Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Ok , comme je l'ai indiqué je ne connais pas le fonctionnement d'une asso mais du coup vous voulez me dire que par exemple les traducteurs de défi fantastique sont pas payés ? J'ai du mal à le croire...
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
cdang a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:36 pm Sinon, les ordres de grandeur que j'ai en tête sur la répartition du prix de vente, c'est à la grosse 5 % pour l'auteur, 30 % pour le distributeur et 30 % pour la boutique, et donc 35 % pour l'éditeur. Mais comme c'est régit par des contrats, ça va varier d'une situation à l'autre.
C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
kouplatête a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:57 pm Ok , comme je l'ai indiqué je ne connais pas le fonctionnement d'une asso mais du coup vous voulez me dire que par exemple les traducteurs de défi fantastique sont pas payés ? J'ai du mal à le croire...
Quand une association a des salariés, elle paye les mêmes choses qu'une entreprise classique.
La différence est plus du côté du travail bénévole.
Mais j'ai l'impression que beaucoup d'éditeur français de jdr, même sur un statut entreprise ne vivent pas de leur travail dans le jdr. Ils ont un travail à côté et font tourner la boite de jdr par passion.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Je crois que c'est pas passé (mais y a dix page de sujet), mais dans le café roliste avec croc d'il y a quelques jours, y a pas mal d'anecdotes et d'infos sur production et ventes, certaines bien connus (les suppléments se vendent pas, etc..), et certaines contres intuitives : genre, "a l'époque", ils imprimaient en France (sauf peut etre les gros gros tirages), et que du coup, s'il y avait plus de stocks, ca prenait un mois pour en refaire avec livraison des boutiques parisiennes en voiture
. Maintenant, c'est 8 mois (avec bateau, dédouanement, etc..)

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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Et pourtant.kouplatête a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:57 pm Ok , comme je l'ai indiqué je ne connais pas le fonctionnement d'une asso mais du coup vous voulez me dire que par exemple les traducteurs de défi fantastique sont pas payés ? J'ai du mal à le croire...
Ce n'est pas inhérent au statut associatif ; une association peut payer des prestations. C'est la volonté des membres de travailler bénévolement.
Mais tu sais, c'est pas le pire : des membres de l'asso font des relectures bénévoles pour Gallimard jeunesse (tu peux voir leurs noms dans les crédits au début des Défis fantastiques, Quête du Graal et Loup Solitaire).
En revanche celleux qui ont travaillé sur la trad de L'Œil noir pour BBE ont été payé (Scriptarium a servi d'intermédiaire administratif).
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Khentar a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 1:05 amcdang a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:36 pm Sinon, les ordres de grandeur que j'ai en tête sur la répartition du prix de vente, c'est à la grosse 5 % pour l'auteur, 30 % pour le distributeur et 30 % pour la boutique, et donc 35 % pour l'éditeur. Mais comme c'est régit par des contrats, ça va varier d'une situation à l'autre.
C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
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C'est comme ça dans tous les domaines, ce sont les forces de production qui sont le moins payés.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Cela te parait délirant parce que la répartition du Chiffre d'Affaires n'est pas dans une démarche "logique" de conception d'un produitKhentar a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 1:05 amcdang a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:36 pm Sinon, les ordres de grandeur que j'ai en tête sur la répartition du prix de vente, c'est à la grosse 5 % pour l'auteur, 30 % pour le distributeur et 30 % pour la boutique, et donc 35 % pour l'éditeur. Mais comme c'est régit par des contrats, ça va varier d'une situation à l'autre.
C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
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Schématiquement (et de façon volontairement simplifiée, on exclue toutes les autres considérations), les coûts de revient d'un produit quelconque peuvent se décomposer en coûts fixes (les coûts engagés non dépendant des quantités produites) et en coûts variables (les coûts par unité produite / vendue).
