Gulix a écrit : ↑sam. août 31, 2019 10:00 am J'ai joué à Escape from Dino Island l'autre soir (j'en parle sur mon blog). C'est un PBTA au format zine 32 pages, avec tout ce qu'il faut pour jouer une aventure "à la Jurassic Park".
Vous êtes sur une île. Y a des dinosaures. Y a un truc qui se passe pas bien. Comment vous-faites pour partir de là ?
Merci pour le billet et l'avis, ça m'intéresse bien. Ça fait des années que j'ai envie de jouer à ce genre de chose. Je fais de petites aides de jeu paléontologiquement aussi exactes que possible mais sans système dédié (je mets ça pour BoL sur la scénariothèque) mais ça manque d'un cadre global pour y jouer et ce jeu s'y prêterait bien. Je guetterai la VF avec curiosité

Hier soir chez nous c'était Kosmos avec un scénario que je n'avais pas encore testé : La Tisserande de Tinnit, aventure que j'avais écrit écrite pour le supplément sur la Libye et qui se déroule à Carthage. Je venais de convertir le tout pour BoL. On a joué 3h30 environ, présentation du jeu et du système et répartition des personnages prétirés inclus, et c'était rudement bien. Au programme : des fermiers accueillants, une tisserande prodige, des audiences avec la reine Didon en personne, et des événements curieux qui sentent l'intervention divine.
J'ai pondu un CR en bonne et due forme. Je le mets entre balises spoiler parce qu'il dévoile complètement le scénario et parce qu'il est un peulong :
Spoiler:
Durée : environ 3h30 (dont environ 15 minutes pour présenter l’univers et les règles et répartir les personnages prétirés).
Personnages joués : trois personnages prêts à jouer du livre de base : Bélos le prince archer, Eucharis l’intendante, Hagias l’aède (livre de base), plus un personnage créé par une joueuse : Hypatie prêtresse de Delphes.
Bélos, prince royal d’Aïdoné, et sa suite, sont en voyage dans la lointaine Carchédonie pour nouer une alliance informelle et des promesses commerciales avec Didon, reine de la toute jeune ville de Carthage.
Pour plus de commodité, nous considérons que tous les PJ ont eu le temps d’apprendre assez la langue locale pour tenir une conversation simple. Hagias, qui parle phénicien, reste le plus qualifié pour les longs discours.
Après un long et périlleux voyage par cabotage le long de la côte puis à pied, ils pensent être à une heure de marche de la ville encore ; ils traversent une steppe désertique et n’ont plus que pour un jour de provisions, quand la tempête de sable rouge se lève et les enveloppe. Distinguant la forme d’une habitation à travers les tourbillons de poussière, ils frappent et sont hébergés par Hiempsal et Mayyim. Leur apparence noble impressionne les deux fermiers, qui leur offrent tout ce qu’ils ont en mangeant à peine eux-mêmes, ce à quoi les PJ répondent en partageant généreusement les provisions qui leur restent. « Que Baal et Tinnit vous protègent ! » leur souhaitent les fermiers. L’aède Hagias joue et chante un hymen à Apollon pour rendre la soirée plus agréable, et les PJ apprennent que Baal est un équivalent d’Apollon, tandis que Tinnit semble être Aphrodite.
La jeune Taanach parle à peine, mais Bélos en tombe amoureux dès qu’il pose les yeux sur elle : je le prends à part pour l’en informer.
Le lendemain matin, la petite troupe veut repartir, mais Bélos s’attarde à regarder Taanach qui a repris son travail sur le métier à tisser de sa mère. Eucharis cherche à scruter la qualité du travail de la jeune fille et s’aperçoit qu’elle a un talent extraordinaire. Elle déclare qu’il faut montrer ce travail aux meilleurs artisans. Les autres PJ proposent alors d’emmener Taanach avec eux, ainsi que la toile sur laquelle elle travaillait, et de présenter son travail à la reine. Intimidés mais heureux, les fermiers acceptent.
Les PJ découvrent Carthage, ville toute récente et encore en cours de construction, mais industrieuse et en plein essor. Costumes bariolés, maisons à toit-terrasse exotiques et senteurs inaccoutumées ls dépaysent tandis qu’ils atteignent et franchissent les portent de la ville en direction de la haute colline de Byrsa qui abrite l’acropole de la ville, dominée par les temples de Baal et de Tinnit. La troupe se présente directement au palais. Hagias l’aède sert de porte-parole et joue un air de musique pour la reine tandis qu’Eucharis présente les cadeaux destinés à la reine.
