Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

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Erwan G
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LE SANG DES CIEUX
Kent Wascom

J’ai tendance à choisir mes livres en fonction des conseils de lectures. Depuis longtemps, j’ai pris l’habitude de me méfier des couvertures. Je pense que cela est imputable aux collections SF de J’ai lu et Presse Pocket même si, il faut l’avouer, l’Atalante n’est pas en reste. Mais, pour une fois depuis bien longtemps, j’ai fait confiance à une maison d’édition et à sa couverture. En effet, Gallmeister a édité quelques livres que j’ai vraiment beaucoup aimé ces derniers temps, à commencer par le Petit déjeuner des champions de Kurt Vonnegut. Alors, je me suis dit Gallmeister + le titre + la couverture, ça ne peut que donner envie.

Bon, comme à la grande époque de J’ai Lu, la couverture est réalisée par quelqu’un qui a rencontré quelqu’un qui a lu le livre.
Amérique du nord, début du XIXème siècle. Angle Woolbag est le fils d’un précheur bien décidé à sauver les gens d’eux-mêmes, qui échoue dans une petite communauté de paysans d’une zone pauvre de l’ouest, avant la conquête. Fils unique, il est entrainé par son père pour devenir lui aussi un prêcheur et, certainement, hériter de la communauté qu’ils ont trouvée. Mais, petit à petit, Angel succombe au désir et s’amourache d’une fille de paysan, quand un autre prêcheur arrive avec ses deux fils les plus jeunes. Après une certaine rivalité entre les enfants, Samuel, l’ainé des deux, va devenir très proche d’Angel. Avec leur père, ils vont déloger des infidèles, des adeptes de John Smith, le fondateur de l’Eglise des derniers Saints (les mormons), alors en errance. Après ce coup de poing, le Père prêcheur, comme l’appelle Angel, découvre la concupiscence de son fils lorsque la mère de son amoureuse la noie en raison de sa grossesse. Alors qu’il doit ensevelir sa bien-aimée, Angel va se révolter contre son père, le frappant à la tête avec sa pelle. Sans savoir s’il l’a ou non tué, il va fuir cette région et ces promesses d’un avenir morne, en compagnie de Samuel. Samuel va alors « adopter » Angel, faisant de lui son frère et tous deux vont partir à la recherche de l’ainé de la fratrie, Reuben, dont Samuel sait qu’il a réussi, à la recherche d’une vie meilleurs, qui va les entrainer dans une vie de violence, avec, toujours, la foi comme justification.

C’est intéressant de voir comment les mythes américains se sont construits, comment ils vivent et perçoivent leur foi, très éloigné de ce que nous pouvons considérer. Tuer, détrousser, voler, acheter et vendre des esclaves, tout cela se justifie par la volonté de Dieu. Alors, certes, le plus souvent, cette volonté divine excuse plus qu’elle ne justifie les exactions des personnages, mais en même temps, personne n’ose remettre en cause leur vision. Angel tue et baptise dans le même temps, lavant le péché des autres. Et les siens sont lavées par la volonté de Dieu, qu’il perçoit et comprend. Cela permet de mieux cerner cette extrême droite américaine qui n’a que la volonté de Dieu à la bouche et qui, en même temps, maltraite et vilipende d’autres qui commettent des actes moins discutables que les leurs.

Vu comme cela, la couverture du livre est raccord. Sauf que. Sauf que l’ont voit dans les mains du personnage un 6 coups, une arme qui naitra une trentaine d’années, au minimum, après les faits dont sont constitués l’histoire. Il ne s’agit pas de cow-boys et de la conquête de terres indiennes, mais de la volonté d’arracher la Louisiane et la Floride occidentale à la domination espagnole, soit pour en faire un état indépendant, à la gloire du Seigneur, soit pour rallier des Etats-Unis très jeunes et encore assez fragiles. Une lecture intéressante de par des personnages peut-être moins caricaturaux que d’habitude dans un livre américain, moins unilatéraux et dont on ne sait, à la fin ,si l’on accepte ou non les excuses qu’ils se donnent pour commettre les faits qu’ils ont commis, avec une « morale » simple : nous ne sommes jamais que des pions sur un échiquier, dans un jeu dont nous ne connaissons ni les règles ni les autres joueurs.
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Erwan G
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LA PARABOLE DU SEMEUR
Octavia E. Butler

