Coureurs d'Orage: by ze book.
- nonolimitus
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
C'est superbement écrit !!!
Ca donnerait envie d'y jouer...
Ca donnerait envie d'y jouer...
Le DIEU avec du gobelin dedans !!!
« Vivre, ce n'est pas sérieux ce n'est pas grave, c'est juste une aventure, presque un jeu... »
Jacques Brel
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- Orlov
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
CR de la deuxième session.
Avant que je poursuive mon récit, faut que j’avoue un truc : la campagne, la forêt, j’ai jamais pu blairer ça. Y a des gens qui disent que j’ai du sang elfe … que dalle … j’ai jamais autant regretté la mer que depuis que mon activité me ramène sous ces foutus bois.
Et si il y a un moment dans ma vie où j’ai jamais détesté la forêt, c’était ce matin là. L’aube ne chassait pas le cauchemar de Bibi … elle le rendait juste plus réel, plus lugubre. Nous voilà avec Wolfgang et Yohanes, Ecumeurs écumés, à poils, devant cette forêt tordue. Il pleut, il pleut encore … une eau froide qui dégouline, plus rien sur la peau, t’es habillé par le froid humide, nos bites, nos épieux comme seules possessions et ces foutus arbres qui s’agitent sous le vent salé. Tu t’attends à ce que ces chiens finissent par nous rattraper mais on est vanés, incapables de courir plus. Plus que devant les pals, au milieu de ces foutus tarés de sauvages, j’ai peur … jusque là j’ai fait que survivre. Ma tête, elle a pensé à rien, une jambe, une autre, ton souffle, gaffe aux branches et aux fondrières, cours … rien d’autre à penser.
Mais là, je sens que, vraiment il s’est passé quelque chose et que mes nuits vont être agitées. Et je sais aussi qu’entre nous trois, c’est pas sûr qu’on s’en sorte tous au jeu de la traque. Le Chêne et sa fée, nous ont bien avancé, mais cette forêt paraît toujours trop proche et la sécurité toujours trop loin. J’en suis là, prostré, incapable de bouger, la caboche agressée d’images de cauchemars : entrailles puantes jaillissant en pelote par la bouche sous l’effet du pal, visages engrimacés, terrorisés par le supplice, hommes bêtes hurlant à la Lune … Je me retourne à peine quand j’entends du bruit. Si j’en juge par mes compagnons, c’est guère plus brillant. Wolfgang d’ordinaire si énergique ne tourne pas non plus sa tête. Yohanes, non plus. Faut dire que vu le nombre de nos compagnons morts et de comment ça a tourné, il doit en recevoir des plaintes sinistres dans sa caboche. Et pourtant quelque chose bouge dans les bois … Au diable, qu’ils viennent ! je bougerais plus, je courrais plus … A poil à l’orée de la forêt, un épieu à la main … j’ai plus de souffle.
Quand même, on est vachement content quand on réalise que c’est pas l’halalli qui s’approche, mais bien Zenden. D’accord, il en mène pas large, il a piétiné dans le sang, il est rouge de partout. Il s’est battu, a été blessé mais a triomphé. Ses yeux sont illuminés de rage et il a le souffle de ceux que les dieux du carnage ont possédés. Il ne nous dit pas un mot, part en avant sur la route. Un ultime effort, on se relève, on le suit. On se tait. Je me souviens qu’on a du prononcer nos premiers mots lorsqu’après un voyage ardu, les pieds dans la boue, les cheveux ruisselants, sales et chargés de mousse et d’humus, nous avons aperçu les murs de Rijkhaven. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mes sentiments sur ce port minable et ses bourgeois endormis, mais là, je dois dire que j’étais vraiment soulagé, content. Le garde qui nous dévisage à al porte en se demandant ce que des zigues comme nous foutent à poil à cette heure du matin, je lui aurais roulé une galoche si j’étais pas d’abord obsédé par l’idée de m’allonger. Comme si une paillasse et un baquet pouvaient laver en moi l’horreur du carnage, la crasse du massacre. Nous arrivons jusqu’au Knorr, notre baleine échouée.
J’imagine que là, il faudrait que je décrives l’impression bizarre qu’on ressent à retourner dans un endroit qu’on a connu peuplé. Il faudrait que je dises qu’au moment où on est revenu chez les Ecumeurs, j’ai pensé aux copains qu’avaient vomi leur propre merde sur les pals. Ben non, en vrai, on pense à rien. Un vieux fond d’instinct, comme un deuxième cerveau, me fait m’occuper de logistique mais je rêve que d’une chose : dormir. Les autres sont déjà en train de s’écrouler. Je tente de fouiller, voire s’il n’y a rien à retirer de cette putain de catastrophe mais rien … pas un fifrelin dans les caisses, pas un truc qu’on pourrait revendre. A peine de quoi se rééquiper, rien pour me consoler. Alors, je fais comme les autres, je calle quatre couvertures sur un banc, je me fous près du feu et je m’enfonce dans des ténèbres … et honnêtement, ce sommeil là, il est encore plus noir que la nuit au dehors. Un truc flippant … la sensation de changer de peau, de sentir ses propres entrailles se retourner, un haut le cœur en forme de gros coup de barre, un cafard vicié qui sent l’intestin. Au matin, rien à boire, plus de kvlar et de toutes façons j’ai perdu ma buveuse. On discute. Prévenir les autorités. Lesquelles ? Les tarés des Templiers … ils s’intéressent déjà trop à moi et risqueraient bien de pas nous croire. Alors, il reste Lorimar, le conseiller Lorimar, le prévaricateur … le gros malin. On se rend au palais. Un type nous fait patienter, Hans un type tout blond qui a autant l’allure d’un intendant que moi d’une bonne sœur. Je sais pas s’il sait écrire mais je suis sûr qu’il doit cogner comme une enclume. On lui parle au colossal camarade, on lui explique et lui écoute. Il ne dit rien et finalement nous fait attendre. Blondinet revient nous chercher … Lorimar est prêt à ouvrir toutes grandes ses esgourdes et à écouter ce que quatre survivants ont vu dans la Kurwald.
