[CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

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le Zakhan Noir
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Re: [CR] Cthulhu mix V4 à V6 - Fungi de Yuggoth

Message par le Zakhan Noir »

Silenttimo a écrit : * Peter Van de Velde (mon personnage) :
- conn. du mythe : 26% (la lecture de certains ouvrages aide ! :mrgreen: )
- santé mentale à mi-parcours de l'épisode "SdT" : 38% ;
;
hé hé tu rentres dans la meilleure partie... tu as basculé du mauvais côté des 50%, c'est donc l'effet boule de neige qui t'attend au niveau des pertes de SAN (comme dans les jeux d'alcoolo... plus tu joues, plus tu bois, plus tu boies, plus tu joues)

Ca risque d'être intéressant à interpréter, petit veinard!
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu mix V4 à V6 - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

le Zakhan Noir a écrit :
Silenttimo a écrit : * Peter Van de Velde (mon personnage) :
- conn. du mythe : 26%
- santé mentale à mi-parcours de l'épisode "DotB" : 38% ;
hé hé tu rentres dans la meilleure partie... tu as basculé du mauvais côté des 50%, c'est donc l'effet boule de neige qui t'attend au niveau des pertes de SAN (comme dans les jeux d'alcoolo... plus tu joues, plus tu bois, plus tu bois, plus tu joues)

Ca risque d'être intéressant à interpréter, petit veinard!
Oui oui, mais tout le monde le sait (je ne sais plus QUI ici déteste cette formule ?) : à AdC, un investigateur finit mort ou fou !!

J'avoue cependant que la règle d'aplomb de la V6 donne un "petit" coussin protecteur.
Mais avec 3 points avant le scénario actuel, et un seul maintenant, du fait de combats violents qui ont nécessité d'en claquer, le coussinet s'est aminci.

Et nous devrions regagner un peu de santé mentale à la fin de ce scénario, d'après notre MdA (mais bon : cela ne peut PAS me mener au-delà de 42%, car j'avais 43% avant ce scénario, et j'ai gagné 1 en mythe), et pourquoi pas 1 point d'aplomb.

Le problème est que j'ai commencé à lire le "De Vermis mysteris", et que j'ai bien l'intention de finir ma lecture (je n'ai pris que quelques semaines pour le moment, ayant décrypté à peine 1/4, de mémoire). Après tout, il faut bien une ambition à Cthulhu, celle que j'ai pour ce personnage est de devenir un "pro" de la connaissance du mythe (disons que je voudrais atteindre les 40% voire plus).

Cependant, hé hé, c'est moi qui peut "lancer" le plus de sorts (3 de mémoire : flétrissement, appeler/renvoyer un machin, sceau du truc)... :mrgreen:

Et je me suis bien juré de tenter un "flétrissement" lors du prochain combat un peu rugueux (sauf contre un sorcier, évidemment : avec mon 13 en pouvoir, je ne le sens pas tellement). 8)

La V6 permet (grâce à l'aplomb) de jouer plus ou moins en horreur lovecraftienne pulpée !

Mon MdA a fait jouer 3 fois cette campagne auparavant (en V3-V4), et là où nous avons mis les pillards en fuite, les autres groupes se sont rendus : grâce à l'aplomb claqué, nous avons réussi à esquiver des tirs mortels !
(je crois que 5-6 points d'aplomb ont été claqués, au total et pour 4 persos, au cours de ce combat)

EDIT: et 2 points claqués hier lors de notre combat nocturne contre des créatures pas tout à fait naturelles...
D'où les totaux assez bas en aplomb, sauf pour Figgis.
Dernière modification par Silenttimo le ven. nov. 09, 2012 11:51 am, modifié 2 fois.
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Vyzzini
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Vyzzini »

En voilà une bonne idée ! Ca sera plus pratique pour les consulter.

EDIT :Le Major Anton Figgis a 76% en médecine, 69% en premier soins et 78% au Webley (
Spoiler:
et ce depuis Drosvona...
)
Et moi j'ai 33 ans :)
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

suite du CR en cours d'écriture (lâche je suis, c'est encore le joueur de Liam qui s'y colle...)

Nous avons fini l'épisode egyptien, et après une pause de fin d'année, nous avons entamé le nouvel épisode par une session de transition.

Nous voilà en route pour un retour vers les USA.

Et moi, je continue à me plonger fiévreusement dans le "De vermis mysteris".
Spoiler:
J'approche du moment où les courbes "niveau de santé mentale" et "connaissance en mythe" vont se croiser.
36% en SM, 31% en mythe.

Je sais désormais invoquer un byakhee... :?
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu mix V4 à V6 - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

CR séances octobre 2012 (suite) : oui, il y a du retard...

Journal de Liam Conroy
Spoiler:
(en italique, redite du CR précédent pour le contexte)

Campement de l’expédition Galloway, vendredi 25 janvier, 20h

(...)
Notre arrivée dans le soleil couchant suscita l’émoi du camp entier. En nous félicitant, on nous aida à descendre de nos bêtes. On nous donna un peu d’eau à boire. Un grand Arabe à la barbe taillée vînt nous accueillir, se présentant comme Katif chef des terrassiers. Il s’étonna de l’absence de Selim et Hakim, et parut interloqué quant Andrew lui expliqua qu’ils avaient été tués par des bandits. « - Menez nous à Galloway ! Il nous attend. » Coupa sèchement Anton.
Nous entrons dans la tente du professeur, menés par Katif. Galloway nous salue en se levant de son siège. Deux jeunes hommes sont à ses côtés, apparemment des étudiants. L’un d’eux est si blond que je me demande d’instinct si ce n’est pas un boche. Peter doit avoir pensé la même chose. Il lui adresse un « Guten Tag ! » qui déclenche un bref échange de regards étonnés entre les trois archéologues.

« Messieurs bienvenue à vous ! Je suis le docteur Ronald Galloway. Et voici deux courageux étudiants venus m’aider dans nos fouilles, deux étudiants… … américains… Lawrence Daniels et Richard Mac Farland. Et vous avez déjà rencontré notre fidèle Katif, le chef de nos terrassiers. » Katif s’avance : « - Professeur, Selim et Hakim ont été tué par des brigands. » Galloway se tourne vers nous interloqué. « Selim, Hakim… Tués… Mais quelle horreur! Est-ce vrai ? Mais je vous en prie, asseyez-vous, asseyez-vous… Racontez-nous ce qui s’est passé. »

Nous faisons un bref récit des circonstances de la mort des deux drogmans ; l’attaque des pillards, notre défense acharnée... Lawrence Daniels n’a toujours pas allumé la cigarette qu’il a dans le bec et Galloway nous regarde les yeux interloqués. « Mais messieurs, vous êtes de sacrés durs à cuire ! Ce devait être la bande de brigands du Kemal. Ce hors-la-loi sème la terreur dans la région depuis des mois et personne n’ose se frotter à lui.» Mac Farland ajoute en se grattant le crâne, « Vous n’avez pas eu de chance. D’habitude, Kemal évite les occidentaux et ne s’en prend qu’aux autochtones ! ». Anton hausse les épaules : « Hé bien ce Kemal va faire moins le malin avec la balle que je lui ai collé dans le buffet. A l’heure qu’il est, il doit chanter comme un ténor, à moins qu’il n’ait déjà passé l’arme à gauche…»




Ronald Galloway hoche la tête doucement.
« - Ce pays n’est vraiment pas sûr. Et je vous suis d’autant plus redevable d’avoir pris tant de risques pour apporter ces éléments dont vous avez parlé dans le télégramme. Alors ? Comment pourrez-vous m’aider à trouver la tombe de Nophru-Ka ? »
Je remarque qu’Andrew fixe Katif, les sourcils froncés. Justement, Anton lance sèchement à l’Indigène quelques mots en arabe. L’homme en reste comme pantois, se tournant juste vers Galloway. L’Egyptologue, tout aussi surpris, regarde le major puis acquiesce après une hésitation, indiquant la porte de la tente à Katif qui sort aussitôt.
« Messieurs… Katif est avec nous depuis deux ans. J’ai toute confiance en lui, mais passons… Que m’avez-vous amené ? »
« Vous cherchez au mauvais endroit ! Nous vous avons amené la vraie carte » lui-répond directement Anton.
Les trois égyptologues se jettent des regards interloqués pendant que le Major sort la carte parcheminée, la déroule sur la table, et pointe plusieurs endroits.
« Voilà, c’est ici. Et vous cherchez là. Un bédouin nous a indiqué que cet endroit est dans la Vallée des Vents. »
Peter ajoute « En fait, vous n’êtes vraiment pas très loin, ce n’est que qu’à une demie douzaine de kilomètres ».
Le professeur est stupéfait : « Messieurs, je suis très étonné… Nous avons déjà effectué des recherches à la Vallée des Vents et elles se sont révélées vaines. Toutefois… cette carte que vous avez là, est très étrange... Elle semble authentique… Mais ces mots de latins sont curieux… »
L’homme se penche sur la carte, suivant du doigt l’inscription de Hauptman et traduisant à voix basse : « Nophru-Ka sepulchrum. L. affirme que nous y trouverons ce qui est nécessaire pour sortir le Prophète de sa tombe… Qu’est-ce que… »

