Re: TAL ENDHIL !!!
Publié : sam. avr. 07, 2012 7:17 am
Avec un peu de retard du à des difficultés techniques lors de la synthèse de tout ce bordel, voici le méga-multiple-épilogue de Tal Endhil. C'est qu'il s'en est passé des choses ses dernières semaines...
Le retour de l'Opération Tréfonds vers Tal Endhil a pris presque 6 jours de marche en longeant la côte (car une partie de leur groupe est en pirogues) et s'est fait dans une ambiance crispée :
malgré leurs belles victoire symboliques, diplomatiques, commerciales et même guerrières, plusieurs membres de l'opération sont plus ou moins gravement blessés (nul ne sait si Hem'Lelnis va s'en sortir), l'archère Maliam Lelpen a du tirer sur son camarade Falnen pour l'empêcher de se lancer seul dans une attaque suicidaire contre Lorkan Elakhendil, quoique le sorcier ait passé l'éponge sur l'incident en échange d'un entretien avec Nevel Sholdanan.
Celui-ci était très préoccupé après s'être entretenu successivement avec le jeune Lergoran de Lorune (envoyé par l'armée impériale au camp des Emishen), puis Kainen Tahrel (qui n'a manifestement aucune intention d'arrêter de faire la guerre aux impériaux, malgré les frictions au sein de son clan et la victoire des PJ contre les Arkonnelkan) et enfin le (très) vieux sorcier. Lorkan a nié avoir tenté quoique ce soit contre Feilan, "juste" brûlé la vieille Kal Ethendil qui l'avait attaqué la première (quoiqu'il ait conscience des dommages collatéraux et ne s'offusque donc pas que certains réclament vengeance) et semble prêt à faire basculer toute la région dans la guerre dans son grand plan pour détruire l'Empire (!), la dernière chose qu'il compte accomplir avant de mourir. Si l'éclaireur espère toujours empêcher l'escalade du conflit, il est de moins en moins optimiste quant à ses chances. Kal Kirhan a perdu (de peu) un duel oratoire contre le chaman arkonnelkan Reden Monaghan et si nos héros en ont retiré le paiement du "prix du sang" pour les Lewyllen massacrés au pic Blanc (une centaine de chevaux) et obtenu un droit de passage pour un an vers les Hautes-Pierres (la guilde de Tal Endhil pouvant donc désormais commercer avec la cité sanctuaire), les Arkonnelkan n'ont toujours pas été jugés coupables de la majorité de leurs crimes et plusieurs des membres du commando sont sévèrement frustrés de leur vengeance.
Bien qu'ils aient chacun de leur côté fait un fructueux commerce pour la guilde (ils rentent à Tal Endhil avec de précieuses plantes médicinales et une bonne 20aine de bons chevaux)Vighnu et Islinna sont eux en pleine crise "conjugale" : si la métisse a toujours revendiqué sa liberté sexuelle et si le fehnri l'admet théoriquement, le fait qu'elle ait couché avec Milorind, bras droit de Kainen Tahrel, pendant que Vighnu était absent du Cercle des Hautes-Pierres a amené ce dernier à empoisonner son rival amoureux. Rien d'autre qu'une bonne chiasse et quelques jours de crampes d'estomac, mais Islinna l'a très mal pris, l'assassin refuse de s'excuser et ils se font désormais la gueule (ce qui met Vighnu de fort méchante humeur). >> Je remercie Chestel de m'avoir proposé cette intrigue pour Islinna, qu'il a brièvement joué lors du deuxième épisode de la campagne et pour laquelle il continue régulièrement de me fournir des idées.
Finalement, seul Barbaras est plutôt content de son aventure. Bien que son armure en ait pris un coup, il a rencontré un très intéressant adversaire qu'il reverra certainement, appris plein de nouvelles choses et même rencontré des "Hotars", les mercenaires hornois accompagnant l'émissaire impérial envoyé rencontré Kainen Tahrel. Ceux-ci lui ont parlé de la merveilleuse enclave hornoise fondé à Aroche, où un grand chef de guerre du vieux royaume a même promis des épouses à ses soldats les plus méritants.
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Au Cercle des Cascades, le Capitaine Durgaut a efficacement profité du droit de s'adresser à l'Assemblée Tribale -qu'il avait longuement négocie depuis des semaines- en faisant un discours splendide qui non seulement a donné beaucoup de grain à moudre à la faction pacifiste de Kal Feilan, mais également fauché l'herbe sous le pied à plusieurs de leurs adversaires... Quoique Lel'Liamil soit le seul PJ a y avoir assisté, je vous reproduit ici l'ensemble du discours rédigé par Le Faiseur pour son perso, parce que c'est trop la classe :
«Honorés membres des Clans, je viens parler en homme de paix. J'ai combattu certains d'entre vous, je suis déjà l'ami des autres. Dans les deux cas, vous avez forcé mon admiration, que ce soit par votre pugnacité ou votre vision du monde. Je le dis sans honte, considéré comme un notable important chez les Dirsen, je me sens un peu comme un enfant qui a tout à apprendre de vos us et coutumes. Si j'en crois les débats qui se tiennent ici, je devrais dire que je me sens comme un enfant qui risque de perdre ses chances d'apprendre. Peut-être, en revanche, puis-je vous enseigner quelques choses concernant l'Empire et qui devraient rester dans vos mémoires lorsque viendra pour le peuple Emishen de décider de suivre la voie des armes ou celle de la paix.