Autant le dire, je préfère ne jamais parler aux chefs. Pour ça, c’est plutôt Wolfgang. Yohanes, parce qu’il recueille les confessions et les petites peines des décédés et moi, rapport à nos origines on est un tout petit peu tricards. Comment dire ? Les gens ils disent des choses sur nous et un jour, comme ça, ils se diront que les gens comme nous on est responsables de plein de leurs problèmes. Choisissez : ma vache donne plus de lait, je me suis cogné le genou contre l’armoire, ma bière a un goût de pousse. A la fin, un jour, on finira attachés à un poteau comme des cons, avec des types qui portent des torches en poussant un hourra et un cureton en train de recommander nos âmes au Borgne. Quant à Zenden, c’est pas qu’il soit timide ou mal éduqué comme nous, pauvre piétaille, mais c’est décidemment pas un bavard. Alors Wolfgang, il utilise son côté commandant pour causer avec son Altesse. Et on lui raconte l’essentiel : l’attaque, la trahison de la garde Gwynver, la Bête à Corne, les hommes-bêtes, la discussion avec Runkersfilker. Bref, Wolfgant narre nos péripéties et les autres écoutent. Et nous, on parle que si on nous demande. On corrobore en hochant la tête en disant « oui m’sieur, bien m’sieur ». Lorimar et Hans finisent pas nous dire qu’il faut qu’on y retourne. Il nous colle un de leurs meilleurs rôdeurs, Argarn. Le type devrait se balader avec une étiquette marquée rôdeur tellement il pue la carricature. Encapuchonné comme s’il était dehors, en train de taper sa pipe contre un mur pour en faire tomber du tabac froid. Et quand il marche, il fait un pas quand j’en fais trois. Il nous toise, prend sa pose d’expert et son sourire professionnel. On discute de la mission : retourner là-bas, au tumulus, trouver ce qu’il s’y passe. Ensuite, rentrer afin d’aider Lorimar à convaincre les Templiers à mettre la ville en défense.
Retour dans la forêt, Wolfgant et Argarn nous guident jusqu’au tumulus. Je regarde le rôdeur, j’essaie d’apprendre quelque chose, de focaliser mon attention parce que je pète de trouille. Argarn identifie des étrons fossilisés, piquants, des odeurs acides, des levées et des traves du passage des loups-garous lancés à nos trousses. On remonte jusqu’au tumulus. Une odeur infâme de tripes et de sang. Et pas un corbeau, pas une mouche, pas un ver pour profiter du festin. Plus un seul cadavre. Moi, ça me suffit et je suis déjà prêt à rentrer à Rijkhaven faire mon rapport. Je crois qu’on est un peu tous d’accord. Tous, sauf Zender qui avance vers la grotte. Merde, la grotte, vers quoi il veut nous traîner celui-là. Yohanes lui gueule « Tu veux mourir ou tu veux gagner ? ». Il me semble que Zend’ hausse les épaules. Il ne s’arrête pas. Il continue.
Alors, on le suit. On entre à notre tour, suivant notre champion dans sa folie, comme les marins damnés du Pequod ont suivi leur maudit Achab’, le capitaine maccab’. Se concentrer, compter dans sa tête pour vaincre sa peur … Nous voilà dans la grande salle, j’avais pas vu la dernière fois qu’y convergeaient des grottes et des galeries. Cette fois-ci, on prend le temps de regarder. Tout est détruit après le passage de Zender. On voit sur les murs, des dessins humanoïdes ou plutôt des silhouettes allongées. Sept spirales qui figurent une voute céleste, changeante, chaotique, inquiétante. D’après Wolfgang, notre chef qui a vu et connaît plein de choses, les spirales représentent les sept dieux du Chaos Primordial, des dieux impies d’avant le Borgne que ces tarés sylvestres doivent adorer dans leur démence orgiaque et qui ont été éliminées par les Templiers.
Un bruit, un raclement … Zender qui crie « Bagarre ! » en se mettant en garde. On se regroupe. Des cadavres qui marchent vers nous. Une armée des morts en marche qui sort des grottes. Torsen … je le reconnais à sa chaîne en or, maintenant un squelette décharné dont le torse s’offre désormais d’une tête de cheval. Et Ian Torwald, lui-même, squelette massif monté sur un palefroi d’os, comme dans une foutue histoire de fantômes. Et les autres derrière, grimaçant, une lueur mauvaise au fond de leurs orbites creuses, claquant des dents. Des lianes qui nous entravent, je réussis à échapper mais me sent bien seul, voyant mes compagnons entravés. Torsen et Thorwald nous chargent, il faut frapper ! Zender en abat un, Iohanes, Wolfgang un autre. Je taille les lianes pour libérer mes compagnons et on s’enfuit pendant que l’ost famélique et maudit de nos anciens compagnons pénètre dans la pièce. Nous fonçons vers la sortie et la lumière du jour. Ils ne nous ont pas suivis. On se repose et entreprenons notre trajet de retour vers Rijkhaven.
En ville, un conseil de guerre nous attend. En plus de Lorimar et d’Hans qui nous apprennent que Gwynver a été vue en ville mais qu’on ne retrouve plus sa trace, on voit Magnus le Pieu, le chef des templiers. Je m’attendais à voire une brutasse blindée brandissant un marteau de guerre. Bingo ! j’aurais du parier. Voilà le clerc moustachu et chenu qui nous fait sa plus triste mine. Je me fais plus petit que le plus humble des vers de terre … j’ai déjà parlé de comment je voyais les choses par rapport au borgne et à ce que les bien-pensants qui croient en Lui pourraient bien me faire si une de mes oreilles dépassent … Mais là, Iohanes a le courage de lui expliquer pour les sept spirales et tout ce qu’on a vu dans la grotte. Magnus répond et parle de l’hérésie des Sept … « Des noms anciens et maudits que l’homme prononçait quand il se roulait dans la fange ». Et alors que Wolfgang l’interroge sur la stratégie à mener, l’autre répond « Une main de Fer dans un gant d’acier » et il précise « Nous allons passer la forêt par la flamme et l’Acier » avec le concours des autres guildes tandis que Lorimar s’occupera de mettre la ville en état de défense. « Un Peuple ! Une Foi ! Un Royaume » jurent les chefs. Et moi, je flippe …
Avant que je poursuive mon récit, faut que j’avoue un truc : la campagne, la forêt, j’ai jamais pu blairer ça. Y a des gens qui disent que j’ai du sang elfe … que dalle … j’ai jamais autant regretté la mer que depuis que mon activité me ramène sous ces foutus bois.