Andrew s’est rapproché de la porte de la tente, en écartant brutalement le pan.
Il attrape Katif qui était juste là, et l’entraîne aussi sec dans la tente.
« HA ! IL NOUS ESPIONNAIT !!! »
L’arabe regarde Andrew avec un éclair de colère, puis bredouille vers Galloway « Non… je… Je venais juste voir si tout allait bien… Professeur, je n’espionnais rien, je promets.»
Galloway regarde Andrew tendant la main vers son chef terrassier.
«Monsieur Plumdington ! Katif travaille avec moi depuis très longtemps. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, n’ayez crainte ! Les sites qu’il m’a fait découvrir m’ont permis de trouver plusieurs pièces magnifiques.»
Anton embraye, sans ménagement. « Oui, vous avez fait des découvertes, mais il vous a caché la plus importante, n’est-ce-pas Katif ?? La tombe de Nophru Ka !! »
Peter s’avance vers l’Indigène, le regardant de la tête aux pieds « C’est bien étrange… Comme par hasard le professeur Galloway cherche au mauvais endroit… Comme par hasard nous sommes attaqués sur le chemin, par un nommé Kemal qui ne s’attaque jamais à des colons. Et ce n’est pas la première attaque depuis que nous sommes au Caire ! Trois fois on a tenté de nous assassiner ! Comme par hasard, hein ? Tu en penses quoi Katif ? Tu ne t’attendais pas à nous voir arriver ?»

Galloway et Daniels semblent abasourdis.
Mac Farland jette un œil inquiet vers Andrew, qui pâle de colère et tendu comme la corde d’un arc, fixe du regard le nommé Katif.
« On a tenté de vous assassiner trois fois ? » bredouille Galloway.
« J’ai rien fait ! Je jure ! Professeur vous me connaissez ! » J’avoue qu’à cet instant, je ne sais comment réagir.
Mes amis y vont un peu fort, je n’ai rien remarqué qui incrimine le chef des terrassiers. Mais j’ai aussi confiance en leur jugement… En fait, je suis presque aussi désarçonné que les trois égyptologues.

Andrew murmure, sans quitter Katif d’un regard menaçant : « Oui trois fois… Dans les rues du Caire, des drogués… Puis un attentat à l’hôtel… Et enfin dans le désert, cette bande. Hakim et Selim l’ont payé de leur vie… »
Katif ne regarde plus Andrew : « Mais… professeur, pourquoi je ferais une chose pareille, ces gens sont fous ! »
Peter lui répond aussi sec : «- Nous connaissons tes maîtres, Katif ! Professeur, il faut que vous le sachiez, il y a des personnes qui ne veulent absolument pas que vous trouviez cette tombe. C’est une sorte de … une secte qui est persuadée que… Nophru Ka aurait certains pouvoirs. Ils cherchent à le réveiller… Nous avons eu affaire à certains séides de ce groupe occulte. En Roumanie, là où nous avons trouvé cette carte, un homme a essayé de nous faire tuer pour que nous ne découvrions pas ces secrets… »
Blanc de rage, Andrew a sorti son revolver, avançant en le braquant vers le visage de Katif « TU VAS AVOUER OUI ?? QUELS SONT LES PLANS DE HAUPTMAN ??? A MOINS QUE TU NE REPONDES QUE DE LANG FU ? TU M’ENTENDS ESPECE DE SALE ARABE ? TU VAS … »

Je me suis précipité vers Andrew, avant qu’un coup de feu ne parte malencontreusement…
Je le convaincs de rengainer son Mauser, mais il ne cesse pas pour autant de fixer Katif. Galloway et ses étudiants se sont levés.
C’est au tour du professeur d’être pâle : « Messieurs, cet homme est MON employé, un employé de l’Université Miskatonic. Alors rangez moi cette arme !! Je ne tolèrerai pas qu’il soit menacé de la sorte… Retournez à votre tente Katif, je vous verrais plus tard. »
L’Arabe obtempère, muet mais visiblement furieux.

Je tente quelques mots d’apaisement.
« Professeur nous avons subi de dures épreuves. Il y a… » D’un geste de la main, l’homme me montre qu’il en a assez entendu.
« - Les éléments que vous apportez ont suscité ma curiosité depuis votre télégramme. Je vais donc m’en tenir à ma première impression. Mais de grâce… Nous sommes des hommes de science ici et j’espère que vous respectez suffisamment les sciences pour ne pas y mêler un salmigondis ésotérique. En homme de science, je vais rester ici et continuer les fouilles que nous avons commencées. Notre véhicule chenillé est en panne, mais si vous parvenez à le réparer, je consens à vous le prêter. Si vous trouvez quelque chose sur le site de votre carte, nous verrons en fonction de votre découverte ce que nous ferons. Mais en attendant, je souhaite que vous ne vous mêliez plus de la vie de ce camp ci. Monsieur Mac Farland, souhaitez-vous accompagner ces personnes sur cet autre site ? Il y aura besoin d’un véritable Egyptologue avec eux. »
Le jeune homme nous regarde et hoche la tête sans ajouter un mot.

Peter avance vers le professeur.
« -Je vous assure que c’est un bon choix. Et bien entendu, toute découverte que nous ferons sera à votre crédit. En fait, nous ne tenons pas à être cités dans cette affaire, et cela nous convient très bien si vous gardez la gloire de la découverte pour vous. »
Galloway regarde Mac Farland, puis se tourne vers Peter.
« -Vous faîtes plus grand cas que moi de ce bénéfice. Pour ma part, ce seront des découvertes de l’Université Miskatonic. Bien, je vous remercie, messieurs, mais je dois m’entretenir avec messieurs Mac Farland et Daniels. Nous nous reverrons demain je pense. »


Campement de l’expédition Galloway, vendredi 26 janvier, 07h30

Le camp est déjà bien éveillé lorsque j’émerge de notre tente. Le docteur Figgis est en train de se faire préparer du thé, surveillant le jeune serviteur d’un air suspicieux. Andrew et Peter dorment encore.
J’aurais dû me reposer un peu plus mais je ne cesse de repenser à ce Katif. Nos soupçons étaient-ils si infondés ? En fait, la réponse ne tarde pas. A peine ai-je le temps de saluer Anton, que je vois Lawrence Daniels arriver échevelé.
« - Messieurs… C’est Katif… Il est parti dans la nuit avec deux hommes ! »

Je me suis précipité vers la tente de notre suspect. Dans le sable, des traces de pas prennent la direction du camp des dromadaires.
Sous la toile, il ne reste plus grand-chose : un tapis de prière roulé qui ne semble pas avoir beaucoup servi, un meuble à tiroir vide, des gamelles salies, un chiffon graisseux. Il n’a vraiment pas traîné pour plier bagages.
Mais peut-être aurait-il dû faire plus attention… Derrière le meuble, je remarque que quelque chose est presque recouvert de sable. Une pochette en cuir aux bords cousus, nouée de ficelle. Je la glisse dans un pan de mon habit et retourne à notre tente.


Campement de l’expédition Galloway, vendredi 26 janvier, 11h00

Les documents laissés par Katif ont levé nos derniers doutes sur sa culpabilité. Dans une enveloppe postée à Klausenburg, une lettre en arabe signée par Hauptmann nous a laissé sans voix. Anton nous en délivre enfin la traduction, autour d’un plateau de thés :

« - Katif. Des étrangers sont venus à Drosvona. Ils peuvent avoir des renseignements sur l’emplacement de la tombe. S’ils tentent d’intervenir, ils doivent être traités impitoyablement. Si la tombe est découverte, volez ou détruisez les parchemins. Que Vive Yog-Sothoth. Hauptman. »
S’essuyant les mains encore sales de la graisse de l’autochenille, Peter hoche la tête, regardant Andrew puis Anton.
« Mes amis, vous aviez raison. Tous ces « accidents » qui nous sont arrivés étaient de son fait. On l’a échappé belle. Bon, malheureusement lui aussi, mais on ne va pas se laisser abattre pour autant ! J’ai une bonne nouvelle ; l’autochenille sera réparée pour demain, j’ai bien avancé dans les réparations… »

Andrew se passe la main sur le front, luisant de transpiration.
« Cet égyptien est vicieux. Les attaques que nous avons subies étaient toutes maquillées par le hasard. Je vous parie que nous aurons encore de ses nouvelles… »

Je verse un peu de ma flasque de whisky dans ma tasse de thé. Une seule chose pourrait me calmer : cogner sur la bobine de Katif.
Mais j’ai raté l’occasion.
« - Bon sang, nous avons laissé à ce salaud l’occasion de fuir... Comme en Roumanie, nous affrontons trop ces types de face. Andrew, Anton, je suis navré, j’aurais dû faire confiance à votre instinct… »