Je vais vous dire une chose : ne faîtes pas la paix avec l'Empire. Pas si vous espérez des Dirsen qu'ils s'adaptent tous avec bonheur à vos us et coutumes. La plupart des Dirsen sont sourds à la Nature, des millénaires de traditions leur faisant croire que tout ce que le monde a à offrir appartient à celui qui le réclame le premier. Beaucoup de Dirsen sont obnubilés par les métaux précieux comme l'or ou l'argent, au point d'en perdre toute morale et toute peur. Mais fondamentalement, la plupart des Dirsen sont de pauvres hères qui traversent l'existence en urgence, en espérant que leurs enfants auront un tout petit peu mieux que ce qu'ils ont eu eux-mêmes. Cette pensée rémane ne s'effacera pas tout de suite. Il faudra du temps avant que ceux qui se disent colons de l'Empire n'oublient un peu leur urgence et leur besoin de produire et bouger sans cesse. Il ne faut pas préserver la paix avec les colons, si vous attendez d'eux qu'ils changent tout de suite en retour. Il faudra de la patience, plus de patience que certains d'entre vous n'en ont. »
(Durgaut regarde les représentants kormes, juge de son effet et prend une inspiration)
«Je vais vous dire autre chose : ne faîtes pas la guerre avec l'Empire. Pas quand vous saurez que l'Empire a déjà conscience que les forêts de ces vastes territoires regorgent de bois précieux et que les montagnes débordent d'or et d'argent. Les autorités et chefs de l'Empire le savent et veulent ces richesses. Faîtes-leur la guerre et vous leur donnerez la seule raison dont ils ont besoin pour ne plus jamais négocier avec les tribus Emishens. Les autorités de l'Empire n'enverront plus de marchands ou de diplomates. Plus de pauvres colons espérant un avenir meilleur. Ils enverront des guerriers et des esclaves pour piller ces terres. Ces chefs ne viendront pas eux-mêmes, ils ne risqueront pas leur propre vie. Ils enverront des gens comme le Prévôt Rhilder, assoiffés de sang et de richesse, pour lesquels un bon Emishen est un Emishen mort ou esclave. Ils enverront des mercenaires fehnri, qui n'ont pas d'autres raisons de se battre que le montant de leur solde et pour lesquels cela est une raison suffisante pour tuer des gens qu'ils ne connaissent même pas. Ils enverront leurs criminels, leurs violeurs, leurs voleurs, tous ceux qui sont exclus de l'Empire pour leurs crimes et qui verront dans la guerre avec les Emishens une occasion de se racheter ou au moins de se faire oublier.
Ce que l'on appelle l'Empire réman est vaste et déjà riche. Il n'aspire qu'à une chose : devenir plus vaste et plus riche encore. La seule chose qui les en empêche sont des accords. Pour les Dirsen, violer un accord est un crime plus grave que tuer un homme : si on tue un homme, on se fait quelques ennemis. Si on viole un accord, en revanche, on perd tous ses amis. Et si l'Empire se fiche d'avoir des ennemis, malgré toute sa puissance et son pouvoir, il ne peut pas se permettre de perdre ses amis. Si les Emishens deviennent ses amis, l'Empire sera plus solidement lié que par n'importe quelle corde.
Je vais vous dire une troisième chose. Quelque soit votre décision, jaugez chaque argument à l'aulne de celui qui vous l'expose. Je suis Liméric Durgaut, Capitaine et futur Bailli de Tal Endhil. Je parle au nom de ceux qui vivent là-bas et aspirent à une vie meilleure que celle qu'ils ont connue jusqu'alors. Je parle au nom de ceux qui sont prêts à faire des concessions sur leurs traditions bizarres et ceux qui veulent vivre en bonne harmonie avec les Emishens. Ces gens veulent vivre ici, offrir une vie à leurs familles et être en sécurité. Voilà les intérêts que je défends. Pour cela, je dois envoyer à l'Empire l'argent qu'il me demande. Sinon, l'Empire considèrera mon remplacement. Voilà les intérêts que je sers. J'ai été séduit par ces terres et les hommes qui les habitent. Je vois la sagesse de leurs voies, je garde aussi mes racines. J'espère apprendre ici et au contact des Emishen. J'espère développer une amitié entre nos peuples, prouver que nous pouvons vivre ensemble et surtout prospérer ensemble. Voilà les intérêts que j'ai fait miens.
Je crois en revanche que tout le monde ne se présente pas aussi honnêtement lorsqu'il prône la guerre. Je crois que les kormes, ici représentés, omettent de dire qu'ils se servent d'artefacts anciens pour ressusciter leurs morts et les lancer, deux fois morts, à l'assaut des hommes. J'en veux pour preuve le sarcophage qui leur a été pris dans une bataille à la mine près de Tal Endhil. Lel'Liamil, plusieurs de ses compères Lewyllen, ainsi qu'Adira Pratesh (NB : je cite aussi un autre PJ si un des ceux qui étaient à la mine se trouve aussi ici au Cercle : en gros, je donne tous les noms) pourront confirmer ces faits.
Je crois que les kormes omettent aussi de dire que leurs maléfices ont mal tourné et qu'ils ont dû emmurer plusieurs des leurs, plusieurs des leurs !, sous la montagne, pour les laisser pourrir là.
Je crois enfin que les kormes omettent de dire qu'Etayn-la-louve et beaucoup de kormes servent actuellement un sorcier réman. Oui, un sorcier réman, devant lequel ils plient genou, comme n'importe quel Dirsen roturier le ferait devant un seigneur. Là aussi, tout cela peut être confirmé par le récit de ceux qui l'ont vu.
Enfin, je peux affirmer que les kormes ont emporté l'argent de la mine avec eux. Ma question est la suivante : à quoi peuvent-ils employer cet argent ? Acheter des armes, faire venir des mercenaires pour se battre pour eux, piller et tuer. Se conduire en Dirsen, en somme. Mais ils n'hésiteront pas à marteler que les manières Dirsen doivent être bannies et punies.
Alors en vérité, oui, on devrait toujours juger chaque argument à l'aune de celui qui l'expose.
Je veux ici prendre un engagement envers certains d'entre vous. Tal Endhil est un village, certains d'entre vous ne verront que peu d'intérêt à mes paroles. Mais être un village ne nous prive pas de pouvoir. Du pouvoir de réparer les fautes commises par d'autres, lorsque nous le pouvons. Une des pratiques de l'Empire les plus déplaisantes est l'esclavage. J'en ai vu les ravages sur les peuples, je refuse de le cautionner. (Durgaut regarde le jeune chaman des Edell'okilh)
Kal Tayvohn, des Edell'okilh, je veux ici vous dire que je crois pouvoir ramener nombre des vôtres actuellement en esclavage. Parler aux vivants, et voir votre tribu renaître. En échange de la paix. Accompagnez-moi s'il le faut pour voir à quel point je prends cet engagement à coeur, mais laissez un Dirsen tenter de réparer ce qu'il peut des torts que d'autres vous ont causé. Considérez, en somme, que les Dirsen, avec leurs tics et leurs manières étranges, sont aussi différents les uns des autres que les Emishens entre eux.»