Et si il y a un moment dans ma vie où j’ai jamais détesté la forêt, c’était ce matin là. L’aube ne chassait pas le cauchemar de Bibi … elle le rendait juste plus réel, plus lugubre. Nous voilà avec Wolfgang et Yohanes, Ecumeurs écumés, à poils, devant cette forêt tordue. Il pleut, il pleut encore … une eau froide qui dégouline, plus rien sur la peau, t’es habillé par le froid humide, nos bites, nos épieux comme seules possessions et ces foutus arbres qui s’agitent sous le vent salé. Tu t’attends à ce que ces chiens finissent par nous rattraper mais on est vanés, incapables de courir plus. Plus que devant les pals, au milieu de ces foutus tarés de sauvages, j’ai peur … jusque là j’ai fait que survivre. Ma tête, elle a pensé à rien, une jambe, une autre, ton souffle, gaffe aux branches et aux fondrières, cours … rien d’autre à penser.
Mais là, je sens que, vraiment il s’est passé quelque chose et que mes nuits vont être agitées. Et je sais aussi qu’entre nous trois, c’est pas sûr qu’on s’en sorte tous au jeu de la traque. Le Chêne et sa fée, nous ont bien avancé, mais cette forêt paraît toujours trop proche et la sécurité toujours trop loin. J’en suis là, prostré, incapable de bouger, la caboche agressée d’images de cauchemars : entrailles puantes jaillissant en pelote par la bouche sous l’effet du pal, visages engrimacés, terrorisés par le supplice, hommes bêtes hurlant à la Lune … Je me retourne à peine quand j’entends du bruit. Si j’en juge par mes compagnons, c’est guère plus brillant. Wolfgang d’ordinaire si énergique ne tourne pas non plus sa tête. Yohanes, non plus. Faut dire que vu le nombre de nos compagnons morts et de comment ça a tourné, il doit en recevoir des plaintes sinistres dans sa caboche. Et pourtant quelque chose bouge dans les bois … Au diable, qu’ils viennent ! je bougerais plus, je courrais plus … A poil à l’orée de la forêt, un épieu à la main … j’ai plus de souffle.
Quand même, on est vachement content quand on réalise que c’est pas l’halalli qui s’approche, mais bien Zenden. D’accord, il en mène pas large, il a piétiné dans le sang, il est rouge de partout. Il s’est battu, a été blessé mais a triomphé. Ses yeux sont illuminés de rage et il a le souffle de ceux que les dieux du carnage ont possédés. Il ne nous dit pas un mot, part en avant sur la route. Un ultime effort, on se relève, on le suit. On se tait. Je me souviens qu’on a du prononcer nos premiers mots lorsqu’après un voyage ardu, les pieds dans la boue, les cheveux ruisselants, sales et chargés de mousse et d’humus, nous avons aperçu les murs de Rijkhaven. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mes sentiments sur ce port minable et ses bourgeois endormis, mais là, je dois dire que j’étais vraiment soulagé, content. Le garde qui nous dévisage à al porte en se demandant ce que des zigues comme nous foutent à poil à cette heure du matin, je lui aurais roulé une galoche si j’étais pas d’abord obsédé par l’idée de m’allonger. Comme si une paillasse et un baquet pouvaient laver en moi l’horreur du carnage, la crasse du massacre. Nous arrivons jusqu’au Knorr, notre baleine échouée.
J’imagine que là, il faudrait que je décrives l’impression bizarre qu’on ressent à retourner dans un endroit qu’on a connu peuplé. Il faudrait que je dises qu’au moment où on est revenu chez les Ecumeurs, j’ai pensé aux copains qu’avaient vomi leur propre merde sur les pals. Ben non, en vrai, on pense à rien. Un vieux fond d’instinct, comme un deuxième cerveau, me fait m’occuper de logistique mais je rêve que d’une chose : dormir. Les autres sont déjà en train de s’écrouler. Je tente de fouiller, voire s’il n’y a rien à retirer de cette putain de catastrophe mais rien … pas un fifrelin dans les caisses, pas un truc qu’on pourrait revendre. A peine de quoi se rééquiper, rien pour me consoler. Alors, je fais comme les autres, je calle quatre couvertures sur un banc, je me fous près du feu et je m’enfonce dans des ténèbres … et honnêtement, ce sommeil là, il est encore plus noir que la nuit au dehors. Un truc flippant … la sensation de changer de peau, de sentir ses propres entrailles se retourner, un haut le cœur en forme de gros coup de barre, un cafard vicié qui sent l’intestin. Au matin, rien à boire, plus de kvlar et de toutes façons j’ai perdu ma buveuse. On discute. Prévenir les autorités. Lesquelles ? Les tarés des Templiers … ils s’intéressent déjà trop à moi et risqueraient bien de pas nous croire. Alors, il reste Lorimar, le conseiller Lorimar, le prévaricateur … le gros malin. On se rend au palais. Un type nous fait patienter, Hans un type tout blond qui a autant l’allure d’un intendant que moi d’une bonne sœur. Je sais pas s’il sait écrire mais je suis sûr qu’il doit cogner comme une enclume. On lui parle au colossal camarade, on lui explique et lui écoute. Il ne dit rien et finalement nous fait attendre. Blondinet revient nous chercher … Lorimar est prêt à ouvrir toutes grandes ses esgourdes et à écouter ce que quatre survivants ont vu dans la Kurwald.
Autant le dire, je préfère ne jamais parler aux chefs. Pour ça, c’est plutôt Wolfgang. Yohanes, parce qu’il recueille les confessions et les petites peines des décédés et moi, rapport à nos origines on est un tout petit peu tricards. Comment dire ? Les gens ils disent des choses sur nous et un jour, comme ça, ils se diront que les gens comme nous on est responsables de plein de leurs problèmes. Choisissez : ma vache donne plus de lait, je me suis cogné le genou contre l’armoire, ma bière a un goût de pousse. A la fin, un jour, on finira attachés à un poteau comme des cons, avec des types qui portent des torches en poussant un hourra et un cureton en train de recommander nos âmes au Borgne. Quant à Zenden, c’est pas qu’il soit timide ou mal éduqué comme nous, pauvre piétaille, mais c’est décidemment pas un bavard. Alors Wolfgang, il utilise son côté commandant pour causer avec son Altesse. Et on lui raconte l’essentiel : l’attaque, la trahison de la garde Gwynver, la Bête à Corne, les hommes-bêtes, la discussion avec Runkersfilker. Bref, Wolfgant narre nos péripéties et les autres écoutent. Et nous, on parle que si on nous demande. On corrobore en hochant la tête en disant « oui m’sieur, bien m’sieur ». Lorimar et Hans finisent pas nous dire qu’il faut qu’on y retourne. Il nous colle un de leurs meilleurs rôdeurs, Argarn. Le type devrait se balader avec une étiquette marquée rôdeur tellement il pue la carricature. Encapuchonné comme s’il était dehors, en train de taper sa pipe contre un mur pour en faire tomber du tabac froid. Et quand il marche, il fait un pas quand j’en fais trois. Il nous toise, prend sa pose d’expert et son sourire professionnel. On discute de la mission : retourner là-bas, au tumulus, trouver ce qu’il s’y passe. Ensuite, rentrer afin d’aider Lorimar à convaincre les Templiers à mettre la ville en défense.