« - Foi de Plumdington, cela me fait enrager tout autant que vous, detective Conroy…» murmure Andrew en reposant son verre de thé.
« Mais ne vous blâmez pas trop. Aucun d’entre nous n’a pensé à lui tomber dessus cette nuit de toute façon. Nous étions totalement épuisés, et mon emportement n’a pas aidé non plus à nous rendre crédibles. »

L’espace d’un instant, les images de Drozvona ressurgissent, les cadavres tordus des villageois, le visage épouvanté d’Andrew, l’agonie du pauvre Vech, le visage souriant du baron, le visage souriant du baron… J’écrase ma cigarette sur le plateau damasquiné.
« Ouais… ça fait partie quand même de mon job de flic de penser à ce genre de choses… Qui pouvait savoir que nous étions là pour vouloir tenter de nous tuer ? C’était forcément parti d’ici ! Notre télégramme à Galloway précisait que nous venions avec des indices sur l’emplacement de la tombe. On croyait avoir un coup d’avance ici, mais on dirait que non… Ces types ne sont pas des perdreaux de l’année… »

Peter se lève, reposant son verre à thé vide.
« - Bon tout cela ne nous avance pas, j’ai une autochenille à réparer, et je ne peux pas dire que les autochtones m’aident énormément. Quand à hier soir, je crois que j’éviterai à l’avenir de parler de nos découvertes… ésotériques. Cela n’a pas aidé non plus. »

Anton Figgis s’est levé avec un demi-sourire dubitatif.
« By Jove, je crains de ne pas avoir contribué à atténuer notre image d’illuminés ! Vous remettez les deux papyrus en arabe et en hiéroglyphes trouvés dans les documents de Katif ? J’en ai confié un à Mac Farland pour qu’il le traduise. Mais je crains qu’il ne soit du même charabia abscons que celui que je suis en train de déchiffrer, une sorte de prière mystique avec les mains. »


Dayr al Qattarah, désert d’Egypte, dimanche 28 janvier, 15h00

Nous avons arrêté notre véhicule chenillé dans une zone étrange semée d’énormes pierres érodées comme des champignons. Notre petite caravane se regroupe et nos terrassiers se hâtent pour monter un camp abrité. Les dromadaires sont nerveux.
J’ai aussi remarqué brièvement que deux cavaliers nous suivaient de loin depuis notre départ du camp ce matin.
Le ciel étincelant semble se confondre avec l’air quand une sorte de vent de poussière blanchâtre se lève en sifflant. Nos indigènes s’agitent, comme pris par une peur superstitieuse, se couvrant le visage de leur Koufeyas.
Richard Mac Farland accourt vers nous après avoir donné quelques dernières consignes.
« A l’abri dans le véhicule ! Ce vent est brûlant et peut être dangereux. Les bédouins disent qu’il amène les mauvais esprits. Ils l’appellent le Semoum, le poison…»


Site de la tombe de Nophru Ka, désert d’Egypte, lundi 29 janvier, 12h00

D’après Mac Farland, nous sommes enfin arrivés sur le site indiqué sur la carte.
C’est un jeune homme solide, promis à un brillant avenir. Il prend les bonnes initiatives rapidement, a fait monter notre campement le long d’une sorte de paroi rocheuse, ce qui me parait être une bonne idée.
Aussitôt le camp installé, l’universitaire a commencé à cartographier la zone pour commencer la planification des fouilles. Il nous a cependant rendu le parchemin de Katif assez sèchement «J’espère que mes annotations vous aideront mais je n’ai plus de temps pour finir de le traduire ».


Site de la tombe de Nophru Ka, mardi 30 janvier, vers 04h30

J’émerge brutalement de mon sommeil.
Il y a eu un cri… Nos dromadaires se mettent à blatérer comme pris de frénésie.
Un coup de feu détonne.
C’est le tir d’un Webley !
Je me lève et j’attrape mes armes.
Un homme hurle : « - EFRRIT ! EFRRIT ! ALLAH AKBAR ! ALL… IARHHHHHH ! ».
Un grésillement enfle au-dessus de moi, se muant en gargouillis assourdissant.
Je lève mon fusil mais ma tente s’effondre sur moi.

Ecrasé par la toile, je n’entends que ce gargouillis cliquetant qui couvre tout autre bruit. L’armature en bois de mon abri me pèse sur le ventre mais semble me protéger de quelque chose de bien pire, qui s’agite comme par lourdes saccades.
La toile de peau de chèvre se déchire percée par une énorme patte d’insecte. Des sortes de griffes de serres traversent d’autres endroits. En lambeaux, la moitié de ma tente est arrachée d’un coup. Et me recouvrant, une silhouette qui n’est pas de ce monde se découpe dans le ciel.

Cette chose a des ailes de chauve-souris. Ses yeux noirs me fixent.
Les membres d’un insecte fouraillent dans la tente. Ses yeux me fixent comme deux perles noires.
Le torse est laiteux, desséché, moisi comme un cadavre. Ses yeux fixes s’agrandissent.
Sa tête de fourmi difforme se tord en cliquetant, ouvrant grand un bec rempli de barbillons.
Une patte d’insecte velu me frôle.
Non ! Oh Non ! Je ne veux pas que cette abomination me touche !

Des détonations sourdes détournent l’attention du monstre.
Sans lâcher mon fusil, j’essaie de ramper hors de son atteinte.
Richard Mac Farland, pâle comme un linge, avance vers l’entité en vidant mécaniquement son colt 45. Au-dessus de lui, je vois une autre ombre ailée qui passe.
La monstruosité empêtrée dans ma tente se retourne vers moi. Haute de trois mètre, aucune balle ne semble l’avoir atteinte.
Derrière, j’entends Peter crier alors qu’un autre gargouillis affreux retentit près de sa tente. Relevant mon fusil, je vois Andrew courir, un cimeterre en main.
Anton lui emboite le pas. Il voit le monstre qui me menace, lève machinalement son revolver et tire.
Une secousse saisit la forme massive en train de s’abattre sur moi.
J’entends Anton crier « ALLEZ LIAM ! ». J’ai juste le temps d’enfourner le canon de mon fusil dans l’énorme bec de la chose, et de lui réduire la tête en bouillie d’une décharge de chevrotine.

Je me dégage et accours auprès de Peter.
L’abomination près de sa tente semble inerte.
Debout, mais immobile, notre ami pointe encore son fusil vers la tête détruite de la créature.
Le souffle court, il bredouille des mots latins dont la cohérence m’échappe. « Caballus Caeli, Byakhius Servus Magni Innominandi, Caballus Caeli…»
Le major Figgis lui jette un regard inquiet en rechargeant son Webley.
Il semble calme, mais sa voix tremble.
« Quatre… elles étaient quatre… ces…». Des cris lui coupent la parole. Nos dromadaires sont encore en train de blatérer frénétiquement. Ce n’est pas encore fini.

Andrew est blessé au bras, mais il réagit le premier.
Il court en criant vers le camp des dromadaires, le cimeterre levé.
Lorsque j’y arrive avec Anton, nous voyons avec horreur une autre entité qui a refermé son bec sur Ibrahim, un de nos chameliers.
Le pauvre homme gémit de douleur en frappant la créature mollement.
Selim, son jeune frère, tente de faire reculer l’horreur avec un bâton, pleurant, criant des appels au secours.

Continuant sa course, Andrew charge en hurlant. Son cimeterre s’abat comme un couperet, traversant une aile.
La lame sectionne quasiment une patte, s’enfonçant jusqu’au thorax. La chose tangue en frémissant, et déplie brutalement ses serres.
J’ai dégainé mon revolver mais Anton a déjà tiré.
L’abomination finit de vaciller et s’écrase sur le sol. Mais je ne peux détacher mon regard d’Andrew.
Il vacille, hébété, porte ses mains à sa gorge, et tombe à terre sans un mot.


Site de la tombe de Nophru Ka, mardi 30 janvier, 07h00

Le cou et l’épaule d’Andrew étaient horriblement cisaillés, mais heureusement ses voies respiratoires n’étaient pas touchées.
Grâce à l’habileté du docteur Figgis, l’hémorragie fut stoppée et sa vie épargnée.
Le malheureux Ibrahim souffrait le martyre à cause de la morsure infestée de barbillons.
Deux heures de soins intensifs furent nécessaires pour stabiliser son état.
J’ai retrouvé Richard Mac Farland en état de choc.
Debout près du monstre qui m’avait attaqué, toujours en train de le viser, toujours en train d’appuyer machinalement sur la gâchette de son pistolet vide…
Nous l’avons ramené à sa tente pour qu’il puisse dormir.
Le corps du vieux Youssouf a été retrouvé déchiqueté. Il était le chef de nos terrassiers.
Les autres indigènes refusant de le toucher, Peter et moi l’avons enterré.

