[Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Au bruit d'un léger grincement, la boulangère tourne machinalement la tête vers la porte, croyant à la venue d'un nouveau client. Mais non, la porte ne s'ouvre pas. C'est curieux : elle aurait juré qu'il y avait comme une présence derrière la porte. Il faut dire que le verre dépoli n'aide pas à voir ce qui se passe à l'extérieur ; une bizarre idée de son mari, ce verre dépoli, et pas très commerciale. En général, les clients préfèrent les boulangeries aux larges portes vitrées, qui laissent déjà voir depuis la rue un intérieur chaleureux et, si possible, décoré correctement. Mais cela ne fait pas très longtemps qu'ils ont repris la boulangerie et ils n'ont pas encore le budget nécessaire pour se payer une redécoration. La salle ne manque pas d'un petit charme désuet, avec son luminaire en laiton et ses céramiques décoratives pleines de gerbes de blé et de fermières en tablier. Mais ça n'est pas très moderne. Pas non plus de caisse automatique. Et sans porte vitrée, il y a moins de lumière ; pas beaucoup, mais ça compte. Ce qui fait qu'au petit matin, dès qu'il fait un peu gris, la boutique prend un air morne et désolé. La boulangère a souvent l'impression, dans ces moments-là, qu'elle ne vient pas de s'établir à son compte, qu'elle n'en est pas au début de sa carrière, mais qu'elle n'est que la dernière employée à s'attarder obstinément sur le site d'un très ancien commerce fermé depuis longtemps.
Bref, il n'y a personne. Ce n'était probablement qu'un courant d'air, que le vent d'une fraîcheur bien en deçà des températures estivales. Maudits courants d'air... Ça se glisse dans la moindre fente, ça vous passe dans le dos ou dans les jambes sans qu'on s'en rende compte, et il suffit d'une heure, parfois moins que ça, pour se retrouver affligé d'un méchant chaud et froid. Bien entendu, les bas-de-portes et autres systèmes destinés à lutter contre les courants d'air coûtent un prix démentiel. "Bon, je me fous en rogne toute seule..." pense la boulangère. "Ce qu'il me faudrait, c'est un autre café. C'est pas une vie de se lever à des heures pareilles alors qu'il ne vient personne avant sept heures." Et ce silence... Même le vrombissement des voitures semble encore étouffé. Comme si cette fichue matinée n'allait jamais vraiment commencer. Comme si le monde allait rester éternellement suspendu dans cet entre-deux déprimant, dans cette non-heure sinistre...
La clochette a beau avoir été conçue pour éveiller chez les clients des associations d'idées guillerettes et champêtres propres à encourager la pulsion d'achat, son tintement prend une sonorité d'un macabre inattendu qui fait sursauter la boulangère lorsque la porte s'ouvre d'un coup. Un vent à la force surprenante s'engouffre aussitôt dans la boutique et enveloppe d'une langue froide les vitrines brillamment illuminées ; un frisson déplaisant court le long du dos de la boulangère, qui repense à la brume pesante qu'elle a entrevue à l'horizon une demi-heure plus tôt en faisant l'ouverture.
Personne n'entre.
"Bonjour !" lance la boulangère à tout hasard. L'enjouement forcé de sa voix semble détestable à ses propres oreilles, comme une de ces voix off de publicité dont chaque décibel est lourd de marketing, quand elles ne sont pas en plus accélérées au montage. Ecraser rageusement le bouton "Snooze" du radio-réveil dès que ses tympans perçoivent ce genre de son est le premier plaisir que s'offre la boulangère tous les matins. L'impression de s'être coulée elle-même dans ce moule dépersonnalisant n'en est que plus désagréable. D'autant que le "Tou-lou !" strident de la sonnerie qui retentit exactement deux minutes plus tard tous les matins, lorsqu'il n'est cette fois plus possible de se rendormir, a tendance à revenir résonner dans sa mémoire tout le reste de la journée.
Si elle le pouvait, elle mettrait du Iron Maiden à fond pour oublier, mais son mari dit que ça fait fuir la clientèle.
Il fait encore sombre au-delà de la porte, et on ne peut pas dire que l'éclairage public de la rue soit en parfait état. Le contraste avec l'éclairage flambant neuf de la boutique (les deux époux ont tout de même engagé quelques dépenses) est tel que la boulangère doit plisser les yeux pour s'efforcer de comprendre en quoi au juste consiste la silhouette ou plutôt la chose qu'elle aperçoit désormais sur le seuil.
Pour une raison qu'elle ignore, l'homme reste quelques instants là, immobile. "C'est l'huis", se dit-elle. "Ça ne peut être que l'huis. Pas assez de décorations. Ou alors les baguettes dans mon dos ont l'air raplaplat. Il va tourner les talons et repartir sans dire bonjour. Je vais me taper la honte de ma vie."
"... Fascinant.
- Hein ?"
La boulangère a été trop surprise pour trouver mieux. L'homme se tient toujours à l'entrée et contemple la boutique comme si c'était la première fois de sa vie qu'il découvre une boulangerie. La boulangère soupire intérieurement et sent une autre cause de stress lui nouer le ventre. "Un inspecteur, bien sûr. Pour vérifier que tout est bien aux normes. Merde, je croyais pourtant qu'on avait déjà été contrôlés. Si on se sort de là sans amende, j'obligerai Robert à refaire un ménage complet. On n'a pas récuré le sol assez à fond après que l'électricien est passé partout avec ses croquenots pleins de vase."
"C'est une excellente idée.
- Hé ?" demande encore la boulangère, qui échoue encore à dissimuler son étonnement. L'homme a planté ses yeux dans les siens, un regard calme, qui fait penser à quelqu'un de tranquille, mais avec quelque chose de froid et de calculateur, le genre de paire d'yeux qui essaie adroitement de dissimuler la présence d'un cerveau occupé à concevoir complot sur complot à l'autre bout du nerf optique. Mais c'est sans doute son imagination qui lui joue des tours. Il faut dire que les vêtements de l'homme la font penser irrésistiblement à ces séries policières qu'elle aime bien regarder, les Petits Meurtres entre amis et autres Hercule Poirot. Mais oui, c'est ça : on dirait qu'il est habillé comme dans les années 20.
Houlà, tu bats la campagne, ma pauvre fille. On se recentre : professionnelle, professionnelle.
"Bonjour, monsieur."
Le "monsieur" lui a paru plus prudent : après tout, il peut tout à fait être un inspecteur. En commençant la phrase, elle a pensé enchaîner sur : "Qu'est-ce que vous prendrez ?", ou "Je peux vous aider ?" ou quelque chose de ce genre. Mais son élan est coupé court par l'inattention complète dont elle fait l'objet. L'homme ne la regarde même plus ! Il est occupé à observer le plafond, peut-être le lustre dont les huit branches arrondies, vues d'en dessous, évoquent vaguement la forme d'un poulpe. L'homme parle, et sa seconde parole, quoique prononcée sur ce même ton calme et presque monocorde qui travaille déjà en pelote les nerfs de la boulangère, s'avère en sus tout aussi déroutante que la première :
"C'est bel et bien une excellente idée."
