[CR] D&D 5E — le Tribunal d'Islayre — COMPLET
Publié : ven. sept. 30, 2022 10:53 am
Hier, première session d'une campagne D&D5 menée par @Islayre d'Argolh , avec @Sixte et un autre camarade.
Islayre souhaitait monter une campagne à l'ancienne par "soustraction pure", sans rien changer au corpus de règle, seulement en réduisant ses possibilités : un seul non-humain dans l'équipe, et guerrier-voleur-magicien-clerc pour les classes et c'est tout. Il compte aussi, nous a-t-il dit, être un peu tatillon sur le matériel et le réalisme. Je prévoyais donc que les activités principales consisteraient à vêtir et ôter des armures, encorder des arcs et charger des mules. Je n'étais pas loin de la réalité (et c'était vraiment chouette). Il nous a autrement laissé le champ libre pour les persos, nous présentant en amont et en quelques lignes le monde dans lequel ils évolueraient. Un monde par soustraction, encore une fois. Un plan primaire aux lointains échos doubles, un monde d'en-bas. Un pays semblable à l'Europe féodale, où régnait autrefois un empire et son culte du serpent. L'empire s'est effondré laissant place à des baronnies émiettées, tandis qu'une religion nouvelle se propage depuis le royaume nain : le Tribunal, dieu tripartite. Seuls les clercs du Tribunal sont capables de miracle, ce qui nous donne un monothéisme de fait, en quelque sorte, et en pleine expansion. Voilà pour le monde.
J'ai choisi là-dedans d'incarner Jeanne de la Forge. Jeanne est la fille d'un forgeron veuf, qui lui a appris son rude métier, pour lequel elle a toujours eu d'étranges facilités. Forger des armes lui venait naturellement. Enfant très pieuse, elle passait ses rares journées libres au monastère autour duquel son village était né. Quand sont venus les temps du trouble, elle s'est engagée dans la milice mais, trop frêle et trop jeune, on ne lui y a accordé que la place de cantinière. C'est là qu'elle a appris à soigner les plaies les plus vicieuses. Puis est venue la Révélation. Une horde déchaînée a fondu sur le village, mettant la milice en déroute. Les villageois réfugiés au monastère croyaient venu leur dernier jour. C'est alors que le bruit de la forge a retenti. Jeanne y forgeait son épée et son armure. Le jour d'après, à la tête des villageois armés au petit bonheur, elle repoussait la horde, comme nimbée d'une sainte lumière. Le Tribunal avait rendu son jugement. Jeanne était son émissaire. Son destin l'attendait.
Ou, dit en moins de mots : une sainte guerrière, clerc de la guerre à l'historique de héroïne du peuple, frêle mais dextre, sage par-delà son âge et plutôt charismatique, un build pas commun (9/16/12/10/16/14). Maîtrise de la médecine, du dressage et de la religion, de la survie aussi, enfin de la persusasion ; tout cela conformément à son historique. Son manque de puissance physique m'a poussé à investir toute ma fortune de départ dans une mule, la fière Rossi, tétue mais fidèle, qui portera mon paquetage.
À ses côtés (tout cela déterminé par mail et en session 0 hier) :
Sire Édouain, banneret du tyran sanguinaire, avait rénié son serment quand était venu l'ordre de massacrer les villageois. Puis, quand Jeanne lui est apparue au petit matin parée des couleurs de l'aube, à la tête de son ost improvisée, il est allé jusqu'à la trahison : il a lui-même passé le tyran au fil de l'épée, achevant de désorganiser la horde, qui fut taillée en pièces. Issue d'une famille de vieille noblesse encore attachée aux traditions de la foi ancienne, il n'est pas bien sûr de ce qu'il lui arrive. Ce n'est pas la première fois qu'il trahissait. Une autre fois déjà, il avait changé de camp pour le salut de son âme, fidèle à ses principes plus qu'à son serment. Il a cru voir en Jeanne un repentir possible. Serait-elle celle qui, enfin, ferait coïncider en lui loyauté et grand cœur ?