Maintenant, le froid de la nuit me maintient éveillé.
Certains terrassiers ont dit avoir vu deux cavaliers. D’autres ont parlé des éfrits, les esprits maudits du désert.
Mais ses créatures horribles ne viennent pas du désert.
Peter a pris des photos avec l’appareil d’Andrew.
Et j’ai pris note des commentaires de Figgis, quand il a autopsié un monstre : « tête entre le chien et l’insecte… antennes souples… anatomie inconnue… peut-être trois centre nerveux de décision… odeur d’ammoniaque… cuir proche de la chitine… ».
Puis, très vite, leurs cadavres se sont couverts d’une mousse jaunâtre. En quelques heures, ils se sont désagrégés dans le sable.
Il faut que je continue de veiller... Le soleil ne va plus tarder…
Peter est assis les yeux clos, serrant toujours son fusil.
Surtout, je ne dois pas fermer les yeux. Mon sommeil, je le sais, sera hanté par ces abominations aux têtes barbelées, grésillant dans le néant.


Site de la tombe de Nophru Ka, mercredi 31 janvier, 11h00 (à venir...)
En jeu, nous sommes désormais beaucoup plus loin, approchant tant bien que mal de l'ultime confrontation que nous sentons approcher inéluctablement !
Spoiler:
Au retour d'Egypte, nous sommes passés par NYC, Boston, San-Francisco, enquêtant sur la NWI, Chandler, ses acolytes du conseil d'administration, tentant de rencontrer ceux qui ont eu à se confronter à lui, puis nous sommes partis enquêter...

dans les montagnes de la Lune au fin fond du Pérou !

Nous rentrons actuellement vers San Francisco !

- Peter bascule de plus en plus : 36% en mythe, 30% en SAN ;
- le major Figgis a pris ses premiers gros chocs, lorsque nous avons suivi la trace des Mi-Go et que nous nous sommes retrouvés sur la lune.
Il a jeté quelques coups d'oeil aux mauvais endroits...
- Andrew se trouve de nouveau frappé de nyctophobie, et sombre de plus en plus dans la dépendance aux médicaments et à l'alcool.
- Liam a subi un bon choc aussi lors d'une confrontation contre 8 Mi-Go.
"Mieux est de ris que de larmes écrire, pour ce que rire est le propre de l'homme" (Rabelais)

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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

CR octobre - novembre 2012 :

Pendant ce temps, quelque part en Afrique du Nord...
Spoiler:
Site de la tombe de Nophru Ka, mercredi 31 janvier, 11h00 :

Je m’éclaircis la voix et commence à lire :
« - Au Cheik Hamid Hanaa, de la part des quatre américains. Nous sommes à la Vallée des Vents. Nous avons dû nous défendre contre la bande de Kemal, qui travaille pour un égyptien du nom de Katif. Nous avons la preuve que ce Katif sert ceux qui ont tué votre frère. Hier, nous avons encore essuyé une de ses attaques. Cheik, si vous le souhaitez, votre aide sera la bienvenue… Cela me parait bien, qu’en pensez-vous ? »

Je tends le brouillon de lettre à Anton, qui hoche rapidement la tête :
«- Oui c’est correct… Alors vous comptez envoyer un terrassier la porter à l’oasis du Cheik ? » J’acquiesce et nous restons un instant silencieux.

Le major se rassied et entreprend de rédiger la lettre en arabe. Puis il me tend le document :
« -L'éventualité de s'associer avec le Cheik est intéressante, mais nous avons déjà perdu trois hommes. J'ai quelques scrupules à renvoyer un de nos ouvriers face aux dangers que constituent le désert et les hommes de Kemal... Donc si vous souhaitez le faire, Liam, je vous laisse le soin de donner cet ordre. »

Je prends la lettre :
« - Major, nos ennemis sont ses ennemis, alors Hamid Hanaa voudra faire cause commune avec nous. Il pourrait protéger le site du tombeau ou mettre la main sur Katif, que ce bâtard nous révèle ce qu’il sait du baron. De toute façon, il va falloir se faire des alliés, non ? Cette foutue fraternité peut frapper sur plusieurs continents. En Roumanie, en Egypte, à Londres pour ce malheureux Carrington… Bon sang, Londres doit être un élément du puzzle...»

Une bourrasque fait claquer la toile de la tente.
A l’extérieur, nous entendons la voix de Mac Farland donner quelques directives en arabe.
Le Major réajuste son casque colonial, puis prend dans sa poche une boîte rouillée de cigarettes Kiriazi. Mais après une vague hésitation, il la repose sur la table :
« Patience mon ami ! Nous avons un avantage non-négligeable sur ce bougre de mahométan de Katif. Grâce à vous ainsi qu'à l'indigence du Baron, nous savons exactement quels sont ses ordres. Alors je vais vous dire ce qui va se passer : nous allons trouver cette tombe, quitter ce pays de barbares et rentrer à Londres pour enquêter. Et au fait… puisque j’évoque une véritable civilisation, vous reste-t-il quelques véritables cigarettes ? Damn it ! Ce tabac égyptien c’est vraiment de la merde séchée de dromadaire ! »

Je lui tends en souriant un paquet de Morleys :
« - Prenez celui-ci, j'ai pu m'approvisionner au Palace Héliopolis avant que la soirée ne s'abrège...»
Le pan d’ouverture de la tente s’écarte alors, et Mac Farland entre en annonçant vivement :
«- Messieurs, nous avons de la visite ! »
Derrière lui, je vois Peter qui sourit, mais c’est le professeur Galloway et Lawrence Daniels qui entrent en premier.

Le vieil universitaire semble amusé par notre étonnement :
«- Hé bien quoi ? Nous venons en renfort ! Vous avez été attaqués parait-il ? »
« Deux hommes de votre camp sont arrivés à notre bivouac complétement paniqués. J’avoue que nous n’avons pas tout compris, ils ont parlé d’éfrits, de démons volants. Alors, nous sommes venus avec quinze hommes.» ajoute Clarence Daniels en attrapant une chaise pour la tendre au professeur.

Le major sourit avec un air entendu.
Il attrape la bouteille de cognac, se sert un verre, puis regarde nos nouveaux alliés :
« - Bienvenue à vous gentlemen. Nous avons été attaqués en effet. Mais il faisait nuit, et nous n’avons pas de cadavres de démons à vous montrer. Mais vous verrez que malheureusement, Andrew ne s’est pas coupé en se rasant… Croyez-le ou pas, mais ce métèque de Katif a réussi à dresser des ptérosaures que même le très supérieur British Muséum pensait disparus. Ces indigènes, décidément me surprendront toujours par leur ingéniosité !»


Site de la tombe de Nophru Ka, mercredi 31 janvier, 18h15 :

En demi-cercle, nous attendons tous, silencieux et immobiles, terrassiers, archéologues, et chasseurs de mystères.
Un vent tiédissant érafle le sable sur nos ombres allongées.
L’atmosphère s’assombrit presque granuleuse, alors que le soleil, mirage orange, commence à fondre sur l’horizon.
A la demande de Lawrence Daniels, nous avons laissé le professeur Galloway étudier seul les premiers hiéroglyphes que nous avons découverts.

Depuis son arrivée, l’aide du vieil archéologue s’est montrée très précieuse.
Vers 14h30, un ensemble de moellons ensablés a été découvert contre une sorte d’à flanc rocheux.
Sur le conseil de l’universitaire, nous avons décidé de concentrer tous nos efforts sur cet endroit.
Au fur et à mesure du travail de déblaiement, le haut d’un porche trapézoïdal a commencé à se dévoiler, puis des marches, un passage, et les vantaux d’une porte de pierre.
La voix de Galloway, quelques mètres plus bas, finit par rompre le silence :
« -Messieurs, ces cartouches sont très érodés, mais je peux certifier qu’il est de la XIVème dynastie, et… surtout, et… surtout, je peux presque le confirmer… ces hiéroglyphes abîmés devraient être le nom de Nophru-Ka ! C’est bien sa tombe, nous l’avons découverte !! »

Les congratulations et les hourras de trente hommes résonnent dans le ciel d’Egypte.
Je me vois applaudir et siffler aussi, mais vite, trop vite, ce moment d’enthousiasme me redevient étranger.
Les raisons de notre venue n’ont pas quitté mon esprit.
Je croise le regard de Peter qui sourit faiblement. Du doigt, il me montre les angles très irréguliers de quelques pierres du porche. Et lentement, il art
icule un mot sans le prononcer.
Galloway remonte, chaleureusement congratulé par ses deux élèves, mais sa mine est déconfite :
« -Faites garder le périmètre toute la nuit, nous reprendrons demain. Mes braves amis, je suis navré, mais hélas, hélas, trois fois hélas… des pilleurs de tombes sont arrivés avant nous. Le sceau a été brisé … »

Peter parle à voix basse avec Anton, lui montrant aussi la roche.
Et je comprends enfin : « …Dy-na-mite … ».
Nous suivons les pas de nos ennemis, sur la trace de la Bête…


Tombe de Nophru Ka, jeudi 1er février, 11h30 :

Grâce au traitement de diamorphine que le docteur Figgis lui a prodigué par injection, nous avons la joie de recompter Andrew Plumdington parmi nous.
Rien ne pouvait empêcher le plus courageux des antiquaires de se joindre à notre exploration souterraine !
Alors certes, son état n’est guère brillant ; sa démarche est raide et son cou recouvert de bandages.
Mais si son visage est toujours livide, il nous sourit et son regard est resté vif.
Il semble souffrir moins que le malheureux Ibrahim, que le major doit encore maintenir sous morphine.

