C'est quoi un jeu de rôle selon John Carpenter?

[GCM]

C'est quoi un jeu de rôle johncarpenterien? Ou un JdR bigjohnesque, au choix.

J'adore le cinéma de John Carpenter. Si je devais partir sur une île déserte avec un seul film, ça serait The Thing. Et j'adore le JdR aussi. Suffisamment pour avoir mis beaucoup, énormément, de Big John dans mon projet actuel.
Enfin... Je crois.
Mais je ne suis pas si sûr... Car c'est quoi un jeu de rôle inspiré de l'œuvre de Big John?
Pas seulement par rapport aux univers de jeu, je pense aussi aux scénarios, aux PJ, aux PNJ, au tempo d'une partie, d'un scénario.... Et même, pourquoi pas, aux règles. Car, personnellement, je trouve que le cinéma est une mine d'inspiration pour élaborer du jeu de rôle. Un exemple: un excellent article du Casus Belli n°35 (Le rythme dans la peau, page 222, par Etienne Goos) se servait des Aventuriers de l'Arche perdue pour donner des billes pour gérer le rythme d'une partie. Et le recours au film pour illustrer le propos rôlistique marchait très bien, c'était des bonnes billes.
Mais revenons à John Carpenter. Dans Halloween, la Nuit des masques, Michael Myers semble avoir le don d'ubiquité -- comme tout bon tueur de slasher qui se respecte -- mais, coquin, Big John fait en sorte que Michael Myers ne pénètre jamais dans le champ de la caméra en venant hors-champ. Ça ne vous donne pas des idées pour jouer vos croquemitaines dans vos parties horrifiques ce genre de petit détail? Moi si!

Mais je me disperse...
Un JdR selon John Carpenter, quelle gueule ça aurait pour vous?
Allez-y, lâchez vous.

[Erestor]

@GCM tu veux dire, à part Sombre (notamment Max) de @Johan Scipion ?

[Johan Scipion]

C'est quoi un jeu de rôle johncarpenterien?

N'importe quel jeu de Willy Favre ? Il est gros fan.

@GCM tu veux dire, à part Sombre (notamment Max) de @Johan Scipion ?

Ouais, moi aussi, je suis fan. Quel horror buff ne kiffe pas The Thing ?

Pour Max, tu as parfaitement raison. Vampires est l'inspi directe de The Darkly Dozen, le scénario cartiste que j'ai publié dans HS4.

Pour répondre à la question, je demanderais d'abord quel Carpenter ? Celui d'Halloween ? Celui d'Escape from New York ? Celui de Starman ? Celui de They Live ? Son oeuvre est suffisamment diverse pour qu'un seul système peine à l'embrasser. Si tu crées un perso à la Jack Burton et que tu le parachutes un 31 octobre à Haddonfield, il y a peu de chances que tu obtiennes un slasher.

[GCM]

@Johan Scipion Peut-être qu'un seul système ne conviendra pas, certes, mais pour le reste? De film en film, tu retrouves tout plein d'éléments qui font le cinéma de Big John. Le hors-champ (quand un personnage sort du champ, tu n'es jamais sûr qu'il revienne intact, ou inchangé...), l'ordre déjà bien un peu chaotique qui précède le chaos (qui tend vers un nouvel Ordre bien daaaaark d'ailleurs), les plans larges en cinémascope... Autant d'outils que l'on peut utiliser en JdR.

[OSR]

Le mix typique action + "rituels" + punk de Vampires, Prince des Ténèbres, The Thing et autres colle très bien à toute la famille Chill.

Cryptworld est particulièrement carpenterissime, accentuant les hommages au cinoche 80's ; les Précepteurs notamment sont un décalque direct des étrangers de They Live / Invasion Los Angeles et il y a aussi les mutants flippants du Village des Damnés (autant du Carpenter que The Thing)...

