Elijah Shingern a écrit : ↑jeu. mai 22, 2025 3:36 pm
Après cette première partie de campagne franchement héroïque, nous pourrions effectivement entrer dans une phase un peu plus sombre où la corruption rôde dans le coeur même de certains des personnages ...
Anatole et Loxias, ces deux grands blocs de granit, seraient rattrapés par leurs propres démons, au fur et à mesure que l'influence d'Auril/de la Chardalyne/d'Asmodée croît.
Obsession de la connaissance et de la puissance pour Anatole, le redoutable, l'orgueilleux archimage.
Idolâtrie du devoir et fanatisme grandissant pour Loxias, pour qui la fin justifie les moyens.
Heureusement que Polaris est là pour veiller sur ces Ténèbres grandissantes
Le meilleur d'entre vous !
Pour Loxias, je voyais bien la folie des grandeurs aussi comme source de corruption possible, certes plus souterraine. Pourquoi est-il revenu dans le Val après tout, si ce n'est pour y briller ? Est-ce que prouver sa valeur à Helm, ce n'est pas avant tout prouver sa valeur aux siens ? Y a-t-il un avenir éminent pour lui dans le Valbise ? Ce genre de choses. Mais le fanatisme, miam, évidemment.
("Le fanatisme miam", bon slogan de campagne, maintenant que j'y pense.)
Scène V De retour chez Anatole, Sahrane médite sur la découverte de Fell. Dans son ouvrage Histoires et Familles deMontandre, Macréadus rapporte que les Chêne descendraient pour partie de Melfarond, un elfe arrivé dans le Val au XIe siècle, alors que Montandre était à peine fondée. Melfarond : Sahrane connaissait ce nom. Elle en revient à peine. Elle ne pensait plus jamais entendre dans le Val un nom de son vivant.
[Je vais rester très fidèle à l’oracle, vous allez voir ! Mais ce sera pour plus tard. Pour l’instant, c’est le moment de tester les règles de repos. On plante la scène : la bicoque d’Anatole est Bien chauffée et elle dispose d’Herbes et tisanes en tout genre. Je vais aussi planter une menace : il y a toujours des Corbeaux à la fenêtre. Ceci fait, je choisis ma première activité : Craft & Repair, on va s’occuper du bâton et de sa peau parcheminée. C’est une Elfe du Val et une Gardienne de la forêt de givre, elle sait faire pour 2, et on ajoute les Herbes et tisanes en tout genre pour la peau, 3. On va tirer aux dés, donc risquer une conséquence, histoire de pouvoir récupérer le tag (qui coûte 2) et baisser le choquée-2 d’un cran : 11 + 3, pas de problème. Elle passe à craquelée-1]
Si Melfarond était là il y deux ou trois siècles (« Quatre », lui assure Fell qui lui applique une copieuse dose de graisse de phoque sur sa peau desséchée, qui reprend peu à peu de sa souplesse), où était-il avant ? N’avait-il jamais quitté le Val ? À moins que… Était-il revenu de l’Éternelle Rencontre, pour les chercher, elle et ses sœurs ? Surtout : où est-il, à présent ?
Le nom ne dit rien à Fell, qui s’en va dans l’atelier et lui rapporte à sa demande ciseau et silex. Sahrane s’en saisit et cale son bâton noirci contre une pierre de l’âtre et se met à le raboter.
Était-ce ce que craignait la Reine de la Gisombre ? Qu’une lueur d’espoir existe encore pour les elfes du Val ? À la fenêtre, les corbeaux la regarde. Elle croit reconnaître le plus gros d’entre eux. C’est ce Shadar-Kai qui s’est nourri de sa dévotion, elle en est certaine. Du moins, son reflet actuel dans le monde matériel. Elle le reconnaît à ses rémiges, plus grisâtres que noires, qui lui rappellent la mèche de sel qu’elle avait noté dans ses cheveux de cendre. Va-t-il chercher à l’empêcher d’en savoir plus ?
Il se fait tard de toute façon. Elle ne dort pas bien sûr, elle n’a jamais dormi qu’une fois, d’une sommeil de deux mille ans. Mais Fell semble fatiguée et elle aura besoin d’elle. Elle souhaite bon repos à la jeune fille à peau de brique. Elle lui rappelle Melfila, parfois. Rebelle. Têtue. Amoureuse de Melfarond.
Sahrane plonge dans sa transe, par habitude plus que par nécessité. Elle n’aime plus tellement ça depuis que chacune la ramène dans la lande de cendres où la Reine Corbeau l’attend.
