tout ça. En tous cas, pour ce soir, il vaudrait mieux que tu la fer… Oh, merde ! »
La petite troupe est arrivée devant la demeure du Sénateur Lassègue, et ils aperçoivent les corps de deux gardes en livrées, morts sur les marches. A ce moment là, une troupe de huit hommes déboule de l’entrée, tenant entre eux un homme ligoté, la tête dans un sac. En les voyant, Martin et Pierre sortent leurs rapières. Quatre des hommes dévalent les escaliers vers eux, armes au poing tandis que les autres courent vers le port. Les rapières s’entrechoquent.
Martin a de l’expérience. Il remarque tout de suite que les hommes qu’ils ont en face n’ont pas peur d’eux. Ils sont donc endurcis, mais cela ne fait pas d’eux de fins bretteurs. Quelques passes plus tard, un des hommes est à terre. Pierre fait lui aussi face à un bretteur, mais il maîtrise bien son échange et prend l’ascendant sur son adversaire.
Malheureusement, Gonzague s’en mêle. Il se rue sur un des hommes, sa canne au-dessus de la tête. Evidemment, l’homme s’écarte et bouscule le capitaine de l’Archibald qui s’étale de tout son long sur les pavés. L’homme va le transpercer par derrière, mais la rapière de Martin ne lui en offre pas la possibilité et il s’effondre aux côtés du capitaine. Pierre se débarrasse finalement de son adversaire, et le dernier brigand, voyant la situation prend ses jambes à son cou en direction du quartier des Silos.
- « Pas le temps de s’occuper de lui » crie Martin. « Il faut tracer pour rattraper les autres ! »
Ils se mettent à courir au plus vite en direction de la Capitainerie, vers où les deux derniers hommes et leur victime sont partis. Jehan est très vite essoufflé et n’arrive pas à suivre. Alors que les trois autres déboulent sur le port, ils aperçoivent à l’extrémité d’un ponton les deux hommes qui sont en train de descendre leur fardeau gigotant vers une chaloupe. Alors qu’ils arrivent eux-mêmes sur le ponton, les deux hommes sautent à bord de la chaloupe, qui s’éloigne immédiatement des quais en direction de la sortie du port.
Martin avise une barque attachée à un bateau dont les lumùières sont éteintes. Sans hésiter, il coupe l’amarre d’un coup d’épée et fait monter ses compères à bord. Ils suivent la chaloupe, mais ne parviennent pas à la rattraper. Jehan, qui a tout juste repris son souffle pendant que Martin et Pierre rament regarde vers la sortie du port et aperçoit des lumières de signalisation.
- « Ils rejoignent un navire ancré juste à l’extérieur du port. On ne pourra jamais les suivre en barque ! »
- « Attendez ! » interjecte Gonzague, « il y a le caboteur de mon copain Bernier là, à babord ! Je suis sûr qu’il voudra bien nous aider ! »
Martin oriente la barque vers ledit bateau, tandis que Gonzague appelle son ami, debout sur l’esquif. Un homme sort de la cabine et vient s’accouder au bastingage :
- « Gonzague ! Ca fait un paye, qu’est-ce que tu fais là ? »
- « On est dans la mouise, Bernier, on a besoin de louer ton bateau ! »
- « Ah ben si vous voulez, ça me dérange pas, j’ai pas beaucoup de boulot en ce moment… Mais pourquoi tu viens au milieu de la nuit en barque pour me dire ça ? »
- « Parce qu’on en a besoin là, maintenant, tout de suite ! »
La bouche de Bernier fait un « o » de surprise tandis que Martin amarre la barque à son caboteur et que les autres montent à bord.