[Malone]

hello,

pour flooder un cran, parce que ça collera pas avec la demande mais bon on ne sait jamais,

il existe cette gamme : Everyday Heroes: a great new RPG for modern adventuring – Scroll for Initiative

avec son supplément spécial : Escape From New York™ Cinematic Adventure - Evil Genius Games | DriveThruRPG.com

j'ai un vague souvenir de lecture du quickstart qui posait un système D20 proche de D&D 5 mais à confirmer 

bonne journée 

[Johan Scipion]

De film en film, tu retrouves tout plein d'éléments qui font le cinéma de Big John. Le hors-champ (quand un personnage sort du champ, tu n'es jamais sûr qu'il revienne intact, ou inchangé...), l'ordre déjà bien un peu chaotique qui précède le chaos (qui tend vers un nouvel Ordre bien daaaaark d'ailleurs), les plans larges en cinémascope... Autant d'outils que l'on peut utiliser en JdR.

Oui mais :

1/ Ils ne sont pas spécifiques à Carpenter.

2/ Ta liste est très générale. Le hors champ, le chaos qui subvertit l'ordre, le scope, ce n'est à mon avis pas assez précis pour définir le style Carpenter. Et je subodore que si tu fais une liste plus riche et détaillée, tous les éléments listés ne vont pas s'appliquer à tous ses films (comme je le disais, sa filmo est assez éclectique). De mon point de vue, la première étape serait de faire une (petite) sélection des films que tu veux émuler, les décortiquer et travailler sur cette base. C'est ce que j'ai fait avec Vampires pour Dozen.


Au-delà de ça, si j'avais à donner un conseil à qui voudrait faire du Carpenter-like en JdR, ce serait d'utiliser un jeu western, quels que soient l'époque et le lieu où se déroule l'action. Une bonne partie des films de Carpenter sont des westerns déguisés ou utilisent des archétypes et des tropes westerns. C'est le grand drame de sa carrière que de n'avoir jamais pu tourner un western pur. Il est né vingt ans trop tard.

[Pyth]

Je pense que cet article mérite d'être lu : https://sallesobscuresassas.wordpress.c ... -lhorreur/

Parce qu'il aborde un peu tout ce qui caractérise le cinéma de Carpenter (le mal extérieur/intérieur et la parano absolue qui en découle, l'incertitude comme générateur de peur, la situation de siège/d'enfermement/d'isolement, la critique politique/religieuse et le sous-texte anarchiste qui l'accompagne) ainsi que les méthodes employées par Big John pour y arriver (pour paraphraser l'article : "réfléchir par soustraction").

[ikaar]

Au-delà de ça, si j'avais à donner un conseil à qui voudrait faire du Carpenter-like en JdR, ce serait d'utiliser un jeu western, quels que soient l'époque et le lieu où se déroule l'action. Une bonne partie des films de Carpenter sont des westerns déguisés ou utilisent des archétypes et des tropes westerns. C'est le grand drame de sa carrière que de n'avoir jamais pu tourner un western pur. Il est né vingt ans trop tard.

Il me semble que Sable Rouge trouve une part de ses inspis dans Ghsots of mars/

 "Ce qui rend si beau et si triste Ghosts of Mars, c'est la profonde égalité qui gouverne chacune de ses luttes (...) Le cinéma guerrier de Carpenter est humaniste en ce qu'il donne à voir deux choses : la solitude et la tristesse d'un monde où seule est heureuse la lutte pour la liberté »  C'est très très western en effet

[Udo Femi]

C'est quoi un jeu de rôle johncarpenterien? Ou un JdR bigjohnesque, au choix.

The Hard Way par Kobayashi.
J'ai fait jouer plusieurs fois, dont un "San Francisco 1997"

1997.
Le gouvernement de la Californie a cédé une partie du territoire de la Baie de San Francisco au Japon en paiement de la dette abyssale contractée lors de la guerre d’indépendance. San Francisco est une ville chaotique, les les gangs règnent en maîtres dans leurs enclaves ; triades, vodoos, suprémacistes gays se sont arrogés de larges parts d’un territoire qui porte encore les stigmates des combats des Freedom Fighting Days. Les corpos japonaises veillent jalousement sur Sausalito et les Headlands, entretenant de troubles activités dans les forêts de sequoia millénaires du nord de la baie. Oakland est encore sous le contrôle des autorités qui font régner un ordre vacillant mais limite totalitaire… Peut-on les en blâmer ?

