[CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

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Udo Femi
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Udo Femi »

... Michel ?
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Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Udo Femi a écrit :... Michel ?
Pas en actes, mais il a étè mentionné!
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Revenus de leur fructueuse exploration du désert oriental, les quatre fondateurs de la Compagnie de Terre-Neuve décident d’accepter la pressente invitation relayée par Henri que tous repartent pour Concorde pour une réunion au sommet de l’ensemble des investisseurs de la compagnies. Martin s’assure que les entrainements militaires continuent, Pierre et Jehan vérifient que la fonderie tourne à plein, et tous les quatre montent à bord d’un Archibald chargé à ras bord de marchandises.

Quelques jours avant le départ, Martin a arrangé une rencontre suivant les codes convenus avec les hommes de Sharquenoir. En échange d’une quantité non-négligeable d’obsidiane, ils obtiennent un soutien théorique des hommes de Sharquenoir à Concorde s’ils devaient en avoir besoin. Magnien écrit même une courte note à l’attention de Malbert, l’aubergiste de triste réputation auquel ils ont déjà eu affaire il y a quelques années.

La traversée se déroule sans encombre, mais à l’arrivée à Concorde, les choses sont de toute évidence tendues. La première demi-journée après l’accostage est passée en multiples inspections et tracasseries administratives, jusqu’à ce qu’un messager du sénateur Lassègue vienne proposer au capitaine de l’Archibald les services de dédouanement qui sont son gagne-pain. Inquiets de perdre plusieurs jours précieux, les associés décident d’accepter.

Le soir venu, Lassègue leur rend donc visite discrètement à bord. Il les remercie encore une fois de l’avoir sauvé des griffes de Sharquenoir, les informe dans les grande lignes de la situation politique de Concorde et les invite à le revoir une fois qu’ils auront repris leurs marques.

En une demi-journée, les formalités sont donc réglées, et la réunion d’associés se tient le lendemain dans la demeure du sénateur Salard. Sont présents Philomène Corme et Anselme Goudre ainsi que les quatre fils prodigues de Terre-Neuve.
Salard commence par exposer en détail la situation à Concorde : depuis près de deux ans maintenant, des émeutes et aggressions violentes ont lieu régulièrement dans les quartiers de la basse-ville. Le précédent gouverneur ayant finalement envoyé la milice en force dans les quartiers, s’en est suivi une quasi-guerre civile qui a provoqué l’instauration de la loi martiale à Concorde et la démission dudit gouvernement. Une coalition conservatrice et dont Salard soupçonne une partie des factions d’être en sous-main alignée avec des intérêts Impériaux a pris le pouvoir.

Mais depuis 18 mois, ils n’ont pas réussi à résoudre le problème de sécurité civile, la loi martiale reste en vigueur et le gouvernement, contraint par ladite loi martiale à faire voter tout texte soumis Sénat par une majorité des deux tiers est de fait incapable de gouverner. Le seul moyen de sortir de la crise serait de faire lever la loi martiale, ce qui nécessite également un vote à la majorité des deux-tiers et est donc inconcevable tant que les problèmes de sécurité subsistent.

- « J’imagine que la criminalité est également un produit de l’intervention Impériale ? » demande Martin.

- « C’est ce que j’ai moi-même pensé au départ », répond Salard. « Je n’en suis plus si convaincu maintenant. D’une part parce que le gouvernement est entre les mains (en tous cas je le soupçonne) de factions pro-impériales, mais incapable de mettre en place le type de politique de rapprochement qu’ils souhaiteraient promulguer. D’autre part parce que les intérêts mêmes de la faction pro-impériale ont été mis à mal lors des émeutes : plusieurs entrepôts de la Maison Arède qui a l’exclusivité du commerce maritime avec les états satellites de l’Empire ont brûlé, et pire encore le plus grand temple Mémmonite dans le quartier des Prières a été saccagé, et plusieurs fidèles et pélerins égorgés ou violentés. A moins d’un complot extrêmement vicieux de la part des soutiens Impériaux et visant à détourner l’attention, j’ai donc de plus en plus de mal à croire à la thèse du complot extérieur… »

- « Mais d’où vient cette éruption de violence, alors ? » demande Henri.

