[CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Avatar de l’utilisateur
Snorri
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2630
Inscription : lun. oct. 06, 2008 4:31 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Snorri »

Volsung a écrit :Ça tournerait des 'Aventures picaresques' motorisée par Ryuutama ?
Je ne ferais pas croire que c'est le plus adapté, puisqu'il n'est surtout centré sur le voyage, mais les règles sont légères, baties pour des personnages peu puissants et de basse extraction (parmi les classes de perso, on trouve fermier ou artisan, par exemple).

Le système de l'oeuf de bataille est taillé pour plus picaresque. On définit ensemble les objets sur le théâtre de combat et on gagne un bonus quand on s'en sert (facile à phagocyter dans un autre jeu). Il y de la magie, mais elle est poetico-pratique.

Pour jouer des aventures un peu féeriques, c'est très bien - ça aurait bien servi la campagne dont j'ai tiré l'essentuel des Edsarts. Le côté Myazaki convient bien a ce que je veux faire pour l'ancien empire Môn, à l'est de la quatrième face du monde. J'ai un CR de la première séance (Pour quelques paniers de riz...).
Editions Hobg | Livres & jeux de rôle -
Ils vont nous tuer. 1994. Le témoignage d'une rescapée du génocide au Rwanda. est disponible en prévente.
Avatar de l’utilisateur
Sammael99
Dieu des babines ruinées
Messages : 13514
Inscription : mer. sept. 15, 2004 11:43 pm
Localisation : Nantes, France

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Sammael99 »

J'aime beaucoup l'ambiance qui ressort du CR pour le moment. J'ai beaucoup de mal avec l'avalanche de noms, mais ça devrait venir.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Sammael99 a écrit :J'aime beaucoup l'ambiance qui ressort du CR pour le moment. J'ai beaucoup de mal avec l'avalanche de noms, mais ça devrait venir.
C'est vrai que ça a été un peu l'avalanche de noms et l'un des joueurs m'a fait remarquer que c'était un peu touffu... J'aurais peut-être pu diluer un peu en faisant une première session d'introduction douce, présentant un certain nombre de personnes, et enchainer ensuite sur l'aventure; mais comme on espérait tout jouer en une session, ça a été un peu compacté.

La suite du compte-rendu ce week end, dès que j'aurai eu le temps de le taper.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

La suite donc:

Rendez-vous 10 heures 30, piazza Doria
Bracce, 6 heures du matin, Maraîchers et fermiers ont envahi les rues ou se bousculent aux portes de la ville pour proposer leurs denrées aux braves citadins. Dans la froidure du matin, les compagnons de la Spada Rossa discutent de la stratégie à appliquer. Les compagnons décident de se déparer pour pouvoir âtre plus efficaces : Andrea part en direction des portes pour questionner les gardes. Lucio, lui, part au palais Sangio pour vérifier que Matteo ne soit pas impliqué (malgré l’aveu des Lames d’argent). Vitoria, quant à elle, décide de retarder les Compagnons de la roche en envoyant un message à son frère disant que leur père est mourant et le réclame à son chevet. Elle souhaite profiter de l’occasion pour le questionner et bénéficier des pistes des concurrents de la Spada Rossa. Ciro, quant à lui, disparait pour régler de mystérieuses affaires

Andrea presse le pas pour faire le tour des portes. La matinée passe vite et malheureusement, les anciens de son régiment n’ont absolument rien à lui dire. Il parvient finalement à la porte mineure où il ne reconnait pas les gardes qui ne lui facilitent pas la tâche.
Un homme à cheval fait un esclandre en voulant entrer précipitamment dans la ville : Livio Scorta a bien reçu le message de sa sœur. Les gardes deviennent plus loquaces, et en échange de ses deux dernières grosses pièces, Andrea obtient quelques bribes d’information : une petite équipe d’aventuriers a passé la porte ce matin, avec à leur tête un grand type qui devait posséder du sang nomade au vu de sa dégaine. Ils se sont arrêtés à l’auberge de Marcella avant de passer les portes. La description correspond aux Compagnons de la roche.

*

Le Palais Sangio n’a pas grand-chose à voir avec celui des Andres : Des échafaudages occupent encore une partie des façades et des artisans s’occupent à rénover les fenêtres en sculptant les encadrements, histoire de charger encore un peu plus les façades. L’opulence est visible, et le palais véritablement gigantesque, est situé juste à côté du palais municipal, lui-même énorme et richement décoré. Un trafic important entre et sort du palais. Rina Sangio, cheffe de famille et consule de Bracce, aime à garder sa famille tout près d’elle afin de mieux la surveiller. C’est donc plusieurs centaines de personnes que le palais abrite en permanence, et qui nécessite un approvisionnement abondant. Tous les pourvoyeurs, venus des terres des Sangio apportent légumes frais, volailles, gibier et sacs de farine. Lucio s’improvise de ces gens-là et pénètre dans le palais. Fuyant les intendants, il s’engouffre dans le palais à la recherche des dépendances réservées à la famille la plus proche, mais le palais est un vrai labyrinthe. Dans un long couloir aux innombrables portes, plusieurs servantes se chargent de changer le linge chambre après chambre. Lucio fait jouer son charme naturel pour se faire guider jusqu’à la pièce où s’est retranché Matteo Sangio depuis la veille, faisant les cent pas. Après un rapide baiser à la servante, Lucio, se chargeant de tout son culot, pousse la porte et entre dans la pièce. Le luxe est présent partout : portraits de familles, sculptures raffinées et mobilier marqueté. Matteo est à contre-jour. Il reconnait Lucio comme le compagnon de Lysia Andres, la veille à l’opéra, et le prend pour un messager de la patricienne venu le blâmer pour la situation de la veille. Lucio essaie de se rapprocher de Matteo, jouant la connivence.

« Que dit votre cœur monseigneur…
- Vous êtes bien impudent. Je tolère que Lysia Andres vous envoie comme messager, mais vous n’êtes ni de notre sang, ni de notre rang. Je n’accepte pas de répondre à ces questions tout à fait déplacées dans la bouche d’un laquais.
- Je conçois vous avoir offensé ; mais je suis particulièrement touché par les enjeux qui vous lient à la victime… »

Lucio joue carte sur table et lui parle de la disparition de Telenaïs. Matteo reconnait des intérêts communs mais, particulièrement méfiant vis-à-vis de Lucio, qu’il prend pour un intriguant, se demande ce que le spadassin compte tirer de lui. Après quelques secondes longues et lourdes, il reconnait avoir engagé les Compagnons de la roche, mais que ceux-ci n’ont pas été à même d’enlever Telenaïs pour la protéger et se sont désengagés précipitamment. Il termine sur des promesses de soutien si Lucio et les siens protègent la jeune fille. Lucio disparait sur une révérence.

*

Vittoria, quant à elle, s’est ruée chez son père. Prenant à part le valet de son père, elle le supplie de faire attendre son frère lorsqu’il sera revenu. Il finit par arriver, au moment où Vittoria ne l’attendait plus. Livio a perdu de sa superbe. Il serre sa sœur dans ses bras. Vittoria, lugubre, le questionne immédiatement sur ses activités présentes. Livio, décontenancé, insiste pour aller au chevet de son père. La peste tente immédiatement le chantage :

« - Je pense que tu as quelques minutes à l’accorder pour m’expliquer tout ça. Parce que je ne suis pas sûr que père aimerait que les derniers mots qu’il entendra jamais concernent ce que tu as fait lors du duel de Portelli.
Il blêmit.
- pourquoi ce chantage ? Que veux-tu savoir. »

Malgré un plaidoyer de Livio la suppliant de le laisser aller au chevet de son père, Vittoria ne lâche rien et son frère lui avoue que, selon ses informations, Telenaïs est partie avec un prétendant durant la nuit précédente. Elle se rendrait à Chieso pour se marier dans la grande église d’Aphrodite qui fait la fierté de cette petite ville.
Ils finissent par parvenir à la porte du bureau de leur père. Vittoria tente de garder son sérieux. Personne dans la chambre. Livio est furieux mais ne dit rien. Il part en direction du bureau où la voix paternelle propose d’entrer alors que Vittoria a du mal à se retenir. Ils entrent. Livio n’est pas surpris et pousse sa sœur à l’intérieur de la pièce.
- Mes deux enfants en même temps dans la maison ? Vous devez avoir beaucoup d’argent à me demander.
- Non père, c’est une initiative de Vittoria qui vent favoriser les réunions de famille. Ta fille, figure-toi, me fait du chantage et essaie de m’extorquer des informations sur ma mission en cours alors même que j’ai engagé ma parole
- Ta parole, on sait ce qu’elle vaut Livio… murmure Vittoria
- Ce que dit ton frère est vrai Vittoria ? Il va falloir t’expliquer… »
Livio est déjà parti, laissant Vittoria se débrouiller de ses explications.

*

A 10h30 à la piazza Doria, Luccio est absolument seul…

Andrea profite de sa présence à la Porte Mineure pour aller interroger Marcella, la gironde tenancière d’un établissement étroit qui a les faveurs des noctambules. Des commerçants déjà satisfaits de leur matinée profitent déjà d’un verre de bière. Andrea entame les flagorneries et autres séductions, de la mousse plein la bouche. Il n’a plus rien dans sa bourse et Marcella ne semble pas sensible à la petite monnaie. Andrea n’a pas dit son dernier mot :

« Garçon, ce n’est pas avec trois piécettes que tu vas me faire parler. Tu as autre chose à me proposer ?
- Oui.. j’ai un très bon ami, qui est friand de jolies femmes comme toi..
- C’est vrai ?
- Ouais.. et je pourrais, si tu l’acceptes, t’arranger un rendez-vous. Il est très beau… très très beau.
Elle éclate de rire.
- C’est un spadassin réputé. Il s’appelle Lucio Zigarelli !
- … Tu parles du fils d’Orsina ? Celui qui a changé de nom de famille pour ne pas qu’on sache qu’il est le fils d’une maquerelle ? Mais je le connais très bien depuis qu’il est tout petit, pas besoin de me présenter.
- Mais je peux t’arranger une soirée.
Elle éclate de rire.
- Continue à me parler mon mignon, flatte-moi encore, mais ne me propose pas ce genre de choses.
- C’est pourtant un très bon parti… »

Toute à sa bonne humeur, elle se décide à parler et donne la description des compagnons de la roche : un grand guerrier nomade, un garçon de bonne famille un peu coincé et une jeune fille brune qui lâchait des bordées d’injures. Ils ont demandé si un garçon et une fille de bonne famille étaient passés par ici. Je leur ai dit que oui, une jeune fille voilée et un godelureau tremblant de tous ses membres ont passé une heure dans son établissement en attendant l’ouverture des portes. Marcella pense que le couple s’enfuit pour se marier « c’est évident ! ». Andrea se dépêche de revenir vers la Plaza Doria

*

« - Vittoria, puis-je savoir pourquoi toi et ton frère forcez ainsi la porte de mon bureau ?
- Père, bous vous croyions mourant…
- Je ne paye pas une fortune en apothicaires pour être mourant Vittoria. Au regard des sommes que je leur donne, je devrais être immortel !
- Mais un accident est si vite arrivé ?
- Les accidents n’arrivent qu’aux faibles et aux femmes…»
Quelques longues minutes passent avant que Vittoria ne lâche le morceau. Cette fois-ci, c’est le père qui se retient de rire. Trouvant l’histoire bonne, il lui offre une belle pièce d’or pour le divertissement avant de la laisser partir. Alors qu’elle ferme la porte, elle entend le magistrat rire à pleine gorge.
Sautant sur son cheval, Vittoria court rejoindre ses camarades… mais Livio a tranché la sangle ventrale du harnachement et la jeune fille termine les quatre fers en l’air à l’entrée de la pizza Doria.

*

Après s'être raconté leurs péripéties respectives, les membres de la Spada Rossa décident de partir pour Chieso afin de rattraper les jeunes gens en fuite… avec plus d’une demi-journée de retard. Partageant deux chevaux à trois, toujours sans nouvelles de Ciro, ils font claquer les rennes contre les flancs de leurs chevaux alors qu’Andrea récite une poésie de circonstance, passent le poste de diligence sans s’arrêter et s’engagent sur la route qui longe le fameux Bois aux Papillons de sombre réputation, qui s’étend entre Bracce et Chieso.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Snorri
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2630
Inscription : lun. oct. 06, 2008 4:31 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Snorri »

La suite ! La suite !
Editions Hobg | Livres & jeux de rôle -
Ils vont nous tuer. 1994. Le témoignage d'une rescapée du génocide au Rwanda. est disponible en prévente.
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Suite et fin de l'Escapade de Telenaïs. La version intégrale est sur La Partie du Lundi avec les commentaires et un lien vers la video youtube de la session.
PS: j'ai placé un Dramatis Personae dans le premier post pour situer les nombreux personnages!

