LES MINES DES PROFONDEURS
Les aventuriers se retrouvèrent seuls face à l’extérieur. La faible lueur des quarts luminescents révélait un grand tunnel très humide perpendiculaire à la Porte, puis en face, un escalier creusé à même la roche. S’approchant, ils constatèrent que l’escalier lui était totalement sec. Sur la droite et la gauche, rien de notable, si ce n’est un grondement sourd faisant vibrer le sol. Puis les glyphes se remirent à clignoter lentement, pour s’accélérer, signe désormais connu de redescente de la Porte. Sentant le piège, les adeptes empruntèrent l’escalier quand quelques instants plus tard, un réel torrent sorti de nulle part envahi le tunnel à peine quitté, sans toutefois et comme par magie, pénétrer dans l’escalier. Un mur invisible retenait l’eau, qui passait ainsi devant la Porte lorsqu’elle était refermée, constituant la première des protections du kaer.
Pas rassurés, les adeptes se raccrochaient à cette clé permettant de désamorcer les autres pièges.
Dans la volée de marche, sur le côté, se trouvait un glyphe correspondant au kaon-ma décrit par Ghandjoon. En éclaireur, ayant jamais autant mérité ce titre, Daktar avança prudemment jusqu’à une ouverture donnant sur une grande grotte taillée sans minutie. Longeant les murs vers la droite, il visita plusieurs autres grottes finissant en cul de sac avant de retrouver ses amis, guère rassurés. Alors que l’orc se dirigeait désormais vers les boyaux gauches, une chose immense sembla se matérialiser dans la périphérie de sa vision. Il hurla de peur quand il aperçu mieux la chose, bien plus haute qu’un troll et massif comme plusieurs vaches. Ce tas de viande à la peau sombre, dont la base tenait plus de la limace, possédait une sorte de tronc massif d’où émergeaient deux tentatives hideuses de bras difformes, à la base plus grosse que des cuisses d’obsidiens, se prolongeant en plusieurs segments articulés, et finissant par plusieurs griffes fines mais aiguisées. Le sommet du tronc était pourvu d’un long appendice musclé dont l’extrémité formait une sorte de bouche de part en part, bordé de dents acérées. Dépourvu d’yeux, la créature se déplaça avec célérité vers l’orc pour lui assener de dangereux coups de griffes. Aussitôt, le charme de sang d’absorption des coups tomba au sol, inactif. Griffin, alerté par le cri, réprima une bouffée de terreur et saisi instinctivement sa dague pour la lancer sur la créature. Touchant un flanc, un bruit visqueux retenti car la lame vient entailler la peau de la bête. Drak accouru aussitôt, marteau de guerre en hauteur, et frappa comme un sourd pour sauver son ami. De petites gouttes noires et gluantes jaillissaient des frappes. Caramiriel incantait, mais elle se rendit vite compte que l’espace astral en ces lieux n’était plus le ciel d’azur du kaer, et déjà de sombre nuage alourdissait l’atmosphère et chargeait l’astral d’une énergie plus dangereuse à manier.
La créature* fut toutefois vite débordée et les terribles coups du t’skrang en vint à bout alors qu’elle disparu aussi subitement qu’elle était apparue. Pas une trace au sol, pas une goutte visqueuse sur les armes. Mais des dégâts bien réels. Les aventuriers étaient de plus en plus circonspects et craintifs.
Inspectant plus en avant le sol, les explorateurs découvrirent des traces de sang séchés, plusieurs mêmes, dont certaines partaient vers le boyau gauche. Drak lui, décida d’aller voir le dernier boyau non visité, et aperçu une curieuse substance grisâtre faire ici et là de petit tas au sol, comme tombé du plafond, où il n’y avait rien de particulier. Intrigué, personne ne su à quoi ils avaient à faire, même en gouttant la substance. Avant un peu plus, la lumière découvrit deux grosses créatures plates comme des limandes, avec une queue pointue et recourbée vers le haut, ainsi que de petits yeux au milieu de puissances mandibules. Surprises par la luminosité, les créatures s’envolèrent et foncèrent sur le t’skrang et l’orc. Armé de son marteau, Drak ne fit pas de quartier et les deux bestioles périrent assez vite.