C’est quelque part dans ce vaste terrain de jeu que s’est crashée une capsule venue de la Lune, directement échappée des colonies minières où les USA mènent les recherches de pointe qui leur permettent de résister à la progression soviétique sur Mars et garder les Chinois hors de portée du Pays de la Liberté (enfin, New-York excepté). Non seulement c’était la fille du Président des Etats-Unis qui était à bord de l’engin, mais elle s’est enfuie en emportant quelque chose qui a rendu complètement maboules les autorités étatsuniennes au point de motiver des mouvements de troupe qui mettent à mal la déjà fragile trève américano-californienne.

Du coup, pour éviter de trop attirer l'attention de toute la faune qui compose la folklorique mosaïque de dingos de Frisco, d’espions russes, de saboteurs chinois, ou de diplomates européens alliés (mais pas trop), il a été décidé d’infiltrer un petit groupe de récupérateurs qui ne dépareillera pas dans le décor ambiant.

Et, guess what ? les heureux gagnants, c’est vous !
Bienvenue pour un weekend de rêve dans la City by the Bay !

Un scénario sans concession pour badasses à la John Carpenter, sonorisé par le maìtre lui-même (pas de rétro synthwave de fillettes), du politiquement incorrect, de décors minimalistes, des dialogues râpeux, le tout motorisé par The Hard Way ! (un jeu de Kobayashi)

Parfait.

D'une manière générale, Carpenter et ses univers sont des inspis directe des jeux de @Kobayashi.
Zieute aussi du côté de Into the Dark pour de la SF.

[Kobayashi]

D'une manière générale, Carpenter et ses univers sont des inspis directe des jeux de @Kobayashi.

Merci de l'avoir noté

Le prochain sur la liste c'est le toujours en cours d'écriture Dark Leningrad, ou Carpenter à la sauce soviétique

EDIT: et pour répondre à la question originale, il faut des persos normaux, en bout de course, des ratés ou en tout cas des gens en dehors du système, pas de super héros à l'horizon. Ne pas oublier que le genre préféré de Carpenter c'est le western (et dans le genre, même si ce n'est pas de lui, Bone Tomahawk le fait bien).

[GCM]

J'étais fan du cinéma de Big John des décennies avant de m'attaquer à Alastor 66 mais, in fine, c'est Extinction qui m'a donné envie de faire un JdR de S-F horrifique. Alors, quand je lis que Kobayashi est un grand fan lui aussi, je me dis que... Ben je me dis rien du tout en fait mais voilà. 
Certains d'entre vous ont dit des choses très intéressantes, je me les suis notées précieusement. Ne serait-ce que les références au Western. Dans mon projet en cours -- même si c'est de la S-F horrifique -- les PJ sont des Marshals sur la Frontière, sur une lune glacée peuplée d'Indigènes étranges où la découverte d'un minerai précieux provoque une ruée (vers l'or) de millions de Colons avides. Bref...

En ce moment, je lis ça 

Spoiler:

et c'est pas mal du tout. Je l'ai trouvé il y a deux jours à la maison de la presse et c'est ce mag qui m'a donné envie de causer JdR et John Carpenter avec vous.

[Kobayashi]

Dans les autres choses qui me reviennent (je ne suis pas un spécialiste ni un critique ciné hein):
_les personnages sont isolés, que ce soit physiquement (Assaut, Escape from NY, The Thing, Ghosts of Mars, Prince of Darkness, the Fog... Une thématique très western, Fort vs Indiens, Assaut était un projet de western au départ) ou mentalement (They Live, In the Mouth of Madness, ce que les protagonistes savent les isolent du restent de la population) ou un mélange des deux (Village of the Damned) ou tout simplement à cause de ce qu'ils sont (Starman, the Ward...)
_le mal est une force réelle et implacable qui n'a rien d'humain (Halloween bien sûr mais aussi Christine ou Vampires et en fait beaucoup des films cité ci-dessus).
_les autorités sont souvent inutiles (Halloween), incompétentes (que ce soit dans Ghosts of Mars ou Assaut, ce sont les voyous qui sauvent la flicaille) ou corrompues (Escape from NY, Dark Star, They Live).

Et zou, the Fog est dispo sur Arte TV jusqu'au 30 mai