Rodomontades et bains de boue.
La chevauchée est longue et le manque de chevaux n’arrange pas le retard des compagnons, encore à plusieurs jours de Chieso. La campagne du consulat est assez florissante en ce début de printemps. Les cerisiers sont en fleur et les terres, fertiles promettent une belle récolte à venir. Seul, à l’ouest, le bois aux papillons jette une ombre inquiétante sur la contrée. On dit que sous ses frondaisons restent encore quelques-uns des monstres qui ont mis la contrée à feu et à sang il y a trente ans ; et que des esprits maléfiques se cachent dans les plus épaisses futaies.

Une paire d’heure après, l’équipe s’arrête dans un petit village en quête d’un cheval à acheter. Vittoria fait sauter s pièce d’or toute neuve dans sa main. Le village bourdonne littéralement d’activité, à en croire le bruit persistant qui encombre les esgourdes des cavaliers. Toute la population est rassemblée sur la place, autour d’une fontaine rudimentaire, perdue en palabres. Ils cherchent le relais, mais personne ne s’y trouve. Lucio, intrigué, rejoint la populace, qui s’est retournée à leur arrivée : une bonne centaine de personnes fixent les personnages du regard.

« - Hé, que se passe-t-il ici ? lance Andrea
- … rien pourquoi ?
- Une procession, une cérémonie ?
Le paysan toise Andrea. Son regard s’arrête sur l’épée qui pend à son côté.
- Laissez tomber. Vous voulez un cheval ? prenez un cheval. Allez le choisir ; ils sont dans cette étable. »
Il montre une vieille grange un peu éloignée du village. « Il y a un truc louche », se dit Lucio alors qu’ils s’approchent de l’étable, suivis par tout le village. Le bâtiment semble bouger alors que le bourdonnement s’amplifie. Les planches craquent.
« Compagnons, je crois que l’on vient de nous embaucher pour chasser une bête, constate Lucio.
- Pitié, ne partez pas, ne partez pas messeigneurs ! Personne n’a voulu nous aider… »
Il s’accroche à la basque de Lucio
- Nous ne sommes pas à même de nous débarrasser de ce qu’il y a dans cette grange…
- Nous sommes vos hommes clame Lucio. Vittoria et Andrea sont plus circonspects
- Et qu’y a-t-il de si terrible dans cette grange
- Oh, juste un nid de guêpes
- La Spada Rossa va terrasser cette bête terrible clame encore Lucio
- Ce n’est pas une bête, c’est un nid de guêpes, rétorque Andrea. Je te laisse faire, puisque tu es un spécialiste en guêpes. »
Et nos héros s’avancent fièrement vers la grange aux guêpes.

Plus ils avancent, et plus la situation leur apparait dans tout son potentiel foireux. La grange grince et on entend parfois des claquements, comme si des billes de plomb frappaient à pleine force les planches disjointes du bâtiment. Se retournant une dernière fois vers les paysans, Andrea constate leurs mines penaudes, et surtout les nombreuses bosselures ornant leur visage, comme autant de piqures de guêpes… piqures particulièrement gonflées et bleutées.
Andrea dégaine son épée et propose doucement à ses compagnons à retraiter. Trop tard, le nom de l’école prononcé à voix haute, c’est désormais une question d’honneur.

Excédé par les précautions de Lucio, Andrea finit par mettre un grand coup de pied dans la porte de la grange. Un vrombissement énorme s’extrait de l’ouverture noire. Des centaines de guêpes grosses comme un pouce humain se précipitent à l’extérieur pour défendre leur nid. La tempête se déchaine. Tout le monde court se mettre à l’abri. Vittoria s’enroule dans une vieille toile pendant que Lucio et Andrea ont la course pour se jeter dans la fontaine. Lucio est pris de court et n’y parvient pas ; la place n’étant pas assez grande pour deux. Un combat s’engage dans la boue alors que les guêpes tourbillonnent autour du bassin et piquent tout ce qui dépasse de l’eau boueuse. Les habitants terrifiés se calfeutrent comme ils peuvent. Les guêpes se vengent sur les animaux. Le bétail se met à pousser des cris, les chevaux s’enfuient. Un chien hurle à la mort.
Vittoria se fignole un costume d’apiculteur improvisé avec sa vieille bâche. Elle avance avec un brandon enflammé, mais les guêpes se pressent de plus en plus autour d’elles, la cognant violemment, bourdonnant à ses oreilles. Vittoria tombe au sol, lâchant sa braise. Andrea, débarrassé de Lucio, se précipite à la rescousse de son amie. Lucio lui se propulse sous une charrette de lisier, tentant d’y mettre le feu sans y parvenir, avec son briquet trempé. Andrea parvient à tirer Vittoria hors de tumulte. Le brandon enflammé se propage en flammèche le long des dernières brassées de paille mises au sec dans la grange…

Deux heures plus tard, le ballet douloureux des guêpes s’est calmé. La grange brûle en une flambée joyeuse, envoyant ses étincelles sur tout le village. Nos amis se sont retranchés dans une baraque, trouvant dans le calme retrouvé la place de se quereller à nouveau. Le bras de Lucio a doublé de volume, et ses vêtements, comme ceux d’Andrea, ne sont plus que loques trempées. Les villageois réfugiés dans la même maison se sont mis à pleurer devant ce désastre. Lucio, excédé par les disputes, se résigne à sortir. Les guêpes ont disparu… leurs chevaux aussi, qui baguenaudent alentours, heureusement sains et saufs. Les villageois, hagards, sortent à leur tour de leurs maisons.
« Grâce à nous votre village est sauf, braves gens ! Viva la Spada Rossa », crie Andrea avant qu’ils lancent leurs chevaux au galop. Dans les champs alentours, alors qu’ils reprennent la route de Chieso, les cadavres nombreux du bétail. Le cheptel du petit village a été massacré. Pendant quelques heures, nos héros ne font pas les fiers.

« Quelle catastrophe as-tu provoquée Lucio ? » murmure Andréa. Vittoria ne l’écoute pas, elle n’est que douleur, toute contusionnée qu’elle est par l’assaut des guêpes.


Soirée entre amis au coin du feu
La nuit tombante, LA spada Rossa s’installe au bord d’un ruisseau, non loin des bois. L’occasion pour Lucio et Andrea de faire un brin de toilette. Mais à peine le repas pris, des bruits se font entendre et deux silhouettes fatiguées font irruption par la rivière. Salto et Torrino, les vêtements lacérés, l’air épuisé, entrent dans le campement de fortune. Les Lames d’argent ne semblent pas avoir eu plus de chance que nos amis. Trempés, frigorifiés, ils s’installent en faisant mystère sur ce qui leur est arrivés, à eux et à leurs compagnons. Le regard de Salto fuit Vittoria.

« Veuillez excuser notre état, dit Andrea, mais nous avons été attaqués par des brigands… une vingtaine au moins..
- Des brigands… oui, il y en a dans cette région, que je pensais calme, répond Salto. Mais nous avons affronté pire : une bande de gnolls sortis du bois aux papillons… une vingtaine, plus leur chef : un troll avec des yeux de braise.
- Et vous en êtes venus à bout ?
- Évidemment
- Comme nous de nos brigands. Ils étaient vingt, et fortement armés…
- Nous avons failli y perdre notre dignité…
- Alors que nous, dit Victoria, pas du tout ! »
Néanmoins, les effluves émanant des nouveaux venus sentent plus le mauvais patchouli de bordel que la sueur des hommes-bêtes.

« - De notre côté, ce n’étaient pas une vingtaine de brigands, tente Lucio. Ils n’étaient pas une vingtaine… ce n’étaient pas des brigands du tout.
- QUOI ? Que racontes-tu Lucio, lance Andrea surpris.. et un peu trahi. Hein Vittoria, ils étaient une dizaine ?.. une vingtaine ? C’est pareil.
- C’était pathétique… et vous, que vous est-il vraiment arrivé ? »
Salto ne dit rien, mais il lance un regard compréhensif. Il finit par porter un toast à ceux qui sont restés en ville : Cyro et Dario.
La discussion change, mais Lucio continue de flairer Salto.
« Dis-moi, ton gnoll aux yeux de braise, il avait pas un décolleté pigeonnant par hasard ? »
Salto se met à table et avoue que Torino et lui se sont laissés emporter. Il raconte sa rencontre torride avec quelques naïades, esprits de la forêt plus agressives que prévu et qui ont essayé de les tuer une fois l’acte consommé. Ils ont passé toute la fin de journée à les fuir. Il scrute les buissons alentours avec une certaine angoisse. Une appréhension sourde naît quant au sort de Telenaïs.

Des tours de garde s’organisent, les deux bandes d’aventuriers ne se faisant pas confiance mutuellement.
Vittoria, profitant de la nuit, fiche une peur bleue à Salto en se faisant passer pour une Naïade revancharde. Salto Hurle de terreur avant de se rendre compte de la supercherie. Tout le monde se recouche, sauf Salto et Lucio, qui reprennent la garde et discutent doucement. Salto avoue qu’il sait où est passé Ciro. Il raconte enfin qu’ils ont tenté d’empêcher leur sortie de la ville en laissant Dario Leroux, un membre de leur troupe, corrompre certains gardes. Ciro l’en a empêché en provoquant un esclandre à la Porte Majeure. Les deux hommes ont été arrêtés par la garde et collés en prison pour quelques jours. Salto finit par se rendormir en jurant de ne pas s’enfuir avec les chevaux…

Le matin vient qui trouve les aventuriers échevelés. La rancœur d’Andrea vis-à-vis de Lucio, suite à l’épisode des guêpes n’est pas tout à fait passé lorsque La Spada Rossa remonte à cheval et abandonne les lames d’argent. Torino et Salto accompagnent leur départ de vivats et agitent leurs couvre-chefs jusqu’à ce que les trois spadassins soient sortis de leur vue.


Deux rencontres sur le chemin de Chieso
La journée est belle et alors que le bois aux Papillons se fait plus distant, l’atmosphère se relâche un peu et la joie revient un peu aux aventuriers, malgré les douleurs persistantes de Vittoria.

Au soir, alors qu’ils poussent la porte d’une auberge chaleureuse au cœur d’un petit village, ils découvrent Livio, le frère de Vittoria attablé devant un plat en sauce et une chope de bière. Vittoria s’esquive immédiatement pour couper la sangle ventrale du cheval de son frère… Manque de chance, son harnachement lui a été ôté pour la nuit. Elle trafique quand même les sangles de celui-ci.
Lucio et Andrea s’attablent devant Livio, qui les salue vaguement, sans les remettre. Ils s’assoient à sa table et les présentations se font dans les formes. Il ne peut s’empêcher de les tancer… L’histoire des brigands est racontée avec de nouveaux raffinements. Le sort des Lames d’Argent est évoqué avec une sincère inquiétude de sa part. Vittoria entre à ce moment et la conversation s’envenime quelque peu ; même s’il reconnait que le stratagème de sa sœur était amusant. Il offre une tournée à la santé des Lames d’Argent.

« Et nous boirons ensuite à la Spada Rossa : après tout, c’est derrière les lames d’argent qu’est sa place. » Les rodomontades recommencent et Livio jauge leurs intentions en tançant les bretteurs fatigués. Andrea ne peut s’empêcher de relever les liens familiaux entre Livio et Vittoria. Mais personne ne tire l’épée pour défendre un honneur légèrement mis à mal. De cette conversation qui tarde à finir naît chez Lucio une crainte sourde quant à l’avance des autres Compagnons de la roche. Décision est prise de partir au milieu de la nuit.

Au matin, après quelques heures de route durant lesquels Andrea ressasse ses souvenirs de la Guerre contre les nomades, lorsqu’il est venu par ici la dernière fois, nos amis tombent sur une troupe nombreuse dirigée par un prévôt butté. Il faut toute la stature d’Andrea, en tant qu’ancien du régiment Bocanegra, très respecté, pour qu’on les laisse passer. Andrea négocie aussi l’arrestation de Livio en le disant dangereux.
Dernière modification par Ozen le sam. févr. 27, 2016 1:17 pm, modifié 1 fois.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

« Qui suis-je pour lutter contre l’amour ? »
Chieso est une bourgade bien plus modeste que Bracce. Bâtie sur une colline en pente douce au pied de laquelle coule une grosse rivière paresseuse, il reste chez elle un charme campagnard que ne viennent contredire que les tours et clochetons du prieuré d’Apollon et les flèches de l’église d’Aphrodite. Les ouvrages défensifs ont été envahis par le lierre et les fleurs blanches du liseron, et les soldats semblent plus alléchés par les denrées des marchands et les étals de pâtisserie au miel que concentrés sur la détection d’éventuelles menaces.

Nos compagnons décident de se séparer pour couvrir plus rapidement la ville. Lucio prend le chemin longeant les remparts, Andrea celui menant à la piazza où se dresse l’église d’Aphrodite, et Vittoria la rue escarpée menant au sanctuaire d’Apollon.