Pendant la matinée, nous avons complètement dégagé l’entrée de la tombe.
Les portes de pierre ont été ouvertes, et un obscur couloir s’étend devant nous.
Peter et moi tenons à passer en premier.
Nos camarades archéologues sont éberlués de nous voir descendre les marches, le fusil en mains. Lawrence Daniels s’en amuse beaucoup :
« Bon sang, mais c’est une tombe ! Qu’est-ce que vous vous attendez à trouver là-dedans ? »

Au bout d’une minute, Peter m’arrête et me montre le sol, couvert de poussière.
On distingue nettement des traces, des empreintes de bottes, et après un moment, nous réalisons qu’il y a plus de pas à l’aller qu’au retour…

Des marches régulières descendent sur plus de 50 mètres.
Galloway nous explique qu’à l’extérieur de la vallée des Rois, il est très rare que des tombes soient aussi profondes, puis il se tait lorsque la pente s’aplanit et que les murs s’écartent sur un couloir plus large.
A l’entrée de celui-ci, dans deux grandes alcôves, se tiennent deux énormes sculptures de basalte.

Nous nous réalisons vite que ces statues sont en fait des sarcophages.
Une cire verte extrêmement dure semble en souder les jointures.
Elles sont couvertes de poussière ocre.
Chacune représente un homme à tête de crocodile, aux yeux grands ouverts et dont les bras épais sont croisés, mains à plat sur la poitrine.
Lawrence Daniels est fasciné :
« C’est incroyable ! Aucune représentation du culte d’Apep n’a jamais été trouvée aussi loin du Nil ! Cela va totalement à l’encontre de la théorie du professeur Werner selon laquelle le culte du Dieu Crocodile était beaucoup plus localisé… Et regardez ces cartouches… »

A la lumière de nos lampes, les archéologues commencent à faire divers commentaires sur les hiéroglyphes que nous voyons gravés à la base de chaque alcôve.
Andrew et Anton entreprennent de prendre quelques photographies, et Peter observe attentivement la cire verte.
Il me remarque et me dit à voix basse :
« Je crois que de telles cires servaient dans d’anciennes pratiques magiques…».

Richard Mac Farland sourit :
« Maître Vandevelde, ce ne serait pas une bonne idée d’ouvrir ce sarcophage, les bandelettes de momies dégagent souvent des gaz assez toxiques. »
Le vieux Galloway s’empourpre aussitôt :
« - Richard Mac Farland ! Vous accordez trop de crédit à cette théorie farfelue ! Faites nous plutôt part de votre traduction de ce cartouche ! »

Le jeune homme regarde le professeur puis obtempère :
« Je dirais : Repose ici, serviteur ou gardien, Nophru Ka du Dieu Apep… Non… Serviteurs de Nophru Ka et du Dieu Apep ! »

Passé les alcôves, nous arrivons face à une double porte entrouverte.
Avec le temps, ses vantaux en bois se sont totalement pétrifiés.
La lumière de nos lanternes glisse sur deux autres vantaux de pierre, qui reposent sur le sol, et enfin, devant nous, une grande salle apparaît, aux murs couverts de fresques.
La tombe de Nophru-Ka va-t-elle enfin nous livrer ses secrets ?

Nous sommes entrés dans une salle d’une douzaine de mètres, et avons posé nos lampes sans rien toucher, sans rien dire.
Sur toute la hauteur des murs, des hiéroglyphes semblent avoir été gravés à la hâte.
A gauche comme à droite, nous voyons deux larges replats, à un mètre de hauteur, sur lesquelles sont entreposés de très nombreux objets ; des rouleaux, des repose têtes, des coupelles, des vases…

Lawrence Daniels rompt le silence en premier, la voix chargée d’émotion :
«-Ce sont des vases canopes, ils servent à contenir les organes du défunt momifié. On dirait que les pilleurs en ont emmené un, c’est étrange.»
Galloway a enlevé son chapeau et le tient serré dans ses mains, ses yeux humides contemplent l’endroit, comme s’il voulait en mémoriser chaque détail.
Au centre de la salle se tient un grand sarcophage de pierre.
Anton saisit alors mon bras, et me désigne une forme sur le côté, près de l’entrée. C’est le corps d’un bédouin, desséché par les années.

Pendant qu’Andrew commence de préparer l’appareil photographique, Peter se penche sur les rouleaux de papyrus.
Pour étudier le cadavre, Anton s’est agenouillé :
« - Ce malheureux a eu la nuque brisée… Il y a quelques petits éclats de bois, là… dans la poussière ».

Près du corps, il y a un sabre, ainsi qu’un fusil à poudre noire dont la crosse a été brisée.
Je jette un coup d’œil à Galloway et Daniels qui sont en train de soulever le couvercle du sarcophage, puis je réponds à Anton :
« La couleur a passé, mais on dirait que cet homme porte la même tenue que les bédouins de l’oasis Hanaa… Le sabre et le fusil me rap… »

Je me suis retourné en entendant un craquement effroyable.
La porte de la tombe a volé en éclats et un nuage ocre à l’odeur de camphre s’engouffre dans la salle.
Emergeant de l’ombre une silhouette bandée a surgi devant moi.
D’instinct, j’ai levé mon bras et mon fusil pour me protéger mais il est trop tard…
La momie me fixe de ses yeux rouges et reptiliens, ouvrant des mâchoires béantes de crocodile. Elle les referme sur moi.

J’ai dû perdre connaissance.

Qui hurlait comme ça ? Un obus était tombé c’était sûr…
Ce que j’avais mal… Comme si j’étais écrasé…
Je connaissais ce goût ferreux dans ma bouche, pleine de sang.
Mais qui hurlait comme ça ? J’étouffais…
Je ne pouvais bouger… Il y avait des tirs...
Il fallait que je me relève avant que les allemands…
Les allemands avaient les yeux rouges et reptiliens…

A travers un rideau flou, j’ai commencé à voir…
J’ai vu cette horreur desséchée avancer en ondulant vers Anton.
Il était acculé. Il répétait des signes avec ses mains.
J’ai entendu des tirs…
Et j’ai vu la momie se détourner de lui.
Il y avait un bras par terre…
Mon Dieu, tout ce sang…
J’ai reconnu le corps du malheureux Mac Farland.

Les cris de Daniels sont redevenus clairs.
Il disait que les balles ne servaient à rien.
J’avais l’impression que mon crâne allait exploser, mais j’ai regardé les ombres de la bataille…

Mes amis frappaient sur deux créatures avec des pioches et des manches de fusil.
Andrew a reculé en titubant, puis il est tombé en hoquetant contre le mur.
Anton est tombé à son tour, à genou, se tenant le ventre en criant.
Un des monstres a commencé à s’affaisser sous les coups de pioche de Galloway et de Daniels. Mais l’autre momie…

L’autre momie a claqué ses mâchoires sur Peter.
Je crois que sa tête est tombée.
Mes amis… Je voulais…
J’ai froid. Si froid

Le sol a commencé à trembler.
Le noir est revenu. Je crois que je dois convulser.
Quelqu’un met quelque chose entre mes dents.
J’entends la voix d’Anton :
«- Je vais crever mais toi tu vas vivre. Tu m’entends l’irlandais ? Ton crâne n’est pas brisé. J'ai arrêté l’hémorragie. Tu m’entends soldat ?? »
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

CR novembre 2012 :

Fin de l'épisode quelque part en Afrique ; suite du menu, il y aura du continent américain d'est en ouest !!
Spoiler:
(rappel de l'épisode précédent, dans la tombe de Nophru-kâ)

Le noir est revenu. Je crois que je dois convulser.
Quelqu’un met quelque chose entre mes dents.
J’entends la voix d’Anton :
«- Je vais crever mais toi tu vas vivre. Tu m’entends l’irlandais ? Ton crâne n’est pas brisé. J'ai arrêté l’hémorragie. Tu m’entends soldat ?? »


(fin du rappel)


Samedi 2 février

J’ai senti du vent. Vu un voile au-dessus de moi.
Et je revois sa silhouette.
Des griffes noires traversent les bandages de ses mains levées vers le ciel, souillées de sang. La peau de son visage d’alligator est totalement desséchée. Ses yeux de jaspe et de diamant m’auscultent.
Dans ce regard, gronde par saccades un rire ancien et sinistre. La silhouette se penche sur moi. Et ses griffes arrachent la peau de mon visage…


Lundi 4 février 1929

Je me suis réveillé dans la pénombre. Je me sens cotonneux, nauséeux. J’ai soif.
Il y a ce froid. Je dois me lever, mais quelque chose me maintient.
Quelque chose m’écrase le visage. J’ai envie de crier mais je ne peux que gémir…
Une lumière s’approche, et deux silhouettes se penchent sur moi.