[Deuxième activité : repos. On récupère le tag Dévoué à la faveur de ce développement plein d’espoir. Sahrane est presque toute neuve, à un statut de niveau 1 prêt. Pas de troisième activité. Le crochet ne sera donc plus utilisable, malheureusement, à moins de repasser par une dépense plus tard. On jouera la suite, et probablement fin, la journée du lendemain, en deux scènes, dirais-je.]
Scène VI [Avant tout chose, on marque une Étape sur le thème Les Elfes du Val. Sahrane a progressé dans sa quête Retrouver les miens.]
Malgré l’aide de Fell, qui l’avait habilement vêtue, Sahrane se remarque dans la rue comme le nez qu’elle n’a plus au milieu de la figure. Sa démarche n’a pas le chaloupé naturel du Val, ni la vivacité de mouvement que les habitants de Montandre développent tous au contact du froid perpétuel. Par ailleurs, et justement, un événement de grande ampleur a poussé ce matin toute la population ou presque hors de chez elle : il fait bon. Le ciel est si dégagé que le soleil semble bien près de poindre. Il ne le fera pas, bien sûr, mais c’est tout comme. Sa chaleur est là, perceptible, pour la première fois depuis deux longues années, et toute la ville ne parle que de ça. Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer ce phénomène ?
[Va-t-on cette fois s’en prendre à la pauvre Sahrane ? Elle n’a aucun tag qui lui permet d’être discrète, même si Fell, orpheline au sang chaud l’aide un peu. Et puis elle Ne comprend pas les mortels (on marque une Amélioration), ce qui nous laisse avec 0. Je tire les dés : 4. Conséquences. Notre compteur monte, Sahrane est maintenant Fortement soupçonnée-3.]
Bien vite une foule s’attroupe et des cris partent. « Qu’est-ce que cette créature avec la cornue ? » « D’abord une chaleur impie et maintenant ça ? » « Et si c’était elle ? » « Faites pénitence ! » « Qu’on l’attrape ! Qu’on l’interroge ! » Sahrane et Fell sont acculées. Heureusement, Fell connaît la ville, pour y avoir passé le plus clair de son enfance. Elle s’engouffre dans la ruelle aux Porcs en tirant Sahrane par la manche, qui la suit de son pas saccadé. Elle sait trouver plus loin les quelques marches qui la séparent de la Biaise, où elles déboulent au milieu du marché. La foule sera leur meilleur couvert et les odeurs de poisson et de graisse de phoque masqueront celle de Sahrane. Les voilà devant la maison des Chêne. Elles frappent.
[Avant d’entrer, on va poser quelques questions aux oracles pour en savoir plus sur Duvessa, quels tags lui donner, en particulier. Je tire un arcane : l’Araignée. Plans détaillés, toile d’influence, piège. Rien que du bon ! Elle sera Prête-à-bondir-2, avec les tags Toujours un coup d’avance et Coup fourré. Pas du genre à faire confiance à Sahrane spontanément, dirait-on. Par ailleurs, si la Reine Corbeau la considère comme une ressource dont elle veut priver Sahrane, ne serait-elle pas tout simplement une fidèle de la Reine ? 1-3 oui : 4. Non. Pas encore. Mais la Reine doit être sur le coup. Elle a sûrement placé, déjà conquis quelqu’un dans son entourage. Qui ? 11 : Le paysan. Travailleur, avide de plus, passant innocent. Doncquelqu’un a qui la Reine fait miroiter quelque chose en échange de son aide pour faire passer Duvessa de son côté. Parfait. Me manque encore un détail, cependant : si Duvessa n’est pas (encore) du côté de la Reine Corbeau, mais qu’elle ourdit des manigances, quel est son objectif ? Quel coup fourré prépare-t-elle ? J’ai bien envie qu’il implique Argéis, paladin de Helm envoyé par l’Ordre pour voir comment Loxias se débrouille. Si je tire sur l’oracle des scènes, j’obtiens : 41 manipule ou influence, ça tombe bien, et sa cible sera donc Argéis, mais dans quel but ? J’ai bien envie de profiter ici de ce qui a déjà été établi dans la fiction collective…]
C’est un vieil homme qui leur ouvre, fourbu et grisonnant. Il est vêtu de fourrures disparates empilées au petit bonheur et sue abondamment, il ne s’est pas encore fait à la température plus clémente qui règne en ville depuis la veille. « Que voulez-vous ? » Il paraît soupçonneux. « Voir la Voix. C’est important. » Sahrane n’a pas sortie la tête de sa capuche, mais sa stature en impose. Le crochet qui dépasse de sa manche également. « C’est que… Dame Chêne est occupée. Elle s’entretient avec un grand seigneur. — Nous attendrons. À l’intérieur ? » Le vieillard s’efface et les laisse entrer, puis les guide dans un petit vestibule où quelques chaises vides attendent que l’âtre meure. Le mobilier est rustique, mais de bon goût. Antique. Sahrane passe sa main noircie sur un dossier et frémit. L’arbre avait presque son âge. « Quel seigneur, penses-tu ? demande Sahrane dès que le vieil homme s’en est allé prévenir dame Chêne. — Alors là ! » Fell semble dubitative. « Je n’en vois aucun. Une autre Voix ? Danneth de Hâvredest ? Non, le vieux Fried n’aurait jamais placé Danneth sur le même plan que Duvessa. Non, je ne vois pas. » Sahrane entend au-dessus de sa tête les planches grincer. Elle perçoit, étouffées, des bribes de la conversation. Heureusement, elle a l’oreille fine et comprend les murmures du vent.