Retour dans la forêt, Wolfgant et Argarn nous guident jusqu’au tumulus. Je regarde le rôdeur, j’essaie d’apprendre quelque chose, de focaliser mon attention parce que je pète de trouille. Argarn identifie des étrons fossilisés, piquants, des odeurs acides, des levées et des traves du passage des loups-garous lancés à nos trousses. On remonte jusqu’au tumulus. Une odeur infâme de tripes et de sang. Et pas un corbeau, pas une mouche, pas un ver pour profiter du festin. Plus un seul cadavre. Moi, ça me suffit et je suis déjà prêt à rentrer à Rijkhaven faire mon rapport. Je crois qu’on est un peu tous d’accord. Tous, sauf Zender qui avance vers la grotte. Merde, la grotte, vers quoi il veut nous traîner celui-là. Yohanes lui gueule « Tu veux mourir ou tu veux gagner ? ». Il me semble que Zend’ hausse les épaules. Il ne s’arrête pas. Il continue.
Alors, on le suit. On entre à notre tour, suivant notre champion dans sa folie, comme les marins damnés du Pequod ont suivi leur maudit Achab’, le capitaine maccab’. Se concentrer, compter dans sa tête pour vaincre sa peur … Nous voilà dans la grande salle, j’avais pas vu la dernière fois qu’y convergeaient des grottes et des galeries. Cette fois-ci, on prend le temps de regarder. Tout est détruit après le passage de Zender. On voit sur les murs, des dessins humanoïdes ou plutôt des silhouettes allongées. Sept spirales qui figurent une voute céleste, changeante, chaotique, inquiétante. D’après Wolfgang, notre chef qui a vu et connaît plein de choses, les spirales représentent les sept dieux du Chaos Primordial, des dieux impies d’avant le Borgne que ces tarés sylvestres doivent adorer dans leur démence orgiaque et qui ont été éliminées par les Templiers.
Un bruit, un raclement … Zender qui crie « Bagarre ! » en se mettant en garde. On se regroupe. Des cadavres qui marchent vers nous. Une armée des morts en marche qui sort des grottes. Torsen … je le reconnais à sa chaîne en or, maintenant un squelette décharné dont le torse s’offre désormais d’une tête de cheval. Et Ian Torwald, lui-même, squelette massif monté sur un palefroi d’os, comme dans une foutue histoire de fantômes. Et les autres derrière, grimaçant, une lueur mauvaise au fond de leurs orbites creuses, claquant des dents. Des lianes qui nous entravent, je réussis à échapper mais me sent bien seul, voyant mes compagnons entravés. Torsen et Thorwald nous chargent, il faut frapper ! Zender en abat un, Iohanes, Wolfgang un autre. Je taille les lianes pour libérer mes compagnons et on s’enfuit pendant que l’ost famélique et maudit de nos anciens compagnons pénètre dans la pièce. Nous fonçons vers la sortie et la lumière du jour. Ils ne nous ont pas suivis. On se repose et entreprenons notre trajet de retour vers Rijkhaven.
En ville, un conseil de guerre nous attend. En plus de Lorimar et d’Hans qui nous apprennent que Gwynver a été vue en ville mais qu’on ne retrouve plus sa trace, on voit Magnus le Pieu, le chef des templiers. Je m’attendais à voire une brutasse blindée brandissant un marteau de guerre. Bingo ! j’aurais du parier. Voilà le clerc moustachu et chenu qui nous fait sa plus triste mine. Je me fais plus petit que le plus humble des vers de terre … j’ai déjà parlé de comment je voyais les choses par rapport au borgne et à ce que les bien-pensants qui croient en Lui pourraient bien me faire si une de mes oreilles dépassent … Mais là, Iohanes a le courage de lui expliquer pour les sept spirales et tout ce qu’on a vu dans la grotte. Magnus répond et parle de l’hérésie des Sept … « Des noms anciens et maudits que l’homme prononçait quand il se roulait dans la fange ». Et alors que Wolfgang l’interroge sur la stratégie à mener, l’autre répond « Une main de Fer dans un gant d’acier » et il précise « Nous allons passer la forêt par la flamme et l’Acier » avec le concours des autres guildes tandis que Lorimar s’occupera de mettre la ville en état de défense. « Un Peuple ! Une Foi ! Un Royaume » jurent les chefs. Et moi, je flippe …
Cryoban a écrit : Le vrai problème c'est les gens.
Florentbzh a écrit : J'avoue ne pas bien comprendre ce qu'on peut jouer, mais si cela existe c'est qu'il doit bien y avoir une raison.
Mildendo a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
- childeric maximus
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Fabuleusement excellent.
Merci
Merci
Dread the First Book of Pandemonium, Spite the Second Book of Pandemonium, Coldcity, Spirit of the Century, Dictionary of MU, Sorcerer, Tranchons & Traquons, Polaris, Dogs in the Vineyard, Barbarians of Lemuria, Supercrew ... ça se voit que je donne dans l'Indy ?
- Blakkrall
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Encore une fois très prenant, merci.
J’ai passé l’âge où la méchanceté me rendait furieux. Maintenant c’est la stupidité qui me met hors de moi. Arturo Perez Reverte Deux hommes de bien
- Tholgren
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Zadore !
"En fait, on n’est pas dans le Gorafi, mais dans une prequel de Fallout." Tristan Lhomme
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
J'en profite pour préciser que les penchants "Arme Fatale like" de Zender lui ont apparemment attirer la sympathie d'un dieu mineur ou d'un démon de combat qui a décidé d'en faire son champion ... Dans le feu de la bataille, ses yeux ont viré vers l'écarlate, une sorte de rictus de prédateur a pris possession de son visage, alors que ses capacité de bretteur se sont décuplés, lui permettant d'infliger 1d12 à l'épée ...Orlov a écrit :Tous, sauf Zender qui avance vers la grotte. Merde, la grotte, vers quoi il veut nous traîner celui-là. Yohanes lui gueule « Tu veux mourir ou tu veux gagner ? ». Il me semble que Zend’ hausse les épaules. Il ne s’arrête pas. Il continue.
