Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : sam. avr. 23, 2016 10:58 am
par Ozen
Hier première partie d'un playtest en campagne de Libreté, la "suite" de Perdus sous la pluie avec Mangelune aux commandes (c'était un peu la semaine Mangelune), Emöjk et Eugénie à la table. Le jeu propose de jouer une communauté d'enfants abandonnés loin du monde des adultes, dans une réalité distordue où il pleut toujours et où les sirènes que l'on trouvait déjà dans Perdus sous la pluie, essaient d'attaquer les gamins pour les terrifier et les dévorer. Pour ceux qui ont lu Sa majesté des mouches, on est en plein dans cette ambiance: environnement hostile et structure sociale de la communauté de gamins dystopique
Le système est basé sur une déclinaison d'Apocalypse World, avec des livrets archétypaux et des lancers de 2D6, mais au lieu d'avoir des caractéristiques, on accumule des jetons de bile noire à mesure que le personnage subit des frustrations ou des angoisses que l'on peut miser avant un jet pour augmenter ses chances. Donc si l'on veut réussir, il vaut mieux s'en prendre plein la tronche d'abord. C'est diablement pernicieux comme mécanique et ça remplit parfaitement son office!
Et donc hier c'était worldbuilding.
Nos gosses ont donc investi un musée construit dans une piscine (ça devrait rappeler des choses aux gens qui connaissent un peu Roubaix) dans laquelle les enfants sont soumis à l'autorité juste mais ferme du conservateur. Chaque gosse se voit confié le nom d'un tableau ou d'une oeuvre du musée, qui devient son nouveau nom. Les enfants sont répartis en trois groupes, les Médiévales associés aux œuvres de cette époque (plus ou moins), qui s'appellent tous Saint-quelque chose; les tous nus - associés à une sculpture - et dont le nom finit toujours par "tout nu", et les "trucs", qui eux s'occupent des œuvres abstraites. On trouve aussi des vandales qui veulent faire du mal aux œuvres, et des contrôleurs, qui ont des tâches particulières.
L'équipe était constituée de:
* "Saint Truc", un tableau qu'on ne savait pas si on devait le ranger avec les trucs et les médiévales... un enfant particulièrement bizarre qui arrête pas de dire des trucs dérangeants.
* Le p'tit truc au plot: un gamin trop mignon et petit qui a comme doudou un plot orange de travaux.
* Saint Michèle du corridor (en opposition à Saint Michel du grand bassin, un autre Médiévale), une grande fille des médiévales un peu bourrine mais pas méchante.
Et pour notre première mission, on a été faire un tour à l'extérieur où l'on a croisé des chiens morts vivants et des trucs bizarres qui disent des méchancetés dans le noir.
C'était le parfait mélange de déconne et de sérieux: la construction du monde était super fertile, les blagues pipi-caca juste bien dosées et l'angoisse est montée progressivement. Bref, une excellente première partie, le jeu tient ses promesses. Reste à voir sur la longueur. Un CR détaillé bientôt.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 2:22 am
par oneyed jack
Charly Dean a écrit :Nous hier, c'était Brigandyne.
(...)
Par contre, j'ai lancé les dés souvent.
Genre Les joueurs attaquent, font le round puis parlent.
Les adversaires tapent. Je lance les dés tout seul du coup. C'est bien ça?
Alors... Pas. Du. Tout.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 7:42 am
par Charly Dean
C'est bien ce que j'pensais... J'ai buggé:-/
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 7:54 am
par Erestor
Charly Dean a écrit :C'est bien ce que j'pensais... J'ai buggé:-/
Grave même. ^^
T'es censé ne pas lancer les dés, en tant que MJ, à Brigandyne.
Quand les PJ attaquent, ils lancent les dés pour attaquer, quand les PNJ attaquent, les PJ lancent les dés pour se défendre. Si mes souvenirs sont bons.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 8:44 am
par Charly Dean
C'est bien c'qui m'semblait. Mais j'ai eu un gros bug. Incapable de le trouver rapidement écrit en gros et noir. Plein de petites règles renotées, mais pas la loi... Crevé et cassé je suis. Mais ça va roxer jeudi là à nouveau !
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 10:36 am
par Fabfab
Erestor a écrit :
Charly Dean a écrit :C'est bien ce que j'pensais... J'ai buggé:-/
Grave même. ^^
T'es censé ne pas lancer les dés, en tant que MJ, à Brigandyne.