Lauren est une jeune fille noire de 16 ans, qui vit dans une petite communauté de la classe moyenne qui se distingue par le fait que cette communauté dispose d’un mur pour la séparer du reste du monde et que chaque famille est armée. C’est nécessaire, dans cette Californie de 2024, parce qu’en dehors de la communauté règnent le chaos, la peur, la violence, la drogue et l’absence quasi-totale de l’état. Oh, il y a encore des policiers et des pompiers, mais ces derniers n’interviennent que s’ils sont payés et, parfois, ils sont pires que le mal initial. Les gens n’ont plus les moyens de se payer de l’essence et marchent ou vont et viennent à vélo quand ils n’ont pas le choix, c’est-à-dire quand ils doivent aller travailler pour gagner les quelques dollars qui leur permettront d’acheter de l’eau buvable, de payer l’électricité ou d’acheter ce qu’ils ne peuvent pas produire eux-mêmes. Le père de Lauren est un enseignant, docteur en science mais également pasteur baptiste. Les gens ne se rendent plus à l’église, située en dehors du quartier, mais viennent au domicile de Lauren pour la messe hebdomadaire. On apprend aux enfants à tirer à l’arme à feu dès leurs 16 ans pour qu’ils puissent se défendre. Avant, ils vont chez le pasteur pour recevoir de la part de sa femme, elle aussi enseignante, une éducation aussi poussée que possible. Mais Lauren est différente, elle a parfaitement conscience que ce style de vie n’est pas pérenne et que, à un moment ou à une autre, il faudra fuir ce petit coin de paradis avant ou après sa destruction. Outre sa maturité, Lauren est empathique. C’est-à-dire qu’elle subit les douleurs des gens blessés autour d’elle, au point même où elle peut se mettre à saigner si elle voit quelqu’un en sang. Affronter l’extérieur dans ces conditions risque donc d’être extrêmement difficile.

Trois ans avant Dans la forêt, Octavia Butler livre une vision de la décadence de la civilisation et de ses conséquences sur les personnes. Bien loin du conte optimiste, bobo et béat de Jean Heggland, Octvia Butler explore un monde mourant : état défaillant, individualisme forcené, communautarisme en cul de sac, violence omniprésente, désastres climatologiques… rien n’est ignoré et le tout fait un ensemble crédible et effrayant. Situé entre Dans la forêt et La route, il lorgne plus vers le second que le premier. Alors, certes, il verse moins dans la métaphysique que Cormac McCarthy, mais il est bien plus profond que ne peut l’être Dans la forêt. Il est d’ailleurs amusant de voir des choses communes aux deux livres, leur utilisation pratique et sensée dans la Parabole du semeur, comme le livre sur les plantes.
J’aime beaucoup le style d’écriture d’Octavia Butler. Il est très accessible et ne se refuse rien, que ce soit dans les propos ou dans les réflexions. Tout au long du livre, Lauren, la narratrice, présente sa « religion », une foi en un Dieu qui est changement, qui est façonné autant qu’il façonne, avec des propositions qui amènent à réfléchir : le Dieu et la religion de Lauren semblent très alchimiques. Ils transforment et sont transformés, ils évoluent selon l’évolution de ses fidèles, et inversement. Mais en même temps, elle dispose aussi de la capacité de s’interroger sur ce qu’elle crée. Ainsi, à un moment, l’un des personnages va qualifier les préceptes de Lauren de naïfs, ce qu’elle va accepter : Octavia Butler n’écrivait pas que dans un sens, elle ne révèle pas de vérité, elle pousse ses lecteurs à développer leurs propres avis, leurs propres réflexions sur ce qu’elle propose. Une chose est sure, cependant, pour elle : l’évolution de la société nous pousse vers un nouvel esclavage. Elle réussit, dans ce livre, à renouveler l’imaginaire cyberpunk des différentes castes de la société, les esclaves corporatistes et les laissés pour compte. Elle réussit à renouveler cette vision de l’esclavagisme en faisant des liens avec le passé et la façon dont, petit à petit, cet esclavage a concerné une majorité de gens, sans question de couleur de peau.

J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai trouvé moins sombre que ce que j’ai pu entendre. Moins sombre mais, en même temps, très dur : la violence est présentée sans filtre mais sans compassion, admiration ou male gaze. C’est souvent difficile, mais pas sans espoir.