J’ai donné au groupe la liberté d’inventer ce qu’ils avaient apporté, dans les limites de la vraisemblance (ils ont fini le voyage à pied). Ils ont ainsi offert à la reine de Carthage une peau d’ours, des coupes gravées en argent, des « amphores peintes en trichromie » (?), du vin de Byblos, du miel du mont Hymette, des raisins de Corinthe de l’huile du Péloponnèse, une statuette d’Apollon de Delphes et la toile de Taanach.
Didon est intéressée par une statuette d’Apollon qu’Hypatie présente comme « l’équivalent de Baal », ce qui rassure Abditanit, grand prêtre de Tinnit, présent aux côtés de la reine pendant l’audience. Puis Didon est surprise de découvrir le travail de Taanach. Cette fois, Abditanit est franchement intéressé lui aussi. Tous deux se concertent, puis Didon propose à Taanach de se charger de tisser un grand voile luxueux destiné à orner la statue de Tinnit dans son temple. Elle propose même à la jeune fille de rejoindre les prêtresses de la déesse ! L’offre est à peu près impossible à refuser, surtout pour Taanach. Bélos surprend tout le monde en se contentant d’affirmer qu’il « doit réfléchir » (ayant le désavantage « Incapable de mentir », il est très ennuyé et a grand mal à ne pas froisser la reine !).
Didon fait loger tout le monde au palais conformément aux honneurs dus à une délégation royale, dans des appartements petits mais luxueusement décorés, avec des serviteurs pour assurer leur confort. Les PJ hésitent sur le sort à réserver à Taanach. Celle-ci, timide, est surtout désireuse de ne pas déplaire à sa reine et à ses parents. La prêtresse Hypatie propose de réaliser une offrande à Aphrodite en lui demandant un signe de sa volonté au sujet du destin de Taanach. Les PJ, passant par les serviteurs du palais, rassemblent un panier de grains et de l’encens et Hypatie s’adresse à Aphrodite. Si, quand les PJ se mettent à la fenêtre du palais, une colombe s’envole vers la droite, ce sera le signe que la déesse approuve le fait que Taanach se mette à son service. À peine ont-ils terminé la cérémonie et se sont-ils placés dans l’embrasure de la fenêtre qu’un grand vol de colombes passe vers la droite. Le signe est sans équivoque. Taanach, impressionnée, ébauche un sourire : « Si tel est mon destin, alors je l’accepte ! » Les PJ vont informer Didon du résultat de l’offrande et acceptent son offre.
Au retour, ils ne trouvent plus Taanach : celle-ci s’est déjà mise à la tâche dans les ateliers de tissage du palais. La confection du voile de Tinnit a commencé. Elle doit durer une grande dizaine de jours.
Le soir, Bélos va trouver Taanach et lui déclare sa flamme. Très émue, la jeune fille se trouve prise entre la demande d’un personnage au rang social très supérieur et les devoirs qu’elle se sent désormais envers la déesse. Taanach ne donne pas de réponse précise et réclame du temps : sa vie a été bouleversée ces derniers jours.
Le lendemain, Taanach est intronisée prêtresse en présence des PJ et d’Abditanit. Il devient désormais plus difficile de voir Taanach : elle est entourée tantôt par les prêtres et prêtresses, tantôt par les artisans, femmes des ateliers dont elle dirige le travail en plus du tissage qu’elle accomplit elle-même.
Les PJ profitent de ce temps à Carthage pour se promener en ville. Bélos noue contact avec plusieurs marchands. Eucharis fait du troc. Hypatie se renseigne sur les croyances locales et visite les temples.
Au bout de huit jours, le voile est déjà terminé. C’est une splendeur. Les PJ sont conviés à la cérémonie de remise du voile à la déesse, à l’entrée du temple de Tinnit, dont la statue a été exceptionnellement sortie du naos. Tout se passe bien, jusqu’au moment où la reine Didon annonce qu’elle nomme Taanach grande prêtresse d’Aphrodite, rabaissant Abditanit au rang de second prêtre. Ce dernier cache mal sa déception.