Alors qu’Andrea parvient au prieuré, une jeune femme brune, qui était assise sous une tonnelle couverte d’une glycine pas encore en fleur, se redresse, portant la main à son épée, et jurant « Par les couilles d’Apollon » alors qu’elle aperçoit l’ancien sergent des Bocanegra. Lucio, parvenu à la place par son chemin propre, surprend son manège… ainsi que celui d’une deuxième femme, blonde et plus distinguée, qui, à la terrasse d’une autre taverne, a remarqué le manège de la brunette, pas vraiment discrète. C’est la quatrième Lame d’Argent.

*

Vittoria, remontant quant à elle son chemin, parvient à la même place par un chemin plus long. Au bout de la place, surveillant aussi discrètement qu’il peut l’entrée du sanctuaire d’Aphrodite, un grand homme aux traits barbares portant une lame courbe. C’est Elzio Gülad, le chef des Compagnons de la roche.

*

Andrea s’avance, déterminé, vers le prieuré. La brunette vulgaire s’avance derrière lui parmi les quelques étals encore sur la place. Lucio brise une amphore à coup de pierre pour tenter de prévenir Andrea sans se dévoiler. Mais ses blessures nuisent à sa précision.

« Estiladra, enfant de putain, c’est bien toi ? rugit la brunette, à une dizaine de pas d’Andrea »
Se retournant, Andrea n’arrive pas tout à fait à remettre la jeune femme qui ouvre les bras en s’approchant. C’est à trois pas seulement qu’il remet Lina Tabora, et la reconnaît comme une des Compagnons de la roche. Il mime la satisfaction… jusqu’à ce que la brunette tente de lui mettre un coup de genou dans les testicules. Déstabilisé, le vétéran esquive de justesse le coup.
« Hé ma belles, c’est fragile, fais attention
- C’est bien pour ça que j’y tape. Et maintenant en garde ! La prime est à moi et Telenaïs aux compagnons de la roche. » Et elle tire sa lame.

*

La foule se met à couvert, mais tous sont attentifs. La femme blonde, suivie par Lucio, en profite pour se rapprocher de l’église.

*

« Un duel, un duel ! » crie-t-on dans les rues. Elzio se précipite avec Vittoria à ses trousses.

Lina n’est pas vraiment fair-play et place une botte d’entrée de jeu, qu’Andrea pare de justesse grâce à son poignard. Tirant aussi l’épée, les passes s’enchainent, le vétéran essayant de désarmer la donzelle, mais celle-ci tient l’échange et lacère un peu plus les habits de son adversaire, désormais le flanc à l’air.

*

Elzio court rejoindre son amie, mais Vittoria le distrait le temps qu’Andrea repère le colosse à lame recourbée.
« Deux contre un ? Enfin nous sommes à égalité ! »
Usant de son sens tactique Andrea feinte la jeune fille avant de se jeter sur le colosse pendant que Vittoria réalise l’inverse et se jette sur la fille. Les bretteurs de la Spada Rossa, pourtant une école à la loyale, savent s’adapter à la situation. Andrea coupe le souffle d’Elzio d’un magistral coup de pied dans le ventre. Vittoria esquive pour Dario un estoc rageur de Lina avant de faire voler son épée dans la fontaine.
« Ca va pas se passer comme ça salope » éructe-t-elle avant de se jeter sur Vittoria en essayant de la plaquer à terre.

*

Deux jeunes gens, dont une jeune fille ressemblant à Telenaïs sortent prudemment de sous un porche et sprintent en direction de l’Eglise. La Lame d’argent fonce vers eux, toujours suivie de Lucio.
Interceptant les deux fuyards, la blonde pose sa lame sur la poitrine du tout jeune homme, qui tremble de tous ses membres. Telenaïs demande pitié à l’aventurière, qui reste inflexible : elle est là pour la récupérer des mains de celui qui l’a enlevée. « Il ne m’a pas enlevé, il ne m’a pas enlevé » supplie-t-elle alors qu’à quelques mètres à peine, la mêlée fait rage. Lucio sort de sa cachette et s’avance vers le petit groupe.

Vittoria esquive la furie, usant de son épée pour la narguer. Son adversaire enchaine les coups de poing sans parvenir à la frapper. Andrea a moins de chance : essayant de coucher Elzio d’un coup de genou à la figure, il se laisse attraper la jambe qui craque sous la poigne du capitaine nomade. Une douleur terrible envahit la jambe du vétéran. Vittoria récupère l’arme de son adversaire et l’envoie voler à l’autre bout de la place en la narguant. Lina, furieuse, court récupérer son arme en lançant une nouvelle bordée de jurons.

Lucio intervient « J’aimerais bien savoir, moi aussi le fin mot de l’histoire ». L’aventurière est déstabilisée, le godelureau sort partiellement sa lame et se jette sur elle, en la déstabilisant plus qu’en la menaçant vraiment. « Cours Telenaïs, va te mettre en sécurité dans l’église ». La jeune fille s’enfuit. Lucio essaie de la rattraper avant qu’elle franchisse la porte. A un pas du seuil, Lucio ceinture la disparue et la soulève du sol.

« Jeune demoiselle, j’ai beaucoup d’affection pour votre mère. Dites-moi votre version de l’histoire, et faites vite !
- C’est un mariage d’amour, il n’y a rien d’autre à dire pour l’instant. Laissez-moi entrer dans ce sanctuaire. Pour l’amour de ma mère et par votre honneur de gentilhomme, laissez-moi entrer dans ce sanctuaire !
- Quel promis ? »
Le gamin, toujours collé à la Lame d’argent, reçoit un grand coup de garde d’épée en travers de la figure. Des dents craquent.
- C’est celui-là ?
Elle a un mouvement de tête affirmatif
- Qui suis-je pour lutter contre l’amour. Va donc, vole, je vais tâcher de te ramener ton promis.

Elzio décide de se débarrasser d’Andrea pour récupérer Telenaïs. Andrea et Vittoria tentent de l’intercepter. Andrea ne parvient pas à lui planter a lame dans la jambe, mais Vittoria, jouant un numéro de comédie à sa manière, se jette dans ses jambes en criant pitié. Elzio ne sait que faire, empêtré qu’il est de cette peste. Andrea tente de lui cogner la tête, mais sa main s’écrase contre le plastron. Un air méchant se peint sur la figure du nomade.

Le promis de Telenaïs lutte encore vaguement, très maladroitement. La lame d’argent est très gênée : elle essaie de neutraliser le garçon sans le tuer, mais celui-ci passe son temps à se jeter sur son épée tant in n’est pas habile. Lucio profite du statu quo pour intervenir et tente de ceinturer l’aventurière. Mais la femme blonde n’est pas Tenelaïs et se débat violemment. Lucio et elle tombent au sol, se brisant le dos contre les marches du parvis.
« File gamin »
Ne demandant pas son reste, le gamin file et parvient à pénétrer à son tour dans l’église.


Gloire, honneur et menue monnaie
La mise en sécurité du gamin semble arrêter tout le monde. Elzio lève les mains en signe d’apaisement. La menace a quitté ses traits. Andrea sautille en se tenant la main. Vittoria se suspend à son bras « Vous ne voulez pas m’accompagner au temple d’Aphrodite ? » Gêné, il se débarrasse de la jeune fille et tend un mouchoir à Andrea en s’excusant de la dureté de son plastron. Les présentations sont faites en bonne et due forme. Coincés par la présence des jeunes gens qu’ils recherchent dans un endroit consacré pendant au moins une paire d’heures, tous les aventuriers décident d’aller boire un verre à la taverne aux glycines…

Désormais attablés, les aventuriers échangent les raisons de leur présence ; les Compagnons de la roche n’ayant pas entendu parler de la Spada Rossa, Lucio et Andrea fournissent des éclaircissements. Andrea propose de partager la récompense en trois, mais personne n’est d’accord, car la gloire d’avoir réussi, elle, n’est pas partageable. La Lame d’argent propose, en l’honneur de l’histoire de la Spada Rossa, et en raison de ses difficultés présentes, de retirer sa troupe de cette mission en échange d’un service ultérieur. Une dette de plus, mais une dette d’honneur…
Elzio se range à l’avis de la blonde, refusant de se comporter moins honorablement que les Lames d’Argent, et propose la même chose de la part des Compagnons de la roche. La supériorité numérique de la Spada Rossa et les blessures de chacun n’ont bien entendu rien à voir avec cette concession, tout à l’honneur des deux groupes. L’accord est scellé par un verre de vin.

Quelques heures plus tard, les eux jeunes gens ressortent mariés et heureux, malgré les commotions du jeune homme. Les aventuriers se dirigent vers eux. Leur air apeuré s’efface devant les vœux de bonheur de Lucio. Tous les autres aventuriers présentent aussi leurs félicitations.

Tout le monde décide de repartir à Bracce ensemble afin d’escorter le nouveau couple. En chemin, ils retrouvent Salto et Torino, festoyant ivres dans une auberge, très heureux de voir la joyeuse compagnie. Ils se joignent à eux pour le retour. Livio, en revanche, sera introuvable… et pour cause, il passe un mauvais séjour dans une geôle de Chieso. Trois jours plus tard, la compagnie est de retour à Bracce.

La Spada rossa s’est attablée à l’auberge de Gugliemo pendant que Lucio ramène Telenaïs et son mari tout neuf à Lysia Andres, cette fois-ci en passant par la porte. Telenaïs se jette dans les bras de sa mère circonspecte.

*

« Alors Lucio ?
- Ce ne fut pas une tache aisée, mais voici votre fille. Elle ets saine et sauve et il n’y a désormais plus aucun risque que Sanella Baldo la prenne pour une rivale.
Derrière la porte, le jeune époux tremble de tous ses membres
- Bien. Et comment as-tu fait le nécessaire ? demande Lysia.
Il fait un signe de tête à la jeune fille.
- Mère, je dois vous présenter quelqu’un…
Et filant à la porte, elle ramène son époux.
Lysa a un temps d’arrêt :
- Mais ce n’est pas Matteo Sangio ! … Et comment t’appelles-tu garçon ?
Un sourire couve sous son air sévère. Le garçon se présente
- Un mariage d’amour, soit. Ce ne peut pas être mauvais pour la famille… Allez donc jouir des fruits nouveaux de votre union. Laissez-nous, Lucio et moi.
Telenaïs s’enfuit en prenant son mari par la main, reconnaissante.
- Y avait-il moyen que tu l’arrêtes avant qu’elle épouse ce presqu’enfant ?
Lucio a un plissement de paupières :
- Qui suis-je pour m’opposer à l’amour ?
- Tu m’as rapporté ma fille. Tu mérites ta considération, la réputation de ton école et mon argent aussi. Allez, va rejoindre tes compagnons avec cette bourse, et reviens me voir ce soir… sans passer par la fenêtre. »
Lucio s’esquive sur un baisemain
« Et lave-toi avant de revenir ! » entend-t-il tout de même avant de disparaitre

*

Pass est sorti de prison, pestant de ne pas être de l’aventure. S’en retournant à leur salle d’entrainement, ils trouvent Rizzi, extrêmement surpris de leur retour. Il prélève quelques pièces dans la bourse et laisse la plus grande part de l’or à ses élèves.
« Allez boire cet or dans toutes les tavernes, et racontez bien haut cette histoire ! Faites la réputation de la Spada Rossa. »
« Je sais ce que je vais faire cet or, dit Lucio. Je suis bien content d’avoir survécu à cette aventure sans avoir eu à en faire usage… » Il tire alors sa lame du fourreau et tous peuvent voir qu’elle a été brisée.
Les quatre compagnons, attentifs aux commandements de leur maître, filent dépenser leur or en libations et vantardises aux quatre coins de Bracce.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Mon ressenti:

C'était super. Pas grand chose à rajouter tant le scénario a été joyeux à accomplir. Le système de résolution fonctionne bien, sans bruit, à l'arrière, et apporte son lot de péripéties, la base scénaristique écrite est riche, propice à l'improvisation sans être vraiment dirigiste. Mon seul regret finalement aura été de ne pas proposer toutes les épreuves (il y en a 6 dans le recueil) de la route aux personnages, et de me cantonner aux guêpes et au prévôt pointilleux. L'une entre autres, totalement surréaliste et impliquant un chat et un arbre qui parlent, me faisait très envie, mais je n'ai pas eu le temps ni les moyens de la mettre en scène...

La fraternité entre bandes d'aventuriers est un des trucs qui m'a le plus plus à la lecture du Consulat. Il était important de faire ressortir cet aspect. D'où le comportement des Lames d'Argent et la résolution finale. Et je dois avouer que ce contexte de compétition codifié et souvent amical est particulièrement agréable à jouer: on change de registre en permanence, passant de la menace à la fraternité, du drame à la comédie. C'est vraiment l'un des éléments les plus importants pour réussir à rendre toute la saveur des scénarios et de ce monde. C’est vraiment bien pensé et intégré dans la rédaction des scénarios. Bravo encore Snorri, j'aurai réussi à faire de manière satisfaisante, grâce au support, un truc qui me faisait envie mais que je n'arrivais que partiellement à rendre jusqu'alors.

