Bon, allons y, c'est le weekend, je n'ai pas encore totalement repris, c'est le bon moment pour balancer une présentation un peu longue et un peu subjective de
VOYAGER.
Créée par Rick Berman, Michael Piller et Jeri Taylor,
Voyager a été diffusée entre 1995 et 2001. Son pitch, a priori passionnant : le dernier cri des vaisseaux de la Fédération, l’USS Voyager, se retrouve projeté et perdu à l’autre bout de la galaxie, dans le quadrant Delta, à plus de 70 000 années-lumière de la Terre. Soit 75 ans de voyage à pleine puissance.
L’équipage, mené par la capitaine Kathryn Janeway (Kate Mulgrew), doit trouver un moyen de retourner dans le quadrant Alpha en traversant des régions inconnues de l’espace. On sait dès lors que la série va développer des intrigues autour de la survie, de la diplomatie, du conflit entre espèces, et donc de l'éthique, en retrouvant l'esprit d'exploration et de découverte de la série originelle. Nous allons effectivement y retrouver ces éléments en partie, et même un certain optimisme. En partie seulement, car la série, si elle n'est pas mauvaise, n'a pas toujours tenu ses promesses, même si sa qualité s'est considérablement accrue à partir de la quatrième saison.
D'abord, on lui reproche son manque de cohérence et d'ambition narratives. Malgré son potentiel, Voyager a parfois répété des schémas classiques (le « vaisseau de la semaine »), et recyclé des idées issues de Next Generation ou Deep Space Nine (mais qui ne l'a pas fait ?) sans toujours apporter une réelle originalité dans leur traitement. Par ailleurs, elle a sous-exploité les tensions internes de l’équipage (chères à Pascalahad

) qui étaient annoncées par la complication du début de la série : l'USS Voyager était en mission pour appréhender un vaisseau du Maquis, le Valjean (sic !). Après la catastrophe qui lance la série, l'équipage du Maquis est intégré par nécessité, mais après quelques accrochages initiaux, tout le monde est copain. Ce n'est pas forcément un mal, parce que ça évite des histoires artificielles de trahisons et de dissimulations, mais dans ce cas pourquoi partir sur une telle prémisse ? Les premiers épisodes ont également peiné à trouver leur rythme, et certains arcs du début, comme celui des Kazons, une race belliqueuse de machos particulièrement moches, cons et relous (en deux mots, des streetgangs de l'espace), qui squattent littéralement les deux premières saisons, ont déçu par leur manque de profondeur. On est vraiment soulagés lorsqu'ils s'en vont...
Le quadrant Delta, pourtant, c'est le bled où Q, l'entité quasi divine rencontrée dans le pilote de Next Generation, téléporte l'Entreprise (TNG, épisode Q Who ?) pour faire comprendre aux humains qu'ils ne sont que des fourmis sans défense : "Vous vous jugez par rapport aux adversaires pitoyables que vous avez rencontrés jusqu'à présent, les Romuliens, les Klingons. Ils ne sont rien comparés à ce qui vous attend, Picard .Vous vous apprêtez à atteindre des zones de la galaxie contenant des merveilles plus incroyables que vous ne pouvez l'imaginer - et des terreurs qui glaceront votre âme." C'est là où l'humanité connaît son premier contact avec les Borg. Et il faut reconnaître qu'on est loin, dans les premières saisons de Voyager, de ce qui était annoncé par Q. Et heureusement, de manière très attendue, c'est au moment où Voyager atteint l'espace Borg que la série s'améliore vraiment.
La principale faiblesse de la série, ce sont peut-être ses personnages. Il faut bien le dire, la moitié de l'équipage (ok,disons le tiers) n'est pas très intéressant, voire plutôt ennuyeux. Harry Kim, l'enseigne timide, gentil, qui restera un éternel ado toute la série et son compère Tom Paris, le pilote un peu rebelle, un peu beau gosse (dans le genre californien), très porté sur la gent féminine, et qui règle toujours les situations impossibles parce que c'est un pilote génial et audacieux, mouais, bof. Le second, Chakotay, issu du Maquis et du peuple Sioux (ou Hopi, on ne sait pas très bien), n'est pas hyper bien développé. C'est dommage. Tuvok, l'officier scientifique Vulcain, est bien entendu caricatural comme un Vulcain (c'est peut-être le plus Vulcain de tous les Vulcains de la franchise), mais ses épisodes sont plutôt bons et il forme souvent un duo comique avec les personnages plus naïfs (Harry Kim) ou plus exubérants que lui, au premier chef Neelix, qui est un cas en soi. Neelix est un alien fantasque rencontré dans le premier épisode, qui va devenir cuisinier de bord et officier en charge de la bonne humeur. Même s'il a ses fans, il faut bien dire qu'il est horripilant. C'est Jar Jar Binks avec une toque et des chemises hideuses. Kes, sa protégée, est d'une race qui ne vit que 9 ans et qui a de vagues pouvoirs télépathiques. J'aimais beaucoup ce personnage, très doux, très pacifique, mais l'actrice a été écartée à cause de son comportement de plus en plus problématique.