Anselme Goudre, par contre, est disposé à investir un navire déjà prêt à prendre la mer, mais à une condition : que pendant les cinq prochaines années sa maison soit l’acheteur exclusif du bois imputrescible ramené de Terre-Neuve. Gonzague est réticent, mais il n’a pas vraiment le choix s’il souhaite effectivement accélérer les affaires. Comme la décision est prise sans toucher au pacte de financement, l’affaire est rondement menée et nos amis s’en repartent confiants et motivés pour organiser une seconde traversée d’une toute autre envergure…
Ce soir là, les dirigeants de la compagnie de Terre-Neuve se sont mis sur leur trente-et-un pour se rendre dans le quartier des Grandes Maisons. L’enjeu est crucial et si Martin et Pierre portent leur rapière au côté, c’est plus pour suggérer le côté « explorateur sans peur » que parce qu’ils pensent avoir à s’en servir. Martin est d’ailleurs très élégant dans un style martial, tout de cuir et de soies. Pierre est plus sobrement vêtu, mais il a taillé et peigné sa barbe. Jehan est également très élégant, chaque pli de sa tunique tombant exactement comme il se doit. Seul Gonzague est un peu dépenaillé, même si ses collègues sont obligés de reconnaître que c’est nettement mieux qu’au quotidien…
- « On perd pas un peu notre temps là, quand même ? Il faut qu’on se bouge pour organiser la traversée, d’autant qu’il faut recruter un second équipage maintenant ! »
- « N’empêche que sans soutien politique, on ira pas loin », le tance Martin. « Et au passage, tu vas devoir faire un effort pour tenir ta langue, Gonzague, on a pas besoin que la moitié du Sénat se sente insulté par tes tirades… »
- « J’insulte pas, je dis les choses comme elles sont ! »
- « Ouais, différences de vocabulaire, tout ça. En tous cas, pour ce soir, il vaudrait mieux que tu la fer… Oh, merde ! »
La petite troupe est arrivée devant la demeure du Sénateur Lassègue, et ils aperçoivent les corps de deux gardes en livrées, morts sur les marches. A ce moment là, une troupe de huit hommes déboule de l’entrée, tenant entre eux un homme ligoté, la tête dans un sac. En les voyant, Martin et Pierre sortent leurs rapières. Quatre des hommes dévalent les escaliers vers eux, armes au poing tandis que les autres courent vers le port. Les rapières s’entrechoquent.
Martin a de l’expérience. Il remarque tout de suite que les hommes qu’ils ont en face n’ont pas peur d’eux. Ils sont donc endurcis, mais cela ne fait pas d’eux de fins bretteurs. Quelques passes plus tard, un des hommes est à terre. Pierre fait lui aussi face à un bretteur, mais il maîtrise bien son échange et prend l’ascendant sur son adversaire.
Malheureusement, Gonzague s’en mêle. Il se rue sur un des hommes, sa canne au-dessus de la tête. Evidemment, l’homme s’écarte et bouscule le capitaine de l’Archibald qui s’étale de tout son long sur les pavés. L’homme va le transpercer par derrière, mais la rapière de Martin ne lui en offre pas la possibilité et il s’effondre aux côtés du capitaine. Pierre se débarrasse finalement de son adversaire, et le dernier brigand, voyant la situation prend ses jambes à son cou en direction du quartier des Silos.
- « Pas le temps de s’occuper de lui » crie Martin. « Il faut tracer pour rattraper les autres ! »
Ils se mettent à courir au plus vite en direction de la Capitainerie, vers où les deux derniers hommes et leur victime sont partis. Jehan est très vite essoufflé et n’arrive pas à suivre. Alors que les trois autres déboulent sur le port, ils aperçoivent à l’extrémité d’un ponton les deux hommes qui sont en train de descendre leur fardeau gigotant vers une chaloupe. Alors qu’ils arrivent eux-mêmes sur le ponton, les deux hommes sautent à bord de la chaloupe, qui s’éloigne immédiatement des quais en direction de la sortie du port.
Martin avise une barque attachée à un bateau dont les lumùières sont éteintes. Sans hésiter, il coupe l’amarre d’un coup d’épée et fait monter ses compères à bord. Ils suivent la chaloupe, mais ne parviennent pas à la rattraper. Jehan, qui a tout juste repris son souffle pendant que Martin et Pierre rament regarde vers la sortie du port et aperçoit des lumières de signalisation.