Elles n’ont pas de visage de Crocodile.
« Liam ! Liam ! Vous me reconnaissez ? C’est Andrew. Là, tout va bien, vous devez rester calme. Vous allez récupérer, mais lentement. Vous avez été mordu au bras, et à la tête. C’était vilain mais ça ne s’est pas infecté. Tenez bon, vous remarcherez bientôt…»

L’autre personne se met aussi à parler :
«- Anton est encore vivant ! Je ne sais pas comment il fait, mais il tient. Bon sang, quand les momies sont tombées, il m’a demandé de lui faire un bandage, puis il m’a expliqué pour les dosages de morphine. Liam, son ventre était ouvert, mais il a remis sur pied Andrew, il vous a sauvé, il a arrêté l’hémorragie de Mac Farland et lui a fait transfuser du sang de Galloway. Et après, ça, il m’a dit bonne chance et … j’ai fait ce que j’ai pu pour lui… »

« C’est un miracle si on s’en sort ! » ajoute Andrew.
« Mais on dirait qu’on a un nouveau médecin parmi nous. Liam, on va vous mettre sous diamorphine. Il ne nous reste presque plus de morphine et on la garde pour Mac Farland qui souffre le martyre. Anton a sorti quelques dents de vos blessures, ça vous fera un sacré trophée ! »

Je ne comprends pas. La deuxième voix était celle de Peter. Nous nous en sommes tous sortis ? Mais qui ai-je vu mourir ?


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, mardi 5 février 1929

Le corps de Lawrence Daniels a été enveloppé dans un linceul et enterré aux côtés du vieux Youssouf.
Galloway aurait préféré le ramener au pays, mais il ne sait pas ce qu’il pourrait dire à la famille du jeune homme.
J’ai demandé à ce qu’on emporte le squelette du bédouin.
Le Cheikh sera sans doute touché de pouvoir enterrer son frère.
Anton Figgis s’est réveillé. Je devrais bientôt pouvoir me lever pour le remercier de vive voix.
Il parait que les restes des momies se sont effrités.
Tous les jours, Galloway redescend dans la tombe pour en traduire les hiéroglyphes. Il ne touche plus au sarcophage.
Quand nous partirons, nous scellerons à la dynamite cette maudite sépulture.


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, mercredi 6 février 1929

Mon bras, mon épaule et mon visage doivent encore être bandés, mais je peux me lever.
Andrew m’a expliqué que j’avais eu une fracture ouverte au bras.
Mon fusil a été brisé par la mâchoire de la momie et m’a sans doute sauvé la vie.
Richard Mac Farland et Anton Figgis ont aussi repris conscience.
Nous pensons qu’ils pourront se relever à la fin de la semaine.

Pour le changement et le nettoyage des bandages, Peter et Andrew ont repris la logistique mise en place par le major après l’attaque des créatures volantes.
Dans le De Vermiis Mysteriis, Peter a découvert que ces choses immondes étaient des Byakhees, des montures, souvent appelées par les sorciers pour voyager dans l’Ether.

Andrew n’en dit rien mais nous voyons bien qu’il souffre aussi de ses blessures.
Les griffures infligées par la momie ne l’aident pas à se remettre de l’entaille de la bataille précédente.
Anton Figgis lui donne des cachets verts d’un opiacé nommé codéine.
Quant à l’autre homme blessé dans l’attaque des Byakhees, il s’est finalement remis et est venu nous voir avec son frère.
Ils souhaitent patrouiller toutes les nuits dans le camp, et nous leur donnons des fusils.

Heureusement, aucune nouvelle attaque ne survient.


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, vendredi 15 février 1929, 18h

Je regarde mon visage dans le miroir.
Une longue cicatrice descend du front, traverse le nez, puis s’estompe sous mon oreille.
« - Saloperie de momie… Enfin je m’en tire vivant c’est déjà ça… »

Anton est encore plus pâle que Andrew.
Son visage est devenu émacié.
Il se déplace avec une canne, ce qui dans le sable du désert, n’est pas d’un grand pratique.
Il me regarde reposer la bouteille de Laudanum en fronçant les sourcils :
« -Bon sang Liam, ce n’est pas du gin, vous le savez hein ? ».
Je hausse les épaules :
« -Bah, ne vous inquiétez pas je vous en ai laissé !»

Le doc prend le flacon, et le range dans sa malle, qu’il referme à clé en râlant :
« - By Jove, je dois déjà surveiller Andrew, qui a tendance à trop prendre de codéine. Alors vous, épargnez moi ça, hein ? »

Il se relève doucement, puis me dit à voix basse :
« -Je m’inquiète pour Peter. Il s’est plongé corps et âme dans le livre du Baron. Je crains que cela n’ait gravement atteint son esprit. »
« Ce bouquin est maudit, Figgis, mais Peter est solide. Il a sauvé votre peau, vous oubliez ? »
« - Il ne s’agit pas de ça ! » Me répond-il
« Passez à l’improviste à sa tente une fois la nuit tombée. Vous comprendrez… »


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, vendredi 15 février 1929, 23h

Le vent s’est calmé, mais le silence qui règne désormais sur le camp me parait pesant.
Tout ce pays m’avait tant plu à notre arrivée.
Même pendant notre dangereuse traversée dans le désert, j’étais resté fasciné par sa beauté. Maintenant, je n’y voyais plus qu’une antique malveillance, et même en observant le ciel étoilé, je ne trouvais nul réconfort.
Je repensais au télescope du baron. J’en venais à me demander si tout cet immense espace n’était pas hostile et horrible.

Il y a de la lumière dans la tente de Peter, et à travers la toile, je vois sa silhouette en train de marcher.
Il est en train de parler avec des gestes agités. J
e me demande ce qu’il fait, mais au fur et à mesure de mon approche, un malaise commence de m’étreindre.
L’ombre fait de grands gestes, mais je n’entends pas un bruit.

Une toile claque fortement derrière moi et me fait sursauter.
Ce n’est qu’une bourrasque emportant du sable.
Mais lorsque je porte de nouveau mon regard vers la tente de Peter, son ombre s’est évanouie. J’avance, j’écarte la toile de chèvre et je rentre.

Notre ami est assis, affalé sur sa table, les yeux clos, à côté de l’ouvrage ouvert de Ludwig Prinn.
Faiblement, il murmure dans son sommeil :
« - Non, non, c’est trop dangereux… »
Je pose ma main sur le front de Peter, et il ne dit plus rien.
Il ne semble pas avoir de fièvre.

Une brise froide fait mollement frémir les pages du De Vermiis Mysteriis.
Le grand volume de vélin grisâtre est ouvert sur un diagramme aux formes de constellations, abondamment annoté.
Sa calligraphie sombre frémit dans la lumière tremblotante de la lanterne. Comme dans une sorte de danse malsaine, les glyphes obscurs me paraissent grouiller, les lettres même semblent suinter, rampant hideusement vers les bords des pages vermoulues.
Je referme le livre avec répugnance, et j’éteins la lampe.
De retour à ma tente, je me suis allongé mais je ne peux dormir.
Je ne peux chasser l’image de cette lumière rallumée dans la tente de Peter.
Il y a une silhouette noire à côté de lui, et elle me fixe avec une haine atroce.


