Le business du jdr est-il une poche dimensionelle temporaire?

[Cryoban]

Suite à divers discussions, constats et remarques comme celles echangé dans le fil des foulancement suite à l'annulation d'Hexxen. Je me pose une question.
( Alors je précise je parle bien du business du jdr et j'entend par là un business qui soit rentable = profit, argent, maille, flouze, caillasses tout ça. je ne parle pas du jdr)


Et si le business du jdr en France (en Europe?) était une construction éphémère liée à l'apparition de la génération de rôlistes des années 80-90 et qui ont développé leur passion pour ce loisir en bâtissant leur vie avec et en y investissant une partie non négligeable de leur revenu. Mais qu'à présent, le temps fait son oeuvre, les aventuriers d'antan finissent par tomber au champ d'honneur, les exigences et les attentes des clients évoluent, les coûts augmentent, etc...Bref le business du jdr n'est-t'il pas sur sa trajectoire descendante? était ce simplement un univers de poche destiné à durer le temps d'un repos long?

[Loludian]

C'est bien pour ça que les financements participatifs sont devenus quasiment obligatoires pour arriver à financer quoi sur ce soit.

[cdang]

Pour moi, le marché n'est pas en décrépitude, il est en mutation. La question c'est : quel est le sens du vent.

À Senlis, j'ai un peu discuté avec des acteurs du marché français. Le consensus, c'est que le modèle de produit traditionnel — le manuel de base à 50-60 EUR, les suppléments à 40 EUR, les scénars à 20 EUR — est condamné à terme. Ce qui pourrait survivre, ça serait soit des jeux bon marché et à mise en œuvre rapide et sans préparation — du type des For the Story (ça vous donne une indication sur une des personnes avec qui je discutais ^_^) —, soit une partie gratuite et une partie payante — par exemple des scénars gratos pour faire acheter le manuel, ou le contraire, pour entretenir une communauté active.

Puisque si on parle de business, on parle de production « de masse » (à l'échelle du marché français) pour avoir des économies d'échelle — et sur ce point je cite le message de Loludian :

Question de béotien, mais sur un bouquin de jeu classique, 250 pages couleurs hardcover, quel pourcentages du prix représente la partie edition "physique " du livre ?

Ça dépend du tirage. Ça peut aller de 5 pourcents du prix public à 50 pourcents (voire + dans de la micro édition).

[Islayre d'Argolh]

D&D n'a jamais rapporté autant d'argent donc je pense que la question ne peut pas être formulée dans ces termes là.

Pour ma part - et pour rebondir sur les points évoqués dans l'autre sujet - je pense qu'il y a un GROS souci, structurel, avec la notion de gamme de JdR.

Il y a d'un coté les joueurs très investis (bons clients potentiels) qui réclament des jeux avec du suivi et de l'autre la réalité des chiffres (les suppléments se vendent beaucoup moins bien que le livre de base).
A partir de là on fait comment ?
Sachant que si on annonce un DOA (que ce soit un bouquin unique ou un dyptique/triptyque) on perd du public mais, si on tente effectivement de faire vivre une gamme, on se retrouve rapidement à bosser pour des nèfles.

[cdang]

D&D est quand même un cas à part. C'est un gros cas, on est d'accord, avec une écrasante part du marché, mais pas représentatif des acteurs français pour lesquels on s'inquiète ici.

(C'est quoi un DOA ?)

[Blondin]

(C'est quoi un DOA ?)

Dead on arrival ?

[Islayre d'Argolh]

D&D est quand même un cas à part. C'est un gros cas, on est d'accord, avec une écrasante part du marché, mais pas représentatif des acteurs français pour lesquels on s'inquiète ici.

Précisément, c'est pour cela que je signale que la formulation du premier message n'est peut être pas la bonne : le business du JdR se porte mieux que jamais. Le souci c'est que le business du JdR c'est D&D/Pathfinder a 95%.
Du coup notre question concerne les 5% restants.

Comment créer un modèle économique sain basé sur le JdR quand on est pas Hasbro/Paizo ?

(C'est quoi un DOA ?)

Dead on arrival ?

Yep.

[kridenow]

Je pense que le JdR tel que pratiqué (des dés, des chips et des anecdotes sur ton perso que personne n'a envie d'entendre) et vendu (bouquin de base, suppléments) se transformera pour s'adapter à des clients habitués au numérique, qui socialisent en ligne et qui ne liront pas 20 pages de règles.
La production physique tombera au confidentiel catégorie "bô livre", la signification même de ce qu'est "le jeu de rôle" changera.

J'ai découvert un jour que mon gamin faisait du "jeu de rôle". Il l'a découvert en ligne et ce que lui et moi appelons "jeu de rôle" ne se pratique pas exactement de la même manière (pas de MJ par exemple) même si le principe de base est identique (jouer un rôle).
De manière amusante, il comprend si je lui parle de mes parties alors qu'il n'a jamais lancé de d20 et je comprend ce qu'il dit lorsqu'il parle des siennes, en ligne, alors que je n'y ai jamais participé. Comme quoi la zone commune est quand même bien large.
Et comme c'est lui et ses amis les futurs clients...