- « Ils rejoignent un navire ancré juste à l’extérieur du port. On ne pourra jamais les suivre en barque ! »
- « Attendez ! » interjecte Gonzague, « il y a le caboteur de mon copain Bernier là, à babord ! Je suis sûr qu’il voudra bien nous aider ! »
Martin oriente la barque vers ledit bateau, tandis que Gonzague appelle son ami, debout sur l’esquif. Un homme sort de la cabine et vient s’accouder au bastingage :
- « Gonzague ! Ca fait un paye, qu’est-ce que tu fais là ? »
- « On est dans la mouise, Bernier, on a besoin de louer ton bateau ! »
- « Ah ben si vous voulez, ça me dérange pas, j’ai pas beaucoup de boulot en ce moment… Mais pourquoi tu viens au milieu de la nuit en barque pour me dire ça ? »
- « Parce qu’on en a besoin là, maintenant, tout de suite ! »
La bouche de Bernier fait un « o » de surprise tandis que Martin amarre la barque à son caboteur et que les autres montent à bord.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
On est presque arrivé au bout de la très longue onzième séance.
Je voulais juste signaler un ajout de dialogue qui n'est pas sans importance pour la suite de l'histoire lors de l'épisode de la guerre sur Terre-Neuve.
La suite et la fin de cette séance là peut-être ce soir ou sinon sans doute demain soir.
Je voulais juste signaler un ajout de dialogue qui n'est pas sans importance pour la suite de l'histoire lors de l'épisode de la guerre sur Terre-Neuve.
La suite et la fin de cette séance là peut-être ce soir ou sinon sans doute demain soir.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
- Arkady
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Mais à quand l'adaptation ciné !!!
Vivement la suite !!!
Vivement la suite !!!
Seuls les fous trouvent la force de prospérer.
Seuls ceux qui prospèrent peuvent juger de ce qui est sain.
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- Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Merci, Arkady !Arkady a écrit :Mais à quand l'adaptation ciné !!!
Vivement la suite !!!
Vous voyez qui pour le cast (au moins pour les concordiens...)
Moi je vois bien
Martin - Vin Diesel
Michel - Ron Perlman
Gonzague - Joe Pesci
A part ça je sais pas trop

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- Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Le regard acéré de Gonzague lui a permis, depuis la proue du caboteur de Bernier, d’observer la chaloupe sortant du port. Mais avant qu’ils ne puissent la rattraper, il a également pu remarquer qu’elle s’amarrait à un navire de haute mer, autrement plus conséquent que leur embarcation de pêche. Après avoir pu, à la lumière du port, examiner un peu le navire en question, Gonzague demande à Bernier de le filer toutes lumières éteintes, et s’en va retrouver ses acolytes à fond de cale.
- « Mauvaise nouvelle, les gars… »
- « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demande Pierre.
- « Il s’passe que le bateau qu’on suit c’est pas un navire commercial, ou alors je m’appelle plus Gonzague… »
- « C’est quoi alors ? »
- « Je donnerais ma jambe abîmée que c’est un navire de la Flibuste… »
La poursuite dure tout le reste de la nuit. Le navire qu’ils suivent n’avance pas à très grande vitesse, comme s’il ne voulait pas trop attirer l’attention sur lui. Au petit matin, une brume se lève sur la mer. Les deux bateaux longent les Falaises Ocres, quelques heures au nord de Concorde. Soudain, Bernier signale à ses récents employeurs qu’il a perdu le navire de vue.
- « Quoi ? Mais c’est pas possible ! » explose Gonzague.
- « Chuis désolé, vieux. Je le filais, mais là la brume se lève et il est plus là… C’est de la sorcellerie ! »
- « Oh là, oh là… » interrompt Martin. « Ne mêlons pas les sciences occultes à ce manège. S’il avait du disparaître par Magie, il l’aurait fait plutôt. A mon avis, il y a une planque dans les falaises. Descendez une chaloupe, Pierre et moi on va aller tirer ça au clair… »
- « Ah bon ? » dit Pierre, interloqué…
A bord de la chaloupe, Pierre et Martin explorent autant que possible le pied des falaises. Après une demi-heure d’effort, ils trouvent en effet une trouée dans la falaise impossible à voir tant que l’on a pas le nez dessus. Cela donne sur une vaste grotte.