Alors, on le suit. On entre à notre tour, suivant notre champion dans sa folie, comme les marins damnés du Pequod ont suivi leur maudit Achab’, le capitaine maccab’. Se concentrer, compter dans sa tête pour vaincre sa peur … Nous voilà dans la grande salle, j’avais pas vu la dernière fois qu’y convergeaient des grottes et des galeries. Cette fois-ci, on prend le temps de regarder. Tout est détruit après le passage de Zender. On voit sur les murs, des dessins humanoïdes ou plutôt des silhouettes allongées. Sept spirales qui figurent une voute céleste, changeante, chaotique, inquiétante. D’après Wolfgang, notre chef qui a vu et connaît plein de choses, les spirales représentent les sept dieux du Chaos Primordial, des dieux impies d’avant le Borgne que ces tarés sylvestres doivent adorer dans leur démence orgiaque et qui ont été éliminées par les Templiers.
Un bruit, un raclement … Zender qui crie « Bagarre ! » en se mettant en garde. On se regroupe. Des cadavres qui marchent vers nous. Une armée des morts en marche qui sort des grottes. Torsen … je le reconnais à sa chaîne en or, maintenant un squelette décharné dont le torse s’offre désormais d’une tête de cheval. Et Ian Torwald, lui-même, squelette massif monté sur un palefroi d’os, comme dans une foutue histoire de fantômes. Et les autres derrière, grimaçant, une lueur mauvaise au fond de leurs orbites creuses, claquant des dents. Des lianes qui nous entravent, je réussis à échapper mais me sent bien seul, voyant mes compagnons entravés. Torsen et Thorwald nous chargent, il faut frapper ! Zender en abat un, Iohanes, Wolfgang un autre. Je taille les lianes pour libérer mes compagnons et on s’enfuit pendant que l’ost famélique et maudit de nos anciens compagnons pénètre dans la pièce. Nous fonçons vers la sortie et la lumière du jour. Ils ne nous ont pas suivis. On se repose et entreprenons notre trajet de retour vers Rijkhaven.
Coming out : je ne suis pas féministe militant ! (et pourtant je respecte les femmes en général, et j'aime ma femme et mes filles en particulier)
- Tholgren
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
La suite ! La suite ! 
"En fait, on n’est pas dans le Gorafi, mais dans une prequel de Fallout." Tristan Lhomme
- Orlov
- Dieu d'après le panthéon
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- Inscription : jeu. févr. 20, 2014 10:57 am
Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Bon la suite, alors ...
Ce retour en ville … Wolfgang il aime bien ça, je le vois … Il rêve de rétablir la guilde. Les Ecumeurs comme au bon vieux temps, sauf qu’à nous quatre, ça fait pas bezef et les autres, transformés en compost ben il va falloir les remplacer. Or, les mecs capables de tenir une arme, ça court plus les rues, rapport à la guerre. Mais ce qui me titille c’est pas ça. Je regarde Zender et je vois qu’il ne moufte pas. Et ça, ça me fout vraiment les jetons … parce que quand ce taraudé du bulbe, ce taré suicidaire hume l’air et me dit que ça sent bon c’est que ça sent la merde : Zender porte la guerre et la tripaille coulante comme l’orage la nuée. Donc, s’il a l’air calme et détendu, limite serein, c’est qu’un gros coup de tabac va nous tomber sur le dos, un tombereau de lisier poisseux et collant calé bien droit au-dessus de nos têtes.
Alors, on rentre à la base, au cog … le pauvre vieux a l’air d’une baleine échouée … un peu de ménage, on a pas trop eu le temps la dernière fois … On s’y colle avec l’aide des deux ou trois domestiques qui restent. Y a le vieux Lothar, quand tu le vois tu peines à croire qu’autrefois personne ne maniait la hache comme lui. Le bûcheron qu’on l’appelait à cette époque. Et puis restent aussi Yolande et Grinbeli. Rêvez pas d'amour exotiques, d'un je ne sais quoi qui vous mettra l'incendie dans le sang, entre la vieille et la jeune, la moustachue et l’autre … on sait plus qui est qui tellement elles se ressemblent. Pendant qu'on brique notre nouveau pont, c’est le grand défilé des héros en ville … tout le monde part à la guerre dans la forêt, pendant que nous on reste là. Il y a les templiers. Et que je fais le fier avec ma lance et mon épée. J’espère bien que ces brutes de la forêt vont un peu leur rabattre le caquet à ces sûrs d’eux-mêmes fanatiques. Ces conards de Brise-Lame viennent après … Y en a, parmi eux, ça se voit qu’ils ont bien compris que l’enthousiasme meurtrier qui s’est emparé de la ville va conduire à ce qu’un truc mi homme mi bête leur enfonce le nasal profondément dans le crâne. Moi, ce que je sais, c’est qu’ils vont secouer un cocotier trop gros pour eux.
Eh ! Quoi ! Moi j’ai encore en tête les dessins dans la grotte … ça a quand même l’air foutrement noirâtre comme promesse d’avenir, non ?
J’demande à Iohan « Qu’est-ce que tu crois qu’ils vont faire de l’arbre … celui qui nous as aidé ? ». L’autre prend son air de fantôme et me dit « Il était là avant, Il sera là après ». Moi, ça me rassure pas, mais j’ose jamais trop contredire le porte-voix de capitaine Macchab’. Et il me dit aussi qu’il a fait une inspection des registres de la guilde (Mossieur est un lettré, en plus) et qu’il a découvert que Gwynette la Bougresse avait servi dans une guilde de la capitale. Je vois pas trop c’est quoi l’intérêt de savoir ça … on sait qu’elle et passée en ville il y a deux jours et que c’est une putain de bonne professionnelle, pas du genre à laisser l’adresse de son hamac pour qu’on la retrouve et qu’on la zigouille.
Une fois qu’on a un peu nettoyé nos carrées, on peut aller prendre notre quart et piquer un roupillon bien mérité. Mais, alors que tout le monde dort, je sens comme une alerte. Je suis pas le seul, d’ailleurs, tout le monde est réveillé. Faut dire qu’on a bien entendu la porte d’entrée grincer sur ses gonds. Alors, dans les ténèbres, en essayant de pas faire trop de bruit, on ramasse nos armes et on va vers les escaliers qui mènent aux piaules et on s’y poste prêts à recevoir les racailles qui osent troubler notre sommeil. Y a de la tension, parce qu’on n’y voit crème … enfin, si des silhouettes. Je sens mon cœur battre comme un tambourin lors d'une veillée dans le château-avant. Zender se poste en haut de l’escalier, Wolfgang est à ses côtés. Iohanes, tel le braconnier qu'il est, se met à l’affût. Moi, mon plan c’est de sauter et de prendre ces raclures mal intentionnées dans le dos, mais c’est bigrement haut, alors je me précipite vers les autres escaliers.