Découpant un morceau d’un cadavre, ils comprirent qu’ils avaient à faire à des poissons à cause de la structure en arrêtes. Mais quels autres maléfices le Châtiment avait-il bien pu produire pour réussir à faire voler des sortes de limandes géantes ?
LES GROTTES
Dans la grotte à côté, Daktar découvrir un petit passage menant à une plus grande salle, traversée par un large faussé. Ses pentes n’étaient guères abruptes et ne descendaient pas à plus d’un mètre cinquante, mais il faisait bien dans les six mètres de large, rendant impossible tout saut au dessus. Daktar commença à descendre mais ses sens magiques l’alertèrent et lui firent percevoir une rangée de petits trous à mi-hauteur dans la pente, et ce tout du long. La crevasse était piégée !
Drak récupéra alors une des limandes-scorpions et la lança dans la crevasse. Aussitôt, une volée de carreaux partie de part et d’autre de celle-ci et sur toute sa longueur. Puis quelques instants après, une énorme scie circulaire mortelle jaillit de la pente opposée et vint presque frôler l’autre extrémité. Daktar poussa un soupir de soulagement car il comprit que l’animal maintenait le piège activé et l’empêchait donc de se réenclencher. Ainsi, tous purent passer, non sans crainte.
Continuant leurs chemins, les explorateurs arrivèrent bientôt dans de longs tunnels maçonnées dans tout le savoir faire nain, avec ces colonnes carrées de soutiens régulièrement espacées, et montant progressivement. Avançant prudemment, l’équipe tomba à plusieurs reprise sur des fosses creusées à même le sol et emplissant toute la largueur du tunnel et profonde de la hauteur d’un troll. Ces fausses n’étaient pas maçonnées, ce qui intrigua une fois de plus les arpenteurs. Passant à l’intérieur, les aventuriers ne sentirent pas le gaz lourds emplissant le fond de ces fosses, sapant leurs forces vitales et leurs motivations. Dans ce labyrinthe, ils croisèrent aussi à plusieurs reprises au plafond une sorte de puits inversé, barré d’une lourde chape de pierre.
Bientôt, ils comprirent que tous les tunnels menaient à une immense salle soutenue par de grosses colonnes, d’où jaillissaient de temps en temps un flash lumineux violet, laissant deviner un immense éboulis au centre de la pièce. S’approchant, l’éclaireur découvrir que l’éboulis était en fait un squelette d’une énorme créature difforme et innommable. Puis le flash violet réapparu et Daktar vit qu’il s’agissait en fait d’un très gros joyau enchâssé dans une structure métallique et relié en plusieurs point au plafond. Dans ce joyau, des volutes semblables à des sylphelins agonisants frappés à sa surface et appelaient à l’aide.
Les compagnons de l’orc, à l’abri du flash, sentaient le piège à plein nez et récupérèrent Daktar, puis quittèrent les lieux, car d’un des puits du plafond pendaient une échelle de corde. L’examinant, Griffin constata qu’outre son aspect récent, cette échelle était composée d’un matériau inconnu à Ardanyan. Une fois de plus, tous furent estomaqués. Résolument, cette expédition réservait bien des surprises, et ils commençaient à se demander si personne de l’extérieur n’avaient pas essayé de pénétrer le kaer. Et toujours pas de trace de la précédente expédition !
L’ENTREE DES MINES
Après avoir escaladé l’échelle, les aventuriers se trouvèrent dans une petite salle creusée à la pioche. Un peu partout, des débris de vieux chariots métalliques et des pioches dont les manches ont pourris depuis longtemps. A côté du puits, de lourdes planches de bois et un gros rocher difficilement portable par une seule personne. Le t’skrang inspecta les planches et compris que celles-ci servaient à barrer le puits avec la pierre par-dessus.
Dans un renfoncement de la salle se trouvait une porte de chêne massif, renforcés de clous métalliques. Les gonds ainsi que le loquet se trouvaient de l’autre côté. Désormais, les aventuriers en étaient sûr, quelqu’un cherchait empêcher non pas des intrus de pénétrer le kaer, mais bien d’en sortir !