Le lendemain matin, les Pj continuent leurs affaires dans la ville quand ils aperçoivent une procession en route parmi les rues. En se renseignant, ils aperçoivent Taanach et Abditanit en tête d’un cortège d’une douzaine de prêtres et de servantes du temple de Tinnit. Ils apprennent que le second prêtre a élaboré une procession dans et hors de la ville pour « présenter la grande prêtresse au peuple et à la déesse ». Heureux pour la jeune fille, les PJ décident de prendre part à la procession.
Une fois hors de la ville, ils aperçoivent une troupe de cavalier qui s’approche rapidement en provenance de la campagne carthaginoise. Les cavaliers, une vingtaine, arrivent au contact du cortège, sortent des lances et des épées et sèment la panique ! Bélos voit un cavalier nomade s’emparer de Taanach et repartir à cheval.
Bélos profite de l’inattention d’un cavalier nomade occupé à semer la panique parmi les prêtresses pour lui enfoncer sa lance dans le corps, le désarçonner et sauter en selle à sa place. Hypatie adresse une prière à Apollon en promettant de lui sacrifier trois agneaux si le dieu les aide à poursuivre Taanach. À peine a-t-elle terminé qu’elle repère un cheval sans cavalier au milieu de la confusion : elle saute en selle et, malgré son inexpérience en matière d’équitation, n’éprouve aucune difficulté à guider l’animal (sa prière et son avantage « Amie des bêtes » n’y sont pas pour rien). Hagias l’aède monte avec elle.
Eucharis s’approche subrepticement d’un autre cavalier nomade occupé à semer la panique ailleurs et le tire par la jambe pour le désarçonner avec succès et l’interroger en lui mettant sa dague sur la gorge. Elle apprend ainsi que le but réel des nomades était d’enlever Taanach. Pas étonnant que les nomades ne fassent pas de dégâts réels parmi le cortège et se contentent en substance de semer la panique pour couvrir l’enlèvement. Elle rejette brutalement le nomade et tente d’enfourcher son cheval, mais éprouve quelques difficultés. Le guerrier met ce temps à profit pour s’en prendre à elle, mais elle parvient à se reprendre à temps et l’atteint en pleine gorge. Les genoux du nomade fléchissent et il tombe, tandis que son âme étonnée s’envole vers le royaume d’Hadès. Eucharis, la robe tachée de sang, saute enfin en selle.
Bélos, suivi un peu plus loin par le cheval d’Hypatie et de Hagias et par celui que vient de monter Eucharis, se lancent au grand galop à la poursuite du nomade qui a enlevé Taanach. Le paysage défile autour d’eux et ils retrouvent la campagne carthaginoise avec ses horizons plats et arides où la vue porte très loin.
Après cinq minutes et alors que Bélos gagne nettement de l’avance, Taanach parvient contre toute attente à faire tomber de cheval son ravisseur. La bête s’emballe et part en biais, tandis que la jeune femme, qui n’a jamais monté un cheval de sa vie, s’accroche au cou de sa monture comme elle peut.
Bélos parvient à rattraper l’animal et à le maîtriser sans quitter sa propre monture. De nouveau il déclare sa flamme à Taanach et son désir de la ramener chez lui, en Grèce, pour en faire son épouse, sa princesse et, plus tard, sa reine. Taanach est bouleversée, mais elle ne peut rompre son engagement envers la déesse. Et il est urgent de se mettre à l’abri.
La tête basse, Bélos fait le point sur la situation, qui n’est pas brillante. Certes, tous les PJ ont pu s’emparer d’un cheval, mais les nomades ont cessé leur attaque et sont en train de converger vers eux pour leur couper le chemin du retour vers l’abri des remparts. De l’autre côté, c’est la plaine aride, sans aucun endroit où s’abriter. Taanach ne sait que faire. Elle voudrait retourner chez ses parents, mais c’est impossible sans mener les nomades chez eux, et elle ne veut pas les mettre en danger.
Les autres PJ rejoignent Bélos et tous s’organisent. Bélos décide de faire front bravement. Le combat s’annonce rude : de tout le groupe, seul Bélos est un guerrier accompli. Eucharis décide de rester pour appuyer Bélos, mais elle est mal armée et vulnérable : elle se tiendra un peu en retrait. Tous deux vont tenter de retenir l’attention des nomades pendant qu’Hypatie et Hagias partiront d’un autre côté en menant le cheval de Taanach, afin de contourner la troupe pour regagner la porte de la ville.