Pendant que je me hâte, j’entends déjà le cliquetis des armes. J’y vois rien, mais les cris, je les reconnais. Boum-bam-argh, la chanson du Zender … le râle du premier type que Wolfgang embroche. Zender se défend comme un beau diable, tandis que Wolfgang le protège de son bouclier. Les deux parviennent à embrouiller leurs adversaires de manière à ce que, dans le noir, ils se tapent quasiment dessus. C’est à ce moment que j’arrive. Tchac ! bon coup à la base du cou … y a du résiné chaud qui m’éclabousse, je le vois pas, mais je le sens. Il en reste un, qui est bien amoché, mais qui se rend. On allume deux, trois torches, histoire d’interroger notre prisonnier … ils sont bien moins impressionnants que ce que je pensais … j’avais l’impression qu’on avait affronté de vrais danseurs de guerre mais il s’agit bien de la racaille habituelle du port : des petits mecs, des filous de la pègre habitués des sales coups et des duels au couteau. Mais attaquer un matelot bourré et les Ecumeurs, c’est pas la même chose … le monde devient dangereux quand on a l’impression que tout le monde vaut tout le monde. Parce que, quand même, on a appris deux trois trucs, on se défend, quoi … L’autre révèle que lui et les autres pieds-tendres avaient un contrat sur Zender que leur aurait donné un gros barbu qui pieute à la taverne de l’Anguille. C’est pas que ça m’étonne que Zender ait un contrat sur la tête et je pense que lui s’en contrefout également. Mais Wolfgang nous rappelle que la règle numéro 1 dans notre turbin c’est « solidarité avec les autres guildiens ».
Même dans ce qui reste des Ecumeurs, on a un peu d’honneur et ça vaut le coup d’aller causer au barbu pour voir un peu ce qu’il a dans le michu. Je propose un plan, vu qu’il se trouve que les tavernes des ports ça me connaît, rapport à mon passé et tout ça … Alors, ni une, ni deux, on fait un tour à l’Anguille. Là bas, je m’introduis mais v’la que la taulière Berthemunde me fait les gros yeux, comme si c’était que je lui avais volé un truc … Alors, Zender utilise son charme suave et ses manières d’aristocrate pour persuader la patronne qu’on est vraiment des bonnes gens et pas juste une bande de traine-à-terre.
On déboite dans la piaule du barbu, ni une ni deux, on lui saute dessus. A l’ancienne … Le type est tellement confus qu’on a à peine besoin de le menacer pour qu’il se mette à chanter. Il nous avoue, avec un petit air supérieur qu’il bosse pour une guilde de marchands de la capitale. Au début, il fait limite son malin. « On me donne un job : j’embauche des merdeux pour tuer des merdeux » qu’il nous sort. Alors là, on lui fait remarquer qu’on est des merdeux armés et que lui c’est juste un barbu à poil. Alors, il se fait plus aidant. Il nous explique qu’il communique avec ses chefs à la Capitale grâce à une corneille et qu’ils ont une poignée de mains secrète. Ensuite, il nous explique, qu’un membre du « cercle intérieur » (la carrée où se réunissent leurs chefs, je présume) en veut à Zender et qu’il a mis un petit pacson pour estropier notre ami. On propose alors au barbu de se rendre un petit service : qu’il écrive qu’il nous a tué et nous on le laisse vivre. Affaire conclue, en guise de bonne foi, le barbu nous donne le nom de cinq contacts, tous des marchands, qu’on va avoir à l’œil, maintenant. On rentre se coucher et se reposer un peu. Parce que c’est pas tout ça, mais on s’est pris quelques beignes et on est crevé.
Le lendemain, on monte voir Werne, le chef de la guilde des Fils de la Tempête qui est resté avec ses hommes à Rijkhaven pour protéger la ville en l’absence de l’ost local, des Templiers et de ces connards de Brise-lames. On discute un peu. Faut être honnête, le père Werne il est pas trop jouasse de nous obéir, limite triste. On sent bien qu’il s’opposera pas à nous mais qu’il fera pas de zèle non plus et qu’il nous couvrira pas si les choses se passent pas comme prévu. Moi, la réflexion stratégique, je laisse ça aux grosses têtes … et faut bien dire que chez nous y en a qu’un qui s’impose par son côté sue-du-bulbe, c’est le père Wolfgang. Comme il pige vite, il capte que le vrai danger c’est le port. Il est pas protégé et si l’ennemi vient par là (et après tout, les hommes bêtes en sont bien capables), alors ils perceront nos défenses comme quand papa rendre dans maman pour te fabriquer, mon petit bonhomme … Alors, on se consulte avec Werne qui concède qu’il faut sécuriser le port. Les murailles ça va ... entre les gars de la Tempête-de-trouille et la milice, on est à peu près pourvus mais le port, c’est une putain de voie d’eau dans la cale … ça rentre, ça sort et c’est tout noir à l’intérieur.
Iohanes va voir les anciens parmi les pêcheurs pour voir un peu ce qui se dit. Bien sûr, ces abrutis superstitieux sont persuadés que l’Ecouteur des Faisandés a quequ’chose de spécial, comme un don … alors, ces vieux séniles lui causent et expliquent que les jeunes respectent plus les traditions et qu’ils se réunissent en bande près du phare où ils consomment de l’alcool et semblent se livrer à des trucs pas forcément sexuels mais tordus quand même. Les anciens sont catégoriques, entre deux chiques, ils nous disent que la bande du phare prépare un sale coup. Moi, ça me dit rien qui vaille, qu’on ait à gérer cette jeunesse chaotique désoeuvrée en plus de nos ennemis d’au-delà de la douve.
Alors, on décide d’agir. Les jeunes j’ai jamais pu les blairer, même quand j’étais jeune et je connais plein de vieux potes qui se feront un plaisir d’apprendre à ces petits cons à pas faire chier leurs aînés. Je retrouve donc quelques camarades, des vrais. Des forbans, des gars du large quoi … pas du genre à faire des manières. « Du Rhum, des Femmes, D’la Bière » qu’ils me disent quand on parle salaire. C’était des compagnons de quart de première à l’époque où on servait sur le Piet et ils ont pas vraiment changé. Bien sûr, niveau accoutrement c’est un peu passé de mode, le côté tricorne et bandeau. En plus, ça et là, il manque des dents, des bras, des jambes et des yeux mais c’est quand même une bande bien digne qui est prête à aller foutre une raclée aux branleurs du phare. Avec les anciens recrutés par Ioanes, on devrait avoir les forces suffisantes pour nettoyer les docks de leur fange bizarroide.