Il fallut l’aide des trois mâles du groupe et de leurs doigts agiles pour réussir à crocheter la serrure, mais non sans tendre ce petit fil que Daktar avait repéré dans le mécanisme. Plus loin, mais ils l’ignoraient, une lourde herse s’était abattu et isolait les mines de l’extérieur.
Continuant leur exploration, les adeptes croisèrent une grotte d’où une intense lumière jaillissait par une fissure étroite au mur. Devant, une colonie d’énormes vers munis d’ailes de chauves souris et de petites dents, bloquait le passage. Puis la zone révéla d’autres portes fermées à clés, et enfin, une lourde herse empêchant d’accéder à une plus large grotte très éclairée, car du fond, une ouverture laisse entrevoir des arbres, lierres et autres végétations, en contre jour.
Mais l’orc entendit un grognement bestial et grave, comme une énorme bête derrière la herse. Prudent, il attendit plusieurs minutes. Là, des voies s’élevèrent, essayant d’éloigner l’animal de la grotte. Jetant un coup d’œil, l’orc vit la bête : une sorte de très gros ours mais doté de cornes de troll. Autour de lui, prudent, 5 elfes tentaient de le faire fuir. Astralement, Daktar perçu l’architrame d’adepte d’un des elfes et reconnu même quelques motifs qu’il avait pu déceler chez son maître. Puis, lorsqu’ils eurent réussi, l’adepte elfe ordonna aux autres d’ouvrir la herse et de trouver ceux qui l’avaient déclenché.
LES GARDIENS
La situation était tendue. Deux elfes toutes armes dehors s’approchaient des explorateurs cachés derrière un piton rocheux dont ils pouvaient faire le tour, suivit peu après par deux autres elfes. L’adepte lui, se tenait en arrière, un arc elfique dans les mains. A terme, les explorateurs ne pouvaient passer inaperçu. Puis ils aperçurent un détail troublant, encore un, les arboraient le symbole bleu et or de la ville d’Ardanayan.
C’est alors que Griffin sorti de l’ombre, seul, face aux elfes. Arborant son plus beau sourire et s’exprimant dans un spéréthiel parfait que seul sa discipline de troubadour pouvait lui permettre, lui qui n’avait l’âge d’un érudit de cette langue, il expliqua aux hommes en arme qu’il était perdu.
Estomaqué, l’un d’eux ne su pas comment réagir**, alors que ses confrères se montrèrent beaucoup plus belliqueux. L’humain comprit que les elfes cherchaient à empêcher quiconque de pénétrer dans ses grottes, mais surtout d’en sortir. Il fut fouillé et menotté, dos aux elfes, percevant à peine ses collègues plus loin, collé à la paroi rocheuse. Et lorsque Griffin mentionna venir « d’en dessous », dans un dernier coup de bluff, l’elfe archer hurla : « il vient du kaer ! Tuez le ! ».
Les compagnons du troubadour jaillirent à leur tour, se jetant sur le premier soldat disponible. Griffin lui, se retourna et fixa droit dans les yeux le chef des elfes. Ce dernier, prit de terreur***, déguerpi vers la sortie. Les deux autres elfes se ruèrent dans la mêlée à leur tour. Le combat fut âpre mais le t’skrang fut encore décisif, blessant deux soldats. Le chef elfe reprit ses esprits et revint quelques instants plus tard, tirer sur le t’skrang. Griffin, maintenu au sol par un soldat l’implorant de ne pas le pousser à le frapper, imita à la perfection la voie de l’archer et ordonna un repli expéditif****. Deux des soldats elfes, grièvement blessé, rompirent le combat. Caramiriel, avec la froideur qui parfois la caractérise, déchaîna sa magie pour ne pas les laisser partir en vie. Sentant la défaite proche, le chef des elfes prit ses jambes à son cou. Rapide, trop rapide pour Drak et sa lourde côte de maille et encore sous les effets du gaz des fosses, l’elfe réussi à passer le rideau végétal et disparaître.