Applaudissements des uns, huées des autres, mais le chaman Edell'okhil semble désormais prêt à négocier avec le Capitaine...
Pendant ce temps, Adira, Andréas, Eldan et leur ami lewyllen Sifenen Arlan ont pour leur part résolu le mystère de l'attaque contre Kal Shemon'Lon (voir le rapport d'Eldan sur les évènements de l'épisode "Embrouilles en Cascades"), apprenant au passage la présence de la Confrérie du Chacal dans la région, les tentatives des Edell'okhil pour se procurer des armes en vue d'un soulèvement (que le Capitaine a peut-être bien réussi à retarder) et en ont appris un peu plus long sur le "méchant sorcier barbu".
Tous se sont ensuite retrouvés aux funérailles d'Horen Rohanan qui ont été assez mouvementées...
Après son intervention à l'Assemblée, où il avait fait sensation, Liméric Durgaut avait passé la nuit dans la tente du chef lewyllen Ethelkaran, qui ne semblait l'avoir invité que pour attendre un messager qui ne venait pas : Durgaut avait pris son mal en patience, bien conscient que ses hommes avaient déjà commis une grave impolitesse plus tôt dans la soirée et ne souhaitant pas en rajouté.
Le lendemain à l'aube, il avait neigé (mauvais présage si tard dans la saison) quand Tael Shannan (qui n'avait manifestement pas dormi de la nuit et cachait assez mal son irritation) est venu prendre le thé chez les Lewyllen et en profiter pour demander au capitaine si "par hasard" il ne saurait pas où étaient passés Mesh-Mesh, Andréas Odran, Eldan et Sifenen Arlan : le fait qu'il n'en sache rien a eu l'air de vraiment le gonfler et il est reparti assez vite.
La matinée fut consacrée aux funérailles dans une ambiance de plus en plus tendue : non seulement Mesh-Mesh et ses amis ne réapparaissaient pas, mais Vahned Rey est venu expliquer au Capitaine qu'il avait un "souci" avec eux : apparemment, ils ont utilisé le Géant d'Adira pour franchir une falaise et donc sortir du vallon bien gardé en esquivant les sentinelles... et les hommes de Malondil ont trouvé un cadavre dans les chutes d'eau, qui date de cette nuit, et ça commence à donner très fort l'impression que les Talendan ont assassiné quelqu'un avant de s'enfuir. Tael Shannan est à nouveau venu s'enquérir de Mesh-Mesh plusieurs fois (suscitant une méfiance croissante de la part de Vahned Rey), en s'énervant de plus en plus.
Le bûcher funéraire était déjà bâti et la crise diplomatique sur le point de péter lorsque, soudain, Kal Shemon'Lon (toujours complètement défoncé) a interrompu la cérémonie en criant et en gesticulant (la chamane lewyllen qui officiait a eu l'air de le prendre très mal), sa bardesse d'épouse expliquant de son mieux qu'un démon avait touché le défunt peu avant son trépas et que Shemon'Lon devait purifier le corps avant son incinération, sans quoi on risquait de libérer le monstre dans les airs : Ethelkaran a failli en faire une crise d'apoplexie, mais vu la tronche effarée que tirait son peuple, il a bien du se soumettre et le chaman cinglé a commencé à s'agiter dans tous les sens en secouant une crécelle en os, à ahaner des trucs complètement imbitables pendant au moins une demi-heure (les deux autres chamans présents se regardant sans comprendre du tout) avant de s'arrêter net en déclarant "Bon, allez, ça va bien comme ça". Ethelkaran et ses proches étaient sur le point d'étrangler le vieux... quand soudain Tael Shannan (avec une mine de circonstance et en grande tenue de deuil), Adira (souriant de son air le plus commercial), Andréas (gêné) et le fameux Sifenen Arlan (complètement déconfit) sont apparus soudain, avec l'air de sortir du bain et abîmés comme s'ils avaient participé à une bagarre de taverne juste avant... mais en portant des fleurs et des rameaux pour ajouter au bûcher : "On est pas en retard, au moins ?", a fait Adira.
Ils ont présenté leurs condoléances et leurs excuses à la famille, expliquant que Horen Rohanan avait lié sa vie aux leurs et qu'il est mort en les défendant pour une cause qui n'était pas la sienne (ça sentait bien le "appris par cœur y a dix minutes"), qu'ils lui en sont infiniment reconnaissants et que, bien au-delà d'eux mêmes, Rohanan s'est sacrifié pour préserver la paix, le commerce et l'amitié entre les Talendan et les Lewyllen, et que la Guilde ne l'oubliera jamais (clairement un "ad lib" d'Adira qui a fait grincé des dents au barde). Après un instant de grande tension, un mec dans l'assistance a fait remarqué que les funérailles de Rohanan étaient définitivement dignes de sa vie tumultueuse, il y a eu un début de fou rire et, un peu décrispé, Ethlekaran a accepté les excuses, les remerciements et les rameaux, les trois andouilles ont lâché un "ouf" perceptible et la cérémonie a repris normalement.
Tael Shannan s'est alors glissé auprès du Capitaine pour lui murmurer un truc à l'oreille.
Quand il a croisé le regard noir de Durgaut, Adira a pris une belle teinte pivoine.
Ce n'est qu'après le rituel qu'Ethelkaran a présenté au Capitaine un jeune lewyllen portant un corbeau sur l'épaule qui, à la demande du chef, a récité très vite : "Votre message n'est jamais arrivé jusqu'à Nevel, mais avec Tête-de-Caillou, le Noir Secret (Vighnu), Hem'Lelnis (?) et Lerkoren Oleytan (?), il a vaincu les Arkonnelkan en duel public chez les Oloden et convaincu leur grand chef, Kainen Tahrel, de ne pas entrer en guerre avec le méchant Rhilder. (coup de coude d'Ethelkaran) Ah... heu... et faut pas le gronder parce que c'est un héros maintenant... mais quoi-heu ? Ah merde oui, pardon... faut pas le gronder parce qu'il a servi Tal Endhil au péril de sa vie en suivant son devoir plutôt que ses ordres. C'était bien, là, non ? _Oui, oui, file...".
