[CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Doji Satori
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Épisode 50 - Impasse en ville basse - accord sur le port


Surprise, essoufflée, Alba se retrouve entraînée par Ettore dans une ruelle à l’écart de la foule qui s’écoule vers la ville basse. 
Il semble énervé quand il lui plaque un bras sur le mur et l'oblige à lui faire face.

Il gronde
E/ Vous faites ça pourquoi ?
 E/ Vous voulez qu'il en meure plein pour écrire une belle histoire ? Faut en tuer combien pour que vous soyez satisfaite et que la ville explose ?
E/ Vous étiez avec Petronilla quand c'était le bazar dans les ateliers et je vous retrouve encore là à la tête de ces gens, à leur faire croire que les phalangistes vont les laisser faire une révolte aux portes des palais. Qui vous paye ?
A/ Quoi ! Contrairement à ce que vous pensez, on a pas tous un prix. Moi je suis du côté du peuple.
E/ Et les faire mourir à coups de hallebarde, ça va les aider !
A/ Les gens crèvent de faim, les prix ont monté et il faut que les gens du sénat le sachent. On va aller leur dire et s'il le faut sous leurs fenêtres.
E/ Ah oui tiens, à Benjuini et ici, les mêmes arguments partout. Toujours les mêmes sur les prix, les sorciers qui tuent des enfants. Vous allez me faire croire que les dockers et les maréchaux-ferrants sont aussi concernés par les enfants des quartiers pauvres. Quel que soit l'endroit ou ça gueule, toujours exactement les mêmes arguments, c'est pas clair. Qui vous dit quels arguments utiliser pour que tout le monde dise les mêmes ?
Le ton monte entre les deux qui croient en leur version et leur bonne foi.
A/ Ça vous étonne que tous les gens soient concernés par le fait de manger à sa faim, de ce que les sorciers font aux enfants ?
E/ Mais combien de fois faudra vous le dire, on s'en est occupé, de la sorcière qui avait fait ça aux enfants. Pendant que vous vous foutiez le bordel, nous, on s'en est chargé.
A/ Et pourquoi vous auriez fait ça ?
E/ Parce que dans les gamins qu'elle a attrapé, y'en a un de chez nous.
A/ Y'en a eu d'autres ?
E/ Oui. On était déjà sur sa piste et on a pu la retrouver mais trop tard pour Potito et Zoppa.
A/ Pourquoi je vous croirais ?
E/ Si vous ne me croyez pas, peut-être qu'une personne du culte du Desséché qui enquêtait sur ces affaires, ça pourra vous convaincre. Elle a pas de raison de mentir.
A/ Cette sorcière, elle travaillait bien pour des nobles.
E/ Les sorciers, ça coûte cher donc oui.
A/ Lequel ?
E/ Ça, on ne vous le dira pas.
A/ Pourquoi ne pas nous le dire? Qui peut nous le dire ?
E/ Personne vous le dira.
A/ Pourquoi ?
E/ Pour rester en vie.
A/ Mais si elle est morte ?
E/ C'est des affaires où y'a des nobles qui sont mêlés donc ils jugent ça entre eux. Ils savent qui c'est maintenant. Et nous, on oublie tout si on veut pas d'ennuis
A/ Et donc, c'est fini, toutes les exactions des sorciers ? Les disparitions d’enfants ?
E/ Toutes, j'en sais rien mais celle qui crève les yeux, c'est fini.

Comme il semble ne pas mentir et avoir agi pour la population aussi sur cette place qui aurait pu finir en bain de sang, Alba finit par lui faire suffisamment confiance pour donner le nom d'un troisième meneur, celui qui semble le plus virulent. Un homme qui a de l'importance dans la ville basse, sur le port, Arturo le portefaix. Partisan d'une action violente, il a de l'influence sur Monbello et c'est surtout lui avec les dockers à ses côtés qui mène ce qui ressemble de plus en plus à une rébellion.

 E/ Merci, je vais pouvoir chercher si ce gars est payé et par qui. Monbello a assez souffert pour ne pas se prendre un coup de hallebarde.
A/ Tout le monde n'est pas payé comme vous pour obéir aux ordres de quelqu'un. Arturo c'est un homme de la ville-basse, comme nous, avec un idéal.
E/ Ça, je verrai. Je peux pas courir après lui tout le temps.
A/ Il vaudrait mieux pas, l'autre jour vous avez combattu des dockers au côté des phalangistes, alors, traînez pas trop dans la ville basse.
E/ J'ai croisé les phalangistes de mon ancienne faction qui avaient affaire à plus de docker, vieux réflexe mais je note le conseil.
E/ Je peux vous contacter où ?

Alba concède de lui donner son adresse. Et sans que la conversation ne se prolonge plus qu'avec les deux mots « sur ce », elle le voit s'éloigner. Brute étrange et inclassable qui repart vers ses propres affaires ou celles pour lesquelles il est payé. Qui paye ce genre de type et pour quoi faire ? 


Pendant ce temps, Lupo continue de prendre le pouls de la ville. Il remarque qu’en parallèle de la contestation sociale qui couve dans le quartier marchand et ouvrier de Benjuini, il monte une opposition entre des partisans de Ducatore avec ceux des Bellicistes Mastiggia et Sanguinella. 
Les disputes des sénateurs au palais curial se déplacent à leur clientèle d’affiliés sur le pavé de la rue, devant leur échoppe. Les mêmes accusations d'assassin et de traître à la république se voient opposer de faire le jeu des ennemis de la république avec la même violence verbale. 
Il décide de repasser par le Boeuf Rouge pour faire le point. Il y retrouve Pidocchi et Speranza qui ont commencé à grignoter à l'étage même si Pietra n'a pas encore réussi à tout nettoyer.

L/ Salut salut !
S/ La faim appelle les Compari.
Ils échangent leurs constats sur les tensions en ville et ce qu'ils ont perçu.
Scimmia sert de système d'alerte en cas de présence d'intrus ou de l’apparition d'un caillou jaune.
L/ Mais vous avez l'air en pleine forme.
S/ Toi aussi.
L/ Vous savez où est Ettore ?
P/ Perdu en ville, probablement dans une échauffourée.
L/ Dans le quartier ça chouine aussi.
P/ Oui, beaucoup.
S/ Après ils ont leurs raisons.
L/ Me fait pas dire ce que j'ai pas dit.
P/ Nous on préfère quand les choses sont calmes et si le prix de la vie augmente, faudra peut-être monter le pizzo.
L/ Ouais, mais c'est pas moi qui vais péter les jambes.

Ettore arrive d'un pas décidé avec en tête l'information importante qu'il doit absolument transmettre à Pido mais intercepté par Speranza qui l'attrape par le col pour lui coller une bise sur la joue, il perd son texte.

E/ C'est pas passé loin. Encore quelques instants et les phalanges tiraient sur la foule. J'ai réussi à faire bouger la foule vers le port mais ça peut revenir n'importe quand.
J'ai dit à Alba qui les menait de se calmer mais elle ne me croit pas l'histoire de la sorcière et comme elle fait partie des meneurs, ça redescend pas vite. Elle voudrait croiser Majan pour avoir un autre témoin.
S/ Elle est pas partie la rabougrie ?
L/ Elle n'est pas complètement remise de ses blessures.
S/ Sinon on peut demander à Dagarella d'expliquer les choses à Alba.
E/ Elle ne s'en remettra pas.
P/ Il risque de pas aimer et c'est pas le genre à faire de l'humour sur ça.
S/ Si jamais on lui fait croiser Majan, elle va pas croire non plus que Majan est une gyrovague.
P/ Ça serait pas risqué.
S/ Ils veulent un coupable, juste lyncher quelqu’un en place publique.
L/ On pourrait dénoncer le vrai.
E/ Je crois que c'est Dagarella qui a dit que tu devais oublier
S/ Y'a pas quelqu’un que t'aimes pas ?
E/ J'ai pensé que c'était Alba qui manipulait la révolte mais à priori non. Elle m'a donné un autre nom, un gars qui serait chef des dockers, Arturo. C'est lui qui a les plus virulents.
P/ Chaque fois que les dockers sont mêlés c'est violent.
E/ C'est comme les phalangistes, c'est fait pour taper.
P/ C'est logique d'utiliser cette force.
S/ Problème de virilité ?
S/ Trouve toi une copine !
L/ Faut qu'il trouve une femme qui cogne plus fort que lui.
E/ Au lieu de dire des conneries, passe un bout de fromage.
L/ Un peu de chaleur humaine, un peu de tendresse.
S/ Si c'est ce que tu veux, va directement aux putes.
L/ Tu les a regardés quand ils arrivent chez les filles et qu'ils en repartent.
S/ Prêt à t’égorger quand ils arrivent, quand ils repartent ils sifflotent.
L/ Moi je fais ça régulièrement, regardez, doux comme un agneau.
Ils passent un bon moment à se chambrer gentiment, assis sur le peu de meubles encore en état.

Pendant quelques heures, les quattro Compari partagent le pain et rient de leurs plaisanteries.  La tension des derniers jours retombe.

Pietra les hèle d'en bas
Pi/ y'a quelqu'un pour vous les Compari, vous descendez ?
P/ J'arrive.
Les autres continuent de profiter du repas pendant que Pido descend dans la salle. Encore une soirée de travaux et demain matin ça devrait être bon estime t-il en passant dans la grande salle.
Près de la porte, Pidocchi reconnaît Savino Mala Vida avec qui Lupo et Speranza ont joué dernièrement. Il plaisante avec Pietra qui semble sous le charme du bellâtre.


SMV/ On est toujours aussi bien accueilli chez vous.
P/ Absolument.
SMV/ La déesse te bénisse.
P/ La déesse te bénisse aussi.
SMV/ Y'a moyen de discuter tranquille ou on peut causer comme ça.
P/ Derrière, là y'a des gens qui travaillent.

Il l'emmène dans la cour et récupère un cruchon auprès de Pietra qui, du coin de l’œil, indique l'étage pour savoir s'il faut du soutien mais Pido hausse les épaules.
Quelques banalités sont échangées, la qualité du vin, l'ambiance des affaires en ville.

SMV/ En fin de compte, je suis venu pour vous remettre une invitation au mariage de Ducio Mala Vida avec une fille Esposito, Mina.
Le cerveau de Pidocchi carbure à toute berzingue 
Fille d'Esposito Chiappo, lui-même chef des Esposito. L'invitation qui vaut la reconnaissance de ses pairs ?
P/ Ça aurait lieu quand ?
SMV/ Dans onze jours, j'espère que Speranza pourra venir, elle semblait en colère la dernière fois.
P/ Les familles Mala Vida et Esposito se rapprochent ?
SMV/ C'est bien d'avoir des liens du sang pas que sur les dagues.
SMV/ Ça ferait plaisir au patriarche que vous soyez là.
SMV/ En général, c'est une trêve et faut pas venir les mains dans les poches.
P/ Merci de l'invitation.
SMV/ Tu passeras le bonjour à Lupo et Speranza. 
On boira, on jouera, ça se finira sur une bagarre générale. Y'aura peut-être quelques Cominello qui viendront. Le soir, une discussion entre les familles.
P/ Nous y serons.
SMV/ La déesse te bénisse.
P/ Tu es toujours le bienvenu, nous devrions ouvrir demain avec du mobilier tout neuf.
SMV/ Le bois, c'est solide.

Les deux hommes se quittent et Pido remonte avec le reste du cruchon qui a survécu à cette discussion et il informe les autres Compari.

P/ T'as des fonds suffisants Lupo pour te faire beau.
L/ Maintenant que t'en parles.
P/ Y'a les fonds communs.
L/ Si on peut, je suis pas contre.
P/ Combien ?
L/ Je sais pas, 500 florins ?
E/ T'es pas censé être plus beau que le marié.
S/ C'est obligé d'y aller ?
L/ Moi non mais toi oui.
S/ Pour quoi faire ?
L/ C'est qu'on te voit jamais et si ...
P/ Si tu veux une guerre des clans, dis le tout de suite.
L/ Y'a plein de filles perdues, tristes d’être seules.
S/ J'ai pas envie d'y aller moi
L/ On sait bien Speranza. Pido, tu voudrais qu'elle vienne ou pas ?
un toc sur la vitre d'un petit gravier et dehors un souriceaux montre un caillou jaune.
E/ Et le docker ? Qui s'en charge ? Ou sinon on file l'info à Benito, on est pas payé pour ça.
P/ Il devait mettre une autre équipe la dessus.
E/ Vu qu'ils cherchent le sorcier de Ducatore ou son homme de main, c'est sûrement de chez les bellicistes.
Pidocchi se tourne vers Speranza
P/ C'est quoi tes activités du moment ?
S/ Ben, je me balade.
L/ Ah ouais ?
E/ Elle fait les boutiques pour s'acheter sa robe pour le mariage.
S/ Est ce que je vous demande ?
L/ Non mais c’est vexant.
P/ Il paraît qu'on est une bande organisée
L/ Ah bon ?
P/ Et que je serai l'organisateur.
L/ Et il te demande ce que tu fais.
S/ Et si j'ai pas envie d'en parler
P/ J’entends.
S/ J'ai pas envie
P/ Mais j'ai posé la question.
S/ Est ce qu’il y a déjà une des mes activités qui t'a pété à la figure ?
P/ Non, si ça devait tu le saurais.
S/ Qu'est ce ça vous apporte de le savoir ?
L/ Ils veulent savoir où te trouver en cas d'urgence
S/ De toute façon vous sauriez pas où et comment me trouver vu que ça dépend des autres crétins.
E/ Quels crétins ?
S/ Les Cazahorca.
P/ Ils te voient pas trop ?
S/ Ils se rendent même pas compte que je suis là.
L/ L'idée c'était pas de calmer le jeu ?
S/ Si je retrouve les affaires d'Ettore, je lui ramène.
E/ Merci.
P/ Mais faut que ça se fasse de façon discrète.
S/ Alors pourquoi vous posez la question ?
L/ Parce que tu dis jamais on on aime savoir.
L/ Et nous, tu t'en branles.
S/ Non, j'ai du respect pour votre vie privée.
L/ Rentrer dans nos chambres pendant qu'on dort ou qu'on est pas là.
S/ Tu m'a jamais dit de pas le faire.
L/ Même quand on dit tu le fais pas.
S/ J'y peux rien.
P/ Sur ce, j’y vais.


