Léonard a écrit : ↑lun. août 11, 2025 8:04 pm
Exactement le même modus operandi que pour la mort d'Ötzi.
Je crois qu'on est sur la piste du premier tueur en série de l'Histoire...
Une lignée de tueurs en série

alors ! Il y a quand même plus de mille ans qui les séparent. Il y a bien plus ancien dans le coin d’ailleurs (comme à Els Trocs).
La grotte de la grotte du Roc de l’Orenetes, en Espagne pyrénéenne donc, a été utilisée comme une chambre funéraire collective (une structure funéraire dans laquelle plusieurs individus ont été inhumés successivement, donc une utilisation en plusieurs temps et donc une fréquentation de la structure). La grotte a été découverte par hasard par un habitant du coin en 1969, fouillée une première fois en 1972-1973 et réouverte à l’archéologie depuis 2019. Les 20 premiers cm supérieurs de sédiment ont été fouillés et les datations réalisées au radiocarbone sur du matériel osseux des fouilles de 2019 à 2021 (au C14, je ne sais plus si j’ai déjà présenté cette méthode par ici) montrent donc une utilisation de cette sépulture collective entre 2623 et 2132 avant notre ère, soit la toute fin du Néolithique (donc des populations agropastorales qui maitrisent la domestication animale et végétale depuis 3000 ans), le Chalcolithique ou l’âge du cuivre jusqu’au début de l’âge du Bronze. Les datations ci-après ne sont pas calibrées donc exprimées en BP (before Present).
Les données qui suivent datent de début 2024. En 2024, c’était 3993 restes humains qui avaient été mis au jour et qui correspondent à 51 individus. Le recrutement funéraire montre que le groupe est constitué de 5 adultes âgés (50 ans et +), 14 adultes moyens (35-50 ans), 13 jeunes adultes (18-35 ans), 7 adultes indéterminés ainsi que 12 sub-adultes dont trois adolescents (13-18 ans) et 9 enfants (2-13 ans). Ce sont des catégories d’âge anthropologiques. Et la distribution sexuelle est déséquilibrée avec 24 hommes pour 7 femmes, le reste étant indéterminé. Parmi ces 51 individus, six montrent des lésions péri mortem (ce qui est pas mal !), quatre adultes (deux hommes certains et deux probables), un adolescent et un enfant. Il y a au total 49 lésions détectées et elles affectent majoritairement le haut du corps (88,5%) dont surtout les côtes (31%) et les membres supérieurs (54%).
Ce sont pour l’essentiel des marques de coupures et il y a au moins une amputation documentée. Un seul crâne d’un individu d’environ 40 ans présente un gros trauma ayant entrainé le décès sur le temporal droit :
https://www.morphosource.org/concern/me ... ?locale=en Le coup a été donné soit dans le dos soit par un gaucher.
Mais il y a aussi un nombre important de lésions antemortem (coups non mortels, fractures) notamment sur cinq crânes. Ces lésions sont interprétées comme résultant de violences interpersonnelles de faible intensité (sans réelle intention de donner la mort) et peuvent correspondre à des disputes tout au long de la vie des individus.
Les études anthropologiques menées confirment qu’il s’agit bien de blessures liées à des violences et non pas des chutes ou des blessures post-mortem liées au traitement des corps par exemple. Les armes utilisées ne sont pas correctement identifiées en revanche : hache en cuivre et en bronze, poignard en cuivre et en bronze, couteau en silex. Il y a aussi cinq blessures par flèches. L’orientation des blessures et leur occurrence indiquent que ces individus ont pris part à des affrontements interpersonnels dynamiques avec des attaques provenant de tous les côtés (et ne correspondent pas à des exécutions ou des embuscades) et à plusieurs reprises pour certains.