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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : dim. nov. 29, 2020 12:19 am
par BenjaminP
Kass vient d'apprendre que le Psychophage, l'artefact qu'elle recherche depuis le début de l'aventure pour le compte de Syndra Silvane, a le pouvoir d'empêcher les morts de revenir à la vie. Elle continue sa visite des ruines d'Omu pour trouver les neuf clés qui la mènera à lui. Pendant ce temps, les Yuan-tis s'activent en coulisses...

***

Une fois les sorciers rouges sortis de ma vue, je tourne mon attention vers le sanctuaire où ils s'étaient réfugiés. Deux grands monolithes encadrent sa porte de pierre, décorés de l’image d’un jaguar portant six serpents. Je m’en approche pour en lire les inscriptions. « Shagambi nous enseigne à combattre le mal avec honneur ». Tiens, voilà qui diffère sensiblement des autres. De l’honneur, chez un dieu scélérat ? J’essaye de pousser la porte mais Apdrag doit venir me prêter main forte pour qu’elle daigne s’ouvrir. Au-delà, une volée de marches descend vers une salle rectangulaire au sol couvert de mousse. Quatre statues de guerriers omuéens en gardent les quatre coins, autour d’un puits recouvert d’une grille. Chacune paraît tenir une lance, bien qu’aucune arme ne soit plus visible entre leurs mains. De l’autre côté, un piédestal s’élève. Aucun cube n’est posé dessus. Derrière lui, le bas-relief représente le même kamadan que les monolithes de l’entrée. Cette fois, il combat Nangnang, le grung qui lui a volé sa lance sacrée. À gauche de la fresque, un étroit couloir permet d’accéder à un escalier.

Je m’approche du puits en sondant le sol devant moi. Il est profond, une vingtaine de pieds à vue d’œil. La grille ne doit pas être faite pour en barrer l’accès car un homme pourrait se glisser facilement entre les barreaux. Malheureusement, les parois sont un peu trop lisses pour qu’Eku ou Apdrag les escaladent sans peine, mais rien qui nous retienne moi et ma fidèle corde. Je descend, pose le pied au fond et le sens aussitôt s’enfoncer sous mon poids. Un bruit de métal rouillé se fait alors entendre à ma droite. La pièce est circulaire. Deux accès diamétralement opposés encadrés par des arches de six pieds. Je recule vers celle de gauche sans lâcher l’autre des yeux. Un coup d’œil rapide dans mon dos m’apprend que ce passage coudé aboutit à l’escalier qui longe la fresque au-dessus. « Apdrag, rapplique », pensé-je si fort qu’il m’entend et accourt avec Eku, juste à temps pour voir passer, à pas lents, le premier des quatre gladiateurs d’argile que j’ai libérés. « Combattre le mal avec honneur ». La fuite paraît exclue. Mais la retraite stratégique ?
— Apdrag, tu crois que tu peux tenir ce couloir quelques temps ?
Il acquiesce.
— Eku, reste derrière lui, et remonte à mon signal !
La lumière n’atteint pas le fond de ce puits, c’est ma chance et leur malheur. Je longe la paroi pour me trouver hors de leur vue. Apdrag est à présent leur seule cible et ils ne m’ont pas l’air tout à fait assez finaud pour déjouer notre piège : ils se précipitent tous les quatre vers le courageux saurien et se gênent sous l’arche. Je les aligne depuis ma planque, attends qu’ils me repèrent et lâche toute la puissance de l’anneau sur les quatre à la fois avant de saisir la corde pour remonter fissa. Trois d’entre eux me suivent, l’un par la corde, les deux autres par le mur, comme de fichues araignées. En haut, Eku m’a rejointe comme prévu. Je sectionne rapidement la corde, le premier s’écroule et je jette un œil à ma chère guide. Elle a le sourire aux lèvres, le regard déterminé. Nous sautons ensemble, chacune sur l’un de ces colosses aux pieds d’argile, qui dévalent la pente sous nos poids plumes.

En bas, Apdrag tient bon, même sans son bouclier. Le couloir est étroit et la lance du gladiateur n’est pas l’arme idéale. Eku maintient le sien au sol et le larde de coups. Moi, j’ai plus de mal. Il m’a dégagé comme un fétu. Heureusement, il peine à me distinguer dans l’obscurité. Le quatrième larron se relève. Je préviens Eku mais elle est trop embarrassée de son adversaire pour voir venir le coup et il lui embroche l’épaule. Elle est toujours debout, Dieux merci, mais la voilà aux prises contre deux de ces brutes. Elle ne tiendra pas très longtemps.
À ce moment, un éboulis d’argile retentit depuis le couloir, d’où Apdrag émerge, victorieux et extatique, un tout nouveau bouclier à la main qu’il interpose alors qu’une lance filait vers la gorge d’Eku. Jouant des pieds et de sa petite taille, il se débrouille pour placer notre guide dans son dos. Pendant ce temps, j’en prends plein la calebasse. Ma tête a dû doubler de volume, le sang me bat les tempes et mes oreilles sifflent pire qu’un chœur de chwingas. Dix secondes de plus à ce régime de pêches et je me retrouverai sur le carreau. Depuis le début de ce duel, j’attends une ouverture qui ne vient pas. Le colosse se protège bien derrière son bouclier qu’il m’envoie dans la figure à chaque fois que j’esquive sa lance. Heureusement, il n’a pas remarqué mon coup de vice : la belle plaque de glace vers laquelle je l’attire et sur laquelle il glisse pour s’écraser violemment au sol. Je n’en demandais pas plus. Il ne se relèvera plus.

Il n’en reste plus qu’un face à Apdrag et Eku, qui ne me voit pas venir. Je saisis son épaule et le fait pivoter, la figure droit sur ma lame. La dague s’enfonce dans son orbite de verre. Il explose en mille morceaux à son contact. Nous soufflons tous les trois un grand coup.
— Plutôt honorable, non ?
Je ramasse calmement les quatre lances qu’ils ont laissé derrière eux, ainsi qu’un bouclier. J’ai le sentiment qu’il me sera bien utile, on prend dans ces ruines un peu trop de coups à mon goût. Et puis Apdrag est enchanté de ces accessoires assortis.
Je remonte au niveau du sol et place sous le regard attentif d’Orvex les quatre lances entre les mains des statues. Le piédestal se met alors à vrombir et sa partie centrale s’élève alors soudain en tournant sur elle-même, comme un tire-bouchon sortant d’une bouteille. Là, bien logé dans la vis : le cube de Shagambi. Plus que sept.

Nous remontons l’avenue centrale avec prudence. L’attaque des Yuan-tis, hier soir, était une sérieuse mise en garde. Ils sont en terrain connu et paraissent privilégier l’embuscade. Impossible de baisser la garde. Mais si j’en crois Orvex, ils ne s’étaient jamais aventurés avant cela sur la rive ouest. Gageons qu’ils attendront quelques jours avant de recommencer.
Au bout d’un quart de lieue, nous parvenons à un autre campement au milieu des ruines. Des sacs éventrés autour de litières qui moisissent dans des tentes affalées. Au centre, un morceau de tissu jaunâtre flotte sur un pieu. Je m’en approche. L’étoffe est enroulée autour d’un parchemin, que je déroule avec précaution.
« Rue,
Denlin croit savoir où trouver l’œil de Zaltec ! Ce vieux bouc a déniché un obélisque au nord de la ville, qui marque l’entrée de la tombe des Neuf. L’œil devrait se trouver à l’intérieur, mais la porte est magiquement scellée. Nous pensons la clé cachée dans les sanctuaires.
Nous allons explorer les ruines. Avec un peu de chance, nous serons de retour ce soir. Le peuple serpent de Ras Nsi rôde, sois prudent. Si tu les aperçois, sonne le cor par deux fois, nous accourrons.
Pour le Jaune Étendard,
Seigneur Brixton »

Eh bien, on en trouve, des choses, dans cette tombe des Neuf. L’œil de Zaltec ? Qu’est-ce donc ? Aucun d’entre nous n’en a entendu parler. Tant pis. Au moins avons-nous un autre indice sur sa localisation proprement dite : un obélisque au nord de la ville. Avançons.

De l’autre côté de l’avenue, nous repérons un temple au toit plat, flanqué de deux monolithes comme à l’accoutumée. Un sanctuaire, certainement. La cour est encombrée de fougères. La porte principale est délicatement ornée d’un bas-relief sur lequel une sorte de lapin cornu charge un tout petit ours toutes griffes dehors. Un message en vieil omuéen vient s’y ajouter. « I’jin nous enseigne à suivre le chemin inattendu. » Il détaille ensuite l’histoire d’Ijin l’almiraj, qui a provoqué la fureur d’Obo’laka le zorbo en gâchant le ragoût d’Ubtao. Je pousse les portes.
Un dallage très complexe recouvre le sol de l’entrée. Chaque carreau représente un animal stylisé, zèbre, girafe, phacochère, tigre, singe, aigle, libellule et almiraj. Je jette un œil aux murs, évidemment percés de fentes. Un piège. Je décroche le bouclier de mon dos et m’en protège avant de poser un pied sur une première dalle. Je choisis celle qui représente l’almiraj… Tout se passe bien. Je tente alors de sauter sur la même représentation, à quelques mètres de là, mais elle s’enfonce sous mon poids et déclenche une volée de fléchettes. La plupart ricochent sur le bouclier mais l’une d’elles se plante dans mon épaule. Je sens instantanément le poison s’y répandre. Je grogne et sers les dents. [Kass comprend-elle le principe ? Insight DC15, 13+2 !] « Le chemin inattendu » est probablement celui qui ne se répète jamais… Je pose le pied sur un singe, puis un zèbre, un tigre, une girafe, un aigle… Plus de fléchettes. Mon épaule a viré au violet, mais la douleur est supportable à présent. J’enjoins mes compagnons à m’imiter, et nous voilà de l’autre côté, dans ce qui s’annonce comme un véritable labyrinthe.
Je pose ma main sur le mur de droite et me mets à le suivre diligemment, avec prudence. J’aboutis vite à un cul-de-sac, dont le fond est constituée d’une dalle qui ne m’inspire pas confiance. En l’examinant plus près, je distingue un mécanisme, et au plafond la lame qui certainement jaillit quand on l’actionne. Je continue ma route, toujours à main droite, jusqu’à aboutir après quelques détours à une porte, qui s’ouvre sur une petite salle occupée par un piédestal. Le cube d’I’jin est posé là, sans plus d’artifice. J’examine tout, le socle, les murs, le plafond en tous ses angles, sans rien trouvé de suspect. Je soulève le cube en tremblant, prête à bondir en arrière. Rien. Et de quatre. Il est temps de rentrer au camp.

[Le spectre de Dendar vient-il hanter Kass cette nuit-là ? 3, non.]
Ce matin, nous décidons de visiter le nord de la ville, vers l’obélisque dont parlait cette lettre mystérieuse. Sur le chemin, nous repérons le sanctuaire de Wongo, le rusé su. À l’intérieur, une énigme médiocre croit pouvoir nous arrêter ; elle a bien tort. Nous commençons à comprendre la logique de ses lieux, les sanctuaires ne devraient plus nous poser beaucoup de problèmes. [Le cinquième cube est récupéré (même six avec celui de Ras Nsi), les Yuan-tis passent à l’action. Agissent-ils tout de suite ? 6, oui.] Nous ressortons avec le cinquième cube, et c’est là que tout se complique : un détachement de Yuan-ti nous attend dehors. Ils sont nombreux, trop pour que nous puissions nous en sortir par le combat. Je lève et les mains et m’approche.
[Trois Yuan-Tis sont susceptibles de s’intéresser au sort de nos héros : Ras-Nsi, Fenthaza et Yarhu. Ras-Nsi a-t-il un projet pour Kass ? 4, oui. Fenthaza ? 5, oui, 14, mais, 5 contrechamp : ce n’est pas encore elle à la manœuvre ; Yarhu ? 1, non, mais : 11, et la lumière fut, il peut représenter une opportunité. Ce donc des yuan-tis fidèles à Ras Nsi qui se présentent ici.]
— Étrangers, le grand Ras-Nsi vous a convoqué en son palais.
— Maintenant ?
Je ne reçois pour toute réponse qu’un sifflement de mépris.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : mar. déc. 01, 2020 3:56 pm
par BenjaminP
Kass et ses compagnons sont tombés aux mains des Yuan-tis.
Un épisode avec plein d'oracles intéressants, qui correspond en gros à l'ensemble du chapitre 4 que je trouve très bien écrit, même s'il gagnerait à davantage mettre l'accent sur la lutte de pouvoir triangulaire qui l'anime.