Les coûts fixes pour l'élaboration d'un JdR sont grossièrement sa conception intellectuelle (remunération des temps d'écriture, corrections, tests, relecture, prestations de maquette, illustrations ...) et les charges variables sa conception physique (et ses coûts de distribution + d'autres).
Par exemple (chiffres totalement fantaisistes), tel JdR va avoir des coûts fixes de 30.000 € et de charges variables de 24 € par bouquin.
Si le livre est vendu 40 €, on a une marge sur couts variables de 16 € (40 - 24).
Il faudra en l'espèce vendre 1875 exemplaires (30.000 €/ 16 €) pour que la marge sur coûts variables absorbent les frais fixes, c'est à dire pour atteindre le seuil de rentabilité.
En dessous, on perd de l'argent (qui ? L'éditeur ou le créateur ?), au dessus, on gagne de l'argent (enfin, on obtient de l'argent pour payer les autres charges de l'entreprises ...).
De là, la plupart des stratégies exposées dans ce sujet ont pour objectif de minimiser les charges fixes ou de minimiser les charges variables pour que le seuil de rentabilité soit le plus bas possible car le marché du JdR en France * n'est pas solvable, c'est à dire qu'il ne génère pas de CA suffisant pour rémunérer "normalement" une très petite entreprise **.
* c'est à dire une production originale en langue française
** une personne travaillant seule occupée à 100 % par son activité professionnelle (ton coiffeur par exemple).
Dernière modification par Doji Satori le mar. oct. 08, 2024 9:13 am, modifié 1 fois.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Khentar a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 1:05 amcdang a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:36 pm Sinon, les ordres de grandeur que j'ai en tête sur la répartition du prix de vente, c'est à la grosse 5 % pour l'auteur, 30 % pour le distributeur et 30 % pour la boutique, et donc 35 % pour l'éditeur. Mais comme c'est régit par des contrats, ça va varier d'une situation à l'autre.
C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
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Moi c'était 7% du prix éditeur (moitié du prix de vente en gros). Ou à la pige avec un prix au signe (j'ai honnêtement plus les chiffres en tête).
(EDIT : mais le top c'était les ludopathes, qui rééditent un bouquin, dans lequel j'ai écrit -peu mais quand même !- et était bien crédité, sans me prévenir et sans m'envoyer ne serait-ce qu'une exemplaire... Chad move.

@Morningkill ah ben je vais aller m'écouter ça tiens. Merci de m'avoir remis le nez dessus !

"Jouer avec Go@t, c'est à chaque fois mythique." (Zeben)
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
C'est bien pour ça que certain·es auteur·ices s'autoéditent.Khentar a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 1:05 am C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
C'est une logique de marché d'une part ; l'accès à l'information, au réseau, est une ressource rare (comment contacter les boutiques, par exemple, et comment avoir leur confiance pour qu'elles acceptent de prendre le produit). D'autre part, il y a une notion de prise de risque, celui des invendus : l'entreprise qui paie la relecture, le maquettage et l'impression (l'éditeur) prend un risque, l'entreprise qui les stocke, en informe les boutiques et les expédie (le diffuseur-distributeur) prend un risque, les boutiques qui les prennent en rayon prennent un risque. Ce risque est rémunéré.
Les personnes qui s'auto-éditent et veulent être distribués en boutique, ça rajoute un boulot plein-temps aux deux boulots plein-temps qu'ils font déjà. Et les personnes qui optent pour la vente directe (de PDF, d'impression à la demande) ont aussi ce troisième boulot à plein temps, celui de se faire connaître et de valoriser leur création, noyée parmi tout ce qui est dispo sur le Net.
Dernière modification par cdang le mar. oct. 08, 2024 9:22 am, modifié 1 fois.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Islayre d'Argolh a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:27 pmCarmody a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:03 pm Si on compte en pourcentage du prix de vente, oui. C'est évident qu'une beaucoup plus grosse part peut revenir à l'auteur si on supprime les coûts de production.