- « Personne ne le sait vraiment, à part évidemment ceux qui en sont à l’origine… Les enquêtes ordonnées par le sénat ont identifié qu’une guerre d’empires criminels est de toute évidence à la source des violences, mais celles-ci sont également perpétrées par des civils a priori sans histoire. A deux reprises déjà, la milice est entrée en force dans les quartiers sensibles, a éliminé ou arrêté ceux qu’elle pensait être les meneurs de l’insurrection criminelle, mais à à chaque fois, et en quelques jours seulement, les violences ont repris de plus belle. »

Une fois cet exposé sur la situation délicate à Concorde terminé, Jehan et Martin prennent la parole pour expliquer la situation à Terre-Neuve : l’indépendance politique de la « tribu » de Terre-Neuve, les préparations contre l’attaque imminente de l’Empire, les forces en présence et la situation commerciale. En particulier, les associés précisent qu’ils ont découvert une source d’obsidiane (bien qu’ils ne la présentent pas comme aussi conséquente qu’elle n’est). Seul l’entente cordiale avec Sharquenoir est passée sous silence.

Une fois ces éléments relatés, Philomène Corme prend la parole :

- « Afin de ne pas être incomprise, je tiens à préciser que je parle ici à la fois en tant qu’investisseur dans la Compagnie de Terre-Neuve et en tant que dirigeante d’une société de commerce qui, en tous cas jusqu’à peu bénéficiait indirectement du commerce accru lié aux produits importés de Terre-Neuve. La situation que vous décrivez nous semble représenter un péril majeur pour la Compagnie, et donc pour les sommes que nous y avons investies ainsi que pour le commerce qui en découle. »

- « Excusez moi de vous interrompre », intervient Henri, « mais il ne faudrait pas perdre de vue que l’Armada Impériale pouvait tout aussi bien se tourner vers Concorde… »

- « C’est juste », répond Salard, « et en tant que citoyens de Concorde, nous vous remercions d’avoir pris le risque de cette diversion. Il n’en reste pas moins que vous êtes menacés… »

- « Certes… » maugrée Henri.

- « Malheureusement » reprend Philomène Corme, « il nous semble que l’échelle à laquelle la Compagnie opère aujourd’hui – si elle est en ligne avec nos prévisions initiales – ne nous permettra pas d’organiser une défense crédible. Nous souhaiterions donc, et je pense parler au nom de mes collègues investisseurs en disant cela, envisager avec vous des solutions d’élargissement de l’assise financière de la Compagnie. »

- « On ne demande que ça ! » intervient Jehan. « Notre flotte est bien trop limitée pour pouvoir optimiser le transport de marchandise, nous devons avoir plus d’experts sur place pour pouvoir enfin arrêter de se développer en bricolant, et nous avons maintenant suffisamment de terres pour envisager de faire venir des colons de manière plus massive… »

- « Attendez une seconde ! » s’insurge Martin. « Au dernières nouvelles, le gouvernement voulait mettre la main sur la Compagnie au nom de l’intérêt national. Plus on sera gros et plus le gouvernement aura de raisons de le faire ! »

- « C’est juste, mais la situation politique nous offre là une opportunité », répond Salard. « Un vote de nationalisation n’obtiendra jamais une majorité des deux-tiers, sauf à ce que l’on puisse prouver que vous soyez en collusion avec des grands criminels ou que vous œuvriez activement à l’encontre des intérêts nationaux de Concorde. »

- « La collusion avec des patrons du crime organisé, c'est vraiment une honte...» intervient Martin.

- « Fort juste. Mais de fait, tant que la situation politique est bloquée, nous pouvons préparer un plan de financement étendu qui soit d’une manière ou d’une autre soumis à l’approbation du Sénat. Si nous parvenons à obtenir une telle approbation une fois la situation politique redevenue normale, le risque de nationalisation s’éloigne de façon pérenne. »

- « Pourquoi au contraire ne pas se tourner activement vers l’Etat et faire de lui un partenaire privilégié de la Compagnie ? », répond Henri. « Ca nous permettrait d’augmenter les financements et de montrer patte-blanche à ceux qui souhaitent un regard sur nos activités ! »

- « C’est pas ma solution préférée », intervient Martin, fusillant Henri du regard. « D’abord parce qu’on aura du mal à garder la mainmise sur les décisions si les politicards s’en mêlent – sans vouloir vous offenser, Ernest – et ensuite parce qu’aujourd’hui, du moment qu’on est d’accord entre nous, on a la flexibilité d’aller faire du commerce où on veut. Ca nous a bien servi depuis que c’est le bordel à Concorde. Rien ne nous dit que, même si la crise actuelle passe, ça se reproduira pas… »

- « Bon, soit », rétorque Henri. « Pourquoi pas un grand emprunt national alors ? Que les citoyens de Concorde deviennent chacun des investisseurs à la hauteur de leurs moyens. Quel meilleure solution pour démontrer que la Compagnie ne peut pas aller à l’encontre des intérêts de Concorde ? »

