Vous pouvez retrouver cette petite critique du supplément
Secrets pour le JdR
Cadwallon sur le blog de
Mondes en Chantier (
http://mondesenchantier.over-blog.com/a ... 23771.html ) où elle a été publiée en deux parties peu de temps après la sortie dudit supplément.
Secrets : les nouveaux mystères de Cadwallon
Avant d’entrer dans le vif du sujet commençons par une petite rétrospective des villes médiévales plus ou moins fantastiques pour des jeux de rôle en français dans le texte. En tant que joueur, je suis resté marqué par une ville imaginaire "mythique" (il n'y a pas pléonasme) : Laelith, la cité du Roi-Dieu. Apparue dans Casus Belli première série numéro 35, elle a été développée dans les numéros suivants, puis a été rééditée sous forme d'un premier hors-série aujourd'hui devenu une relique, et il y a maintenant déjà plusieurs années rééditée dans le seul HS de feu la nouvelle série.
Pour moi c'est LA référence de la ville médiévale-fantastique interlope et mystérieuse - terrain propice à mille scénarios et aventures - avec une ambiance générale que je qualifierais de "neutre-bonne" et assez joyeuse, à l'instar de la ligne rédactionnelle autoproclamée du "Old Casus" de D. Guiserix.
Cette ambiance relativement bon enfant, on la retrouve dans une autre métropole onirique célèbre, la méphitique (placez "méphitique" dans un article, passez à la caisse et touchez 2000 euros pour la performance) Ankh-Morpokh, la cité la mieux décrite par T. Pratchet dans les annales du Disque-Monde (GURPS Discworld). Mais, comme Laelith a son cloaque, Ankh-Morpokh a son quartier des ombres, où tous les périls guettent les personnages.
On s'éloigne quelque peu de cette ambiance bon enfant avec la cité des voleurs de Samarande (première édition, en espérant qu'il y en aura une deuxième) pour Nightprowler. On n'y trouve probablement pas plus (mais pas moins) de malandrins, tire-laine, vide-gousset, coupe-jarret, détrousseurs et chenapans, filles de petite vertu à l'affection négociable et autres vendeurs de saucisses dans des petits pains que dans les deux agglomérations préalablement citées (jeu de mots et de bon aloi), c'est juste qu'ils y sont… et bien, disons, moins cools. La matraque plus facile, la gueule plus patibulaire mais presque, l'agressivité un brin dopée, la conspiration encore plus marquée sur le visage. Impression difficile à décrire ici : c'est essentiellement une question "d'ambiance". Pour ce qui est de Béjofa c’est quasi copie conforme, voyez donc ma critique dans ce même forum.
Avec Mordheim, la cité ravagée par l'arrivée malencontreuse d'une comète à deux queues en plein milieu de la place de la Mairie (façon "Comète de Cassandora" qui aurait mal, mais alors très mal tourné, pour ceux qui connaissent WHB) dont la version numérique est disponible depuis peu gratuitement en téléchargement sur le site de GW France, on entre carrément dans le glauque. Les différents quartiers ne sont que ruines et décombres, et seules quelques rues (barbares) ou au mieux quelques pâtés de maisons présentent encore un semblant d'activité organisée après la catastrophe. Ca mitraille à tous les carrefours, ça se calotte à tous les coins de rue, c'est Stalingrad, des mutants hideux déambulent de loin en loin (ou de proche en proche si vous ne courrez pas assez vite) et il y a vraiment des gros rats dans les placards !