[Elfe du Val, Les Quatre Vents, et 6 + 2 = 8, Succès et Conséquences. Hmm.]
Les murmures portent, mais ils sont ténus. Sahrane se lève et s’approche de l’âtre. Se penche au-dessous du conduit de cheminée. Là. « … n’est plus la même, Seigneur Argéis. Hier, j’appelai à l’aide. Aujourd’hui, je vous offre une opportunité. — L’arrivée du chaudron d'abondance en ville a changé la donne, je ne le nie pas. Mais il n'est pas vôtre. — Pas encore. Mais c'est déjà, à Montandre, un monument. Un miracle. Les Dieux eux-mêmes nous accordent leur faveur ; voyez comme le temps est devenu clément. Montandre n’est plus pour l’Ordre une perspective de dépense et de charité, mais tout le contraire. Imaginez une commanderie construite dans ses murs. La seule du Val. Imaginez son rayonnement. Les nouvelles espérances qu’elle créera, les nouveaux croyants. Les pèlerinages. Le Val est à prendre, monseigneur. Spirituellement parlant. Et Helm pourrait rafler la mise. Si vous le souhaitez. — Et le culte d’Auril, ma dame ? Les sacrifices ? — Une nécessité politique. Ils cesseront dès lors qu’une autre foi chassera ces sombres superstitions. — Que vous encouragiez encore hier, ma dame. — Quelle importance ? Certainement pas assez pour que l’Ordre se prive du Valbise. Certainement pas assez pour que vous-même preniez la peine de le lui rapporter. Voilà ce que je vous propose… Le vieux Fried soudain est derrière elle, plus méfiant que jamais. « La dame vous recevra à la fin de son entretien. De son entretien confidentiel, dois-je le préciser. »
[Sahrane reprend un statut lié au soupçon, de niveau 2. À présent, le moindre petit écart la propulse au niveau 4, avec les conséquences que l’on sait.On va essayer de conclure à la session suivante, et deux issues possibles se dégagent déjà : soit Duvessa ne pose pas de difficulté et elle apprend à Sahrane ce qu’elle doit apprendre, dans ce cas le serviteur interviendra, soit Duvessa se méfie trop et fait basculer le statut de Sahrane dans le rouge. On part alors sur une toute autre histoire.]
Dernière modification par BenjaminP le mar. mai 27, 2025 12:24 pm, modifié 1 fois.