Quand les PJ attaquent, ils lancent les dés pour attaquer, quand les PNJ attaquent, les PJ lancent les dés pour se défendre. Si mes souvenirs sont bons.
Je crois même que c'est encore pas ça : quand les PJs combattent, ils lancent les dés modifiés du MODO de leurs adversaires. S'ils réussissent ils touchent, s'ils loupent leurs adversaires touchent. Un seul jet. Si mes souvenirs sont bons.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 11:03 am
par Invalys
je n'ai même pas Brygandyne mais c'est le principe dont je me souviens, un seul jet determine qui se prend les dégats, le vainqueur de l'opposition (le pj qui reussi son jet par exemple, l'adversaire si le pj rate le jet) touchant l'adversaire...
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 11:13 am
par Erestor
Fabfab a écrit :
Erestor a écrit :
Charly Dean a écrit :C'est bien ce que j'pensais... J'ai buggé:-/
Grave même. ^^
T'es censé ne pas lancer les dés, en tant que MJ, à Brigandyne.
Quand les PJ attaquent, ils lancent les dés pour attaquer, quand les PNJ attaquent, les PJ lancent les dés pour se défendre. Si mes souvenirs sont bons.
Je crois même que c'est encore pas ça : quand les PJs combattent, ils lancent les dés modifiés du MODO de leurs adversaires. S'ils réussissent ils touchent, s'ils loupent leurs adversaires touchent. Un seul jet. Si mes souvenirs sont bons.
Ouaich. C'est ça. C'était plus dans le sens narratif du terme : que le récit soit attaque ou défense = kifkif : les PJ lancent.
Comment ça, je suis de mauvaise foi et je ne veux pas avouer que je ne me rappelais plus vraiment ?
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 11:16 am
par Hudson
Cet après-midi, suite de ma campagne Z-Corps . On reprend une partie coincée chronologiquement 2 jours par rapport à l'étatactuel de la campagne. Une séquence run-road-slasher-movie pour la moitié de l'équipe (des nouveaux personnages) encore "coincée" au Kansas dans le cadre d'une aide humanitaire
La prochaine partie (en semaine 5) verra la création officielle des Z-corps, les personnages se rendre à Washington DC pour être entendu par une commission sénatoriale... La séquence de Nick Fury dans Cpt America 2 me fait furieusement de l’œil (quel jeu de mots ) pour coller aux événements de la chronologie officielle de la gamme.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 12:45 pm
par Lucide
Jeudi, deuxième partie de Night Witches. Après un débriefing où on a remis à sa place un capitaine peu fan de notre régiment féminin, on a eu quelques fritions avec son régiment (ils ont saccagés notre dortoir), avec une tempête de neige pour compliquer les choses, cela nous a occupé toute la séance (finie en cliffhanger) et on n'a pas eu l'occasion de partir en mission.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 1:35 pm
par oneyed jack
Fabfab a écrit :
Erestor a écrit :
Charly Dean a écrit :C'est bien ce que j'pensais... J'ai buggé:-/
Grave même. ^^
T'es censé ne pas lancer les dés, en tant que MJ, à Brigandyne.
Quand les PJ attaquent, ils lancent les dés pour attaquer, quand les PNJ attaquent, les PJ lancent les dés pour se défendre. Si mes souvenirs sont bons.
Je crois même que c'est encore pas ça : quand les PJs combattent, ils lancent les dés modifiés du MODO de leurs adversaires. S'ils réussissent ils touchent, s'ils loupent leurs adversaires touchent. Un seul jet. Si mes souvenirs sont bons.
Voilà c'est ça !
Le principe du jeu c'est que si -après modif- tu as disons, 55% de toucher:
De 01 à 55 tu remportes le round
Si les dés indiquent 56 et +, c'est l'adversaire qui le remporte.
Il n'y a pas de round du PJ, round du PNJ. Tout se gère dans ce qu'on appelle une "passe d'armes".
Dans l'exemple précédent, si au premier round tu obtiens 46 et qu'au second tu obtiens 15, tu as enchainé l'adversaire deux tours de suite, sans impression de "à toi, à moi".