Pendant que le jeune homme au corbeau partait en courant et que le vénérable Lewyllen échangé encore quelque mot avec votre glorieux chef à tous, Adira, Arlan et Andréas en ont profité pour s'éclipser au pas de gymnastique, espérant pouvoir profiter du banquet donné par les marchands nomades avant de se faire passer le savon qui, clairement, les attend pour très bientôt.
C'est alors que quelqu'un, au loin, a crié "Les bernaches ! Les bernaches sont revenues ! C'est le printemps !!!". Il y a eut des vivas dans tout le vallon, des trompes ont sonné au sommet du piton rocheux et Kal Shemon'Lon, qui trottinait vers le banquet en fumant une pipe bien chargée, s'est raclé la gorge, a craché par terre et a marmonné "Bon présage ça, ouais, bon présage..."
Après quoi, le barde Tael Shannan est intervenu auprès du Capitaine Durgaut pour négocier avec lui l'amnistie d'Adira Pratesh, en échange des services rendus durant la nuit par le petit fehnri (mais contre quoi ?). Le Capitaine y a mis une condition : Maître Pratesh va devoir l'aidé à réparer tout le mal qu'il a fait en vendant des armes à l'ennemi (et la prochaine fois qu'on le prend à trafiquer des drogues illégales, il sera pendu aux créneaux du donjon).
Et lorsque Vighnu, Islinna, Nevel et Barbaras sont rentrés des Hautes-Pierres, Adira a pu avoir un long entretien avec son cousin (avant que l'assassin ne reparte sur un contrat très secret), le Capitaine a reçu un peu tout le monde pour entendre leurs rapports sur la situation dans la région et même passé un accord avec Andréas Odran (dont nous reparlerons plus tard...) : enfin, les PJ commencent à croiser leurs infos !
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Malgré ses revers à la mine, la Guilde de Tal Endhil a bientôt repris ses réunions où la jeune routière Mérane (désormais jouée par Aloun) a bientôt fait scandale en proposant aux très patriarcaux marchands remans une égalité de droits entre hommes et femmes ! Rien qui doivent, espérons-le, gêner les négociations entre Adira Pratesh et Lel'Liamil (qui cherchent notamment à récupérer le jeune Géant domestique perdu dans la forêt lors de l'embuscade au tout début de l'épisode 1), ni la préparation du premier voyage de la nef kerdane Coppavento (revenue à Écume 6 une fois la menace Arkonnelkan passée, pendant que Nevel et les autres étaient aux Hautes-Pierres) qui doit bientôt prendre la mer vers Aroche, la plus grande cité des Marches du Nord (ce sera un de nos prochains épisodes).
La guilde compte y échanger du métal et un gros stock de laine (en cours de tonte, filage et teinture) contre le matériel, les artisans et les semences nécessaire à leurs nombreux projets de développement. Parmi ceux-ci figurent notamment la réouverture finale du site qu'on appelle désormais "la Mine Bénie" (depuis l'apparition sur place d'un des divins Premiers), la prospection d'or, de gemmes et d'argent avec l'aide de l'Érudit Virgile de Narcejane, la reconstruction du moulin à eau par Hadrien Muraille, la culture de l'orge à destination d'une future brasserie, le développement du transport terrestre et maritime...
D'ailleurs, après avoir racheté aux lewyllen la Taverne Penchée grâce à leur solde enfin versée par le Capitaine (plus une prime pour l'attente et leurs actes héroïques !), les mercenaires de Tal Endhil ont décidé de prendre une part à l'aventure guildienne et y seront désormais représentés par le Sergent Le Cornu, siégeant aux côtés de son cher Capitaine qui a lui-même investi pour garder un peu de contrôle sur la principale entreprise du futur baillage (mais d'où sort-il tout cet argent ?).
Un soir, au cours de la cinquième semaine après la Bataille qui a fondé notre campagne, de mystérieuses figures se sont réunies à la Taverne Penchée qui venait de fermer plus tôt que toutes les autres nuits : Eldan le Moineau, une certaine Diane (arbalétrière mercenaire récemment arrivée en ville), sire Herle de Lorune (templier récemment défroqué pour avoir agressé un supérieur et fraîchement libéré de l'unique geôle du donjon de Tal Endhil), Andréas Odran, Vighnu Pratesh, Oleytan Lerkoren (grisé par ses exploits au Cercle des Hautes-Pierres) et deux autres mercenaires en permission y sont entrés discrètement... et n'ont plus été revus à Tal Endhil depuis !
Et maintenant, plein de gros spoilers bien gras sur tout ça (joueurs de Tal Endhil, ne les lisez pas !) :
Avec deux nouveaux épisodes entièrement générés par les joueurs, notre campagne de plus en plus "sandbox" compte donc désormais 10 joueurs et 13 protagonistes :
Le Faiseur = Capitaine Liméric Durgaut
Kobal = Maître Adira Pratesh
Loriel = Vighnu Pratesh et occasionnellement Sifenen Arlan
XXVII = Nevel Sholdanan (depuis le décès de son premier perso, Horen Rohanan)
Mad = Barbaras le Hornois et Lel'Liamil le Maquignon
Humphrey B = Andréas Odran
XO de Vorcen = Maître Hadrien "Muraille" et sa famille de bâtisseurs dis-fonctionnelle
Aloun = Eldan le Moineau et Mérane "Roulier"
Orlanth = Diane Maletudina, l'Arbalétrière
Ego' = Sire Herle de Lorune.
Après les Épisodes 1 "La Bataille de Tal Endhil", 2 "Le Siège de Tal Endhil", 3 "Opération Tréfonds : Au fil de l'Eau", 4 "Opération Tréfonds : les Eaux Troubles", 5 et 6 "Terrain Minier : Partie 1 & 2" et 7 "Embrouilles en Cascades", nous jouons actuellement l'épisode 8 "le Train de l'Argent" pendant qu'Adira et Mérane préparent le suivant, "Voyage à Aroche".
