Dès la nouvelle de la mort de l’assassinat du Premier Libraire connue, nous avons foncé à l’Université.
Des enquêteurs de la milice, une unité de la garde de la Maison Haute, étaient sur les lieux, sous le commandement du capitaine Michaud, un brave officier manifestement plus habitué aux vols de poules qu’aux crimes étranges. Ses hommes étaient occupés à évacuer ce qu’il restait du Premier Libraire, quelques flaques de sang et des amas de tissus collés sur les murs, à l’aide de seaux et de serpillères.
Heureusement, Tarcisius, le Premier Surveillant de l’Octogone, était également sur les lieux. L’Octogone est le conseil de surveillance et de régulation des pratiques magiques, une de ces institutions hautement utiles héritées de l’Empire et son Premier Surveillant est plus particulièrement chargé de discipliner et soumettre les mages hors la loi. Il attendait que le nettoyage soit terminé pour se livrer à des investigations magiques.
Malgré les piètres efforts du capitaine Michaud pour nous écarter, Tarcisius a accepté de nous parler dans une pièce à l’écart. Il nous a révélé que le Premier Libraire avait été victime d’un sort de la sphère noire, autrefois interdit d’usage sous l’Empire, et que lui-même ne connaissait que par ouïe dire. L’assassin est donc un mage très puissant. Nous lui avons fait part des activités du Premier Libraire, à savoir les achats de livres et de vestiges tirés des ruines de la ville engloutie de Cyr, qui auraient pu motiver cet assassinat. Tarcisius a accepté de nous tenir au courant de l’avancement de son enquête. Il nous a également confirmé que la créature connue sous le nom d’Oracle était une créature démente du chaos, un véritable danger pour la ville avant d’être emprisonnée, et que sa libération n’augurait rien de bon.
Après avoir quitté Tarcisius, nous avons repris nos recherches de la forgeronne naine. En grimpant l’Echelle de la Soif, nous avons fait une halte dans une auberge naine pour prendre quelques renseignements.
L’auberge de la Barbe du Roi sous la Montagne (Archzakad en nain, et oui, je sais, c’est bizarre, un si petit mot pour une phrase aussi longue, mais c’est comme ça, c’est du nain) est tenue par Drahin, un nain qui prétend qu’il est un roi en exil et qu’un jour il récupérera son trône. Dans son établissement, plutôt classieux selon les standards nains, il sert des Marteaux (12 pintes de bières à la suite, à peu près la longueur d’un marteau de guerre m’a expliqué Ergoune) et des Boucliers (un bouclier nain recouvert d’un assortiment traditionnel de 7 saucissons, 4 jambons et 5 fromages différents, dont les fameuses Boulettes du Roi, un fromage très affiné et qui sent très fort). Après avoir commandé un marteau et un bouclier chacun pour ne pas avoir l’air de mauviettes, nous avons commencé à festoyer et à prendre des informations. Nos fréquents allers et retour vers les pissotières nous ont permis de récolter un bon nombre de rumeurs.
Un serveur nous a appris qu’une naine complètement ivre n’avait pas décollé d’une taverne mal famée voisine depuis près de 3 jours, au grand dam du patron qui ne savait pas comment s’en débarrasser. Des marchands nous on révélés que des marchands nains étaient en route depuis au-delà des montagnes pour venir vendre des trésors à Sérafina. Il se murmurait également dans l’auberge que le Doyen de la Route et les membres éminents du Conseil des Nains se déclareraient en faveur du rétablissement de l’Empire si celui-ci avait une chance de se produire. Enfin nous avons appris que le Doyen de la Route venait d’engager les frères Madurec, des nains tueurs à gages à la réputation plus que sinistre, pour un contrat.
Au bout de 3 heures, légèrement titubants, nous nous sommes rendus à la taverne de l’Ourson Hirsute (apparemment le nom vient d’une blague naine bien connue mais un peu salace, qu’Ergoune, très pudique, n’a pas souhaité nous raconter) pour voir cette naine.
Elle était bien là, énorme et complètement saoule, avachie sur une banquette, les restes de 3 Marteaux devant elle. Quand Ergoune, autoproclamé négociateur, s’est approché d’elle pour lui demander si elle était bien la forgeronne Magaelle, elle l’a serré sur son ample poitrine et a essayé de lui rouler une énorme pelle. Le pauvre Ergoune n’a échappé à ce sort funeste qu’en lui mettant un très violent coup de boule (
27 aux dés 
), ce qui l’a sonnée pour le compte. Pendant que Clèomède et moi nous étonnions de la violence des parades amoureuses chez les nain, Ergoune a pris ses petites jambes à son cou pour fuir la taverne, la bougresse faisant mine de revenir à elle. Bien évidemment, dans son état d’ébriété avancée, elle n’a pas réussi à le rattraper, ni même à le toucher quand elle lui a jeté sa hache. Nous étions prêts à suivre Ergoune quand la naine a balbutié, « et d’abord, qu’est-ce que vous lui voulez à ma copine Magaelle ? »
En reprenant la discussion sur des bases plus calmes (la donzelle a commandé trois Marteaux et trois Boucliers avant de nous demander ce que nous voulions

) nous avons fini par comprendre que Monine (c’est son nom, et ça va bien avec Ergoune je trouve) était la fille du Doyen et qu’elle tentait de noyer dans l’alcool le chagrin que lui avait causé son vieux
censuré de père en lâchant les frères Madurec aux trousses de son amie.
Elle nous a révélé que les trois frères Madurec, Hogan le sourd, Woombac le myope et Tagaan le muet, se cachaient dans le quartier des Levées en attendant que des fouines à leur service aient retrouvé la forgeronne. Nous avons promis de protéger son amie si nous la retrouvions avant les tueurs nains et en retour elle nous a confié un collier en argent pour que nous puissions nous faire reconnaître de la forgeronne comme des amis.
En route pour le quartier des Levées, nous sommes intervenus pour sauver un vieillard alors que sa maison était en train de s’effondrer, victime du même phénomène étrange que la maison dans le quartier de la Louverie. En remerciement, la famille du vieillard, de pauvres mais braves gens, nous a permis de rencontrer leur fils ainé, membre du gang de gamins travaillant à l’occasion pour les frères Madurec (heureuse coïncidence

). Nous avons appris que Magaelle la forgeronne se cachait dans une ancienne fonderie du quartier d’Airain et que les frères Madurec s’y rendraient dès le soir venu. Nous avons envoyé le gamin prévenir Monine du danger dans lequel se trouvait son amie et décidé de nous rendre à la fonderie pour intercepter les frères Madurec avant qu’ils ne commettent leur forfait.
Après la bière

, c’est au tour du sang de couler !