Après il y a quelques exceptions comme les doublés, mais le principe est là.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 2:20 pm
par Charly Dean
Invalys a écrit :je n'ai même pas Brygandyne mais c'est le principe dont je me souviens, un seul jet determine qui se prend les dégats, le vainqueur de l'opposition (le pj qui reussi son jet par exemple, l'adversaire si le pj rate le jet) touchant l'adversaire...
C'est pas le souci. C'est plutôt lorsque le PJ se fait attaquer. Le joueur lance l'esquive du coup..
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 2:27 pm
par oneyed jack
Charly Dean a écrit :
Invalys a écrit :je n'ai même pas Brygandyne mais c'est le principe dont je me souviens, un seul jet determine qui se prend les dégats, le vainqueur de l'opposition (le pj qui reussi son jet par exemple, l'adversaire si le pj rate le jet) touchant l'adversaire...
C'est pas le souci. C'est plutôt lorsque le PJ se fait attaquer. Le joueur lance l'esquive du coup..
Alors en fait, c'est peut-être une gymnastique mentale à faire, mais il n'y a vraiment pas de "tour des méchants".
Quand dans ton scénar, des méchants se ruent sur les PJ: les PJ font un test de COM. S'ils le gagnent il faut alors raconter qu'ils ont parfaitement réagi et infligent des dégâts.
Si les ennemis attaquent par surprise, c'est exactement pareil, sauf que si les PJ remportent la passe d'armes, ils n'ont pu que se défendre, esquiver à l'arrache, et ils n'infligent pas de dégâts.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici
Publié : dim. avr. 24, 2016 3:26 pm
par Tybalt (le retour)
Hier soir, première partie de Perdus sous la pluie ! J'avais acheté le jeu sans être sûr d'avoir l'occasion de le tester un jour, mais une amie d'amie le possédait aussi et était très partante pour y rejouer. Nous nous sommes retrouvés à quatre joueurs avec pas mal de temps devant nous. Après une bonne séquence bavardage et une tranquille explication des règles en clarifiant bien les spécificités du jeu (la narration partagée, l'ambiance d'horreur, le fait que les persos ne vont globalement pas s'en sortir), nous avons créé nos personnages et lancé la partie en démarrant la sonorisation grâce au site Rainy Mood, que je recommande car son fond sonore nous a beaucoup aidés à nous plonger dans l'ambiance.
La partie nous a occupés deux heures et demi au bas mot, en partie parce que nous avons mis un peu de temps à démarrer et à oser nous retirer mutuellement des attaches, et en partie parce que nous avons beaucoup aimé entretenir l'atmosphère fantastique et inquiétante avant d'en venir à des conflits plus graves entre enfants et des cauchemars plus fantastiques. Voici tout de même un compte rendu résumé, que je place entre balises spoilers pour ne pas prendre trop de place :
Spoiler:
Mon personnage s'appelait Angélica, 11 ans. Elle vivait dans un orphelinat cossu mais sévère entouré de hauts murs. Elle se souvenait de la chambre de ses parents, des rideaux épais et rassurants et de la couette confortable du lit bien chaud où sa mère la bordait. Quand elle avait très très très peur, elle pleurait la tête dans ses mains toute recroquevillée et appelait sa maman. Elle croyait qu'elle avait été abandonnée parce qu'elle n'était pas assez sage et qu'une fois elle était sortie de la chambre à l'orphelinat la nuit alors que c'était défendu. Des fois, elle faisait des cauchemars sur une boutique de jouets désaffectée où elle avait aperçu des figurines de dinosaures et de cowboys à moitié désarticulées.
Elle a rencontré d'autres enfants dans la ville. Thomas, qui venait lui aussi d'un orphelinat et faisait parfois des cauchemars sur un incendie survenu quelques années plus tôt et qui avait coûté la vie à ses parents. Lilith, qui pensait avoir été abandonnée parce qu'elle était méchante, puisqu'elle avait torturé des lézards, une fois, pour voir ; et qui faisait parfois des cauchemars à propos d'une piscine qui lui faisait très peur. Et Lise, qui pensait avoir été abandonnée par ses parents parce qu'ils l'avaient sûrement remplacée par un autre enfant, et qui faisait parfois des cauchemars sur un chat très sale aux oreilles trouées qu'elle avait aperçu une fois dans un parking intimidant.
