OPEN LEGEND
1.)
Quoi que c'est ?
Kickstarter lancé en 18 octobre 2016 et réussi avec 110.630 $ pour 10.000 $demandé,
Open Legend est un système "générique" gratuit agrégeant des mécaniques modernes autours d'une logique de narration qui pousse toujours l'histoire vers l'avant en donnant à chaque jet de dés la capacité d'orienter la trajectoire scénaristique tant au niveau du personnage, du groupe, que du contexte narratif.
"Every Roll Matters"
2.)
Vous en avez entendu parler où pour la première fois ?
De mémoire, en 2018 via EN WORLD.
3.)
Achat compulsif, impulsif ou réfléchi ?
Le système
est gratuit et mis à disposition sur internet au travers d'un site dédié au jeu.
Impulsif pour le livre en dur lorsque je l'ai vu apparaître chez
Philibert sachant qu'une partie de la cargaison des pledgers pour l'Europe a été perdue.
4.)
Vous pensiez trouver quoi ?
Un générique de plus mais gratuit et donc pourquoi ne pas le lire entre deux portes.
5.)
Vous avez trouvé quoi ?
Un système, certes générique, mais avant tout avec des notes d'intentions en terme de rythme de jeu et de narration très singulières.
a) Chaque jet de dés a des conséquences !
Donc le MJ est invité à modérer grandement le lancé de dés au profit de la narration et de l'interaction avec les joueurs. Inutile de produire du test à tout va au risque de secouer en permanence l'histoire.
Un jet de dés n'a de valeur que s'il a la possibilité d'impacter l'histoire du personnage et/ou du groupe et/ou du scénario. Par exemple, sur le site
HeroMuster on trouve un scénario pour
Savage Words, DD5 et Open Legend dont la gestion de certaines passages est représentatif des orientations de jeu et de maîtrise d'Open Legend.
Si pour les deux premiers (SW+DD5) sont coutumiers des "micro-tests" pour la perception ou les connaissances, Open Legend se base avant tout sur le niveau logique de l'attribut du personnage sans test car, dans certains cas les tests n'ont que peu de valeur pour le coeur de l'histoire.
Ainsi avec OL, on se basera sur le niveau de l'attribut Learning des personnages ainsi que sur leur background ou leur feats pour évaluer la compréhension d'un indice afin de ne pas ralentir la narration par un test.
"They need a Learning score of 1 or higher to identify that she is the goddess of peace. If their Learning score is 2 or higher, they also know that her symbol is a waterfall falling into a small pool."
Pour SW ou DD; on test très classiquement :
(SW) They need a successful Smarts test or relevant Knowledge test...If they get a raise, they also know...
(DD5) They need a DC 10 Religion check...If succeeding at DC 15 or higher, they also know...
Et effet, il vaut mieux éviter un test mineur qui échoue dans OL car il offre au MJ deux choix :
- L'échec se transforme en réussite mais avec une contrepartie (une logique de oui mais/et) de type : un perso est mis en danger, une ressource est dépensée, un nouvel ennemi, perte d'un ami, perte de temps, perte d'information, attire l'attention, découverte de inattendu, ou une complication dont seul le MJ aura le secret.
- La validation et le renforcement de l'échec mais avec un effet notable (une logique de non et ou non mais) : l'information est fausse, le danger augmente ou une opportunité de succès survient malgré tout mais il faudra la gagner à nouveau.
Si l'on suit à la lettre cette note d'intention (échec égal succès avec un twist, ou échec renforcé), on se retrouve presque, en tant que MJ, a éviter les tests au profit d'une narration tournée vers les personnages. Car procéder à un test pour tout et n'importe quoi peut induire des secousses scénaristiques permanentes.
b)
Une mécanique de dés "fun fast and furious" (merci SW).
L'auteur d'OL revendique le plaisir de jeter plein de dés et de les faire exploser pour obtenir des résultats "bigger than life". Gros avantage comme pour SW, cette mécanique est unifiée et applicable à tous les type de tests.
Pour le combat pas besoin de rejeter des dés de dégâts, la marge entre une difficulté et le résultat des dés définit les dommages (+ les dommages fixes de l'arme). Le D20 est à l'honneur ainsi que la logique d’avantage et de désavantage (merci DD5) qui nécessitera de disposer d'un pool de dés assez conséquent ou d'utiliser une application car on peut facilement se retrouver à jeter 4 à 5 même type de dés (4, 6, 8 ,10, 12, 20). Mais bon, quand on aime on ne compte pas...
c)
Du Bane, du Boon, du Feat, du Perk et du Flaw.