***

« Oh ! Quelqu’un ? Je croyais que Ras Nsi voulait nous voir ? »
Seul mon écho amplifié me répond. Voilà un quart de cadran que nous sommes plongés dans un puits circulaire, pieds et poings liés, un sac sur la tête et de l’eau jusqu’à la ceinture. Les Yuan-tis ne voulaient pas que nous puissions repérer l'entrée de leur repaire, sans négociation possible, et voilà comment nous en sommes arrivés là. Le pauvre Apdrag doit être épuisé à force de devoir se dresser hors de l’eau pour respirer. Je ne sens pas son habituel parfum d’inquiétude, mais l’odeur de renfermé et de moisissure est telle qu’elle doit le recouvrir.
Je tente de retracer le chemin que nous avons parcouru depuis le sanctuaire de Wongo. Nous avions le soleil en face, nous avons donc marché vers l’est de la ville, jusqu'à traverser à gué la rivière débordante comme on pouvait s'en douter : les ruines du palais royal sont situées au-delà. Ils ne se seraient pas donné tout ce mal pour nous empêcher de le localiser s'ils étaient tout simplement installés au palais, mais l'entrée de leur repaire ne doit pas en être loin. Ensuite, nous avons bifurqué vers le nord et nous sommes descendus. La température et l’humidité des lieux m’indiquent d'ailleurs que nous ne sommes plus en surface. Voilà tout ce que je sais.
« Tu as un plan ? me demande Eku.
— Pas vraiment. Des pistes.
— Comme ?
— Nous rendre utiles. Mais pour ça, il faudrait que je connaisse leurs objectifs. Sont-ils là pour protéger le Psychophage, ou le cherchent-ils eux-mêmes ? »
[En l’absence de l’anneau, la malédiction a-t-elle empiré ? 5, oui.]
Tout mon corps me démange. Les écailles ont gagné du terrain, je le sens. Mes bras, mes cuisses se raidissent. Il faut que je récupère l’anneau. Il faut que je me protège du Dévoreur.

Un lourd grincement se fait entendre. Sûrement la grille au-dessus de nous qu’on soulève. Je sens quelque chose me frôler et se prendre dans la chaîne qui relie mes poignets, et voilà qu’on me hisse hors du puits. Enfin, on délasse l’épaisse toile de jute qui me couvrait la tête. Je cligne des yeux face à la vive lumière d’une torche, tenue par une main reptilienne, aux écailles abimées et cassantes. Le temps d’accoutumer mes pupilles, ils ont déjà sorti Apdrag et Eku du puits. Orvex suit. Nos geôliers sont trois, deux hommes plutôt costauds et ce Yuan-ti fripé. J’envisage un instant d’en étrangler un avec mes chaînes pendant que mes compagnons s’occuperaient des deux autres. L’un d’eux doit bien avoir sur lui la clé de nos chaînes, et nous pourrions récupérer leurs armes. Mais entravés comme nous sommes l’issue d’un tel assaut serait incertaine. Je préfère attendre une meilleure opportunité.

À leur suite, nous traversons plusieurs pièces. Dans la première, un autel menaçant, percé de niches où sont déposés des crânes, orné de menottes et barbouillé de sang, dont le surplus s’écoule dans des rigoles et zigzague entre des urnes débordant d’os et de viscères pour finir évacuer dans les murs, vers on ne sait trop où. Une femme superbe est postée derrière cet autel, drapée dans une étoffe d’un jaune éclatant qui contraste avec sa peau d’ébène et rappelle l’or des serpents qui décorent ses oreilles, son cou et ses poignets. Elle plante ses yeux dans les miens comme pour déchiffrer mon âme. Je soutiens ce regard inquisiteur, plus par habitude que par défi. Alors elle s’élève, et je découvre horrifiée que le bas de son corps depuis la taille n’est qu’écailles ondulantes, serpent d’émeraude qui soutient ce buste divin. Elle contourne l’autel et s’approche, près, tout près, jusqu’à me toucher presque. D’un doigt, elle écarte une mèche de mes cheveux. Ses bras sont couverts de sang jusqu’aux coudes.
« La marque », siffle-t-elle à mon oreille. « Tu as la marque de Dendar. » Puis, tout haut :
« Yarhu ? Où emmènes-tu ces prisonniers ?
Elle emploie pour s’adresser à lui un mélange de commun et de draconique, probablement leur vernaculaire. Heureusement pour moi, ce n’est pas le genre de dialectes qui me résiste.
— À Ras Nsi, Fenthaza.
— Que leur veut-il ?
— J’ignore les projets du grand prêtre dont nous ne sommes que les humbles servants. Voudras-tu les interroger ensuite, prêtresse ?
— Ta fourberie n’a d’égale que ton adresse, suave espion sycophante, répond-elle d’un ton doucereux, sans cesser de me détailler. Oui, tu me les amènera ensuite.

Le dénommé Yarhu me pousse sans ménagement vers un couloir, qui débouche sur ce qui pourrait être l’entrée de leur domaine : une petite salle bien gardée, fermée à droite par deux lourdes portes d’airain aux pieds desquelles a été creusée une fosse de cinq pieds de large qui grouille de serpents. Nous ne nous y attardons pas et obliquons sur la gauche vers un vaste hall. Quatre piliers décorés de bas-reliefs soutiennent la voûte que vient gratter une statue monumentale en plein centre, à près de vingt pieds du sol. Un cobra enroulé et prêt à mordre. Les torches diffusent une étrange lumière verte dans une atmosphère saturée d’odeurs de bouse. Dans un coin de la pièce, une charrette attend, attelé à une bête phénoménale, cuirassée et triplement cornue.
Le contingent de gardes présents est sous le commandement d’un humain gras et flasque, ou de ce qui paraît l’être. Il titille à l’aide d’une baguette deux étranges reptiles parquées dans un enclos, leur tête couverte d’une capuche de cuir.
— Des basiliques, murmure Orvex. Méfiance. Ne les regarde pas.

La salle se prolonge face à nous en un large couloir à colonnades, mais nous bifurquons sur notre gauche pour contourner un gong et déboucher au balcon d’une improbable cathédrale souterraine. À notre gauche, un autre balcon, encore plus haut, orne l’extrémité de la nef. Les chapiteaux des piliers qui le soutiennent dessinent des visages reptiliens, desquels s’écoule une cascade visqueuse. L’odeur puissante et suave qui s’en dégage assaille nos narines sur-le-champ. La tête me tourne, comme pour éviter de prendre conscience qu’il s’agit bien là du sang des sacrifiés sur l’autel de Fenthaza, venant remplir à gros bouillons le bassin en demi-cercle à mes pieds. La nef est vide. Heureusement. Je préfère ne pas assister au genre de culte qui se pratique en ces lieux. Nous empruntons une rampe pour descendre dans la nef, que nous traversons jusqu’ à une double porte. De l’autre côté : un long couloir, spacieux, bien gardé, qui débouche enfin dans la salle où trône Ras Nsi.
Putride. Verruqueux. Cadavérique. Le mal qui ronge Ras Nsi se perçoit du premier coup d’œil, autant qu’il s’entend. Sa respiration sifflante peine à soulever son torse couvert de bandages tachés d’humeurs nauséabondes. Le bas de son corps, serpent semblable à celui de Fenthaza, paraît avoir stoppé sa mue au mauvais stade. Des cloques pleines de pue éclatent entre ses écailles, qui se déchaussent et tombent en pluie de pellicules autour des neuf têtes de l’hydre de son trône. Sur son front, un triangle bleu lui descend entre les yeux.
« Voilà le véhicule », articule-t-il péniblement tandis qu’il me dévisage. « Bien. Qu’elle approche. »
Yarhu me pousse dans la direction du monstre, qui descend péniblement de son piédestal pour parvenir à ma hauteur. Sa langue bifide vient me caresser les joues. L’odeur est insoutenable.
« Dendar t’a choisie, mortelle. Il ne m’appartient pas de juger cette décision. Et sa libération est proche grâce à toi. C’était là son unique but. Tu n’es pas digne de conserver en toi un fragment de son âme. Elle me revient de droit. Je serai Son héraut. Et je serai le seul. »
Perchée sur sa queue serpentine, il me tourne autour et m’ausculte sous tous les angles.
« Oui, délicieuse, délicieuse. Revigorante. Préparez le sacrifice ! Amenez-les à Fenthaza.
[Alors là, c’est l’oracle ultime. Normalement, Kass a assez d’éléments pour relier les points. Elle sait que le psychophage aspire l’énergie des morts revenus à la vie (elle l’a appris grâce aux sorciers rouges), et elle sait par Artus que Ras Nsi est mort plus d’une fois. Elle peut donc déduire que le Psychophage est la cause de son dépérissement, et que par conséquent ce n’est pas lui ni qui le détient ni qui l’active, et qu’il aurait intérêt à ce qu’il soit détruit. Mais le déduit-elle ? 6, OUI !!!]
— Attends !
— Tu oses ? hoquète-t-il avant de me cracher ses poumons dans la face.
— Je veux tout autant que toi libérer le Dévoreur des mondes. Comment pourrais-je ne pas le vouloir ? Me crois-tu capable de résister à Sa volonté ?
— Parfait. Tu ne débattras pas quand j’aspirerai ton cœur.
— Mais toi, tu ne pourras pas le libérer. Tu es trop faible. Tu es mourant.
Sa peau blafarde tourne au pourpre.
— Comment ? Pour qui te prends-tu ? Misérable ver ! s’énerve-t-il.
La peau de sa poitrine se craquèle sous l’effort, tandis que son souffle produit un inquiétant sifflement.
— Pour l’humble serviteur du Serpent. Je peux t’aider Ras Nsi. Ici, à Omu, se cache le Psychophage. C’est lui qui te détruit. C’est lui qui pompe tes forces depuis quelques mois. Le savais-tu seulement ? Je peux te redonner ta vigueur, Ras Nsi. Je peux te permettre de retrouver la force de libérer le Dévoreur.
[Ras Nsi perçoit-il une opportunité de survie ? Très probable, 5, oui.]
[Et je note là une incongruité dans l’aventure telle qu’écrite, puisqu’elle précise que Ras Nsi et les Yuan-tis s’efforcent aussi de trouver les cubes, et que Ras Nsi en détient même un lui-même. Mais pourquoi ? Comme il ignore tout du Psychophage, et qu’il n’a pas de raison de croire que libérer Dendar passe par la tombe des Neuf (alors que si ; décidément, il est mal renseigné), il devrait s’en ficher royalement, de ces cubes. C’est d’ailleurs bien plus probable qu’il les laisse tranquilles, puisque sans cela, il les aurait récupérés depuis longtemps et aucun cube ne serait plus dans les sanctuaires depuis un bail ! Je vais donc me contenter de dire que Ras Nsi en possède un dont il ne sait trop quoi faire, un vieux cadeau qui lui sert de presse-papiers dans son bureau, quoi. Les Yuan-tis ne les cherchent pas au-delà de ça.]
Il hésite, tourne sept fois sa langue fourchue dans sa bouche et prononce enfin les mots libérateurs.
— De quoi as-tu besoin, impudente ?
— De ma liberté de mouvement. La mienne et celle de mes compagnons. Je dois trouver l’emplacement de la tombe des Neuf et les cubes qui permettent de l’ouvrir.
[Désigne-t-il une escorte ? 3, non.] [Mais cela ne l’empêchera pas de faire surveiller Kass de loin. Par Yarhu ? 2, non. Par Sekelok, alors. Son garde du corps.]
[On va quand même faire un petit Deception Check pour voir à quel point il peut croire Kass. Disons qu’il était hostile mais que la discussion l’a rendu neutre : 9+7 : il accepte sans prendre de risque ni rien sacrifier. Il compte toujours « avaler » Kass à un moment ou à un autre.]
L’atmosphère est à couper au couteau. Apdrag et Eku respirent à peine. Les gardes ne bougent pas un muscle. Même le dénommé Yarhu, ce molosse reptilien au cou de taureau, est suspendu au jugement de son chef comme le naufragé à sa ligne de vie. Après cette longue hésitation, Ras Nsi se détourne enfin de moi et remonte les quelques marches qui le séparent de son trône en ondulant, où il s’affale, épuisé par l’effort.
— J’ai ici même un de ces cubes dont tu parles. Quand tu auras trouvé les autres, et l’emplacement de la tombe, Sekelok te l’apportera. Il entrera avec toi. Cela devrait te passer l’envie de trahir.
Son garde du corps abandonne soudain son impassibilité pour adopter une expression de franche surprise. Depuis le début de l’entrevue, celui-là me rappelle douloureusement à mon devenir. Il a l’air humain, à première vue. Un grand gaillard à la mâchoire carrée et aux épaules larges. C’est dans le détail que tout cloche. Ses pupilles fendues, son cou trop long, ses genoux trop arrondis, ses plaques d’écailles disséminées sur le corps. Voilà ce que je suis moi aussi. Une monstrueuse hybride, humanoïde en dehors, serpent en dedans. Et si je ne chasse pas Dendar de mon esprit, je voilà ce que je resterai.
— Il t’est formellement interdit de quitter Omu, poursuit-il, revigoré par un nouvel espoir. Sache que les moyens de te surveiller ne me manquent pas.
Il lance alors à mes pieds une petite demi-sphère, taillée dans ce qui ressemble à de l’onyx. Elle vient rouler à mes pieds. Je la ramasse. Sur sa face plane, un bas-relief représente la moitié d’une tête de serpent.
— Tu utiliseras ça pour me prévenir. Et maintenant va !
Puis, se tournant vers notre ange gardien :
— Yarhu ! Ramène-les dehors avec leur équipement.
Yarhu s’incline et tire sur nos chaînes. Tandis que nous nous éloignons, je devine le sourire obscène de Ras Nsi.