"Heu... qu'est-ce qui est une excellente idée ?" (Au moins, cette fois, la réplique appropriée n'était pas trop difficile à choisir. Avant tout, établir la relation client. Puis, amener en douceur le client à l'idée d'acheter.)
"Une boulangerie. Je me demande bien comment je n'y ai pas pensé plus tôt, malgré toutes ces années."
La boulangère fronce le sourcil et ses espoirs de vente s'amenuisent à grande vitesse.
"Vous... Heu, oui, nous venons juste d'ouvrir. Enfin, nous sommes les nouveaux propriétaires : mon mari et moi." Une idée lui vient et elle ajoute, en reprenant un peu espoir : "Vous... vous êtes du quartier, vous venez depuis longtemps ?
L'un de ses yeux quitte le plafond pour s'arrêter à son niveau. Il dit très vite :
"Ah, pas du tout."
Meeerde. Mais qu'est-ce que c'est que ce type et qu'est-ce qu'il me fout à se planter là me regarder les moulures au lieu de choisir son pain et d'aller se faire... Ahem. Pro-fes-sion-nel-le. Supposer la bonne foi, etc.
"Heu, vous vous intéressez au local ? Aux peintures sur verre, peut-être ? Elles sont assez anciennes...
- Ah oui, c'est très bien, ça. C'est très, très, très bien. Ce sera parfait."
Toujours planté exactement sous le luminaire, l'homme extirpe un smartphone... non, ce n'est pas un smartphone ! La boulangère réprime un sourire : je le savais ! C'est un calepin. 2000% anachronique, exactement comme dans les séries. Et il a même le crayon miniaturisé pour aller avec.
Et il prend des notes. Frénétiquement.
"C'est exactement ce qu'il faut pour casser les codes, tout en installant l'ambiance d'entrée. Mais l'intérêt principal, c'est bien sûr l'implication des PJ. Plus besoin de se torturer pour trouver la bonne accroche convenant à tous les types de persos. N'importe qui peut devoir aller à la boulangerie. C'est très important. Oui, il faut que j'y réfléchisse."
Tout s'éclaire enfin ! Le moral de la boulangère remonte en flèche. C'est comme si un rêve de petite fille prenait enfin corps.
"Vous êtes de la PJ ? Il fallait le dire tout de suite ! Vous êtes sur une enquête ? Je peux vous aider ?" (Elle a quand même casé le "Je peux vous aider.")
Elle commence à regretter sa phrase lorsqu'il arrache, visiblement à regret, les yeux de la porte ouverte qui donne sur la salle du pétrin où Robert, invisible pour le moment, s'active depuis une heure péniblement matinale. Les légions de baguettes chaudes et dorées à point qui embaument l'air peuvent en témoigner, même si ce ne sont encore que des pains industriels décongelés : les différentes étapes du process "home-made" ne sont pas encore au top, alors on enclenche la machine comme on peut. Du coup, l'odeur de pâte chaude témoigne surtout de la récente inauguration du brumisateur "Appetizer" sagement dissimulé sous le comptoir. De toute façon, ce n'est pas comme si l'homme avait l'air d'y prêter une quelconque attention. Il délaisse donc la porte du fournil pour braquer à nouveau sur elle un regard désespérément fugace et répéter :
"Ah, pas du tout." Mais cette fois, elle sent qu'elle a marqué un point. Ça y est, elle a établi la communication : il y a un coin de lèvre qui commence à sourire, là, à la commissure gauche. Il est amusé. Pas méchant. Il va être aimable, ou du moins elle tâche de s'en convaincre. "Enfin, pas tout à fait. On pourrait dire ça."
Mais à peine semblait-il s'intéresser enfin à l'échange humain certes limité, mais primordial, qui s'ébauchait là, qu'il recommence à se comporter bizarrement.
"Le pétrin... Oui, le pétrin aurait une importance. C'est évident. Il y a un côté méta, bien sûr. Les joueurs dans le pétrin. Ce serait excellent."
Décidément, la boulangère ne comprend pas. Une pensée inquiétante coule comme une limace froide le long de son dos. Si c'était un psychopathe ? Ou un pervers narcissique, un de ces types qui aspirent l'affection des autres comme les trous noirs avec les protons ? Après tout, c'est ce qu'il fait depuis maintenant bien cinq minutes : laisser croire qu'il va se comporter normalement, avec la politesse de base due à une boulangère, et chaque fois la décevoir, avec son petit jeu de regard et ses "Ah, pas du tout" exaspérants. De nouveau la boulangère sent la moutarde lui monter au nez et cette fois elle se laise aller :
"Bon, monsieur, vous prenez quoi ? Une baguette ? Un croissant ? Un schtroumpf gélifié ?"
Le schtroumpf gélifié a sonné comme un défi. Ses syllabes retombent lentement dans le silence qui se réépaissit malgré tout à une vitesse fulgurante, comme s'il se reconstituait aussi vite qu'on essaie de le crever. Une once de mauvaise conscience rampe aux marges de l'esprit de la boulangère : après tout, l'homme ne lui a rien fait, il n'a pas été exactement impoli, mais elle vient de le rudoyer un peu. "J'espère que Robert ne m'a pas entendue, il va encore me dire que normalement le client est roi." Pour l'instant, c'est surtout un roi en jeûne.
C'est pourtant un curieux phénomène qui vient de s'enclencher. Comme fouetté parle mot de "gélifié", l'homme a tourné sur ses talons, sans bouger absolument rien d'autre, en faisant juste assez couiner le revêtement de sol pour avoir l'air classe, à croire qu'il a été danseur à Broadway dans une autre vie. Sa rotation a été accompagnée d'un léger mouvement du nez en avant qui a amené ses narines, soudain frémissantes, à la hauteur exacte d'un seau de bonbons Haribo. Lentement, les commissures des lèvres s'étirent, laissant apercevoir un nombre grandissant de dents à l'inquiétante bonne santé. La boulangère sursaute lorsqu'un grincement retentit - à moins que ça ne soit une sonnerie de portable ? - mais la porte ne s'est pas ouverte, puisqu'elle ne s'est pas refermée, elle est restée coincée comme toujours quand on l'ouvre à 45° à cause d'une légère inégalité du seuil peut-être due à l'usure qui fait que le revêtement est un peu plus élevé à l'endroit où passe le battant, ce qui fait que le froid est en train de s'installer durablement dans la salle, mais naturellement l'homme n'en a cure, car c'est lui qui grince, ou ricane, ou émet le bruit en question. C'est quelque chose comme :
"Ouiiiiiiiiiiinnnnhinhinhinhin, hé hé hé, hah, héhinnnn..."