Du coup, hâte de revenir prochainement sur les terres du Consulat pour faire jouer la même équipe. La Spada Rossa possède bien des membres encore inconnus!
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Retour dans le Dodecaedre, et plus précisément au Consulat pour un one-shot qui s'est un peu étendu et qui demandera encore deux sessions pour se terminer... le petit scénario de ma composition s'est étendu, ce qui vous allez lire ici devait en être l'introduction, mais on s'est étalés.
Le compte-rendu accompagné de commentaires est trouvable sur La Partie du Lundi


De la visite d’un noble dispendieux à la belle société de Bracce

Tirso de Sagliavocra

Trois mois se sont écoulés depuis que les compagnons de la Spada Rossa ont rendu à sa mère la jeune Tenelaïs Andrès, et la bourse que la patricienne leur avait offerte est désormais bien vide. Vide à tel point que le maître Erardo Rizzi s’en est allé frapper à la porte de la famille Baldo, le mécène traditionnel de l’école, pour en tirer quelques bien maigres subsides.

Quelques semaines après, la Spada Rossa connaît la visite de Sanella Baldo, fille aînée de la famille et sans doute l’une des plus fines lames de Bracce. La Famille Baldo a une mission pour la vieille école d’escrime dont elle s’entiche depuis de bien nombreuses années sans qu’elle ne lui rapporte rien. D’aucun dans la famille s’inquiètent d’un jouvenceau de Svuletti récemment arrivé en ville, Tirso de Sagliavocra, individu dispendieux entrainant une partie de la jeunesse patricienne de libations en libations et tournant d’un peu trop près de certaines des plus jeunes cousines de Sanella. A priori, rien de bien neuf, mais on n’est jamais trop prudent et la tête du jeune homme ne revient pas à Sanella. Et au cas où les intentions du jeune homme ne seraient pas pures, lui faire comprendre qu’il serait plus judicieux de ne pas rester trop longtemps. Maître Rizzi a rapidement fait comprendre à ses élèves qu’il était tout à fait impossible de refuser cette mission quand bien même elle ne répondait pas à leurs aspirations les plus nobles.

Estiladra avait entendu parler du jeune homme, un de ses amis lui parlé du dispendieux client fréquentant le bordel Le Nid des Muses. Il partage ses impressions avec Ciro Passeri et Vittoria Scorta à l’auberge du Sanglier Borgne. Le patron, Ziegler est un de ses anciens soldats et fait crédit à la petite équipe depuis quelque temps. D’aucun s’étonnent de l’absence de Lucio Zigarelli, qui serait parfait pour ce genre de mission dans les bordels, mais le bougre est introuvable depuis quelques semaines, tout occupé qu’il est à lutiner Lysia Andres. Ciro propose une méthode rapide et expéditive de se débarrasser de la corvée.


« Après tout, ça peut pas toujours aller mal ? »

Le jouvenceau habite un bel appartement donnant sur la place de l’Opéra, mais les spadassins pensent plutôt à le cueillir au saut du lit, au bordel, ou dans un autre lieu de plaisance. Fomentant leur plan, les jeunes gens sont rejoints par Aurelio, le chevalier Puceau – accompagné par une odeur pestilentielle de baumes médicinaux – qui leur fait la morale sur leur inactivité et les méprisant, comme à son habitude. Avec morgue, il annonce qu’il a croisé ce Tirso de Sagliavocra à la salle d’escrime de l’Astragale, où il sera encore le lendemain, dans l’après-midi, quand les gens y viennent plus pour discuter que pour se battre. Ciro, impassible lui annonce que la petite bande le savait déjà… Aurelio, désarmé par la remarque mensongère, est déstabilisé. Il accepte de les laisser exploiter cette piste. En échange, Andrea lui propose d’aller voir au Nid des Muses qu’il présente comme un cénacle de beaux esprits. « Là-bas les langues se délient ». Tout le monde se sépare satisfait…


A l’Astragale
Il fait extrêmement chaud, début août à Bracce. Le soleil tape à plein lorsque les bretteurs pénètrent dans l’hôtel de l’Astragale, non loin des portes de la ville. La salle est aussi miteuse que celle de la Spada Rossa, mais bien plus fréquentée. Une trentaine de personnes échange des passes pendant que d’autres échangent en buvant de la bière et en prenant discrètement des paris sur les combattants. On y trouve une faune bigarrée, nobles, marchands et même quelques-unes de ces nomades de l’est, ou des gens avec du sang d’orc. Et beaucoup de ceux qui traînent de ci et de là, correspondent à la description que leur a donné Sanella – Un petit homme brun au nez brusqué… Sanella n’est pas très physionomiste. Ciro tente d’approcher quelqu’un, un petit homme très intéressé par les combats à qui il offre une bière. Conversation s’engage et rapidement, les deux hommes se trouvent un lien commun dans l’île de Bruigh [Jet pour que l’homme aide à repérer Tirso, résultat : Non mais. L’homme ne répond pas à la question, mais il sympathise]. L’homme, Jacinto, y a vécu avec une femme quelques années auparavant. Son regard tombe dans sa bière, mélancolique. Puis la conversation dérive sur les duels et l’homme commence à évoquer la possibilité d’un pari sur un duel. Il propose à Ciro de provoquer en duel trois gentilshommes se pavanant au premier rang. Lui misera sur la victoire de la Spada Rossa (une école inconnue !) et lui redonnera une part de la somme. Ciro jette un œil dans la direction des gentilshommes. Parmi eux, un individu au nez brusqué, petit, le cheveu noir est occupé à rire avec Ellana des Essarts, l’une des camarades d’école de nos spadassins.



Fils de Puterelles et gentilshommes
Ciro accepte le pari et propose à ses compagnons de se joindre à lui. Des nobliaux, seuls deux acceptent le défi : Sirino Baldo et Giacchino Lauro. Le jeune homme au nez brusqué reste sur son banc… sous la protection d’Ellana qui jette à ses compagnons un regard noir.
Andrea provoque le jouvenceau:
- J’aimerais combattre un adversaire venant de Svuletti. J’ai entendu qu’ils étaient couards et fils de puterelle !

Rumeurs dans la foule, on attend de voir comment l’étranger va réagir à la provocation [Jet de dés avec un bonus pour le joueur d’Andrea : oui].
- Il ne sera pas dit qu’on insulte la ville de Svuletti ici. Il se lève et se place face à Andrea
- Bien, je suis content qu’il y ait ici de cette progéniture de Svuletti.

L’homme ne semble pas bien doué, et son épée est bien trop dorée pour avoir jamais été utilisée en duel. En dessous de sa superbe, le jeune homme tremble dans ses chausses.

Ciro fait face à Sirino Baldo, Vittoria se prépare à affronter Giaccino Lauro. Les bretteurs s’échauffent, les lames battent l’air et s’apprêtent au fracas. Ciro et Vittoria restent sobres lorsqu’ils se mettent en position.
- Une femme contre moi ? C’est trop facile, clame Giaccino.

Sur ces entrefaites, entre Sanella Baldo qui vient s’asseoir sur les gradins. Le jeune homme ravale ses paroles, fait silence et se place en garde face à Vittoria qui lui fait un clin d’œil.

Andrea continue les provocations, ce qui a pour résultat de paralyser encore plus Tirso.

Ciro a du mal contre son adversaire qui adopte la posture défensive de l’école Corrodi, très pratiquée actuellement. Vittoria et son adversaire se scrutent jusqu’à ce que Giaccino lui fasse un signe de la main. La jeune fille entame son jeu habituelle de moqueries à ses adversaires, allant jusqu’à lâcher son épée. Giaccino est totalement décontenancé et ne voit pas les subterfuges de la jeune fille.

Andrea joue avec son adversaire, le faisant s’enfoncer dans l’humiliation. Coups de pieds aux fesses, bousculades et déchirures de vêtements. [Jet avec un double bonus pour le joueur d’Andrea : Oui et. Pour l’intensité dramatique, je reporte l’exposition de la scène jusqu’au dernier moment.]

L’adversaire de Ciro ne bouge pas et attend la faute. [Jet sans malus ni bonus : Non et. L’équipe gagne une aubaine] Echaudé par son adversaire, Ciro devient de plus en plus nerveux, laissant apparaitre des trous dans sa garde. Il se retrouve bientôt coincé contre un mur en fâcheuse position, puis, poursuivi, il tombe sur Vittoria alors que celle-ci venait de récupérer son épée et allait terrasser son adversaire [Conséquence du Non et, je donne à la joueuse de Vitoria un malus pour son jet : Non mais. Elle dépense une aubaine pour transformer le résultat en « Oui mais »]. Déséquilibrée, elle lâche son arme, mais poursuivant sur sa lancée, elle se saisit de celle de son adversaire à pleine main pour la détourner. Vittoria parvient à récupérer son arme, tout en maintenant celle de son adversaire et à le dominer, mais sa main est salement coupée. Le jeune homme abandonne. Ciro, lui, à moins de chance et Sirino Baldo pose sa pointe contre sa pomme d’Adam.

Terminant sa leçon, Andrea finit par acculer Tirso dans un coin de la salle. Il profite d’un échange rapproché pour lui glisser à l’oreille
- Noble de Svuletti, je serais toi, je prendrais mes chausses, et je quitterais cette ville. Suis non conseil.

Et il lâche le jeune homme par terre pour recueillir les applaudissements. Sanella Baldo lui témoigne son estime alors qu’Ellana, dépossédée de son compagnon, crache au sol.

Ciro et son adversaire se congratulent mutuellement et vont prendre un verre ensemble… Giaccino est parti sans demander son reste. Tirso se relève et veut serrer la main d’Andrea, mais celui-ci le remet à sa place en lui battant froid. Il lui rappelle au creux de l’oreille ses menaces. Tirso se retire pendant que les autres trinquent avec Jacinto et Sanella. Ellana lui emboîte le pas tout en maudissant Andrea. Nos amis fraternisent au cul du tonneau avec les Baldo, puis tout le monde rentre se préparer à aller à l’Opéra.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Murmures et fanfreluches
Un peu plus tard dans la soirée, alors que nos amis dégustent un verre sur la terrasse, Tirso rentre avec, à son bras, une très jeune fille qu’il comble d’égards. Les compères ne peuvent pas s’empêcher de comparer les tenues de la demoiselle à celles que Vittoria ne porte pas. La jeune bretteuse prend la mouche et commence à s’énerver alors qu’elle apprend que ses compagnons ont parié sur sa capacité à porter la robe, et si cette inaptitude n’aurait pas conduit Salto di Marenzo à fuir sa compagnie – Il faut dire que les Lames d’argent ont disparu depuis longtemps. Bientôt le ton hausse et la compagnie s’échauffe. Le poète Durante de Aglieri vient s’en mêler dans une belle scène de quiproquo… qui permet à leur cible de discrètement s’absenter.

Quelques heures plus tard, dans un quartier plus sordide que la place de l’opéra, Vittoria pénètre dans le Nid des Muses. Décorations en stuc dorés, tentures rouges, quelques fenêtres ouvertes donnent sur un jardin aromatique. Dans le hall, quelques filles passent en riant. Dans une salle qui sert d’auberge, une douzaine d’individus masqués batifolent ave des filles seulement vêtues de masques et de perruques poudrées. Tirso et ses deux compagnons de débauche fait ruisseler du vin sur le corps d’une prostituée. Les autres hommes vont et viennent en direction des chambres.

Aurelio est accoudé au comptoir, devant un verre de vin vide. Il contemple les frusques qui le couvrent et jette de discrets regards vers les filles. D’abord amusée, la pitié envahit finalement Vittoria qui va s’asseoir à côté de lui. La pitié n’empêche pas la jeune fille d’interroger Aurelio sur ce qu’il ressent, et surtout savoir s’il aurait participé à un quelconque pari la mettant en cause. De dénégation outragée en regards peinés, Aurelio essaie de dissiper ce qui lui semble un malentendu… et c’est à ce moment-ci que Livio Scorta, le frère de Vittoria et membre de la troupe d’aventuriers concurrente des Compagnons de la Roche pénètre dans Le Nid des muses. Vittoria court se cacher dans une autre pièce, une alcôve où l’on partouze abondamment. Elle emprunte une fenêtre qui donne dans le jardin aromatique. Livio s’énerve et crie dans le bordel à la recherche de sa sœur.

Parcourant le cloitre intérieur, Vittoria s’infiltre dans la buanderie du Bordel et y subtilise une robe… légère. Mais alors qu’elle tente de repasser discrètement dans le hall, elle se fait surprendre en fâcheuse position [Jet avec un malus : non et. Le groupe regagne une aubaine].