Nous retraçons le chemin en sens inverse en direction des geôles. À mes côtés, Apdrag diffuse un odeur de cannelle, signe d’impatience et de frustration. Je sais qu’il voudrait que nous accomplissions la mission d’Artus, que nous tuions Ras Nsi. J’espère qu’il comprend que c’est pour l’instant hors de notre portée.
Parvenus dans la salle de l’autel où nous avions croisé la prêtresse, Yarhu stoppe notre cortège et s’en va frapper à une petite porte. Ayant obtenu une réponse, il l’ouvre et nous y entraîne, après avoir ordonné à ses sbires de rester dehors.
— Merci, Yarhu. Tu peux sortir à présent, murmure Fenthaza entre ses belles dents blanches.
[Un petit Insight DC 15 pour savoir si Kass se doute du jeu de pouvoir ici à l’œuvre : 19+2 !!! Kass comprend tout à la psychologie Yuan-ti !]
Intéressant. Fenthaza ne souhaite pas que ce Yarhu entende notre conversation, semble-t-il. Pourquoi ? Certainement parce que, d’une, ce qu’elle va nous dire ne doit pas parvenir aux oreilles de Ras Nsi, et, deux, qu’elle n’a pas confiance en Yarhu, à qui elle a pourtant déjà demandé un service contrevenant aux ordres du chef. Ces trois-là forment un triangle fascinant.
— Que cherches-tu exactement, tiefline ?
Il me faut quelques instants pour comprendre que ces paroles me sont parvenues sans qu’elle n’articule le moindre mot. Elle a décidément peur qu’on l’entende…
— Le Psychophage.
— Intéressant. Pourquoi ?
— L’argent.
— Qui te paye ?
— La Guilde de Baldur.
— Combien te paye-t-il ?
— Ma vie.
— Vaut-elle tant que cela ?
— Valeur sentimentale.
— Je double ce prix.
— Le prix de mon sentiment ?
— Petite idiote !
Cette fois, c’était à haute voix. Elle reprend à mots couverts :
— Tu ne détruiras pas le Psychophage. Mais tu feras semblant.
— Et Sekelok ?
— Aucune importance.
— Tu ne veux pas sauver Ras Nsi, n’est-ce pas ?
— C’est moi qui pose les questions.
[Je vois deux façons de procéder pour Fenthaza, j’ignore laquelle choisir. C’est donc un boulot pour l’oracle. Tel que je le vois, soit elle laisse à Kass la bride sur le cou, en la persuadant qu’il est dans son intérêt de laisser mourir Ras Nsi, soit elle l’implique dans un coup d’État violent. Coup d’État violent ? 3, non, 15, mais : ce n’est que partie remise. Elle ne compte pas sur la mort lente de Ras Nsi. Elle va donc tenter, a minima, de retarder les choses, ce qui implique de se débarrasser de Kass si celle-ci ne joue pas le jeu.]
— Tu vas bien m’écouter, impertinente, reprend-elle en pointant sur moi son doigt bagué. Tu vas poursuivre ta quête comme si de rien n’était et poursuivre ce miroir aux alouettes aussi longtemps qu’il le faudra, est-ce compris ?
[Jet de sauvegarde d’int DC 13, avantage (présence d’Apdrag) : 7, 14]
Je sens qu’elle fouaille mon âme à la recherche d’une prise, d’un terreur, d’un cauchemar qu’elle pourrait invoquer en renfort de sa tentative d’intimidation, mais la présence rassurante de mes compagnons à mes côtés me protège et me conforte. Elle ne trouvera rien, rien que je ne sache déjà, rien.
— Bah ! lance-t-elle par dépit. Hors de ma vue. Yarhu !
La porte s’ouvre en un instant. Yarhu ne se cache pas beaucoup de l’espionner, dirait-on. Que veut-il exactement, celui-là ?

[C’est vrai, ça. Que veut-il ? Le plus avantageux pour lui : que Fenthaza lance trop tôt son assaut et qu’elle se casse les dents, puis que Kass ne trouve pas à temps le Psychophage afin de se débarrasser aussi de Ras Nsi. Autrement dit : se débarrasser de Kass ET de Fenthaza. Mais dans quel ordre ? S’il veut que Fenthaza passe à l’action, il faut qu’il laisse à Kass le temps de faire craindre à Fenthaza que le Psychophage pourrait être bientôt détruit. Son plan machiavélique est à présent clair : aider Kass pour la mettre sur la voie et ainsi pousser Fenthaza à agir vite, puis se retourner contre Kass et l’empêcher d’atteindre le Psychophage. Ouf !]

Enfin, nous sommes sortis du temple souterrain, avec tout notre équipement, et nous pouvons pousser un grand « ouf » de soulagement collectif. Mais Apdrag ne perd pas une minute et vient se planter devant moi, l’air grave. Il pointe du doigt l’entrée du temple et passe son doigt sous gorge comme s’il craignait, pour une fois, qu’un subtil parfum de vengeance ne suffirait pas à me faire comprendre ses intentions.
— Je sais, mon ami. Rassure-toi. D’une manière ou d’une autre, cette vieille baderne puante mourra, tu peux me croire. En son propre temple, tout le monde veut sa mort. Fenthaza, Yarhu, sans parler de toi ! Tous veulent se débarrasser de lui. Il a trop duré au sommet, c’est la rançon de la politique. Et je n’ai moi-même pas dit mon dernier mot. Mais admets qu’il était impossible d’agir, enchaînés et désarmés, au milieu de tous ces monstres !
Apdrag s’apaise quelque peu. Moi, je tourne et retourne l’anneau de l’hiver autour de mon index, caressant son chaton comme si ma vie dépendait de lui. Parce que c’est le cas, j’en ai bien peur. Le peu de temps que j’ai passé séparée de lui a provoqué une aggravation notable de mon état. Je me rapproche de plus en plus de ces Yuan-tis, et rien ne m’effraie plus que ça. La tombe des Neuf, que j’y meurs ou que je m’en sorte, paraît bien désirable à côté d’une telle transformation. Hâtons-nous. Il nous reste quatre sanctuaires à visiter.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : jeu. déc. 03, 2020 8:07 pm
par BenjaminP
Voilà achevé le sanctuaire du Serpent, qui correspond au chapitre 4 de la campagne, bien que la structure à partir de là s’amollisse et autorise les allers-retours. Il n'est pas dit que j'en fasse, cependant, à moins que j'aie envie d'un épilogue...

Autre chose : la campagne prévoit que les aventuriers seront niv 9 pour le chapitre 5 (contre 7-9 pour le) et si cela avait été plutôt très bien calibré jusque-là, je ne vois pas comment ils espèrent faire passer deux niveaux à des joueurs dans le chapitre 4 où tout dissuade d’un assaut frontal contre les Yuan-tis, dont ne verrait pas vraiment l’intérêt, hormis pour récupérer le ou les cubes en possession de Ras Nsi (or, on a bien vu qu’ils ne pouvaient être là que par hasard, je ne vois donc pas des PJs penser à aller là-bas chercher les cubes. Ils se diraient plutôt que ce sont les Sorciers rouges, ou une autre faction. Je me demande même si des PJs penseraient à poser la question à Ras Nsi… Ils auraient plutôt intérêt à lui cacher ça).
Pour la suite, je vais sauter le reste des sanctuaires (les quatre cubes encore à récupérer) ; ce sont des énigmes qui se prêtent peu au jeu solo. Par ailleurs, d’un point de vue romanesque, ce ne serait pas palpitant de revenir au type d’action du chapitre précédent.
On va donc aller droit au but et reprendre in media res…

Kass and Co ont récupéré les trois autres cubes et envoient le message à Ras Nsi. Que va-t-il se passer ?


***

[Assistera-t-on à une tentative d’assassinat de Fenthaza ? 2, non, 15, mais. Bon, plutôt que de chercher des heures, je tire sur la table de verbe ce que fera Fenthaza : 87, chante. Voyons voyons… Elle chante, probablement pour un rituel… À moins qu’elle le fasse pour séduire quelqu’un ? Un adjectif : 80, Vif. Elle chante pour ramener à la vie, pour réveiller. Réveiller quoi ? Mais le roi des plumes, bien sûr ! Elle chante pour le réveiller. Ça tombe bien, son repaire est juste à côté de l’entrée de la tombe des Neuf (le monolithe dont Kass a appris l’existence et l’emplacement dans la lettre de l’étendard jaune) !]

« Craignez la nuit ténébreuse où l’Oublié se saisira du manteau de la faucheuse,
où la mer s’assèchera et les morts se lèveront, où moi, Acererak l’Éternel,
je moissonnerai le monde des vivants. Que ceux qui entrent ici le sachent :
Les ennemis s’opposent.
L’un se tient au milieu des autres,
dans les ténèbres, caché.
Portez le masque ou soyez vu.
Ne parlez pas en vérité à l’enfant condamné.
Les clés ne tournent qu’à l’intérieur. »

Je frotte encore le bas du monolithe, des fois qu’un vers ou deux serait encore masqué par la poussière, sans résultat. Acererak n’est donc pas seulement le mal ancestral, il est aussi poète. Bon à savoir. Je discute avec Orvex d’autres interprétations possibles de telle ou telle partie, mais nous tombons d’accord pour dire que, faute de contexte, tout cela reste bien mystérieux.
C’est à ce moment que nous la remarquons : une mélodie lancinante qui nous parvient portée par un vent soudain. D’abord discrète, puis plus insistante. Il doit s’agir du cortège de Ras Nsi, que nous avons prévenu le matin même. Les neuf cubes sont en notre possession, nous n’attendons plus que le sien, au pied de la falaise nord où se dresse ce monolithe qui, selon toute vraisemblance, marque l’entrée de la tombe des Neuf. Nous avons déjà repéré une première galerie qui contient neuf statue, une par scélérat, dont un bassin d’huile à leurs pieds s’enflamme quand on approche le bon cube. Huit de ces bassins brillent déjà. En attendant les Yuan-tis, je tripote entre mes doigts le pendentif récupéré sur la statue de Unkh.