Il semble subitement animé d'une sorte de transe : ses mains fébriles, enfin visibles après être restées longtemps hors de portée du regard (plongées dans une des poches pourtant minuscules de son veston hors d'âge ou dans les pans immenses de son imperméable ?), surgissent et s'agitent un peu partout, effleurant la vitrine et arrachant des palpitations à la boulangère qui a déjà des pensées de traces de doigts et de produit à vitres. Lui si immobile jusqu'à présent, il parcourt désormais la vitrine de bout en bout, comme mû par une poussée électro-statique (ce qui expliquerait que ses cheveux n'aient absolument pas l'air coiffés), dévorant du regard tour à tour les croissants bodybuildés (un peu trop de levure, vraiment), les chouquettes en pleine calvitie de grains de sucre ("saloperie qui fixe pas !"), le Paris-Brest nauséeux ("sérieusement, ils appellent ça de la menthe ? Comment tu veux que je bosse si...") et les inévitables présentoirs en carton des Kinder Surprise. Tout en s'adonnant à cette crise frénétique, il murmure entre ses dents un flot de paroles ininterrompu et inintelligible, dont la boulangère ne sait que quelques bribes et des exclamations aussi tonitruantes que brèves : "La farine ! Le grrrrainnn... Une livraison suspecte... Des vies brisées, TOUJOURS ! Mhgngmhgnmhgnmhlz NON-LINEARITE, important... questcequejepeuxtrouverparicimhm..." Elle se rappellera longtemps du moment où il est tombé en arrêt devant le cylindre hérissé de sucettes Pierrot gourmand et l'a examiné sous tous les angles en psalmodiant : "Azathoth... Azathoth..."
L'enthousiasme de la boulangère à l'idée de voir enfin l'homme acheter bel et bien quelque chose retombe par degrés : il ne se décide toujours pas. Derrière elle, au-dessus de la porte du fournil, l'horloge "Plus belle la vie" a compté cinq minutes entières. L'homme a passé les deux dernières figé dans une immobilité parfaite, les narines frémissantes et les sourcils hérissés au-dessus d'un escargot aux raisins secs. Impatientée, elle reprend la parole :
"Bon, qu'est-ce que vous pren...
- 50 000 signes, pas moins.
- Pardon ?
- Je vais avoir du mal à le faire en moins de 50 000. C'est gênant. Il va falloir que je dégraisse."
Pour la énième fois de la matinée, la boulangère n'arrive pas à savoir si elle doit se sentir vexée ou non.
"Mais c'est normal que ça soit un peu gras un escargot aux raisins secs, c'est la pâte qui..."
Cette fois, c'est bien un smartphone qui a sonné. L'homme lève un doigt et lui coupe la parole tout net, comme ça. Et naturellement il répond au téléphone en plein milieu du magasin. Mais quel butor ! La boulangère voudrait qu'il entre quelqu'un d'autre, pour pouvoir faire un esclandre. Zut pour le client-roi !
"Allô ?"
Et en plus, il fronce les sourcils en la regardant pendant qu'il écoute.
"Iesse. Nao. Campagne ! Huit-choux-deux-quiches-sept-tartes-heure."
Cette fois, la boulangère croit avoir compris. C'est une grosse commande. Il a mis le temps, mais il s'est décidé. Néanmoins, une intuition, comme un instinct de survie bricolé à la hâte depuis les cinq dernières minutes, lui chuchote qu'elle ne devrait pas trop se presser d'emballer les articles.
L'homme raccroche aussi brutalement qu'il a décroché.
"Bon, donc un pain de campagne, huit choux à la crème, deux quiches et sept tartes, c'est tout de même mieux quand vous annoncez ce que vous voulez sans détour... mais ce sera à quoi, les quiches et les tartes ? J'ai poulet-tomates, chèvre chaud, épinards et...
- Ah, pas du tout.
- Quoi ?! s'indigne la boulangère, mais vous venez de me passer commande ! Vous pourriez être clair une bonne fois pour toutes ?"
L'homme agite un doigt, l'air aimable, comme sincèrement désolé.
"Je suis navré, madame, je n'ai plus le droit d'en parler, maintenant. Il faudra suivre le site. Tenez, je vais vous prendre une baguette avant d'y aller.
- Ah, quand même ! Tout ça pour ça..."
La boulangère a envie de lui gueuler dessus pendant cinq bonnes minutes, mais l'envie qu'il achète enfin son article et cesse de lui pomper l'air prend le dessus. Rapide comme l'éclair, elle décroche une baguette tout tas occupé à tiédir sur le présentoir mural et entortille autour une double épaisseur de papier fin, tandis que l'homme ne la quitte pas d'un regard attentif. Il a déjà pris sa baguette, il se dirige vers la porte, dans trois secondes il sera sorti.. deux... une... non ! Une cliente s'encadre dans la porte et il doit s'effacer près de la vitrine pour la laisser entrer. Le "bonjour !" de la boulangère est bien trop machinal, mais elle veut qu'il s'en aille, avant toute chose. Il reprend son élan... et se casse en deux pour pointer du nez vers la hanche de la dame. Oh, mon Dieu, ça doit être un pervers fétichiste !
"Ouiiiiiii... le cabat à poireaux Cthulhu. On la tient, la prochaine riouarde. La riouarde idoine. La riouarde philips lovecraft."
Le rire insane ne quitte pas la boulangère pendant les trois jours qui suivent.
"Ahahahahahéhé."
Bref, il n'y a personne. Ce n'était probablement qu'un courant d'air, que le vent d'une fraîcheur bien en deçà des températures estivales. Maudits courants d'air... Ça se glisse dans la moindre fente, ça vous passe dans le dos ou dans les jambes sans qu'on s'en rende compte, et il suffit d'une heure, parfois moins que ça, pour se retrouver affligé d'un méchant chaud et froid. Bien entendu, les bas-de-portes et autres systèmes destinés à lutter contre les courants d'air coûtent un prix démentiel. "Bon, je me fous en rogne toute seule..." pense la boulangère. "Ce qu'il me faudrait, c'est un autre café. C'est pas une vie de se lever à des heures pareilles alors qu'il ne vient personne avant sept heures." Et ce silence... Même le vrombissement des voitures semble encore étouffé. Comme si cette fichue matinée n'allait jamais vraiment commencer. Comme si le monde allait rester éternellement suspendu dans cet entre-deux déprimant, dans cette non-heure sinistre...
