Avec un groupe d'une trentaine d'amis/connaissances nous avons profité de ce week-end étendu pour organiser une retraite rôliste dans un petit gite d'une région inconnue (il me semble qu'on était en Bourgogne mais on se s'est pas tellement posé la question, l'ambiance était plutôt en mode "on joue là, on visite la France et ses régions après !"

).
C'était donc un peu l'orgie avec pas moins de 8 parties pour ma pomme :
*J'évacue le plus douloureux après une partie de mon propre jeu,
Les Remémorants, jouée à 2 heures du mat et qui ne fonctionnait pas très bien. On y joue, sans MJ, des personnages de l'univers de Millevaux (et son apocalypse forestier) qui cherchent à retrouver leurs souvenirs alors qu'un des joueurs cherche à faire ressortir les éléments les plus négatifs possibles.
Ici le contrat social n'était pas clair du tout et ce qui avait fonctionné dans les précédents playtests ne marchait plus. Même s'il y avait certes un effet du contexte (je ne crois plus tellement à l'idée qu'un jeu peut garantir une expérience de jeu formidable indépendamment de ses joueurs) je me dis que quelques conseils simples auraient pu permettre d'éviter ce fiasco. Bref ne rejouez plus à vos jeux publiés surtout s'ils fonctionnaient lors des précédents playtests.
*Playtest de
La Vie de l'absent, jeu court d'un des participants, qui permet de raconter la vie d'une personne ordinaire qui vient de décéder. L'histoire racontée était beaucoup plus dépressive que ce que l'auteur envisageait pour son jeu (Mangelune et moi-même étant présents à la table, et fidèles à notre réputation de joueurs entrainant les jeux drama vers les tréfonds du drame, c'était normal) mais tout cela fonctionnait plutôt bien.
*Anticipant l’élection du
Grog d'Or nous avons beaucoup parlé de
Sombre Classic et Zero. Ce dernier a suscité des débats enflammés tant il divise (même chez ceux qui apprécient le jeu de base). J'ai eu l'occasion de refaire jouer le fameux
Deep Space Gore avec beaucoup de plaisir (et un TPK même si j'ai bien cru que l'un des personnages allaient s'en sortir) mais plein de joueurs l'ayant testé en convention le trouvait beaucoup trop linéaire et tactiquement pauvre.
Bon ceci dit ma grosse partie de Sombre c'était un scénario, dont j'étais joueur, de Millevaux, à partir d'un scénario de Thomas Munier : Sheitan et Haschichins. Un truc complétement fou transportant les joueurs dans un Casablanca atteint pour la pourriture de Millevaux, le scénario retrouvant la pure efficacité des meilleurs scénarios Sombre (il y a quelques choses du
Salaire de la peur dans le pitch) avec les idées esthétiques de Thomas en confrontant les personnages, pour la plupart musulmans, à une abomination comme on en voit peu dans les parties de JDR. Je reste un peu vague car je conseille vivement de chercher à y jouer, il s'agit de ma meilleure expérience du week-end et de mon scénar de Sombre préféré.
*Test d'un scénario
Burning Wheel, the Gift, impliquant 8 PJs et confrontant une délégation elfe avec une cour de nains en train de vivre une succession difficile. La construction du scénario se rapproche du GN avec ses PJs aux intérêts souvent opposés et l'absence de PNJs importants. J'ai pris beaucoup de plaisir à interpréter un vieux nain mais nous n'avons pas été convaincu par les mécaniques du jeu notamment celles du Duel of Wits qui venaient affadir la discussion en aplanissant l'impact des arguments (mécaniquement tout se valait).
On était bien plus convaincus par la situation du scénario avec ses règles sociales, liées aux traditions naines et elfiques, je conseille vivement d'y jeter un œil même si vous vous fichez de Burning Wheel (à qui je suis prêt à reconnaitre bien des qualités).
*Playtest d'
Eveille qui a déjà été
playtesté sur la Cellule et qui met les joueurs dans la peau de jeunes défavorisés pratiquant le street art et l'activisme politique dans un environnement urbain. Le jeu baigne dans un discours politique naïf qui vient faire tendre le jeu vers l'utopie et donc la fantasy.
Je regrette un peu la présence d'éléments fantastiques à la Scott Pilgrim alors que j'appréciais l'ambiance du jeu sans mais j'ai pris beaucoup de plaisir à lutter contre l'oppression (d'autant que le jeu repose sur des mécaniques bien pensées).
*Playtest de
Vade Mecum, le prochain jeu de Romaric Briand (l'auteur de Sens), qui s'inspire des jRPG comme Final Fantasy, de Parasite Eve (avec ses gros monstres qui surgissent dans une grande ville américaine) et de 24 heures Chrono.
C'est très différent de Sens avec des mécaniques tactiques utilisant un échiquier pour représenter les situations de combat (cela marche super bien !), l'obligation de gérer le déroulement du temps quand on entreprend des actions (qui m'évoque certains jeux coopératifs à la Pandémie où il faut prioritiser ses actions) et une enquête obligeant les joueurs à formuler plein d'hypothèses sur les événements (on peut gagner de l'XP si on devine à l'avance les révélations du MJ). Partie très plaisante qui donnait très envie d'enchainer sur la suite.
*J'ai pu, en imitant le Capitaine Caverne, tester l'univers de
Vornheim en le motorisant avec le système d'
Into the Odd(je ne vois pas l'intérêt du système de Lamentations of the Flame Princess) et en partant sur une logique d'improvisation totale (j'avais juste préparé des rumeurs). On a beaucoup apprécié la partie, qui s'est orienté vers la lutte contre des rats (obsession d'un des personnages) dont l'un d'eux avait arraché l'oreille de la femme du régent de la cité.
Au final tout cela marchait très bien, le système simple et (relativement) dangereux pour les PJs incitait les joueurs à préparer le terrain avant de se battre et -bien qu'improvisé- le récit de cette groupe d'aventuriers venus cherché l'aventure dans une ville inconnue se tenait bien et proposait de belles scènes, notamment autour du théâtre : les joueurs ayant eu l'occasion de découvrir (et de devenir acteur) dans des théâtres arènes où la fin des pièces est déterminée par des combats à mort entre les joueurs et les procès dramatiques demandant aux accusés de présenter leur point de vue sur les événements en mettant en scène une pièce (le jugement se faisant à l’applaudimètre).