Pido prépare quelques échantillons alchimiques à fournir à Argante si besoin et prend le livre de Alba.
Speranza décide d'accompagner Pido, habillée en page. 
Pidocchi porte son masque sur le trajet pour aller au rendez-vous avec Argante au banc de nage. Speranza l’accompagne mais ne rentre pas dans la taverne, préférant traîner sur le port.

Y'a de la tension dans les rues mais les gens ne leur sont pas hostiles à la vue de leurs tenues.
Ça discute beaucoup au banc de nage en cette fin d'après-midi, de l’agitation, des problèmes d’argent. 
Une fois sur place, au fur et à mesure de modifications vestimentaires par étape, le page devient un gamin du port du genre qu'on ne regarde même plus. 

Entré dans la taverne, Pidocchi avise Argante et le rendez-vous se fait dos à dos en causant chacun dans son verre.
A/ Bonjour Pido tu voulais ?
P/ Oui, j'ai appris que Julio devait s'absenter.
A/ Il part demain.
P/ Je voulais t'assurer notre soutien. Je sais pas comment, moins ça se remarque mieux ça va
A/ Pour le moment, j'essaie de calmer le jeu en parlant des salopards de Compari parce que vous en avez buté beaucoup. Même si le régime de Porzia est fini, plein de Carpone ont perdu des parents ou des connaissances.
P/ Je vois.
A/ Avec le départ de notre meilleure lame, je calme le jeu au risque de passer pour un dégonflé.
A/ Y'aura peut-être deux trois à calmer.
P/ J'ai quelques préparations spéciales qui peuvent te filer un coup de main et ...
A/ C'est-à-dire ?
P/ Compari uno, poudre jaune, ça marche bien dans tous les alcool, le gars qui va consommer va avoir besoin de se vider les tripes pas longtemps après.
P/ Compari six, poudre noir, gros coup de booste suivi d'un gros coup de fatigue.
A/ Ça se mange ?
P/ Ça se dissout dans l'eau. Là t’as trois doses.
A/ Merci.
P/ Je sais pas de quoi tu aura besoin ou pas.
A/ Rosina joue un drôle de jeu.
P/ Qu'est ce que tu entends par là ?
A/ c'est à dire que c'est la veuve de Vascularino et ça s'est su qu'elle avait des contacts avec les Morellli et le fait qu'elle cherche ouvertement la paix ne plait pas à tout le monde.
A/ Ils sont venus nous taper sur la tronche et ils ont du sang Carpone sur les mains.
P/ C'est eux qui sont venus ? T'avais une Morelli capturée par les Carpone.
A/ Oui mais ...elle avait été attrapée sur notre territoire.
P/ A propos des familles, t'es au courant du mariage des Mala Vida
A/ Non. Y'a un mariage ?
P/ Dans une dizaine de jours.
A/ On devrait être mis au courant d'ici peu mais c'est vrai que je ne me suis pas positionné comme celui qui reprend le clan.
P/ Tu devrais faire ça quand ?
A/ Si tu pouvais réduire le pizzo, je pourrai montrer qu'en discutant on arrive à négocier
P/ Tu baisserais de combien ?
A/ Le même qu'avant vu qu'on vous a déjà donné le contrôle de la via Ferrari.
P/ C'est beaucoup.
A/ C'est pour montrer qu'on obtient en discutant avec les Compari, on peut arriver
P/ Je dis pas non.
A/ Tu réfléchis à ma proposition.
P/ Pour les deux trois à calmer, tu vois quoi ?
A/ On fait une réunion pour de faux à l'hirondelle et derrière tu fais des concessions ?
P/ Ça me paraît le mieux en attendant que Julio revienne.
A/ On surveille ça et on cause avec les cailloux jaunes et si besoin en urgence tu vois avec Amanda. Elle a l'air de vous considérer mais y'a souvent des Carpone par là.
P/ Tu peux faire pareil avec Pietra.
A/ Moi je peux pas t’envoyer de gamin Carpone. Ça s’espionne trop et à part Natale qui est un franc, je peux pas trop.
P/ Dis moi, question plus personnelle, vous êtes tous fâchés avec Benito ou y'a des gens qui l'aiment bien.
A/ Moi je l'aimais bien mais il a craché sur son nom, sur le clan.
P/ A cause de sa mère ?
A/ Elle a fait tuer son fils et Benito a pas supporté qu'elle ait fait tuer son frère …
P/ Le frère de Benito ?
A/ Ouais, même père, même mère
P/ Toi t'es pas spécialement fâché avec lui.
A/ J’éviterais de le croiser parce qu'il a beaucoup de haine envers les Carpone.
A/ Je l’aimais bien , il a fait beaucoup pour la famille mais ça l'a démoli cette histoire.
P/ Merci de l’information et en tout cas c'est notre intérêt de Compari que tu sois l'interlocuteur Carpone.
A/ Je joue ma carte mais je fais comme c'était conclu depuis le départ, depuis les Di Santi. 
J’ai pas bougé.
P/ Quitte à pouvoir compter sur des gens en ce moment.
P/ Nous on prévoit d’essayer de te soutenir et que les Carpone soient dirigés par Argante
A/ Je prends ça pour un compliment et avec plaisir.


Pendant ce temps, Speranza suit les mouvements sur le port et elle observe que comparé au reste de la ville l'activité semble normale sur le port marchand avec moins de tensions même si ici les engueulades entre négociants et marins sont monnaie courante. Elle remarque aussi une présence importante de phalangistes surtout du côté de l'arsenal. Elle voit même l'Anguille qui discute beaucoup et pose des questions, du genre convivial et porteur de missives ou d'objets. Il propose ses services, actif et à l'aise entre les divers groupes ou clients présents.
Personne ne semble surveiller le banc de nage et par conséquent Pido et Argante.
Par rapport à Benjuini, l'activité semble normale voire apaisée. La contrebande suit son cours, les marins jouent au dés. Cette partie du port vit bien contrairement aux journaliers de la ville-basse à l'opposé.
L'Anguille porte des bières aux phalangistes et discute deux trois mots, sa façon à lui d'aller à la pêche aux informations. Il semble actif et apprécié sur le port.

Pidocchi finit par quitter le banc de nage.
P/ Je vais amener le bouquin chez Alba.
S/ Tu veux que je t'accompagne ou tu y vas seul ?
P/ Comme tu veux.
P/ Si elle est pas là, je pose ça et elle saura d’où ça vient
S/ L’échange sur les gamins, ça va me crisper.
S/ Sur le port l'anguille est plus du genre à gratter les infos qu'à les donner mais il m'a pas reconnu.
P/ Il cherche des infos ?
S/ À priori.
P/ J'espère que c'est pour nous.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Épisode 51 - Entre quatre yeux


Dans le courant de l’après midi, Ettore va se fournir en armes vu qu'une bonne partie de son stock a disparu emporté par les phalangistes lorsqu'ils ont pillé sa chambre. 
Lupo profite d'une sieste crapuleuse avec Pietra.


Speranza et Pidocchi restent quelques temps sur les quais à observer les pêcheurs avant de partir vers la ville-basse et ses entrepôts. Cette partie est plus pauvre et les gens désœuvrés les regardent passer, entre indifférence et hostilité.
Les escaliers pour sortir de ce quartier permettent d'arriver sur la rue transversale où se trouve l'appartement d'Alba. Pidocchi accompagné d'une Speranza attifée comme un gamin des quais, entre dans la cour du bâtiment d'Alba et ils rejoignent l'étage. Derrière la porte, des bruits et paroles échangées mais comme ils toquent à la porte, elle ouvre.
Autour d'une table derrière elle, quelques gamins avec des ardoises qui montrent un œil curieux vers ces nouveaux arrivants.
P/ Je crois que vous avez oublié ça.
Pidocchi rend son livre à Alba.
Le merci est un brin arraché avec un signe de tête de salutation.

P/ Vous avez des élèves.
A/ Oui , le savoir est important même à cet âge, surtout à cet âge.
P/ C'est une chance pour eux qu'ils en profitent.
A/ Je vous remercie.
Ça s'adressait surtout aux gamins pendant qu'Alba ne les regarde pas.
P/ Je vois que vous êtes occupés, on ne va pas vous déranger trop longtemps, vous avez respecté vos engagements.
A/ Rentrez, je préfère ne pas parler sur le seuil.
La leçon est terminée pour aujourd’hui adresse t'elle aux gamins qu’elle renvoie.
P/ Je ne voulais pas aborder certains sujets devant vos élèves.
Elle sort une petite bouteille d'un vin clairet et indique de se servir.
Speranza prend un verre d'eau d’une bouteille sur la table
.
P/ Comme je l'ai suggéré, vous n'êtes pas revenue vers les ouvrières et on a pas besoin de plus de problèmes dans notre quartier. Je voulais juste vous expliquer notre position même si je comprends votre démarche. Ici, c'est la ville basse, c'est pas chez nous. Dans notre quartier on a d'autres responsabilités. Apprendre aux gamins ne doit pas remplir votre bourse.
Elle ignore la proposition 
A/ Je n'ai pas de gros besoins.
P/ Je ne pense pas m'imposer plus longtemps et nous ne sommes pas partis sur un très bon pied mais la prochaine fois que vous passez dans notre quartier, passez dire bonjour d'abord.
A/ Je dois le prendre comme un conseil avisé ?
Pidocchi se lève.
A/ Ettore m'a parlé d'une personne qui pourrait confirmer les propos qu'il a avancé, sur ce qui est arrivé aux enfants.
P/ Vous avez discuté avec Ettore des enfants enlevés ?
Elle fait signe oui de la tête
P/ Si vous voulez la mienne, l'affaire a été réglée, ce qui reste se joue en haut lieu et n'aura plus d'impact sur aucun gamin.
A/ Il m'a dit aussi qu'il y aurait une personne digne de confiance, je me méfie de vous.
P/ Et qu'est ce qu'il vous a dit ? Qu'est ce qu'elle vient faire là dedans ?
A/ Qu'elle pourrait confirmer ou infirmer.
P/ Je pense savoir à qui il pense.
A/ Une personne du culte du desséché.
P/ C'est à elle que je pensais, c'est une gyrovague qui a participé à l'enquête.
A/ Je pourrai la voir ?
S/ Faudrait déjà qu'elle soit d'accord !
P/ Elle loge à l'auberge de …
S/ Faut lui demander d'abord !
A/ Demandez-lui et soit elle peut venir chez moi, soit j'irai la trouver selon sa convenance ou la votre.
P/ Je suis pas certain qu'il faille passer par notre intermédiaire mais y'a pas trente six mille gyrovagues en ville.
A/ Je préfère éviter de poser des questions sur elle car il y a des personnes qui nous surveillent et préviennent les autorités.
P/ Je lui transmettrai le message et si elle a envie de vous parler elle vous contactera.
Alba hoche la tête et repose les mêmes questions qu’elle avait posées à Ettore.
A/ Très bien. Et qu’en est-il du risque de nouvelles disparitions ?
P/ L'information importante et que vous pouvez répandre c'est que ceux-là y'en aura plus. Peut-être d'autres mais plus pour ça.
A/ Je vais pouvoir prévenir Emilio et calmer son désir de vengeance
P/ Une justice a été faite.
Elle réfléchit.
A/ Emilio est très perturbé. Il est influençable.
P/ Par qui ?
A/ Par de personnes qui souhaitent que les choses aillent plus loin.
P/ Vous n'avez pas de nom ?
S/ Et vous êtes au courant de ça mais vous faites rien ?
S/ Votre chantage à la confiance il est sympa mais vous attisez plus les braises qu'autre chose
A/ Vous êtes plutôt du côté du bâton que des battus.
S/ C'est facile, c'est ce que vous avez dit à Ettore.
Pido tente en vain de calmer l'orage qui gronde.
A/ Vous dites qu'on est manipulé mais vous êtes les chiens de ceux qui vous payent.
S/ Parlez bien de chienne, vous savez de quoi vous parlez.
L’atmosphère est glaciale quand Pidocchi, poli et stoïque, prend congé et que Alba le raccompagne.
A/ Si cette personne vient et que je ne suis pas présente, dites-lui bien d'attendre qu'on vienne me chercher.