La clochette a beau avoir été conçue pour éveiller chez les clients des associations d'idées guillerettes et champêtres propres à encourager la pulsion d'achat, son tintement prend une sonorité d'un macabre inattendu qui fait sursauter la boulangère lorsque la porte s'ouvre d'un coup. Un vent à la force surprenante s'engouffre aussitôt dans la boutique et enveloppe d'une langue froide les vitrines brillamment illuminées ; un frisson déplaisant court le long du dos de la boulangère, qui repense à la brume pesante qu'elle a entrevue à l'horizon une demi-heure plus tôt en faisant l'ouverture.
Personne n'entre.
"Bonjour !" lance la boulangère à tout hasard. L'enjouement forcé de sa voix semble détestable à ses propres oreilles, comme une de ces voix off de publicité dont chaque décibel est lourd de marketing, quand elles ne sont pas en plus accélérées au montage. Ecraser rageusement le bouton "Snooze" du radio-réveil dès que ses tympans perçoivent ce genre de son est le premier plaisir que s'offre la boulangère tous les matins. L'impression de s'être coulée elle-même dans ce moule dépersonnalisant n'en est que plus désagréable. D'autant que le "Tou-lou !" strident de la sonnerie qui retentit exactement deux minutes plus tard tous les matins, lorsqu'il n'est cette fois plus possible de se rendormir, a tendance à revenir résonner dans sa mémoire tout le reste de la journée.
Si elle le pouvait, elle mettrait du Iron Maiden à fond pour oublier, mais son mari dit que ça fait fuir la clientèle.
Il fait encore sombre au-delà de la porte, et on ne peut pas dire que l'éclairage public de la rue soit en parfait état. Le contraste avec l'éclairage flambant neuf de la boutique (les deux époux ont tout de même engagé quelques dépenses) est tel que la boulangère doit plisser les yeux pour s'efforcer de comprendre en quoi au juste consiste la silhouette ou plutôt la chose qu'elle aperçoit désormais sur le seuil.
Pour une raison qu'elle ignore, l'homme reste quelques instants là, immobile. "C'est l'huis", se dit-elle. "Ça ne peut être que l'huis. Pas assez de décorations. Ou alors les baguettes dans mon dos ont l'air raplaplat. Il va tourner les talons et repartir sans dire bonjour. Je vais me taper la honte de ma vie."
"... Fascinant.
- Hein ?"
La boulangère a été trop surprise pour trouver mieux. L'homme se tient toujours à l'entrée et contemple la boutique comme si c'était la première fois de sa vie qu'il découvre une boulangerie. La boulangère soupire intérieurement et sent une autre cause de stress lui nouer le ventre. "Un inspecteur, bien sûr. Pour vérifier que tout est bien aux normes. Merde, je croyais pourtant qu'on avait déjà été contrôlés. Si on se sort de là sans amende, j'obligerai Robert à refaire un ménage complet. On n'a pas récuré le sol assez à fond après que l'électricien est passé partout avec ses croquenots pleins de vase."
"C'est une excellente idée.
- Hé ?" demande encore la boulangère, qui échoue encore à dissimuler son étonnement. L'homme a planté ses yeux dans les siens, un regard calme, qui fait penser à quelqu'un de tranquille, mais avec quelque chose de froid et de calculateur, le genre de paire d'yeux qui essaie adroitement de dissimuler la présence d'un cerveau occupé à concevoir complot sur complot à l'autre bout du nerf optique. Mais c'est sans doute son imagination qui lui joue des tours. Il faut dire que les vêtements de l'homme la font penser irrésistiblement à ces séries policières qu'elle aime bien regarder, les Petits Meurtres entre amis et autres Hercule Poirot. Mais oui, c'est ça : on dirait qu'il est habillé comme dans les années 20.
Houlà, tu bats la campagne, ma pauvre fille. On se recentre : professionnelle, professionnelle.
"Bonjour, monsieur."
Le "monsieur" lui a paru plus prudent : après tout, il peut tout à fait être un inspecteur. En commençant la phrase, elle a pensé enchaîner sur : "Qu'est-ce que vous prendrez ?", ou "Je peux vous aider ?" ou quelque chose de ce genre. Mais son élan est coupé court par l'inattention complète dont elle fait l'objet. L'homme ne la regarde même plus ! Il est occupé à observer le plafond, peut-être le lustre dont les huit branches arrondies, vues d'en dessous, évoquent vaguement la forme d'un poulpe. L'homme parle, et sa seconde parole, quoique prononcée sur ce même ton calme et presque monocorde qui travaille déjà en pelote les nerfs de la boulangère, s'avère en sus tout aussi déroutante que la première :
"C'est bel et bien une excellente idée."
"Heu... qu'est-ce qui est une excellente idée ?" (Au moins, cette fois, la réplique appropriée n'était pas trop difficile à choisir. Avant tout, établir la relation client. Puis, amener en douceur le client à l'idée d'acheter.)
"Une boulangerie. Je me demande bien comment je n'y ai pas pensé plus tôt, malgré toutes ces années."
La boulangère fronce le sourcil et ses espoirs de vente s'amenuisent à grande vitesse.
"Vous... Heu, oui, nous venons juste d'ouvrir. Enfin, nous sommes les nouveaux propriétaires : mon mari et moi." Une idée lui vient et elle ajoute, en reprenant un peu espoir : "Vous... vous êtes du quartier, vous venez depuis longtemps ?
L'un de ses yeux quitte le plafond pour s'arrêter à son niveau. Il dit très vite :
"Ah, pas du tout."
Meeerde. Mais qu'est-ce que c'est que ce type et qu'est-ce qu'il me fout à se planter là me regarder les moulures au lieu de choisir son pain et d'aller se faire... Ahem. Pro-fes-sion-nel-le. Supposer la bonne foi, etc.
"Heu, vous vous intéressez au local ? Aux peintures sur verre, peut-être ? Elles sont assez anciennes...
- Ah oui, c'est très bien, ça. C'est très, très, très bien. Ce sera parfait."
Toujours planté exactement sous le luminaire, l'homme extirpe un smartphone... non, ce n'est pas un smartphone ! La boulangère réprime un sourire : je le savais ! C'est un calepin. 2000% anachronique, exactement comme dans les séries. Et il a même le crayon miniaturisé pour aller avec.
Et il prend des notes. Frénétiquement.
"C'est exactement ce qu'il faut pour casser les codes, tout en installant l'ambiance d'entrée. Mais l'intérêt principal, c'est bien sûr l'implication des PJ. Plus besoin de se torturer pour trouver la bonne accroche convenant à tous les types de persos. N'importe qui peut devoir aller à la boulangerie. C'est très important. Oui, il faut que j'y réfléchisse."
Tout s'éclaire enfin ! Le moral de la boulangère remonte en flèche. C'est comme si un rêve de petite fille prenait enfin corps.
"Vous êtes de la PJ ? Il fallait le dire tout de suite ! Vous êtes sur une enquête ? Je peux vous aider ?" (Elle a quand même casé le "Je peux vous aider.")