Certains personnages, heureusement, sortent vraiment du lot. L'ingénieure de bord, B'elanna Torres, qui a le malheur d'être une métisse latino-klingon à l'enfance troublée, car abandonnée par son père mexicain, c'est la meuf au sang chaud ! Issue de l'équipage Maquis, elle est toujours en train de lutter contre l'autorité et son propre caractère. On dirait comme ça une caricature, mais c'est en fait un très bon personnage, bien traité, attachant et indispensable. Celui que tout le monde aime, c'est le Docteur. Mais ce n'est pas un être vivant, parce que le vrai docteur meurt au premier épisode : c'est le programme d'urgence de l'IA holographique. C'est le personnage le plus drôle de la série et le plus décalé. Et arrive dans la deuxième partie de la série l'un des meilleurs personnages de la franchise, Seven of Nine. C'est une Borg que l'équipage réussit à couper du Collectif. Le problème, c'est qu'à partir d'un moment, on ne regarde plus Voyager que pour Seven of Nine, parce que c'est objectivement la plus intelligente et la plus intéressante, mais qu'en plus les showrunners en font rapidement une femme-objet en combinaison moulante. Heureusement que Jeri Ryan a suffisamment de talent pour la faire vivre en dehors de cette image facile de techno pin-up.
Reste Janeway, la capitaine. Antipathique pour certains, trop autoritaire, et parfois caractérielle. Étrange dans son développement. Elle peut alterner entre une attitude moralisatrice en mode " mais Star Fleet a des principes !" dans un épisode, et puis être une furie impitoyable et sans scrupules dans l'épisode suivant. Et en même temps elle a ce charisme et cette assurance qui la font admirer. C'est une badass. Elle ne laisse pas indifférent. Mais je n'ai pas bien compris cette manière de caractériser la seule capitaine féminine de la franchise. C'est comme s'ils avaient fait exprès d'en faire le modèle de la supérieure bossy. Peut-être pour créer des étincelles avec un équipage soit rétif à l'autorité, soit franchement fade ?
Malgré cela,
Voyager reste du Star Trek. Un peu saturé de technoblabla parfois (du genre "
The secondary gyrodyne relays and the propulsion field intermatrix have depolarised !"). Sur le plan technique, les effets spéciaux, entièrement numériques, et la réalisation sont de qualité. On retrouve même un certain optimisme naïf digne de TOS, parfois un peu artificiel, parce que malgré les difficultés, la centaine de torpilles perdues, la quinzaine de navettes détruites (véridique), les avaries en cascade, tout est réparé à l'épisode suivant. Il y a toujours de l'espoir ! Certaines races sont de bons opposants, comme les Borg, évidemment, ou les Hirogens, et l'espèce 8472, et la série explore pas mal de concepts scientifiques et philosophiques, comme la dualité, le temps, ou l’intelligence artificielle. Certains épisodes, comme
Year of Hell ou
Scorpion, comptent vraiment parmi les plus meilleurs de la franchise.
En résumé, Voyager est inégale mais reste une série attachante. Elle a laissé certains fans sur leur faim, notamment ceux qui espéraient une exploration plus radicale de son concept de départ. Je l'ai vue, des années après avoir entendu "pas la peine, c'est pas terrible", à un moment très particulier, celui du confinement, où je me tapais trois épisodes par nuit. Et franchement, ça reste un souvenir agréable. Ce n'est pas la série que je préfère, mais je me referais bien quelques-uns des meilleurs épisodes, dont voici une liste glanée ici et là, non exhaustive et pas développée, parce que j'ai été suffisamment long et je m'en excuse :
1x7 Eye of the Needle
2x15 Threshold (un épisode vraiment WTF, mais qui me fait encore marrer)
2x16 Mel
2x17 Dreadnought
2x21 Deadlock
2x24 Tuvix (vraiment dérangeant, mais intéressant)
3x2 Flashback
3x23 Distant Origin
3x26 et 4x1 Scorpion * (7of9 !)
4x7 Scientific Method
4x8 et 4x9 Year of Hell * (dont on se dit qu'ils auraient dû faire une saison entière comme ça)
4x14 Message in a Bottle
4x23 Living Witness
4x25 One
5x3 Extreme Risk
5x6 Timeless
5x7 Infinite Regress
5x10 Counterpoint
5x11 Latent Image
5x12 Bride of Chaotica (épisode Buck Rogers)
5x15 Dark frontier
5x22 Someone to watch over me
5x23 Relativity (globalement, la cinquième saison est vraiment la meilleure)
5x26 et 6x1 Equinox
6x4 Tinker Tenor Doctor spy
6x12 Blink of an Eye *
7x7 Body and Soul
7x10 Shattered
7x25 et 26 Endgame (le final, très honnête)
La prochaine fois, ce sera la série la plus injustement traitée de la franchise, qui a pourtant beaucoup de qualités : Entreprise.