Hypatie adresse une prière à Aphrodite : elle lui promet une deuxième parure tissée par Taanach si elle les aide à sauver la jeune fille, ainsi que des offrandes d’huile parfumée. Peu après, sur les 18 cavaliers nomades qui galopaient vers eux, une grande douzaine se détournent pour se regrouper un peu plus loin, peut-être autour du chef nomade qu’ils ont récupéré. Seuls cinq cavaliers galopent toujours vers les PJ.
Bélos et Eucharis engagent le combat, Eucharis dans une position moins avantageuse que prévu car elle peine à maîtriser sa monture. Bélos porte un coup à un nomade sans parvenir à l’atteindre sérieusement, mais le met assez en difficulté pour que l’autre ne puisse pas répliquer tout de suite. Eucharis, quant à elle, agrippe le manche de la lance de son adversaire en une manœuvre audacieuse. Elle ne parvient à rien de concret mais surprend complètement son adversaire et gagne ainsi du temps.
Deux cavaliers nomades se détachent du groupe pour poursuivre Taanach, Hagias et Hypatie. Bélos et Eucharis n’ont plus que trois adversaires à affronter.
À ce moment, la porte de la ville livre passage à une troupe de cavaliers carthaginois envoyés pour repousser les nomades. Ceux-ci, voyant que leur tentative a échoué, rompent le combat et prennent la fuite au galop, laissant Hypatie et Hagias conduire Taanach en sécurité.
Didon, très préoccupée, reçoit les PJ au palais pour une réunion de crise. Une telle initiative des nomades déconcerte tout le monde. Abditanit est le premier étonné et promet de faire la lumière sur l’affaire. Bélos, qui a des soupçons, met à profit son avantage « Perspicace » et se rend compte que le prêtre ne livre là qu’un habile numéro d’acteur : il cache quelque chose. Le mobile est tout trouvé, la disparition de Taanach profiterait naturellement au grand prêtre rétrogradé. Mais comment le confondre ? Impossible de formuler des soupçons devant la reine : les PJ n’ont aucune preuve matérielle et ne sont que des hôtes étrangers.
De retour dans leurs appartements, les PJ se creusent la cervelle sur le plan à adopter, quand un serviteur du palais frappe à leur porte avec un message : la grande prêtresse de Tinnit veut les voir. Ils se rendent à l’entrée du temple, où ils retrouvent Taanach. La jeune femme, épuisée et démoralisée, tient à les remercier de lui avoir sauvé la vie. Encouragée par Hypatie, elle finit par avouer son désarroi : tous ces bouleversements la déroutent, ses nouvelles responsabilités l’écrasent, elle ne pensait pas un poste de grande prêtresse aussi périlleux ; et ses parents lui manquent. Hypatie, fine psychologue, la conseille et parvient à la réconforter, en lui faisant remarquer par exemple qu’elle a largement assez d’autorité pour réclamer qu’on fasse venir ses parents de temps en temps.
En discutant plus longuement avec Taanach, les PJ apprennent d’elle qu’au moment de l’enlèvement, Abditanit a profité de la confusion pour la pousser sans ménagement dans les bras du nomade au lieu de la défendre. Mais comment obtenir des preuves ? En réfléchissant, la jeune fille se souvient que la veille, comme elle ne parvenait pas à dormir à cause de son inquiétude, elle a vu un serviteur du palais sortir, puis a entendu le galop d’un cheval en provenant de l’écurie du palais, toute proche. La monture s’est éloignée. Après avoir dormi quelques heures, elle a cru voir la déesse Tinnit lui apparaître en rêve et poser un doigt sur son front. Taanach s’est réveillé et a entendu cette fois un cheval se rapprocher et arriver vers l’écurie voisine. Taanach donne une description du serviteur, mais elle reste très vague, n’ayant pas vu grand-chose dans l’ombre.
Les PJ en savent cependant assez pour enquêter. Eucharis se rend dans les écuries et, en flirtant un peu avec un palefrenier, n’a aucun mal à apprendre qu’un esclave du palais, nommé Gygès, a pris un cheval et a quitté la ville la nuit passée avant de revenir au petit matin. Les PJ n’ont aucun mal à faire avouer Gygès. Ils peuvent alors réclamer une nouvelle audience à Didon et confondre Abditanit. Ce dernier avoue du bout des lèvres qu’il a pu « commettre une maladresse ». Didon lui laisse son poste de second prêtre, mais Abditanit a perdu tout crédit auprès de la reine.