D'autres centres plus ou moins urbains mériteraient aussi le détour de cet article, mais vous avez déjà assez scrollé comme ça aussi ne ferai-je que les passer en revue succinctement et de façon incomplète. Voici les plus notables : Pôle pour Bloodlust (toujours les titres en anglais pour Ze Siroz Dream Team), un petit bijou de ville médiévale fantastique, à découvrir absolument ; Marienburg la cité de la Hanse et Sartosa le nid de pirates pour WHJdR ou encore les nombreuses cités oniriques pour RDD1 et RDD2 (la cité des 13 plaisirs par exemple )…
Nous voici tranquillement parvenus à la fin de notre visite, et je vous sens un brin impatient(e)s. Après ce rapide tour d'horizon des villes plus ou moins fantastiques pour les JdRs en français, parlons maintenant (chose promise chose due et à tout seigneur tout honneur) du premier supplément consacré à ce qui va, j'ose le dire tout net, constituer LA nouvelle référence en la matière, à savoir Cadwallon.
"L'histoire de Cadwallon est une succession d'événements funestes qui provoquèrent le départ ou la disparition des occupants de la péninsule de Lanever, rendant les ruines aux bosquets féeriques et aux fayes qui les habitent. La ville fut si souvent le théâtre d'affrontements sanglants que les peuples les plus anciens la croient maudites. Quels secrets dissimule la Cité franche ?"
Se sont tout d'abord plus d'une quinzaine de nouveaux lieux (les abords) qui sont présentés par le menu. Il permette de préciser l'environnement proche de la cité et sont en général bien trouvés et complètement dans l'ambiance. On y trouve des passages obligés comme les égouts (au pas très propre comme au figuré) ou la bibliothèque interdite et emmurée, une baie des épaves et des trésors et la description de la mystérieuse Tour du regard. Ah ! N'oublions pas les "Crocs de Vile-Tis", qui tombent à pic (arf) pour que les Dévoreurs (qui n'ont a priori rien à foutre là mais se vendent bien) aient quand même quelque chose à se mettre sous la dent (re-arf). Comme disait l'autre, déjà qu'un Wolfen n'est pas plus fait pour rentrer dans une maison qu'un wookie pour piloter un engin spatial, alors un Dévoreur…Mis à part cette petite faute de goût (arf arf arf), l'ensemble est d'excellente facture et d'une lecture très agréable.
Eureuses initiatives, deux chapitres sur l'expérience et la création de PNJ viennent compléter et préciser les règles de base. Rien à en dire, il faudrait voir à la longue pour le système d'expérience (comme dans les ascenseur, le risque est toujours de monter trop vite ou trop lentement en puissance), et le système de création de PNJ très boîte à outils ne vous dispensera pas d'originalité et d'imagination, ni d'un petit travail de mise en cohérence et de respect de la crédibilité (certaines associations de traits particuliers, pouvoirs et autres capacités sont possibles mais pas forcément souhaitables) mais ça, c'est presque toujours le cas. Quoi qu'il en soit, on se rapproche quand même franchement d'un jeu complètement JdR jouable sans les figs - je dis ça pour les sceptique de la première heure qui ont du mal à s'en convaincre.
Celon la Story_Line officielle, les Ophidiens (que les Cadwës connaissent sous le nom d'"émissaires sinueux", comme dans la maxime locale "pour qui sont ces émissaires sinueux qui sifflent sur nos têtes ?") sont les grands méchants appelés à faire continuellement faire peser (en sifflant) une menace sur la tête des habitants de Cadwallon, et sûrement des personnages de vos joueurs. Il était temps d'en apprendre un peu plus sur ces reptiles, c'est désormais chose faite avec un chapitre qui les met sous les feux de la rampe (quoi de plus normal pour des reptiles). Pouf pouf. On découvre leurs origines, la façon dont ils complotent dans l'ombre, et une nouvelle culture avec son animal totem qui va bien. Ceux qui ont dit Mangouste ou Hérisson, sortez.