Ce retour en ville … Wolfgang il aime bien ça, je le vois … Il rêve de rétablir la guilde. Les Ecumeurs comme au bon vieux temps, sauf qu’à nous quatre, ça fait pas bezef et les autres, transformés en compost ben il va falloir les remplacer. Or, les mecs capables de tenir une arme, ça court plus les rues, rapport à la guerre. Mais ce qui me titille c’est pas ça. Je regarde Zender et je vois qu’il ne moufte pas. Et ça, ça me fout vraiment les jetons … parce que quand ce taraudé du bulbe, ce taré suicidaire hume l’air et me dit que ça sent bon c’est que ça sent la merde : Zender porte la guerre et la tripaille coulante comme l’orage la nuée. Donc, s’il a l’air calme et détendu, limite serein, c’est qu’un gros coup de tabac va nous tomber sur le dos, un tombereau de lisier poisseux et collant calé bien droit au-dessus de nos têtes.
Alors, on rentre à la base, au cog … le pauvre vieux a l’air d’une baleine échouée … un peu de ménage, on a pas trop eu le temps la dernière fois … On s’y colle avec l’aide des deux ou trois domestiques qui restent. Y a le vieux Lothar, quand tu le vois tu peines à croire qu’autrefois personne ne maniait la hache comme lui. Le bûcheron qu’on l’appelait à cette époque. Et puis restent aussi Yolande et Grinbeli. Rêvez pas d'amour exotiques, d'un je ne sais quoi qui vous mettra l'incendie dans le sang, entre la vieille et la jeune, la moustachue et l’autre … on sait plus qui est qui tellement elles se ressemblent. Pendant qu'on brique notre nouveau pont, c’est le grand défilé des héros en ville … tout le monde part à la guerre dans la forêt, pendant que nous on reste là. Il y a les templiers. Et que je fais le fier avec ma lance et mon épée. J’espère bien que ces brutes de la forêt vont un peu leur rabattre le caquet à ces sûrs d’eux-mêmes fanatiques. Ces conards de Brise-Lame viennent après … Y en a, parmi eux, ça se voit qu’ils ont bien compris que l’enthousiasme meurtrier qui s’est emparé de la ville va conduire à ce qu’un truc mi homme mi bête leur enfonce le nasal profondément dans le crâne. Moi, ce que je sais, c’est qu’ils vont secouer un cocotier trop gros pour eux.
Eh ! Quoi ! Moi j’ai encore en tête les dessins dans la grotte … ça a quand même l’air foutrement noirâtre comme promesse d’avenir, non ?
J’demande à Iohan « Qu’est-ce que tu crois qu’ils vont faire de l’arbre … celui qui nous as aidé ? ». L’autre prend son air de fantôme et me dit « Il était là avant, Il sera là après ». Moi, ça me rassure pas, mais j’ose jamais trop contredire le porte-voix de capitaine Macchab’. Et il me dit aussi qu’il a fait une inspection des registres de la guilde (Mossieur est un lettré, en plus) et qu’il a découvert que Gwynette la Bougresse avait servi dans une guilde de la capitale. Je vois pas trop c’est quoi l’intérêt de savoir ça … on sait qu’elle et passée en ville il y a deux jours et que c’est une putain de bonne professionnelle, pas du genre à laisser l’adresse de son hamac pour qu’on la retrouve et qu’on la zigouille.
Une fois qu’on a un peu nettoyé nos carrées, on peut aller prendre notre quart et piquer un roupillon bien mérité. Mais, alors que tout le monde dort, je sens comme une alerte. Je suis pas le seul, d’ailleurs, tout le monde est réveillé. Faut dire qu’on a bien entendu la porte d’entrée grincer sur ses gonds. Alors, dans les ténèbres, en essayant de pas faire trop de bruit, on ramasse nos armes et on va vers les escaliers qui mènent aux piaules et on s’y poste prêts à recevoir les racailles qui osent troubler notre sommeil. Y a de la tension, parce qu’on n’y voit crème … enfin, si des silhouettes. Je sens mon cœur battre comme un tambourin lors d'une veillée dans le château-avant. Zender se poste en haut de l’escalier, Wolfgang est à ses côtés. Iohanes, tel le braconnier qu'il est, se met à l’affût. Moi, mon plan c’est de sauter et de prendre ces raclures mal intentionnées dans le dos, mais c’est bigrement haut, alors je me précipite vers les autres escaliers.
Pendant que je me hâte, j’entends déjà le cliquetis des armes. J’y vois rien, mais les cris, je les reconnais. Boum-bam-argh, la chanson du Zender … le râle du premier type que Wolfgang embroche. Zender se défend comme un beau diable, tandis que Wolfgang le protège de son bouclier. Les deux parviennent à embrouiller leurs adversaires de manière à ce que, dans le noir, ils se tapent quasiment dessus. C’est à ce moment que j’arrive. Tchac ! bon coup à la base du cou … y a du résiné chaud qui m’éclabousse, je le vois pas, mais je le sens. Il en reste un, qui est bien amoché, mais qui se rend. On allume deux, trois torches, histoire d’interroger notre prisonnier … ils sont bien moins impressionnants que ce que je pensais … j’avais l’impression qu’on avait affronté de vrais danseurs de guerre mais il s’agit bien de la racaille habituelle du port : des petits mecs, des filous de la pègre habitués des sales coups et des duels au couteau. Mais attaquer un matelot bourré et les Ecumeurs, c’est pas la même chose … le monde devient dangereux quand on a l’impression que tout le monde vaut tout le monde. Parce que, quand même, on a appris deux trois trucs, on se défend, quoi … L’autre révèle que lui et les autres pieds-tendres avaient un contrat sur Zender que leur aurait donné un gros barbu qui pieute à la taverne de l’Anguille. C’est pas que ça m’étonne que Zender ait un contrat sur la tête et je pense que lui s’en contrefout également. Mais Wolfgang nous rappelle que la règle numéro 1 dans notre turbin c’est « solidarité avec les autres guildiens ».