Les PJ peuvent quitter Carthage, couverts de cadeaux, leur mission remplie et avec la satisfaction d’avoir contribué au destin inattendu de Taanach. Tous les PJ gagnent 2 points d’expérience pour cette aventure. Mais Bélos tient à retourner voir la grande prêtresse au temple avant de partir. Le jeune prince a le cœur brisé, mais reste résolu à accomplir son devoir. Son père n’aurait guère accepté un pareil mariage, de toute façon. Il médite sur les méandres de la destinée et s’aperçoit qu’en somme, Aphrodite l’a peut-être fait tomber amoureux de la jeune fille dans le seul but de faire d’elle sa nouvelle grande prêtresse. Amer, Bélos gagne 1 point de démesure.
Personnages joués : trois personnages prêts à jouer du livre de base : Bélos le prince archer, Eucharis l’intendante, Hagias l’aède (livre de base), plus un personnage créé par une joueuse : Hypatie prêtresse de Delphes.
Bélos, prince royal d’Aïdoné, et sa suite, sont en voyage dans la lointaine Carchédonie pour nouer une alliance informelle et des promesses commerciales avec Didon, reine de la toute jeune ville de Carthage.
Pour plus de commodité, nous considérons que tous les PJ ont eu le temps d’apprendre assez la langue locale pour tenir une conversation simple. Hagias, qui parle phénicien, reste le plus qualifié pour les longs discours.
Après un long et périlleux voyage par cabotage le long de la côte puis à pied, ils pensent être à une heure de marche de la ville encore ; ils traversent une steppe désertique et n’ont plus que pour un jour de provisions, quand la tempête de sable rouge se lève et les enveloppe. Distinguant la forme d’une habitation à travers les tourbillons de poussière, ils frappent et sont hébergés par Hiempsal et Mayyim. Leur apparence noble impressionne les deux fermiers, qui leur offrent tout ce qu’ils ont en mangeant à peine eux-mêmes, ce à quoi les PJ répondent en partageant généreusement les provisions qui leur restent. « Que Baal et Tinnit vous protègent ! » leur souhaitent les fermiers. L’aède Hagias joue et chante un hymen à Apollon pour rendre la soirée plus agréable, et les PJ apprennent que Baal est un équivalent d’Apollon, tandis que Tinnit semble être Aphrodite.
La jeune Taanach parle à peine, mais Bélos en tombe amoureux dès qu’il pose les yeux sur elle : je le prends à part pour l’en informer.
Le lendemain matin, la petite troupe veut repartir, mais Bélos s’attarde à regarder Taanach qui a repris son travail sur le métier à tisser de sa mère. Eucharis cherche à scruter la qualité du travail de la jeune fille et s’aperçoit qu’elle a un talent extraordinaire. Elle déclare qu’il faut montrer ce travail aux meilleurs artisans. Les autres PJ proposent alors d’emmener Taanach avec eux, ainsi que la toile sur laquelle elle travaillait, et de présenter son travail à la reine. Intimidés mais heureux, les fermiers acceptent.
Les PJ découvrent Carthage, ville toute récente et encore en cours de construction, mais industrieuse et en plein essor. Costumes bariolés, maisons à toit-terrasse exotiques et senteurs inaccoutumées ls dépaysent tandis qu’ils atteignent et franchissent les portent de la ville en direction de la haute colline de Byrsa qui abrite l’acropole de la ville, dominée par les temples de Baal et de Tinnit. La troupe se présente directement au palais. Hagias l’aède sert de porte-parole et joue un air de musique pour la reine tandis qu’Eucharis présente les cadeaux destinés à la reine.
J’ai donné au groupe la liberté d’inventer ce qu’ils avaient apporté, dans les limites de la vraisemblance (ils ont fini le voyage à pied). Ils ont ainsi offert à la reine de Carthage une peau d’ours, des coupes gravées en argent, des « amphores peintes en trichromie » (?), du vin de Byblos, du miel du mont Hymette, des raisins de Corinthe de l’huile du Péloponnèse, une statuette d’Apollon de Delphes et la toile de Taanach.