Un bras la tire dans le bar et Livio, d’une voix impérieuse (et devant tout le monde) demande à Vittoria de s’asseoir : il a à lui parler. Les masques des trois gentilshommes rencontrés l’après-midi se tournent vers Vittoria et s’esquivent en direction des chambres. Vittoria cache la robe dans son dos, mais Livio la remarque


Un service prêté, un service rendu
- Les compagnons de la roche m’envoient pour la dette d’honneur que vous avez à régler [les personnages l’avaient contracté lors de la résolution de L’Escapade de Telennaïs]. Nous avons besoin des services de la Spada Rossa.
- Oh… alors ce n’est pas du tout pour te venger de t’avoir laissé moisir en prison [Là encore une conséquence de leurs actions lors de l’Escapade de Telenaïs].
- Pourquoi t’en voudrais-je pour ça, c’est le quotidien des aventuriers ; et c’était bien joué.
- C’est vrai que… euh… nous ne sommes pas rancuniers dans la famille.
- Absolument pas… Mais nous avons besoin de vous dès demain pour nous épauler dans une mission.
- Très bien
- Retrouvons-nous dans une heure, tes amis et les miens, à l’auberge du sanglier Borgne.
- Très bien, mais… euh… pourrais-tu éviter de raconter à Père les détails de l’endroit où tu m’as retrouvée ?

Livio s’en va sans répondre. Mais pas de raisons de s’inquiéter, il n’est pas rancunier !

Aurelio, en panique, rejoint Vittoria à la Porte. La jeune fille, sérieuse et considérant pour la première fois le jeune homme comme l’un des leur, l’enjoint à retrouver les jeunes gens et à les surveiller consciencieusement. [Au regard de la manière dont ils traitent le PNJ habituellement, je demande un jet, que la joueuse de Vittoria réussit]. Aurelio s’engage à respecter la demande de la jeune femme. Il retourne à son verre vide et ses frustrations. Vittoria part chercher ses camarades.

Une heure plus tard à l’auberge du Sanglier Borgne, les amis – sauf Lucio Zigarelli, toujours introuvable – sont attablés, devant Elgio Gülad, Lina Tabora et Livio Scorta, les Compagnons de la Roche [le groupe d’aventuriers est décrit p. 20 du recueil de scénarios L’Escapade de Telanaïs et autres aventures dans le Consulat. J’ai juste remplacé Bardo Faustino par Livio Scorta pour pouvoir me servir du background de Vittoria].

En règlement de leur dette d’honneur, les Compagnons de la Roche demandent à la Spada Rossa de retenir un groupe de personnes durant une vingtaine de minutes, alors qu’elles palabrent dans un café. Le Lendemain, cinq personnes vont discuter à La Chocolaterie, l’un des établissements les plus en vue de Bracce. Ils ne doivent pas quitter l’établissement avant une certaine heure. Ils attirent l’attention sur le fait qu’il s’agit de dignitaires et prient donc les personnages d’éviter autant que possible de blesser les individus à retenir. D’autant plus que la Chocolaterie se trouve sur la place de l’Opéra et reçoit la visite de la meilleure société de la ville. Elgio n’en dit pas plus, ni sur leur employeur, ni sur les raisons qui les poussent à demander ce service à la Spada Rossa, ni sur les personnes qu’ils sont sensés retenir. Il invoque la dette pour garder ses raisons : puisqu’il s’agit d’honneur, il n’est pas question de tergiverser. Les bretteurs de la Spada Rossa acceptent, bien contents de pouvoir rembourser leur dette. Rendez-vous est donné en milieu de journée pour organiser les détails. Tout le monde repart se coucher. Seule dans sa chambre, Vittoria essaie la robe récupérée au bordel



Une session d’entrainement comme une autre

Vittoria et Ciro seuls sont à l’entrainement le lendemain matin. Ciro, ivre, a préféré dormir directement sur le terrain d’entrainement et s’est fait réveiller à coups de bâton par le maître Erardo Rizzi. La chaleur est déjà forte et le jeune homme a une sérieuse gueule de bois. Aurelio, très fatigué, arrive peu après. Vittoria, peu vaillante aussi finit par entrer dans la pièce. Aurelio se jette sur elle alors que maître Rizzi vitupère sur l’état de son école… et de ses étudiants. Le rapport d’Aurelio n’est pas vraiment éloquent : le jeune Tirso a passé la nuit en compagnie de deux prostituées. Aurelio n’en sait pas beaucoup plus, mais il semble avoir remarqué que le visage du jeune homme avait changé au petit matin, plus vulgaire, même pour un noble de Svuletti. Il songe à une doublure, peut-être, mais il n’est pas sûr. Vittoria s’énerve après Aurelio mais évite de le conspuer. Elle finit même par le remercier, avec une ironie qu’il ne perçoit pas.

Ellana, elle, est très remontée quant à Estiladra, qu’elle tient pour totalement responsable de sa tentative d’extorquer des informations à Tirso de Sagliavocra. Elle prend très mal les provocations viriles de la veille, à la salle de l’Astragale, alors qu’ayant déjà réussi pour part son jeu de séduction, elle allait en tirer des choses utiles à leur école. Les ordres qu’il lui a glissé à l’oreille après sont d’autant moins bien passés. Mais si elle a bien réussi à suivre Tirso, elle n’en rapporte rien d’autre que ses tentatives d’entreprendre la très jeune Sofia Baldo dans une loge.

Andrea arrive à midi et, un morceau de pain à la main, commence à s’entrainer contre Ellana et Aurelio, excédés de ses bons mots et de son attitude qui les contrarie en permanence.
- Je sens comme un contentieux, Aurelio...
- Tu ne m'as pas envoyé dans un cénacle, tu m’as envoyé dans un bordel, je vais te rosser !
- Mais… ces filles auraient pu t’apporter de la joie !

Les coups tombent drus et Andrea reste en difficulté [Jet avec un malus, échoué. Le joueur dépense une aubaine pour relancer (un bon moment, l’entrainement, pour dépenser les rares ressources du groupe !) : Non et, c’est pire ! Mais le groupe gagne une aubaine], il s’étouffe avec son morceau de pain sur le terrain, laissant le temps à Aurelio de le désarmer et de lui mettre sa lame sous la gorge. Rasséréné, Aurelio part se coucher. Mais Ellana n’en a pas fini avec lui et lui envoie immédiatement un coup de poing dans le ventre qui manque de le coucher avant de partir à son tour, en faisant un geste obscène à son adversaire. Vittoria, elle, boude encore sur cette histoire de pari.

[D'une manière générale, je laisse beaucoup de place aux péripéties et aux prises de bec internes au groupe. Déjà parce qu'elles ne sont pas stériles et donnent de beau moments de jeu, mais aussi parce que les joueurs sont très productifs à ce moment là et que c'est ce qui va se dire à ce moment qui va me permettre d'alimenter les résultats des jets en "et" et en "mais" plus tard: tout objectif secondaire permet des relances narratives intéressantes quand les petits agacements du quotidien viennent envahir les grands moments d'aventure.]
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

D’un plan approximatif et de quelques chamailleries supplémentaires
Livio finit par entrer et donne la description des personnes à retenir : deux sœurs jumelles de la noblesse, un ancien militaire qui est sensé les protéger, avec une grande balafre, et ce petit monde sera accompagné d’un Hobelin assez maigre (pour un Hobelin), dans la force de l’âge ; et le dernier est un type blond plus quelconque. En aucun cas ils ne doivent partir de la Chocolaterie avant 16h00.

L’obligation de finesse demandée aux personnages leur pose un gros problème : le manque de finances pour pouvoir exercer une surveillance discrète dans l’un des quartiers les plus chers et les plus huppés de Bracce… du genre qui ne laisseront pas une femme en tenue de combat s’asseoir sur la terrasse (Sauf Sanella Baldo).

Au départ de Livio, la discussion roule à nouveau sur Tirso de Sagliavocra et sa soirée : les compte-rendu des uns et des autres divergent et laissent à penser que le jeune homme pourrait avoir une doublure. Les plans des deux opérations s’entrecroisent et sont encore prétextes à mille chamailleries. Vittoria, échaudée, s’esquive et revient après avoir revêtu la robe récupérée au bordel, ce qui lui donne un style certes plus féminin, mais pas forcément plus distingué qui laisse ricaner ses camarades. Discrètement, Andrea fait glisser quelques pièces dans la main de Ciro Passeri.


Des gens qu’on voit passer sur les places de Bracce
La Chocolaterie est à deux pas de l’opéra, sur l’une des plus belles places de la ville. On trouve à proximité l’échoppe d’un tailleur de luxe, le palais de la famille Sangio ainsi qu’une des plus dispendieuses auberges de la ville, une paire de restaurants et quelques dizaines de demeures toutes plus luxueuses et impressionnantes les unes que les autres. Alors que nos amis prennent position plus d’une heure à l’avance, qui dans une ruelle, qui à l’abri d’un étal marchand, la scène se met en place : Deux jeunes filles semblables en tout, avec la même robe blanche et argentée pénètrent l’établissement sous l’escorte d’un grand homme, colosse aux cheveux grisonnants et au visage marqué d’une longue cicatrice. Andrea reconnait un important homme d’armes, le capitaine Cortesi. On dresse la table devant elles, serviteurs et pâtissiers apportent nombre de mignardises et deux tasses de porcelaine contenant un épais chocolat chaud.

Vittoria, elle, a tenté d’aller voir son père, un juge important pour lui réclamer quelques pièces d’or qui leur permettraient d’adopter un meilleur point de vue, en terrasse ou à l’intérieur de l’établissement. Toujours habillée de sa robe très échancrée, elle s’est dirigée vers le palais de justice – bien décidée de prouver à tout le monde qu’elle peut passer une journée dans une robe. Les huissiers se retournent sur son passage, mais l’air impérieux de Vittoria sa propension à parler fort et son sens du scandale conduit le personnel à ne pas l’arrêter avant la porte du bureau de son père. Malheureusement, l’oreille paternelle est d’autant moins ouverte que la robe de Vittoria est ouverte. Il la gourmande gentiment (il n’a jamais pu la disputer vraiment) [Jet de contact à 0 : non. Après hésitation, la joueuse ne dépense pas d’aubaine pour améliorer ça], refuse de lui donner de l’argent et revient sur le mauvais tour que Vittoria a joué à son frère précédemment (et son passage prolongé dans une geôle de Chieso). Il parle des conditions d’emprisonnement rudes, des coups de fouet et de l’infection de ses blessures. Vittoria, voyant toujours ses vengeances comme des jeux innocents, en est sincèrement très affectée. Son père finit par la congédier.


Histoires de poudre et de chocolat
Pendant ce temps, Andrea devant la Chocolaterie a vu les deux autres interlocuteurs s’installer en face des jumelles. La conversation est cordiale, mais légèrement tendue. Finalement, le hobelin donne à l’une des jeunes filles une petite bourse de la taille d’une blague à tabac. Elle laisse glisser un peu du contenu dans sa paume. Andrea est loin, mais ses yeux sont bons [et ses jets de dés aussi, malgré un malus, il réussit avec oui, mais. Je conserve par devers moi la péripétie] et il reconnait de la poudre noire, cette arme terrible et extrêmement rare que peu utilisent dans le Consulat. La jeune fille remet rapidement et discrètement la poudre dans le petit sac.

Peu après 15h30, alors que Vittoria est revenue, marché semble être conclu : un parchemin est sorti, que tous signent et une grosse bourse bien garnie de pièces d’or change de main à destination de celles du Hobelin. Ils recommandent un verre.

C’est le moment que choisit la célèbre Maria du Castra, première chanteuse de Bracce et ancienne maîtresse d’Andrea pour le reconnaitre dans la foule, s’en aller vers lui en criant son nom [… voilà pour la péripétie attachée au précédent jet].
– Andrea ! Andrea Estiladra, tu n’as pas recommencé à me suivre, j’espère, lui demande-t-elle avec un ton entre amusement et réprimande. C’est fini, tu comprends, je ne peux pas, je ne peux pas rester avec toi…

Andrea sort de l’ombre et lui fait un baisemain.
– Tu sais bien que l’amour ne se dicte pas.
– Tu as joué avec mon cœur… et tu en voyais d’autres
– Ce n’est pas vrai, mais la voix du spadassin n’est que peu convaincante
– Peu importe ; mais ça ne me dit pas ce que tu fais là, à rester dans l’ombre. Peut-être une de ces « missions » dont tu me parlais
– Tout à fait, et j’aurais peut-être besoin de toi… si tu le veux bien
– Pas une rixe entre ruffians j’espère.
– Non, pas du tout, une mission… Il faut que tu m’aides.

Un jeune homme est arrivé à leur niveau et regarde Maria
– Il faut que tu m’aides Maria
– Madame Di Castra, dit le jeune homme, j’aime ce que vous faites. Je viens à toutes les représentations vous écouter religieusement.

Andrea est contrarié, il le menace discrètement en soulevant la garde de son épée.
– Je crois monsieur que vous importunez dette dame…
– que dis-tu, voyons, il ne m’importune pas le moins du monde

Elle place la paume de sa main sur la poitrine d’Estiladra. Une dispute s’installe… entre Andrea et Maria. Le jeune homme, lui, a peu à dire dans l’affaire.