Mais si on compte en valeur totale, qu'en est-il ? Comment évoluent les chiffres de vente et la somme gagnée sur chaque vente ? (ce sont de vraies questions, dont je ne connais pas la réponse, pas des tentatives réthoriques de montrer que tu as tord)
C'est d'autant plus dur de connaître la réponse que dans le domaine du JdR, chaque produit est unique et qu'en plus de toutes les consiérations qu'on évoque, le succès dépend beaucoup de la proposition de jeu, du coups de coeur. Certains jeux correspondent tellement bien aux attentes des joueurs (ou semble correspondre) que même en faisant les "pires" choix du monde il marcherait, d'autres au contraire sont voué à l'échec quelles ques soient les prouesses du marketing.
Il me semble que tous les auteurs indés auto-publiés qui ont réussi a se créer une audience te diront la même chose : c'est beaucoup plus intéressant que de passer par le circuit traditionnel.
Forcement tu as, au minimum, deux intermédiaires en moins : l'éditeur et la boutique.
Et ça n’empêche pas d'avoir (sur le temps long) des chiffres potentiellement à la hauteur des "succès boutique" des éditeurs classiques (comme je le mentionnais dans un de mes premiers messages sur le sujet).
Pour autant, je ne suis pas en train d'expliquer que ça solutionne tout, je souhaitais juste réagir sur le coté "POD+PDF ce n'est pas viable".
Mais de mon point de vue d'auteur (donc limité a un angle d'attaque spécifique) c'est sacrément plus viable que le circuit traditionnel dans lequel on gagne trois francs six sous pour le plaisir de voir son bouquin chez Jeux Descartes.
Merci, c'est intéressant de voir la différence de point de vue (de réalité devrais-je peut-être dire) entre éditeur et auteur.
Serait-ce possible d'avoir plus de détails sur ta situation ? (je comprendrais parfaitement que non). Dans le cadre des exemples que tu donnes :
- de quelles tâches t'occupais tu outre l'écriture, et qui se chargeait des autres (relecture, illustration, maquette, gestion de la vente PDF+POD) ?
- comment étaient-ils rémunérés ?
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
C'est toujours un peu compliqué de sortir de son expérience personnelle pour analyser un fait, d'autant plus quand on est pas pro, du coup je ne vais parler que de moi. Parce que clairement je suis passé en quelques années d'acheteur compulsif à ne quasiment plus rien acheter du tout. Pourtant je continue à faire du jdr de manière assez régulière (enfin par périodes mais des périodes intenses).
J'ai cherché à comprendre pourquoi et ma conclusion perso c'est une conjonction de multiples facteurs :
- Trop d'offre, tout le temps. Mes étagères croulaient sous le nombre de bouquin, j'en ai revendu 75%, et j'ai encore de quoi jouer toute une vie dans tous les univers possibles. Sans compter que la surconsommation est entre temps devenu pour moi une lutte quotidienne et politique. Produire toujours plus, consommer toujours plus, c'est un modèle sociétale qui va nous détruire. Alors pas le JDR en lui-même mais globalement c'est vraiment pas une bonne idée.
- Le système de financement participatif me déplaît au plus haut point : dans la grande majorité des cas on avance des sous à l'aveugle pour un projet dont on ne connaît pratiquement rien, qui arrivera au mieux dans un an, sans aucune certitude que ça nous plaira, qu'on aura encore envie d'y jouer, et qu'on ne va pas le recevoir dans 3-5 ans.
- J'ai eu une grosse période où j'avais envie découvrir plein de nouveaux jeux type doa... et ça m'a lassé. Moi là ce sont les grosses gammes avec du suivi qui me manquent. S’investir dans un jeu, évoluer dans le même monde imaginaire durant des années, se construire des souvenirs sur le temps long, c'est ça qui m'avait accroché au jdr quand j'ai commencé et c'est ça qui fait que j'y joue encore. Passer d'un jeu à un autre c'est encore de la consommation à outrance, futile et éphémère, un peu comme tout ce qui nous entoure aujourd'hui, de la même manière qu'on a transformé les relations amoureuses en un produit de consommation sur Tinder.