Speranza, partie fâchée, file direct sans attendre Pidocchi en direction des toits dès les premières ruelles passées. Les réflexes de rupture de filature par les traboules puis trouver un coin tranquille sur les toits pour faire redescendre la pression dans un point très haut avec vue sur la ville, tout à l’opposé de la ville basse, tout en haut du clocher du temple du Resplendissant.

Pidocchi sort et il n'y a aucune Speranza visible alors que d'autres gaillards le suivent des yeux même s'il feint de les ignorer. D'après le style, ça serait des portefaix, des dockers occupés à autre chose que bouger des caisses.
Il essaye de les ignorer et repart en direction de la via Tamborini par le quartier noble.
Les gars commencent à le filocher. Quand ils le voient monter les escaliers en direction de Torrescella, ils accélèrent pour ne pas le laisser quitter le quartier. Pidocchi avise une boutique de friperie, pas mieux dans le coin, il entre en contact avec le marchand tout en l’entraînant vers le fond de la boutique. Trois pièces pour obtenir une sortie discrète par une arrière cour ou le toit. Une pièce de plus pour le remercier et Pidocchi a déjà pris le chemin indiqué pour se retrouver dans le débarras puis via une trappe sur les toits. Derrière, le fripier doit être en train de recevoir les quelques coups qui claquent mais quand Pidocchi descend via un lierre, les deux hommes ne sont pas en vue et avec un détour à rebours, il prend une autre trajectoire via le bœuf rouge.



Dans toute la ville, les phalangistes empêchent tout regroupement, du jeu de dés aux petits vieux sur le banc, faut que ça se sépare et chacun rentre chez soi sous les conseils avisés et fortement appuyés des hommes d'armes.
Angelo est à la porte du bœuf quand Pidocchi finit par arriver.
Pido rameute les souriceaux pour avoir les rapports de la journée. Le bain de sang évité sur la place, l'agitation générale, le mécontentement des gens, quelques histoires de coucherie et de mauvais voisinage. Rien de neuf sous le soleil, il profite de la lumière restante pour inspecter les travaux en cours.



Lupo a laissé Pietra dormir et il a profité de l'après-midi pour prendre la direction de l'hirondelle où il pense trouver Majan.
Amanda lui confirme la présence de Majan à l'étage même si les Carpone regardent Lupo d'un air toujours aussi peu accueillant. Majan le reçoit dans une meilleure santé et elle a pu se déplacer jusqu'au temple de la déesse douce pour faire changer les pansements.

M/ Je pourrai rentrer sous peu. Don Pidocchi m'a proposé son aide pour trouver un navire rapidement mais d'ici quelques jours ça pourra se faire.
M/ Repartir en direction de …
L/ Bromaël !
M/ Oui, ça ne devrait pas poser encore trop de problèmes en cette saison.
L/ J'ai pu voir pour la pièce de théâtre, c'est faisable demain soir si vous vous sentez d'attaque.
M/ Tant que je ne suis pas sur la scène.
L/ Ça sera pas moi non plus. Soirée presque privée au théâtre.
M/ Je partirai assez tôt et si besoin je ferai des pauses
L/ Je viendrai vous chercher. Je ne vais pas laisser une dame, surtout blessée, se promener dans les rues.
Il arbore son sourire numéro 3, l'ambigu qui trouble et qui fait douter, qui fait battre les coeurs.

Elle n'est plus désarmée comme lors de cette soirée à l'auberge de la porta Letichina où elle a vu dans son regard qu’il savait qu'il provoquait un émoi en elle. 
Elle a depuis accepté qu'il la confronte à ces désirs et ses désirs car depuis elle a pû y réfléchir, elle a pû lire en elle, elle a pû lui dire qu'elle contrôle son “animalité charnelle” et qu'elle reste une adepte laie du Desséché.

Il joue aujourd'hui avec des paroles, des gestes et une proximité, menant la conversation d'un ton badin tout en lui laissant le choix tacite de cette intimité qu'elle pourrait suspendre de quelques mots. 
Qui profite de l'autre ? Qui joue de l'autre ? Aucun ou les deux ? Qu'importe peut-être, l'important est juste ce moment de proximité.

La discussion continue vers des anecdotes et banalités jusqu'au soir.
M/ Voulez-vous que nous dînions ensemble ?
L/ Avec plaisir.
M/ Ici ou dans la salle commune ? La nourriture y est correcte.
L/ Peut-être avez-vous envie de vous changer les idées et de manger autre chose ?
M/ Je ne suis pas une gourmet. Vous allez me trouver toujours aussi austère mais notre culte enseigne la tempérance et de ne pas céder aux plaisirs terrestres.
L/ On ne peut apprécier la vie sans connaître la mort. Une vertu qu'on ne teste pas n'est pas vraiment une vertu. Il faut goûter aux plaisirs pour savoir ce dont on se passe.
M/ Demain, je testerai les plaisirs futiles du divertissement, laissez moi le temps de découvrir don Tramonte.
L/ Je préfère qu'on dîne ici ensemble, je vais nous faire monter le repas.
M/ Je vais écrire en attendant.
Il sort dans l’idée d’aller chercher ailleurs des plats d'un niveau amélioré par rapport à l'ordinaire de l'hirondelle.



Speranza tombe sur un Lupo devant l’Hirondelle, donnant des consignes à des gamins pour les envoyer faire ses courses à coups de piécettes. Elle s'approche discrètement dans son dos. Un gamin hésite quelques instants et Lupo se retourne pour en trouver la raison.
S/ T'es avec la rabougrie ?
L/ J'ai prévu de dîner avec elle.
S/ Tu peux lui donner un message.
L/ Tu t'intéresses à elle ?
S/ C'est pas moi c'est Alba.
L/ Qu'est ce qu'elle veut ?
S/ Je crois qu'Ettore a dit qu'il lui ferait rencontrer ta copine pour lui prouver.
L/ Elle va pas croire de toute façon.
Pido était à deux doigts de lui dire où est Majan.
L/ Si tu veux transmettre, elle est là haut.
S/ Ben si tu dois manger avec elle tu lui diras.
L/ Entre la poire et le dessert.
L/ Tu veux toujours pas lui parler?
S/ Comment tu veux que je lui parle ?
L/ Ben comme ça, ça serait sympa.
L/ Je me suis engagé à rien.
S/ Ben je te demande, pour une fois.
L/ OK
S/ Juste qu'on vienne pas l'embêter si elle a pas envie.
L/ C'est à elle de décider.
S/ L'autre conne je vais m'occuper de son cas ça va lui faire drôle. Avec son petit manège elle me saoule, tu l'as vu, à jouer les incrédules. Est-ce qu'elle a vu les gamins ? Est ce qu'elle leur a parlé ? A part critiquer elle a fait quoi ?
S/ Bref, si tu veux pas …
L/ Je voulais juste te taquiner. C'est marrant, on dirait que tu l'aimes un peu.
S/ Arrête de dire n'importe quoi. Qu'elle se sente pas obligée.
L/ Je veux pas qu'elle prenne de risque vu qu'on nous a dit de nous taire.
L/ Pour traiter Ettore de menteur, faut pas le connaître.
S/ Elle joue avec ses couilles.
L/ C'est marrant, toi t'en joue pas.
S/ Je cherche pas à rentrer dans son lit pour abuser de sa confiance.
L/ Tu pourrais.
L/ Et toi ça va ?
S/ Elle m'a énervée, à vouloir des preuves.
L/ Tu crois que ça suffira à calmer ton père que de dire j'ai discuté avec quelqu'un qui dit que ?
S/ Bref !
L/ Tu me fais pas la gueule au moins ?
Mais elle a déjà tourné le dos pour repartir vers d'autres activités.



À nouveau seul, Lupo reprend ses activités de commande de nourriture aux gamins qui ont patiemment attendu à l’écart. Déjà qu’il est bien apprécié de par son attitude toujours souriante et aimable, Il va rapidement être très la coqueluche des gamins vu la vitesse avec laquelle les pièces généreuses sortent de son escarcelle.
Il retourne dans la chambre en attendant qu'on fasse monter les victuailles par Amanda.



Il est remonté dans la chambre et Majan continue d'écrire malgré la fatigue et un refus poli quand Lupo propose son aide. Les propos restent aimables et dans une certaine complicité en attendant les mets qui montent et le repas se fait autour de la table une fois que les écritures ont été repoussées plus loin. Un feu dans la cheminée, une chandelle sur la table et Majan s'autorise même à goûter le vin au grand plaisir de Lupo qui la voit s'autoriser de vivre ce moment relâché.
Constatant la fatigue de Majan, il choisit de lui indiquer qu'elle devrait se reposer. La journée a été longue et il pourra repasser demain.
M/ Vous avez mieux à faire que de visiter une malade.
L/ Pas spécialement, rassurez-vous, ça me fait du bien à moi aussi.
M/ Je vous attendrai en fin d'après-midi ou en début de soirée, je suis impatiente.
L/ Moi de même.
M/ Découvrir le théâtre et une partie de vous.
L/ Attendez-vous à tout.
M/ A tout ?
L/ C'est autobiographique.
M/ C'est vous qui l'avez écrite ?
L/ Non mais quelqu'un qui me connaissait bien, disons biographique.
M/ Je suis curieuse de découvrir le Lupo de cette époque et en quoi vous êtes différent aujourd’hui.
L/ Le jeu des différences sera intéressant.
M/ Voir en quoi il est intéressant pour vous que vos turpitudes soient exposées.
L/ Ce n'était pas prévu mais ça m'a permis de revoir les travers de cette époque et d'éviter d'y retomber.
M/ Bonne nuit don Tramonte
L/ Reposez vous bien.
Les salutations de bonne nuit closent la soirée et Lupo descend. 

Amanda l'intercepte alors qu’il ne lui avait rien demandé.
A/ Vous désirez une chambre pour cette nuit. Ça tombe bien, j'en ai une de disponible.
L/ Oui très bien merci.
Elle farfouille dans les clefs derrière et elle lui en tend une sans croiser son regard.
A/ Muto va vous accompagner.
Muto prend la clé et une paire de draps qu'elle utilise pour faire le lit.
Lupo s'installe sur le lit mais il décide d'attendre habillé et proche de ses armes qu'une éventuelle visite se présente. Il ne bloque pas la porte mais place un objet devant pour qu'un déséquilibre le réveille au cas où il s’assoupisse.
Il commence par se relâcher sans que le sommeil vienne au cas où une visite impromptue ne tarderait pas trop.



Quand Ettore et Pidocchi rentrent au Bœuf, Angelo affiche un grand sourire alors que Pietra est fatiguée, indolente. Le lit d'Ettore est à monter à l'étage et à assembler.
Benito se présente au Bœuf Rouge accompagné d’Orso, son garde du corps.
B/ Ça fait plaisir de sentir cette odeur de bois neuf.
P/ Comme tu vois ça a changé un peu mais la cave est intacte.
Alors qu’Orso reste à l’écart près de la porte, les trois hommes trouvent une table dans le coin déjà achevé dans le calme d'un établissement en travaux et sans clients.
Benito rend à Pidocchi une bourse très rebondie qui ressemble à celle qu'il lui avait confiée.
P/ Ah ?
B/ J'ai réussi à négocier pour quatre vingt florins donc je lui ai donné une petite partie de la somme et j'ai pris sur mes lettres de change plutôt que lui filer de la fraîche. J'ai utilisé ma réputation d’intermédiaire officieux et l'histoire du noble. Du coup quatre vingt florins auxquels s’ajoute vingt pour ma commission si t’es d’accord.
P/ Il va tenir ses hommes à carreaux.
B/ Si ses hommes passent par ici, va y avoir des mutations pour des contrées lointaines, Qir aura besoin d’une garnison.  Il a compris le message et a gobé l’hameçon et toute la ligne.
P/ J'aime quand un plan se déroule sans accroc.
B/ Je suis habitué avec les Compari, c'est pour ça qu'on travaille ensemble.
B/ J’espère que vous avez pas trop angoissé, moi je me ronge souvent les sangs.
P/ T'en est où sur l’équipe qui s'occupe des troubles.
B/ Ça se passe bizarrement.Vous avez quoi ?
E/ On a peut-être un des meneurs.
B/ J'ai confié ça à des gars réglo mais en face y'a des gars qui ont mis plus de moyens, plus de gars donc ça noie le message de ceux qui veulent calmer le truc.
P/ Si je te dis Steffani, ça te cause ?
B/ Je crois pas qu'ils aient envie que ça dégénère.
P/ Si ils voulaient que ça s'arrête, ça se serait arrêté.
B/ Les portefaix, y'a un problème de leur côté, c'est eux qui jettent les cailloux les premiers mais j'ai pas été voir.
E/ Nous on a un Arturo qui serait le leader.
B/ Ben justement, c'est un gars marié à une Steffani, donc ça devrait relayer les plans de la famille. Mais visiblement, t’en a qui se font arroser pour foutre la merde et d'autres non chez les Steffani. C'est le foutoir, on sait plus très bien qui obéit à qui dans cette histoire.
B/ Je vais voir avec mon commanditaire.
E/ C'est qui le chef des Steffani.
B/ C'est Luciano, le patriarche.
P/ Et la fraternité, pas de soucis avec eux ?
B/ C'est même l'inverse, si la fraternité salée dit blanc, Steffani dit noir. En tout cas, c'est le bordel un peu partout en ville … et organisé.
B/ T’as des gars qui disent qu'ils vont calmer le jeu et le lendemain ils jettent des cailloux.
B/ Y'aurait même des ...
Il mime le silence d'un doigt sur la bouche.
P/ C'est clair qu'il y a des intérêts.
B/ Sinon j'ai quelque chose pour vous, faudrait que vous veniez demain en milieu de matinée.
P/ Pour un truc rapidement ou sur la durée ?
B/ Un truc urgent, faudra même que ça soit urgent et rapide. Même que vous devriez venir tous pour répondre très vite.
P/ Tous les quatre ?
B/ Oui, histoire que la réponse soit oui ou non tout de suite.
P/ Ça roule.
B/ Je vais rentrer vu que la journée est pas finie.
Il siffle le reste de son verre. La bouteille achetée à Dagarella a pas survécu à la rencontre.
Benito Carpone regarde Ettore en se levant
B/ Si y'a le moindre souci Ettore, tu préviens tout de suite. L'autre doit comprendre, action -  réaction. Le premier merdeux, tu le sèches pas, tu me l'envoies, ça roule ?
Le Compari acquiesce. Benito s’en va après les salutations d’usage



Pendant ce temps, Speranza est rentrée par les toits et elle est dans sa chambre. Molosse veillant sur le placard.