Vaudeville et tragédie

Pendant ce temps, les cinq personnes s’apprêtent à sortir de la chocolaterie. Ciro et Vittoria se placent devant la porte, non loin d’Andrea et Maria qui occupent le centre de la placette et de l’attention. Le hobelin et le blond essaient de passer sans y parvenir. Ciro prend à témoin le hobelin :
– Monsieur, que pensez-vous de cette robe : elle n’est vraiment pas adaptée à ce lieu, n’est-ce pas ?

[Jet de dés pour voir si le subterfuge prend, à zéro. Oui mais, là encore, je réserve la péripétie pour un second temps] Le Hobelin ne répond pas et essaie sans succès de forcer le passage. Le jeune homme blond lève la voix et demande à tout le monde de se pousser pour que les deux jeunes femmes de bonne noblesse puissent passer. Vittoria le prend à témoin à son tour. Il ne reste que dix minutes à les retenir. Ciro renchérit
– Regarde les robes de ces femmes : tu crois vraiment qu’elles ont quelque chose à voir avec la tienne ? Il prend à parti les jeunes filles jumelles.

Andrea, lui, est toujours occupé par son ancienne amante qui, la main toujours sur sa poitrine, a décidé de le rendre jaloux en flirtant avec son jeune admirateur. Il peine à se dégager de cette situation. Il pousse sans ménagement le jeune homme en le disputant vertement.

Le capitaine Cortesi sent que la situation lui échappe. Il prend les deux filles par les épaules et les dirige vers les portes de derrière. Le jeune homme blond, lui, pose un regard lunaire sur Vittoria qui, dans le même temps, sent les nœuds de son corsage sont délacés et que sa robe glisse [résultat de son jet ou d’un tour du jeune homme blond? On laissera l’ambiguïté sur ce qui s’est vraiment passé]. Le Hobelin en profite pour sortir, mais Andrea lui fait tomber son « adversaire d’amour » sur le dos du hobelin. Le jeune blond, profitant de la diversion, a disparu. Les jeunes filles et leur garde du corps, sont passés dans l’arrière-boutique.

Ciro court en direction d’une travée s’ouvrant sur le côté de la Chocolaterie : les damoiselles en sortent justement. Ciro tente une diversion [Jet sans bonus ni malus : non mais, il dépense une aubaine pour transformer le jet en oui mais] en se faisant passer pour un employé de la chocolaterie prévenant ses clients qu’ils ont perdu une bourse dans l’établissement. Les demoiselles hésitent, Cortesi toise Ciro d’un œil énervé.

Sur la place, Maria fait un scandale, moitié amusée, moitié énervée. Elle conspue Andrea, puis profitant du public, transforme sa diatribe en un air à la mode à Bracce : l’air de la femme outragée. Andrea s’enfuit comme il peut en direction de Ciro, lançant des baisers à la cantatrice.

Il enchaine, à peine arrivé dans la ruelle, dans une fanfaronnade à destination de Cortesi, qui a tiré son épée. Quelques minutes encore avant qu’ils puissent laisser passer les nobles. Estiladra brode, il se souvient de Cortesi durant la guerre. Les deux jeunes filles, elles chuchotent de manière étrange, comme si elles disaient la même chose au même moment. Cortesi fait un pas en avant, pas amical, l’épée levée. Il hésite à engager le combat, comprenant difficilement les motivations de ceux qui le bloquent. Une fois le temps écoulé, Estiladra et Ciro se dégagent du passage et laissent passer la petite troupe. Le jeune homme de Bruigh les reconnait comme étant Joana et Giulia Lauro.

Vittoria s’est dégagée de la place, laissant le Hobelin coincé sous le jeune prétendant. Toute la place applaudit Maria di Castra. Un sein à l’air, elle tente désespérément de remettre sa robe en place. Un bruit épouvantable se fait entendre. L’air se charge de poussière et une pluie de pierres et de verre s’abat sur la place. Une silhouette se fait expulser depuis la fenêtre de l’auberge non loin, enveloppée de flammes et d’une fumée noire, et s’abat au sol. Tout le monde s’enfuit en hurlant. Vittoria, elle, se précipite, fendant la foule en panique. Une fumée noire et des flammes s’exhalent de la façade crevée. Vittoria s’agenouille au-dessus du corps défenestré et reconnait, sous la couche de suie et le plâtras des murs tombés, la figure de son frère. Ses yeux sont ouverts, figés sur le ciel, et un trou béant, gigantesque et sanglant s’ouvre en plein centre de sa poitrine. Il est mort.

(La session s'arrête sur cette catastrophe...)
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Snorri
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2630
Inscription : lun. oct. 06, 2008 4:31 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Snorri »

J'adore ! Je reprendrais volontiers des éléments pour la prochaine édition du Consulat, quand j'y arriverais.
Editions Hobg | Livres & jeux de rôle -
Ils vont nous tuer. 1994. Le témoignage d'une rescapée du génocide au Rwanda. est disponible en prévente.
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Hop, la suite! Cette session était plus "calme", moins picaresque, on a joué sur l'émotion provoquée par la mort de Livio. J'avais peur que le changement de registre passe mal, mais tout s'est bien passé.

(et la version blog, plus confortable à lire)


De ce qui arrive après le tonnerre
La fumée se dissipe lentement laissant voir le désastre. De la joyeuse assemblée qui, quelques minutes plus tôt écoutait encore le récital improvisé de Maria di Castra ne subsiste plus grand-chose : Troupes éclopées, robes de poussière, têtes commotionnées, la belle société de Bracce est sous le choc. Le fracas passé, la poussière retombée, la bonne foule apeurée s’extrait en courant de la chocolaterie où elle avait trouvé refuge, et la belle compagnie de s’égratigner les pieds encore un peu plus aux fragments de verre, de pierre et de bois décrochés de la façade.
Seule, une figure frêle et brisée contemple en silence le corps de celui qui fut son frère ; et l’amertume des mauvais traitements soumis « pour rire » qui remontent en une longue trainée acide dans la gorge de Vittoria. C’est la fin de la plaisanterie, c’est la fin de la compétition. Livio ne sera pas là pour la sacrer victorieuse, comme son nom la prédestinait depuis toujours, non, il est mort. Une flamme a dévoré ses chairs et creusé un grand trou dans son corps. Il fixe le ciel
« Livio, c’est pas drôle, allez, arrête »
Vittoria serre le corps de son frère, le plus fort possible.

Andrea, habitué au champ de bataille, constate froidement la mort. Poudre noire, arme à feu ou bombe, pour lui ça ne fait aucun doute. Regardant en hauteur, il distingue une silhouette grande, épaisse, se dégager de l’orifice dans la façade d’où s’exhale la fumée, et qui disparait subitement. Du palais Sangio mitoyen se déversent des hommes en armes qui viennent sécuriser la place, en n’oubliant pas de brutaliser encore un peu ceux qui s’y trouvent et qui, blessés, ne peuvent s’en dégager seuls. Andrea écarte difficilement Vittoria, prend le corps de Livio dans ses bras, et part, doucement en direction de la maison des Scorta. Ciro a disparu, encore ; aucune trace des Compagnons de la Roche. Les troupes Sangio investissent la demeure en feu où l’explosion a eu lieu.


Un deuil dans la famille Scorta
Andrea pose le corps de Livio sur une table qu’il débarrasse d’un large geste du bras. Vittoria, assise sur un banc à côté tient la main de son frère. Estiladra se penche à l’oreille de l’éplorée « Quand il sera temps, tu sauras où me trouver… » Et il s’en va dans un froissement de cape.
Le juge Scorta entre. Son visage se décompose. Le masque du juge fond, laissant apparaitre la figure d’un homme fatigué, éploré. Vittoria est désemparée. Il se met à pleurer en silence.
« J’étais contrite, père, pour son séjour en prison, j’aurais aimé lui dire, père… mais je n’ai pas eu le temps.
- Il s’est passé des choses plus graves que quelques jours de prison, pour qu’il soit là, froid, mort sur la table, avec un trou dans la poitrine… et… pour une fois, je ne sais pas quoi faire. »
Les larmes viennent à flot, au père et à la fille, qui se cramponnent l’un à l’autre.
« Il faut qu’on trouve qui a fait ça... pour une fois, mon cœur n’a pas envie de justice, il a envie de vengeance ».
Des serviteurs entrent qui se mettent en devoir de laver et préparer le corps.
Estiladra en profite pour filer à la Spada Rossa, essayant de retrouver leurs compagnons, Lucio, Ciro, Ellana et Aurelio, le chevalier Puceau, qu’il somme de le retrouver à l’auberge du sanglier borgne pour une réunion d’urgence.


Zigarelli refait surface
Partant de la place, la nouvelle de l’accident se répand comme… une trainée de poudre. Quelque part dans une pièce cossue, en belle compagnie, Lucio apprend les nouvelles, d’abord des rumeurs d’attentat, perpétrés par des espions d’une autre ville, puis celle plus inquiétante qui accuserait une compagnie d’aventuriers d’avoir tenté d’ébranler le pouvoir de Bracce par un attentat. Le nom des compagnons de la roche ne tarde pas à venir sur toutes les lèvres, d’ailleurs on parle de ce compagnon retrouvé mort sur les lieux. Lucio file à l’hôtel des Scorta.

Une fois le corps lavé, la plaie est encore plus terrifiante, étalée dans toute sa béance là où l’homme avait autrefois un cœur. Le dos de Livio n’est pas en reste, ses épaules et ses flancs portent les traces d’une sale maladie, résultat de coups de fouets mal soignés, infectés et purulents. Sans aucun doute les traces de sa séquestration, encore à vif après plusieurs semaines. Vittoria sent les larmes l’envahir encore. Lucio pénètre à ce moment-là dans la pièce et trouve la jeune fille, toujours en robe, toujours à moitié débraillée, couverte de sang, de suie, du plâtras plein les cheveux, au bord de s’effondrer. Il reste pétrifié. Remarquant sa présence, Vittoria se reprend.
« Tu... tu cherchais quelqu’un Lucio ? »
Zigarelli se précipite et la prend dans ses bras pour la réconforter
« C’est moi qui l’ai tuée, c’est à cause de mes bêtises… mais je pensais pas que… C’était pas sérieux »
La faconde de Lucio l’a quitté et il reste silencieux plus que de mesure.
« Un attentat… c’était un attentat. On s’en est pris à Bracce, murmure-t-il finalement.
- Un attentat ?
- Les rumeurs vont bon train, on accuse même déjà les Compagnons de la Roche… »

Un fracas provient du hall, cliquetis d’armures, pas de fer sur les parquets soigneusement entretenus. Un sergent éructe, la voix du juge Scorta tempête, mais malgré ses récriminations, un capitaine de la garde lui demande de s’écarter de son chemin, sur ordre de la consule. La porte bouge, Vittoria ouvre la porte. Le garde derrière, surpris, tombe au sol. Elle l’assomme avec un tabouret. Derrière, les autres gardes tirent leurs lames, de larges épées de guerre.
« Par ordre de la Consule, nous devons avoir accès à ce corps. S’opposer à nous, c’est s’opposer à la ville de Bracce toute entière ! ». Vittoria ne s’en laisse pas conter, une lame dans la main, le tabouret dans l’autre, la robe en train de tomber, elle protège le corps de son frère. Des palabres s’engagent.
Lucio tente de parlementer
[jet pour essayer de convaincre les gardes de laisser provisoirement le corps. Avec un +1 de bonus, c’est un « Oui » qui sort]

Le capitaine propose de faire venir l’expert judiciaire plutôt que d’emporter le corps au tribunal. Les gardes se retirent… provisoirement. Vittoria s’effondre ; le juge serre la main de Lucio en guise de remerciements.


Rappel des troupes
A l’auberge du Sanglier Borgne, Estiladra a battu le rappel des troupes. Maître Rizzi est là aussi. Il leur annonce la mort de Livio.
« Livio Scorta a été assassiné, et il va nous falloir trouver le responsable. Il va falloir regrouper nos énergies pour épauler notre camarade. Finies les petites boutades et autres querelles qui rendaient la vie un peu plus douce, maintenant il va falloir se mettre au travail sérieusement. Et en premier lieu, il va nous falloir retrouver les compagnons de Livio, tâcher de savoir ce qui s’est passé.
- Sur ce point, je peux te renseigner, lui répond Ellana : ils ont arrêté Elgio Gülad dans la pièce qui a explosé. Il était assommé, les gardes l’ont emmené dans les geôles du palais Sangio.
- Alors il nous faut retrouver Lina Tabora, si l’on ne l’a pas arrêté. Quant à Elgio, il va falloir trouver le moyen de rentrer dans la prison pour lui parler. Mes amis, mettez tout en œuvre pour nous aider. »
Une larme tombe dans le verre – ridiculement petit – du Chevalier Puceau.
« Aurelio, les pleurs seront pour plus tard » dit Estiladra alors qu’il est déjà sur le pas de la porte. Il part à la pêche aux informations concernant Lina.