Didon est intéressée par une statuette d’Apollon qu’Hypatie présente comme « l’équivalent de Baal », ce qui rassure Abditanit, grand prêtre de Tinnit, présent aux côtés de la reine pendant l’audience. Puis Didon est surprise de découvrir le travail de Taanach. Cette fois, Abditanit est franchement intéressé lui aussi. Tous deux se concertent, puis Didon propose à Taanach de se charger de tisser un grand voile luxueux destiné à orner la statue de Tinnit dans son temple. Elle propose même à la jeune fille de rejoindre les prêtresses de la déesse ! L’offre est à peu près impossible à refuser, surtout pour Taanach. Bélos surprend tout le monde en se contentant d’affirmer qu’il « doit réfléchir » (ayant le désavantage « Incapable de mentir », il est très ennuyé et a grand mal à ne pas froisser la reine !).
Didon fait loger tout le monde au palais conformément aux honneurs dus à une délégation royale, dans des appartements petits mais luxueusement décorés, avec des serviteurs pour assurer leur confort. Les PJ hésitent sur le sort à réserver à Taanach. Celle-ci, timide, est surtout désireuse de ne pas déplaire à sa reine et à ses parents. La prêtresse Hypatie propose de réaliser une offrande à Aphrodite en lui demandant un signe de sa volonté au sujet du destin de Taanach. Les PJ, passant par les serviteurs du palais, rassemblent un panier de grains et de l’encens et Hypatie s’adresse à Aphrodite. Si, quand les PJ se mettent à la fenêtre du palais, une colombe s’envole vers la droite, ce sera le signe que la déesse approuve le fait que Taanach se mette à son service. À peine ont-ils terminé la cérémonie et se sont-ils placés dans l’embrasure de la fenêtre qu’un grand vol de colombes passe vers la droite. Le signe est sans équivoque. Taanach, impressionnée, ébauche un sourire : « Si tel est mon destin, alors je l’accepte ! » Les PJ vont informer Didon du résultat de l’offrande et acceptent son offre.
Au retour, ils ne trouvent plus Taanach : celle-ci s’est déjà mise à la tâche dans les ateliers de tissage du palais. La confection du voile de Tinnit a commencé. Elle doit durer une grande dizaine de jours.
Le soir, Bélos va trouver Taanach et lui déclare sa flamme. Très émue, la jeune fille se trouve prise entre la demande d’un personnage au rang social très supérieur et les devoirs qu’elle se sent désormais envers la déesse. Taanach ne donne pas de réponse précise et réclame du temps : sa vie a été bouleversée ces derniers jours.
Le lendemain, Taanach est intronisée prêtresse en présence des PJ et d’Abditanit. Il devient désormais plus difficile de voir Taanach : elle est entourée tantôt par les prêtres et prêtresses, tantôt par les artisans, femmes des ateliers dont elle dirige le travail en plus du tissage qu’elle accomplit elle-même.
Les PJ profitent de ce temps à Carthage pour se promener en ville. Bélos noue contact avec plusieurs marchands. Eucharis fait du troc. Hypatie se renseigne sur les croyances locales et visite les temples.
Au bout de huit jours, le voile est déjà terminé. C’est une splendeur. Les PJ sont conviés à la cérémonie de remise du voile à la déesse, à l’entrée du temple de Tinnit, dont la statue a été exceptionnellement sortie du naos. Tout se passe bien, jusqu’au moment où la reine Didon annonce qu’elle nomme Taanach grande prêtresse d’Aphrodite, rabaissant Abditanit au rang de second prêtre. Ce dernier cache mal sa déception.
Le lendemain matin, les Pj continuent leurs affaires dans la ville quand ils aperçoivent une procession en route parmi les rues. En se renseignant, ils aperçoivent Taanach et Abditanit en tête d’un cortège d’une douzaine de prêtres et de servantes du temple de Tinnit. Ils apprennent que le second prêtre a élaboré une procession dans et hors de la ville pour « présenter la grande prêtresse au peuple et à la déesse ». Heureux pour la jeune fille, les PJ décident de prendre part à la procession.
Une fois hors de la ville, ils aperçoivent une troupe de cavalier qui s’approche rapidement en provenance de la campagne carthaginoise. Les cavaliers, une vingtaine, arrivent au contact du cortège, sortent des lances et des épées et sèment la panique ! Bélos voit un cavalier nomade s’emparer de Taanach et repartir à cheval.