P/ T'en es où de tes côtes.
E/ J'en ai autant qu'avant.
P/ T'es apte à te battre ?
E/ Toujours.
P/ Je pense que demain ça va être un truc violent.
P/ Argante m'a parlé de la veuve. Rosina.
P/ Pour lui, c'est une source de soucis. Elle a mené une action en allant voir les Morelli qui est mal perçue, ça peut agacer des gens. Est-ce que t'as une idée ?
E/ À part que j'ai tué son mari.
P/ Comment on pourrait gérer ça ?
E/ Pourquoi tu veux qu'on s'en occupe ? OK, grâce à elle Iacommo va peut-être survivre.
P/ Je veux juste éviter qu'il y ait un coup d'état chez les Carpone.
E/ Elle n'a aucun pouvoir.
P/ On peut garder nos yeux ouverts.
E/ A part avoir tué son mari, j'ai pas grand chose à y voir.
P/ Si elle est menacée pour avoir causé aux Morelli, la protéger par les Compari, ça va pas aider.
E/ Si Argante t'en parles, c’est qu'il veut qu'elle reste en vie mais vis à vis des autres Carpone. On va essayer de la sauver malgré elle.
P/ On a un panier de vipères, on bouge d'un côté, ça pousse de l'autre.
P/ La sauver, elle est pas en danger direct mais garder un œil et avoir un plan B.
E/ C'était quoi sa famille avant ?
P/ Pas une famille mafieuse.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Épisode 52 - Souriceaux et changement de propriétaire


Le lendemain matin, Lupo est réveillé par des coups légers frappés à sa porte, il se vêt d'un drap qui lui permet de cacher sa main gauche tout en ayant l'air décontracté. Il découvre Amanda qui s'éclaire avec une bougie, regardant dans le couloir nerveusement. Elle est déjà habillée pour travailler alors que le jour n'est pas levé. L'œil aguerri de Lupo note la robe propre du matin au décolleté pigeonnant, les cheveux coiffés avec soin. Sur un sourire, il l'invite à entrer et après une hésitation, elle quitte le pas de la porte qu'il peut alors refermer en jetant un œil dans le couloir. L’odeur de son parfum lui parvient, confirmant l’idée qu’elle s’est apprêtée pour l’occasion. 

A/ Hier soir, vous n'avez pas été trop surpris que je vous fasse rester ?
L/ Si, mais content que vous l'ayez fait
A/ J'avais entendu des personnes qui en avaient après vous et attendaient que vous sortiez pour vous faire un mauvais sort.
L/ C'est ce que j'ai suspecté.
A/ Je pense pas qu'ils soient restés toute la nuit. Rien ne s'est passé après qu'on ait fermé l'auberge avec Muto.
L/ Merci beaucoup, vous pouvez me dire qui étaient ces types ?
A/ Je ne les connais pas … sans doute des mauvais garçons mais eux vous connaissaient bien.
Il n'insiste pas malgré le mensonge évident.
L/ Merci encore de m'avoir prévenu, puisqu'on parle de mauvais garçons qui pourraient s'en prendre à vos locataires, personne ne s'est intéressé à votre locataire d'à côté ?
A/ Dame Majan ?
L/ Tout à fait.
A/ Certains se demandent ce qui vous lie.
L/ En tout bien tout honneur.
A/ C'est surtout sur vous que s'interrogent certaines personnes. Je n'espionne pas non plus les conversations dans l'auberge.
L/ Ah, dommage.
Elle baisse les yeux.
A/ Ah, parce que vous souhaiteriez que ?
L/ Non, je ne demande pas ça, vous avez déjà assez pris de risque pour moi.
Elle rosit et balbutie.
A/ C'est parce que malgré tout ce que vous avez pu faire dans l'hirondelle, vous et vos compagnons avez été correct avec moi mais je ne peux pas non plus œuvrer contre, contre … les gens d'ici.
L/ La situation est compliquée pour vous du fait de cette proximité.
A/ Non, car depuis que j'ai hérité de mon père, j'ai toujours connu cette situation. Aujourd'hui, c'est un peu différent.
Il s'est assis sur le lit alors qu'elle reste debout.
Lupo a reposé sa bougie sur la table de nuit alors que Amanda garde la sienne près d’elle en attendant qu'il ait fini sa réflexion et une éventuelle consigne.
L/ Faites comme chez vous si j'ose dire.
A/ Je vais devoir y aller.
L/ Ah bon ?
A/ Je suis venue vous trouver avant l'aube pour que vous puissiez partir … c'est pas ce que je voulais dire, vous pouvez rester bien sur.
L/ Je comprends bien, ne vous en faites pas.
Il se relève et se prépare à partir en allant chercher ses affaires. Quand le drap glisse, elle détourne le regard et dit sans bouger de place. 
A/ Je vais vous laisser.
L/ Je vais descendre avec vous.
Il attrape sa chemise et joue avec les émotions qui parcourent Amanda quand le drap tombe.
L/ Il nous reste combien de temps avant l'aube ?
A/ Une heure environ.
L/ Il reste encore un peu de temps.

Les remerciements s’esquissent d’abord dans la douceur d’un baiser, un geste timide mais sincère. Face à l’écho chaleureux qu’il suscite, un second baiser s’ajoute, accompagné d’un murmure discret : « merci ». Peu à peu, les mots s’effacent, laissant place à un langage plus tendre, où les lèvres parlent à leur manière.
Mais la pudeur nous invite à détourner le regard sur ce qui suit, même si Lupo, dans un élan de liberté, rejette à la fois le drap et les vêtements, comme pour défier l’idée d’un mari jaloux surgissant à l’improviste. Pourtant, à cette heure-là, le temps semble suspendu, une heure volée à l’aube, juste assez pour disparaître avant que le jour ne s’éveille. Ce matin, l’auberge ouvrira ses portes avec un peu de retard, mais qu’importe ? Les habitués patienteront.

Quand ils descendent tous les deux, Amanda rêvasse encore car Lupo continue cette complicité tant que les portes ne sont pas ouvertes. La compagnie fût agréable pour les deux et elle refuse qu'il paye la chambre alors qu'il le proposait et elle choisit de le faire sortir par la porte arrière en veillant à ce qu'il n'y ait pas d'embuscade et d'enfin, l’autoriser à s'échapper de l'hirondelle. Le sourire croise un clin d’œil et il file sans traîner.

Pas d'embuscade mais un gamin qui était assis se lève rapidement dans l’ombre d’une ruelle en le voyant. Lupo choisit de quitter le quartier sans prendre le chemin le plus court mais en pressant le pas. Dans les ombres du matin, savoir ce que le gamin a vu ? S'il s'agit bien d'un gamin. Plus tard, il se retourne mais le gamin ne l'a pas suivi dès les premières manœuvres pour casser la filature.
Il arrive au bon moment pour voir Angelo ouvrir aux premiers habitués avec des ah de soulagement émanant des clients car le Bœuf Rouge est de nouveau ouvert et c'est à qui sera le premier assis près du feu. La salle est presque neuve et la salle sent encore le bois ciré.



Ettore fait signe à Pirate et la balade va commencer et le chien descend tout joyeux les marches. Pietra sourit à Lupo qui s'est assis en rentrant et une nouvelle journée commence.
Ettore avise un Lupo déjà en bas alors que Pietra se moque de Lupo mi-amusée mi...comment dire.
L/ Merci ma belle.
Ettore reste via Tamborini pour ses exercices habituels mais pas de visiteurs impromptus. Les ateliers embauchent avec moins de discussion que la veille.
Il croise les habitués puis voyant les alguazils passer la porte pour prendre leurs collations, décide, lui aussi, d'entrer prendre de quoi manger et se pose dans le coin des alguazils pour avoir les infos toutes fraîches. Les nuits ne sont pas calmes et on ne sort qu'à plus de deux.
Anielo/ On a été à deux doigts de se friter avec des Cazahorca, plus cons que la moyenne. Ils semblent se croire encore à Ressine ?



Speranza descend, prend à manger dans la salle commune puis remonte manger dans le salon. Lupo en a profité pour aller se laver, raser et mettre des vêtements propres.
Ettore les rejoint à l'étage et Pidocchi se lève en dernier pour les rejoindre.
Les souriceaux vont prendre leurs consignes pour la journée auprès de Pidocchi. Désormais ils vont oeuvrer de jour en partie à cause de la pluie et du froid et surtout de la vie nocturne devenue patrouillée et contrôlée.

E/ Rosina et les Morelli, toi qui a discuté avec elle, comment ça se passe ? Parce que le fait qu'elle veuille faire la paix, ça en énerve un paquet dans sa famille proche ?
S/ Qu'est ce ça peut leur foutre ?
L/ C'est pas nos affaires ?
E/ C'est ce qu'on discutait, hier soir avec Pidocchi. Dans la lutte interne, elle est en danger.
L/ Tu sauves pas la veuve et l'orphelin ?
E/ C'est moi qui les ait fait veuve et orphelin ceux là.
L/ Si on la maintient, on peut faire en sorte d'avoir une famille Carpone moins hostile ou, au moins , moins conflictuelle.
P/ C'est Argante qui va pas aimer si elle lui fait concurrence.
E/ Elle est pas du milieu, y'a aucune chance qu'elle ait les épaules pour prendre et contrôler les Carpone. Argante va tenter de devenir le nouveau chef. C'est mieux que les gros bras.
L/ Argante, avec les Carpone on va au devant d'emmerdes.
S/ Il a trahi les siens, il nous trahira aussi.
L/ Ah mais oui, je vous ai pas dit. Apparemment, ils étaient prêts à me faire la peau ce soir.
E/ Ce soir, au théâtre ?
L/ Ah non, hier soir. J'ai été voir Majan et ils avaient prévu de me faire un sort.
E/ Si tu sert d’appât, on peut tomber sur quelques colériques et qu’ils fassent le premier faux pas.
L/ Je comptais y retourner et s'il doit y avoir un passage à l'acte.
S/ Ils pourraient t'attendre.
E/ Pido tu m'as demandé comment allaient mes côtes.
P/ Si je pouvais avoir une idée de ton état.
L/ Il prenait soin de ta santé.
P/ Où en sont nos capacités martiales ?
E/ Reste des bleus mais ça va. Ça bouge bien.
P/ Tu vas au théâtre ce soir ?
L/ Voilà, mais on verra jusqu’où ça mène.
S/ Tu fais ce que tu veux.
P/ Sachant que hier, les Testanegra allaient au palais pour se plaindre que Matado avait tué un de leurs hommes et qu'il est inadmissible qu'un homme du Ducatore tue un phalangiste. Au niveau du palais curial, ça discute que les régiments voudraient la peau de l'homme du Ducatore.
E/ On pourrait en causer aux hommes du Ducatore.
P/ Je vais envoyer les souriceaux du côté des dockers sur les troubles en ville-basse et faire remonter ce que l'anguille a pu attraper en traînant sur les quais.
L/ Puisqu'on en parle, je sais pas ce que vous en pensez mais on chercherait pas à améliorer les conditions de nos auxiliaires. Ils ont perdu un des leurs, ils vivent dans un taudis.
E/ T'as touché un héritage ?
L/ Pas encore.
E/ Je crois pas qu'il y ait trop de maisons vides dans le quartier.
L/ Améliorer l'ordinaire, voyez ça comme un investissement.
S/ Y'a longtemps que vous avez pas été leur rendre visite ?
E/ Quasiment jamais.
S/ Tu devrais, la soupe aux cailloux ça te filerait des idées.
Et sur ce, elle s'en va vers les étages.
P/ Si on se met à être généreux.
E/ Ce qu'ils veulent dire, c'est que si ça continue, on va finir à quatre voir moins.
Ils grandissent et sur le fond elle a tout à fait raison mais la graine est posée.
L/ Ils ont pris des bons coups dans la tronche. Vaut mieux payer bien et que ceux des voisins aient envie de bosser pour toi. Je pense qu'il faut lâcher un peu de sous. Vu ce qu'ils ont pris, faut pas qu'on soit léger la dessus.
E/ Imaginons qu'on doive les loger, qu'est ce qu'on a ?
L/ On vient de faire rafistoler le Bœuf donc, si on veut, on peut.
P/ Faut pas que ça soit visible de dehors.
L/ Honnêtement, ..
E/ Avec un peu de sous, tu prends qui pour vérifier qu'ils en font pas n'importe quoi ?
L/ Bella fait déjà ça mais sinon avec Speranza.
L/ Dix florins pour commencer, rendre ça étanche, des couvertures, des nouvelles paillasses,
L/ Speranza, elle a pas tord quand elle parle d'aller voir les gamins.
E/ J'y vais jamais. Pidocchi lui y va régulièrement.
L/ Je parlais de ceux au temple.
L/ Je ferai le point avec Bella en la faisant venir ici ils ont pris un sale coup dans la tronche
E/ Pido qu'est ce t'en pense ?
P/ Oui. Le problème c'est de dégager des priorités.
E/ C'est pas pour ça que t'es le chef ?
P/ On a peu mélangé maintenant que c'est Lupo qui fait dans l'assassinat.
L/ Une rallonge aux artisans qui ont fait ici.
P/ On voit avec Bella ce qu'elle veut ou pense.
E/ D'abord notre rendez-vous avec Benito, en milieu de matinée.
P/ Bella vers midi.
P/ Aller voir au palais où ça en est.
E/ Speranza, on y va, on a rendez-vous chez Benito !