A noter que, outre le fait que le livre décrit un post apo sans apocalypse, l'histoire de la grenouille et de la casserole d'eau, le livre présente, amha, deux intérêts particuliers pour les rôliste :
  • Les Partageants : des personnes atteintes d'hyperempathie qui ressentent la douleur ou le plaisir d'autrui et qui, de ce fait, sont idéaux pour créer une caste d'esclave. Cette idée aurait sa place dans pas mal d'univers.
  • Les Semences de la Terre : une religion qui aurait largement sa place dans un univers de space op. Une croyance que Dieu est changement, que l'Homme doit le façonner autant qu'il est façonné par Lui et une destinée, celle d'ensemencer les étoiles. Il y a là de quoi motiver/justifier des sociétés humaines du futur avec une religion qui peut emprunter aux religions terrienne, une sorte de théosophie moins débile, avec une justification pour ce qui est de la conquête spatiale et de la diaspora humaine.
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sherinford
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Le rôdeur devant le seuil

Message par sherinford »

Dernière lecture:

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"Le rôdeur devant le seuil" par H.P. Lovecraft et August Derleth.

Ce roman a été écrit par August Derleth dans le cadre d'une "collaboration posthume" avec Lovecraft. Comprenez que ce roman repose sur quelques notes du maître de Providence, que Derleth va exploiter, compléter et mettre en forme pour aboutir à ce roman de 217 pages, subdivisé en trois parties, qui reprennent le point de vue de trois personnages distincts sur les événements.

L'intrigue se situe dans la région d'Arkham, où Ambrose Dewart va s'installer dans un manoir situé au nord de cette ville, après l'avoir fait restaurer. Son ancêtre, Alijah Billington, lui a légué le domaine en laissant quelques instructions précises, mais néanmoins sibyllines, quant à la gestion de celui-ci. Il est notamment question d'une tour située sur le domaine et qui ne doit pas être dérangée...

Bien évidemment, Ambrose va se montrer un peu trop curieux et attirer l'attention de forces qui le dépassent, ce qui va entraîner l'intervention des deux autres personnages: son cousin Stephen Bates, de Boston, appelé à la rescousse et qui trouve son cousin particulièrement étrange, et Winfield Phillips, assistant d'un professeur de l'université Miskatonic d'Arkham consulté par Bates quant aux découvertes que celui-ci a faites dans le domaine.

Ce roman est un exemple assez parfait de ce que pourrait être un scénario de l'Appel de Cthulhu, les investigateurs étant dans ce cadre le professeur Lapham de l'université d'Arkham et son assistant Phillips. Il présente par ailleurs les fondamentaux du Mythe de Cthulhu au fil de ses pages. Dans cette perspective, il a un léger intérêt pour les maîtres de jeux intéressés par cet univers. Malheureusement, la qualité littéraire du texte est relativement médiocre, avec des longueurs épouvantables... Pour tout dire, j'ai hésité à plusieurs reprises à le vermeriser... Bref, à réserver aux afficionados absolus de Lovecraft, qui tiennent à racler tous les fonds de tiroir...


Lectures de 2025:

Spoiler:
1. "Le dernier voeu & l’épée de la providence" de Andrzej Sapkowski (10/10).
2. "Voix d’extinction" de Sophie Hénaff (6/10).
3. "Béantes portes du ciel" de Robert Reed (7/10).
4. "Dernier meurtre au bout du monde" de Stuart Turton (9/10).
5. "Drame de pique" de Sophie Hénaff (8/10).
6. "La vengeance du Manitou" de Graham Masterton (7/10).
7. "Les chevaliers d'émeraude - tome 1 - Le feu dans le ciel" de Anne Robillard (6/10).
8. "Itinéraires nocturnes" par Tim Powers (4/10).
9. "Dune" par Frank Herbert (10/10).
10. "Le Messie de Dune" par Frank Herbert (8/10).
11. "Les enfants de Dune" par Frank Herbert (6/10).
12. "L'Empereur-Dieu de Dune" par Frank Herbert (10/10).
13. "L'invasion des profanateurs" par Jack Finney (7/10).
14. "Sinistre réputation" par Miranda James (5/10).
15. "Les yeux de la momie" par Robert Bloch (8/10).
16. "Les mines du Roi Salomon" par Henry Rider Haggard (7/10).
17. "She - tome 1" par Henry Rider Haggard (8/10).
18. "She - tome 2" par Henry Rider Haggard (8/10).
19. "La montagne dans la mer" par Ray Nayler (6/10).
20. "Medalon" par Jennifer Fallon (6/10).
21. "L'épée brisée" par Poul Anderson (9/10).
22. "La bibliothèque des rêves secrets" par Michiko Aoyama (8/10).
23. "Le rôdeur devant le seuil" par H.P. Lovecraft et August Derleth (4/10).
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Belphégor
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Message par Belphégor »

Et donc au menu aujourd'hui : "Le Fou prend le roi" deuxième tome du cycle du bâtard de Kosigan.