Elle commence à regretter sa phrase lorsqu'il arrache, visiblement à regret, les yeux de la porte ouverte qui donne sur la salle du pétrin où Robert, invisible pour le moment, s'active depuis une heure péniblement matinale. Les légions de baguettes chaudes et dorées à point qui embaument l'air peuvent en témoigner, même si ce ne sont encore que des pains industriels décongelés : les différentes étapes du process "home-made" ne sont pas encore au top, alors on enclenche la machine comme on peut. Du coup, l'odeur de pâte chaude témoigne surtout de la récente inauguration du brumisateur "Appetizer" sagement dissimulé sous le comptoir. De toute façon, ce n'est pas comme si l'homme avait l'air d'y prêter une quelconque attention. Il délaisse donc la porte du fournil pour braquer à nouveau sur elle un regard désespérément fugace et répéter :
"Ah, pas du tout." Mais cette fois, elle sent qu'elle a marqué un point. Ça y est, elle a établi la communication : il y a un coin de lèvre qui commence à sourire, là, à la commissure gauche. Il est amusé. Pas méchant. Il va être aimable, ou du moins elle tâche de s'en convaincre. "Enfin, pas tout à fait. On pourrait dire ça."
Mais à peine semblait-il s'intéresser enfin à l'échange humain certes limité, mais primordial, qui s'ébauchait là, qu'il recommence à se comporter bizarrement.
"Le pétrin... Oui, le pétrin aurait une importance. C'est évident. Il y a un côté méta, bien sûr. Les joueurs dans le pétrin. Ce serait excellent."
Décidément, la boulangère ne comprend pas. Une pensée inquiétante coule comme une limace froide le long de son dos. Si c'était un psychopathe ? Ou un pervers narcissique, un de ces types qui aspirent l'affection des autres comme les trous noirs avec les protons ? Après tout, c'est ce qu'il fait depuis maintenant bien cinq minutes : laisser croire qu'il va se comporter normalement, avec la politesse de base due à une boulangère, et chaque fois la décevoir, avec son petit jeu de regard et ses "Ah, pas du tout" exaspérants. De nouveau la boulangère sent la moutarde lui monter au nez et cette fois elle se laise aller :
"Bon, monsieur, vous prenez quoi ? Une baguette ? Un croissant ? Un schtroumpf gélifié ?"
Le schtroumpf gélifié a sonné comme un défi. Ses syllabes retombent lentement dans le silence qui se réépaissit malgré tout à une vitesse fulgurante, comme s'il se reconstituait aussi vite qu'on essaie de le crever. Une once de mauvaise conscience rampe aux marges de l'esprit de la boulangère : après tout, l'homme ne lui a rien fait, il n'a pas été exactement impoli, mais elle vient de le rudoyer un peu. "J'espère que Robert ne m'a pas entendue, il va encore me dire que normalement le client est roi." Pour l'instant, c'est surtout un roi en jeûne.
C'est pourtant un curieux phénomène qui vient de s'enclencher. Comme fouetté parle mot de "gélifié", l'homme a tourné sur ses talons, sans bouger absolument rien d'autre, en faisant juste assez couiner le revêtement de sol pour avoir l'air classe, à croire qu'il a été danseur à Broadway dans une autre vie. Sa rotation a été accompagnée d'un léger mouvement du nez en avant qui a amené ses narines, soudain frémissantes, à la hauteur exacte d'un seau de bonbons Haribo. Lentement, les commissures des lèvres s'étirent, laissant apercevoir un nombre grandissant de dents à l'inquiétante bonne santé. La boulangère sursaute lorsqu'un grincement retentit - à moins que ça ne soit une sonnerie de portable ? - mais la porte ne s'est pas ouverte, puisqu'elle ne s'est pas refermée, elle est restée coincée comme toujours quand on l'ouvre à 45° à cause d'une légère inégalité du seuil peut-être due à l'usure qui fait que le revêtement est un peu plus élevé à l'endroit où passe le battant, ce qui fait que le froid est en train de s'installer durablement dans la salle, mais naturellement l'homme n'en a cure, car c'est lui qui grince, ou ricane, ou émet le bruit en question. C'est quelque chose comme :
"Ouiiiiiiiiiiinnnnhinhinhinhin, hé hé hé, hah, héhinnnn..."
Il semble subitement animé d'une sorte de transe : ses mains fébriles, enfin visibles après être restées longtemps hors de portée du regard (plongées dans une des poches pourtant minuscules de son veston hors d'âge ou dans les pans immenses de son imperméable ?), surgissent et s'agitent un peu partout, effleurant la vitrine et arrachant des palpitations à la boulangère qui a déjà des pensées de traces de doigts et de produit à vitres. Lui si immobile jusqu'à présent, il parcourt désormais la vitrine de bout en bout, comme mû par une poussée électro-statique (ce qui expliquerait que ses cheveux n'aient absolument pas l'air coiffés), dévorant du regard tour à tour les croissants bodybuildés (un peu trop de levure, vraiment), les chouquettes en pleine calvitie de grains de sucre ("saloperie qui fixe pas !"), le Paris-Brest nauséeux ("sérieusement, ils appellent ça de la menthe ? Comment tu veux que je bosse si...") et les inévitables présentoirs en carton des Kinder Surprise. Tout en s'adonnant à cette crise frénétique, il murmure entre ses dents un flot de paroles ininterrompu et inintelligible, dont la boulangère ne sait que quelques bribes et des exclamations aussi tonitruantes que brèves : "La farine ! Le grrrrainnn... Une livraison suspecte... Des vies brisées, TOUJOURS ! Mhgngmhgnmhgnmhlz NON-LINEARITE, important... questcequejepeuxtrouverparicimhm..." Elle se rappellera longtemps du moment où il est tombé en arrêt devant le cylindre hérissé de sucettes Pierrot gourmand et l'a examiné sous tous les angles en psalmodiant : "Azathoth... Azathoth..."
L'enthousiasme de la boulangère à l'idée de voir enfin l'homme acheter bel et bien quelque chose retombe par degrés : il ne se décide toujours pas. Derrière elle, au-dessus de la porte du fournil, l'horloge "Plus belle la vie" a compté cinq minutes entières. L'homme a passé les deux dernières figé dans une immobilité parfaite, les narines frémissantes et les sourcils hérissés au-dessus d'un escargot aux raisins secs. Impatientée, elle reprend la parole :
"Bon, qu'est-ce que vous pren...
- 50 000 signes, pas moins.
- Pardon ?
- Je vais avoir du mal à le faire en moins de 50 000. C'est gênant. Il va falloir que je dégraisse."
Pour la énième fois de la matinée, la boulangère n'arrive pas à savoir si elle doit se sentir vexée ou non.