Bélos profite de l’inattention d’un cavalier nomade occupé à semer la panique parmi les prêtresses pour lui enfoncer sa lance dans le corps, le désarçonner et sauter en selle à sa place. Hypatie adresse une prière à Apollon en promettant de lui sacrifier trois agneaux si le dieu les aide à poursuivre Taanach. À peine a-t-elle terminé qu’elle repère un cheval sans cavalier au milieu de la confusion : elle saute en selle et, malgré son inexpérience en matière d’équitation, n’éprouve aucune difficulté à guider l’animal (sa prière et son avantage « Amie des bêtes » n’y sont pas pour rien). Hagias l’aède monte avec elle.
Eucharis s’approche subrepticement d’un autre cavalier nomade occupé à semer la panique ailleurs et le tire par la jambe pour le désarçonner avec succès et l’interroger en lui mettant sa dague sur la gorge. Elle apprend ainsi que le but réel des nomades était d’enlever Taanach. Pas étonnant que les nomades ne fassent pas de dégâts réels parmi le cortège et se contentent en substance de semer la panique pour couvrir l’enlèvement. Elle rejette brutalement le nomade et tente d’enfourcher son cheval, mais éprouve quelques difficultés. Le guerrier met ce temps à profit pour s’en prendre à elle, mais elle parvient à se reprendre à temps et l’atteint en pleine gorge. Les genoux du nomade fléchissent et il tombe, tandis que son âme étonnée s’envole vers le royaume d’Hadès. Eucharis, la robe tachée de sang, saute enfin en selle.
Bélos, suivi un peu plus loin par le cheval d’Hypatie et de Hagias et par celui que vient de monter Eucharis, se lancent au grand galop à la poursuite du nomade qui a enlevé Taanach. Le paysage défile autour d’eux et ils retrouvent la campagne carthaginoise avec ses horizons plats et arides où la vue porte très loin.
Après cinq minutes et alors que Bélos gagne nettement de l’avance, Taanach parvient contre toute attente à faire tomber de cheval son ravisseur. La bête s’emballe et part en biais, tandis que la jeune femme, qui n’a jamais monté un cheval de sa vie, s’accroche au cou de sa monture comme elle peut.
Bélos parvient à rattraper l’animal et à le maîtriser sans quitter sa propre monture. De nouveau il déclare sa flamme à Taanach et son désir de la ramener chez lui, en Grèce, pour en faire son épouse, sa princesse et, plus tard, sa reine. Taanach est bouleversée, mais elle ne peut rompre son engagement envers la déesse. Et il est urgent de se mettre à l’abri.
La tête basse, Bélos fait le point sur la situation, qui n’est pas brillante. Certes, tous les PJ ont pu s’emparer d’un cheval, mais les nomades ont cessé leur attaque et sont en train de converger vers eux pour leur couper le chemin du retour vers l’abri des remparts. De l’autre côté, c’est la plaine aride, sans aucun endroit où s’abriter. Taanach ne sait que faire. Elle voudrait retourner chez ses parents, mais c’est impossible sans mener les nomades chez eux, et elle ne veut pas les mettre en danger.
Les autres PJ rejoignent Bélos et tous s’organisent. Bélos décide de faire front bravement. Le combat s’annonce rude : de tout le groupe, seul Bélos est un guerrier accompli. Eucharis décide de rester pour appuyer Bélos, mais elle est mal armée et vulnérable : elle se tiendra un peu en retrait. Tous deux vont tenter de retenir l’attention des nomades pendant qu’Hypatie et Hagias partiront d’un autre côté en menant le cheval de Taanach, afin de contourner la troupe pour regagner la porte de la ville.
Hypatie adresse une prière à Aphrodite : elle lui promet une deuxième parure tissée par Taanach si elle les aide à sauver la jeune fille, ainsi que des offrandes d’huile parfumée. Peu après, sur les 18 cavaliers nomades qui galopaient vers eux, une grande douzaine se détournent pour se regrouper un peu plus loin, peut-être autour du chef nomade qu’ils ont récupéré. Seuls cinq cavaliers galopent toujours vers les PJ.
Bélos et Eucharis engagent le combat, Eucharis dans une position moins avantageuse que prévu car elle peine à maîtriser sa monture. Bélos porte un coup à un nomade sans parvenir à l’atteindre sérieusement, mais le met assez en difficulté pour que l’autre ne puisse pas répliquer tout de suite. Eucharis, quant à elle, agrippe le manche de la lance de son adversaire en une manœuvre audacieuse. Elle ne parvient à rien de concret mais surprend complètement son adversaire et gagne ainsi du temps.