Devant l'absence de réponse, Lupo monte pour aller voir dans la chambre de Speranza, il frappe à la porte mais elle n'est pas visible dans la chambre. Entrant un peu plus pour vérifier le placard, il avise qu'elle est sur la terrasse. Elle regarde derrière en silence.
L/ Ça va ?
S/ Y'a besoin de moi ?
L/ À ton avis, on a toujours besoin de toi, tu le sais.
S/ Et si je viens pas.
L/ Comme d'hab'
S/ Ils en ont quelque chose à foutre si je viens ou pas ?
L/ On est peut-être maladroit et avec une sensibilité de bûche mais on est pas des mauvais gars.
S/ Pas besoin d’être mauvais pour être con. J'arrive.

Ils s'habillent chacun selon leur style.
Speranza en garçon, jeune homme de bonne famille. Lupo en petit noble.
Ettore en garde du corps et masqué. Pido en marchand.
On voit bien qu'il faut regarder ailleurs quand ils sortent en tenues et équipés de leurs lames, personne ne blague à leur passage ni même de familiarité sur le trajet de la via dugla Ducati.
Donnola alias Belette s'approche un instant de Pido et marche à son côté.
D/ Y'a Bella qui m'dit de te dire que quelqu'un d'important pour toi courre les rues.
D/ Le gonfalonier Aspe Carneficce s'est rangé du côté des Mastiggia en disant que le centenier je-sais-plus-qui est mort de façon bizarre.
P/ Dis à Bella qu'on veut la voir.
D/ Elle vient te voir au Bœuf  ?
P/ C'est moi qui vais aller la voir dans leur quartier.
Pido fait demi-tour, suivant Donnola qui la guide auprès de Bella.
P/ Allez chez Benito tenir compagnie aux amuse-gueules.
E/ Bon ben on va y aller, c'est Benito qui va être surpris.


Pido est très vite seul avec Bella. Elle évite de lui parler directement. mais. Il fait expliquer l'information passée par Donnola que suite au meurtre de Chiodi, le gonfalonier a pris fait et cause pour les Mastiggia.


P/ C'est qu'une opinion.
B/ Tout le monde en parle alors que visiblement, d'habitude.
Pidocchi finit par sentir son haleine, elle sent la vinasse.
B/ Ça choque du monde parce que d'habitude les phalangistes ne se mêlent pas de politique.
P/ Dans quelle taverne t'as récolté ces informations ?
B/ Sur le port, dans la rue, partout ça en cause. Plusieurs souriceaux me l'ont dit aussi.
P/ J'ai un léger souci. T'as dormi dans la maison et tu sens déjà le vin dès le matin. D’où t'as été boire du vin ?
Elle se bloque.
B/ J'ai rien bu.
P/ Je vais pas te faire la morale vu le quartier mais c'est dangereux, faut déjà savoir le boire et me dis pas que t'as rien bu.
Elle aime pas trop la leçon de morale et tente de se barrer mais il l'attrape par le bras.
P/Autre sujet, complètement différent, nous les Compari sommes satisfaits et avons décidé d'investir dans votre bien-être donc tu me feras la liste de ce qu'il vous faudrait et on va aménager votre local. Pour cette histoire de vin, on en reparlera.
P/ Tu arrives à un âge où va falloir changer et penser à ce que tu vas faire plus tard.
Elle ouvre des yeux écarquillés
B/ Tu veux te débarrasser de moi ?
P/ On reparle de tout ça, probablement ce soir.

Il repart dans l'autre sens pour essayer de n'arriver que peu en retard chez Benito via della Ducati entre la piazza Smaradina et la piazza Palatino.
Devant la maison de Coccio, on constate que quelqu'un est en train d'emménager. Speranza, Lupo et Ettore s'arrêtent en voyant quelqu'un prendre l'héritage de Pido.
S/ La nature a horreur du vide.
E/ Tu l'avais bien caché le papier ?
S/ Ah non, j'ai fait comme on m'avait dit de faire. Y'en un qui s'est fait spolier.

L/ Il est de la famille de don Blattari ?
déménageur/ Je sais pas moi, je suis là à livrer et vider les meubles.
Il apprend que don Dominico Giordano s’installe en ces lieux.

Ah, encore une victime des saillies, verbales cette fois, de Lupo qui l'a ridiculisé il y a quelque années lors d’une réception. Un  marchand d'art affilié à Léonide Ducatore.

Ettore avise son père qui sort de chez eux accompagné de l’un de ses jeunes élèves. Il se déplace alors pour que sa stature ne soit pas reconnaissable. Son père pourrait le reconnaître même de dos.

Speranza fait signe à Pido qui revient vers eux d’accélérer mais celui-ci fait des grands yeux devant la maison.
S/ Y'a un nouveau propriétaire.
L/ Il a acheté à qui ?
P/ Il n'est pas venu là sans autorisation donc c'est un cadeau.
Il a du mal à constater qu'on lui pique son héritage. Il va en direction de chez Benito mais il songe à contacter assez vite Dagarella.

Aucun risque d’être vu et reconnu pour Ettore … 
Son père continue des échanges passionnés avec son élève. Des souvenirs remontent des échanges qu'il avait lui-même quand il buvait les paroles de son père et s'inspirait du moindre de ses gestes. 
Même l'angle de sa rapière à la hanche, le sens de la garde de sa main gauche, chaque détail différenciant l'épéiste du porteur d'épée.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Message par Doji Satori »

Épisode 53 - Chez Azzura, y'a pas que les fesses qui balancent.


Ils finissent par être introduits chez Benito par Orso qui les guide jusqu'à leur commanditaire qui trône dans son salon et propose à boire et à manger.

Benito Carpone/ Ah, vous voilà, entrez donc. Merci d'être venu.
P/ On a réussi à venir tous les quatre, c'est un moment exceptionnel.
Benito semble tracassé. Mauvaise nuit ? Il a l'air très fatigué et soucieux.
L/ Salut Benito. La déesse te bénisse.
Après les salutations d’usage, bière et nourriture passent par-là et il semble connaître nos goûts depuis le temps.
L/ T'as une petite mine.
BC/ comme je disais hier à Ettore et Pidocchi, c'est compliqué en ce moment. Beaucoup de choses qui bougent et c'est pas marrant. 
Là, j'ai un gros coup et j'ai pensé à vous. 
J'ai une commande pour incendier l'entrepôt de l'armateur Furca.
P/ Incendier ?
L/ Sujet très gênant dans une ville en bois.
P/ Et ça serait pas plus simple de faire disparaître l'objet plutôt que déclencher un incendie ?
BC/ Je questionne pas le clille sur ce qu’il veut. 
Mais c'est pas n'importe qui qui peut faire le job, faut avoir les couilles. Excuse-moi Speranza.
S/ J'en ai aussi.
BC/ C'est ce que je me disais. 
S’adressant à tous
BC/ Mais le prix sera celui que vous souhaitez.
BC/ Faut pas se faire pincer, si vous plongez je plonge avec.
BC/ Le clille s'en fout qu'il y ait quelques morts tant que ça crame et ça crame bien.
L/ Juste cet entrepôt.
E/ Faut y mettre les moyens.
S/ Et si ça prend à la ville ?
BC/ C'est un peu le risque. Quitte à ce que vous fassiez prendre feu et que derrière vous faites en sorte de maîtriser la chose ou de donner l'alerte. 
Benito quitte la pièce pour qu'ils puissent réfléchir.
E/ Foutre le feu pour moi c'est détruire une ville.
P/ D'autant plus que Furca est un client de Ducatore donc y'aura enquête sérieuse et faudra qu'il y ait un coupable.
L/ Je suis pas chaud, ça va attirer des emmerdes et on en a pas besoin. C'est du fric et on en a pas besoin non plus.
P/ Si un gros coup se présente, ça se regarde.
S/ Moi je trouve, ça pue.
E/ Si tu penses que quelqu'un est prêt à payer pour faire cramer un entrepôt d'un affilié de Ducatore, c'est qu'il y a des moyens derrière.
P/ Furca a reçu des prêts de Ducatore dont il est client. La franchise dont il bénéficie depuis peu sur le commerce d'épices occasionne de la grogne chez ses concurrents
S/ Ça j'en ai rien à foutre et s'il y a des morts et y'en aura. Un incendie ça se contrôle pas comme ça.
E/ Moi, je te dis qu'un incendie, c'est pour détruire une ville.
P/ Moi je serai à noyer le poisson.
S/ Mais t'as pas envie de le faire.
P/ Non.
S/ Je suis pas redresseuse de tort. C'est pas mes affaires et là, je vote contre.
L/ Sans toi on peut pas le faire déjà. Faudra qu'on rediscute.
P/ Lupo c'est clair, Speranza aussi. Ettore ?
E/ Moi je sais allumer un feu pour brûler une ville, je sais pas l'éteindre.
L/ Je comprends qu'il soit emmerdé
P/ C'est unanime, on répond non.
Pidocchi va chercher Benito
P/ Nous ne répondrons pas à cette offre, trop dangereux.
BC/ C'est à cause des conséquences ? Le contrôler ?
P/ Le contrôler mais aussi l'enquête qui suivra.
BC/ C'est pas moi qui parlerait.
E/ Démarrer un feu, ça se voit.
L/ Dans un entrepôt, on peut se cacher.
E/ Détruire, ça se jouait mais foutre le feu … Donc non, nous ne prenons pas cette mission et
et, tu disais Pido que ça se contrôle, ça, en ville, je sais pas faire.
E/ Et je te recommanderai de ne pas te metttre là dedans car tu te mettrais dans une merde terrible.
BC/ Je suis passé par vous parce que je vous connais bien, j’ai confiance en vous. 
E/ C’est quand même pas une bonne idée même pour toi ce truc d’incendie à Ciudalia.
BC/ Y'a des propositions que je peux pas refuser.
E/ T'es obligé ? T'as pas besoin de ça ?
BC/ Je peux pas refuser, c’est mon boulot. On vient me proposer des choses pour ça justement. 
Souriant affectueusement d’un air un peu las
BC/ Ettore, je n’y connais rien à l’art de l’escrime par rapport à toi et ben là c’est pareil, Et y'a des choses que je sais et que tu ne sais pas. Je ne peux pas t’en dire davantage pour t’expliquer, ça serait trop dangereux pour toi et moi. C’est la politique. 
P/ Tu sais à qui est l'entrepôt vu que t'as donné le nom et tu sais pour qui il travaille.
BC/ Je sais.
BC/ Sachez que je ne prendrai pas contact avec quelqu'un d'autre avant ce soir. Si votre décision est ferme.
BC/ Merci à vous et désolé de vous avoir fait perdre du temps.
L/ Toujours un plaisir de venir.
BC/ Ça m'a fait plaisir de voir Speranza pour une fois.
Il se détend mais reste préoccupé parce qu'un si gros sujet n'est pas résolu. 
Lupo note même une sorte de soulagement en lui. La raison est indéfinissable mais peut être que lui même ne tient pas à être responsable d'un incendie dans la ville ? 

Orso les raccompagne et d'un signe de tête indique quand la voie est libre.