>> la suite, à commencer par des nouvelles de la Guilde de Tal Endhil
Le retour de l'Opération Tréfonds vers Tal Endhil a pris presque 6 jours de marche en longeant la côte (car une partie de leur groupe est en pirogues) et s'est fait dans une ambiance crispée :
malgré leurs belles victoire symboliques, diplomatiques, commerciales et même guerrières, plusieurs membres de l'opération sont plus ou moins gravement blessés (nul ne sait si Hem'Lelnis va s'en sortir), l'archère Maliam Lelpen a du tirer sur son camarade Falnen pour l'empêcher de se lancer seul dans une attaque suicidaire contre Lorkan Elakhendil, quoique le sorcier ait passé l'éponge sur l'incident en échange d'un entretien avec Nevel Sholdanan.
Celui-ci était très préoccupé après s'être entretenu successivement avec le jeune Lergoran de Lorune (envoyé par l'armée impériale au camp des Emishen), puis Kainen Tahrel (qui n'a manifestement aucune intention d'arrêter de faire la guerre aux impériaux, malgré les frictions au sein de son clan et la victoire des PJ contre les Arkonnelkan) et enfin le (très) vieux sorcier. Lorkan a nié avoir tenté quoique ce soit contre Feilan, "juste" brûlé la vieille Kal Ethendil qui l'avait attaqué la première (quoiqu'il ait conscience des dommages collatéraux et ne s'offusque donc pas que certains réclament vengeance) et semble prêt à faire basculer toute la région dans la guerre dans son grand plan pour détruire l'Empire (!), la dernière chose qu'il compte accomplir avant de mourir. Si l'éclaireur espère toujours empêcher l'escalade du conflit, il est de moins en moins optimiste quant à ses chances. Kal Kirhan a perdu (de peu) un duel oratoire contre le chaman arkonnelkan Reden Monaghan et si nos héros en ont retiré le paiement du "prix du sang" pour les Lewyllen massacrés au pic Blanc (une centaine de chevaux) et obtenu un droit de passage pour un an vers les Hautes-Pierres (la guilde de Tal Endhil pouvant donc désormais commercer avec la cité sanctuaire), les Arkonnelkan n'ont toujours pas été jugés coupables de la majorité de leurs crimes et plusieurs des membres du commando sont sévèrement frustrés de leur vengeance.
Bien qu'ils aient chacun de leur côté fait un fructueux commerce pour la guilde (ils rentent à Tal Endhil avec de précieuses plantes médicinales et une bonne 20aine de bons chevaux)Vighnu et Islinna sont eux en pleine crise "conjugale" : si la métisse a toujours revendiqué sa liberté sexuelle et si le fehnri l'admet théoriquement, le fait qu'elle ait couché avec Milorind, bras droit de Kainen Tahrel, pendant que Vighnu était absent du Cercle des Hautes-Pierres a amené ce dernier à empoisonner son rival amoureux. Rien d'autre qu'une bonne chiasse et quelques jours de crampes d'estomac, mais Islinna l'a très mal pris, l'assassin refuse de s'excuser et ils se font désormais la gueule (ce qui met Vighnu de fort méchante humeur). >> Je remercie Chestel de m'avoir proposé cette intrigue pour Islinna, qu'il a brièvement joué lors du deuxième épisode de la campagne et pour laquelle il continue régulièrement de me fournir des idées.
Finalement, seul Barbaras est plutôt content de son aventure. Bien que son armure en ait pris un coup, il a rencontré un très intéressant adversaire qu'il reverra certainement, appris plein de nouvelles choses et même rencontré des "Hotars", les mercenaires hornois accompagnant l'émissaire impérial envoyé rencontré Kainen Tahrel. Ceux-ci lui ont parlé de la merveilleuse enclave hornoise fondé à Aroche, où un grand chef de guerre du vieux royaume a même promis des épouses à ses soldats les plus méritants.
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Au Cercle des Cascades, le Capitaine Durgaut a efficacement profité du droit de s'adresser à l'Assemblée Tribale -qu'il avait longuement négocie depuis des semaines- en faisant un discours splendide qui non seulement a donné beaucoup de grain à moudre à la faction pacifiste de Kal Feilan, mais également fauché l'herbe sous le pied à plusieurs de leurs adversaires... Quoique Lel'Liamil soit le seul PJ a y avoir assisté, je vous reproduit ici l'ensemble du discours rédigé par Le Faiseur pour son perso, parce que c'est trop la classe :
«Honorés membres des Clans, je viens parler en homme de paix. J'ai combattu certains d'entre vous, je suis déjà l'ami des autres. Dans les deux cas, vous avez forcé mon admiration, que ce soit par votre pugnacité ou votre vision du monde. Je le dis sans honte, considéré comme un notable important chez les Dirsen, je me sens un peu comme un enfant qui a tout à apprendre de vos us et coutumes. Si j'en crois les débats qui se tiennent ici, je devrais dire que je me sens comme un enfant qui risque de perdre ses chances d'apprendre. Peut-être, en revanche, puis-je vous enseigner quelques choses concernant l'Empire et qui devraient rester dans vos mémoires lorsque viendra pour le peuple Emishen de décider de suivre la voie des armes ou celle de la paix.
