voici les comptes rendus de la campagne de 7e Mer (v2, donc) que je viens de commencer avec un super groupe (@JoKeR, sans toi malheureusement, mais avec notre magicien-du-dos commun

Les connaisseurs repéreront vite quelques modifs du setting sur la Jaragua.
CASTING
Le Capitaine Kofi Sanka, le Pirate Mawon
- Originaire d’Ifri et rebelle mawon ayant participé à la libération de la Jaragua
- Dirige une goélette aragostienne nommée Cola de Marrau,
- Originaire de l’Empire Kuraq
- Membre du Pakaykuq, la rébellion fasse à l'Impératrice morte-vivante Incasisa, et fervant croyant du Dieu Katoylla, victime de la Chasse Divine
- Originaire de Montaigne, d'où il a été mis aux galères après des pamphlets jugés trop séditieux
- Originaire de Castille
- Boticarios
Equipage de la Cola de Marrau :
- Opi Tamihana (homme Rahuri) : Quartier-Maître
- Tomas Fernandes (homme Castille) : Vigie/Moucheur
- Pietro Roscini (homme Vodacce) : Coq
- Ketu Houmma : Musicien/Marin
- Jean, dit l’Ecureuil (Ado, Montaigne) : Mousse
- Endolo Acumbe (Femme Ifri) : Marin
- Isabella (Femme Vodacce) : Marin A assassiné son mari, capitaine d’un navire, et s’enfuit depuis
- Akbaba (Femme Ifri) : Marin
- Anena (Femme Ifri) : Timonière
- Ulrich, dit "Von Trauma" (dans son dos) (Homme Ussura) : Marin. Taciturne, parle peu de son passé obscur
Scénario 1 : L’espion qui aimait
La scène commence sur une mer d’apparence calme. On entend un chant s’élever au milieu des vagues. A mesure que l’on s’approche, les paroles deviennent plus distinctes (Chant marin : Guerre guerre, vent vent), chantées et reprises par des esclaves mal en point, enchainés dans un navire marchand. Le chant est ponctué du bruit des rames percutant la surface de l’eau, faisant avancer le bateau à une allure régulière, ainsi que de coups de fouet donnés par un contremaître.
Soudain, des cris d’alerte s’élèvent, et le claquement du fouet s’intensifie, accélérant la cadence des rameurs : un navire pirate est apparu à l’horizon ! Une course-poursuite s’engage.
L’un des esclaves est un homme blanc à la peau brulée par le soleil. Il a pour seul vêtement un pantalon à la couleur indescriptible, et les restes d’une chemise en lambeaux nouée autour de sa tête pour se protéger tant bien que mal du soleil cuisant. A côté de lui, on découvre un homme à la peau mate, reconnaissable par ses tatouages au visage et ses écarteurs d’oreille. Si leurs habits étaient différents, ils sont aujourd’hui tellement élimés et à la couleur indescriptible que l’on pourrait les croire provenant du même endroit. Les deux hommes n’ont d’autre choix que de suivre la cadence imposée par le quartier-maître en panique.
Les boulets de canon fusent, et le navire pirate, un deux-mâts fin et doté d’une forte voilure pour un vaisseau de sa taille, se rapproche rapidement. A son bord, l’équipage est aux aguets. Son capitaine, Kofi Sanka, est un homme à la peau noire, de grande taille avec des muscles secs. Sa peau est couverte de scarifications volontaires et son crâne est protégé par un bandana. Penché vers une jeune femme d’origine Castillane, il semble attendre des informations pendant que son second encourage les matelots et maintient l’ordre pendant la poursuite. Almenara de Hontiveros de Serafin tient à la main une longue-vue, et scrute les rangs des esclaves, visiblement à la recherche de quelque chose (ou quelqu’un !). Dotée d’une abondante chevelure rousse et bouclée, ses habits bien qu’assez usés indiquent incontestablement qu’elle n’appartient pas à l’équipage, mais plutôt qu’elle provient d’un milieu noble. Soudain, elle s’écrie :
Capitaine Sanka, je pense voir un homme qui ressemble à celui que nous cherchons sur les bancs des rameurs… Oui, il correspond bien à la description, nous l’avons trouvé !
Nous avons fait une bonne poursuite, répond doucement la capitaine de sa voix grave, avant de se retourner vers son équipage pour préparer l’abordage.
Les deux navires se retrouvent rapidement côte à côte, et alors que Kofi prend la barre et manœuvre habilement pour se rapprocher, Almenara se penche sur le bastingage et appelle :
Oki ! Oki !