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, lundi 18 février 1929, 09h

Le major terminait de changer mes pansements, lorsqu’Andrew est entré dans la tente, blême comme s’il avait vu un revenant.
« - C’est Peter. Je crois qu’il ne va vraiment pas bien… J’ai entendu qu’il parlait dans sa tente, j’ai cru qu’il lisait ce… livre à haute voix. Mais quand je suis entré, il était debout dans un coin, comme absent.
Il ne cessait de répéter :
« -Non… c’est trop dangereux. Je dois invoquer le démon, je dois invoquer le démon… ».
Il s’est interrompu lorsque je lui ai parlé, mais il semblait perdu. Et il avait ce maudit livre serré dans ses bras… »

Nous trouvons Peter devant sa tente, en train de fumer la pipe assis dans le sable.
Anton lui propose des barbituriques, mais il refuse net :
« - Non, non, je dois garder l’esprit clair. Tout va bien, mes amis, j’ai juste eu un petit malaise mais il ne faut pas vous inquiéter. Ce n’est rien. »

Andrew s’empourpre avant que nous ayons le temps de réagir :
« - L’ESPRIT CLAIR ?? Mais vous parlez tout seul !! Ce maudit bouquin vous épuise ! Prenez ces médicaments et reposez-vous nom d’un chien ! »
Figgis insiste également :
« - Cher Maître, cela va être difficile de plaider dans la camisole qui vous attend ! Même ces papistes de Potrello deviendraient regardants si vous parlez d’invoquer le diable. Donc pour la bonne marche de la justice à Boston, nous allons brûler ce maudit bouquin avec les autres possessions du baron, sauf si bien sûr vous prenez ces médicaments. Monsieur Plumdington, ici présent, les a testés et vous garderez l’esprit aussi clair que lui, je vous le promets. »

Peter se lève.
Je repense un bref instant à la silhouette noire de mes cauchemars.
Ce n’est sans doute pas une mauvaise idée de brûler ce livre.
Mais en voyant l’ombre qui traverse le regard de Peter, je comprends immédiatement sa résolution :
« Ecoutez-moi ! Cela faisait des siècles que le baron avait ce livre en sa possession. Il l’a lu, il l’a étudié, il l’a abondamment annoté... C’est une partie de son être… C’est une partie de sa puissance magique... Et nous ! Nous lui avons pris ! Bon sang, vous n’imaginez pas… C’était si hermétique, si clos pour mon esprit, mais plus maintenant… Je commence enfin à comprendre les schémas, les codes… Oh ! Oh ! Si vous imaginiez les batailles que mon esprit livre pour ne serait-ce qu’entrevoir… Ne faîtes pas ces têtes, allez. Je ne prends pas de médication contrairement à chacun de vous. Mon esprit ne se délite pas. Mais il porte une lourde croix, alors ne me gênez pas ! »

Peter retourne dans sa tente, et nous ne savons que lui répondre.


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, jeudi 21 février 1929, 20h

Richard Mac Farland est venu nous voir, déposant sur notre table une série de photographies et de notes.
Peter a étalé les documents, les consultant en les manipulant d’un doigt, puis il reporte son regard vers l’étudiant :
« - Ce sont bien les papyrus que j’ai trouvé dans la tombe ? Merci pour ces photographies, mais vous avez pu les traduire ? »

La voix de Mac Farland devient fébrile :
« Ce… C’est un poème, peut-être un chant. Il est censé appeler ou renvoyer des êtres nommés Dholes mentionnés dans l’histoire de Nophru-Ka. Nous vous en parlerons demain. Vous voyez ces points ? Ils pourraient être des notes. C’est déjà très rare de trouver des papyrus aussi anciens, mais s’il s’agit bien d’un chant, ce document est inestimable… Oui c’est sans doute, le plus ancien chant humain jamais découvert, mais nous le garderons à part du reste. Je ne crois pas que ce serait bien de le rendre public. Il me rappelle trop ce texte arabe de Katif que j’avais étudié. C’était obsédant, sinistre et… quelque chose me dit que… »

Anton acquiesce :
«- C’est une sage décision. Il y a bien des choses que devrons garder pour nous dans ce voyage.»
Ne prêtant plus attention à nous, Peter compulse nerveusement les photographies, murmurant pour lui-même :
«-Non, non, c’est trop dangereux…»
Mac Farland le regarde avec tristesse puis se tourne vers nous.
«-Le professeur me fait confiance. Il s’est rangé à mon avis, ne vous inquiétez pas. Je… Je dois vous laisser… »


Site de la tombe de Nophru-Ka, Egypte, vendredi 22 février 1929, 10h

Le professeur Galloway nous a tous réunis dans sa tente.
Sur un plateau damasquiné sont posés nos carnets, des feuilles volantes, des photographies, des cigarettes, des verres et notre dernière bouteille de Bourbon.
Richard Mac Farland est assis sur un tabouret près du professeur.
Il a tenu à nous aider dans les traductions des hiéroglyphes.
Avec son bras perdu, c’est probablement la dernière fois qu’il sera dans une expédition archéologique.

Galloway, nous regarde, tire sur sa pipe, souffle un nuage de fumée, et commence de parler :
« - Gentlemen, nous pensons avoir achevé la traduction des hiéroglyphes de la tombe. Ils ont été écrits à la hâte par les personnes qui ont enterré Nophru-Ka, probablement des gens de sa famille. Pendant la XIVème dynastie, vers 1650 avant Jésus Christ Nophru-Ka était un prêtre, un chef puissant. Nous avons vu de nombreuses fois un terme qui nous parait avoir un double sens : rebelle à Pharaon, ou alors Anti-Pharaon, la seconde prenant un sens évidemment beaucoup plus fort. »
« Nous avons d’abord pensé que cela était une exagération de ses proches mais il s’avère que d’autres hiéroglyphes clés du texte ont fait référence à une participation précoce aux mouvements séparatistes du Nil, mouvements qui vénéraient une divinité nommé Thoth, un dieu de la magie. »
Galloway se tourne alors vers Mac Farland :
« - Jeune homme, vous avez découvert quelque chose à ce propos, je vous laisse poursuivre. »

L’étudiant aux traits marqués se redresse tant bien que mal :
« - Oui, j’ai reconnu un nom qui est apparu plusieurs fois dans le texte : Ny Har Rut Hotep. Il pourrait s’agir du nom complet de la divinité Thoth ou Tahuti. Ce nom semble être la contraction d’une phrase : il n’y a pas de paix à la porte, paix pouvant être interprété comme sécurité, ou repos. Il est mentionné plusieurs fois comme la divinité de Nophru-Ka, mais aussi un conseiller qui lui apporte son aide. Enfin, il est intéressant de noter que le hiéroglyphe représenté par un lion couché que vous voyez est utilisé pour le son grec R que l’on retrouve dans Cléopâtre par exemple mais aussi pour le son L. Si ce culte a perduré tardivement, il est donc possible que le nom ait été prononcé Ny Har Lat Hotep. »

Galloway se racle la gorge et reprend :
« D’après le récit, ce dieu conseilla à Nophru-Ka le plan suivant : avec ses disciples l’Anti-Pharaon chanterait dans des temples secrets pour faire venir des monstres nés des étoiles appelés Dholes. Le Pharaon enverrait ses armées sur les monstres et pendant ce temps-là, Nophru-Ka et ses alliés s’empareraient du palais. Mais le plan tourna court. Le Pharaon Khasekhemre Neferhotep Ier eut vent de la conspiration. Il envoya des espions et des assassins éliminer Nophru-Ka et ses disciples. Le prêtre fut retrouvé et tué dans un temple appelé le Puits, mais avant de mourir, il fit la prophétie suivante : Et l’on rêva à nouveau du prêtre Nophru-Ka et des mots qu’il prononça à sa mort, comment le fils se lèverait pour réclamer le titre, régirait le monde au nom de son père, vengerait le meurtre du père, convoquerait la Bête qui est vénérée, et comment les sables boiraient le sang de la descendance du pharaon. »
« Après cela, les derniers fidèles ont emporté le corps du prophète ici.» conclue Mac Farland.
« Puis ils sont partis pour une cité du nom de Gha’rne. »

Peter regarde fixement une des photographies sur le plateau, mimant de ses lèvres des sons inaudibles.
Puis il se tourne vers Mac Farland :
« -Donc, c’est ce fameux hiéroglyphe de Ny Har Rut Hotep ? »
Mac Farland hoche la tête silencieusement.

Pendant un instant, personne n’a ajouté un mot.
Galloway s’est levé et a commencé à ranger ses notes, lentement.
Bon sang, nous avons tant perdu pour ces quelques découvertes !
Et tout ce qu’elles nous apprennent, c’est juste ça… Rien sur les plans de la Confrérie… Aucune indication de date, de lieu…
Andrew parait très troublé. Il s’est levé pour aider le vieux professeur, bredouillant quelques mots de remerciements.
L’archéologue a hoché la tête, mais la curiosité qui animait tant son regard semble maintenant évanouie.
Cet homme ne se pardonnera jamais d’avoir emmené ses étudiants dans cette tombe interdite.
Et jamais il ne pourra oublier la mort épouvantable de Lawrence Daniels, emporté par des choses crocodiles surgies des sables du temps.


Oasis Al Hanaa, désert d’Egypte, lundi 25 février 1929, 15h

Grâce à l’autochenille qui nous a été prêtée une dernière fois, nous sommes arrivés à l’oasis Al Hanaa.
Nous retrouvons le Cheikh et toute sa tribu.
Après l’arrivée de Galloway sur le site de la tombe, j’avais renoncé à envoyer au cheikh le courrier que j’avais préparé.
Mais là, nous lui expliquons ce que nous savons sur Katif et Kemal.
Et nous lui apportons aussi le squelette de l’homme que nous pensons être son frère.