Je vais vous dire une chose : ne faîtes pas la paix avec l'Empire. Pas si vous espérez des Dirsen qu'ils s'adaptent tous avec bonheur à vos us et coutumes. La plupart des Dirsen sont sourds à la Nature, des millénaires de traditions leur faisant croire que tout ce que le monde a à offrir appartient à celui qui le réclame le premier. Beaucoup de Dirsen sont obnubilés par les métaux précieux comme l'or ou l'argent, au point d'en perdre toute morale et toute peur. Mais fondamentalement, la plupart des Dirsen sont de pauvres hères qui traversent l'existence en urgence, en espérant que leurs enfants auront un tout petit peu mieux que ce qu'ils ont eu eux-mêmes. Cette pensée rémane ne s'effacera pas tout de suite. Il faudra du temps avant que ceux qui se disent colons de l'Empire n'oublient un peu leur urgence et leur besoin de produire et bouger sans cesse. Il ne faut pas préserver la paix avec les colons, si vous attendez d'eux qu'ils changent tout de suite en retour. Il faudra de la patience, plus de patience que certains d'entre vous n'en ont. »
(Durgaut regarde les représentants kormes, juge de son effet et prend une inspiration)
«Je vais vous dire autre chose : ne faîtes pas la guerre avec l'Empire. Pas quand vous saurez que l'Empire a déjà conscience que les forêts de ces vastes territoires regorgent de bois précieux et que les montagnes débordent d'or et d'argent. Les autorités et chefs de l'Empire le savent et veulent ces richesses. Faîtes-leur la guerre et vous leur donnerez la seule raison dont ils ont besoin pour ne plus jamais négocier avec les tribus Emishens. Les autorités de l'Empire n'enverront plus de marchands ou de diplomates. Plus de pauvres colons espérant un avenir meilleur. Ils enverront des guerriers et des esclaves pour piller ces terres. Ces chefs ne viendront pas eux-mêmes, ils ne risqueront pas leur propre vie. Ils enverront des gens comme le Prévôt Rhilder, assoiffés de sang et de richesse, pour lesquels un bon Emishen est un Emishen mort ou esclave. Ils enverront des mercenaires fehnri, qui n'ont pas d'autres raisons de se battre que le montant de leur solde et pour lesquels cela est une raison suffisante pour tuer des gens qu'ils ne connaissent même pas. Ils enverront leurs criminels, leurs violeurs, leurs voleurs, tous ceux qui sont exclus de l'Empire pour leurs crimes et qui verront dans la guerre avec les Emishens une occasion de se racheter ou au moins de se faire oublier.
Ce que l'on appelle l'Empire réman est vaste et déjà riche. Il n'aspire qu'à une chose : devenir plus vaste et plus riche encore. La seule chose qui les en empêche sont des accords. Pour les Dirsen, violer un accord est un crime plus grave que tuer un homme : si on tue un homme, on se fait quelques ennemis. Si on viole un accord, en revanche, on perd tous ses amis. Et si l'Empire se fiche d'avoir des ennemis, malgré toute sa puissance et son pouvoir, il ne peut pas se permettre de perdre ses amis. Si les Emishens deviennent ses amis, l'Empire sera plus solidement lié que par n'importe quelle corde.
Je vais vous dire une troisième chose. Quelque soit votre décision, jaugez chaque argument à l'aulne de celui qui vous l'expose. Je suis Liméric Durgaut, Capitaine et futur Bailli de Tal Endhil. Je parle au nom de ceux qui vivent là-bas et aspirent à une vie meilleure que celle qu'ils ont connue jusqu'alors. Je parle au nom de ceux qui sont prêts à faire des concessions sur leurs traditions bizarres et ceux qui veulent vivre en bonne harmonie avec les Emishens. Ces gens veulent vivre ici, offrir une vie à leurs familles et être en sécurité. Voilà les intérêts que je défends. Pour cela, je dois envoyer à l'Empire l'argent qu'il me demande. Sinon, l'Empire considèrera mon remplacement. Voilà les intérêts que je sers. J'ai été séduit par ces terres et les hommes qui les habitent. Je vois la sagesse de leurs voies, je garde aussi mes racines. J'espère apprendre ici et au contact des Emishen. J'espère développer une amitié entre nos peuples, prouver que nous pouvons vivre ensemble et surtout prospérer ensemble. Voilà les intérêts que j'ai fait miens.
Je crois en revanche que tout le monde ne se présente pas aussi honnêtement lorsqu'il prône la guerre. Je crois que les kormes, ici représentés, omettent de dire qu'ils se servent d'artefacts anciens pour ressusciter leurs morts et les lancer, deux fois morts, à l'assaut des hommes. J'en veux pour preuve le sarcophage qui leur a été pris dans une bataille à la mine près de Tal Endhil. Lel'Liamil, plusieurs de ses compères Lewyllen, ainsi qu'Adira Pratesh (NB : je cite aussi un autre PJ si un des ceux qui étaient à la mine se trouve aussi ici au Cercle : en gros, je donne tous les noms) pourront confirmer ces faits.
Je crois que les kormes omettent aussi de dire que leurs maléfices ont mal tourné et qu'ils ont dû emmurer plusieurs des leurs, plusieurs des leurs !, sous la montagne, pour les laisser pourrir là.
Je crois enfin que les kormes omettent de dire qu'Etayn-la-louve et beaucoup de kormes servent actuellement un sorcier réman. Oui, un sorcier réman, devant lequel ils plient genou, comme n'importe quel Dirsen roturier le ferait devant un seigneur. Là aussi, tout cela peut être confirmé par le récit de ceux qui l'ont vu.
Enfin, je peux affirmer que les kormes ont emporté l'argent de la mine avec eux. Ma question est la suivante : à quoi peuvent-ils employer cet argent ? Acheter des armes, faire venir des mercenaires pour se battre pour eux, piller et tuer. Se conduire en Dirsen, en somme. Mais ils n'hésiteront pas à marteler que les manières Dirsen doivent être bannies et punies.
Alors en vérité, oui, on devrait toujours juger chaque argument à l'aune de celui qui l'expose.
Je veux ici prendre un engagement envers certains d'entre vous. Tal Endhil est un village, certains d'entre vous ne verront que peu d'intérêt à mes paroles. Mais être un village ne nous prive pas de pouvoir. Du pouvoir de réparer les fautes commises par d'autres, lorsque nous le pouvons. Une des pratiques de l'Empire les plus déplaisantes est l'esclavage. J'en ai vu les ravages sur les peuples, je refuse de le cautionner. (Durgaut regarde le jeune chaman des Edell'okilh)
Kal Tayvohn, des Edell'okilh, je veux ici vous dire que je crois pouvoir ramener nombre des vôtres actuellement en esclavage. Parler aux vivants, et voir votre tribu renaître. En échange de la paix. Accompagnez-moi s'il le faut pour voir à quel point je prends cet engagement à coeur, mais laissez un Dirsen tenter de réparer ce qu'il peut des torts que d'autres vous ont causé. Considérez, en somme, que les Dirsen, avec leurs tics et leurs manières étranges, sont aussi différents les uns des autres que les Emishens entre eux.»