- Je n'ai jamais eu un salaire aussi important qu'aujourd'hui et sans dire que je galère financièrement, je me retrouve à devoir faire attention alors que ça faisait bien 10ans que je vivais sans me poser de question. Le coût de la vie a explosé et il faut faire des choix. Or on a pas besoin de grand chose pour pratiquer notre loisir, c'est une de ses forces. Je pense d'ailleurs que c'est aussi ce qui fait que ce ne sera jamais un marché à haut potentiel financier.
- J'ai la sensation que nombre de bouquins actuels sont remplis de vent. J'en ait fait plusieurs fois l'expérience en lisant des V2, V3, Vx : si l'objet est bien plus qualitatif, le contenu est souvent bien plus creux que l'original et je vois beaucoup de répétitions pour faire du remplissage. Ça me donne le sentiment d'ouvrages sans âme dans un joli écrin. Ça me donne l'impression que les auteurs, comme la plupart des gens qui bossent pour d'autres gens, font leur boulot sans passion pour gagner leur salaire. C'est pas du tout une critique des auteurs, si ça devait être une critique ce serait plutôt celle de la société, du monde du travail, et de plein de choses qui font que notre quotidien n'a plus beaucoup de sens. Juste que le jdr c'est un loisir passion et que quand la passion ne transparaît pas dans un bouquin bah ça donne pas envie d'y jouer.
Bref, je ne suis pas certain que c'est ce que les éditeurs ont envie d'entendre, mais je crois que passé l'engouement des financements participatifs qui nous mettaient des étoiles dans les yeux, on va rentrer dans une longue période de vaches maigres.
J'ai cherché à comprendre pourquoi et ma conclusion perso c'est une conjonction de multiples facteurs :
- Trop d'offre, tout le temps. Mes étagères croulaient sous le nombre de bouquin, j'en ai revendu 75%, et j'ai encore de quoi jouer toute une vie dans tous les univers possibles. Sans compter que la surconsommation est entre temps devenu pour moi une lutte quotidienne et politique. Produire toujours plus, consommer toujours plus, c'est un modèle sociétale qui va nous détruire. Alors pas le JDR en lui-même mais globalement c'est vraiment pas une bonne idée.
- Le système de financement participatif me déplaît au plus haut point : dans la grande majorité des cas on avance des sous à l'aveugle pour un projet dont on ne connaît pratiquement rien, qui arrivera au mieux dans un an, sans aucune certitude que ça nous plaira, qu'on aura encore envie d'y jouer, et qu'on ne va pas le recevoir dans 3-5 ans.
- J'ai eu une grosse période où j'avais envie découvrir plein de nouveaux jeux type doa... et ça m'a lassé. Moi là ce sont les grosses gammes avec du suivi qui me manquent. S’investir dans un jeu, évoluer dans le même monde imaginaire durant des années, se construire des souvenirs sur le temps long, c'est ça qui m'avait accroché au jdr quand j'ai commencé et c'est ça qui fait que j'y joue encore. Passer d'un jeu à un autre c'est encore de la consommation à outrance, futile et éphémère, un peu comme tout ce qui nous entoure aujourd'hui, de la même manière qu'on a transformé les relations amoureuses en un produit de consommation sur Tinder.
- Je n'ai jamais eu un salaire aussi important qu'aujourd'hui et sans dire que je galère financièrement, je me retrouve à devoir faire attention alors que ça faisait bien 10ans que je vivais sans me poser de question. Le coût de la vie a explosé et il faut faire des choix. Or on a pas besoin de grand chose pour pratiquer notre loisir, c'est une de ses forces. Je pense d'ailleurs que c'est aussi ce qui fait que ce ne sera jamais un marché à haut potentiel financier.