La délégation Yuan-tis apparaît enfin, qui remonte l’avenue. Ras Nsi est hissé sur un char doré que tire le reptile à trois cornes. Deux femmes se prélassent sur des coussins en sa compagnie, et Sekelok marche à ses côtés. Une douzaine de guerriers à diverses stades de la transformation les accompagnent. Mais je ne repère aucun musicien. D’où vient donc cette musique ? Sekelok a l’air nerveux et tend le cou dans sa direction. Elle provient de l’ouest, vers l’amphithéâtre. Cela ne me dit rien qui vaille. Je préviens mes camarades, qui n’avaient pas vraiment besoin de moi pour être sur le qui-vive. Apdrag a la main posé sur le pommeau de Vengeresse. Eku a déjà lancé quelques sortilèges de protection et le pauvre Orvex déglutit tant qu’il va finir par avaler sa langue.
Je n’attends pas que Ras Nsi descende de son embarcation pour l’interpeler.
« Tu as apporté le neuvième cube ? »
Ras Nsi se penche vers Sekelok. Après avoir écouté son maître, celui-ci quitte la délégation pour s’approcher de nous, un sac de cuir en bandoulière. Mais il s’arrête soudain. La terre vient de trembler. Une fois, puis deux, trois. Des pas. Les pas d’une créature gigantesque. Les Yuan-tis tournent précipitamment le char de Ras-Nsi mais trop tard : précédé par un nuages de guêpes voraces, un tyran, le plus grand tyran que j’ai jamais vu, passe derrière eux une tête couronnée de plumes et emporte entre ses crocs grands comme un cheval trois des Yuan-tis.
[Apdrag va-t-il en profiter pour s’en prendre à Ras-Nsi ? 2, non.]

Je décoche trois flèches en rafale droit dans son énorme caboche avant de me placer derrière le monolithe. Je m’attends à ce qu’il se retourne dans ma direction mais Sekelok est en train de brailler et se place juste sous sa gorge qu’il entaille profondément avec un cri de victoire un peu prématuré, car le tyran se redresse et abat d’un coup ses mâchoires sur le Yuan-ti. Je m’attends à voir son corps coupé en deux retomber de part et d’autre de la gueule du monstre, mais contre toute attente, cela ne se produit pas : à peine égratigné, Sekelok a réussi à se placer entre deux canines et tente de s’extraire du piège. Étonnée du prodige, je ne vois pas venir la queue du tyran qui vient s’enrouler autour de l’obélisque qui en tremble sur sa base ; ma flèche dévie complètement tandis que je me retrouve violemment projetée au sol. [Détruit-il le monolithe ? 2, non !]
D’un œil couvert de poussière, je distingue le tyran rediriger son ire sur le char de Ras-Nsi qui s’enfuit. Il ouvre grand la gueule [À qui le tyran s’en prend-il ? 1-2 Sekelok, 3-4 Ras Nsi, 5-6 la concubine. 5] et laisse dévaler Sekelok avant de la refermer sur la première des concubines qu’il déchire à belles dents.

— Neema !
Le cri est déchirant. Il vient de Sekelok. Je ne savais pas que les Yuan-Tis pouvaient pleurer, encore moins aussi visiblement. Le pauvre a l’air d’avoir eu le cœur brisé d’un seul coup. Moi, je suis revenue me placer à l’ombre de l’obélisque. [Sur qui le coup de queue cette fois ? 1-2 Sekelok, 3-4 Ras Nsi, 5-6 Kass. 6, Kass. Mais raté ! Détruit-il le monolithe ? 6, oui !] Mauvais choix : la queue du tyran, au contraire de la foudre, s’abat au même endroit. Heureusement, le monument absorbe le gros du choc, au point de se désintégrer sous l’impact. Et pendant que, fou de rage et de douleur, Sekelok finit son travail sur la gorge du reptile qui s’écroule enfin, j’observe moi s’élever des gravats une obscure fumée noire qui ne me dit rien qui vaille…

Alors que tous s’apprêtaient à souffler après cet assaut terrible, la brume malsaine se solidifie au-dessus de nous et prend les traits de la plus ignoble des créatures, sorte de sanglier ailé, à six défenses et six mamelles, dont la gueule déformée produit sur-le-champ une incantation sortie tout droit des abysses. Elle veut notre peau, et bons dieux qu’elle paraît capable de nous écorcher vifs.
Nous reculons tous d’instinct, la peur au ventre, hormis Apdrag qui brandit fièrement Vengeresse et se propulse dans la direction du démon pour le ramener au sol du revers de sa lame. Le temps que nous reprenions tous peu à peu nos esprits, Apdrag est à la peine. La bête a passé sa garde et tente de le déposséder de son bouclier. Comme mes flèches ricochent sur son cuir, je me jette sur son dos armée de la dague d’Artus, aux côtés de Sekelok venu me seconder. Ce n’est pas très efficace mais c’est suffisant : alors qu’elle lève haut ses deux bras pour m’arracher à ses épaules, Apdrag glisse son fer entre deux cotes et la transperce. Le démon disparaît dans le néant.

Depuis son char endommagé, Ras Nsi contemple la scène. Il a tiré son épée, mais il est visiblement trop faible pour en faire quoi que ce soit. La moitié de son escouade a péri, ainsi que l’un de ses concubines, dont Sekolok vient serrer le cadavre contre son cœur sous le regard méprisant de son maître, qui crache au sol.
— Eh bien, Sekolok. Va racheter ton honneur en mourant pour moi dans cette tombe avec l’étrangère et ses amis. Je t’interdis d’en sortir tant que ce « Psychophage » fonctionnera.
Ce fier guerrier, fidèle, loyal jusqu’à l’excès, que même la mâchoire d’un tyran n’a su rompre, est en train de se liquéfier sous mes yeux, anéanti par la douleur devant le cadavre de celle qu’il aimait au-delà du devoir. Il n’a même plus la force de le cacher à son maître, qui ne voit plus en lui qu’une faiblesse. Je ne connais pas Sekelok, mais je sais qu’il est brisé. Et je crois, au contraire de Ras Nsi, qu’il s’agit là d’un espoir. Pour moi comme pour lui.
***

Et là voilà enfin qui s'ouvre : la tombe de l'horreur !
Alors, pour tout vous dire, ce n'est pas l'épisode que j'attends avec le plus d'impatience. Avec l'expérience, j'ai découvert que, contrairement à ce que je pensais avant de tenter l'aventure, les donjons préécrits (au sens large, c'est-à-dire les lieux précisément cartographiés, avec passages obligés) m'ennuient un peu en solo. Je préfère le grand air et les larges possibilités, ou à la rigueur les donjons aléatoires. Il y a aussi la question des pièges, qu'il est franchement difficile d'adapter (quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a plusieurs qu'il y a des problèmes). Je pense aller beaucoup plus vite dans la tombe pour cette raison. Enfin, on verra bien !

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : ven. déc. 04, 2020 6:18 am
par Vorghyrn
BenjaminP a écrit : jeu. déc. 03, 2020 8:07 pm Et là voilà enfin qui s'ouvre : la tombe de l'horreur !
Alors, pour tout vous dire, ce n'est pas l'épisode que j'attends avec le plus d'impatience. Avec l'expérience, j'ai découvert que, contrairement à ce que je pensais avant de tenter l'aventure, les donjons préécrits (au sens large, c'est-à-dire les lieux précisément cartographiés, avec passages obligés) m'ennuient un peu en solo. Je préfère le grand air et les larges possibilités, ou à la rigueur les donjons aléatoires. Il y a aussi la question des pièges, qu'il est franchement difficile d'adapter (quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a plusieurs qu'il y a des problèmes). Je pense aller beaucoup plus vite dans la tombe pour cette raison. Enfin, on verra bien !

Personnellement, je trouve qu'ajouter un front ou un objectif au donjon le rend beaucoup plus savoureux (et évite l'exploration systématique). Retrouver les quatre pierres des éléments avant que le groupe rival ne le fasse, empêcher le mage dément de finir son rituel, quitter la tombe avant qu'elle ne s'écroule etc...

Sinon, j'ai tendance à considérer le donjon pré-écris comme une base ou une trame mais à broder autour. Et je reconfigure complétement les rencontres et les pièges. Je leur laissent la "saveur" de ce qui est écrit mais je change le moteur derrière pour l'adapter au solo (et je n'hésite pas à trancher dans le gras si il y a trop de pièges / rencontres, tout ça pouvant très bien devenir des manœuvre de MC ou des rencontre sans danger destinée à instillé le climat du donjon)

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : ven. déc. 04, 2020 9:43 am
par BenjaminP
Vorghyrn a écrit : ven. déc. 04, 2020 6:18 am Personnellement, je trouve qu'ajouter un front ou un objectif au donjon le rend beaucoup plus savoureux (et évite l'exploration systématique). Retrouver les quatre pierres des éléments avant que le groupe rival ne le fasse, empêcher le mage dément de finir son rituel, quitter la tombe avant qu'elle ne s'écroule etc...

Il y a bien l'objectif de base, bien sûr (le psychophage), que je vais essayer de triturer (qu'en faire, en fait ? Le détruire, vraiment ?), et l'objectif principal du protagoniste (trouver la couronne d'opale et se débarrasser de sa malédiction avant qu'elle ne la consume), et je vais en effet ajouter deux fronts : Sekelok (un genre de grenade dégoupillée dont on ne sait quand elle explosera) et Yarhu/Fenthasa (mais pour le coup, je pense que ça se passera hors de la tombe, hors champ).

Vorghyrn a écrit : ven. déc. 04, 2020 6:18 am Sinon, j'ai tendance à considérer le donjon pré-écris comme une base ou une trame mais à broder autour. Et je reconfigure complétement les rencontres et les pièges. Je leur laissent la "saveur" de ce qui est écrit mais je change le moteur derrière pour l'adapter au solo (et je n'hésite pas à trancher dans le gras si il y a trop de pièges / rencontres, tout ça pouvant très bien devenir des manœuvre de MC ou des rencontre sans danger destinée à instillé le climat du donjon)

Trancher dans le gras, c'est sûr, ne serait-ce que parce que sinon ce serait interminable et bien trop mortel. C'est conçu comme un meat grinder, les persos sont censés y tomber comme des mouches, il y a même des règles prévues pour leur remplacement. Mais hors de ça j'essaye quand même de le jouer au plus près du livre, à la fois parce que c'est l'expérience de base (j'avais envie de jouer la tombe de l'annihilation, pas seulement m'en inspirer) et parce que ça me permet de vraiment "tester" le module, ce que je découvre : je ne pensais pas que le solo pouvait faire ça, mais en fait si, complètement, c'est même je crois l'un des meilleurs moyens. Ma compréhension du module est infiniment supérieure à ce que j'aurais obtenu par une simple lecture, voire deux, même poussées, même dans le détail, alors même que je ne l'ai pas vraiment "lu". Ce que je trouve super chouette. Si j'avais le temps, je le ferais maintenant systématiquement, pour tout module que je compterais faire jouer à d'autres.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : lun. déc. 07, 2020 11:15 am
par BenjaminP
La fin est proche !
Comme je le présageais, l'exploration de la tombe des Neuf est chouette à jouer mais elle serait un peu fastidieuse si je conservais le même format. Je vais donc changer de rythme et, plutôt que d'écrire au fur et à mesure comme je m'y suis pris jusqu'à présent, je jouerai rapidement la tombe niveau par niveau, avant de tout résumer façon journal de bord. Ça fait un peu disparaître les didascalies ludiques, mais je me rattrape avec un résumé final.


***

Notre première journée dans la tombe s’achève. Je suis là dans mon élément, une ruine ancestrale, piégée jusqu’à la trame, qu’il s’agit d’explorer avec méthode et discernement. L’urgence était de nous confectionner un camp de base qui servira à la fois de point de repli et bivouac, d’autant plus que le mécanisme d’ouverture principal interdit de trop fréquents allers et retours. Il nous faudra dormir ici peut-être plusieurs jours. Combien ? Aucune idée. Il faudrait connaître la profondeur exacte des lieux, ce qui pourrait se faire par deux méthodes inductives : aujourd’hui, au cours de notre exploration complète du premier niveau, nous avons exhumé les lieux de repos de trois des neuf scélérats. La tombe compte donc au moins trois niveaux semblables à celui-ci, et probablement un de plus, comme c’est souvent le cas, pour les ouvriers. Mais une autre méthode est mois optimiste : dans le coin nord-ouest, un gouffre s’ouvre jusqu’à un lac souterrain situé au moins cent pieds plus bas, bien trop pour quatre niveaux. Alors ? Cinq ? Six ? Ras Nsi nous a dotés de provisions pour une bonne semaine, peut-être dix jours en se rationnant. Cela devrait suffire. Ne nous inquiétons pas de ça.