À l’incitation de Fried, Sahrane et Fell grimpent l’escalier. Elles croisent Argéis sur le palier, qui a un pas de recul et se signe, les trois doigts centraux de la main droite rassemblés sur sa poitrine, à la vue de Sahrane qui vient de faire choir sa capuche. Duvessa passe à son tour le seuil du cabinet de travail et arrête le geste du prêtre déjà en sueur. « Seigneur Argéis, vous n’êtes pas un habitué du chaudron, je vois ? C’est notre distributrice de bienfaits. Maître Anatole a beaucoup insisté et je dois dire que sa seule présence suffit à éviter toute cohue. Les gens se tiennent à carreau. — Que Helm me préserve. — Pensez-y, Seigneur Argéis. À Montandre,, même les morts sont touchés par la grâce. Si Helm compte y faire bon ordre, il saura quoi faire, j’en suis sûre. Entrez, Mesdames. » Sahrane et Fell pénètrent dans le cabinet, qui n’est que fenêtres et fauteuils autour d’un âtre accueillant. « Je vous écoute », leur indique Duvessa en s’affalant dans une chauffeuse proche du feu pour se saisir d’un tison et touiller les braises, l’air absent. Fell lance un regard interrogateur à Sahrane, qui décide de parler malgré l’aide muette que l’orpheline lui offre. Un corbeau est venu se poser sur le rebord de la fenêtre. Il l’observe. « Vous êtes descendante de Melfarond ? »
[On va voir si Duvessa est prête à livrer cette information, qui pourrait bien n’avoir pas la moindre importance à ses yeux — mais pourrait tout aussi bien être un levier de négociation utile ou encore un secret qu’elle ne comptait pas révéler comme ça. Révèle 1-3, tait 4-6 : 6. Pourquoi ? Elle compte s’en servir 1-3, elle en a honte 4-6 : 5.]
La question prend Duvessa Chêne de court. « Où avez-vous entendu ça ? — Dans un ouvrage de Macréadus. Est-ce vrai ? — Absolument pas. Qu’aurais-je en commun avec ce vieux fou mort depuis des siècles sur le dos de son dragon ? » Sahrane doit en avoir le cœur net. Le corbeau tape de son bec sur la vitre. Il appelle. Qui ? Peu importe. Elle n’a peut-être pas beaucoup de temps. « Est-ce vrai ?
[Sahrane tente d’arracher la vérité à Duvessa. La mort dans les yeux, Odeur captivante, Magie naturelle. Duvessa a Toujours un coup d’avance. 5 + 3 = 8. Succès et Conséquences.]
Duvessa se raidit immédiatement, insensible à la magie de Sahrane. « Vous osez venir chez moi me menacer de la sorte ? »
[Sahrane vient de remplir sa jauge de soupçon. Elle est bonne pour les geôles, si elle laisse faire.]
Argéis était resté sur le palier, probablement à l’invitation de Duvessa. Il surgit, son symbole de Helm dans la main. « J’attendais la première occasion de vous écarter, vous me la livrez sur un plateau, reprend Duvessa. La ville grogne déjà contre vous, tout le monde vous a en horreur. Vous êtes une abomination. Je ferai une faveur à tous les villageois en vous oblitérant du paysage. Vous avez maintenant le choix : l’exil silencieux, les fers, ou la mort, la vraie. » Fell est désemparée, elle ne pensait pas que tout irait si vite, que la Voix tramait déjà quelque chose contre elles. Sahrane semble plus sereine. « M’écarter, moi, qui vient d’apporter la chaleur ? Savez-vous que je pourrais la reprendre aussi bien ? Et que toute âme a mille pieds à la ronde saura que c’est de votre fait ? »
[Dans le plus pur esprit pbta, c’est fait c’est fait, Duvessa ne changera pas d’avis comme ça. Mais Sahrane ne compte pas se laisser faire. Magie naturelle, Gardienne de la forêt de givre, Momie ancestrale et les Quatre Vents pour imposer sur la cité un froid polaire. Une cité, je consulte la table d’échelle : - 4. Sahrane est une fucking Momie ancestrale, mais c’est surtout la Gardienne de la forêt de givre qui joue ici, niveau Aventure, donc + 3. Ça nous donnerait + 3 en tout. Allez, tout pour le tout, c’est somme toute confortable : 7 + 3 = 10.]
Une rafale de vent soudaine ouvre la fenêtre d’un coup et emporte le corbeau à l’intérieur, qui vient voleter dans les cheveux de Duvessa. L’âtre est soufflé d’un coup, du givre se forme déjà à la surface des meubles, dans la barbe d’Argéis, les rues alentours. Des cris se font entendre. « Vous êtes une descendante de Melfarond, oui ? C’est ce qui vous protège de ma magie. Vous êtes la présence éternelle des elfes en ces lieux. Vous êtes celle pour qui l’urne existe, celle à qui je devrais la remettre et vous venez pourtant de vous en montrer indigne. Ne vous avisez pas d’approcher le chaudron, je saurai le protéger de vos manigances. » Fell tremblote dans un coin, recroquevillée, les mains devant le visage. Le corbeau s’est posé sur le rebord de la cheminée. Il hoche la tête, satisfait.
[Je ferai un petit post-mortem plus tard, à la fois sur le système LitM et les enjeux pour notre campagne.]