Même dans ce qui reste des Ecumeurs, on a un peu d’honneur et ça vaut le coup d’aller causer au barbu pour voir un peu ce qu’il a dans le michu. Je propose un plan, vu qu’il se trouve que les tavernes des ports ça me connaît, rapport à mon passé et tout ça … Alors, ni une, ni deux, on fait un tour à l’Anguille. Là bas, je m’introduis mais v’la que la taulière Berthemunde me fait les gros yeux, comme si c’était que je lui avais volé un truc … Alors, Zender utilise son charme suave et ses manières d’aristocrate pour persuader la patronne qu’on est vraiment des bonnes gens et pas juste une bande de traine-à-terre.
On déboite dans la piaule du barbu, ni une ni deux, on lui saute dessus. A l’ancienne … Le type est tellement confus qu’on a à peine besoin de le menacer pour qu’il se mette à chanter. Il nous avoue, avec un petit air supérieur qu’il bosse pour une guilde de marchands de la capitale. Au début, il fait limite son malin. « On me donne un job : j’embauche des merdeux pour tuer des merdeux » qu’il nous sort. Alors là, on lui fait remarquer qu’on est des merdeux armés et que lui c’est juste un barbu à poil. Alors, il se fait plus aidant. Il nous explique qu’il communique avec ses chefs à la Capitale grâce à une corneille et qu’ils ont une poignée de mains secrète. Ensuite, il nous explique, qu’un membre du « cercle intérieur » (la carrée où se réunissent leurs chefs, je présume) en veut à Zender et qu’il a mis un petit pacson pour estropier notre ami. On propose alors au barbu de se rendre un petit service : qu’il écrive qu’il nous a tué et nous on le laisse vivre. Affaire conclue, en guise de bonne foi, le barbu nous donne le nom de cinq contacts, tous des marchands, qu’on va avoir à l’œil, maintenant. On rentre se coucher et se reposer un peu. Parce que c’est pas tout ça, mais on s’est pris quelques beignes et on est crevé.
Le lendemain, on monte voir Werne, le chef de la guilde des Fils de la Tempête qui est resté avec ses hommes à Rijkhaven pour protéger la ville en l’absence de l’ost local, des Templiers et de ces connards de Brise-lames. On discute un peu. Faut être honnête, le père Werne il est pas trop jouasse de nous obéir, limite triste. On sent bien qu’il s’opposera pas à nous mais qu’il fera pas de zèle non plus et qu’il nous couvrira pas si les choses se passent pas comme prévu. Moi, la réflexion stratégique, je laisse ça aux grosses têtes … et faut bien dire que chez nous y en a qu’un qui s’impose par son côté sue-du-bulbe, c’est le père Wolfgang. Comme il pige vite, il capte que le vrai danger c’est le port. Il est pas protégé et si l’ennemi vient par là (et après tout, les hommes bêtes en sont bien capables), alors ils perceront nos défenses comme quand papa rendre dans maman pour te fabriquer, mon petit bonhomme … Alors, on se consulte avec Werne qui concède qu’il faut sécuriser le port. Les murailles ça va ... entre les gars de la Tempête-de-trouille et la milice, on est à peu près pourvus mais le port, c’est une putain de voie d’eau dans la cale … ça rentre, ça sort et c’est tout noir à l’intérieur.
Iohanes va voir les anciens parmi les pêcheurs pour voir un peu ce qui se dit. Bien sûr, ces abrutis superstitieux sont persuadés que l’Ecouteur des Faisandés a quequ’chose de spécial, comme un don … alors, ces vieux séniles lui causent et expliquent que les jeunes respectent plus les traditions et qu’ils se réunissent en bande près du phare où ils consomment de l’alcool et semblent se livrer à des trucs pas forcément sexuels mais tordus quand même. Les anciens sont catégoriques, entre deux chiques, ils nous disent que la bande du phare prépare un sale coup. Moi, ça me dit rien qui vaille, qu’on ait à gérer cette jeunesse chaotique désoeuvrée en plus de nos ennemis d’au-delà de la douve.
Alors, on décide d’agir. Les jeunes j’ai jamais pu les blairer, même quand j’étais jeune et je connais plein de vieux potes qui se feront un plaisir d’apprendre à ces petits cons à pas faire chier leurs aînés. Je retrouve donc quelques camarades, des vrais. Des forbans, des gars du large quoi … pas du genre à faire des manières. « Du Rhum, des Femmes, D’la Bière » qu’ils me disent quand on parle salaire. C’était des compagnons de quart de première à l’époque où on servait sur le Piet et ils ont pas vraiment changé. Bien sûr, niveau accoutrement c’est un peu passé de mode, le côté tricorne et bandeau. En plus, ça et là, il manque des dents, des bras, des jambes et des yeux mais c’est quand même une bande bien digne qui est prête à aller foutre une raclée aux branleurs du phare. Avec les anciens recrutés par Ioanes, on devrait avoir les forces suffisantes pour nettoyer les docks de leur fange bizarroide.
Cryoban a écrit : Le vrai problème c'est les gens.
Florentbzh a écrit : J'avoue ne pas bien comprendre ce qu'on peut jouer, mais si cela existe c'est qu'il doit bien y avoir une raison.
Mildendo a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Toujours aussi sympa, et avec le staïle ! 
"En fait, on n’est pas dans le Gorafi, mais dans une prequel de Fallout." Tristan Lhomme
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
Ouiap merci pour le cr !
J’ai passé l’âge où la méchanceté me rendait furieux. Maintenant c’est la stupidité qui me met hors de moi. Arturo Perez Reverte Deux hommes de bien
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Re: Coureurs d'Orage: by ze book.
salut la racaille, salut les écumeurs !
y a pas à dire, c'est pas du sang elfe qu'il a le Salicorne, c'est du sang de volaille ! il a la plume qui suinte au bout des doigts. y a un je-ne-sais-quoi dans ce qui nous chante qui donne l'envie d'y retourner. ça narre l'aventure du haut du panier de l'écumeur comme une berceuse de catin. crois pas que tu vas te pieuter, y a la suite qui se ramène !
bravo Orlov pour ces CR magistraux !
y a pas à dire, c'est pas du sang elfe qu'il a le Salicorne, c'est du sang de volaille ! il a la plume qui suinte au bout des doigts. y a un je-ne-sais-quoi dans ce qui nous chante qui donne l'envie d'y retourner. ça narre l'aventure du haut du panier de l'écumeur comme une berceuse de catin. crois pas que tu vas te pieuter, y a la suite qui se ramène !
bravo Orlov pour ces CR magistraux !
"ce que tu dis est dénué de sens !
- fais gaffe, tu préfères des nuées de météores ?"
- fais gaffe, tu préfères des nuées de météores ?"