Inquiétons-nous du reste. La tombe est habitée. Comme le sait la sagesse populaire, le cas est plutôt fréquent. Les esprits sont rarement en repos dans des endroits comme celui-là, d’autant qu’il ne s’agit pas du tombeau d’un seul mais des neuf scélérats, qui tous semblent nourrir la même rancune tenace pour le dénommé Acererak, du moins les trois que nous avons déjà rencontrés : Wongo, le monstre Su, qui s’est acoquiné de Sekelok — il aura probablement senti que le pauvre Sang Pur n’avait plus rien à perdre ; mieux, qu’il est déjà déterminé à mourir ici —, Moa, la sage jaculi, grâce à laquelle Apdrag paraît à présent doué d’invisibilité, et Obolaka, la zorbo, qui murmure maintenant à mon oreille. Jusque-là, la logique de la tombe est claire : le poème d’Acererak à l’entrée était à prendre au pied de la lettre. L’enfant désignait Nepartak, reine d’Omu morte à neuf ans, enterrée ici même, mais encore consciente et innocente. Porter les masques, dans la tombe d’Obo’Laka, permettait bien de ne pas être vu des spectres qui la hantaient. Le reste faisait allusion au mécanisme d’ouverture de la porte, qui reposait sur l’antagonisme des Scélérats. Chacun de ces esprits à un ennemi juré (c’est ainsi que Sekelok et apdrag se regarde à présent en chiens de faïence), hormis Unkh le placide escargot (celui qui se tient « au milieu des autres »), mais tous sont unis dans la haine de celui qui, non content de les enfermer vivants, a forcé leurs fidèles à bâtir leur tombe.

Les fidèles, parlons-en : nous avons aperçu dans la cage d’escalier principale l’ombre furtive d’un nain qui s’est rapidement enfoncé dans les niveaux inférieurs à notre approche. Je n’ai pas voulu le poursuivre, j’ai même dû retenir Sekelok qui s’était lancé comme une flèche sur ses traces. Cela aurait été le meilleur moyen de finir empalés dans une fosse. Nous avons pour l’instant déjoué tous les pièges tendus sur notre passage, mais ils sont de plus en plus vicieux. La prudence est de mise… Patience et longueur de temps.
Nous avons établi nos quartiers au nord ouest, près d’une fontaine. La pièce n’admet qu’un seul accès, que l’anneau de l’hiver me permet de sceller sans peine. Quelques salles plus loin coule une rivière qui nous approvisionnera en eau claire (Obo’laka m’a conseillé de ne pas boire à la fontaine). Sekelok est prostré dans un coin. Je soupçonne Ras Nsi de lui avoir commandé de nous tuer une fois le Psychophage détruit, mais je doute qu’il survive jusque-là. Il est habité de l’envie de mort. Et si Wongo en venait à prendre les commandes, il serait rapidement exaucé. Eku et Apdrag jouent calmement aux cartes. Je suis dans mon hamac, à jouer avec les ombres qui dansent contre le mur. J’ai l’impression de pouvoir les modeler.

*

Deuxième nuit de bivouac, deuxième niveau exploré. Un adorable dragonnet dort profondément sur ma poitrine tandis que je feuillette le journal d’un certain Withers, Gorra de son vivant, l’architecte de la tombe. Outre cette pièce essentielle que je compulse frénétiquement, la moisson du jour était excellente : nous avons trouvé les tombes de Nangnang et Papazotl, dont l’esprit ne cesse de piailler pour Eku, ce qui la rend passablement nerveuse. Surtout, nous avons découvert la forge, où se terraient les nains, gardiens de la tombe, dont nous n’avons fait qu’une bouchée. Je suis à l’aise, ici. J’ai l’impression de comprendre, d’enfin maîtriser les choses. L’ombre est mon alliée. Mieux : les habitants de cet endroit croient tous l’avoir de leur côté. Fatale erreur. Elle n’aime que moi. Quand l’ombre m’enveloppe, ils ne me voient plus. Moi, je les vois. Et les renvoyer dans l’enfer qu’ils n’auraient jamais dû quitter devient un jeu d’enfant. Quant à Withers, il a jugé bon de faire le malin. Nous avons discuté un peu, avant qu’il n’opte pour la trop fameuse réplique « maintenant vous allez périr ». Pauvre fou. Quand il a compris qu’il ne pouvait rien contre moi, il a tenté de fuir vers la forge, barrant le couloir d’un mur de feu que j’ai franchi d’un saut pour l’embrocher derrière, dans une odeur de cheveux grillés. Les nains ont alors lancé sur moi l’un de leur gardiens, un cadavre rapiécé constitué des corps des précédents aventuriers de cette tombe perdue. C’est là qu’Eku, irritée par l’esprit de l’éblis, a fait parler la poudre. Une boule de feu les a tous engloutis. Il ne nous restait plus qu’à finir le travail, et ce fut promptement réglé.

C’est là, au milieu des décombres de la forge, que j’ai trouvé Dezlzeb, qui jouait avec le feu. Elle m’a sauté dans les bras, comme si elle m’avait toujours connue. La connexion s’est tout de suite établie. Dezl. Elle me tient chaud dans mon hamac. J’ai toujours rêvé d’avoir un dragonnet.

Un passage attire mon attention dans le journal de Withers : « Le maître est revenu avec un cadeau merveilleux : une création rejetée des dieux, morte et pourtant vivante. Celui-qui-voit-tout ne la voit pas, et la Mère des Illusions passe au travers. Le maître compte l’élever jusqu’à la puissance en la gavant des âmes des morts. Il a pour cela amené ici les Sœurs cousues, qui l’aident à construire l’appareil qui se chargera de l’alimenter. »
Voilà donc ce que mijote Acererak : il pompe les âmes mortes grâce au Psychophage pour nourrir la création dévoyée de divinités lointaines. Et les Sœurs cousues sont dans cette tombe. Je ne serai pas ravie de les revoir, celles-là. Quand à Celui qui voit tout, qui cela peut bien être ? Et cette Mère des Illusions ? Méfions-nous, il se pourrait que les prochains niveaux se révèlent un peu plus coriaces.

[Le dragonnet est bien sûr le familier de Kass, à présent Ranger 5/Warlock 3. Vous noterez que c’est en théorie un peu juste pour explorer la tombe, mais en réalité, j’ai plutôt l’impression de me balader pour l’instant, alors que j’ai suivi rigoureusement le module jusqu’ici. Il faut dire que ce perso est conçu pour explorer les tombes, elle a tout ce qu’il faut pour, en particulier la possibilité de ne jamais toucher le sol ou presque, de combattre bien mieux dans l’obscurité, d’attaquer la première, de détecter les pièges, de les désamorcer, de crocheter les serrures, bref, une vraie tomb raideuse. Mais ça ne fait pas tout ; le nail in the coffin, en réalité, c’est qu’à ma grande surprise cette tombe ne comporte aucune rencontre aléatoire ; on peut s’y reposer autant qu’on veut. Rien ne l’empêche. Les monstres sont statiques, et comme ce sont des morts-vivants pour la plupart, et quand ce n’en sont pas, ils sont magiquement liés aux salles, il n’y a pas d’écologie à proprement parler, en dehors des nains pas vraiment dangereux. J’ai quand même choisi de n’accorder qu’un seul repos par niveau, et c’est pour l’instant amplement suffisant. Mais face à des PJs, je ne sais pas trop comment je gérerais ça. On ne peut décemment pas leur interdire tout repos, cela deviendrait mission impossible. Un par niveau, c’est bien, mais c’est arbitraire.]

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : mar. déc. 08, 2020 12:11 pm
par BenjaminP
Troisième niveau, et un bout du quatrième... La malédiction pointe le bout de sa langue fourchue.

*

Troisième bivouac. Nous sommes toujours là, mais nous avons eu chaud dans la dernière salle du niveau suivant, au système d’ouverture particulièrement tordu. C’était une grande pièce circulaire, éclairée par des milliers de bougie. En son centre, une sphère lévitait au-dessus du sol, camouflée sous un drap. J’ai ôté le drap de loin, et sa magie s’est révélée : un puissant aimant, qui a attiré Apdrag a lui presque instantanément. C’est là que le maître des lieux est entré en scène. Celui-qui-voit-tout. Un Beholder, une bestiole que j’ai beaucoup étudiée heureusement. Et pour ne rien arranger, celui-là était invisible. Il nous a pris par surprise et a bien failli terrasser Eku, qui n’a dû son salut qu’à sa puissante magie restauratrice. [Elle a raté son JdS contre la pétrification et a dû lancer Greater Restoration sur elle-même pour éviter d’y passer.] Je nous ai rapidement mis à l’abri dans une sphère de ténèbres avant d’aller recouvrir cette maudite sphère de son dais et de libérer Apdrag. Eku a pu ensuite lever l’invisibilité du monstre, qui ne pouvait plus grand-chose et s’est mis à pester dans une langue inconnue même de moi : soit il nous fixait de son œil central pour nous voir, mais alors, sa magie devenait inopérante, soit il nous laissait dans les ténèbres et ne parvenaient pas à nous voir de ses maudits pédoncules. Je l’ai tiré comme un lapin depuis l’abri de l’ombre. Sekelok, toujours aussi hardi et téméraire, a bien failli y rester aussi quand il a stupidement décidé de sortir des ténèbres pour pouvoir se battre. Il a fallu toute mon éloquence pour le persuader que l’heure de son sacrifice n’était pas encore venue. [Eh oui, un Beholder est absolument désemparé face à un sort de Ténèbres : soit il y braque son œil anti-magie, et alors il ne peut plus se servir de ces autres rayons contre les occupants, soit il laisse les Ténèbres tranquilles, mais comme il ne voit plus ses occupants, il ne peut plus les cibler. Tip pour le MJ qui voudrait s’assurer que son Beholder ne sera pas à la merci d’une telle tactique : lui donner Vision réelle. (Bien sûr, les PJs dans les Ténèbres ne peuvent pas le blesser, mais rien ne les empêche de sortir, tirer, revenir. Le Beholder a dans ce cas la possibilité de « préparer son action », et il balancera ses trois rayons sur le premier qui sort. Mais Kass voit dans les ténèbres magiques grâce à Devil’s Sight…)]

En chemin, nous avons trouvé une tombe de plus : celle d’Ijin. Et encore un explorateur mort avant notre venue, issu de cet Étendard jaune dont nous avions déjà croisé la route. Oh, et nous avons aussi manqué de périr dans un piège particulièrement vicieux : une salle qui s’est tout entière transformée en centrifugeuse, dont il a fallu forcer la porte alors que nous étions secoué tels des fétus dans une tornade, le tout tandis que la température grimpait à belle allure. Demain, ce sera le quatrième niveau. Les choses se corsent.

*

Comme prévu, tout empire. La journée d’hier était compliquée, celle d’aujourd’hui terrible. Ce quatrième jour d’exploration aurait même pu se solder par notre mort à tous. Tout avait bien commencé pourtant. Nous avions trouvé la salle du trône, mais le Psychophage ne s’y trouvait pas, pas plus que la couronne d’opale. Seulement quelques zombies sans cervelle en train de peindre au mur les fresques de nos exploits, ce qui signifiait que, contrairement à ce que je pensais, se débarrasser de Withers et prendre nos quartiers dans la Forge, près du bassin de divination, ne nous a pas dérobés au regard scrutateur des occupants de ces lieux. Près du trône se trouvait dans une alcôve le sarcophage de Napaka, la petite-fille de Zalkoré, qui a bien failli avoir notre peau. Je pensais avoir désamorcé le piège, mais il était plus vicieux que prévu. Tout ça pour un sceptre au pommeau d’adamantine apparemment sans grande valeur, et un collier dont Eku s’est emparée. Ses perles brillent d’un éclat brûlant.