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Je pensais pas le lire aussi tôt mais le bouquin que j'avais en cours était tellement nul que je l'ai lâché, et quand je lâche un truc parce que c'est nul il me faut immédiatement de la bonne came après, donc je me suis jeté sur ce tome 2 assez vite. Pour l'instant je ne pense pas que ce cycle est un chef d’œuvre mais en tous cas il est suffisamment intéressant pour qu'on ait envie d'en voir le bout.

Ce livre adapte le tout premier module Neverwinter Night nommé "Les lions diffamés" et en reprend la trame quasiment à l'identique, si ce n'est en changeant des détails anecdotiques, à l'exception d'un seul dont je parlerais par la suite. Un module auquel j'y ai joué avec beaucoup de plaisirs en dépit d'un gameplay calamiteux et d'une quantité stratosphérique de bugs.

Bref, déjà pour commencer le titre est assez bizarre : "le fou prend le roi" ? sauf que dans l'histoire il n'y a ni fous ni bouffons, et celui qui prend le roi éponyme n'en n'est certainement pas un. Le titre est classe mais incohérent, "style over substance".

Je constate en tous cas que l'auteur s'est sans doutes pris des remarques similaire à ce que j'avais dit par rapport au premier tome, à savoir le côté "marionnettiste démiurge" du personnage principal qui était beaucoup trop prononcé. Ici il galère un peu plus, essuie d'avantages de revers, même si j’attends toujours de voir un méchant qui sera capable de réellement le mettre en difficulté. L’enquête qui est déroulée ici n'est franchement pas très intéressante, je dirais même qu'on se fait chier durant les phases "interrogatoires". De plus les chapitres du XIXe siècle sont toujours aussi inintéressants, avoir un deuxième roman dans le roman, sachant que l'intrigue de base est déjà pas simple rajoute de la confusion sur la confusion. Surtout que cette phase au XIXe siècle n'est qu'un préliminaire interminable à une intrigue qui ne sera sans doutes réellement déroulé qu'à la toute fin de la série, une véritable calamité ! Ah et faudrait il que je rappelle l'utilisation au combien grotesque des magnétophones médiévaux euh pardon je veux dire des pierres d'okrams ?

Vous allez me trouver dur, et je le suis. Pour être tout à fait honnête avec vous je suis dur parce que je pense que ce livre malgré tout ses défauts reste globalement une bonne lecture (après tout je l'ai finis) mais qu'il aurait pu être pas seulement bien, mais véritablement incroyable s'il y avait eu peut être un peu plus de soins.

Un dernier détail, dans le module Neverwinter Night le grand méchant final était Merlin l'enchanteur, déguisé sous le nom d'Abbé "Nilrem" ce qui est théoriquement complètement con mais personnellement je n'ai pas vu ce twist venir, donc je le trouve génial malgré tout. Sauf que ce détail à été changé dans le roman, maintenant ce n'est plus "Merlin" mais "Merlin version wish" parce que l'auteur s'est rendu compte qu'utiliser Merlin tel quel contredisait le lore établi. Néanmoins je trouve que ce changement est vraiment dommage, parce que Merlin permettait de donner au batard de Kosigan ce qui lui manque le plus c'est à dire un Antagoniste dangereux et tout aussi classe que le batard.

Denier détail purement historique. Dans ce récit l'auteur à décidé de faire occire Jean de Valois, fils de Phillipe VI qui lui aussi va passer l'arme à gauche suite à une conjuration de son autre fils Charles de Valois le futur Charles V. Ce qui implique donc que le roi "Jean 2 le bon" n'a en fait jamais existé. C'est un choix que je trouve curieux parce que l'effet papillon implique que le Roi de France ne s'est jamais fait défoncé lors de la bataille de poitiers, la guerre de cent ans n'aura donc pas DU TOUT la même gueule que dans notre réalité à nous, une uchronie presque comparable à Kaiserreich. L'auteur étant agrégé d'histoire, je suppose qu'il sait ce qu'il fait même si je trouve ce choix très curieux, on verra bine ce que çà donne. Les illuminatis/extraterrestres/lalilulelo ont du avoir pas mal de tafs pour réécrire l'histoire.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Jiohn Guilliann »

Erwan G a écrit : ven. avr. 25, 2025 12:17 pm J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai trouvé moins sombre que ce que j’ai pu entendre. Moins sombre mais, en même temps, très dur : la violence est présentée sans filtre mais sans compassion, admiration ou male gaze. C’est souvent difficile, mais pas sans espoir.