"Mais c'est normal que ça soit un peu gras un escargot aux raisins secs, c'est la pâte qui..."
Cette fois, c'est bien un smartphone qui a sonné. L'homme lève un doigt et lui coupe la parole tout net, comme ça. Et naturellement il répond au téléphone en plein milieu du magasin. Mais quel butor ! La boulangère voudrait qu'il entre quelqu'un d'autre, pour pouvoir faire un esclandre. Zut pour le client-roi !
"Allô ?"
Et en plus, il fronce les sourcils en la regardant pendant qu'il écoute.
"Iesse. Nao. Campagne ! Huit-choux-deux-quiches-sept-tartes-heure."
Cette fois, la boulangère croit avoir compris. C'est une grosse commande. Il a mis le temps, mais il s'est décidé. Néanmoins, une intuition, comme un instinct de survie bricolé à la hâte depuis les cinq dernières minutes, lui chuchote qu'elle ne devrait pas trop se presser d'emballer les articles.
L'homme raccroche aussi brutalement qu'il a décroché.
"Bon, donc un pain de campagne, huit choux à la crème, deux quiches et sept tartes, c'est tout de même mieux quand vous annoncez ce que vous voulez sans détour... mais ce sera à quoi, les quiches et les tartes ? J'ai poulet-tomates, chèvre chaud, épinards et...
- Ah, pas du tout.
- Quoi ?! s'indigne la boulangère, mais vous venez de me passer commande ! Vous pourriez être clair une bonne fois pour toutes ?"
L'homme agite un doigt, l'air aimable, comme sincèrement désolé.
"Je suis navré, madame, je n'ai plus le droit d'en parler, maintenant. Il faudra suivre le site. Tenez, je vais vous prendre une baguette avant d'y aller.
- Ah, quand même ! Tout ça pour ça..."
La boulangère a envie de lui gueuler dessus pendant cinq bonnes minutes, mais l'envie qu'il achète enfin son article et cesse de lui pomper l'air prend le dessus. Rapide comme l'éclair, elle décroche une baguette tout tas occupé à tiédir sur le présentoir mural et entortille autour une double épaisseur de papier fin, tandis que l'homme ne la quitte pas d'un regard attentif. Il a déjà pris sa baguette, il se dirige vers la porte, dans trois secondes il sera sorti.. deux... une... non ! Une cliente s'encadre dans la porte et il doit s'effacer près de la vitrine pour la laisser entrer. Le "bonjour !" de la boulangère est bien trop machinal, mais elle veut qu'il s'en aille, avant toute chose. Il reprend son élan... et se casse en deux pour pointer du nez vers la hanche de la dame. Oh, mon Dieu, ça doit être un pervers fétichiste !
"Ouiiiiiii... le cabat à poireaux Cthulhu. On la tient, la prochaine riouarde. La riouarde idoine. La riouarde philips lovecraft."
Le rire insane ne quitte pas la boulangère pendant les trois jours qui suivent.
"Ahahahahahéhé."
Dernière modification par Tybalt (le retour) le mer. janv. 11, 2023 1:31 pm, modifié 3 fois.
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Eh beh y'en a qui se lâchent, là bravo! Je sais pas qui ça désigne, mais c'est tripant à lire en tout cas!
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Tristan ? (l'ambiance, le côté cthulhu, l'analyse du décors pour un scénar, le nombre de signe...)
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Et voilà qu'on refile à Zakhan le concept de l'invisiblague... chienne de vie.
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Que veux-tu c'est ça d'être très visible au milieu des invisibles. C'est un mode de vie.Kandjar a écrit :Et voilà qu'on refile à Zakhan le concept de l'invisiblague... chienne de vie.
Bon sinon je voulais vous dire: hier matin, je suis vraiment rentré dans une boulangerie, et j'ai pouffé en arrivant à la caisse, tellement j'avais nos conneries en tête. La boulangère a fait un drôle d'air, mais que pouvais-je lui dire à part "vous ne pouvez pas comprendre" hein? C'est de votre faute tout ça!!
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Tybalt, bravo. Toutes ces références, ça en jette!
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
digne de Tristan en effet!
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
C'est çaVorghyrn a écrit :Tristan ? (l'ambiance, le côté cthulhu, l'analyse du décors pour un scénar, le nombre de signe...)

(Et je précise que je ne connais pas le monsieur dans la Vraie Vie, donc c'est uniquement le Tristan casusien.)
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fixedTybalt (le retour) a écrit :C'est çaVorghyrn a écrit :Tristan ? (l'ambiance, le côté cthulhu, l'analyse du décors pour un scénar, le nombre de signe...)Je pensais caser une allusion à leur pseudo quelque part, mais ça rendait mieux avec des allusions plus dispersées.
(Et je précise que je ne connais pas le collectif dans la Vraie Vie, donc ce sont uniquement les Tristan casusiens.)

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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
- Bonjour monsieur Tybalt.
- Ave, panes factora. Panem volo.
- Qu'est ce que ce que je vous sers comme pain. On en a des tes de sortes.
- Panem cum nuxis.
- Du pain aux noix, monsieur est connaisseur.
- Pax vobiscum, muller. Manducaturus te salutat.
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- Qu'est ce que ce que je vous sers comme pain. On en a des tes de sortes.
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Les éditions Pulp Factory vous accueillent :
https://www.pulp-factory.fr/
https://www.facebook.com/Pulp-Factory-1233133706774124/
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Très bon!Tybalt (le retour) a écrit :Plein de choses très cool.

"What am I supposed to do? Apologize? Over my rich, hot, dead body!"
Spoiler:
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Lotin entre dans la boulangerie.
- Bonjour monsieur,
Lotin fixe un point situé derrière la boulangère.
- La porte de votre arrière boutique est magnifique. Une voute en plein cintre, un linteau sculpté, des colonnes corinthiennes. Vraiment superbe.
- Et qu'est ce que je vous sert ?
- Le sol de votre boulangerie, c'est une mosaïque carolingienne, c'est rare ça. Il faut que je montre ça aux collègues. Et j'appelle la DRAC, il faut qu'on fasse rapidement des fouilles.
- Et comme pain je vous sert quoi ?
- Un pain à l'ancienne évidemment. Quand est ce que l'on peut commencer les fouilles ?
- Pardon ?
- Les fouilles archéologiques. Il y a vraiment une mine ici.
- Euh, et si l'on est pas d'accord ?
- L'état vous expropiera. Et vous serez remplacé par un boulanger plus compréhensif.
- Eh beh. Voilà votre pain et surtout au revoir.
- Bonjour monsieur,
Lotin fixe un point situé derrière la boulangère.
- La porte de votre arrière boutique est magnifique. Une voute en plein cintre, un linteau sculpté, des colonnes corinthiennes. Vraiment superbe.
- Et qu'est ce que je vous sert ?