Après cela, tout est allé de mal en pis. Nous sommes tombés sur le tombeau d’Unkh, une grande salle décorée de fresques, que j’ai imprudemment parcourues du doigt. Je me suis alors sentie aspirée et me suis retrouvée prisonnière du labyrinthe qui y était représenté. Je pouvais malgré tout voir mes compagnons à l’extérieur, gigantesques. C’est là que les murs se sont ouverts tout autour d’eux pour découvrir dix minotaures squelettiques, leurs yeux incandescents animés de la rage du combat. Eku a tenté de les disperser en jetant une des perles du collier qui partit en boule de feu à leur contact, mais ce ne fut pas très efficace et mes amis se sont rapidement retrouvés encerclés. Ils se faisaient tailler en pièce sans que je puisse les défendre. J’ai parcouru le labyrinthe en tout sens avant de tomber sur une clé en cristal dont je me suis emparée. Dès que je l’ai touchée, ma prison s’est désagrégée autour de moi. J’étais de retour dans la salle. Apdrag faisait face à trois squelettes trois fois grands comme lui, Sekelok, renversé au sol, s’était fait encorner par deux autres. Quant à Eku, elle gisait entre eux deux, baignant dans son sang. Le mien n’a fait qu’un tour. J’ai sauté sur l’estrade, sans trop réfléchir, sans bien préparer mon coup, droit dans la mêlée. Nous avons vaincu, mais Eku était au plus mal et nous pas bien vaillants. Il fallait remonter.

De retour dans la Forge, Apdrag s’est tant occupé d’Eku que, le soir venu, il s’est endormi au beau milieu de son tour de garde. [Comme j’ai besoin d’un repos avant d’avoir fini l’exploration de cet étage, je lance un oracle : La tombe les laissera-t-elle tranquille ? Non, et : tout empire. Double rencontre, Eku encore indisposée, tout le monde dort.] C’est bien sûr à ce moment que la tombe a lâché ses chiens sur nous, ses cadavres rapiécés qui lui servent de gardiens. Heureusement, Dezlzeb m’a réveillé juste à temps et je me suis mise en travers de leur route. Seulement, je n’étais pas de taille. Pas seule contre deux de ces monstres. Dezl est allé réveiller Sek et Apdrag, juste à temps. J’ai survécu. Nous avons survécu. Mais le choc a été rude.
[Tout le monde a fini cette rencontre à une attaque de la mort. C’était chaud patate.]

Dans un demi-sommeil embrouillé, j’ai revu le serpent. J’ai senti qu’il m’avalait. Il a fini par trouver le chemin vers mon âme malgré l’anneau. La fin est proche. Si je ne trouve pas demain la couronne d’opale, je ne m’appartiendrai plus. [La malédiction a-t-elle empiré ? Oui !!! C’est la-dernière case de l’horologe. Kass doit donc trouver la couronne le lendemain quoi qu’il arrive, baston ou pas.] Les écailles ont gagné toute ma peau et je sens ma volonté qui vacille. Dieux, faites que je sois forte.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : jeu. déc. 10, 2020 10:25 am
par BenjaminP
Fin du niveau 4 et niveau 5 de la tombe des Neuf... Où la malédiction connaît enfin sa résolution dramatique.

***

Le matin venu, nous voilà repartis clopin-clopant. Dezlzeb essaye de me dérider mais je n’ai pas le cœur à rire. Apdrag a sursauté quand il m’a vue au réveil. Il a détourné le regard pour faire comme si de rien n’était mais lorsque j’ai surpris mon reflet sur une plaque de métal poli, j’ai compris. Mes pupilles se sont fendues dans la nuit. L’ombre gagne. Nous redescendons.
Il nous reste la partie est du quatrième niveau à visiter. L’escalier principal ne descend pas plus bas, mais il semblerait qu’existe encore, en dessous, un autre niveau autrement accessible, que l’on aperçoit au fond de certains gouffres creusés dans le sol dallé. Je n’ai plus le choix, déjà mon esprit se dérobe par moments et j’ai comme des absences. Mon âme se dissout, ma volonté avec.

Par chance elle n’était pas loin. La voilà, devant moi. La couronne d’opale. Nous l’avons trouvée dans une sorte de dédale au sud-est, dont elle occupe le centre. Je la regarde et je le sens. Elle contient les fragments d’âme de Dendar. [Attention, gros oracle : Kass est-elle capable de résister à la tentation de la couronne et de s’unir aux autres fragments ? 1 ; non.] [Il faudra donc payer cher pour s’en sortir.] Je m’agenouille. La libération est proche. Des filaments de ténèbres s’en élève et viennent s’unir à moi. Je la dépose sur ma tête. Je m’effondre.
Dans les brumes j’entends le cri d’Apdrag [Apdrag va-t-il tenter de la sauver ? Probable, 3, oui.]. Il s’empare de la couronne et s’enfuit. J’émerge. Il me la faut. Dendar l’exige. Je le poursuis dans le dédale jusqu’à la gueule ouverte d’un démon sculpté, dans laquelle une sphère de ténèbres dévore toute lumière. [Apdrag va-t-il la lancer dans la sphère ? 3, non, 14 et : il la garde envers et contre tout !] Il est acculé. Je me jette sur lui. [Que va-t-il arriver à la couronne ? Je jette sur la table de verbes : 51 : Attends ; pas terrible, j’inverse : 15, Recrute. Quelqu’un d’autre va-t-il intervenir ? 6, oui, 14 et : 20, À charge de revanche. Parfait !] Il tient bon mais je parviens à lui tordre le bras pour qu’il lâche. Je vois la couronne tomber vers le sol au ralenti. Je lance ma main vers elle et ne rencontre que le vide : la couronne a filé, comme animée d’une vie propre, droit vers la sphère où elle s'enfonce, engloutie par le néant. Derrière moi, Eku, bras tendu, sourit. Dezlzeb est posé sur son épaule. « Tu nous a sauvés la vie à tous, et plus d’une fois. Nous ne laisserons pas ton âme au Dévoreur. »

Soudain, une déflagration. Ma tête éclate et je perds le contrôle de mes membres. Ma vue se déforme, mes oreilles sifflent, le hurlement silencieux de l'âme de Dendar réduite en morceaux à tout jamais. Derrière Eku, une ombre sort lentement de la sphère. Elle m’est familière. Je la reconnais même dans le brouillard de mon esprit en train de se reformer. C’est le spectre de mon cauchemar, porteur comme moi d’un fragment de l’âme de Dendar, enfin libéré. Eku se retourne. Je veux crier mais ma langue reste collée à mon palais. Eku se perd dans les yeux noirs et la voilà qui s’effrite, s’étiole et disparaît dans un vent de poussière, juste avant qu'Apdrag enfonce Vengeresse dans l’ombre qui éclate alors en mille morceaux. Et le silence se fait.
Dans la poussière d’Eku, un petit être s’agite. C’est Dezlzeb. Elle n’a plus de pattes. Sur son petit corps de dragonnet lui ont poussé des plumes.
[Eku se réincarne-t-elle dans Dez ? 4, OUI ! Ça m’arrange bien (d’où la question), parce que sans les sorts d’Eku, en particulier dispel et detect magic, je ne serais pas rendu, la tombe serait infaisable. Voilà donc Kass toujours détentrice d’un fragment d’âme de Dendar, mais la couronne ayant été détruite par une sphère d’annihilation avec les autres fragments qu’elle contenait déjà, le retour du Dévoreur n’est plus à l’ordre du jour. La malédiction est levée, et not a moment too soon. La mort d’Eku n’était pas programmée, elle a simplement raté de plus de 5 son jet de sauvegarde contre le Death Gaze du Bodak, ce qui la fait tomber à 0 automatiquement. J’ai posé la question de sa survie à l’oracle, qui n’en a pas voulu, et je crois qu’il a eu raison. Après tout, « il va falloir payer cher pour s’en sortir. » Conserver son essence dans le familier de Kass, qui passe donc de pseudodragon à bébé couatl, me convient bien, des fois que je voudrais jouer la suite.]
Le silence s'est fait dans ma tête. Le noyau noir du Dévoreur est toujours là, maintenant environné de silence. Il a cessé de murmurer à mon oreille. Il n'appelle plus. Il est vaincu. Mon âme a repris sa place. Je rampe jusqu'à Dezl en pleurant et la ramasse. Elle est vivante.

[Voilà le niveau 4 fini. Ils n’ont pas trouvé la tombe de Shagambi.]

*

Sixième jour dans la tombe. Premier jour sans Eku. Apdrag et moi sommes emplis de chagrin. J’essaye de lui expliquer que la transformation de Dezlzeb lui doit quelque chose, que, peut-être, elle aurait réussi à lui transmettre un peu de son essence lors de ce sinistre ballet des fragments d’âme. Les plumes, l’absence de patte, le corps plus souple et plus fluide : Dezl est à présent plus proche du Couatl que du dragon, non ? Quand je me concentre, j’ai même l’impression que je peux lui parler, qu’elle m’entend depuis ce petit corps, qu’elle nous regarde et veillera sur nous. Apdrag est sceptique, mais il fait semblant d’y croire pour me faire plaisir.

Le cinquième niveau était encore plus étrange que les précédents, mais heureusement moins dangereux. En revanche, il remporte haut la main la palme de l’exotisme comme de l’ingénierie. Construit sur un lac souterrain, il emploie les mouvements de la masse d’eau pour alimenter un système d’engrenages qui permet d’en faire pivoter les salles. Nous avons dû expérimenter longuement pour trouver la disposition qui nous mènerait plus bas, et nous l’avons enfin trouvée en fin de journée. Au-delà de l’escalier que nous emprunterons demain, un gouffre, un autre, a attiré notre attention. Nous nous en sommes approchés. Sa géométrie défiait les lois ordinaires : il s’élevait bien au-dessus de nos têtes, mais là où le niveau supérieur aurait dû se trouver n’apparaissait que le vide, et encore au-dessus un vortex bleuté d’où jaillissait les deux chaînes titanesques qui le parcouraient de haut en bas, depuis ces hauteurs jusqu’en des profondeurs insondables. Avant d’avoir pu l’observer de plus près, les créatures les plus extraordinaires sont apparues : de petits cubes ailés, armés d’arcs courts, qui escortaient une sorte d’étoile de mer mécanique aux commandes d’un décaèdre en cristal. Nous les croyions pas hostiles, nous nous sommes bien trompés. Après un ordre de l’étoile, ils nous ont criblé de flèches comme un seul homme. Tandis qu’Apdrag et Sekelok leur rendaient la pareille, j’ai disparu dans l’ombre pour reparaître à l’intérieur du décaèdre faire son affaire à ce cinq-branches. Ce fut rapide, mais l’appareil a explosé en vol et je me suis vue un instant disparaître au fond du gouffre. J’ai accroché in extremis une des chaînes qui m’a subitement tirée vers le haut. Un saut plus loin, et je me trouvais de l’autre côté du gouffre.

Poussant l’exploration, nous avons atteint un gigantesque astrolabe, qui figurait Toril, son soleil et sa lune au milieu des plans. Quelques leviers permettaient de visualiser des configurations stellaires diverses, et je n’ai pu résister à l’envie d’aligner les astres. Ceci fait, Toril s’est ouverte en deux, révélant un fabuleux trésor. Des pièces d’or à ne pas savoir les compter. Si je pouvais sortir de cette tombe avec ne serait-ce que le dixième en poche, ma fortune serait faite.

***

Et la prochaine session sera la dernière !

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : sam. déc. 12, 2020 1:33 pm
par BenjaminP
Niveaux 5 et 6 ! (En vrai j'ai fini mais je vais couper le CR en deux, d'une parce qu'il serait trop long sinon, de deux parce que j'ai envie d'ajouter un petit topo "conclusif", mon impression sur la campagne, sur le solo, tout ça. Ça arrive bientôt !