Les quatre enfants se sont rencontrés sur un terrain vague, grande étendue de terre inégale et rendue glissante par l'averse interminable qui y étalait de larges flaques. Thomas s'agrippait à un énorme parapluie noir sous lequel Angélica s'abritait aussi, tandis que Lise s'était installé sur l'un des sièges arrières à demi défoncés de l'épave d'une voiture. Lilith s'approcha d'un pas hésitant. L'accueil fut timoré, prudent, bientôt réprobateur quand elle eut l'imprudence de confesser sa méchanceté. Par la suite, Angélica voulut s'installer sur l'un des sièges avant de la voiture, mais il y avait de mauvais ressorts qui dépassaient un peu partout. Plus la conversation avança, plus les enfants découvraient que chacun d'eux était bizarre. Des bruits inquiétants se faisaient entendre sous la voiture, comme des choses qui grouillaient. Le toit était percé à l'avant, Angélica recevait des gouttes dans le cou. Plusieurs fois, l'un des enfants crut voir un pigeon s'écraser contre la voiture et se briser le cou, mais les autres ne voyaient rien et quelques instants après il n'y avait plus trace de l'oiseau. Quelqu'un disait-il des mensonges, ou bien les enfants ne voyaient-ils pas les mêmes choses ?
Avec le temps, la faim et le froid se firent sentir et les enfants finirent par se résoudre à traverser le terrain vague en quête d'un endroit plus au sec et de quelque chose à manger. Le terrain vague était immense, les flaques inquiétantes, la palissade à franchir très haute. Thomas fit la courte échelle à Lilith, mais la palissade branlante bascula sous leur poids. Au delà, il n'y avait que des ombres et les silhouettes peu rassurantes d'immeubles trapus engoncés dans des échafaudages. Le métal humide grinçait et tanguait sous de brusques coups de vent. Lise s'appuya imprudemment à une poutrelle et y accrocha sa parka, qu'elle dut retirer en ne gardant que la capuche déboutonnable. Les enfants eurent des peurs au pied de ces façades menaçantes. Ils entrèrent enfin par la première porte qu'ils rencontrèrent et se retrouvèrent dans un salon aux murs carrelés, meublé d'un grand canapé et de plusieurs étagères.
Un moment, les enfants purent se réchauffer et se sécher. Mais plus ils exploraient la pièce et les pièces attenantes, plus leurs cauchemars les rattrapaient. Lilith fut effrayée de trouver par terre un livre sur les vampires. Lise eut très peur lorsqu'en cherchant sur les étagères elle tomba sur des lunettes de piscine en plastique qui tombèrent et rebondirent sur le plancher comme si elles sautillaient. Angélica se disputa avec Thomas car chacun avait entendu des bruits différents et accusait l'autre de mentir. Dans la pièce voisine, une radio crachotait en changeant de fréquence toutes les quelques secondes. Thomas tenta d'explorer la cuisine mais n'osa pas s'approcher du four brûlant où cuisait quelque chose. Les enfants ne s'y arrêtèrent pas et découvrirent un gâteau succulent. Lilith s'en saisit à mains nues et ne fut pas brûlée alors qu'Angélica avait très sérieusement recommandé de mettre des maniques ; Lise s'y trompa et se brûla les doigts. Le gâteau était très bon, sauf pour Thomas qui y sentit des choses en caoutchouc qui revenaient sous la dent. Lilith ouvrit en grand la porte entrouverte du frigo et hurla en y apercevant un chat aux oreilles trouées congelé là, mais les autres ne voyaient rien du tout.
Les enfants restèrent dans le salon. Le gâteau et la chaleur de la pièce leur rappelaient les meilleurs souvenirs de leurs parents ; ils en discutèrent, mais ne réussirent qu'à s'attrister un peu plus. Au fil du temps, le sommeil s'appesantit sur eux. Angélica vit dans un coin de la pièce une couverture qui ne s'y trouvait pas auparavant et voulut s'y emmitoufler, mais la couverture était pleine de vers. Elle se replia vers le canapé d'où Lilith la repoussa. Pendant ce temps, Lise avait aperçu une chose blanchâtre sur le sol. Comme un lézard roulé en boule. Fascinée, elle voulut le découper, mais la chose s'agita et la petite fille finit par la déchirer en deux. Lilith poussa en cri de colère en apercevant Lise qui tenait dans chaque main un morceau de la capuche de sa parka qu'elle venait de déchirer. Expulsée du canapé, Lise progressa parmi des seaux où gouttait l'eau qui s'infiltrait du plafond. Il y avait de plus en plus de seaux... et dans les seaux, l'eau avait l'air profonde, plus profonde que le niveau normal du sol. Lise voulut revenir près du canapé. Ploutch, elle mit le pied dans un seau où elle s'enfonça. Avec un cri de peur, elle se débattit... puis fondit dans le seau. Elle ne revit jamais ses parents.