- J'ai la sensation que nombre de bouquins actuels sont remplis de vent. J'en ait fait plusieurs fois l'expérience en lisant des V2, V3, Vx : si l'objet est bien plus qualitatif, le contenu est souvent bien plus creux que l'original et je vois beaucoup de répétitions pour faire du remplissage. Ça me donne le sentiment d'ouvrages sans âme dans un joli écrin. Ça me donne l'impression que les auteurs, comme la plupart des gens qui bossent pour d'autres gens, font leur boulot sans passion pour gagner leur salaire. C'est pas du tout une critique des auteurs, si ça devait être une critique ce serait plutôt celle de la société, du monde du travail, et de plein de choses qui font que notre quotidien n'a plus beaucoup de sens. Juste que le jdr c'est un loisir passion et que quand la passion ne transparaît pas dans un bouquin bah ça donne pas envie d'y jouer.
Bref, je ne suis pas certain que c'est ce que les éditeurs ont envie d'entendre, mais je crois que passé l'engouement des financements participatifs qui nous mettaient des étoiles dans les yeux, on va rentrer dans une longue période de vaches maigres.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
DocZagul a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 8:56 amKhentar a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 1:05 amcdang a écrit : ↑lun. oct. 07, 2024 10:36 pm Sinon, les ordres de grandeur que j'ai en tête sur la répartition du prix de vente, c'est à la grosse 5 % pour l'auteur, 30 % pour le distributeur et 30 % pour la boutique, et donc 35 % pour l'éditeur. Mais comme c'est régit par des contrats, ça va varier d'une situation à l'autre.
C'est délirant de se dire que 95% du revenu échappe au gars qui est à l’origine du projet. Sans dire que les autres n’ont pas de plus value, leurs contributions me semblent moins importantes que celle, incontournable, de l'auteur. Une répartition égale au quart me paraît à peine plu équitable...
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C'est comme ça dans tous les domaines, ce sont les forces de production qui sont le moins payés.
Je travaille des deux côtés du "manche", en tant qu'auteur/traducteur et en tant que micro-éditeur (pas dans le jdr), donc j'ai une vision à peu près équitable de la situation.
Il ne faut pas être manichéen en disant que seul les auteurs représentent les "forces de production".
Déjà, l'éditeur paye l'imprimeur, qui est quand même le seul de la chaîne à représenter de la réelle production physique. Il paye au besoin les traducteurs, les maquettistes, les illustrateurs, les correcteurs (dans les meilleurs des cas). Selon la nature du produit, les tirages etc, en finale les "35% pour l'éditeur" peuvent en fait se réduire à 15, 10, voire 5pc ou moins... Chez les micro-éditeurs, il y a en fait beaucoup de gens pour lesquels c'est en fait une activité quasi-bénévole.
Le distri, c'est du stockage, des manus, des comptables, etc. Les 30%, c'est seulement s'il fait aussi de la diffusion, sinon c'est plutôt 15/20%.
Le libraire, je n'en parle pas, tout le monde connaît.
Dans l'édition classique, les droits d'auteur sont plutôt de l'ordre de 10%; un peu moins pour l'édition de poche.
La situation n'est satisfaisante pour personne, car à part dans les très grosses maisons d'édition intégrées, tout le monde est ric-rac.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Zeben a écrit : ↑mar. oct. 08, 2024 9:24 am - Trop d'offre, tout le temps. Mes étagères croulaient sous le nombre de bouquin, j'en ai revendu 75%, et j'ai encore de quoi jouer toute une vie dans tous les univers possibles. Sans compter que la surconsommation est entre temps devenu pour moi une lutte quotidienne et politique. Produire toujours plus, consommer toujours plus, c'est un modèle sociétale qui va nous détruire. Alors pas le JDR en lui-même mais globalement c'est vraiment pas une bonne idée.
Vu d'en bas (simple acheteur avec pouvoir d'achat correct, longue expérience du JDR, imagination plutôt OK, et plutôt une conviction politique pour la déconsommation), je plussoie que l'offre pléthorique est un repoussoir.