L/ On va voir Ducatore et lui vendre la mèche ?
E/ Si tu veux perdre la confiance de Benito.
S/ J'ai pas confiance en Ducatore.
S/ Vu ce qui se passe avec l'ex nouvelle maison de Pido, j'ai pas envie. Pas confiance.
L/ Un boulot comme ça, c'est notre réputation et si on la piétine on aura plus rien.
P/ C'est ennuyeux car j'aimerais bien qu'il n'y ait pas un incendie en ville.
E/ Ça c'est autre chose.
L/ Faudrait pas qu'on ait des choses dans le coin.
P/ Je crois pas qu'on ait d'entrepôt.
S/ Il ne pensait pas à ça, j'ai compris.
P/ Je peux pas dire à l'Anguille qu'il doit surveiller l'entrepôt pour alerter dès le début des flammes, il aurait des doutes.
E/ Ce gamin bosse pas encore pour toi. Tu sais pas si il tient sa langue et ça le mettrait en danger.
S/ On a déjà des gamins qui bossent pour nous.
L/ Surtout vu ce que tu as dit à Bella.
P/ Qu'est ce que j'ai dit ?
L/ Tu lui as presque dit que tu voulais la dégager.
E/ Foutre le feu en ville en ce moment, c'est pas la bonne idée surtout si c'est entre sénateurs que ça se goupille.
S/ On a dit qu'on s'en mêlait pas.

Arrivés dans leur rue, ils constatent qu’il y a deux trois souriceaux parmi les plus jeunes dans leur cabane mais Bella n'est pas dans le coin. 
Lupo part à la recherche de Bella et il tope Donnola qui était avec elle ce matin. Lupo lui fait signe alors qu'elle tentait une approche pour chipper sur un étal.
D/ Tu veux quoi Lupo ?
L/ Je cherche Bella, tu sais ou elle est partie ?
D/ Elle faisait la belle pendant que j'allégeais les pigeons tout à l’heure. Mais après sa discute avec Pido, l’est descendue vers le port sans m’affranchir.
L/ Je vais voir si j'ai plus de chance là-bas. Elle était fâchée, fâchée ?
D/ chuis pas restée mais j'ai vu qu'elle pleurait.
L/ Merde.
D/ Elle chiale des fois, faut pas s'inquiéter.
D/ Y'a autre chose ?
L/ J'ai l'impression qu'il se sont pas compris avec Pido et je voudrai être sûr qu'ils se sont pas mis en tête des mauvaises idées.
D/ Quand l’est pas trop bien, elle monte au temple du resplendissant et y'a un coin en haut de la muraille écroulée d'où on voit bien la flotte en bas. Elle monte là-haut.
L/ Merci pour le tuyau, je vais voir là-bas.
La pièce accompagne le remerciement à la hauteur de l'information qui permet à Lupo de trouver très vite Bella qu'il rejoint après un peu d'escalade.



Bella le regarde monter et même s'asseoir à côté d'elle.
L/ Ça va ?
B/ Ouais.
L/ J'ai cru comprendre que t'avais pas trop le moral et que Pido avait pas su dire ce qu'il voulait, qu'il y avait eu un gros mic-mac et que vous vous êtes pas compris.
L/ J'ai pas le détail mais pour clarifier, nous ce qu'on voit c'est que dernièrement ça a été dur pour tout le monde. 
Elle reste silencieuse, le regard fixé sur la baie qui baigne le port
L/ On voudrait que tu nous aides pour qu'on améliore l'ordinaire des souriceaux. Pas rajouter à la peine par des conditions difficiles. Qu'on puisse compter les uns sur les autres. Et après, il a parlé de ton age, c'est pas qu'on te fout dehors, c'est pas la question mais plus de savoir ce que toi tu veux. Si t'as des ambitions,des envies et on pourra t'aider au mieux.
Elle hoche la tête.
L/ On te mettra pas sur le trottoir, tu t'efforces d'éviter ça, c'est pas pour qu'on t'y colle, on est pas des salopards, on essaye en tout cas.
Elle renifle et se frotte le nez.
B/ Merci de m'avoir dit tout ça, je vais réfléchir.
L/ C'est ça qu'on voulait te dire. Si y'a des problèmes, faut nous le dire et si c'est pas à moi, tu peux le dire à Speranza. Elle nous passera le message en nous mettant la tête dans le mur
D'accord ?
Elle acquiesce 
L/ T'as faim, tu veux manger un truc ?
Elle fait non de la tête
L/ Du coup, je te laisse, à tout à l'heure.



Speranza profite que les quatre soient réunis.
S/ À la base, je suis censée être incognito, le Compari discret donc les réunions comme ce matin ou les mariages, j'ai pas à y être. Donc on va revenir à, “Speranza, elle est bébête et elle reste à la maison”.
P/ D'accord.
S/ Sinon, mon ajout majeur, il sert à rien.
P/ Benito te connaît déjà mais je note ça. Tu as raison.
Pidocchi dépose un papier sur la table qu'il déplie. Le chiffre écrit attire fortement l'attention : dix mille florins.
P/ Je pense que j'ai pas besoin de vous expliquer d'où ça vient ?
E/ De Ressine.
Ignorant la blague, Pidocchi poursuit tout aussi sérieusement
P/ J'en conclut que Benito est désespéré.
L/ Qu'il a dit oui à un truc et qu'il a des gros problèmes.
P/ Je suis pas en train de dire qu'on va faire la mission mais je veux pas qu'il arrive malheur à Benito.
S/ Il était plutôt soulagé qu'on ait dit non.
P/ Ouais, alors pourquoi il m'aurait mis ça dans la poche ?
L/ J'en sais rien.
E/ Dix mille florins, c'est gigantesque.
S/ Et qui te dit qu'il ne vérifie pas notre loyauté ?
E/ Pas tellement son style.
L/ Ducatore sait pas que tu sais que le marchand bosse pour lui.
P/ Si, j'en ai parlé avec lui.
L/ Benito a mentionné qu'il n'appellerait personne avant ce soir. Genre changez d'avis rapidement.
S/ En tout cas pour ce qui est de Benito, c'est coutumier chez lui ? Ce genre de plan ?
P/ Non, pas à ce tarif.
S/ Que notre refus le mette dans la merde, c'est son boulot aussi. C'est son boulot, c'est sa merde et même si il chouine, on se met pas dans la merde parce qu'il accepte un truc trop gros pour lui. Vous dites il s'est mis dans la merde, il a que nous ben tant pis pour lui.
E/ Clair que dix mille, ça sort pas de sa poche donc il avait prévu de monter jusque là. Ça suppose un très gros commanditaire.
E/ Je suis content de pas être contre lui. Les phalangistes contre lui, l'entrepôt d'un des ses marchands. Foutre le feu à un entrepôt.
S/ Non, à la ville. Que les perchés là haut qui veuillent faire n'importe quoi. Qu'ils aillent le foutre eux même le feu. Ça pue, ça pue beaucoup.
E/ A ce tarif là, je crois pas que Benito pourra témoigner.
P/ Je crois que le commanditaire va s'arranger pour qu'il n'arrive jamais à la question.
S/ Si c'est un test de loyauté.
L/ Loyal ou pas, c'est pas notre fond de commerce.
S/ Je vois pas où on va. On s'occupe pas assez de notre quartier et on met les doigts dans des trucs politiques qu'on connait pas.
P/ C'est parce qu'on n’est plus un truc mineur de quartier.
L/ Si. On est que quatre et l'emprise qu'on a sur nos collègues s'amenuise.
P/ Y'a un choix à faire, un est ce qu'on fait ce truc d'élite et on se débarrasse du quartier ou est-ce qu'on retourne à nos histoires de quartier et de voisins ?
L/ On risque de passer à la casserole.
L/ Tu peux pas jouer au chuchoteur et refaire la façade de la baraque. Faut choisir, on pourra pas tout faire.
P/ Je comprends l'argument et il est valide.
E/ Si on reste que sur notre quartier, on va se faire bouffer.
L/ Tu crois qu'une famille noble va soutenir des gens comme nous, tu te fais des illusions.
S/ Pas de soutien de ce côté là à part du fric.
E/ Soit on devient des Dagarella, soit on perdra un jour notre quartier. C'est un peu la croisée des chemins entre passer dans les services des grands du monde ou rester à nos petites affaires de quartier et les disputes avec les clans voisins jusqu'à ce qu'on soit pris en défaut.
S/ On nous fera une Di Santi.
P/ Elle nous a pendu au nez à partir du moment où on l'a fait nous. Quel que soit le choix qu'on fait, elle va nous revenir un jour.
C'est ce que tente Pido en passant à autre chose.
L/ On lâche le Bœuf ?
P/ Non.
L/ Tu peux pas faire dans les grandes affaires et la clandestinité et qu'on sache ou tu crèches.
P/ Je vois ça comme une couverture.
E/ Faut développer notre quartier sinon on est pas crédible.
S/ La partie politique, on influera pas dessus.
E/ On a pas les épaules.
P/ On le fait quand même déjà, comme avec la sorcière
L/ On a pas vraiment fait exprès.
S/ C'est elle qui est venue nous chercher ?
P/ En fait, non, on l'a cherché nous-même.
L/ On avait fait ça parce que c'était les frères de Speranza.
S/ Et notre souriceaux.
P/ Mais on a mis les mains dedans.
S/ Si elle nous avait laissé emmener les gamins, elle s'en sortait.
E/ Non, on l'a assassiné, c'est parce qu'elle était dangereuse.
S/ Un chien dangereux, on l'abat, ni plus, ni moins.
S/ Je comprends que vous ayez d'autres aspirations mais moi j'ai pas envie d'y mettre les pieds, tout ces trucs qui puent la bouillasse.
P/ Je suis désolé mais nous faisons parti de la pègre
S/ Moi je te parle de la politique.
P/ Y'a une différence ? C'est juste le haut et le bas de la même échelle.
L/ Tu sais que les Carpone, tu peux pas leur tendre la main, ils vont te mordre mais ils sont assez honnête pour te le dire et qu'ils te la feront à l'envers et Argante va nous la faire.
P/ Où t'as vu qu'il était honnête ? Pour nous la faire, c'est écrit sur son front ?
L/ Je vous parie cent florins qu'il va nous la mettre à l'envers. Personne ne relève ?
S/ J'ai pas confiance en Argante mais j'ai pas envie de bosser pour les nobles.
L/ Je pense pas qu'on soit à une croisée.
S/ Moi je pense que si justement et on a pas l'air d'accord sur le trajet à suivre.
P/ J'entends et je respecte le point de vue
S/ N'empeche et du point de vue local, on est sous la menace d'une Di Santi et on sait d'où elle viendrait.
P/ Déjà, qui devient chef de famille, Rosina ou Argante et combien il en reste ?
E/ Une vingtaine de dangereux.
L/ Y'en a bien qui font des mariages. Ettore ?
E/ Vous allez me lâcher avec ces conneries de mariage ?
L/ Ou Speranza qui épouserait Argante.
Speranza lève les yeux au ciel, ne daignant même pas répondre
P/ L'intérêt général de la pègre, c'est le calme et des évolutions plus petites. Si on élimine, ça va agiter les gens donc faut neutraliser la partie hostile
L/ En décapitant ?
P/ Si tu décapites, y'a une tête qui repousse.
P/ Nous on préfère Argante.
S/ Ah non.
L/ Pas tous.
S/ Pourquoi pas le fils à Rosina ?
P/ Il a quel âge ?
S/ Je serais toi je me méfierai de la mère qui protège son bébé.
P/ Ça dépend si c'est toi qui veille sur elle.
L/ Contre qui ?
E/ Le reste de la famille qui veut reprendre les hostilités.
S/ C'est trop compliqué pour moi, je vais m'occuper de mes cachettes.
Speranza file.
E/ Argante est un Carpone, Rosina non.
P/ Il vont vouloir mettre un régent.
L/ Le problème qu'on a c'est que Argante va nous la faire dans le dos pour regagner la confiance de ses gars. On élimine et on voit qui vient derrière.
P/ Objectivement c'est pas un ennemi, c'est un allié.
L/ Il a fait ça et pour se refaire une virginité, il va avoir besoin de montrer à ses gars qu'il peut nous avoir.
E/ Si on compte sur l'embuscade qu'ils ont raté hier et qu'ils voudraient peut-être refaire ce soir.
P/ Faut pas que Majan soit blessée dans l'histoire.
L/ Pas sur qu'ils s'en prennent à quelqu'un du culte du desséché.
P/ Ils viendront nombreux vu ta réputation de tueur.
E/ Ça me plait bien, ça met encore Lupo dans le rôle de la chèvre.
L/ C'est pas grave
P/ C'est quand même le seul que je connaisse qui ait tué et été tué par la même personne.
E/ Tu dois aller à l'hirondelle ?
L/ Oui.
P/ Sinon, j'ai la maison de Coccio. Une maison nouvelle, ça peut amener des nuisances
histoire qu'il renonce.
E/ S'il renonce, tu l'auras pas pour autant.
P/ Signé sous la contrainte.