- « C’est une solution intéressante, à laquelle nous n’avions pas pensé, je ne vous le cache pas », répond Philomène Corme. « Sachez en tous cas que nous avons été approché par un homme influent et qui dispose de moyens financiers bien supérieurs aux nôtres. Il s’est dit ouvert à une prise de participation conséquente dans la Compagnie, qui pourrait permettre d’équiper trois ou quatre navires supplémentaires et de recruter, comme le mentionnait Jehan des spécialistes pour accélérer le développement de la compagnie. »

- « Sans oublier », reprend Salard, « l’aspect militaire des choses sur lequel il va falloir agir très rapidement. A ce propos, votre importante découverte d’obsidiane me laisse à penser qu’il serait dores et déjà possible d’envisager des recrutements ciblés de… comment dire… de… »

- « Sorciers ? » interrompt Henri.

- « Oui, enfin, je ne sais jamais quel terme utiliser pour ne pas offenser. En tous cas, Henri, vous qui êtes ‘de la partie’ si j’ose parler ainsi, pensez-vous que ce soit envisageable ? »

- « Sans doute oui, mais il faut qu’on soit très prudent aussi. Il y a des gens sans scrupules ‘dans la partie’ comme vous dites… »

Après un court silence, c’est Martin qui prend la parole :

- « Votre investisseur putatif là, ça serait pas Lassègue, par hasard ?

- « En effet, c’est lui », répond Anselme Goudre qui est resté jusque là silencieux. « J’ai eu l’occasion de travailler avec lui dans le cadre de ces activités d’importation, et il me semble que c’est quelqu’un de pragmatique et – bien que sénateur – pas idéologue. A mon sens un bon profil pour un partenaire potentiel… Et puis il a une vision réaliste des choses. Il ne s'attend pas à ce que s'associer à nous lui permette de faire la culbute. »

- « Ca c'est sûr », répond Martin, « question culbute, j'ai déjà fait beaucoup mieux... »

- « En parlant du sénateur, une question… » intervient Pierre. « Il voyage beaucoup, Lassègue ? »

- « J’imagine que oui », répond Goudre. « Mais ça n’est pas surprenant dans le cadre d’activités commerciales… Pourquoi posez-vous la question ?»

- « Euh… Lors de nos voyages dans le Sud, vers Santerne, nous avons entendu parler de quelqu’un qui lui ressemblait… Juste une petite curiosité… »

Martin, Jehan et Henri regardent Pierre d’un air intrigué. Mais seul Pierre a nettement en tête la vision de Lassègue qu’il a pu scruter dans la Vasque de l’île du même nom. Le sénateur était debout en haut d’un promontoire rocheux, entouré d’une végétation tropicale et examinant à travers une lunette un archipel étendu sous ses yeux…

- « En tous cas, il est vrai qu’il a des absences au Sénat », reprend Salard. « Si vous avez des raisons de vous méfier, je peux sans doute consulter le registre des présences pour être plus précis… »

- « Euh, ça ne sera pas nécessaire pour l’instant ! » termine Pierre, un peu confus.

Salard reprend la parole:

- « Plus généralement, les possibilités d’extension de la base de financement de la Compagnie, si elles sont à considérer, ne sont que spéculatives tant que la situation politique ne s’est pas stabilisée. A ce sujet, je voulais vous demander, Martin si ses contacts dans les quartiers touchés par la criminalité rampante ne vous permettraient pas d’en savoir plus et d’envisager une solution à cette situation criminelle… «

- « Bref, si en tant qu’ancienne petite frappe j’étais pas plus adapté pour aller castagner du parrain du crime ? », rétorque Martin avec un sourire narquois.

- « Non, non, enfin, je veux dire… Ne le prenez pas mal, mais de toute évidence la milice ne connaît pas l’environnement dans lequel elle s’engage, n’a pas les bons informateurs pour identifier le cœur du problème et – bien qu’elle ne s’embarasse plus de beaucoup de scrupules, croyez moi – je me demande si des gens de terrain ne seraient pas en effet plus à même de comprendre où appuyer pour éradiquer le problème… »

- « Vous êtes bien un politicien, vous, tiens ! » répond Martin en rigolant. « Ouais, on va aller faire un tour chez la grosse Lulu et dans quelques autres rades de Gambes pour voir ce qu’on peut glaner… »
Dernière modification par Sammael99 le mar. janv. 31, 2012 4:22 pm, modifié 1 fois.
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N'Qzi
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par N'Qzi »

Super ! Vivement la suite :bravo: :bravo: :bravo:
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Jiohn Guilliann
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Jiohn Guilliann »

Il manque encore une bonne partie de la session, où il y a moins de parlotte et plus d'action (et quelques "bons" mots). Le temps que Sammael trouve l'occasion de l'écrire, on aura repris un peu d'avance en jouant :-).