***

Sixième jour dans la tombe. Premier jour sans Eku. Apdrag et moi sommes emplis de chagrin. J’essaye de lui expliquer que la transformation de Dezlzeb lui doit quelque chose, que, peut-être, elle aurait réussi à lui transmettre un peu de son essence lors de ce sinistre ballet des fragments d’âme. Les plumes, l’absence de patte, le corps plus souple et plus fluide : Dezl est à présent plus proche du Couatl que du dragon, non ? Quand je me concentre, j’ai même l’impression que je peux lui parler, qu’elle m’entend depuis ce petit corps, qu’elle nous regarde et veillera sur nous. Apdrag est sceptique, mais il fait semblant d’y croire pour me faire plaisir.

Le cinquième niveau était encore plus étrange que les précédents, mais heureusement moins dangereux. En revanche, il remporte haut la main la palme de l’exotisme comme de l’ingénierie. Construit sur un lac souterrain, il emploie les mouvements de la masse d’eau pour alimenter un système d’engrenages qui permet d’en faire pivoter les salles. Nous avons dû expérimenter longuement pour trouver la disposition qui nous mènerait plus bas, et nous l’avons enfin trouvée en fin de journée. Au-delà de l’escalier que nous emprunterons demain, un gouffre, un autre, a attiré notre attention. Nous nous en sommes approchés. Sa géométrie défiait les lois ordinaires : il s’élevait bien au-dessus de nos têtes, mais là où le niveau supérieur aurait dû se trouver n’apparaissait que le vide, et encore au-dessus un vortex bleuté d’où jaillissait les deux chaînes titanesques qui le parcouraient de haut en bas, depuis ces hauteurs jusqu’en des profondeurs insondables. Avant d’avoir pu l’observer de plus près, les créatures les plus extraordinaires sont apparues : de petits cubes ailés, armés d’arcs courts, qui escortaient une sorte d’étoile de mer mécanique aux commandes d’un décaèdre en cristal. Nous les croyions pas hostiles, nous nous sommes bien trompés. Après un ordre de l’étoile, ils nous ont criblé de flèches comme un seul homme. Tandis qu’Apdrag et Sekelok leur rendaient la pareille, j’ai disparu dans l’ombre pour reparaître à l’intérieur du décaèdre faire son affaire à ce cinq-branches. Ce fut rapide, mais l’appareil a explosé en vol et je me suis vue un instant disparaître au fond du gouffre. J’ai accroché in extremis une des chaînes qui m’a subitement tirée vers le haut. Un saut plus loin, et je me trouvais de l’autre côté du gouffre.
Poussant l’exploration, nous avons atteint un gigantesque astrolabe, qui figurait Toril, son soleil et sa lune au milieu des plans. Quelques leviers permettaient de visualiser des configurations stellaires diverses, et je n’ai pu résister à l’envie d’aligner les astres. Ceci fait, Toril s’est ouverte en deux, révélant un fabuleux trésor. Des pièces d’or à ne pas savoir les compter. Si je pouvais sortir de cette tombe avec ne serait-ce que le dixième en poche, ma fortune sera faite.

*

Septième jour. Les provisions s’épuisent. Il ne faut plus trop traîner.
Depuis la forge, nous descendons. Dezlzeb est enroulé autour de mon poignet, d’où les écailles ont complètement disparu. Les lieux nous sont devenus familiers. La cage d’escalier monumentale, les statues de gargouille à quatre bras qui attendent leur écot, le murmure du lac. Nous ne sommes plus que trois et un petit Couatl et les dieux seuls savent ce qui nous attend. Le couloir du pourrissement, qui nous à coûté nos armures la première fois que nous y sommes passés. Et au bout, l’escalier. Le dernier escalier. Nous descendons.
À ses pieds, un jardin pousse par on ne sait quelle magie. Une mélodie aigre et fausse y résonne. Au fond, perdu dans un nuage de rosée malsaine, une vaste porte close. Drezlzeb se crispe autour de mon bras. Il y a quelqu’un. Mais où ?
« Nani Pu, Nani Pu, te voilà enfin venu parmi nous !
— Oui, Nani Pu, avec nous ! »
Les voix sortent de nulle part et de partout à la fois. Je sais de qui il s’agit. Les Sœurs cousues, ces sorcières qui ont voulu enlever Eku. Je pose ma main droite sur le petit Couatl, lui gratte le cou.
— Si vous la voulez tant, il faudra venir me l’arracher, mégères !
Deux rayons de lune se matérialisent simultanément. J’en évite un par réflexe, mais Sekelok est frappé de plein fouet et met un genou à terre. Les voilà. Cette fois, elles ne m’échapperont pas.
Je m’élance vers la première en criant à Apdrag de s’en prendre à l’autre. Il ne se fait pas prier, Vengeresse est née pour ça. Réduites à deux, elles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Leur magie est pour ainsi dire anéantie, comme le montre Sekelok qui reprend rapidement ses forces. Le combat est rapide et violent. Trois battements de cœur plus tard, Apdrag a découpé Veuve-la-Chèvre et je saisis Nana Baggi par son cou de poulet.
« Parle, sorcière ! Qui y a-t-il derrière cette porte ?
— Pitié, pitié, méchante ! Derrière, l’astropale mange, et nous le nourrissons.
— Qu’est-ce ?
— Ce n’est qu’un enfant, ayez pitié !
— Quoi d’autre ?
Je serre.
— Pitié, pitié ! Je dirai tout ! Le bibliothécaire, Ygga Raxyg, il en sait long, lui ! Allez le trouver !
— Où ?
— Derrière, derrière !
— Et ?
Je serre.
— Sortir, sortir ! Vous voudrez sortir de la tombe ensuite, je parie ? Oui ? Je peux vous dire comment ! Revenez après, je vous dirai ! Gentille, gentille !
Je la lâche, elle s’écroule. Apdrag pousse un cri et me fait signe de venir le voir, à l’autre bout du jardin. Je la traîne par les cheveux jusqu’à lui. Une cabane. Une cage. Et dans la cage : Eku.
Enfin, presque. Elle est plus petite. Plus laide. Le dos rond, la poitrine cave. Drezlzeb quitte mon poignet et vient se poser face à elle, ailes écartées.
— Qu’est-ce que c’est que ça, sorcière ?
Je lui colle la figure sur la cage.
— Mais c’est elle ! C’est elle ! Tu la connais n’est-ce pas ?
La femme, la presque-Eku s’agite. Elle a l’air effrayé d’une orpheline. Je reprends la sorcière par le col.
— Attends ! Attends ! C’est un cheveu ! Un cheveu d’elle ! C’est d’un cheveu d’elle qu’elle est née !
— Monstre.
— Méchante, méchante ! Sans nous, l’astropale aurait dévoré son âme ! Sans nous, plus de Nani Pu ! C’est nous qui l’avons conservée, qui l’avons préservée, nous qui… »
Je cogne sa tête sur les barreaux, une fois, deux fois, trois fois, je ne m’arrête plus, je cogne jusqu’à ce que le crâne ne soit plus que pulpe et le corps une pâte molle.

Je dépose une outre d’eau et un peu de viande séchée devant la prisonnière, qui s’en empare, avide. « Merci. » Elle a sa voix. J’imagine qu’il y a ici une forme de poésie. Eku la Couatl s’est unie à Nani Pu pour ne plus faire qu’un, et là voilà qui est séparée de nouveau, un Couatl et une presque-Eku. Son âme a toujours été trop grande pour un seul corps.
— Attends-nous ici.
Je me dirige vers la porte, Drezl sur mes épaules, Apdrag à mes côtés, Sekelok en arrière. Au-delà du seuil nous attend un effrayant spectacle.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : lun. déc. 14, 2020 11:29 am
par BenjaminP
Voici le texte récupéré.

***

Dans une grande salle triangulaire, au-dessus d’un lac de lave en fusion, un fœtus de titan pustuleux lévite. Un cordon céphalique le relie à un appareillage central, sorte de chaudron démoniaque d’où paraît émaner ce dont l’obscène créature se repaît : l’âme des morts, de tous les morts de Chult, qu’on entend crisser comme au supplice. Leur moelle substantifique ainsi acheminée depuis le Psychophage fait onduler sa chair ténébreuse ; elle vient gonfler ses joues bouffies et rembourrer ses bourrelets obscènes. L’air ravi, le regard torve, elle flotte et engloutit cette substance, l’essence distillée des êtres, avec la satisfaction repue d’un bébé tout juste nourri au sein. Un haut le cœur nous saisit, qui ne nous quittera plus. Le regarder est insoutenable. Sa présence nous salit à elle seule. S’en rapprocher est impensable.

Le courageux Apdrag y parvient pourtant : il s’engage résolu sur l’une des trois poutres de métal qui maintiennent le Psychophage au-dessus du magma. Chaque pas lui coûte si cher que, parvenu au milieu de sa course, il paraît plus vieux de dix ou vingt ans. J’encoche une flèche. Mes mains tremblent.
Apdrag s’est saisi du cordon. Une fumée noire s’élève, il hurle mais tient bon. Il tire un grand coup, ramenant l’astropale à notre portée, puis, d’un seul coup porté par Vengeresse dont l’éclat soudain envahit la pièce, il le tranche. Le bébé hurle, un cri que jamais je n’oublierai. Il m’a vidé de moi-même. Mes jambes ne me portaient plus. Me sentant défaillir, Drezlzeb se saisit du collier d’Eku qui ornait mon poignet depuis sa disparition. Elle s’envole et le jette droit sur ce nourrisson démoniaque. L’explosion qui s’ensuit est comme un soulagement, elle me ramène au monde. Je tire ma flèche dans son œil glauque qu’elle transperce tout net, pendant que Vengeresse l’éviscère. Il s’effondre, se dégonfle, se liquéfie en une masse purulente que la lave purifie.

De l’autre côté de la pièce, une silhouette est apparue au balcon. Un squelette en grande tenue, couronne sur la tête. Il tient dans ses mains un bâton surmonté d’un crâne. Son torse est orné d’un talisman noir comme la nuit. À ses côtés, une sphère, semblable à celle qui a vu naître le spectre de la bouche démoniaque, avale toute lumière. « Pitoyables mortels. Vous n’avez pas idée de ce que vous venez gâcher. » En nous, les esprits des Scélérats s’agitent. C’est lui, leur ennemi ancestral : Acererak. Leur vengeance sera terrible.
À peine a-t-il achevé sa phrase prétentieuse que me voilà sur lui, dague d’Artus en avant, qui vient se planter entre ses côtes. Il rit et d’un geste amène sa sphère de ténèbres droit sur moi. D’une pirouette, je saute la rambarde et me raccroche à la balustrade. Il en a fallu d’un cheveu que la sphère ne m’engloutisse, et voilà Acererak qui pose sa main sur la mienne pour me forcer à lâcher prise. Le contact est froid comme la mort, mais l’anneau de l’hiver me protège et je tiens bon. Dépité, il tente de cogner mes phalanges de son bâton, mais Drez surgit qui referme ses mâchoires sur son précieux talisman. [Parvient-elle à le subtiliser ? 2, non.] Il la chasse d’un revers de la main, ce qui me laisse le temps de remonter [Apdrag parvient-il jusqu’au balcon nord ? 6, oui 15 ET : entrée en scène : c’est l’esprit de Nangnang qui l’y aide] pendant qu’en contrebas Apdrag, habité de l’esprit de Nangnang, court le long du mur avec l’aisance du lézard pour prendre la liche à revers. Vengeresse s’abat. Sans même regarder dans sa direction, Acererak lève la main ; une vibration dans l’air, et la lame s’arrête net.