- « T’es sûr qu’un navire de la taille de celui qu’on suivait a pu se glisser là-dedans ? » demande Pierre.
- « Chuis pas marin, mais c’est très haut, regarde. Il doit falloir sacrément bien piloter sa monture, mais ça doit pouvoir se faire… On y va ? »
- « T’es sûr ? »
- « Juste une petite reconnaissance, et puis si ça chauffe on repart vite fait. Au fait, tu sais nager ? »
- « Oui, oui… »
- « Bon, ben à l’eau alors… »
Les deux hommes se glissent dans l’eau et nagent à l’intérieur de la grotte. Pierre est bien plus à l’aise que Martin et le distance rapidement. Il passe sans encombre sous un piton rocheux, mais Martin, qui a du s’arrêter pour reprendre son souffle remarque une silhouette assise sur le sommet du piton, légèrement éclairée par la faible lueur qui provient du dehors. La silhouette est immobile et ne semble pas avoir réagi au passage de Pierre. Martin longe néanmoins la paroi autant que possible sans se faire écraser contre les rochers afin de ne pas se faire voir.
Pierre, quand à lui, a abouti à une plage de galets. Il y a là une lanterne éclairée qui dévoile un passage. Pierre s’est un peu avancé et a pu remarquer des tentures le long des murs du passage, mais il attend Martin. Quand celui-ci arrive, il montre à son acolyte le garde qu’il n’a pas vu. Pierre a un moment d’inquiétude rétrospective, mais passe rapidement à autre chose…
- « Bon, on avance, rapière en main, et sans faire de bruit », chuchote Martin à Pierre.
Ils avancent d’un mètre ou deux, et Pierre faire rouler quelques galets. Le bruit se réverbère dans l’immense caverne. Martin le fusille du regard et scrute la sentinelle en haut du piton rocheux. Il lui semble qu’elle a bougé légèrement. Sans dire un mot, il fait à Pierre un signe que ce dernier ne peut que comprendre : il lui faut rester sur la plage pendant que Martin explore les lieux.
Martin empreinte le passage, aussi silencieux qu’un chat. Des lanternes éclairent celui-ci à intervalle régulier, et il passe plusieurs pièces qui semblent remplies de caisses, d’étoffes et de tonneaux. Il ne s’attarde pas pour les regarder plus en détail. Finalement, le passage mène à une pièce plus ornée. Des tapis sont étalés au sol, des tentures recouvrent les murs en pierre. Il fait un peu plus chaud dans la pièce, qui est éclairé de plusieurs lanternes. Il y a là également plusieurs fauteuils ornés, mais ils ne sont pas assortis.
Martin s’avance doucement, mais soudain il entend un bruit derrière lui, comme quelque chose qui tombe mais dont le bruit est étouffé. Il se retourne et voit qu’un filet vient de tomber du plafond, lui bloquant l’issue. C’est alors qu’il entend une voix grave dans son dos :
- « Messire Trouvé, je crois… »
Il se retourne de nouveau. Un des fauteuils qui était vide un instant plus tôt a maintenant un occupant. Il s’agit d’un homme de grande taille, athlétique, vêtu entièrement de noir. Il porte un masque de tissu noir sur la tête. Il y a une rapière par terre à côté de son fauteuil.
- « Sharquenoir, je suppose… » répond Martin sans se laisser démonter.