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Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Jiohn Guilliann a écrit :Il manque encore une bonne partie de la session, où il y a moins de parlotte et plus d'action (et quelques "bons" mots). Le temps que Sammael trouve l'occasion de l'écrire, on aura repris un peu d'avance en jouant :-).

Jiohn Guilliann
Ca va être plus facile à écrire, l'action !

Y a un peu de parlotte quand même !
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Cédric Jeanneret »

Oui, la suite ! La suite !
Dernière modification par Cédric Jeanneret le mer. janv. 25, 2012 9:43 am, modifié 1 fois.
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Wenlock
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Wenlock »

Quelles sont les stats de la Compagnie de Terre-Neuve à ce stade ?
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Sammael99
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

- « Vous allez où, là ? »

Martin, Jehan, Pierre et Henri, accompagnés de huit marins de l’Archibald parmi les plus costauds arrivent au pont qui sépare le quartier de la Grande Porte de celui de Carne, un sergent de la Milice les interpelle.

- « Pourquoi », demande Henri, « il est interdit de se rendre dans le quartier de Carne ? »

- « Interdit, non… enfin, pas à cette heure-ci. Mais si vous tenez à votre peau… »

- « Pour ce qui est de la peau, on va se débrouiller », répond Martin en montrant son épée. « C’est quoi le danger ? »

- « Des bandes de ruffians qui n’ont peur de rien, même pas de touristes à la gueule bizarre… » répond le sergent au milieu des rires gras de ses hommes.

Martin ne relève pas. Il fait signe à la troupe, et traverse le pont.

Le quartier de Maraîche est dans un piteux état. Les rues sont presque désertes, et visiblement n’ont pas été nettoyées depuis de nombreux mois. On y voit des amas d’immondices où grouillent vers et rats, et ça et là, des restes qui semblent bien humains. Les rares passants se font furtifs et rapides, comme si se faire remarquer était la garantie d’un sale quart d’heure. Ca et là, des ruines calcinées de maisons ou d’immeubles témoignent de la violence qu’a connu et que connaît encore le quartier.

Plus les compagnons progressent vers Carne et plus les choses empirent. Impossible de demander à qui que ce soit ce qu’il se passe, les rares fois où Martin hèle un passant, celui-ci s’empresse de prendre ses jambes à son cou. La petite troupe quitte Maraîche pour Carne, et la situation ne s’améliore pas, loin de là. Alors que la pente des rues s’accentue pour mener vers Gambes, Pierre aperçoit en haut de la rue qu’emprunte la troupe un groupe d’hommes. Difficile de distinguer leurs accoutrements, mais certains semblent armés. Martin opte pour une bifurcation afin d’éviter les possibles ruffians.

- « Mais enfin, il n’en est pas question ! » tempête Henri. « On est chez nous, on ne va pas laisser des malfrats faire la loi ! Continuons notre chemin comme prévu ! »

- « Je t’en prie, fais comme bon te semble. » répond sèchement Martin en entraînant la troupe dans une ruelle parallèle.

Henri hésite quelques instants, puis les suit en maugréant.

Quelques rues plus haut, environ à la hauteur où se tenaient la bande suspecte, Martin part en éclaireur. Il laisse le reste des compagnons derrière lui, arbalètes au poing pour eux qui savent s’en servir (c'est-à-dire tout le monde sauf Henri…)

Martin passe le coin de la rue, et est tout de suite confronté à une quinzaine de malfrats, armés de poignards ou de gourdins. Il remarque qu’ils sont particulièrement pâles, mais n’a pas le temps de s’interroger tandis que l’un d’entre eux s’exclame « tu croyais nous berner, hein ? » en s’élançant dans sa direction.

Martin fait immédiatement retraite et, revenu auprès des compagnons de Terre-Neuve, il leur crie :
- « Ils arrivent ! Parés à tirer ! »

- « Sommations ou pas de sommations ? » demande Jehan, nerveux.

- « Pas de sommations », répond Martin en armant son arbalète. « On tire dans le tas, on pose des questions après… »

- "Ce qu'il veut dire », dit Jehan à Henri avec un sourire narquois, « c'est que quand tu prends une arbalète en main, les autres se tiennent à carreau...»