J'ai adoré ce livre. Mais je l'ai trouvé très dur de bout en bout. Ce que tu présentes comme de l'espoir, je l'ai plutôt vu de la résignation.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

Je ne sais pas, j'ai trouvé que les personnages croyaient à ce qu'ils faisaient. Ils savent que rien n'est gagné et que le danger rôde toujours, mais il y a quand même un réel espoir d'être sauvés par un renouveau. Je le vois comme une parabole, une mise en oeuvre du texte donné à la toute fin du livre.
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Message par Ganelon »

Les belles couvertures Opta ou, complètement différentes, NéO.. même les LdP (je crois) illustrés par Tibor Csernus, les Denoël....
C'est vrai, que passé un certain âge, on voudrait éviter le lyrisme pompier des illustrateurs de fantasy ou de sf. Leurs plaisirs sont ma douleur.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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WAYWARD PINES : REVELATION
Wayward Pines, tome 1
Blake Crouch

Je ne sais pas vous, mais j’ai été spammé de pubs de Gallmeister pour cette série de livres (3). Ce qui parait étonnant vu le délai entre la parution en VO (2012) et la date de cette traduction (2024). Le thème de la pub ? Stephen King rencontre Twin Peaks. L’influence de Twin Peaks est sérieuse, l’auteur la revendique clairement. Est-ce que cette promesse est tenue ? Franchement, je ne pense pas. Je ne suis pas un fan de King, je n’ai pas suivi tout Twin Peaks, mais il me semble que la série est un chouille plus subtile et que dans King, on a souvent peur pour quelqu’un.

En quelques mots, Ethan Burke est un agent des services secrets. Ancien militaire, pilote d’hélicoptère, il a servi pendant la deuxième guerre du golfe. Au court de ce service, son hélicoptère a été abattu, il a été fait prisonnier et a été torturé par un terroriste. Il vient de se voir confier une mission : deux agents, dont son ancienne maitresse, ont été assigné à une enquête à Wayward Pines, une petite ville peu éloignée de Boise. Il est chargé, avec son collègue, d’enquêter sur cette double disparition. Mais à peine arrivé à Wayward Pines, il est victime d’un accident de la circulation. Il reprend connaissance, amnésique, au bord d’une rivière, sans portefeuille, identification ou argent. Rapidement, il est récupéré par l’hôpital, un hôpital visiblement assez vide. Et lorsqu’il tente de joindre son supérieur pour l’informer de ces contre-temps, il ne réussit qu’à avoir une secrétaire qui refuse de passer la communication. Son seul appui vient de Beverly, une barmaid qui lui offre un repas et une adresse où se réfugier. Adresse où il retrouvera le corps très amoché de l’un des agents qu’il est venu chercher à Wayward Pines. Que se passe-t-il donc dans cette petite communauté ?

Le livre n’est pas exempt de défaut. Déjà, on commence par la sempiternelle perte de mémoire. Heureusement, cela ne dure qu’un petit chapitre avant que Burke ne se souvienne de qui il est et de ce qu’il est venu faire ici. Ensuite, le livre fait des vas et vient entre Ethan Burke et son épouse, Theresa, restée à Seattle. On sort donc assez rapidement de la seule ambiance étrange de la petite ville si différente. Enfin, Burke est un super héros qui se sort de toutes les panades, qui résiste à ses blessures, mais qui souffre de syndrôme post traumatique et de l’absence de sa femme, pour se voir offrir, en fin de volume, la Révélation annoncée dès le titre.

Dès les premières pages, on sent que ce livre est en réalité plus fait pour le cinéma ou la télévision. Le roman est court (300 et quelques pages), il y a peu de temps pour la réflexion ou l’ambiance. Si c’est du cinéma, ce n’est clairement pas celui de Lynch. C’est plutôt un blockbuster à l’américaine avec ses défauts mais, aussi, ses qualités : on ne s’y ennuie pas, c’est rapide à consommer, il y a des choses horribles et un héros vraiment fort et résilient, une espèce de John McLane du moment.