L’un des rameurs se redresse et la regarde avec étonnement, avant d’être rappelé à l’ordre par le quartier-maître. Convaincue de toucher au but, elle place ses mains en porte-voix et harangue les esclaves pour les pousser à la révolte et ainsi faciliter l’abordage.
Oki profite de la confusion pour lâcher sa rame et se défaire de ses chaînes, avant de se jeter sur le contre-maître tenant le fouet. Alceste se lève et incite, lui aussi, les esclaves à cesser de ramer et à se rebeller contre leurs tortionnaires, finissant son exhortation puissante en se libérant de ses attaches.
Malheureusement pour Alceste, au même moment, un régiment d’une dizaine d’hommes armés de mousquets monte sur le pont et le remarquent. Les esclaves, enhardis par les différents évènements, brandissent leur rame et parviennent à en retenir certains, mais 4 des soldats convergent vers Alceste, sabre à la main.
De son côté, Oki est parvenu à plaquer au sol le contre-maître et à lui subtiliser les clefs après une courte lutte.
Arrivé suffisamment proche du navire marchand, Kofi clame :
Mieux vaut marcher sans savoir où aller, que de rester assis sans rien faire.
… avant de lâcher la barre – rattrapée par son timonier – pour courir vers la proue. Utilisant son élan, il saute et attrape un cordage du mât, faisant pivoter celui-ci jusqu’à arriver au-dessus du pont du 2e bateau, sur lequel il se laisse tomber. Se relevant souplement, il repère rapidement l’officier en charge et se dirige à toute hâte vers lui.
Alceste lance sa rame sur ses 4 assaillants et prend la fuite en courant sur le bastingage, risquant la chute à chaque pas. Les soldats tentent de le suivre, mais l’un d’eux, moins porté dans l’art du funambulisme, tombe par-dessus bord.
Sur le navire pirate, Almenara attrape un mousquet préparé par l’équipage, et vise l’officier, espérant mettre rapidement fin au combat en faisant tomber le chef adverse. Elle s’agenouille et vise, mais c’était sans compter le timonier qui dans un élan de loyauté s’interpose et meurt à la place de son supérieur.
Oki, pendant ce temps, utilise les clefs pour ouvrir le cadenas de l’une des barres de fer centrales sur laquelle sont attachées les chaînes, et tire celle-ci, libérant tout un groupe d’esclaves. Le reste de l’escouade s’apprête à les mater, mais l’officier, assistant à la scène, crie :
Surtout, ne laissez pas le Kuraq s’échapper ! C’est une commande très spéciale, il nous le faut vivant !
Oki s’apprête à se faufiler parmi les autres esclaves pour les semer, mais il aperçoit un adolescent en difficulté, paralysé par la peur. N’hésitant pas une seconde et n’écoutant que son courage, il le rejoint et le projette sur le côté, le réveillant tout en l’écartant du danger. Malheureusement, Oki agit ainsi en dépit de sa propre sécurité, et se retrouve encerclé par 5 soldats.
Kofi, qui n’a rien raté de l’échange, s’élance vers l’officier de la Compagnie Commerciale Atabéenne et atterrit rapidement devant lui. Se relevant lentement et le dominant de toute sa stature, il dit d’une voix grave et menaçante :
Vous êtes en train de confondre un être humain et un objet, officier.
Je ne confonds rien du tout, je connais la valeur des choses, réplique l’officier en insistant lourdement sur le dernier mot.
Une goutte de sueur coule doucement le long de sa tempe, mais il se redonne rapidement une contenance.
Et toi, reprend-t-il tout en reculant subrepticement, tu feras un très bon galérien sur mon navire !
Pendant ce temps, les équipages des deux navires ont commencé à échanger des coups de feu à l’aide de leur mousquet, faisant voler des morceaux de bois en tous sens
Une première salve de tirs de mousquet est échangée entre les équipages des deux navires touchant 3 soldats ennemis contre un membre de l’équipage de la Cola de Marrau, qui chute en arrière, rendant son sort incertain. Almenara, restée sur le pont du vaisseau pirate, se protège des tirs tout en courant de caisses en bastingage pour trouver une arme prête à tirer, la sienne étant déchargée. Elle trouve deux mousquets abandonnés sur le pont, et tente de tirer, mais le premier est à son grand désarroi déchargé. Sans perdre de temps, elle attrape le 2ème et se prépare à tirer, cherchant une cible suffisamment sûre pour ne toucher aucun allié alentour. Oki et Alceste, toujours aux prises avec les adversaires, ploient sous le nombre et sont blessés, mais continuent vaillamment à se défendre.