Applaudissements des uns, huées des autres, mais le chaman Edell'okhil semble désormais prêt à négocier avec le Capitaine...
Pendant ce temps, Adira, Andréas, Eldan et leur ami lewyllen Sifenen Arlan ont pour leur part résolu le mystère de l'attaque contre Kal Shemon'Lon (voir le rapport d'Eldan sur les évènements de l'épisode "Embrouilles en Cascades"), apprenant au passage la présence de la Confrérie du Chacal dans la région, les tentatives des Edell'okhil pour se procurer des armes en vue d'un soulèvement (que le Capitaine a peut-être bien réussi à retarder) et en ont appris un peu plus long sur le "méchant sorcier barbu".
Tous se sont ensuite retrouvés aux funérailles d'Horen Rohanan qui ont été assez mouvementées...
Après son intervention à l'Assemblée, où il avait fait sensation, Liméric Durgaut avait passé la nuit dans la tente du chef lewyllen Ethelkaran, qui ne semblait l'avoir invité que pour attendre un messager qui ne venait pas : Durgaut avait pris son mal en patience, bien conscient que ses hommes avaient déjà commis une grave impolitesse plus tôt dans la soirée et ne souhaitant pas en rajouté.
Le lendemain à l'aube, il avait neigé (mauvais présage si tard dans la saison) quand Tael Shannan (qui n'avait manifestement pas dormi de la nuit et cachait assez mal son irritation) est venu prendre le thé chez les Lewyllen et en profiter pour demander au capitaine si "par hasard" il ne saurait pas où étaient passés Mesh-Mesh, Andréas Odran, Eldan et Sifenen Arlan : le fait qu'il n'en sache rien a eu l'air de vraiment le gonfler et il est reparti assez vite.
La matinée fut consacrée aux funérailles dans une ambiance de plus en plus tendue : non seulement Mesh-Mesh et ses amis ne réapparaissaient pas, mais Vahned Rey est venu expliquer au Capitaine qu'il avait un "souci" avec eux : apparemment, ils ont utilisé le Géant d'Adira pour franchir une falaise et donc sortir du vallon bien gardé en esquivant les sentinelles... et les hommes de Malondil ont trouvé un cadavre dans les chutes d'eau, qui date de cette nuit, et ça commence à donner très fort l'impression que les Talendan ont assassiné quelqu'un avant de s'enfuir. Tael Shannan est à nouveau venu s'enquérir de Mesh-Mesh plusieurs fois (suscitant une méfiance croissante de la part de Vahned Rey), en s'énervant de plus en plus.
Le bûcher funéraire était déjà bâti et la crise diplomatique sur le point de péter lorsque, soudain, Kal Shemon'Lon (toujours complètement défoncé) a interrompu la cérémonie en criant et en gesticulant (la chamane lewyllen qui officiait a eu l'air de le prendre très mal), sa bardesse d'épouse expliquant de son mieux qu'un démon avait touché le défunt peu avant son trépas et que Shemon'Lon devait purifier le corps avant son incinération, sans quoi on risquait de libérer le monstre dans les airs : Ethelkaran a failli en faire une crise d'apoplexie, mais vu la tronche effarée que tirait son peuple, il a bien du se soumettre et le chaman cinglé a commencé à s'agiter dans tous les sens en secouant une crécelle en os, à ahaner des trucs complètement imbitables pendant au moins une demi-heure (les deux autres chamans présents se regardant sans comprendre du tout) avant de s'arrêter net en déclarant "Bon, allez, ça va bien comme ça". Ethelkaran et ses proches étaient sur le point d'étrangler le vieux... quand soudain Tael Shannan (avec une mine de circonstance et en grande tenue de deuil), Adira (souriant de son air le plus commercial), Andréas (gêné) et le fameux Sifenen Arlan (complètement déconfit) sont apparus soudain, avec l'air de sortir du bain et abîmés comme s'ils avaient participé à une bagarre de taverne juste avant... mais en portant des fleurs et des rameaux pour ajouter au bûcher : "On est pas en retard, au moins ?", a fait Adira.
Ils ont présenté leurs condoléances et leurs excuses à la famille, expliquant que Horen Rohanan avait lié sa vie aux leurs et qu'il est mort en les défendant pour une cause qui n'était pas la sienne (ça sentait bien le "appris par cœur y a dix minutes"), qu'ils lui en sont infiniment reconnaissants et que, bien au-delà d'eux mêmes, Rohanan s'est sacrifié pour préserver la paix, le commerce et l'amitié entre les Talendan et les Lewyllen, et que la Guilde ne l'oubliera jamais (clairement un "ad lib" d'Adira qui a fait grincé des dents au barde). Après un instant de grande tension, un mec dans l'assistance a fait remarqué que les funérailles de Rohanan étaient définitivement dignes de sa vie tumultueuse, il y a eu un début de fou rire et, un peu décrispé, Ethlekaran a accepté les excuses, les remerciements et les rameaux, les trois andouilles ont lâché un "ouf" perceptible et la cérémonie a repris normalement.
Tael Shannan s'est alors glissé auprès du Capitaine pour lui murmurer un truc à l'oreille.
Quand il a croisé le regard noir de Durgaut, Adira a pris une belle teinte pivoine.
Ce n'est qu'après le rituel qu'Ethelkaran a présenté au Capitaine un jeune lewyllen portant un corbeau sur l'épaule qui, à la demande du chef, a récité très vite : "Votre message n'est jamais arrivé jusqu'à Nevel, mais avec Tête-de-Caillou, le Noir Secret (Vighnu), Hem'Lelnis (?) et Lerkoren Oleytan (?), il a vaincu les Arkonnelkan en duel public chez les Oloden et convaincu leur grand chef, Kainen Tahrel, de ne pas entrer en guerre avec le méchant Rhilder. (coup de coude d'Ethelkaran) Ah... heu... et faut pas le gronder parce que c'est un héros maintenant... mais quoi-heu ? Ah merde oui, pardon... faut pas le gronder parce qu'il a servi Tal Endhil au péril de sa vie en suivant son devoir plutôt que ses ordres. C'était bien, là, non ? _Oui, oui, file...".