Et la révélation finale ? Bin, elle est classique et dans l’ambiance du livre. Elle n’est ni décevante, ni incroyable mais mon dieu, comment a-t-il pu penser à ça. Comme le livre, donc, ni fantastique, ni mauvais, c’est un livre moyen, agréable mais sans plus, à lire sur une plage ou pendant des vacances où l’on a le temps mais pas l’envie de se plonger dans quelque chose de trop dur. Si jamais je lis la suite, ça sera plus tard. Là, tout de suite, j’ai envie de quelque chose de plus consistant.

Par contre, c'est une bonne piste pour un meneur dont les joueurs ne connaissent ni les romans ni la série télé.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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L’OGIVE DU JUGEMENT DERNIER
Dungeon Crawler Carl, tome 2
Matt Dinniman

Aaaargh ! Je viens de finir le tome 2 de Dungeon Crawler Carl et je viens de voir qu’il n’y a pas la suite encore sur Audible, tout du moins en français. Et, clairement, ce second livre démontre que ce livre est fait pour l’audio, s’il est interprété par un lecteur de talent. Comme celui qui a été choisi en français.

Sur le fond, nous sommes sur la même recette qui fonctionnait déjà dans le premier tome : Carl et Princesse Donut explorent le troisième niveau du dungeon. Ils découvre un autre écosystème, on approfondit un peu le hors jeu avec plus d’information sur l’organisateur du World Dungeon, les conflits , les questions d’argent et les difficultés individuelles nées dans les émissions ou du fait des émissions susdites.

Le ton reste le même, même si le coté hors jeu prend un peu plus de place et un peu plus de consistance. Le tout reste quand même tourné à fond vers la déconne et ne se prend pas plus que cela au sérieux. On continue de passer sous silence les incohérences à l’aide d’un « putain » ou d’un « bordel, Donut ! », les méchants sont méchants (mais pas que), les crawlers effrayants sont vraiment plus effrayants encore. Et Carl et Donut continuent d’être appréciés.

Si le premier tome ne vous a pas convaincu, ce deuxième ne le fera pas plus. Il reprend les éléments du premier et commence à jouer avec les poncifs, qu’ils soient issus de jeux ayant réellement existés (ah, la remarque de Mordekaï sur le fait que les premières quêtes sont des quêtes Fedex sans aucun intérêt) ou de ceux mis en œuvre dans le cadre du premier tome.

Le tome se finit sur une nouvelle direction possible : celle de la politique des crawlers, la façon dont ils forment ou déforment des groupes, leurs rivalités, les choix qu’ils sont amenés à faire.

Je ne tenterai pas de vendre cela comme un incontournable. C’est un livre amusant mais dont je pense, sans aucun doute, que je n’apprécierais pas autant à la lecture qu’à l’écoute. Le lecteur est ce qui rend, pour moi, ce monde si attachant, les péripéties de Carl et de Princesse Donut si réussies et si amusantes, à défaut d’être drôle. Sa façon de dire « oh, merde » ou de poser certains dialogues donnent réellement un supplément d’âme. On m’a interrogé pour savoir comment rendaient les fiches de personnages dans la lecture. C’est simple, il n’y en a pas. Il y a, certes, les « encadrés » « Nouveaux succès », les stats des monstres ou des crawlers, mais à aucun moment, il n’y a de chose aussi rébarbative que la lecture des fiches de personnage. Les informations sont données de façon efficace et on passe à autre chose. Alors, est-ce un plus du livre, un moins de l’audio ou une retranscription intelligente d’un écueil ?

En tout cas, deux choses sont sûres : je continuerai la série et je la continuerai en audio. J’ai, maintenant, peur de trouver le papier trop lisse, trop fade, sans le jeu constant du lecteur. Je veux la suite des aventures de Carl et Donut, mais je la veux pour manger le midi, pour faire des trajets en voiture, pour mettre dans mon casque quand je fais autre chose. Alors j’attendrai qu’Audible propose le tome 3.

Par ailleurs, je me demande comment c’est prévu et si c’est une série dans le genre Donjon. Parce qu’un livre par niveau/tous les deux ou trois niveaux, ça risque d’être un chouïa long.
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Message par vermer »

Erwan G a écrit : lun. avr. 28, 2025 3:57 pm Image
Abandonné après le premier chapitre... Manque de saveur et d'originalité a mon gout + écriture insipide .
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Olivier Fanton
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Message par Olivier Fanton »

Erwan G a écrit : lun. avr. 28, 2025 3:59 pm Par ailleurs, je me demande comment c’est prévu et si c’est une série dans le genre Donjon. Parce qu’un livre par niveau/tous les deux ou trois niveaux, ça risque d’être un chouïa long.
L'auteur est un pote d'enfance de Brandon Sanderson, qui est un habitué des longues séries (que ce soit comme continuation de la Roue du Temps ou avec ses séries dans le multivers de Cosmere). Ça lui a peut-être déteint dessus...