- « Vous êtes perspicace, à ce que je vois. Vous n’usurpez pas votre réputation ! »
- « De nous deux, ce n’est pas moi qui ait une réputation… »
- « Ce n’est pas faux. Asseyez-vous, mon ami, j’ai une proposition à vous faire. Comme je ne pouvais pas vraiment vous rencontrer en ville, je me suis dit que cette petite mise en scène nous permettrait d’avoir une conversation au calme… »
- « Vous n’avez enlevé personne alors ? C’était une mise en scène ? »
- « L’un n’empêche pas l’autre… C’était un enlèvement et une mise en scène, cette dernière rien que pour vos yeux… Le sénateur Lassègue est un peu groggy, nous avons du le droguer, mais c’est un homme de constitution robuste, je suis sûr qu’il se remettra…»
- « Qu’est-ce que vous me voulez ? »
- « Je vais vous l’expliquer. Mais vous êtes bien sûr que vous ne voulez pas vous asseoir ? Bon, tant pis pour vous, restez dans l’inconfort… »
- « J’ai pas l’intention de me faire des vieux os, alors accouchez, et arrêtez un peu le théâtre, ça me court sur le haricot ! »
- « Très bien, très bien. Alors en un mot comme en cent, nous avons des intérêts communs, ça ne vous aura pas échappé. Mon activité commerciale consiste à piller des navires pleins à craquer de marchandises de valeur, la votre consiste à remplir des navires de ce même type. Évidemment, superficiellement, on pourrait penser que cela nous oppose alors qu’en fait ça nous rapproche. Les navires que je pille et que je coule n’ont évidemment pas à être les vôtres, et il me semble que pour votre jeune compagnie une élimination accrue de la concurrence ne pourrait qu’être bénéfique… »
- « Nous sommes les seuls à savoir où est Terre-Neuve… »
- « Pour le moment, vous avez raison. Mais ça ne durera pas. Vous n’êtes pas assez naïfs pour penser que vous n’allez pas être suivis. Alors même que nous parlons, des dizaines d’expéditions se montent pour essayer de trouver ce que vous avez trouvé… »
- « Donc vous voulez quoi au juste ? »
- « Direct. J’aime ça. Et bien voilà : vous m’indiquez la route de Terre-Neuve, et je fais mon beurre sur le dos de vos concurrents. J’y gagne une activité commerciale lucrative, vous y gagnez un coup de pouce pour vous établir durablement. Tout le monde est content. J’ai même prévu un petit additif pour vous montrer ma bonne volonté : vous serez les libérateurs du Sénateur Lassègue. Ca fera de vous des héros et vos petits ennuis avec le Sénat s’envoleront comme par enchantement… »
- « J’ai du mal à comprendre. De toute façon on sait où vous vous terrez, donc si vous me laissez partir on va donner l’alerte… En plus, si on ramène le Sénateur comme ça, trouvé de nulle part, ça va faire louche…»
- « Même si vous restez notre hôte, vos amis ne manqueront pas de s’inquiéter de votre absence. Nous pourrions peut-être les couler avant qu’ils n’arrivent à Concorde, mais on est trop près des côtes, on aurait peu de chances de cueillir tout le monde… Mais vous voyez, cette route ne vaut plus tripette. Entre les patrouilles de la marine de Concorde et les autres flibustiers, dont certains sont manipulés par des puissances étrangères, les profits sont trop faibles pour une activité telle que la mienne. Donc si nous nous entendons, vous pourrez revenir ici et libérer le sénateur. Quant à nous, on se trouvera un nouveau repaire. D’ailleurs, si vous avez des idées, je suis preneur… Entre ici et Terre-Neuve, ce serait idéal ! »
- « Oui enfin, revenir ici, il faut que ça ait l’air vrai, quand même. Vous semblez aimer les mises en scènes, il faudra nous en pondre une aux petits-oignons, pour le coup ! »
- « Avec plaisir ! »
Martin est abasourdi, mais ne peut pas tout à fait nier que le plan est intéressant…
- « Alors ? » demande nonchalamment Sharquenoir.