Deux cavaliers nomades se détachent du groupe pour poursuivre Taanach, Hagias et Hypatie. Bélos et Eucharis n’ont plus que trois adversaires à affronter.
À ce moment, la porte de la ville livre passage à une troupe de cavaliers carthaginois envoyés pour repousser les nomades. Ceux-ci, voyant que leur tentative a échoué, rompent le combat et prennent la fuite au galop, laissant Hypatie et Hagias conduire Taanach en sécurité.
Didon, très préoccupée, reçoit les PJ au palais pour une réunion de crise. Une telle initiative des nomades déconcerte tout le monde. Abditanit est le premier étonné et promet de faire la lumière sur l’affaire. Bélos, qui a des soupçons, met à profit son avantage « Perspicace » et se rend compte que le prêtre ne livre là qu’un habile numéro d’acteur : il cache quelque chose. Le mobile est tout trouvé, la disparition de Taanach profiterait naturellement au grand prêtre rétrogradé. Mais comment le confondre ? Impossible de formuler des soupçons devant la reine : les PJ n’ont aucune preuve matérielle et ne sont que des hôtes étrangers.
De retour dans leurs appartements, les PJ se creusent la cervelle sur le plan à adopter, quand un serviteur du palais frappe à leur porte avec un message : la grande prêtresse de Tinnit veut les voir. Ils se rendent à l’entrée du temple, où ils retrouvent Taanach. La jeune femme, épuisée et démoralisée, tient à les remercier de lui avoir sauvé la vie. Encouragée par Hypatie, elle finit par avouer son désarroi : tous ces bouleversements la déroutent, ses nouvelles responsabilités l’écrasent, elle ne pensait pas un poste de grande prêtresse aussi périlleux ; et ses parents lui manquent. Hypatie, fine psychologue, la conseille et parvient à la réconforter, en lui faisant remarquer par exemple qu’elle a largement assez d’autorité pour réclamer qu’on fasse venir ses parents de temps en temps.
En discutant plus longuement avec Taanach, les PJ apprennent d’elle qu’au moment de l’enlèvement, Abditanit a profité de la confusion pour la pousser sans ménagement dans les bras du nomade au lieu de la défendre. Mais comment obtenir des preuves ? En réfléchissant, la jeune fille se souvient que la veille, comme elle ne parvenait pas à dormir à cause de son inquiétude, elle a vu un serviteur du palais sortir, puis a entendu le galop d’un cheval en provenant de l’écurie du palais, toute proche. La monture s’est éloignée. Après avoir dormi quelques heures, elle a cru voir la déesse Tinnit lui apparaître en rêve et poser un doigt sur son front. Taanach s’est réveillé et a entendu cette fois un cheval se rapprocher et arriver vers l’écurie voisine. Taanach donne une description du serviteur, mais elle reste très vague, n’ayant pas vu grand-chose dans l’ombre.
Les PJ en savent cependant assez pour enquêter. Eucharis se rend dans les écuries et, en flirtant un peu avec un palefrenier, n’a aucun mal à apprendre qu’un esclave du palais, nommé Gygès, a pris un cheval et a quitté la ville la nuit passée avant de revenir au petit matin. Les PJ n’ont aucun mal à faire avouer Gygès. Ils peuvent alors réclamer une nouvelle audience à Didon et confondre Abditanit. Ce dernier avoue du bout des lèvres qu’il a pu « commettre une maladresse ». Didon lui laisse son poste de second prêtre, mais Abditanit a perdu tout crédit auprès de la reine.
Les PJ peuvent quitter Carthage, couverts de cadeaux, leur mission remplie et avec la satisfaction d’avoir contribué au destin inattendu de Taanach. Tous les PJ gagnent 2 points d’expérience pour cette aventure. Mais Bélos tient à retourner voir la grande prêtresse au temple avant de partir. Le jeune prince a le cœur brisé, mais reste résolu à accomplir son devoir. Son père n’aurait guère accepté un pareil mariage, de toute façon. Il médite sur les méandres de la destinée et s’aperçoit qu’en somme, Aphrodite l’a peut-être fait tomber amoureux de la jeune fille dans le seul but de faire d’elle sa nouvelle grande prêtresse. Amer, Bélos gagne 1 point de démesure.