Distrait par le cri d’un de ces hommes, Kofi n’a pas le temps de s’écarter pour éviter le tir de l’officier. Ployant légèrement sous l’impact, il se redresse pourtant, l’air stoïque et déterminé tel un démon invincible. L’officier, devant sa résistance, prend peur et tente de s’enfuir, mais Kofi le rattrape facilement. Il tire ses couteaux de sa ceinture et le taillade, faisant d’abord tomber ses vêtements en lambeaux, puis s’attaquant à la chair. Son style de combat, mêlant danse et mouvements de prière, ne laisse aucune chance à l’officier. Celui-ci, tombant à genoux et la bouche emplie de sang, tente de prononcer ses dernières paroles, mais Kofi l’interrompt en lui posant une main sur les lèvres et en déclarant doucement :
Au bout de la patience, il y a le ciel.
Dans un gargouillis étranglé, l’officier laisse échapper son dernier souffle de vie.
Un peu plus loin, Oki est en mauvaise posture, ses blessures le fatiguant rapidement. Il parvient toutefois, alors que ses adversaires le croyaient suffisamment affaibli, à saisir l’un d’eux et à se placer derrière lui, s’en servant comme d’un bouclier. Haineux envers ses geôliers, il leur crie des menaces.
Alceste assiste impuissant à la scène tout en se battant vaillamment contre ses propres ennemis, feintant et esquivant leurs attaques tout en répliquant à mains nues. Il se met rapidement à craindre que son voisin de banc, aux prises avec un trop grand nombre d’adversaires, ne puisse les repousser bien longtemps. A défaut de réussir à se porter lui-même à son secours, il tente d’attirer l’attention de potentiels alliés en appelant à l’aide.
Kofi, malgré le vacarme, entend son appel sans en comprendre la teneur exacte ; il attrape le corps sans vie de l’officier, le soulève par-dessus sa tête et le lance de toutes ses forces sur les soldats entourant Alceste. Tous trois, ne voyant pas le projectile arriver, sont percutés par le corps et basculent par-dessus la rambarde dans la mer, libérant Alceste de toute menace. Ce dernier ne se repose pas pour autant et en profite pour se jeter sur l’un des assaillants d’Oki, réussissant à le prendre par surprise et à le désarmer.
Cinq soldats supplémentaires sont fauchés par les tirs de l’équipage de la Cola de Marrau, contre un des leurs. Almenara, assistant à toute la scène sans parvenir à sécuriser son tir, opte pour un changement radical de stratégie :
Rendez-vous, votre officier est mort !! Crie-t-elle. Rendez-vous, vous n’avez plus de raisons de vous battre.
Cette annonce ainsi que le feu toujours nourri de leurs ennemis font hésiter certains des soldats, mais le chaos est tel qu’un certain nombre ne se rendent pas compte de la situation et continuent à se battre avec acharnement, infligeant de nouvelles pertes au sein des esclaves. La bataille fait rage, mais tourne peu à peu au profit des attaquants et des esclaves. Ces derniers réussissent à libérer tous les leurs des chaînes, et fondent sur l’ennemi, les repoussant sur la poupe du bateau. Là, les derniers soldats comprennent la situation et choisissent de se rendre.
Des acclamations de joie fusent alors que les soldats sont désarmés. Kofi se dirige vers son équipage afin de s’enquérir des pertes, tandis qu’Almenara cherche Oki en appelant son nom. Le voyant couvert de sang, elle attrape son sac contenant un nécessaire de soin et se porte à son secours aussi vite que possible. Elle insiste pour panser ses plaies, comprimant les blessures qui saignent abondamment, mais Oki tente de la repousser, méfiant face à cette femme inconnue qui connait son nom. En désespoir de cause, Almenara sort un artefact d’origine Kuraq accroché à son cou et le lui montre, afin qu’il arrête de se débattre. Oki s’immobilise tout d’abord, puis dit fébrilement :
Mais… mais il s’agit du collier de ma sœur ! Pourquoi l’avez-vous ? Où est-elle ? Dit-il en lui agrippant les bras et en la secouant de plus en plus fortement
Qiwa me l’a confié, elle me l’a donné en attendant que je vous retrouve ! Répond rapidement Almenara
Oki se calme quelque peu en entendant le nom de sa sœur, mais se reprend vite :
Comment connaissez-vous Qiwa ? Elle devait garder ce collier, et non le céder au premier venu, pourquoi l’avez-vous en votre possession ? Où est-elle, il faut que je lui parle !