- « Je suis pas le seul décideur… »
- « Je comprends bien, vous voulez en parler à vos associés. Tout à fait normal… Mais laissez moi tout de même vous dire ceci : je n’aime pas jouer de ma réputation, mais puisqu’elle existe, sachez qu’elle est amplement méritée. Vous êtes libres de ne pas coopérer, mais j'obtiendrais ce que je veux. Cela peut se faire en douceur, avec des gains partagés, ou cela peut se faire de manière plus sanglante. La différence pour moi, c’est du temps et des ressources. Pour vous… »
- « Je vais en parler avec mes associés, comme vous dites. Comment on se parle ? »
- « Je crois que vous avez enlevé un de mes hommes ? Libérez-le, il saura entrer en contact avec moi… Maintenant, vous pouvez vous retirer. Réfléchissez-bien, et amenez moi une réponse positive ! »
Martin soulève le filet qui l’empêchait de s’enfuir en prenant soin de ne pas s’empêtrer dedans. Il retrace son chemin jusqu’à la plage, et sans un mot fait signe à Pierre qu’ils repartent. C’est seulement une fois dans la chaloupe qu’ils ont arrimée à l’extérieur de la grotte qu’il prend la parole :
- « J’ai rencontré Sharquenoir, on a eu… une petite conversation. »
- « Mauvaise nouvelle, les gars… »
- « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demande Pierre.
- « Il s’passe que le bateau qu’on suit c’est pas un navire commercial, ou alors je m’appelle plus Gonzague… »
- « C’est quoi alors ? »
- « Je donnerais ma jambe abîmée que c’est un navire de la Flibuste… »
La poursuite dure tout le reste de la nuit. Le navire qu’ils suivent n’avance pas à très grande vitesse, comme s’il ne voulait pas trop attirer l’attention sur lui. Au petit matin, une brume se lève sur la mer. Les deux bateaux longent les Falaises Ocres, quelques heures au nord de Concorde. Soudain, Bernier signale à ses récents employeurs qu’il a perdu le navire de vue.
- « Quoi ? Mais c’est pas possible ! » explose Gonzague.
- « Chuis désolé, vieux. Je le filais, mais là la brume se lève et il est plus là… C’est de la sorcellerie ! »
- « Oh là, oh là… » interrompt Martin. « Ne mêlons pas les sciences occultes à ce manège. S’il avait du disparaître par Magie, il l’aurait fait plutôt. A mon avis, il y a une planque dans les falaises. Descendez une chaloupe, Pierre et moi on va aller tirer ça au clair… »
- « Ah bon ? » dit Pierre, interloqué…
A bord de la chaloupe, Pierre et Martin explorent autant que possible le pied des falaises. Après une demi-heure d’effort, ils trouvent en effet une trouée dans la falaise impossible à voir tant que l’on a pas le nez dessus. Cela donne sur une vaste grotte.
- « T’es sûr qu’un navire de la taille de celui qu’on suivait a pu se glisser là-dedans ? » demande Pierre.
- « Chuis pas marin, mais c’est très haut, regarde. Il doit falloir sacrément bien piloter sa monture, mais ça doit pouvoir se faire… On y va ? »
- « T’es sûr ? »
- « Juste une petite reconnaissance, et puis si ça chauffe on repart vite fait. Au fait, tu sais nager ? »
- « Oui, oui… »
- « Bon, ben à l’eau alors… »
Les deux hommes se glissent dans l’eau et nagent à l’intérieur de la grotte. Pierre est bien plus à l’aise que Martin et le distance rapidement. Il passe sans encombre sous un piton rocheux, mais Martin, qui a du s’arrêter pour reprendre son souffle remarque une silhouette assise sur le sommet du piton, légèrement éclairée par la faible lueur qui provient du dehors. La silhouette est immobile et ne semble pas avoir réagi au passage de Pierre. Martin longe néanmoins la paroi autant que possible sans se faire écraser contre les rochers afin de ne pas se faire voir.
Pierre, quand à lui, a abouti à une plage de galets. Il y a là une lanterne éclairée qui dévoile un passage. Pierre s’est un peu avancé et a pu remarquer des tentures le long des murs du passage, mais il attend Martin. Quand celui-ci arrive, il montre à son acolyte le garde qu’il n’a pas vu. Pierre a un moment d’inquiétude rétrospective, mais passe rapidement à autre chose…
- « Bon, on avance, rapière en main, et sans faire de bruit », chuchote Martin à Pierre.