Alors qu’Henri s’apprête à protester, les ruffians passent le coin de la rue, et le claquement sec d’une demi-douzaine d’arbalètes couvre sa voix. Un tiers des ruffians s’écroule dans des cris de douleurs.

Une partie de ceux qui sont indemnes s’arrête net, mais quelques uns continuent à courir vers les compagnons. Martin et Pierre sortent leurs épées tandis que le reste de la troupe réarme les arbalètes (sauf pour Henri qui se cache derrière les marins, l’air terrorisé). Quelques instants plus tard, trois ruffians de plus sont sur le carreau, et les deux qui ne se sont pas encore enfuis décident que le moment est sans doute venu. Pierre se penche vers un des hommes blessés pour l’examiner, mais il hésite à le toucher : sa peau est non seulement anormalement pâle mais elle est craquelée et sèche. Le fond des yeux du ruffian sont presque jaunes, et les veines de ses yeux sont injectées de sang. Il constate également que l’homme a les mains qui tremblent, encore que, pense-t’il en bon diagnosticien, le carreau d’arbalète fiché dans sa cuisse n’est peut-être pas étranger à ce dernier symptôme.

- « Pourquoi est-ce que vous nous avez chargé ? » demande Pierre au blessé. « Vous aviez bien vu que nos arbalètes étaient chargées, non ? »

- « De la caqueline… », gémit l’homme. « Donnez-moi de la caqueline… »

- « De la quoi ? » répond Pierre. « C’est quoi la caqueline ? »

- « De la caqueline… » répond l’homme, de plus en plus faible.

- « Rien à en tirer » conclut Pierre, dépité.

Il bande sommairement les blessures des ruffians qui n’ont pas succombé, puis un petit conciliabule se tient.

- « A mon avis, ces hommes sont sous l’emprise d’une drogue », affirme Pierre. « Ca pourrait être la caqueline dont il parle, mais je n’en ai jamais entendu parler… »

- « En tous cas c’est pas eux qui vont nous le dire… » répond Martin. « Il est temps de faire une virée chez notre pote Malbert. S’il y a quelqu’un qui sait ce qui se goupille ici, c’est surement lui… »
Dernière modification par Sammael99 le mar. janv. 31, 2012 8:46 pm, modifié 2 fois.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Wenlock a écrit :Quelles sont les stats de la Compagnie de Terre-Neuve à ce stade ?
Est-ce qu'elle a la Puissance, l'Influence et la Souveraineté nécessaire pour nettoyer les Gambes ?
Je dois avoir ça noté quelque part, mais pour être tout à fait honnête, on a un peu arrêté de se servir de la mécanique compagnie. On a jamais trouvé le bon équilibre pour que ça soit pas trop intrusif tout en restant signifiant.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Wenlock »

Bon, tant pis.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Wenlock a écrit :Bon, tant pis.
Non, mais en même temps c'est intéressant. Au final on se rend compte qu'on a pas réussi à trouver un style de jeu où la mécanique de compagnies alimente le roleplay, c'est plutôt l'inverse. De ce fait, on se retrouve avec un truc qui sonne plus comme une obligation que comme un accord, et au final on a laissê tomber...

Il n'y a pas de doute que ça ait contribué conceptuellement à notre approche de la campagne, mais la mécanique finalement ne nous a pas apporté grand chose.
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Wenlock »

Je comprends tout à fait votre choix, mais moi j'aurais bien aimé la voir tourner cette mécanique. Surtout si c'est pas moi qui en essuie les plâtres... :)
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Sammael99 »

Wenlock a écrit :Je comprends tout à fait votre choix, mais moi j'aurais bien aimé la voir tourner cette mécanique. Surtout si c'est pas moi qui en essuie les plâtres... :)
En même temps, notre choix de campagne était sans doute en léger décalage avec ce pour quoi Reign est conçu. Le fait qu'il n'y ait pas d'action de compagnie permettant de s'enrichire (opération de commerce, etc.) nous a forcé à bricoler au début, puis finalement...
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Jiohn Guilliann
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Re: [CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Message par Jiohn Guilliann »

Perso, je retiens surtout que c'est l'intention derrière la mécanique qui nous a poussé à créer le groupe et la compagnie tels qu'ils sont, plus que la mécanique elle même. Le gros plus, à mon avis, c'est qu'on savait qu'on jouerait une compagnie à un moment ou à un autre, et ça donne une direction forte pour le groupe, en termes de perspectives ou de motivations.

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