D'ailleurs, ils ont un podcast ensemble, où ils discutent de tout et de rien (Intentionally Blank sur youtube). C'est moins intéressant que les cours de Sanderson sur le métier d'auteur), mais ils sont sympathiques et ça s'écoute.
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

Olivier Fanton a écrit : lun. avr. 28, 2025 6:17 pm
Erwan G a écrit : lun. avr. 28, 2025 3:59 pm Par ailleurs, je me demande comment c’est prévu et si c’est une série dans le genre Donjon. Parce qu’un livre par niveau/tous les deux ou trois niveaux, ça risque d’être un chouïa long.
L'auteur est un pote d'enfance de Brandon Sanderson, qui est un habitué des longues séries (que ce soit comme continuation de la Roue du Temps ou avec ses séries dans le multivers de Cosmere). Ça lui a peut-être déteint dessus...

D'ailleurs, ils ont un podcast ensemble, où ils discutent de tout et de rien (Intentionally Blank sur youtube). C'est moins intéressant que les cours de Sanderson sur le métier d'auteur), mais ils sont sympathiques et ça s'écoute.

Arf.

C'est dommage. Mais d'un autre côté, pour l'instant, ça marche. Je suis quand même curieux de savoir si l'on aura encore envie de lire des suites dans 10 ans (2 tomes, 3 niveaux, on risque bien d'en avoir une bonne douzaine s'il va jusqu'au niveau 18, mais je pense qu'au delà de 5-6 tomes sans conclure le world dungeon, on risque de s'emmerder ferme).

Après, il lance assez de pistes pour développer autre chose en dehors du dungeon.
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sherinford
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La crise dans le récit

Message par sherinford »

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"La crise dans le récit" par Byung-Chul Han.

Philosophe allemand d’origine coréenne, Byung-Chul Han produit très régulièrement des petits textes qui examinent la modernité et ses paradoxes.

Dans “la crise dans le récit”, il s’interroge sur le “storytelling”, et compare cette technique de communication, cette technique marketing, qui envahit notre quotidien aux formes plus anciennes de narration. Selon lui, le storytelling est avant tout un story-selling: il s’adresse avant tout à un consommateur, et a pour unique objet de provoquer le geste pulsionnel d’acheter (ou de voter pour) quelque chose.

A l’opposé, le récit s’adresse aux communautés, et a pour objet de donner du sens à notre existence, et de créer du lien social.

Comme souvent avec les textes de cet auteur, le petit volume se lit rapidement. Il invoque diverses sources à l’appui de sa thèse, et particulièrement le philosophe allemand Walter Benjamin (1892-1940), mais aussi Martin Heidegger, Hannah Arendt, et Marcel Proust...


Lectures de 2025:

Spoiler:
1. "Le dernier voeu & l’épée de la providence" de Andrzej Sapkowski (10/10).
2. "Voix d’extinction" de Sophie Hénaff (6/10).
3. "Béantes portes du ciel" de Robert Reed (7/10).
4. "Dernier meurtre au bout du monde" de Stuart Turton (9/10).
5. "Drame de pique" de Sophie Hénaff (8/10).
6. "La vengeance du Manitou" de Graham Masterton (7/10).
7. "Les chevaliers d'émeraude - tome 1 - Le feu dans le ciel" de Anne Robillard (6/10).
8. "Itinéraires nocturnes" par Tim Powers (4/10).
9. "Dune" par Frank Herbert (10/10).
10. "Le Messie de Dune" par Frank Herbert (8/10).
11. "Les enfants de Dune" par Frank Herbert (6/10).
12. "L'Empereur-Dieu de Dune" par Frank Herbert (10/10).
13. "L'invasion des profanateurs" par Jack Finney (7/10).
14. "Sinistre réputation" par Miranda James (5/10).
15. "Les yeux de la momie" par Robert Bloch (8/10).
16. "Les mines du Roi Salomon" par Henry Rider Haggard (7/10).
17. "She - tome 1" par Henry Rider Haggard (8/10).
18. "She - tome 2" par Henry Rider Haggard (8/10).
19. "La montagne dans la mer" par Ray Nayler (6/10).
20. "Medalon" par Jennifer Fallon (6/10).
21. "L'épée brisée" par Poul Anderson (9/10).
22. "La bibliothèque des rêves secrets" par Michiko Aoyama (8/10).
23. "Le rôdeur devant le seuil" par H.P. Lovecraft et August Derleth (4/10).
24. "La crise dans le récit" par Byung-Chul Han (8/10).
"Si tu souffres à propos de quelque chose d'extérieur, ce n'est pas cette chose qui te trouble, mais ton jugement sur elle ; il dépend de toi de le faire disparaître." - Marc-Aurèle
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Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