R pour rôle, voilà la lettre qui nous rassemble tous. Ou presque. Il y en a en effet qui sont venus aux univers imaginaires par l'intermédiaires des jeux de figurines (JdF, acrostiche déposé). Et s'agissant de Cadwallon, ils risquent même d'être plus nombreux que ceux que Croc appelle, dans le numéro 38 de Ravage - actuellement en kiosques - des "hommes qui portent des lunettes, qui ont de l'acné et qui se nourrissent exclusivement de pizzas et de coca" (je sais, c'est mal de délationer, mais je ne voulais pas que vous risquiez de la rater celle-là). Du coup, il n'était effectivement pas inutile de se recentrer sur les fondamentaux, de retrouver nos belles vertus, bref, de remettre l'église au milieu de la place du village et donc de consacrer aussi un chapitre à rappeler comment que c'est déjà qu'on joue aux jeux de rôle.
Entithèse du précédent, le chapitre suivant explique aux vieux rôlistes que nous sommes comment que c'est déjà qu'on joue aux figurines sur plateaux. Les lignes de vue, les niveaux d'alerte, les cibles, les passages étroits, les embûches, tout ça… Pas la peine d'en dire plus.
Taijistique adj. Inventé. Relatif au taiji ; qui relève du domaine du taiji. Taiji n.m. Dans la pensée traditionnelle chinoise, symbole cosmogonique représentant le principe originel de l'univers par l'union du yin et du yang. A l'intérieur du yin subsiste toujours le yang, et inversement. Pourquoi est-ce que je vous lis le dictionnaire moi ? Parce que c'est exactement cette définition qui me vient à l'esprit à propos des deux chapitres suivants très complémentaires, où il est question de la milice et des contacts. Quand on est un Franc-Ligueur on est appelé à voir les deux, l'une ne va pas sans l'autre et parfois les uns se retrouvent chez les autres, un peu comme le petit point noir se retrouve dans la partie blanche, et inversement. Vous m'avez compris là ? Bon, faites un effort pour suivre. Toujours est-il que les précisions techniques sur l'organisation des forces de l'ordre et les exemples de nouveaux représentants des forces du désordre sont les bienvenus, ça ne casse pas quatre pattes à un canard, mais c'est utile.
Sette petite présentation ne serait pas complète sans évoquer les trois derniers chapitre, unis comme les trois doigts de la main qui clôturent l'ouvrage : Incantation, Divination et Révolution. Cela dira quelque chose aux joueurs de Confrontation qui y reconnaîtront deux domaines pyrotechniques bien utiles (la magie et les miracles) et, by the way, devenus complètement gratuits dans la mouture 3.5 de ce jeu, ce qui va foutre un beau bordel sur nos tables ! Voir à ce sujet l'article franc et direct d'A. L'huillier (qui ne met pas tellement d'huile finalement) page 38 et 39 du toujours le même Ravage numéro 38. Le mec du Staff Rackham qui a eu cette idée est un putain de génie, c'est tout ce que je peux dire. Par contre, une vraie bonne idée c'était de rajouter ce troisième volet, la Révolution pour traiter de tout ce qui est technologique (de la poudre à la naphte en passant par la vapeur - hou miam miam le golem nain ! -) et bien rendre le côté guilde des inventeurs de Cadwallon (et gros canon sur le dos des ogres aussi).
Voilà, vous en savez autant que moi, j'ai rempli ma mission de crieur public. Il ne vous reste plus, pendant que vous êtes encore tout subjugués, qu'à lever vos augustes séants pour aller quérir une copie de ce noble grimoire contre quelques espèces sonnantes et trébuchantes (précisément 29,90 euros ou un petit cochon une cagette de pommes et deux roudoudous) et faire ainsi qu'il est dit au dos de l'opus :
"DECOUVREZ CADWALLON, PERCEZ LE SECRET DES DIEUX, SOYEZ DIGNES DES CHIENS DE GUERRE ET PAYEZ VOS IMPOTS AU DUC".
Sache ô Prince qu’entre les années qui virent surgir Casus et l’avènement des fils d’Internet il fut un âge où existaient de brillants fanzines. Alors vint Davidalpha : rôliste rêveur, figuriniste, choisi par les Dieux pour recouvrir avec des curlys et du café froid les tables de jeu de ce monde !