On fait appel à Ettore, sans doute à propos de Gentille et d'Azzura. C'est la souricette Bambolina qui est venue avec Pulcino.
b/ Y'a le type qui est là, il est monté chez Azzura.
La petite le regarde dans les yeux
b/ Ça va bien se passer.
Il se dirige vers chez les filles.

Un caillou jeté sur la bonne fenêtre fait ouvrir à Renata qui voyant l'importun, change d'avis sur le rappel des horaires respectables des filles de joie qui ont le droit de dormir jusqu’à midi.
Renata/ Si c'est pour toi, je peux faire une exception.
E/ C'est pour votre visiteur, le bellâtre.

Renata vient lui ouvrir en silence puis remonte devant lui en jouant des hanches exagérément. Mais comme Ettore se concentre sur la porte fermée de la chambre d'Azzura, elle comprend qu’il poursuit ce gibier et retourne dans sa piaule en fermant bien sa porte à clef.

La clef est dans la serrure côté Azzura, cette fois ils se sont enfermés pour en profiter et les bruits confirment qu'ils en profitent de façon fort agréable. Après des ébats, Gentile pose des questions à Azzura qui répond sans hésiter, il suit nos activités du moment. Une fois renseigné, Ettore quitte la maison pour aller informer les autres Compari de ce qui se passe entre Azzura et Gentile et les facilités avec lesquelles elle informe le bellâtre.

P/ Et pour qui il travaille ?
E/ Pour les Mastiggia. Il était venu après la fuite de Benvenuto avec la femme en noir et le chien.
L/ Si Mastiggia se renseigne sur nous, pas le moment de bouger sur des trucs trop voyants.
E/ Je vais l'attendre à la sortie.
P/ Tu veux qu'on vienne à deux ?
E/ Non, on va discuter tranquille Je peux le faire fuir seul.

Ettore attend l’homme des Mastiggia sur un banc. Quand il sort de la maison close, il fait signe à Ettore et s’approche de lui en souriant, s’arrêtant quand même à bonne distance.
E/ Tu viens souvent ? Besoin de quelque chose.
Gentile/ Non, j'ai eu ce que je voulais.
E/ Si t'as des questions tu les poses. Tu me demandes.
G/ C'est gentil mais j'ose pas déranger. Je voudrais pas m'immiscer dans vos affaires.
E/ Je suis un gars plutôt ouvert.
G/ Pour qui vous grenouillez ?
E/ Peut pas trop te le dire.
G/ On va pas discuter dans la rue.
E/ C'est l'endroit le plus calme, chez nous y'a des oreilles alors que dans la rue.
E/ On peut se poser sur le lavoir, à cette heure elles ont fini.

Arrivés sur les lieux et constatant que personne ne se trouve proche, ils reprennent leur discussion
G/ On raconte que vous grenouillez pas mal chez Ducatore. Or, tout ce qui concerne Benvenuto Gesufal ou Ducatore, ça nous intéresse.
E/ Actuellement on a plus de contrat ou de demande par là.
G/ Très bien.
G/ Si on a besoin de vous on peut venir donc vous voir ?
E/ C'est pas moi qui décide.
G/ Je vais demander à Pidocchi ?
E/ Non, faut passer par un intermédiaire.
G/ Son nom ?
E/ Je sais pas, faut voir avec Pidocchi.
Gentile est amusé de la réplique et poursuit sur un ton mi sérieux
G/ C'est fini entre nous ?
E/ Ça dépend, c'est fini avec Azzura ?
G/ C'est plus la même relation, je ne paye plus.
E/ Monsieur a des avantages.
G/ Je viens pas pendant les heures de travail. D'ailleurs, faut que j'y aille. J'ai du travail et on va se demander où je suis. 
Tu pourrais servir des sénateurs.
E/ Je suis un truand, j'ai pas d'heures.
G/ Toi aussi tu pourrais avoir cette sécurité.
E/ Ta famille est dans la soie, moi je suis plus dans la débrouille de rue.
G/ J'aime bien venir par chez vous et Azzura est accueillante. T'es pas jaloux ?
E/ Jaloux ? Je te rappelle son métier. J'aurais pas fini. Y'a pas que des soldats à s'enfiler en permanence dans le palais Mastiggia.
G/ Contrairement à toi, j'ai des obligations.
E/ C'est ça de bosser pour un maître.

Ettore laisse partir Gentile en s'assurant qu'il quitte leur territoire puis il va faire son rapport à Pidocchi.

E/ Y'a les Mastiggia qui veulent nous proposer des contrats si on bosse plus pour Ducatore. Ils savent qu'on y va souvent. On les a rencardé sur place et moi j'y ai été vu qu'une ou deux fois.
P/ C'est comme ça qu'on fait des rentrées d'argent, en bossant pour tout le monde.
E/ Messieurs, je vous laisse aller discuter avec Azzura. Si j'y vais, je crains de déborder.


Pendant l’après midi, Speranza se fait plaisir entre le bazar qu'elle génère dans le camp Cazahorca puis selon sa nouvelle habitude elle va piquer dans la rue des trucs aux serviteurs Phaleri qu'elle ira ensuite distribuer aux souriceaux.
 
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Épisode 54 - Au théâtre, ce soir.


Toujours énervé par ce qu'il vient d'apprendre, Ettore décide d'aller éclaircir la situation et mettre les points sur les i avec Azzura. Voyant son état et notant la demande d'intercession, Lupo l'accompagne pour empêcher l'escalade potentielle.
Une fois arrivés devant la maison des filles, la porte est fermée et la lumière éteinte puisqu'il n'est pas l'heure pour les clients. Un caillou envoyé sur le carreau de la chambre d'Azzura la fait surgir, souriante, à sa fenêtre.
A/ C'est pour quoi ?
E/ On voudrait te parler
A/ Vous montez.
Elle leur jette la clé de la porte
Elle les accueille autour d'une petite table avec du vin et après avoir pris une chaise dans la cuisine pour qu'ils puissent tous s'asseoir. Elle amène table et verres et commence à servir. Lupo s'est assis ainsi que Azzura mais Ettore hésite avant de le faire aussi.
L/ Je voudrais pas mettre Ettore mal à l'aise.
E/ Je vais commencer. Gentile. Je l'ai vu sortir de chez vous et paraîtrait qu'il est déjà revenu depuis la fois où je vous avais interrompu.
A/ Oui, il vient régulièrement.
E/ Souvent en début d'après-midi.
A/ Il apporte des sucreries. On mange parfois après l'amour.
Lupo note l’emploi du mot amour, peu usuel dans la bouche d’une professionnelle
E/ Et vous causez ?
A/ On discute.
E/ Et dans les discussions tu lui dit ce qu'on fait.
A/ D’où je viens, mon enfance. Il s'intéresse à moi. Il demande aussi des nouvelles de vous.
E/ Et tu lui parles de nous quand il demande.
A/ Je suis pas macquée avec vous.
Ça, c'est pas la bonne façon de lui répondre et vu qu'il se retient, ça commence à chauffer entre les oreilles d'Ettore. Il sait qu'elle parle d'eux, que Gentile est renseigné à peu de frais sur les activités des Compari et cette cruche n'a pas l'air de comprendre.
E/ Tu sais pas ! S'il te demande quoi que ce soit sur nous, TU SAIS PAS !
E/ Gentile, c'est un tueur comme moi qui pourrait un jour me la planter dans le dos donc je veux pas qu'il sache ce qu'on fait, ou on le fait, quand on le fait.

Le ton est monté, froid, coupant comme une lame et annonceur de violence à un point qu'Azzura par instinct ou habitude ancienne quand elle était sous la coupe des Di Santi se prépare à encaisser ou tenter d'amortir les coups qui vont pleuvoir. Il est debout, terrible, menaçant et les secondes sont longues avant qu'il ne se décide à sortir en martyrisant la porte au passage. Azzura tremble toujours de la gifle qui n'est pas venue alors que Lupo adoucit la forme énoncée par Ettore.

L/ On sait pas pour qui il roule, s'il peut devenir un adversaire donc pour notre tranquillité, t'as qu'à changer de sujet de conversation. Tu fais ce que tu veux avec lui. C'est ta vie. On a rien contre toi mais notre activité c'est d'être prudent et méfiant et ça serait moche qu'il te manipule juste pour avoir des infos. Je vois que t'es pas à l'aise et que tu as peur de t'en prendre une. Ça va pas être le cas mais on veut pas que ce type devienne une menace. Tu y gagnerais pas au change si un autre patron s'installe dans le coin. C'est juste une mise en garde.
Lupo termine son verre et remercie Azzura de son écoute attentive.
L/ Voilà, à bientôt.
L/ Je suis pas un méchant mais si on est en danger, je sais pas comment les autres pourraient réagir.
Il finit par la rassurer et bien que le message soit pris au sérieux, elle est soulagée et heureuse de constater qu'elle est passée au travers des baffes qu'elle craignait.
L/ Fais gaffe et pense à te protéger parce que ce gars là, il cherche peut-être juste à te manipuler.
L/ Si il t'embrouille, on est là. On est là aussi pour ça s'il te menace pour avoir ce qu'il veut.
Il voit une lueur de doute dans la prunelle de la jeune femme, les mots ont porté.
A/ Merci Lupo.
L/ Bonne journée Azzura.

Quand il repart, il glisse en passant devant la porte entrouverte de Renata, 
L/ c'est pas bien d'écouter aux portes
R/ Je croyais que tu venais pour moi. Tu préfères la chair fraîche.
L/ Je suis pas si restrictif.
R/ Je te ferai un prix.
L/ Moi aussi, je te ferai un prix.
Elle éclate d’un rire mi amusé mi moqueur

Ettore et Lupo vont ensuite étudier le terrain pour voir où les Carpone pourraient monter une embuscade s'ils voulaient coincer Lupo ce soir entre le Bœuf et l'Hirondelle ou entre l'Hirondelle et le théâtre.


Pidocchi s'est dirigé vers le port et il a fini par aller se mettre à une table à la terrasse du banc de nage où il est rejoint par Lupo le serviteur du podestat Ducatore
P/ J'ai quelques informations pour qui tu sais.
P/ La première c'est qu'un des leaders de la révolte est identifié. C'est un docker du nom d'Arturo qui est lié avec la famille Stefani
L2/ T'es sur que c'est à moi que tu dois dire ça ?
P/ La deuxième c'est qu'il y a des gens qui s’intéressent à ce qu'on fait avec ton patron et ceux-là tu dois connaître, les Mastiggia. Les Mastiggia s'intéressent trop à nous.
L2/ Tu voudrais pas expliquer tout ça à...
P/ Je préfère pas en ce moment, même la porte de derrière est pas assez discrète.
L2/ Ah, Je dirai à qui tu sais.
P/ Tu diras à Spada et à personne d'autre : fais gaffe à Furca, y'a quelque chose qui se trame.
P/ Y'a peut-être une taupe dans le palais.
L2/ Bien.
Lupo écluse sa bière en tentant de ne rien oublier.
Pido regarde ostensiblement vers les entrepôts.
Lupo ne se retourne pas mais regarde cette direction au moment de partir.
Pido vérifie que Lupo n'est pas suivi quand ce dernier s'éloigne avant de lui même rentrer vers le Bœuf Rouge.



L'après-midi passe et les bruits de la rue se propagent encore et c'est toujours la ville-basse qui semble mener le bruit sauf que les gens sont soulagés que les phalangistes n'aient pas tiré sur la foule la veille.



E/ T'avais bien dit à l'autre qu'on s'était occupé de la sorcière ?
P/ Qui ? À Spada ?
E/ Non au père des gamins. Il s'est encore retrouvé en première ligne devant les phalangistes.
P/ J'ai discuté avec Lupo du palais Ducatore et je les ai informés pour les Stefani et les Masstigia.
P/ J'ai aussi sous entendu auprès de Spada via Lupo qu'il faut veiller aux entrepôts.
E/ Si on bave de façon trop voyante, Benito va pas être content.
P/ Le but c'est que ça se voit pas trop.
S/ Ça la fout mal pour Benito.
P/ Son boulot, c'est de trouver des gens, pas que ça marche.
S/ Tu veux que ça soit l'Anguille qui par hasard alerte ?
P/ Lui demander de surveiller spécifiquement cet entrepôt.
S/ C'est l'envoyer au casse-pipe.
P/ T'as une autre possibilité ?
E/ Pour moi, j'ai refusé et si quelqu'un d'autre l'apprend tant mieux pour lui.
L/ C'est notre relation de confiance avec Benito.
P/ Ça te gêne pas que quelqu'un d'autre le fasse ?
P/ Si y'a un qui est cramé et prêt à le faire.
E/ Si ils étaient prêts à mettre dix mille, ils vont revenir sans problème vers Benito pour savoir à qui il l'a dit et après quelques avoines, ça va nous retomber dessus.
P/ C'est un incendie qui vise Furca et à travers lui Ducatore, c'est la main du podestat.
S/ Tu fais du service gratuit à Ducatore ?
E/ On prend un contrat. Si un autre propose moins cher, on va pas lui pourrir son affaire.
P/ Si le feu part c'est la moitié de la ville qui crame. On est des citoyens de Ciudalia.
L/ Nous, c'est compliqué.
E/ Je sais pas pourquoi il a pris ce contrat.
S/ Moi non plus, je pense qu'on lui dois rien.
E/ Le mec qui paye dix mille florins et son affaire elle marche pas, il va être colère.
L/ Il va aller voir Benito puis il va lui faire dire qui est au courant.
P/ Moi si je demande un truc comme ça , je propose deux mille cinq cent et je paye pas.
S/ Et l’acompte ?
P/ Pour un boulot comme ça, je paye et je fais tuer la personne.
L/ A dix mille, ils s'en foutent de l’acompte.
P/ Ils vont aller voir Benito puis il va pas tarder à dire qu'il n'en a parlé qu'à eux ou à eux et ça va revenir sur nous très vite.
P/ Tu prend un de mes pions, je prend un des tiens.
 P/ Si tu grilles la moitié de la ville, ça va faire du bruit et les gens vont se retourner contre le premier qui passe à portée.
E/ On dira que c'est la faute de Furca vu que c'est dans son entrepôt et qu'il a pas sécurisé on ne sait quoi.
P/ Ça touche d'autres entrepôts et bâtiments, ça va finir très mal.