- Le sol de votre boulangerie, c'est une mosaïque carolingienne, c'est rare ça. Il faut que je montre ça aux collègues. Et j'appelle la DRAC, il faut qu'on fasse rapidement des fouilles.
- Et comme pain je vous sert quoi ?
- Un pain à l'ancienne évidemment. Quand est ce que l'on peut commencer les fouilles ?
- Pardon ?
- Les fouilles archéologiques. Il y a vraiment une mine ici.
- Euh, et si l'on est pas d'accord ?
- L'état vous expropiera. Et vous serez remplacé par un boulanger plus compréhensif.
- Eh beh. Voilà votre pain et surtout au revoir.
Les éditions Pulp Factory vous accueillent :
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
hé hé Fabien tu es actif en ce moment. Sans doute parce que tu sais que ton tour est déjà passé...
Mais en fait, aucune loi n'interdit ici de recommencer hin hin hin
Je vais donc saisir le témoin magnifiquement transmis par Najael et prendre le relais
Fabien Lyraud II la mission
Fabien entre dans la boulangerie, en jetant mille coups d’oeils effarés un peu partout
- Ah rebonjour monsieur Fabien. Ca va mieux depuis la dernière fois ? Vous faites toujours du culturisme populaire pour combattre la misère moderne et l’art social ?
- Non, vous mélangez tout ! Et mettez votre main devant votre bouche quand vous me parlez svp
- Eh oh je vous en prie… je pense pas être celle qui a le plus besoin d’un chewing gum ici !
- Tss nan, rien à voir. Si moi je peux lire sur vos lèvres, imaginez ce qu’ils peuvent faire, avec les moyens illimités de la mafia
- La mafia ? vous voulez dire ces racailles qui volent les pains au chocolat de nos petits écoliers ?
- Ah ah si seulement… non je parle de Lemovicum Nostra, cette pieuvre immonde qui a pris le contrôle de chaque rue, chaque taverne, chaque boutique. Nul n’est à l’abri de leurs tentacules ! On les appelle aussi les Porcelenonesi…
- Première fois que j’entends ce nom
- Evidemment, c’est leur objectif. Ils masquent même leurs forfaits dans les expressions populaires
- ????
- Vous savez que veut dire « comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » non ?
- Oui bien sûr
- Eh bien non, vous ne savez pas. Il s’git en réalité d’une punition pour les gérants qui ne payaient pas le rackett. Les mafieux ramènent un éléphant qui écrabouille tout pour punir le mauvais payeur. La première fois, c’est un éléphant d’Asie. La seconde, un éléphant d’Afrique, leurs défenses sont plus longues
- Mais, euh… vous êtes sûrs ? vous savez ça comment ?
- Aha aha aha, ça c’est une bonne question. Des journées entières passées dans les troisièmes sous-sols des archives de Charentes Libres et France 3 Limousin, des bribes de conversation suspectes dans les alcôves des places arrière du bus, soigneusement triées, décryptées. Sept cent mille feuilles A4 de statistiques diverses sur le vol de cerises, la disparition de bites d’amarrage le long de la Vienne, des cercles de culture dans la salle 3 du cinéma le Lido.
- Impressionnant ! Mais euh, faites attention, vous me mettez des débris de plâtre partout là
- Hem pardon, c’est ma veste (montre son dos complètement blanchi) C’est à force de me déplacer collé à chaque mur, pour ne pas me faire surprendre. C’est une partie du prix à payer quand on lutte contre le Pandemonium Limousus
- Ah c’est encore une mafia ?
- Une mafia ? (part d’un rire sombre et nerveux). Malheureuse, c’est bien pire. C’est une confrérie démoniaque qui veut précipiter la ville dans les abysses éternelles et…
- Ecoutez monsieur Fabien, je crois que vous n’allez vraiment pas mieux finalement. Je ne suis pas sûre d’avoir envie d’écouter ces fadaises. Si on vous écoute, y’a des démons fourchus à chaque carrefour
- Pas des démons fourchus non, des sombres incontinents
- ??
- Vous n’avez jamais surpris, à la lumière blafarde de la lune, les silhouettes voûtées des Greats Old Pissing Ones ? La plupart des murs du quartier luisent encore des signes cabalistiques qu’ils ont tracés, leur appendice ridé à la main, dans une aspersion cyclopéenne et aléatoire ? Avez-vous croisé leur regard lubri…
- Monsieur Fabien, arrêtez, je vous en prie, vous faites peur à mes clients !! Et d’ailleurs il faut pêut-être me dire ce que vous voulez parce que j’ai pas toute la journée. Baguette ou croissant ?
(reprenant un peu ses esprits)
- ah euh, c’est un peu délicat. Je voudrais vous demander un service. Qui sera rémunéré bien entendu
- Dites toujours, mais j’espère que c’est pas tordu !
- Non, rassurez-vous. Voici ma liste de courses pour la semaine. Pourriez-vous me les faire svp ? Je vous attendrai devant le supermarché
- Devant le supermarché en face là, à 10 mètres d’ici
- Précisément.
- Et on peut savoir pourquoi vous ne vous bougez pas les fesses vous-même ???
- Ahah ih in, on voit bien que vous êtes nouvelle à Limoges. Ce supermarché vient d’ouvrir !!!
- Oui, et alors ?
- Alors ça veut dire que le gérant ne me connait pas !!! Personne ne me connait et je ne connais personne ! Imginez si il y a le mondre litige, si j’ai oublié de peser les poires ou si je remarque une peu de rouille sur la boite de pois chiches, ils sortiront les couteaux !!! Vous ne voulez pas qu’il m’arrive quelque chose n’est-ce pas ? Alors s’il vous plait, allez y, vous ne risquez rien vous, vous n’enquêtez sur personne. En échange je vous achèterai un Malabar.
- Bon et si je le fais, vous ne viendrez plus effrayer ma clientèle
- D’accord, mais refuser de voir le danger ne le fait pas dispar…
(la boulangère se dépêche et court au supermarché sans le laisser conclure)
Mais en fait, aucune loi n'interdit ici de recommencer hin hin hin
Je vais donc saisir le témoin magnifiquement transmis par Najael et prendre le relais
Fabien Lyraud II la mission
Fabien entre dans la boulangerie, en jetant mille coups d’oeils effarés un peu partout
- Ah rebonjour monsieur Fabien. Ca va mieux depuis la dernière fois ? Vous faites toujours du culturisme populaire pour combattre la misère moderne et l’art social ?
- Non, vous mélangez tout ! Et mettez votre main devant votre bouche quand vous me parlez svp
- Eh oh je vous en prie… je pense pas être celle qui a le plus besoin d’un chewing gum ici !