Almenara se concentre sur les plaies sans soutenir le regard d’Oki, et la voix emplie de larmes dit à contre-coeur :
Je suis désolée, je suis sincèrement désolée… Elle savait que c’était un objet très important pour vous, et c’est pourquoi elle me l’a confié pour que je puisse vous le ramener. Elle m’a supplié de vous retrouver avant de… Je n’ai pas pu la sauver, je suis tellement désolée…
Toute couleur quitte le visage d’Oki, qui reste muet pendant quelques secondes, avant de s’effondrer en larmes, criant le nom de sa sœur bien-aimée perdue à jamais.
Les esclaves commencent à se regrouper et gardent leurs rames à la main, craignant de tomber de Charybde en Scylla et de devoir retourner aux fers sous le joug de leurs assaillants. L’équipage de Kofi, ne sachant s’il fallait interpréter leur méfiance comme un défi, se prépare à une nouvelle bataille. Almenara voit la situation se dégrader et décide d’intervenir, sa position lui permettant de mieux appréhender les positions de chacun.
Attendez, ne vous inquiétez pas ! Dit-elle en se relevant aux anciens galériens. Nous ne souhaitons pas vous soumettre. Nous voulions seulement retrouver une connaissance ici présente. Mais maintenant, vous êtes libres !
Nous allons avoir besoin d’eux, chuchote Kofi en se rapprochant. Je n’ai pas assez d’hommes pour manœuvrer les deux navires.
Almenara hoche la tête, et reprend :
Je souhaite vous proposer un marché. Pour le moment, vous êtes bloqués en mer sur un navire difficile à manœuvrer. De notre côté, nous avons besoin de votre aide pour nous rendre au port le plus proche, en Jaragua. Je vous propose que nous ramenions les deux navires ensemble, ainsi vous pourrez retrouver la terre ferme et choisir votre destin. Nous vous promettons que vous êtes dès à présent libres, et c’est à des hommes libres que nous demandons une entraide.
Tout d’abord méfiants, les esclaves finissent par accepter. Kofi envoie Opi (sa timonière) et quelques autres membres d’équipage pour assurer les manœuvres, et tous se dirigent vers Kap Kalfu, le principal port de cette partie libérée du joug des esclavagistes de Compagnies, renommée la Jaragua.
Le port se situe dans la partie Sud de l’île à la végétation très fournie, et est un lieu très animé. L’embarcadère est rempli de nombreux bateaux de toutes tailles accrochés à des pontons en bois, ainsi que de grands entrepôts au passé sinistre mais servant aujourd’hui au stockage de denrées. Les deux vaisseaux pénètrent dans le port en passant sous une arche constituée de deux tours d’une dizaine d’étages chacune (« les princes jumeaux » souffle une voix dans l’audience).
Le groupe, intrigué par les propos de l’officier lors de la bataille (“une commande spéciale ?”) profite du voyage pour fouiller le navire en quête d’explications (et de richesses…). Ils mettent la main sur un livret indiquant entre autres qu’Oki devait être livré à Port Ozama, sur la partie montaginoise de l’île, la Marianne. Des recherches plus approfondies montrent que non seulement le contrat devait rapporter une somme surréaliste, mais que l’officier (seul au courant de cette affaire selon les soldats encore en vie) avait opéré un détour vers l’Empire Kuraq, bravant la Mer des Monstres, pour récupérer et livrer cet homme, sous la condition qu’il soit encore en mesure de s’exprimer.
Alors qu’ils partagent le fruit de leur découverte, les navires sont arrimés et les anciens esclaves partent vers la ville, conformément à l’accord passé précédemment. Le capitaine Kofi est alors interrompu lors de l’inspection de sa nouvelle acquisition : il est convoqué au Palais Marron de toute urgence.
Sans tarder, il laisse la supervision des opérations à son équipage et s’y rend accompagné d’Almenara, d’Alceste et d’Oki. Ils sont introduits dans une pièce fermée par de lourds rideaux, dans laquelle les attend l’Amirale Casiguaya. Soucieux d’éviter toute confrontation inutile, Kofi informe discrètement ses compagnons qu’elle a été l’une des leaders de la rébellion, et qu’elle dirige aujourd’hui la capitainerie.
Capitaine Kofi, heureuse de vous revoir parmi nous, j’ai grand besoin de vos services. Je vais aller droit au but, un de nos informateurs a disparu. Il ne s’est pas rendu au rendez-vous fixé il y a quelques jours, et nous n’avons aucune nouvelle depuis. Je voudrais que vous le retrouviez et que vous me le rameniez sain et sauf, ou à défaut que vous découvriez ce qu’il est advenu de son sort. Il s’agit du Capitaine Orenzio, de l’Acquaviva. Attention cependant, il s’agit d’un espion à notre service, veillez à ne pas le compromettre.
Bien, amirale, répond Kofi gravement, nous ferons de notre mieux.