Ivellios Amakiir avait déjà rencontré Jeanne. Pour lui c'était hier, pour elle il y a quinze ans. Ivellios est un elfe, un prince des hautes-forêts, en quête de beauté et de plaisirs terrestres. La spiritualité l'ennuie et les responsabilités l'effraient. Sa famille le lasse, la forêt aussi. C'est ce qui l'avait lancé sur les routes, pour une carrière de roublard, presque de bandit de grand chemin. Il avait remarqué sur la fillette un curieux médaillon d'origine Eladrin, une breloque sans valeur pour ces paysans, un trésor pour lui. Il s'était promis de revenir à l'occasion afin de s'en emparer, et c'est ce qu'il fit — après la bataille. Faute de trouver Jeanne immédiatement au milieu des décombres, il se tourna vers la chapelle incendiée, où le reliquaire qui contenait le crâne fendu de sainte Oldéa l'attendait au milieu des flammes. Une cible facile. Mais quand il sortit, Jeanne était là, rayonnante et victorieuse, qui le remercia d'avoir sauvé la relique. Il n'eut pas le cœur de la détromper. Elle comptait se rendre à Neuvaine, où une congrégation du Tribunal pourrait sûrement assurer la sécurité de ces saints ossements. Il proposa de l'accompagner, une petite idée derrière la tête.
Et c'était parti !
Tout a commencé par une poignée de main, échangée entre Jeanne et le sénéchal de Neuvaine, par laquelle elle acceptait de déterminer ce qui se tramait à Hautenaut, petit village minier qui ne donnait plus de nouvelles malgré l'envoi d'une patrouille, bien évidemment jamais revenue.
Sur place, des cadavres, frais et moins frais. Le village était livré aux chiens. Une première rencontre avec ces molosses agressifs faillit bien coûter la vie de Jeanne, mais le pavois d'Edouain et l'arc d'Ivellios ne les laissèrent pas faire. Peu à peu, ils progressèrent dans le village, constatant partout les mêmes scènes macabres, pour glaner çà et là quelques précisions : les chiens n'étaient pas que ceux du village, certains venaient d'ailleurs, et probablement de loin. Ils paraissaient soumis à une maladie étrange, peut-être pire que la rage, qui les rendaient avides de chair. Seuls les chiens étaient touchés : les autres bêtes avaient fini dévorées par la meute, et seul un petit chat avait survécu, malingre, dissimulé dans un grenier.
La nuit tombait, les chiens s'entendaient partout. Il fallut penser à protéger Rossi et les chevaux, puis à trouver un abri. Au petit matin, Jeanne pria le père, la mère et l'esprit pour qu'ils lui donnent la force de rendre la justice, et le Tribunal voulut bien lui indiquer la route. La folie des chiens trouvait son origine dans la mine. Ses compagnons la suivirent et s'enfoncèrent dans les tunnels au péril de la vie.
Et péril il y eut bien : dangereuses moisissures, mineurs morts et possédés, puis, au fond, tout au fond, un molosse à deux têtes, qu'ils crurent pouvoir surprendre en plein sommeil. Ivellios banda son arc et toucha, mais le monstre était solide et se rua sur lui. Jeanne fit parler la foudre du Père, Édouain jaillit à la rescousse, mais aucun ne put empêcher ce qui suivit : Ivellios déchiqueté par les mâchoires du chien. Quand Édouain enfin sut attirer la bête à lui, il était presque trop tard. Jeanne courut pour sauver son ami, mais ses mains tremblaient trop et elle sentit son âme rejoindre la Mère. Ivre de justice, elle se jeta sur le chien bicéphale, qu'Édouain avait placé en position délicate. Sa lame trouva la gorge en un éclair. Couverte de son sang, elle s'agenouilla face à la dépouille d'Ivellios. Il n'était plus de ce monde. De sous sa chemise de maille, elle tira son médaillon. Celui qu'il aimait tant, qu'il avait même voulu lui acheter contre une poignée de pièces. Elle le passa au cou de son ami défunt et ferma ses paupières.
*
La campagne se poursuivra au rythme habituel (une session toutes les deux semaines, en gros), et ne promet que du bon.