Ce qui m'a fortement plu dans OL, c'est le travail de synthèse réussi autours du concept d'effets négatifs ou positifs, de pouvoirs, de prouesses, d'avantages ou de défauts. Les listes sont complètes sans excès de longueurs. Les effets ont souvent des niveaux de variabilité permettant de qualifier le niveau de son ambiance de jeu ou l'accessibilité selon la puissance du personnage. C'est concis et cela permet de couvrir quasi 100% des actions des personnages.
d)
Pas de compétences mais des attributs avant tout.
Pas moins de 18 caractéristiques/attributs dont 8 propres au surnaturel/magie/pouvoirs. Un attribut remplace officiellement dans OL les compétences. Parti pris fort encore une fois afin de simplifier la narration et la création de personnage. On découvre cependant dans les perks des avantages comme "profession ou knowledge" permettant de se donner des spécialisations de carrières typant ainsi son personnage.
e)
Des combats rapides, mortels et surtout dynamiques.
Avec les dés explosifs et les avantages ça dépote version cinématique. L'auteur utilise des
points de vie et trois pseudo
classes d'armures ainsi que des
niveaux (10). A la fin d'un combat si l'on n'est pas inconscient, un repos court permet de récupérer tout ses PV (n'oublions pas que l'histoire doit aller de l'avant).
OL se revendique avant tout comme un système pour les histoires grand angle à grand spectacle. Néanmoins, les dégâts létaux apportent une mécanique gritty efficace et une option de critique peut orienter le jeu vers du gritty plus-plus sans parler de certains banes ou boons parfois radicaux. Les règles offrent par ailleurs une création de protagonistes soit classique, soit de type Boss, facilité en cela via des tableaux de niveaux de puissances (la logique de "minion" est aussi présente pour des combats en nombre).
d)
Tous les personnages ont accès au banes (les armes offrent également des banes) selon certains prérequis ce qui peut apporter beaucoup de stratégie de groupe ou de tactique contextuelle et permet de libérer l'imaginaire. Contre partie : il faut avoir la liste des boons et banes en tête ou sous les yeux (des cartes existent sur le store d'OL) pour s'adapter à la volée aux déclarations des personnages ou des antagonistes.
f)
Le MJ est tout même tout puissant car c'est lui qui va décider si un échec est consolidé ou transformé en succès avec contraintes. Cela dit, rien n'empêche de partager la décision avec le joueur, mais les règles donnent les pleins pouvoirs au MJ.
En résumé, j'ai découvert un générique qui essaie de mixer du classique - lancer des dés différents (inclus l'incontournable D20), produire des effets, pouvoir min-maxer - tout en restant sur un postulat narratif fort et une volonté de règles immédiatement adaptables à de nombreux univers sans ajout de règles comme souvent pour les settings à la SW ou GENESYS dernièrement.
6.)
Allez vous vous en servir ?
Possible en tant que MJ.
En tant que joueur, déjà deux tests en mode Pulp. Il a fallu que le MJ trouve un peu ses marques car OL oblige à perdre certaines habitudes de maîtrise.
J'aime beaucoup le côté ramassé de ce jeu : à peine 120 pages, fin, joliment illustré pour la version papier et surtout paré à toutes les lubies rôlistes.
Pour autant, j'ai d'autres systèmes génériques leaders :
GENESYS, CYPHER et SW. Mais je dois dire qu'un petit nouveau à la mode Open Legend pourrait faire l'affaire tant il est polyvalent et singulier par certains côtés.
7.)
En conseilleriez vous (l'achat) la lecture ?
OUI ! OL est gratuit et le système est très bien présenté via le site dédié. Étrangement, ce jeu n'a pas rencontré son public malgré un Kickstarter réussi. La communauté vivote et les adaptations sont quasi inexistantes à la différence d'un GENESYS très actif. Je crains qu'il ne se perde dans les limbes.
Mais oui; j'en conseille vivement la lecture. C'est sans risque et ça peu bouger vos habitudes de maîtrise.
... tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie ...(Blade Runner)