Les enfants restants, effrayés, se pelotonnèrent sur le canapé et se préparèrent à dormir. La radio continuait à crachoter des morceaux de discours d'adultes entrecoupés d'une voix de dame qui racontait un conte où deux parents acceptaient d'abandonner l'un de leurs deux enfants. Angélica essayait de dormir mais n'y arrivait pas : la radio lui faisait peur. Elle s'obnubila à l'idée d'aller demander aux voisins de baisser la radio de l'autre côté du mur. Elle partit par la porte et disparut. Elle ne revint pas et ne revit jamais ses parents. Thomas et Lilith s'endormirent. Pendant la nuit, des bruits de choses qui bougeaient dans la pièce réveillèrent Thomas. Il y avait comme des silhouettes d'animaux ou d'adultes marchant à quatre pattes, couverts d'une fourrure hérissée. Thomas ne parvenait pas à fermer l'oeil. Maintenant, tout le sol du salon était couvert d'eau scintillante, et l'eau coulait toujours du plafond. Il réveilla Lilith, mais elle ne voyait rien et lui demanda en grommelant d'aller fermer la porte, qu'Angélica avait laissée ouverte. Tremblant de peur, il marcha dans l'eau jusqu'à la porte et la ferma, mais se retrouva du mauvais côté du battant, la main toujours sur la poignée. Il réessaya et se retrouva de nouveau dans le salon. Rassuré, il s'avança. Mais au fond de la pièce, une lumière chaude et attirante vacillait. Thomas s'approcha. Il faisait bon, très chaud... Thomas disparut dans le brasier qui brûlait à la place du mur du salon, et il ne revit jamais ses parents.
Lilith se réveilla après une nuit reposante. Elle traversa le salon sec, ouvrit la porte, sortit, se rendit jusqu'à la porte de l'un des immeubles sombres, composa un code, entra et monta au troisième étage, où ses parents lui ouvrirent. Elle se sentit très mal toute cette journée.
Bilan ? Tout le monde a beaucoup apprécié la partie et nous avons enchaîné sur un bon dîner. Personnellement, j'ai retrouvé dans Perdus sous la pluie les qualités des jeux à narration partagée que j'avais déjà adorées dans Inflorenza, à savoir la grande facilité avec laquelle on peut partir dans du fantastique en vue subjective, où on ne sait souvent pas ce qui se passe exactement et où ça n'a pas la moindre importance pour la partie (aux antipodes des jeux où il faut mesurer en cases ou en mètres le moindre déplacement en combat - mais ce sont simplement deux approches différentes qui ne cherchent pas le même type de plaisir dans une partie).
Je dois dire aussi que le jeu m'a paru beaucoup plus plaisant que ce que je redoutais après l'avoir lu. Perdus sous la pluie, ce sont tout de même des histoires de groupes d'enfants qui se martyrisent les uns les autres avant de disparaître forcément emportés par des monstres : il y a un gros potentiel de glauque ! Pourtant, il y avait un réel plaisir à élaborer cette histoire. D'abord parce qu'on avait bien posé la distance entre nous et nos personnages dès le début, ainsi que le fait que c'était un jeu de frisson et d'horreur. Ensuite parce que c'était assez amusant de jouer des enfants. Mais aussi parce que cela nous a donné l'occasion de recycler nos connaissances respectives des codes du fantastique, des récits d'angoisses, des films d'horreur, et plus généralement des contes et des récits effrayants de la petite enfance. Le jeu se prête très bien à l'élaboration de récits qui virent peu à peu au cauchemar.
Je m'étais aussi interrogé sur la durée de vie du jeu, mais, à vue de nez, les parties doivent pouvoir être assez différentes selon les joueurs et selon l'approche qu'on privilégie, plutôt dans la violence psychologique et le réalisme ou plus dans le cauchemardesque surnaturel. Pendant notre partie, nous avons alterné constamment entre les deux, en basculant de plus en plus dans le surnaturel au fil du temps.
Re: Hier j'ai joué à un truc et j'ai envie d'en parler ici