Ils avancent d’un mètre ou deux, et Pierre faire rouler quelques galets. Le bruit se réverbère dans l’immense caverne. Martin le fusille du regard et scrute la sentinelle en haut du piton rocheux. Il lui semble qu’elle a bougé légèrement. Sans dire un mot, il fait à Pierre un signe que ce dernier ne peut que comprendre : il lui faut rester sur la plage pendant que Martin explore les lieux.
Martin empreinte le passage, aussi silencieux qu’un chat. Des lanternes éclairent celui-ci à intervalle régulier, et il passe plusieurs pièces qui semblent remplies de caisses, d’étoffes et de tonneaux. Il ne s’attarde pas pour les regarder plus en détail. Finalement, le passage mène à une pièce plus ornée. Des tapis sont étalés au sol, des tentures recouvrent les murs en pierre. Il fait un peu plus chaud dans la pièce, qui est éclairé de plusieurs lanternes. Il y a là également plusieurs fauteuils ornés, mais ils ne sont pas assortis.
Martin s’avance doucement, mais soudain il entend un bruit derrière lui, comme quelque chose qui tombe mais dont le bruit est étouffé. Il se retourne et voit qu’un filet vient de tomber du plafond, lui bloquant l’issue. C’est alors qu’il entend une voix grave dans son dos :
- « Messire Trouvé, je crois… »
Il se retourne de nouveau. Un des fauteuils qui était vide un instant plus tôt a maintenant un occupant. Il s’agit d’un homme de grande taille, athlétique, vêtu entièrement de noir. Il porte un masque de tissu noir sur la tête. Il y a une rapière par terre à côté de son fauteuil.
- « Sharquenoir, je suppose… » répond Martin sans se laisser démonter.
- « Vous êtes perspicace, à ce que je vois. Vous n’usurpez pas votre réputation ! »
- « De nous deux, ce n’est pas moi qui ait une réputation… »
- « Ce n’est pas faux. Asseyez-vous, mon ami, j’ai une proposition à vous faire. Comme je ne pouvais pas vraiment vous rencontrer en ville, je me suis dit que cette petite mise en scène nous permettrait d’avoir une conversation au calme… »
- « Vous n’avez enlevé personne alors ? C’était une mise en scène ? »
- « L’un n’empêche pas l’autre… C’était un enlèvement et une mise en scène, cette dernière rien que pour vos yeux… Le sénateur Lassègue est un peu groggy, nous avons du le droguer, mais c’est un homme de constitution robuste, je suis sûr qu’il se remettra…»
- « Qu’est-ce que vous me voulez ? »
- « Je vais vous l’expliquer. Mais vous êtes bien sûr que vous ne voulez pas vous asseoir ? Bon, tant pis pour vous, restez dans l’inconfort… »
- « J’ai pas l’intention de me faire des vieux os, alors accouchez, et arrêtez un peu le théâtre, ça me court sur le haricot ! »
- « Très bien, très bien. Alors en un mot comme en cent, nous avons des intérêts communs, ça ne vous aura pas échappé. Mon activité commerciale consiste à piller des navires pleins à craquer de marchandises de valeur, la votre consiste à remplir des navires de ce même type. Évidemment, superficiellement, on pourrait penser que cela nous oppose alors qu’en fait ça nous rapproche. Les navires que je pille et que je coule n’ont évidemment pas à être les vôtres, et il me semble que pour votre jeune compagnie une élimination accrue de la concurrence ne pourrait qu’être bénéfique… »
- « Nous sommes les seuls à savoir où est Terre-Neuve… »
- « Pour le moment, vous avez raison. Mais ça ne durera pas. Vous n’êtes pas assez naïfs pour penser que vous n’allez pas être suivis. Alors même que nous parlons, des dizaines d’expéditions se montent pour essayer de trouver ce que vous avez trouvé… »
- « Donc vous voulez quoi au juste ? »