Comme quoi, souvenez-vous : pour faire de l'old school à la vanille, létal et humano-centré, DD5, ça marche aussi !
Islayre souhaitait monter une campagne à l'ancienne par "soustraction pure", sans rien changer au corpus de règle, seulement en réduisant ses possibilités : un seul non-humain dans l'équipe, et guerrier-voleur-magicien-clerc pour les classes et c'est tout. Il compte aussi, nous a-t-il dit, être un peu tatillon sur le matériel et le réalisme. Je prévoyais donc que les activités principales consisteraient à vêtir et ôter des armures, encorder des arcs et charger des mules. Je n'étais pas loin de la réalité (et c'était vraiment chouette). Il nous a autrement laissé le champ libre pour les persos, nous présentant en amont et en quelques lignes le monde dans lequel ils évolueraient. Un monde par soustraction, encore une fois. Un plan primaire aux lointains échos doubles, un monde d'en-bas. Un pays semblable à l'Europe féodale, où régnait autrefois un empire et son culte du serpent. L'empire s'est effondré laissant place à des baronnies émiettées, tandis qu'une religion nouvelle se propage depuis le royaume nain : le Tribunal, dieu tripartite. Seuls les clercs du Tribunal sont capables de miracle, ce qui nous donne un monothéisme de fait, en quelque sorte, et en pleine expansion. Voilà pour le monde.
J'ai choisi là-dedans d'incarner Jeanne de la Forge. Jeanne est la fille d'un forgeron veuf, qui lui a appris son rude métier, pour lequel elle a toujours eu d'étranges facilités. Forger des armes lui venait naturellement. Enfant très pieuse, elle passait ses rares journées libres au monastère autour duquel son village était né. Quand sont venus les temps du trouble, elle s'est engagée dans la milice mais, trop frêle et trop jeune, on ne lui y a accordé que la place de cantinière. C'est là qu'elle a appris à soigner les plaies les plus vicieuses. Puis est venue la Révélation. Une horde déchaînée a fondu sur le village, mettant la milice en déroute. Les villageois réfugiés au monastère croyaient venu leur dernier jour. C'est alors que le bruit de la forge a retenti. Jeanne y forgeait son épée et son armure. Le jour d'après, à la tête des villageois armés au petit bonheur, elle repoussait la horde, comme nimbée d'une sainte lumière. Le Tribunal avait rendu son jugement. Jeanne était son émissaire. Son destin l'attendait.
Ou, dit en moins de mots : une sainte guerrière, clerc de la guerre à l'historique de héroïne du peuple, frêle mais dextre, sage par-delà son âge et plutôt charismatique, un build pas commun (9/16/12/10/16/14). Maîtrise de la médecine, du dressage et de la religion, de la survie aussi, enfin de la persusasion ; tout cela conformément à son historique. Son manque de puissance physique m'a poussé à investir toute ma fortune de départ dans une mule, la fière Rossi, tétue mais fidèle, qui portera mon paquetage.
À ses côtés (tout cela déterminé par mail et en session 0 hier) :
Sire Édouain, banneret du tyran sanguinaire, avait rénié son serment quand était venu l'ordre de massacrer les villageois. Puis, quand Jeanne lui est apparue au petit matin parée des couleurs de l'aube, à la tête de son ost improvisée, il est allé jusqu'à la trahison : il a lui-même passé le tyran au fil de l'épée, achevant de désorganiser la horde, qui fut taillée en pièces. Issue d'une famille de vieille noblesse encore attachée aux traditions de la foi ancienne, il n'est pas bien sûr de ce qu'il lui arrive. Ce n'est pas la première fois qu'il trahissait. Une autre fois déjà, il avait changé de camp pour le salut de son âme, fidèle à ses principes plus qu'à son serment. Il a cru voir en Jeanne un repentir possible. Serait-elle celle qui, enfin, ferait coïncider en lui loyauté et grand cœur ?