Sangio Corrodi, maître escrimeur en vogue
Estiladra se rend chez Sangio Corrodi, l’école d’escrime la plus prisée de Bracce, celle qui a la faveur de la noblesse ; celle des Compagnons de la Roche aussi. Allant à l’essentiel, il essaie d’approcher directement le maître. La fréquentation assidue de la Spada Rossa a fait oublier à notre ami les réalités d’une école en plein succès : beaucoup de monde, des salles claires et pleines, et un maître très occupé à régenter sa petite entreprise derrière un bureau plus que sur la piste d’escrime. Qu’à cela ne tienne, Estiladra sait changer ses manières de poète pour celles de soldat et se faire suffisamment rustre pour aller droit au but. Il fonce direct au bureau du maître.
Dans un bureau cossu, une douzaine de notables, hobelins et humains discutent argent.
Après une génuflexion, Estiladra réclame un entretien que le maître, un homme d’une soixantaine d’années qui ne semble pas avoir été beaucoup marqué par la guerre, le refoule froidement mais poliment. Mais lorsqu’Andrea évoque les Compagnons de la Roche, l’homme se braque et refuse de parler de ces « traitres à la ville ». On lui fait comprendre qu’il est temps de partir. Le spadassin obtempère non sans lâcher une petite pique au passage. Tout n’est pas si mal, à la Spada Rossa, et l’on n’a pas encore oublié le sens du mot « Fraternité » ; les salles de l’école Corrodi semblent bien froides, et vides de toutes personnalités. A peine quelques instructeurs hurlant leur méthode impersonnelle (mais infaillible) à des étudiants attentifs.
L’ambiance est la même dans l’auberge en face, un établissement de tenue où l’on vitupère sur les malheureux compagnons de la roche. Certains élèves se demandent si les péripéties récentes risquent d’entacher leur école. Les autres les rassurent comme ils peuvent, puisant de sérieuses doses de mauvaise foi dans le fond des cruches.


Où Maître Rizzi enseigne la philosophie à Zigarelli du revers de sa main
Zigarelli a racompagné Vittoria jusqu’à L’hôtel de la Spada Rossa, où la jeune fille a sa chambre a sa chambre. Le joli cœur essaie de lui occuper l’esprit de ses bavardages. La nuit s’est mise à tomber, les établissements ont fermé leurs devantures, les marchands ambulants ont fui et les coquets se font discrets dans les ruelles envahies par les soldats des grandes familles. L’ordre règne à Bracce, les miséreux et les fâcheux se retranchent dans les ruelles les plus sombres.
Maître Rizzi sort de la salle, et serre le bras de Zigarelli alors que Vittoria est (enfin) en train de se changer.
« - J’aurais dû être là maître, j’aurais pu les aider. Rizzi décoche un taquet à son élève
- Ne refais pas dans ta tête ce qui est déjà fait. Pense plutôt à ce qui va se passer. »
Le maître est philosophe…
- Nous les traquerons, maître, nous les ferons cracher.
Dans le cœur de chacun des membres de la Spada Rossa, la soif de vengeance gronde désormais.
- Et quand nous aurons lavé leur honneur, les compagnons de la Roche auront leur place dans la Spada Rossa.
Rizzi récidive et envoie sa main en travers de la figure de son imbécile d’élève.
- Les Compagnons de la Roche ont déjà une école, ils ne vont pas trahir leurs maîtres et leurs enseignements. Mais ils sont louables comme compagnons de fortune, il n’y a pas de déshonneur à trinquer avec eux.
La leçon terminée et Vittoria redescendue, les deux élèves filent au Sanglier Borgne.
Assis à une table, Aurelio pleure en silence, devant son minuscule verre de vin vide. Lucio lui tape sur l’épaule. Ses yeux tombent sur Vittoria, et son regard fuit, gêné. La main du chevalier puceau posée sur celle de la jeune fille en un geste de compassion fait remonter en elle des souvenirs de son frère. Elle se confie à Aurelio sur la dernière fois qu’elle a vu son frère. En l’absence d’Andrea, Aurelio partage les dernières informations, l’arrestation d’Elgio, la fuite de Lina.
La jeune fille se remet à penser, puisqu’Andrea n’est pas encore là, autant agir : elle et Lucio repartent en direction de la maison Scorta pour tenter d’obtenir du juge une autorisation de voir Elgio Gülad.


D'une recherche qui n'aboutit pas, faute de commencer
Pendant ce temps Estiladra est toujours à la recherche de Lina Tabora, dernier membre des Compagnons de la roche encore en vie et en liberté.

[Jet pour savoir s’il trouve quelque chose. Je propose un malus. En dépensant une aubaine, le joueur d’Andrea se crée un contact, Pino, un gamin des rues, toujours bien au fait de ce qui se passe en ville. Il jette sans malus, mais le résultat est catastrophique : 1. Son contact nouvellement créé passe à 1, le groupe regagne une aubaine et une catastrophe est en approche]
Lorsqu’Andrea tombe sur Pino, le jeune garçon est tenu par trois soldats. Le gamin tend le doigt vers Estiladra en disant « Si, c’est lui, c’est lui ! »
Les soldats s’approchent, menaçants. Sur leur tabard, le blason de la famille Lauro. Sans sommations, ils se jettent sur Estiladra. . Pino fuit sans demander son reste.

[Non, et c’est la merde… Jet pour savoir si Andrea s’en sort à son avantage : il écope de deux malus (traits « Grosse brutes » et « obéir sans discuter ». Andrea opte pour ses trucs de soldats pour essayer de s’enfuir : il rétablit la balance à zéro. Il obtient un nouveau « Non et ». Il regagne une aubaine]
L’entrainement militaire d’Andrea a beau être excellent, les trois soldats savent jouer de leur supériorité d’équipement et numérique. Après deux échanges de coups, le spadassin est jeté au sol et roué de coups de pied. La seule chose qui le fait sourire, c’est qu’il sait, aux coups qu’il endure, que les soldats ne le tueront pas. Après quelques crachats sanglants, il s’évanouit.
[Il inscrit un état « roué de coups – » sur sa fiche.]
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Ozen
Evêque
Messages : 416
Inscription : lun. mars 19, 2012 5:39 pm
Localisation : Bourgogne et Paris
Contact :

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Ozen »

Et la suite. Cette partie est assez bavarde, mais j'aime bien les dialogues. Une précision, je reproduis ce qui a été dit tel quel, le compte-rendu n'est pas une adaptation de ce qui s'est dit, même pas besoin d'enjoliver (ce qui est bien contraignant puisque je me retape l'enregistrement intégral de la partie pour le taper, ce put*** de compte rendu...).
La version blog du compte-rendu est ici


Où Vittoria manque de contrarier une grande dame
A peine arrivé chez elle, Vitoria se fait accueillir par la mine contrite de son père : L’expert est passé voir le corps de Livio. Il était accompagné d’une convocation de Vittoria et son père. Rina Sangio, la consul de Bracce les demande. Vittoria supplie son père de réaliser un (dernier ?) acte en profitant de son autorité, et de produire un laisser-passer au nom de Lucio lui permettant d’accéder aux geôles où Elgio Gülad est retenu. Le devoir de justice éclipsé par la soif de vengeance, le père s’exécute et cachète à la cire rouge l’ordre.
« Allez vite Lucio, je ne peux pas garantir que cet ordre vaille encore très longtemps » L’amertume pointe dans la voix du magistrat. Lucio salue et se retire rapidement.

Père et fille marchent silencieusement jusqu’au palais Sangio. La demeure gigantesque les engloutit. Un valet les conduit de couloir en salons d’apparat. Par les portes entrouvertes les murmures des cousins et cousines de la famille patricienne filtrent. Soupirs et conspirations. On les introduit finalement dans une pièce de taille modeste, un grand bureau noir, une table couverte de plans. Une femme d’âge mûr, à la belle prestance, habillée de manière masculine, compulse des documents. Derrière elle, presque dans l’ombre, un homme nonchalant, aux habits peux voyants se balance négligemment sur sa chaise.
Rina Sangio fait signe aux deux invités de prendre une chaise et les fait patienter quelques minutes, elle continue à compulser ses paperasses. Père et fille s’assoient. Les yeux de la consule se posent sur la famille qui présente ses condoléances et des excuses pour la conduite de ses gardes.
« Vous êtes Vittoria ?
- Oui madame
- Vous étiez proche de votre frère
- … On peut dire ça comme ça
- Comme un frère et une sœur qui peuvent se chahuter parfois mais qui s’aiment quand même
- Oui, ça nous ressemble plus. »

Rina jette un regard vers le jeune homme dans l’ombre. Son fils probablement, se dit Vittoria. Il ressemble à Matteo Sangio.

« - Nous sommes devant une situation compliquée. Des gens ont fait usage de la poudre dans le centre de Bracce ; c’est formellement interdit. Quels sont leurs objectifs, je n’arrive pas à le savoir. Mais une chose est sûre, je ne peux laisser impunie une explosion dans le centre-ville, qui plus est un bâtiment attenant à mon palais.
- Mais de quels gens parle-t-on ?
- Pour l’instant, je n’en sais rien du tout. Mais un faisceau d’indices relevé par les enquêteurs diligentés sur l’enquête laisserait penser que les compagnons de la Roche étaient mêlés à une opération plus que douteuse
- Mais c’est faux !
- Ah oui jeune fille, et vous avez des preuves qui vous permettent de l’affirmer ?
- Non, je n’ai pas de preuves.. j’ai des convictions madame.
- Les convictions c’est bien… »
Mais la Consule n’a pas le temps de terminer

« - Livio n’aurait pas fait exploser quelque chose au centre-ville. S’il voulait jouer avec la poudre, il pouvait très bien le faire dans les champs.
- Il avait l’habitude de jouer avec la poudre ?
- Non, ce n’est pas ce que je voulais dire ! » L’émotion gagne la voix de la jeune fille.
- Mais vous l’avez dit quand même.
- C’était une image. Les bêtises qu’on a pu faire, chacun, et tous les jeunes gens de cette ville n’ont jamais pris cette ampleur, et mon frère n’.. n’aurait jamais trempé dans quelque chose qui aurait débouché sur ça. »

Rina lance un regard ambigu sur la jeune fille, entre compréhension de l’amour fraternel, et condescendance devant la naïveté de la jeune personne.

« - Les convictions que vous avez sur votre frère sont louables et valables. Mais voyez-vous, je suis consule de cette ville et je ne peux pas travailler seulement selon mes convictions. Les gens dont je suis responsable m’ont élu pour une chose particulière : faire respecter un système de justice qui a fait ses preuves chaque jour depuis le départ de l’envahisseur, voici trente-cinq ans. Trente-cinq ans ; trente-cinq ans sans problèmes et voici qu’une explosion a lieu au centre de Bracce. Et la seule chose que l’on trouve au centre de tout cela, c’est le corps de votre frère et l’un de ses compagnons assommé par la déflagration. Vous comprendrez bien… » Mais là encore, Rina n’a pas le temps de finir
- Par la déflagration ? On en est sûr de ça ? Est-ce que vos experts n’ont pas retoruvé quelques bosses ? Quelques marques de coups ?
- Non, rien de plus que les bosses qu’un spadassin comme Elgio Gülad peut avoir sur lui avec sa carrière.
- Et bien il a mal regardé… il est nul votre expert. » Les larmes de Vittoria sont prêtes à déborder. La jeune fille se lève et trépigne sur place.
Rina Sangio, outrée, se retourne vers le juge Scorta, pâle comme la mort.
- Père, dites quelque chose, vous n’allez pas laisser salir le nom de Livio comme ça !
- Jeune fille, aucun nom n’a été Sali pour l’instant. Je fais attention avec le nom des meilleurs serviteurs de la ville, et, je ne sais pas si tu t’en étais rendu compte, mais le nom de Scorta est tenu en haute estime ici. On ne fait pas n’importe quoi avec les notables… Alors maintenant tu te rassois et nous allons discuter en personnes civilisées de la manière de sortir de cette crise. » Son ton s’est fait impératif ; une grande puissance se dégage d’elle. Vittoria se rassoit, le souffle coupé.
- Nous allons maintenant prendre les décisions qui s’imposent : Scorta, vous êtes destitué de votre place de juge jusqu’à ce que l’enquête soit terminée. Et pour vous Vittoria Scorta, un conseil : vous allez cesser de faire obstruction à la justice quand mes agents exigent quelque chose. Et vous allez vous tenir à carreau, vous allez rester éloignés de tout ça, vous ou l’un des quelconques membres de votre école. Il se trouve que l’on entend beaucoup parler de la Spada Rossa en ce moment. Vous m’avez bien comprise ?
[La réputation de l’école passe de « -- » à « - », c’est la consécration… enfin presque !]
- Oui madame
- Si je vous prends à fouiner dans des affaires qui ne vous regardent pas, je vous mets en geôle.
- Bien, je crois que vous avez compris. Vous pouvez disposer. Juge… j’enverrai votre acte de révocation demain matin au tribunal. Croyez bien que vous ne serez pas responsable des éventuelles erreurs de votre fils. Et si ce n’est pas votre fils, croyez bien que la justice de Bracce sera impitoyable.»
Les Scorta se retirent.