- « Direct. J’aime ça. Et bien voilà : vous m’indiquez la route de Terre-Neuve, et je fais mon beurre sur le dos de vos concurrents. J’y gagne une activité commerciale lucrative, vous y gagnez un coup de pouce pour vous établir durablement. Tout le monde est content. J’ai même prévu un petit additif pour vous montrer ma bonne volonté : vous serez les libérateurs du Sénateur Lassègue. Ca fera de vous des héros et vos petits ennuis avec le Sénat s’envoleront comme par enchantement… »
- « J’ai du mal à comprendre. De toute façon on sait où vous vous terrez, donc si vous me laissez partir on va donner l’alerte… En plus, si on ramène le Sénateur comme ça, trouvé de nulle part, ça va faire louche…»
- « Même si vous restez notre hôte, vos amis ne manqueront pas de s’inquiéter de votre absence. Nous pourrions peut-être les couler avant qu’ils n’arrivent à Concorde, mais on est trop près des côtes, on aurait peu de chances de cueillir tout le monde… Mais vous voyez, cette route ne vaut plus tripette. Entre les patrouilles de la marine de Concorde et les autres flibustiers, dont certains sont manipulés par des puissances étrangères, les profits sont trop faibles pour une activité telle que la mienne. Donc si nous nous entendons, vous pourrez revenir ici et libérer le sénateur. Quant à nous, on se trouvera un nouveau repaire. D’ailleurs, si vous avez des idées, je suis preneur… Entre ici et Terre-Neuve, ce serait idéal ! »
- « Oui enfin, revenir ici, il faut que ça ait l’air vrai, quand même. Vous semblez aimer les mises en scènes, il faudra nous en pondre une aux petits-oignons, pour le coup ! »
- « Avec plaisir ! »
Martin est abasourdi, mais ne peut pas tout à fait nier que le plan est intéressant…
- « Alors ? » demande nonchalamment Sharquenoir.
- « Je suis pas le seul décideur… »
- « Je comprends bien, vous voulez en parler à vos associés. Tout à fait normal… Mais laissez moi tout de même vous dire ceci : je n’aime pas jouer de ma réputation, mais puisqu’elle existe, sachez qu’elle est amplement méritée. Vous êtes libres de ne pas coopérer, mais j'obtiendrais ce que je veux. Cela peut se faire en douceur, avec des gains partagés, ou cela peut se faire de manière plus sanglante. La différence pour moi, c’est du temps et des ressources. Pour vous… »
- « Je vais en parler avec mes associés, comme vous dites. Comment on se parle ? »
- « Je crois que vous avez enlevé un de mes hommes ? Libérez-le, il saura entrer en contact avec moi… Maintenant, vous pouvez vous retirer. Réfléchissez-bien, et amenez moi une réponse positive ! »
Martin soulève le filet qui l’empêchait de s’enfuir en prenant soin de ne pas s’empêtrer dedans. Il retrace son chemin jusqu’à la plage, et sans un mot fait signe à Pierre qu’ils repartent. C’est seulement une fois dans la chaloupe qu’ils ont arrimée à l’extérieur de la grotte qu’il prend la parole :
- « J’ai rencontré Sharquenoir, on a eu… une petite conversation. »
Dernière modification par Sammael99 le mar. avr. 13, 2010 9:55 am, modifié 2 fois.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Et voici qui clôt l'épisode 11. Plus que deux de retard, encore que le 12 n'était pas très riche en évènements, ça devrait aller vite.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Je proteste! Pierre nage bien mieux que Martin, et c'est lui qui trainait .Et puis on a attendu le lendemain pour faire notre incursion, parcequ'on en menait pas large...Sammael99 a écrit :Et voici qui clôt l'épisode 11. Plus que deux de retard, encore que le 12 n'était pas très riche en évènements, ça devrait aller vite.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde
Toujours aussi bon ces CR!! ^^
Bravo
Bravo
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
Brand.
Brand.