Très surpris, le chef bédouin a demandé à voir le corps, et à son émotion contenue, nous comprenons qu’il reconnait bien les armes, les vêtements...
« - Nous sommes amis maintenant, et vous serez toujours les bienvenus chez nous. Allah fasse que votre vie soit longue. Allah fasse que vos ennemis soient dévorés par les cafards. Ce que avez fait est très honorable, très noble, et sera connu par tous les bédouins. Je vais lever la Katiba, et on nous allons couper les têtes de ce Katif et ce Kemal pour les donner aux chiens… »


Paquebot Massilia, Port d’Alexandrie, jeudi 28 février 1929, 10h

Sur le pont du paquebot, nous voyons s’éloigner les rivages de l’Egypte.
Avant d’embarquer pour la France, nous avons chaleureusement remercié Ali Ben Tarik pour son accueil.
Andrew lui a promis que si un de ses fils voulait venir étudier aux Etats-Unis, il l’aidera dans ce projet.
Mais j’ai vu le regard de notre hôte sur nos figures blessées et fatiguées, je ne sais pas trop ce qu’il en a réellement pensé.

Anton Figgis a abandonné sa canne dans la maison lorsque nous avons fait nos bagages ; il ne boîte presque plus.
Mon bras me lance de moins en moins, mais les gens détournent encore le regard de mon visage boursouflé.
Il me tarde d’arriver à Marseille.
Nous déjeunerons dans un petit restaurant.
Nous boirons une bouteille de ces bons vins rouges dont les français ont le secret.

J’ai lu dans le Times que le monde semble continuer de tourner.
Au Royaume-Uni, le Parlement est de nouveau ouvert.
Aux Etats-Unis, après douze ans de prospérité ininterrompue, le Dow Jones bat des records.
Au Caire, la grande exposition ne cesse d’attirer curieux et fêtards du monde entier.
En fait, nous partons quand tout le monde arrive.

Peter s’est déjà enfermé dans sa cabine, sans doute pour se plonger dans la lecture du De Vermiis Mysteriis.
Il est obsédé par ce nom de Ny Har Lat Hotep, et je crois que nous ne le verrons pas beaucoup pendant le voyage.
Andrew m’a appris qu’à l’insu de Galloway, Peter a sorti de la tombe un petit vase canope.
Au contact de cette chose, il espère que les talents de médium de Paul Lemond pourront nous apprendre quelque chose.

Un malaise me reprend quand je repense à notre traversée du port tout à l’heure.
Pris dans les filets des pêcheurs, les poissons fraîchement pêchés bondissaient pour échapper à leur destin.
Peut-être sommes-nous comme ces poissons ?
Nous nous débattons de toutes nos forces, mais c’est totalement vain.
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dogboy
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par dogboy »

Pour avoir lu le chapitre correspondant dans la campagne il y a peu (j'espérais cannibaliser des trucs pour une autre campagne impliquant Ny Ar Rut Hotep :D ), je suis toujours surpris par la façon dont les scénarios de Cthulhu se révèlent vraiment en jeu, à partir d'une matière qui paraît souvent très mince à la simple lecture...
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

dogboy a écrit : Pour avoir lu le chapitre correspondant dans la campagne il y a peu, je suis toujours surpris par la façon dont les scénarios de Cthulhu se révèlent vraiment en jeu, à partir d'une matière qui paraît souvent très mince à la simple lecture...
Déjà, il s'agit d'un CR : le joueur qui le rédige prend le temps de rendre compte de manière plus littéraire nos aventures (même si cela correspond à la réalité de nos aventures).

Ensuite, comme je le précisais en préambule, notre MD, passionné par cette période de l'histoire (20-30's, prohibition) ajoute beaucoup de détails qui crédibilisent la toile de fond, et comme en plus il a fait jouer cette campagne 3 fois il y a 20-25 ans, il la connaît bien et sabre là où cela lui paraît moins essentiel, ajoute du BG, des mini-aventures / intermèdes RP...

Il fait "vivre" cette campagne.

A titre d'exemple, avant un certain scénario situé dans en montagne, et que nous venons de finir, nous avons passé 2-3 bonnes sessions en enquêtes, filatures, recueil d'infos..., en traversant littéralement les USA (NY, Boston-Miskatonic, San-Francisco, environs de Miami, Nvelle-Orléans notamment).
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chaviro
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par chaviro »

Oui, Cthulhu, quand on ré-écrit les scénarios officiels (d'autant que les moisissures de Yoghurt, c'est loin d'être la meilleure campagne de cette interminable gamme), qu'on jette les règles, et qu'on joue avec un bon MJ, ça donne presque l'impression d'être un bon jeu :charmeur Je vous envie à la lecture de ce CR romancé.
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Trop crevé pour me logger »

Jouez avec les "règles" de Cthulhu Dark. Adrénaline garantie ! Tu combats ? T'es mort.
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Silenttimo
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Re: [CR] Cthulhu mix V4 à V6 - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

le Zakhan Noir a écrit :
Silenttimo a écrit : * Peter Van de Velde (mon personnage) :
- conn. du mythe : 26% (la lecture de certains ouvrages aide ! :mrgreen: )
- santé mentale à mi-parcours de l'épisode "SdT" : 38% ;
;
hé hé tu rentres dans la meilleure partie... tu as basculé du mauvais côté des 50%, c'est donc l'effet boule de neige qui t'attend au niveau des pertes de SAN (comme dans les jeux d'alcoolo... plus tu joues, plus tu bois, plus tu boies, plus tu joues)

Ca risque d'être intéressant à interpréter, petit veinard!
Hé hé... ça se précise !

Le "jour" approche, nous sommes à priori à la moitié du dernier épisode, celui qui précède l'épilogue.

Le CR avance petit à petit, mais nous avons surtout fait du Cthulhu récemment, et notre aimable scribe doit mettre à jour ses notes et son CR.

J'en suis à 28% en SAN (sur 60 au départ), 36% en mythe, et si je m'en tire plutôt bien physiquement, c'est plus niveau équilibre mental que je perds pied.

Sur les deux dernières sessions, j'ai perdu 1 point de POU, 2 points de SAN (et encore, j'ai eu un gros bol), et 2 points d'aplomb (m'en reste 1).

Mes camarades investigateurs me pressent de leur enseigner un sortilège...
Spoiler:
la barrière de Nyogtha, en prévision du "jour de la bête" !
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Re: [CR] Cthulhu - Fungi de Yuggoth

Message par Silenttimo »

Bon,

notre courageux rédacteur de CR a du retard, mais hier, session courte mais intense...
Spoiler:
LANG-FU est mort !!!!!!!!!!!!!

Le sorcier chinois croisé de profonds et multi-centenaire n'a pas résisté à un plan basique, mais minutieux et quelques coups de pot !!

Dynamite enfouie dans le sable d'une plage californienne avant une cérémonie rituelle.
Premier coup de pot : le jet du MD est une spéciale en dynamite.
Les chinois ne voient rien lorsqu'ils arrivent au soleil couchant, et ils se garent là où les explosifs sont enfouis, après que nous ayons décelé les traces de camions avant de piéger la plage.
Nous restons cachés en 2 endroits différents.

On déclenche l'apocalypse (3 enfouissements à respectivement 4, 3 et 3 bâtons).
Un camion et la voiture de Lang-Fu explosent, entraînant dans la mort quelques sectateurs et les assassins du culte.
Notre meilleur tireur, le médecin militaire, reste aux aguets cherchant des yeux une forme susceptible de s'enfuir à la nage après avoir rejoint l'eau.
Réussite Spéciale en vigilance : une forme de l'autre côté de la plage rampe vers le bord de l'océan, et étant données ses origines mélangées, cela ne peut être que notre chinois !

Le médecin prévient l'antiquaire et tous deux font feu (avec gros malus : au pistolet, de nuit à la clarté des feux, à près de 100m... cela nécessite une spéciale pour toucher).
Ils réussissent tous deux un jet de toucher normal, et utilisent tous deux un point d'aplomb pour transformer le résultat en spéciale : touché deux fois, Lang-Fu, déjà amoindri par la dynamite, pousse son dernier râle, malgré sa tunique de longue vie.

Pendant ce temps, on décroche pour ne pas subir la colère de 15 à 20 sectateurs secoués, mais vindicatifs...
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nous LF nous a bien tué 4 fois chacun...

Message par le Zakhan Noir »

ah ouais... quand même...

je... argh.... non, rien
Dernière modification par le Zakhan Noir le mar. oct. 08, 2013 5:17 pm, modifié 1 fois.
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: nous LF nous a bien tué 4 fois chacun...

Message par Silenttimo »

Je comprends, les règles de la V6 donnent des sortes de points d'héroïsme, et même en quantité très limitée (je suis monté jusqu'à 3...), ça aide sacrément.

Mais nous, c'est grâce à l'antiquaire.

Il chine, et toc !
:mrgreen:
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