« Le travail aurait dû être facile »
Lucio est aussi au palais Sangio, mais ce sont les entrées de service qu’il choisit pour pénétrer la demeure. Dans une geôle froide mais propre, Elgio est retenu par des fers aux mains. Ses sourcils ont brûlés, son regard est grave. Ses habits ont souffert. Sa respiration saccadée laisse suggérer un état de santé sérieusement altéré et un paquet de côtes cassées. Ils échangent brièvement des nouvelles sur la ville t les suites de l’explosion. Elgio reste évasif. Il regarde les gardes. Lucio tente d’écarter les gardes [Un jet avec un bonus qu’il réussit sans histoires], d’un pourboire négligeant. Ils détournent les regards.

Elgio se rapproche et il murmure. Il refuse de trahir le nom de son commanditaire, de celui qui leur a demandé d’aller fouiller cette chambre pour laquelle ils avaient demandé l’aide de la Spada Rossa (voir l’épisode précédent) : la mission n’est pas finie et il a engagé sa parole et son honneur. Il précise seulement deux choses : les hommes dont les Compagnons de la Roche ont fouillé la chambre n’étaient pas là pour faire ce qu’ils prétendaient faire ; ces hommes traitaient en secret des affaires avec la famille Lauro. Il donne le nom des trois personnes suivies : Seferis, Lodovico Olmi et Florian Anconetti. Trois noms qui ne disent absolument rien à Lucio, pourtant bien informé. A propos de la famille Lauro, il dévoile les raisons de la négociation : A Bracce, seule la famille Sangio possède des réserves de poudre et des troupes entrainées à l’utiliser. Le commerce de cette denrée dangereuse est très sérieusement règlementé, et l’acquisition est interdite à Bracce. La famille Lauro semble avoir voulu contrevenir à cette législation.

Livio et Elgio étaient en train de fouiller la chambre, et sans qu’ils sachent comment, un grand type est sorti de nulle part, a sorti une arme de sa ceinture. Elgio a entendu une première détonation, puis tout est devenu rouge, blanc, brillant avant qu’il perde connaissance. Il faisait deux mètres de haut, un physique de brute, les cheveux roux et longs qui lui tombaient aux épaules. Probablement Anconetti. Beaucoup de zones d’ombre subsistent dans le discours d’Elgio.
« Le travail aurait dû être facile », dit-il avec un ton de regret.
N’ayant pas transmis les informations en sa possession à son patron, Elgio refuse, malgré l’insistance de Lucio, de dire qui les a embauchés.
Zigarelli, pose sa main sur l'épaule du camarade et en appelle au sens de la camaraderie d’Elgio, tentant de mettre en balance son amitié avec Livio et son sens du devoir.
[jet avec un malus pour essayer de faire fléchir Elgio et lui arracher ses commanditaires… « Non »]
« Quand tu sortiras d’ici, tu me devras une dette pour tout ça. Tu ne rends pas la tâche facile.
- Venge Livio, et ce n’est pas une dette que tu pourras me faire valoir : c’est la reconnaissance éternelle des compagnons de la roche… ou de ce qu’il en restera… que tu auras obtenu. Venge Livio ! Venge Livio et je deviendrai votre serviteur.
- Perspective amusante, promesse inutile.
- Je la fais quand même. »
Lucio tambourine à la porte, les gardes l’extraient du cachot.


D’une douleur persistante de de conciliabules matutinaux
Andrea reprend connaissance, la bouche ensanglantée. Titubant, il se remet à la recherche du petit Pino, bien décidé à trouver quelques explications à son état. Mais du petit Pino, pas de traces. Le matin se lève, calme et silencieux ; Estiladra rentre au Sanglier Borgne et s’effondre sur un grabat. A peine installé, préparant à ouvrir les bras à un sommeil salutaire, le Chevalier Puceau lui saute dessus. « Ils sont partis voir Elgio en prison ! » Mission accomplie pour Aurelio, il a transmis le message.
Alfonso Ziegler, le patron du Sanglier Borgne, et l’un des meilleurs amis d’Andrea sort de derrière le comptoir une trousse de soins et un pichet de bière. Il recoud le blessé tout en l’entendant vitupérer contre les ravages de l’âge et la fourberie de la famille Lauro. L’ancien militaire soupçonne la famille d’être liée à la mort de Livio. Accoudé à un coin de table, il se met en devoir d’attendre le retour de tout le monde.

Non loin du palais Sangio, à quelques pas de l’endroit où Livio est mort, Vittoria explique à son père qu’elle va devoir retrouver ses camarades afin de régler la situation. Malgré les ordres de la consule, elle est déterminée à trouver l’assassin de son frère et à se venger. Le père serre le bras de la fille, avec un air de fierté. « Fais attention à toi ma fille ». Et alors qu’elle essaie de se dégager, il retient son bras et met au cœur de son poing deux grosses pièces d’or. Puis il repart en direction de la maison Scorta, d’un pas peiné ; d’un pas de vieil homme.


D’une discussion qui n’a pas vraiment eu lieu
A l’auberge du sanglier Borgne, Lucio Zigarelli retrouve Andrea Estiladra.
« - Lucio, toi ici ? Tu n’es pas en train de courir la pucelle ? entame Estiladra
- Et toi on dirait que tu as essayé d’ouvrir une porte avec ta tête… à plusieurs reprises !
- J’ai fait la connaissance des sbires de la famille Lauro… c’étaient eux, la porte. »

Ils échangent les dernières nouvelles, Zigarelli transmet les nouvelles données par Elgio. Vittoria s’installe sans un mot à la table, boit cul sec la bière d’Andrea et reste silencieuse. A son tour d’échanger les nouvelles. Elle met en doute les compétences de l’autorité politique. Zigarelli parle d’Anconetti comme le probable assassin de Livio. Maintenant ils ont un nom pour assouvir leur vengeance. Mais au-delà de cette querelle d’home, on sent chez Andrea, Lucio, et même Vittoria, une préoccupation plus grande pour ce qui se trame dans les ombres. La porte de l’auberge s’ouvre alors, laissant entrer le jeune homme qui assistait Rina Sangio, et qui n’avait pas prononcé un mot lors de l’entretien avec les Scorta. Andrea trouve frappante la ressemblance du nouvel arrivant avec Matteo Sangio (voir l’escapade de Telenaïs).

« Que fait un Sangio à une heure aussi tardive dans un lieu comme celui-ci ? »
Le jeune homme ne répond que par un sourire énigmatique avant de se diriger vers le petit salon privatif de l’auberge en faisant un signe de tête au patron et sa femme, derrière le comptoir, en parfaite connaissance. La Spada Rossa se précipite à sa suite.
[Lucio, qui connait bien le beau monde, tente de se rappeler qui est ce jeune homme, mais son jet échoue, il n’apprend rien de plus.]

Dans le petit salon, le jeune homme s’est déjà servi un verre d’un prestigieux cognac. Lucio émet quelques hypothèses généalogiques à voix haute, que Vittoria réprime d’un coup de pied. L’homme se présente comme Sante Sangio, un homme dont le métier est d’être discret.
Touché par le plaidoyer de Vittoria devant Rina Sangio, il a décidé de s’intéresser de plus près à la Spada Rossa.

« J’ai des convictions, je pense que je peux vous faire confiance. Ma mère, c’est différent : elle est patricienne, elle se contente de dire la vérité, elle ne se trompe jamais. Quand elle ouvre la bouche, c’est pour exprimer ce que la loi doit dire.
- Et nous, quelle raison avons-nous de vous faire confiance, avance Vittoria, suspicieuse.
- Je ne sais pas. Je vais vous donner un certain nombre d’informations ; à vous de juger ensuite !
- Votre mère est au courant de cette sortie tardive, avance Lucio. Le jeune homme sourit en échange.
- Et qu’as-tu donc à nous dire, petit ? Estiladra est condescendant
- J’ai à vous dire que c’est moi qui ai engagé les Compagnons de la Roche.
- Tu es donc le commanditaire, Sante Sangio. Et comme tu as perdu les compagnons, tu te dis que la Spada Rossa pourrait les supplanter ?
- J’ai besoin de plusieurs choses à vrai dire : Quelle famille noble est en train de trafiquer des choses avec de la poudre à Bracce…
- La famille Lauro, l’interrompt Andrea.
- Vous avez des preuves pour étayer cela ?
- On échange des preuves ou on se pose des questions-là ? Vittoria ne s’est pas calmée. »
[…]

- Maintenant que tu sais qui est la famille, relance Andrea, je peux te dire que s’ils sont responsables de la mort de Livio, ils risquent…
- Ils ne sont pas responsables de la mort de Livio. Une famille de Bracce n’aurait pas fait sauter un immeuble en plein centre de sa ville, surtout si elle trafique quelque chose avec la poudre. Soit quelqu’un d’autre avait des raisons de ne pas se laisser se faire la transaction, soit il s’agit d’un incident regrettable ; et auquel cas des gens innocents seront condamnés alors qu’ils n’ont rien fait… soit… soit autre chose pour laquelle je n’ai pas d’hypothèse.
- Sinior Sangio, vous savez, les histoires entre vous, des familles gouvernantes, nous intéressent très peu au final. Vous êtes trop hauts pour nous autres, petites gens. Nous sommes juste prêts à mourir dans la boue pour sauver cette ville. Mais là il s’agit d’un mort. La mort du frère de Vittoria. Et le sang appelle le sang. Si vous avez la moindre infirmation sur les gens qui ont commis cet acte, donnez-la nous, et on s’occupera d’eux.
- Anconetti, murmure Lucio.
- Ce nom ne me dit rien. En revanche, je soupçonne les trois personnages que vous me décrivez de faire partie de la compagnie marchande de l’Astragale.

[Outre la salle d’escrime visitée un peu plus tôt, l’astragale est une compagnie puissante dans le consulat et hors de ses frontières. Sa dirigeante, la chevalière Isil Oromë est parmi les figures d’autorité du Dodecaedre. L’Astragale pourrait bien vendre de la poudre en provenance des villes des Essarts, la région au nord de Bracce ; c’est l’une des plus grosses compagnies de transport et de commerce, l’équivalent médiéval d’une Megacorp.]

Le groupe part en conjectures sur la responsabilité de l’Astragale, mais Sante Sangio les arrête vite : pour lui, l’astragale n’aurait aucun intérêt à faire exploser de la poudre en plein Bracce… il soupçonne un troisième parti. Il questionne directement Lucio quant à la probité de sa maîtresse Lysia Andres, à la tête de la troisième famille la plus puissante de Bracce. Lucio défend sa belle, se rappelant les derniers moments passés en sa compagnie : il la sent bien loin de ce genre de méthode.

- Dans tous les cas, reprend Sante pour faire oublier qu’il vient de critiquer la probité de la maîtresse d’un Lucio en train de devenir rouge, les trois personnes de l’Astragale nous cachent des choses… Je ne serais pas si catégorique que ma mère quant à votre non implication dans cette affaire. Il me semble de toute façons hautement improbable que vous ne tentiez pas d’intervenir, donc tant qu’à faire… Vous avez maintenant de nouvelles informations. Quant à Elgio Gülad, son avenir est entre vos mains. Je ne pourrai pas retenir bien longtemps la justice de Bracce de faire son office et plus nous tardons à retrouver les véritables coupables et plus il faudra que quelqu’un paye pour eux. »
Tous se regardent, déterminés.

- J’ai une dernière information à vous fournir : le conseil de la ville s’est réuni ce soir pour savoir qui allait mener l’enquête officielle sur l’explosion. Le conseil a nommé une personne de qualité à la réputation intouchable : le capitaine Cortesi. [L’homme qui escortait les jumelles Lauro lors de l’entrevue à la Chocolaterie]
Andrea a un petit rire dédaigneux.

- C’est une plaisanterie ?
- Les décisions du conseil sont rarement des plaisanteries
- Alors nous devrons composer avec une personne du camp opposé en face de nous.
- Voyez cela comme une motivation supplémentaire. »

Il se fait tard, et tout le monde est épuisé par cette journée interminable, la compagnie se quitte sur ces nouvelles mitigées… avec la conviction que leur petite aventure est en train désormais de prendre un tour plus inquiétant, soumis au caprice des grandes figures de cette ville.
Dernière modification par Ozen le lun. juin 27, 2016 12:47 pm, modifié 2 fois.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant

La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
Avatar de l’utilisateur
Arma
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2365
Inscription : jeu. oct. 18, 2007 8:10 am
Localisation : Région Caladoise

Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat

Message par Arma »

Chapeau bas ! Vos CR donnent furieusement envie de se plonger dans des aventures de cape et épée :s
Actuellement MJ sur Urban Shadow, Prophecy et 7eme Mer
jdRoll - JDR par Forum - Fusina - Galerie de PNJs Kpdp
Répondre