Je suspecte qu'une partie des réflexions sur la manière de jouer, dans notre loisir, comme le jeu solo, le jeu sans MJ, le jeu collaboratif, le MJ tournant, jeu émergent, etc... seront pertinentes pour le JdR de demain car ce sont des outils qui pourront aisément servir de base à une communauté de joueurs qui ne connaît pas la structure traditionnelle et dont je doute qu'elle veuille la connaître.

Je crois beaucoup plus en un JdR appuyé sur une appli sur mobile complété par IA, ou carrément entièrement en ligne, avec des principes de jeu collaboratifs et émergents, avec des participants qui payent tous un peu mais tout le temps, que le modèle s'appuyant sur un MJ qui achète pour 350 balles de matos par jeu (et les joueurs qui achètent un set de dés une fois tous les vingt ans), bloque 1m linéaire d'étagère, lit 550 pages de règles et d'univers.

[cdang]

Pour être sûr de bien comprendre : DOA fait référence à la gamme John Doe qui consiste à sortir un jeu sous la forme d'un bouquin unique (Notre Tombeau, Patient 13, Final Frontier), c'est ça ?

[tauther]

Ce n'est pas exactement le même marché mais je trouve qu'il y a quelques similitudes et enseignements intéressants:
Les Moutons Électriques rêvent-ils de l'argent de Bolloré ?

[tauther]

Pour être sûr de bien comprendre : DOA fait référence à la gamme John Doe qui consiste à sortir un jeu sous la forme d'un bouquin unique (Notre Tombeau, Patient 13, Final Frontier), c'est ça ?

Non, une gamme fermée.

[Morningkill]

Et si le business du jdr était une construction éphémère liée à l'apparition de la génération de rôlistes des années 80-90 et qui ont développé leur passion pour ce loisir en bâtissant leur vie avec et en y investissant une partie non négligeable de leur revenu.

Et rachetant sans fin de nouvelles editions.

Je serai curieux de voir sur les foulancements la portion (en €) de nouvelles versions de choses existantes
Sur le coup, je pensais aux foulancements parce je venais de voir l'annonce pour Ji Herp, mais c'est pas "mieux" [1] pour le non foulancement il me semble

[1] je pense pas que jouer (en partie) sur la nostalgie soit mauvais, y a de toute facon suffisamment de nouvelles choses.

[Islayre d'Argolh]

Pour être sûr de bien comprendre : DOA fait référence à la gamme John Doe qui consiste à sortir un jeu sous la forme d'un bouquin unique (Notre Tombeau, Patient 13, Final Frontier), c'est ça ?

C'est plus large et ce n'est pas spécifique a John Doe mais oui, l'idée c'est de concevoir le jeu des le départ comme un produit fini, sans suivi prévu.

Ca peut être un tout-en-un mais aussi une architecture sur 2-3 bouquins.
Genre : un livre de règles, un livre d'univers (avec plein de pitchs de scénarios) et un recueil de modules, deux d'entre eux étant pensés pour pouvoir s'enchainer et former une campagne. De cette manière tous les "fondamentaux" de notre hobby y sont.

Une fois tout ça poncé c'est au MJ de se sortir les doigts.

[Cryoban]

D&D n'a jamais rapporté autant d'argent donc je pense que la question ne peut pas être formulée dans ces termes là.

Avant de dire ça. Dispose t-on d'une enquête ou de stats sur le profils socio-économiques des clients de D&D et en particulier en France? car je pense que comme sur d'autres domaines, le marché US et le marche FR (voir EU) ne vont pas suivre les mêmes trajectoires

le business du JdR se porte mieux que jamais. Le souci c'est que le business du JdR c'est D&D/Pathfinder a 95%.

Je vais préciser dans l'intitulé le business jdr Fr


@kridenow J'ai bien précisé le business et pas la pratique du jdr ni sa forme futur, on parle ici de rentabilité financière, le reste osef.

[Loye]

Je comprends toutes ces interrogtaions et elles me font peur à moi aussi.
Mais je me demande s'il n'y en a pas une qui sans être directement liée pourrait être connexe :
N'est on pas en train de discuter en partie de l'hypertrophie de l'offre en jeux différents ? Je demande parce qu'en ce qui me concerne (et on s'imagine toujours que les autres font pareil), quand j'achéte un jeu j'ai l'espoir d'y jouer longtemps avec, pas de faire deux parties avant de passer au suivant.
Je comprends l'érosion des ventes lorsque les suppléments se multplient. Mais j'ai l'impression qu'on minimise le même phénomène avec le n+1ème jeu différent...
Ça me donne l'intuition (de béotien qui dit surement une bêtise) qu'un rééquilibrage est à chercher. Avec pas forcément des trouzaines de suppléments par jeu, mais pas non plus avec des trouzaines de jeux sans suivi...