Depuis la terrasse à l’autre bout de la pièce, Sekelok est désemparé par cette succession d’événements. Je sais qu’il hésite. Je sais qu’il est loyal à Ras Nsi mais qu’il lui en veut tant qu’il est capable de tout. Il tergiverse, puis bande son arc et tire, mais le sort de protection d’Acererak est trop puissant. Cela me laisse cependant une ouverture que je parviens à exploiter. Mon attaque porte si bien qu’il recule, mais alors que je le pensais en difficulté, une vague de mort se dégage de lui qui manque de m’emporter. Apdrag lui aussi est sonné, et la liche se saisit de lui. Je vois la mort se propager le long du bras du saurien, j’entends la malédiction proférée. Il faut faire vite. Je ne le laisserai pas tuer Apdrag, mon cher, mon dernier compagnon. Alors déboule Drez qui d’un cri dissipe la protection de la liche. Vengeresse se lève et s’abat en un battement de cœur. Apdrag se dégage, pantelant mais vivant. Furieux, Acererak s’apprête à l’achever d’un revers de manche quand trois flèches parfaitement ajustées viennent se planter dans sa tête, son torse, son bras. Là bas, Sekelok esquisse un sourire et Drez en profite pour plonger sur le talisman qu’elle parvient cette fois à dérober et à lâcher dans la lave [Parvient-elle à le subtiliser ? 5, oui.]. Dans sa rage, la liche fait déferler une nouvelle vague de mort. Je pose un genou à terre. Apdrag est inconscient. Acererak pointe un doigt vengeur sur Drez qui disparaît dans le néant, puis il s’approche de moi. Lève son bâton bien haut. Il ne voit pas le bloc de glace qui s’est formé derrière lui. Avant que son coup ne porte, je tourne le chaton de l’anneau de l’hiver. Le bloc file dans le dos de la liche et la bouscule vers la rambarde où elle bascule, avant de s’abîmer dans le magma brûlant.

[Fiou. Alors, bon, ce combat est rigolo mais c’est toujours difficile côté MJ de gérer une créature pareille. Elle aurait probablement pu mieux se défendre, mais reste que l’économie des actions est clairement en sa défaveur puisqu’elle est seule pour ce combat. En revanche, disposer de l’esprit des scélérats est in-dis-pen-sable : ils confèrent 50 PV temporaires PAR TOUR à leur porteur (autrement dit à toute l’équipe, vu qu’il y en a neuf en tout, dont au moins six faciles à trouver), et ajoutent 3d6 à leurs dégâts. Sans ça, c’est complètement mort, tout le monde tombe au deuxième round. (Ne serait-ce que, par exemple, c’est le seul truc qui a protégé Kass d’un Power Word : Kill.) Oh et je décris tout ça de manière bien plus cinématique que le déroulé exact, comme vous vous en doutez. Le combat a duré cinq tours en réalité. Par exemple, c’est la deuxième tentative de main de Bigby qui a marché. La première, il l’avait contrée avec un counterspell. Mais comme c’est un sort de niv 5, il faut un 15+ sur un test d’intelligence pour le contrer. Pour Ace, ça vaut dire une chance sur deux. La deuxième est passée.
Dernière chose : comme je le présageais, il est indispensable de disposer de Dispel Magic ou Counterspell, sans ça, la liche se protège avec Shield à chaque tour, ce qui lui fait 26 de CA… Ça la prive de son propre Counterspell cela dit, mais ses jets de sauvegarde sont suffisamment puissants pour la protéger des sorts, sans parler de sa résistance légendaire qui lui garantit trois tours tranquilles. C’est ce qui a permis à Drez de tomber son Shield, laissant passer deux attaques d’Apdrag et trois flèches de Sekelok (les petits choux ont fait 14, 18, puis 16, 17, 16. Je les aurais embrassés). Avec les 3d6 psy des esprits, ça a balancé dans les 6d10+30d6 en un tour.
]

[Comment Sekelok va-t-il réagir face au Psychophage. Il sait que le laisser en place tuerait Ras Nsi. Est-il encore loyal à Ras Nsi ? 1, Non. Et Apdrag compte-t-il détruire le psychophage pour la même raison ? 5, oui, 12 ET : il va convaincre Sekelok de les aider malgré tout.]

Apdrag ouvre un œil. Je lui tends une main qu’il saisit. Je l’ai ramené sur la terrasse par où nous sommes rentrés. Il paraît surpris de voir Drezlzeb de retour sur mon épaule. « Oh, elle ? Elle n’est pas près de me quitter, tu sais. »
Non loin sur la terrasse, Sekelok se perd dans la contemplation du Psychophage et paraît hésiter. Je m’approche.
« Ton maître t’a demandé de le détruire. Comptes-tu suivre son ordre ?
— Non. Ce n’est plus mon maître. Je n’ai plus de maître. J’ai affronté la tombe pour y mourir mais je l’ai vaincue. Ce qui est pour toi une victoire, pour moi, c’est une malédiction.
— Tu peux aller rejoindre Acererak dans la lave, tu sais.
— Non. Ce n’est pas comme ça que doit mourir un guerrier.
— Tu fais bien. Oh et, je crois bien qu’Acererak n’y serait même pas.
— Que veux-tu dire ? Je l’ai vu couler de mes propres yeux !
— Acererak est une liche. Son corps a été détruit, mais son phylactère demeure et avec lui son âme. Enfin, son âme : son esprit. Il ne doit plus avoir d’âme depuis bien longtemps celui-là.
— Hmm. Alors, j’ai encore une chance de mourir.
— C’est une façon de voir les choses. Reste la question du Psychophage, cela dit.
— Ce n’est pas une question.
Je soupire.
— La question de sa destruction.
— Je ne t’empêcherai pas.
— Oh. Et si je ne voulais pas ? Si nous laissions cet appareil aspirer Ras Nsi et l’envoyer dans le néant ?
— Si tu ne le voulais pas, ton ami le fera pour toi.
Sekelok regarde par-dessus mon épaule. Je me retourne. Apdrag a levé bien haut Vengeresse et l’abat de toutes ses forces sur la poutre de soutien. Le choc fait trembler le Psychophage, d’où s’élève en réponse un filament de ténèbres qui saisit Apdrag par la taille et menace de l’emporter. J’accours et le sectionne. Derrière moi Sekelok a levé son arme à son tour et entaille la poutre de ses coups puissants. Les ténèbres l’environnent lui aussi mais il s’en dégage comme si elles n’étaient que brumes. La poutre craque, et avec elle les deux autres. Tout l’édifice s’écroule dans le magma. Le Psychophage n’est plus. Un cri choral s’élève quand les âmes innombrables chantent à l’unisson leur libération.
C’est fait. Sortir de la tombe ne sera plus qu’une formalité. Je la connais comme ma poche, à présent.

[Que s’est-il passé pendant ce temps ? Ras Nsi est-il mort durant ces sept jours ? 5, Oui ! Yarhu s’est-il servi de l’attaque de Fenthasa pour la discréditer (et la faire exécuter) entre temps ? 1, non. Fenthasa a donc trouvé un moyen de le neutraliser et règne à présent sur les Yuan-tis d’Omu. Intéressant !]

Dehors, une délégation de Yuan-tis nous attendait, menée par Fenthasa qui nous a annoncés la mort de Ras Nsi. Apdrag en était tout frétillant : le vœu d’Artus était accompli malgré la destruction du Psychophage. Je lui ai demandé comment elle comptait mener sa barque, et elle a pompeusement annoncé que sous son égide, la résurrection de Dendar n’était plus qu’affaire de jours. Je lui souhaite bien du courage. Je suppose qu’elle sait très bien elle-même que cet objectif ne tient plus en réalité, seulement, elle a encore besoin de cette perspective pour asseoir son autorité. Elle a proposé à Sekelok de reprendre son poste à ses côtés. Il a craché par terre et s’est mis à marcher vers les falaises et l’escalier. Nous l’avons suivi. Elle n’a pas essayé de nous retenir. J’imagine que ma présence lui aurait nui plus qu’autre chose. Ça aussi, elle le savait.

Épilogue

Le chemin de retour a été long. Après avoir quitté Omu avec nous, Sekelok a poursuivi son chemin vers l’est, vers les Pics de la Flamme. Je lui souhaite d’y trouver ce qu’il y cherche, quoi que ce soit. Quant à la prisonnière, elle est restée à Kir Sabal avec les Araakokras à mon grand soulagement. Sa présence me dérangeait beaucoup. Au monastère, Na m’a sauté dans les bras. Je lui ai offert quelques babioles ramenées de la tombe, et à sa sœur le sceptre de Napaka. Je lui ai indiqué la position des Yuan-tis du mieux que je le pouvais, leurs forces et faiblesses. Nous avons discuté la possibilité d’une alliance qu’elle m’a proposé d’aller négocier. J’ai ri. Il était hors de question que j’y retourne. J’ai en revanche accepté le titre d’ambassadrice plénipotentiaire de l’Empire d’Omu pour la Côte des Épées. C’était, selon elle, le plus grand honneur de ma vie. J’ai hâte de voir la tête du Duc quand je lui annoncerai.
Apdrag et moi sommes de retour à Port Nyanzaru. J’ai retrouvé Syndra, pimpante, plus fraîche que la rose, chez O’Tamu, qui m’a proposé douze servants et la plus belle villa de la ville contre mon petit Couatl. Mais je n’ai pas besoin de tout ça, et encore moins l’envie de me séparer d’Ekudrezl, quand bien même le pourrais-je. Ma dette est remboursée. Je ne dois plus rien à personne. Et avec ce que j’ai pu rapporter de la tombe, ma fortune est faite pour longtemps.
Les pouvoirs de Dendar ne m’ont pas quitté. Je crois que je détiens encore une parcelle de son âme, peut-être la seule qui n’ait pas été détruite avec la couronne d’opale. La malédiction a régressé jusqu’à disparaître. Où que soit le Dévoreur à présent, il est devenu trop faible pour imposer sa volonté. C’est moi qui le dirige, maintenant. Moi qui applique ses pouvoirs où et quand je le désire.
Où aller à présent ? Apdrag veut rester là. Je crois que je vais m’attarder un peu en sa compagnie. Mais si je reste trop longtemps à Port Nyanzaru, les géants des glaces finiront immanquablement par trouver ma trace. Ils passent la presqu’île au peigne fin. Il serait bon de mettre une mer ou deux entre nous. Ce qui signifie quitter Apdrag. Ce sera à contrecœur. Son parfum de rose me manquera beaucoup.

***

Pas le courage de reprendre la conclusion méta aujourd'hui (et à jamais) manquante. Ça disait en gros que le solo c'est super, ça permet de tester un module en profondeur et de se l'approprier bien mieux que par la lecture, et même que par les lectures ; je devais aussi toucher deux mots d'Enjeu Solo, le moteur solo que j'ai créé pour l'occasion, à présent à ma main : il fait exactement ce que je lui demande. J'imagine que je parlais aussi du solo en tant qu'exercice d'écriture, extrêmement efficace, même si le résultat est difficile à lire en tant que tel (son principal défaut étant d'être calqué sur un module de Donj, pas sur une architecture romanesque). Mon choix de coller au module de départ (et d'y coller au max, de le tester vraiment) est aussi pour beaucoup dans ce résultat indigeste. Quelques coups d'œil en avant (l'équivalent d'un plan pour un roman) aurait grandement amélioré sa valeur littéraire (qui serait restée quasi nulle, hein, qu'on s'entende bien ; c'est un exercice, profitable à celui qui le pratique, beaucoup moins à ceux qui le regardent).

Ça disait aussi que ToA est une très chouette campagne, certes bien un hexcrawl mais pas du tout un bac à sable, que le ranger de l'UA était cheaté (celui de Tasha est mieux) et que les courageux qui s'étaient enfilé toute cette aventure avaient lu l'équivalent d'un petit roman (50 000 mots)... Voilà. Désolé. Islayre, si t'as des questions, tu peux les poser là !

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : sam. déc. 11, 2021 10:52 am
par BenjaminP
La mauvaise manip qui tue, je voulais faire remonter le sujet pour @Islayre d'Argolh, je viens d'en effacer le dernier message.
Heureusement, j'en avais gardé une version en dur, qui se voit malgré tout amputée de toute sa partie "retour d'expérience", exclusive à ce forum.

Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Publié : sam. déc. 11, 2021 10:59 am
par Islayre d'Argolh
BenjaminP a écrit : sam. déc. 11, 2021 10:52 am La mauvaise manip qui tue, je voulais faire remonter le sujet pour @Islayre d'Argolh, je viens d'en effacer le dernier message.
Heureusement, j'en avais gardé une version en dur, qui se voit malgré tout amputée de toute sa partie "retour d'expérience", exclusive à ce forum.

  :cry:

Raaa désolé pour...
Heuuu.. Tout le monde, quoi.

( :bierre: )