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UNE SI LONGUE LETTRE
Mariama Bâ

Ramatoulaye Fall est une femme du Sénégal, l’une de celle qui a vécu l’émancipation de l’Afrique, que ce soient des nations vis-à-vis de leurs colonisateurs ou de la modernisation de la société. Mais, malgré cette modernisation, survivent des éléments de la culture ancienne. Comme, par exemple, la polygamie. Ramatoulaye a une co-épouse, Binetou, bien plus jeune qu’elle, pour laquelle son mari ne l’a pas vraiment quittée. Modou Fall a épousé la jeune fille sans en informer au préalable sa femme et sans jamais revenir dans sa maison non plus. Alors, lorsque Maudou Fall meurt, Ramatoulaye entre dans la période de deuil, période pendant laquelle elle devient l’objet des autres : de sa belle-famille, qui décide de comment les choses se passent et perçoivent l’argent pour la famille du décédé afin de lui faire une garde-robe de deuil. La mère de Binetou qui voit son ascension sociale s’arrêter nette avec la mort de son gendre. Et les autres. Alors, face à tant de temps libre et tant de souffrances, Ramatoulaye écrit une longue lettre à son amie, Aïssatou Bâ, son amie d’enfance qui a eu le courage de divorcer lorsque son mari lui a parlé d’accepter la co-épouse que sa mère lui mettait entre les bras, de divorcer et de vivre sa vie, quittant même le pays.

Je ne sais pas comment je suis tombé sur ce petit texte (165 pages) qui s’intéresse autant à la place de la femme dans une société traditionnelle qu’à l’ouverture de son pays et de l’Afrique à la modernité non pas imposée, mais recherchée par la jeunesse. Accepter de voir les choses différemment, de voir par-delà les castes et les idées anciennes, peser le pour et le contre de la tradition, suivre le chemin de ses envies et non celui dessiné par des tiers, devenir une femme indépendante alors même que la société la place plutôt dans un rôle d’objet, que l’on passe son temps à juger. Outre la qualité de l’écriture, les réflexions sont passionnantes, riches et très ouverte. Comment définir la moralité ? Peut on réellement sortir des impératifs de sa culture tout en s’inscrivant dans les traditions ? Comment faire coïncider des traditions qui nient la femme et le besoin d’exister, tout simplement, en tant qu’être et non objet de convoitise. Qu’est-ce que le mariage ? Un moyen de se sortir d’une situation personnelle délicate ou plutôt le moyen de vivre son amour ? Quel est le coût humain réel de la polygamie ? Comment changer en restant soi même ?

Autant de questions abordées sous une forme très accessible tout en étant dans une très belle langue, une écriture de qualité.
Je connais assez peu la littérature africaine. Ce n’est que le troisième ou quatrième roman que je lis provenant d’Afrique et je trouve dommage que ces auteurs ne soient pas plus mis en avant. Les récits sont de qualité mais, surtout, les questions posées sont intéressantes. L’opposition entre tradition et modernisme semble encore plus sensible et des moyens de jeter des ponts entre les deux. On peut être moderne tout en acceptant la tradition, conserver ce qui nous définit en acceptant aussi de remettre en cause ce qui est cause de souffrance.

Un très joli livre qui parle d’Afrique, mais pas que. Qui parle de féminisme, mais pas que. Qui parle de société, mais pas que. Un ouvrage dense malgré son apparence et, malgré tout, extrêmement facile et rapide à lire. Ce n’est que l’espace d’une soirée que l’on passe avec Ramatoulaye, mais elle reste bien présente.
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Florentbzh
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Florentbzh »

Et ne pas oublier non plus son chant écarlate, certes moins connu.

En tout cas, elle a quand même réussi à réveiller quelque chose

Gorée

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