P/ Pour ce soir, j'ai besoin de mon arbalète ?
E/ Au cas où en face y'en ait un mais faut faire gaffe aussi au couvre feu.
L/ Ici, c'est nous le couvre feu et les alguazils font juste des patrouilles. Les phalangistes sont surtout dans la ville basse.
E/ Ça va dépendre d’où ils feraient une embuscade. Le plus logique c'est près de l'hirondelle.
P/ Tu penses que Majan pourrait enfiler une armure ?
L/ Je pense pas
P/ Tu lui as dit pour le risque d'embuscade ?
L/ Non.
P/ Et ça te convient ?
L/ Pas trop.
L/ L'autre jour, ils m'attendaient.
P/ Y'a des témoins et c'est sans doute une petite faction des Carpone qui ne veut pas que les autres sachent qu'il veulent te tomber dessus.
E/ Faut qu'on aille se placer et je suggère à Lupo que Majan glisse un cuir sous sa cape.
Lupo reste souriant mais ne répond pas, l’idée ne lui plaît guère mais il est inutile de contrarier Ettore.


Speranza va choisir son point de vue sur les toits.
Ettore ressemble à un poivrot qui cuve contre un mur et Pidocchi a pris un poste de tir avec son arbalète pour surveiller la rue devant l'hirondelle.



Quand tout le monde est en place, Lupo se dirige vers l'hirondelle puis rejoint Majan à l'étage qui lui ouvre. Elle porte une robe de belle facture mais qui reste sobreet arbore un masque exubérant et décoratif avec de longues plumes noires et de couleurs.
L/ Magnifique.
Il sourit et observe les détails avec un air agréablement surpris.
M/ Mon déguisement vous convient il messire Tramonte ?
L/ Vous êtes superbe, vous allez vous fondre dans la masse.
M/ Ma robe ne fera pas illusion longtemps, elle ne convient pas, sans doute, à ces endroits. Vous même êtes vêtu plus luxueusement.
L/ Ça vous gêne ? Personne n'y fera attention.
Elle sourit en faisant un signe de négation


Ils discutent en descendant et se dirigent vers la porte de devant. Quelques Carpone sont dans la salle à jouer aux cartes mais ils ne mouftent pas. Rien ne semble bouger et ils sortent et progressent dans la rue.
Pas de réaction excessive. Seul un gamin semble filocher Lupo et Majan. Speranza le prend en chasse. Tous les côtés de l'hirondelle sont surveillés par des gamins payés par les Carpone.

Sur le trajet, Majan est inhabituellement gaie et s'appuie sur le bras de Lupo en toute confiance. La tension que le Compari sent en elle semble due à l'impatience de  se rendre à la représentation théâtrale. Il jurerait que ce n'est pas la première qu'elle se déguise ou plutôt qu'elle emprunte une autre identité. Elle reste au fond d'elle-même une gyrovague.

Suivant les consignes de sa sœur, Lupo rejoint le théâtre officiellement fermé pour une représentation plus discrète et privée en prenant l’entrée des artistes empruntée il y a quelques jours lors du meurtre du centenier Chiodi. Le portier fait rentrer sur un air de conspirationniste en vérifiant dans la rue 
Dans le couloir, un second rôle de la pièce en costume de scène les prend en charge.
sr/ Bonsoir messire Tramonte, si vous voulez me suivre je vous amène à votre loge.
Il y aura un entracte et je vous apporterai une collation à ce moment.
Seule la scène est allumée ainsi qu’une lumière discrète dans de rares loges.
Lupo ne reconnaissant pas trop les invités, il les caricature à l'excès et surjouant les ragots habituels sur les tromperies supposées ou pire pour amuser la Gyrovague.



Devant la porte, le gamin Carpone a choisi de trouver un coin dans une ruelle.
 Il semble là pour prévenir quand la pièce va se finir et que Lupo prendra le chemin du retour.



Pido et Ettore sont repartis vers l'Hirondelle. 
Les gamins sont encore en faction à surveiller les diverses entrées de l’auberge. Quand Lupo et Majan sont partis, les Carpone sont restés dans l'hirondelle. L'embuscade n'a pas eu lieu mais c'est même un mouvement contraire qui s'est passé. Les Carpone sont-ils montés dans la chambre de Majan ou ont-ils prévu d'attendre le retour de Lupo pour lui régler son compte dans l'auberge à l'abri des témoins et passants ? Les deux hommes doutent et comme Lupo est à un endroit qu'ignorent les Carpone, eux vont se focaliser sur ces derniers. Pas possible de voir par les fenêtres ou à travers les volets au rez-de-chaussée ni de monter jusqu'à une fenêtre du premier sans être repéré par les gamins.
Ettore et Pidocchi envoient un passant donner un message marqué d'un quatre en direction d'Amanda pour qu'elle sorte. Accompagné d'une bonne pièce pour se payer le verre qui s'échangera contre le message, l'homme va au comptoir et glisse le papier à Amanda de façon discrète. Elle comprend et décide de sortir les poubelles en passant par la porte de la cuisine. Une fois sortie, inquiète elle regarde mais ne reconnaît personne jusqu'à ce qu'une silhouette se mette à siffloter un air étrange d'une chanson qui semble raconter l'histoire d'une Amanda. Air peu connu puisque inventé à l'instant pour Ettore. Elle s'approche tout en semblant être affairée par autre chose.
E/ Parait que des Carpone ont tenté de...
A/ Oui, monsieur Tramonte.
E/ J'ai vu un paquet de Carpone entrer dans l'hirondelle, ils sont montés à l'étage ?
A/ Non, ils sont dans la salle en bas.
E/ Ils doivent sortir avant la fermeture ? Nombreux ?
A/ Normalement oui, sept. Sur deux tables.
E/ Armés ?
A/ Oui, enfin, des couteaux comme d'habitude.
E/ Laissez la porte de la cuisine ouverte jusqu'à ce que Lupo soit rentré.
Ettore a obtenu les informations souhaitées et Amanda ne désirant pas que son absence soit repérée se dépêche de rentrer.


Au théâtre, Lupo et Majan assistent à la première partie de la pièce depuis leur loge. Andreo est flamboyant dans son rôle, plus Lupo que nature. Il a semble t'il très bien observé son sujet lors de ses dernières visites à son domicile pour que ses postures et son phrasé soient encore plus proches de Lupo. Ce dernier observe les réactions de Majan qui a conservé son masque. Lupo ayant déjà vu la pièce, il guette également les diverses réactions. Il reconnaît d'ailleurs Phaleri dans une loge en face. Il l’indique.
L/ C'est Phaleri, notre grand ami qui a peur du grand âge.
Elle se détourne de la pièce pour l'observer un long moment avant de reporter son attention sur la scène.

A l'entracte, un acteur vient les servir.
Majan reste silencieuse et ne quitte pas la loge alors qu'il comble le silence.
L/ Tout va bien ? C'est un peu dense.
Elle ne réagit pas à son air détendu.
L/ je vous avais dit que si vous vouliez savoir qui j'étais c'était instructif, la pièce à ne pas rater
M/ Je m'y étais préparée, j’avais entendu parler du scandale et de l'immoralité, effectivement.
L/ Je pense qu'elle a surpris mais elle est révélatrice des comportements dans certains milieux
M/ Est-ce le seul but que vous ayez à me montrer ce spectacle?
L/ Vous vouliez savoir à qui vous aviez affaire. J'ai eu un passé trouble et chargé dont j'essaie de m'extraire. Je ne suis plus comme avant. Il y a eu des changements.
Elle observe, grave et attentive alors qu'il semble amusé.
M/ Et vous pensez qu'en me montrant vos turpitudes, ça a une signification de …
L/ Je pensais que la vérité vous intéresserait.
M/ Je ne m'interroge pas sur votre attachement aux plaisirs évoqués ici.
Je me demande en quoi c'est significatif ou révélateur de qui vous êtes ?
L/ C'est ce que j'étais quand j'ai touché le fond.
M/ qu'en reste t'il aujourd’hui ? Jusqu’où va le jeu don Tramonte ?
L/ J’espérai que mon comportement ait pu vous laisser penser que j'avais changé. mais ça eut être pour me confronter à ça que nous sommes ici.
M/ Vous affectez tant de légèreté … Vous n’éprouvez pas de remords, pas de honte de ce que vous avez pu faire ?
L/ Cette légèreté est une défense, certains portent un masque c'est une protection comme une autre. Vu notre collaboration, relation et vos questions légitimes, ça me paraissait normal de vous montrer à qui vous aviez pu avoir à faire. Y'en a t'il une leçon à tirer, je ne saurais ?
M/ Le problème, don Tramonte, c’est qu’avec vous on ne connaît pas la frontière entre le rire et le sérieux …
L/ J'admets … mais je pense que vous êtes à même de savoir.
M/ Vous me prêtez de bien forts talents alors que vous êtes si complexe et avez tant de choses différentes en vous. Affecter la légèreté et les vices en étant un homme de bien ? Prôner la moralité et jouer avec des jeunes femmes ? Qui êtes-vous aujourd’hui ?
L/ Un peu tout ça, de cette période, des plaisirs terrestres puis aussi celui qui a vécu et pris un peu de sagesse la même personne mais différence avec un désir de changement ou de rédemption.
M/ Et je fais partie de cette rédemption ?
L/ Notre collaboration m'a aidé sur ce chemin.
M/ En quelle façon ?
L/ Un objectif, une cause pour laquelle je puisse mettre au service mes talents qui étaient mal utilisés.


Le rideau derrière eux s'entrouvre et Lucrezia arrive souriante et sans masque dans une robe somptueuse.
Luc/ Tout va bien ici ? Tu nous présentes ?
 L/ Lucrezia, Majan Majan, Lucrezia, ma sœur.
Majan les regarde alternativement.
L/ Andreo est au mieux de sa forme, comment vas- tu ?
Luc/ D’avoir été suspendu quelques jours l'avait tendu mais avec cette représentation unique et privée, il se lâche.
Quelques banalités sont échangées mais Lucrezia jette de nombreux coups d’oeils à cette femme que son frère a amené,  voir ce qu'il y a de plus pendable de ses frasques de jeunesse.
Luc/ Je descelle un accent étranger dit elle en regardant Majan qui reconnaît venir de Bromaël.
Il les laisse discuter sans trop s'immiscer pour fluidifier sans diriger la conversation.
M/ Vous êtes l’organisatrice ?
Luc/ C'est en fait grâce à vous et grâce à Lupo et ça a été l'occasion de l'ouvrir à ceux qui n'ont pu la voir avant que ça ferme.
M/ Je comprends mieux pourquoi il y avait si peu de monde.
M/ J'ai cru voir don Phaleri, une connaissance à vous ?
Lucrezia élude la question en en posant une autre.
Luc/ Vous le connaissez ?
Luc/ Je ne sais pas qui l'a invité ou s'il est l'invité d'autres invités.
L/ Il me semble qu'il fait office de mécène pour de nombreux artistes donc si vous ne l'avez invité, C'est une bonne chose qu'il soit là pour avoir sa protection et monter une prochaine pièce.
Luc/ Sa réputation est très bonne auprès des esthètes et artistes de la ville.
L/ Si tu l'as invité, bravo.
Luc/ Je tairai le nom des invités même si sans ton masque certains t'ont reconnu et m'ont questionné.
L/ Rien de bien inquiétant j’espère ?
Après vérification de l'accord de son frère et un clin d’œil vers Majan.
Luc/ Don Dulcino Strigila s'est enquit de toi.
L/ Que voulait-il savoir ?
Luc/ Savoir qui était avec toi alors que nous étions si fâchés l'autre jour … 
Luc/ Je lui ai dit que nos cœurs étaient aussi rapides à se fâcher qu'à se rabibocher. Nous n’avons que nous pour famille. Il a eu l'air satisfait. 

Mais justement vous verrez tout ceci dans la seconde partie de la pièce.
Sur ces mots qui laissent Lupo pantois, elle recule et referme le rideau alors que résonne les trois coups annonciateurs de la reprise de la représentation.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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