- Tss nan, rien à voir. Si moi je peux lire sur vos lèvres, imaginez ce qu’ils peuvent faire, avec les moyens illimités de la mafia
- La mafia ? vous voulez dire ces racailles qui volent les pains au chocolat de nos petits écoliers ?
- Ah ah si seulement… non je parle de Lemovicum Nostra, cette pieuvre immonde qui a pris le contrôle de chaque rue, chaque taverne, chaque boutique. Nul n’est à l’abri de leurs tentacules ! On les appelle aussi les Porcelenonesi…
- Première fois que j’entends ce nom
- Evidemment, c’est leur objectif. Ils masquent même leurs forfaits dans les expressions populaires
- ????
- Vous savez que veut dire « comme un éléphant dans un magasin de porcelaine » non ?
- Oui bien sûr
- Eh bien non, vous ne savez pas. Il s’git en réalité d’une punition pour les gérants qui ne payaient pas le rackett. Les mafieux ramènent un éléphant qui écrabouille tout pour punir le mauvais payeur. La première fois, c’est un éléphant d’Asie. La seconde, un éléphant d’Afrique, leurs défenses sont plus longues
- Mais, euh… vous êtes sûrs ? vous savez ça comment ?
- Aha aha aha, ça c’est une bonne question. Des journées entières passées dans les troisièmes sous-sols des archives de Charentes Libres et France 3 Limousin, des bribes de conversation suspectes dans les alcôves des places arrière du bus, soigneusement triées, décryptées. Sept cent mille feuilles A4 de statistiques diverses sur le vol de cerises, la disparition de bites d’amarrage le long de la Vienne, des cercles de culture dans la salle 3 du cinéma le Lido.
- Impressionnant ! Mais euh, faites attention, vous me mettez des débris de plâtre partout là
- Hem pardon, c’est ma veste (montre son dos complètement blanchi) C’est à force de me déplacer collé à chaque mur, pour ne pas me faire surprendre. C’est une partie du prix à payer quand on lutte contre le Pandemonium Limousus
- Ah c’est encore une mafia ?
- Une mafia ? (part d’un rire sombre et nerveux). Malheureuse, c’est bien pire. C’est une confrérie démoniaque qui veut précipiter la ville dans les abysses éternelles et…
- Ecoutez monsieur Fabien, je crois que vous n’allez vraiment pas mieux finalement. Je ne suis pas sûre d’avoir envie d’écouter ces fadaises. Si on vous écoute, y’a des démons fourchus à chaque carrefour
- Pas des démons fourchus non, des sombres incontinents
- ??
- Vous n’avez jamais surpris, à la lumière blafarde de la lune, les silhouettes voûtées des Greats Old Pissing Ones ? La plupart des murs du quartier luisent encore des signes cabalistiques qu’ils ont tracés, leur appendice ridé à la main, dans une aspersion cyclopéenne et aléatoire ? Avez-vous croisé leur regard lubri…
- Monsieur Fabien, arrêtez, je vous en prie, vous faites peur à mes clients !! Et d’ailleurs il faut pêut-être me dire ce que vous voulez parce que j’ai pas toute la journée. Baguette ou croissant ?
(reprenant un peu ses esprits)
- ah euh, c’est un peu délicat. Je voudrais vous demander un service. Qui sera rémunéré bien entendu
- Dites toujours, mais j’espère que c’est pas tordu !
- Non, rassurez-vous. Voici ma liste de courses pour la semaine. Pourriez-vous me les faire svp ? Je vous attendrai devant le supermarché
- Devant le supermarché en face là, à 10 mètres d’ici
- Précisément.
- Et on peut savoir pourquoi vous ne vous bougez pas les fesses vous-même ???
- Ahah ih in, on voit bien que vous êtes nouvelle à Limoges. Ce supermarché vient d’ouvrir !!!
- Oui, et alors ?
- Alors ça veut dire que le gérant ne me connait pas !!! Personne ne me connait et je ne connais personne ! Imginez si il y a le mondre litige, si j’ai oublié de peser les poires ou si je remarque une peu de rouille sur la boite de pois chiches, ils sortiront les couteaux !!! Vous ne voulez pas qu’il m’arrive quelque chose n’est-ce pas ? Alors s’il vous plait, allez y, vous ne risquez rien vous, vous n’enquêtez sur personne. En échange je vous achèterai un Malabar.
- Bon et si je le fais, vous ne viendrez plus effrayer ma clientèle
- D’accord, mais refuser de voir le danger ne le fait pas dispar…
(la boulangère se dépêche et court au supermarché sans le laisser conclure)
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Ok, je vais me venger.
- Bonjour Monsieur Zakhan.
- Bonjour, je voudrais du pain aux fruits confits.
- Nous n'avons pas ça, monsieur;
- Je suis d'origine iranienne et c'est bientôt Norouz le nouvel an iranien. Le pain aux fruits confits, c'est indispensable pour le repas de fête.
- Si vous me passer commande je peux peut être pouvoir faire quelque chose.
- Merci je vais pouvoir m'occuper des autres plats, le poulet aux poires, le gigot d'agneau aux pétales de rose.
- Au fait vous êtes d'origine iranienne, je vous croyais bourguignon.
- Mais le rois burgonde Clodoric dont descende les ducs de Bourgogne a épousé la fille d'Antiochos Constipator, roi du Pont dont la mère était perse. Donc les ducs de Bourgogne ont du sang perse.
- Ah je vois. Repassez demain pour votre pain aux fruits confits.

- Bonjour Monsieur Zakhan.
- Bonjour, je voudrais du pain aux fruits confits.
- Nous n'avons pas ça, monsieur;
- Je suis d'origine iranienne et c'est bientôt Norouz le nouvel an iranien. Le pain aux fruits confits, c'est indispensable pour le repas de fête.
- Si vous me passer commande je peux peut être pouvoir faire quelque chose.
- Merci je vais pouvoir m'occuper des autres plats, le poulet aux poires, le gigot d'agneau aux pétales de rose.
- Au fait vous êtes d'origine iranienne, je vous croyais bourguignon.
- Mais le rois burgonde Clodoric dont descende les ducs de Bourgogne a épousé la fille d'Antiochos Constipator, roi du Pont dont la mère était perse. Donc les ducs de Bourgogne ont du sang perse.
- Ah je vois. Repassez demain pour votre pain aux fruits confits.
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.
Le texte de Tyblat est excellent, mais la phrase qui m'a vraiment achevé, c'est:

Tybalt (le retour) a écrit :Elle se rappellera longtemps du moment où il est tombé en arrêt devant le cylindre hérissé de sucettes Pierrot gourmand et l'a examiné sous tous les angles en psalmodiant : "Azathoth... Azathoth..."



Le jeu de rôle est à la littérature et au cinéma ce que le karaoké est à la musique : on fait la même chose en moins bien, mais pour le plaisir de le faire nous-mêmes. (Léonard)