Pendant que le jeune homme au corbeau partait en courant et que le vénérable Lewyllen échangé encore quelque mot avec votre glorieux chef à tous, Adira, Arlan et Andréas en ont profité pour s'éclipser au pas de gymnastique, espérant pouvoir profiter du banquet donné par les marchands nomades avant de se faire passer le savon qui, clairement, les attend pour très bientôt.
C'est alors que quelqu'un, au loin, a crié "Les bernaches ! Les bernaches sont revenues ! C'est le printemps !!!". Il y a eut des vivas dans tout le vallon, des trompes ont sonné au sommet du piton rocheux et Kal Shemon'Lon, qui trottinait vers le banquet en fumant une pipe bien chargée, s'est raclé la gorge, a craché par terre et a marmonné "Bon présage ça, ouais, bon présage..."
Après quoi, le barde Tael Shannan est intervenu auprès du Capitaine Durgaut pour négocier avec lui l'amnistie d'Adira Pratesh, en échange des services rendus durant la nuit par le petit fehnri (mais contre quoi ?). Le Capitaine y a mis une condition : Maître Pratesh va devoir l'aidé à réparer tout le mal qu'il a fait en vendant des armes à l'ennemi (et la prochaine fois qu'on le prend à trafiquer des drogues illégales, il sera pendu aux créneaux du donjon).
Et lorsque Vighnu, Islinna, Nevel et Barbaras sont rentrés des Hautes-Pierres, Adira a pu avoir un long entretien avec son cousin (avant que l'assassin ne reparte sur un contrat très secret), le Capitaine a reçu un peu tout le monde pour entendre leurs rapports sur la situation dans la région et même passé un accord avec Andréas Odran (dont nous reparlerons plus tard...) : enfin, les PJ commencent à croiser leurs infos !
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Malgré ses revers à la mine, la Guilde de Tal Endhil a bientôt repris ses réunions où la jeune routière Mérane (désormais jouée par Aloun) a bientôt fait scandale en proposant aux très patriarcaux marchands remans une égalité de droits entre hommes et femmes ! Rien qui doivent, espérons-le, gêner les négociations entre Adira Pratesh et Lel'Liamil (qui cherchent notamment à récupérer le jeune Géant domestique perdu dans la forêt lors de l'embuscade au tout début de l'épisode 1), ni la préparation du premier voyage de la nef kerdane Coppavento (revenue à Écume 6 une fois la menace Arkonnelkan passée, pendant que Nevel et les autres étaient aux Hautes-Pierres) qui doit bientôt prendre la mer vers Aroche, la plus grande cité des Marches du Nord (ce sera un de nos prochains épisodes).
La guilde compte y échanger du métal et un gros stock de laine (en cours de tonte, filage et teinture) contre le matériel, les artisans et les semences nécessaire à leurs nombreux projets de développement. Parmi ceux-ci figurent notamment la réouverture finale du site qu'on appelle désormais "la Mine Bénie" (depuis l'apparition sur place d'un des divins Premiers), la prospection d'or, de gemmes et d'argent avec l'aide de l'Érudit Virgile de Narcejane, la reconstruction du moulin à eau par Hadrien Muraille, la culture de l'orge à destination d'une future brasserie, le développement du transport terrestre et maritime...
D'ailleurs, après avoir racheté aux lewyllen la Taverne Penchée grâce à leur solde enfin versée par le Capitaine (plus une prime pour l'attente et leurs actes héroïques !), les mercenaires de Tal Endhil ont décidé de prendre une part à l'aventure guildienne et y seront désormais représentés par le Sergent Le Cornu, siégeant aux côtés de son cher Capitaine qui a lui-même investi pour garder un peu de contrôle sur la principale entreprise du futur baillage (mais d'où sort-il tout cet argent ?).
Un soir, au cours de la cinquième semaine après la Bataille qui a fondé notre campagne, de mystérieuses figures se sont réunies à la Taverne Penchée qui venait de fermer plus tôt que toutes les autres nuits : Eldan le Moineau, une certaine Diane (arbalétrière mercenaire récemment arrivée en ville), sire Herle de Lorune (templier récemment défroqué pour avoir agressé un supérieur et fraîchement libéré de l'unique geôle du donjon de Tal Endhil), Andréas Odran, Vighnu Pratesh, Oleytan Lerkoren (grisé par ses exploits au Cercle des Hautes-Pierres) et deux autres mercenaires en permission y sont entrés discrètement... et n'ont plus été revus à Tal Endhil depuis !
Et maintenant, plein de gros spoilers bien gras sur tout ça (joueurs de Tal Endhil, ne les lisez pas !) :
Spoiler:
Le Faiseur = Capitaine Liméric Durgaut
Kobal = Maître Adira Pratesh
Loriel = Vighnu Pratesh et occasionnellement Sifenen Arlan
XXVII = Nevel Sholdanan (depuis le décès de son premier perso, Horen Rohanan)
Mad = Barbaras le Hornois et Lel'Liamil le Maquignon
Humphrey B = Andréas Odran
XO de Vorcen = Maître Hadrien "Muraille" et sa famille de bâtisseurs dis-fonctionnelle
Aloun = Eldan le Moineau et Mérane "Roulier"
Orlanth = Diane Maletudina, l'Arbalétrière
Ego' = Sire Herle de Lorune.
Après les Épisodes 1 "La Bataille de Tal Endhil", 2 "Le Siège de Tal Endhil", 3 "Opération Tréfonds : Au fil de l'Eau", 4 "Opération Tréfonds : les Eaux Troubles", 5 et 6 "Terrain Minier : Partie 1 & 2" et 7 "Embrouilles en Cascades", nous jouons actuellement l'épisode 8 "le Train de l'Argent" pendant qu'Adira et Mérane préparent le suivant, "Voyage à Aroche".
>> la suite, à commencer par des nouvelles de la Guilde de Tal Endhil