Il existe tellement de choses que presque chaque table est un micro marché à elle toute seule. Avec qui je vais jouer à certains jeux présents sur le marché ? Ou alors, je les achète en "méta jeu", pour pouvoir les lire.
Dans les dernières expériences en date :
- Torg Eternity, pour lequel j'avais craqué l'année dernière avec un livre à 50% chez BBE. Sauf qu'on ne peut pas jouer directement : il faut des cartes, éventuellement des suppléments pour commencer à préparer qqch... Revendu quelques semaines plus tard. Du coup, ça m'a gravement refroidi pour d'autres produits qui auraient pu me parler (Ombre du Seigneur Démon...).
- L'Anneau Unique v2, offert, avec un supplément "Forêt Noire v1" : énorme valeur de production, livre superbe. MAIS
- Avec qui pouvons-nous jouer avec un système un peu alambiqué ? Et un univers qui est finalement super restreint et qui ne parle pas à tous dans la tranche d'âge ?
- Pourquoi une V2 et une V1 en parallèle ? Cela rend la gamme complétement illisible et ne donne pas confiance pour les ouvrages suivants...
- Avec qui pouvons-nous jouer avec un système un peu alambiqué ? Et un univers qui est finalement super restreint et qui ne parle pas à tous dans la tranche d'âge ?
- Un essai de jeu de rôle solo avec Colostle : j'ai essayé mais pas convaincu. Revendu. J'ai obtenu de meilleurs sensations de jeu solo avec la Lune et les Douze Lotus, chez Chibi.
Le bruit ne fait pas de bien. Le bien ne fait pas de bruit.
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
J'aurai pu écrire ton post tellement je suis dans une situation politique identique ( bon, vu mon craquage de l'année côté figurine, je vais exclure avec honte le passage concernant la surconsommation :/)
Trop de truc en financement, et trop de truc pour lequel j'ai été déçu une fois le livre entre les mains. Bref, chat échaudé craint l'eau froide, et du coup une baisse drastique de mes achat jdr ( aucun achat depuis presque un an).
Pourtant mon pouvoir d'achat a complètement explosé.
Actuellement MJ sur Urban Shadow, Prophecy et 7eme Mer
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Re: Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?
Une question aux connaisseurs du marché français :
sur plusieurs livres où l'éditeur a publié les chiffres détaillés, je constate que "l'art" (direction artistique + achat/licence illustrations mais pas Layout) représente généralement un poste entre x1 et x3 les coûts du "texte" (achat du manuscrit/% auteur, coûts de recherche et documentation, édition, index mais pas royalties éventuelles sur le système ou l'univers).
Il y a bien sur des exceptions, surtout pour les livres "PDF ou PDF+POD" sur DriveThru, mais pour les "beaux" jeux/suppléments proposés en financement participatifs, les illustrations semblent peser sur le budget beaucoup plus que le texte.
Et les coûts "art" semblent avoir progressé plus vite que les coûts "texte" sur les 5 dernières années.
Est-ce qu'on retrouve ces 2 tendances en France aussi ?
sur plusieurs livres où l'éditeur a publié les chiffres détaillés, je constate que "l'art" (direction artistique + achat/licence illustrations mais pas Layout) représente généralement un poste entre x1 et x3 les coûts du "texte" (achat du manuscrit/% auteur, coûts de recherche et documentation, édition, index mais pas royalties éventuelles sur le système ou l'univers).
Il y a bien sur des exceptions, surtout pour les livres "PDF ou PDF+POD" sur DriveThru, mais pour les "beaux" jeux/suppléments proposés en financement participatifs, les illustrations semblent peser sur le budget beaucoup plus que le texte.
Et les coûts "art" semblent avoir progressé plus vite que les coûts "texte" sur les 5 dernières années.
Est-ce qu'on retrouve ces 2 tendances en France aussi ?