Ivellios Amakiir avait déjà rencontré Jeanne. Pour lui c'était hier, pour elle il y a quinze ans. Ivellios est un elfe, un prince des hautes-forêts, en quête de beauté et de plaisirs terrestres. La spiritualité l'ennuie et les responsabilités l'effraient. Sa famille le lasse, la forêt aussi. C'est ce qui l'avait lancé sur les routes, pour une carrière de roublard, presque de bandit de grand chemin. Il avait remarqué sur la fillette un curieux médaillon d'origine Eladrin, une breloque sans valeur pour ces paysans, un trésor pour lui. Il s'était promis de revenir à l'occasion afin de s'en emparer, et c'est ce qu'il fit — après la bataille. Faute de trouver Jeanne immédiatement au milieu des décombres, il se tourna vers la chapelle incendiée, où le reliquaire qui contenait le crâne fendu de sainte Oldéa l'attendait au milieu des flammes. Une cible facile. Mais quand il sortit, Jeanne était là, rayonnante et victorieuse, qui le remercia d'avoir sauvé la relique. Il n'eut pas le cœur de la détromper. Elle comptait se rendre à Neuvaine, où une congrégation du Tribunal pourrait sûrement assurer la sécurité de ces saints ossements. Il proposa de l'accompagner, une petite idée derrière la tête.
Et c'était parti !
*
Tout a commencé par une poignée de main, échangée entre Jeanne et le sénéchal de Neuvaine, par laquelle elle acceptait de déterminer ce qui se tramait à Hautenaut, petit village minier qui ne donnait plus de nouvelles malgré l'envoi d'une patrouille, bien évidemment jamais revenue.
Sur place, des cadavres, frais et moins frais. Le village était livré aux chiens. Une première rencontre avec ces molosses agressifs faillit bien coûter la vie de Jeanne, mais le pavois d'Edouain et l'arc d'Ivellios ne les laissèrent pas faire. Peu à peu, ils progressèrent dans le village, constatant partout les mêmes scènes macabres, pour glaner çà et là quelques précisions : les chiens n'étaient pas que ceux du village, certains venaient d'ailleurs, et probablement de loin. Ils paraissaient soumis à une maladie étrange, peut-être pire que la rage, qui les rendaient avides de chair. Seuls les chiens étaient touchés : les autres bêtes avaient fini dévorées par la meute, et seul un petit chat avait survécu, malingre, dissimulé dans un grenier.
La nuit tombait, les chiens s'entendaient partout. Il fallut penser à protéger Rossi et les chevaux, puis à trouver un abri. Au petit matin, Jeanne pria le père, la mère et l'esprit pour qu'ils lui donnent la force de rendre la justice, et le Tribunal voulut bien lui indiquer la route. La folie des chiens trouvait son origine dans la mine. Ses compagnons la suivirent et s'enfoncèrent dans les tunnels au péril de la vie.
Et péril il y eut bien : dangereuses moisissures, mineurs morts et possédés, puis, au fond, tout au fond, un molosse à deux têtes, qu'ils crurent pouvoir surprendre en plein sommeil. Ivellios banda son arc et toucha, mais le monstre était solide et se rua sur lui. Jeanne fit parler la foudre du Père, Édouain jaillit à la rescousse, mais aucun ne put empêcher ce qui suivit : Ivellios déchiqueté par les mâchoires du chien. Quand Édouain enfin sut attirer la bête à lui, il était presque trop tard. Jeanne courut pour sauver son ami, mais ses mains tremblaient trop et elle sentit son âme rejoindre la Mère. Ivre de justice, elle se jeta sur le chien bicéphale, qu'Édouain avait placé en position délicate. Sa lame trouva la gorge en un éclair. Couverte de son sang, elle s'agenouilla face à la dépouille d'Ivellios. Il n'était plus de ce monde. De sous sa chemise de maille, elle tira son médaillon. Celui qu'il aimait tant, qu'il avait même voulu lui acheter contre une poignée de pièces. Elle le passa au cou de son ami défunt et ferma ses paupières.
*
La campagne se poursuivra au rythme habituel (une session toutes les deux semaines, en gros), et ne promet que du bon.
Comme quoi, souvenez-vous : pour faire de l'old school à la vanille, létal et humano-centré, DD5, ça marche aussi !