Il restait un soldat vivant, tenant Griffin toujours ligoté en otage et implorant de le laisser partir. Sa capture mena à son interrogatoire. Il finit par avouer faire parti des Gardiens, un groupe de soldat dévoué à l’Ordre, aussi nommé « La Croix d’Ardanayan », cherchant à empêcher quiconque d’entrer mais aussi sortir de ses grottes. Il dit ne pas connaître les chefs de l’Ordre, mais ils sont réputés extrêmement puissants, tellement que les aventuriers feraient mieux de d’ors et déjà se rendre. Alors qu’il parle, tous sauf lui remarque une tâche de vin beaucoup géométrique pour être naturelle se dessiner sur la paume de sa main droite. Caramiriel reconnaît là la tâche d’infamie causée par la rupture d’une promesse de sang, ces pactes que l’on scelle grâce à la magie de la Vie.
Interrogé à propos d’une excursion quittant le kaer dix jours plus tôt, l’elfe expliqua qu’à l’époque, il y eu un gros chambardement. Les Gardiens n’y ont pas participés, relégué à leur camp dans la forêt, mais il se dit que les chefs de l’Ordre eux-même sont venu pour accueillir l’excursion. Etant très puissants, s’il leurs proies ne sont pas déjà morts, ca ne saurait tarder, d’après le prisonnier. Bientôt, les adeptes apprennent avec stupeur que le Châtiment est fini depuis près d’un siècle et, encore plus fort, qu’il y a pas loin une ville nommée Ardanyan
Le chef de la ville est le Premier Conseiller Arguethiel, dont le nom rappelle à Griffin et Caramiriel cet elfe forgeron extrêmement doué qui accompagna Leldrin dans son expédition et n’en revint jamais.
Ca en est trop pour les aventuriers, qui commencent à comprendre que l’Ordre a maintenu la totalité du kaer dans l’ignorance et la captivité pendant de si longue année. Et les hypothèses fusent, accusant Arguethiel et Leldrin du complot. Mais pourquoi le vieil elfe ferait ca ?
Mais déjà il est temps de quitter la grotte, craignant que le chef des Gardiens ne revienne avec des renforts. Le prisonnier supplie qu’on le relâche, puis même qu’on le tue, car de toute façon, c’est le sort qui l’attend si l’Ordre le retrouve. Franchissant le rideau de végétation, les explorateurs ont le souffle coupé par tant de lumière, si vive, si chaude, par tant d’odeurs et de bruits inconnus. Des tâches blanches et cotonneuses nagent paisiblement dans le bleu du ciel qui est bien plus haut que leurs regards n’ont jamais porté. Des petites créatures ailés gazouillent entres les branchages et le ciel. C’est l’extérieur. Ce fameux extérieur dont ils ont tant entendu parler et que les leurs n’ont plus vu depuis presque 500 longues années.
Mais pas le temps d’en profiter, déjà il faut fuir les potentielles représailles.
*il s’agit donc d’une Horreur Illusoire (sort de nécro) ancrée ici par l'Ordre grâce à un Sort Illusoire nommée (afin qu’il dure plus qu’un round). Cette scène est une invention de ma part, frustré que la créature bien cool dessinée sur le plan global du kaer n’apparaisse pas dans l’histoire. Je me suis dit que les joueurs attendaient tellement cette fameuse « Horreur derrière la Porte » qu’il fallait au moins leur en donner une. Puis ca ajouterai de la suspicion sur le qui et le pourquoi de cette action, ce qui a totalement marché avec mes joueurs.
**cette scène s’annonçait très délicate, vu que les PJs jouaient la montre et que mes PNJs étaient en position de force et allait tout fouiller pour capturer/tuer les intrus. Mais le troubadour a retourné la situation en trois pouvoirs bien trouvé. Le premier, c’est un Première Impression qui a attiré la sympathique d’un des Gardiens, qui ne combattra pas du tout finalement.
***voilà la seconde action du troubadour, les mains liés et au milieu des ennemis : Regard Terrifiant sur l’Eclaireur elfe. Super jet, ce dernier perd son round à fuir, et le suivant à revenir en ligne de mire.
**** Imitation de voie, là aussi très bien réussi, permettant de faire perdre un round aux soldats ennemis.
Aller, il reste encore la moitié de la séance à retranscrire... mais ca sera pour un autre jour!
